On avait dit pas en public - Jude&Gabriele

La semaine a été spécialement longue et en voyant l’heure tourner au ralenti sur l’horloge de l’cran de son ordinateur, alors qu’une mamie lui raconte à quel point elle est fière de chacun de ses petits-enfants, Gabriele se dit qu’il a vraiment hâte de terminer le boulot. Heureusement, l’écoute a généralement du bon, puisqu’il finit par placer quelques produits, ce qui lui permet de terminer ses objectifs de la semaine. Un peu plus tard, il peut donc enfin rentrer chez lui pour mieux repartir quelques heures plus tard. L’italien a été invité à une grosse soirée du type soirées étudiantes mais avec des gens de tout âge, chez un de ses amis d’enfance et il est convenu qu’il y amène Jude. Faut dire que lorsque son pote a appris qu’il était fiancé, en plus d’être devenu papa, il a failli faire une crise cardiaque.

C’est ainsi que sans avoir laissé le choix à la dite fiancée, les voilà tout deux chez Paolo. Les présentations se font rapidement et le propriétaire des lieux s’éclipse assez rapidement. Les deux faux amants rejoignent le buffet d’alcool et Gabriele se sert un verre, avant d’en tendre un à son amie. Il a un sourire, parce qu’il remarque qu’elle n’est pas tout à fait dans son assiette dans ce type d’environnement. Il la connait assez pour savoir ce genre de choses, et forcément, il décide d’en profiter un peu. Ce serait idiot tout de même de laisser passer une occasion pareille. Alors, sans prévenir, il s’approche d’elle et lui roule une pelle – ou en tout cas il essaye.

La réponse de la demoiselle était à prévoir, mais Gabriele insiste du regard, lui faisant comprendre qu’il faut qu’elle accepte, pour les apparences. Tout le monde semble les regarder à cet instant précis, comme par hasard. Elle finit donc par le prendre, ce qui ravi notre italien. Il en profite pour lui rouler une pelle, ce qui la déstabilisera encore davantage, sans aucun doute, mais bon, lui il veut surtout jouer le jeu à fond, ou en tout cas c’est ce qu’il compte lui faire croire. « Pour ta gouverne, ce n’est pas italien mais français. » explique-t-il avec un sourire qui court d’une oreille jusqu’à l’autre, plutôt fier de son coup. « Et puis, tu m’as demandé d’être ton fiancé oui ou merde ? Bah faut que les gens nous croient dans ce cas là… Je ne fais que respecter notre marché. » De son ton négociateur, identique à celui qu’il emploie avec l’un de ses clients lorsqu’il cherche à convaincre celui-ci d’acheter un produit ou d’investir dans un placement, il sait que son argument est imparable. Son avantage supplémentaire, c’est qu’ils n’ont jamais vraiment définis les rôles et les limites de cette fausse relation. « J’la vois quand ta sœur ? Tu m’as jamais dit, elle est aussi coincée que toi ? »

Qu’est-ce que ça le fait rire tout ça. S’il avait imaginé une seule seconde que leur rencontre à l’hôpital déboucherait un jour là-dessus… Et puis, Jude prend si facilement la mouche que ça le ravit. « Tu peux me rappeler pourquoi tu voulais un fiancé alors ? » Elle veut remettre les choses au clair ? Ok, alors ils seront deux, mais à ce jeu-là, il est sans aucun doute bien plus malin qu’elle, sachant qu’il cherche à la faire craquer depuis deux ans. Bon, il tache de ne pas perdre de vue que lui aussi a des choses à gagner dans cette relation fictive, en particulier pour sa fille. Prétendre avoir une relation stable aux yeux de la mère est un bon point pour qu’il puisse garder la petite plus souvent. « Moi, j’suis comme ça : quand j’aime, je ne compte pas, et surtout je le montre. » Son regard taquin veut tout dire. Le pire, c’est qu’on voit facilement qu’il a du désir pour la belle, donc n’importe qui pourrait les croire, si seulement ils n’étaient pas aussi différent. Voilà, c’est ça la seule chose choquante : Gabriele avec une femme prude, c’est pas si crédible quand on le connait… « En tout cas, ça me fait pas très plaisir de savoir que j’te dégoute à ce point. » Il feint une grande déception, comme si cela lui avait brisé le cœur. Vous vous douterez bien qu’il n’en est rien. « Dommage… J’aurais peut-être réussi à obtenir plus d’elle que de toi avec un peu d’acharnement… » Il sourit bêtement. Il se doute bien que ça va la mettre en rogne, parce qu’on ne touche pas à la famille…

Cette fille pourrait facilement l’exaspérer s’il n’avait pas appris à si bien la supporter au cours des dernières années. Elle avait été un défi, une confidente, une amie fidèle, ainsi qu’une personne qui met de l’ambiance dans la vie de notre faux fiancé. Ouais, peut-être que ça venait juste d’une envie masochiste, mais en tout cas, il l’aimait bien, pas comme une petite amie mais comme une personne importante dans sa vie. « C’est pas débile. C’est pertinent comme question ! » Pour dire de la contrarier et d’avoir du répondant, autant dire que Gabriele est l’homme de la situation. « Mais non, dis pas de conneries ! J’fais semblant, j’tiens le rôle que tu m’as demandé de tenir. Je fais juste tout pour être crédible et donc j’me comporte comme j’le fais avec mes autres copines… » Elle comprend rien ! Elle est tellement innocente dans son petit monde des bisounours qu’il faut qu’il lui explique absolument tout. Ça le fait rire dans le fond, surtout quand il a un semblant de compliment à la suite. « Qu’est-ce que t’en sais ? Elle ne dira peut-être pas la même chose. » Provocation, provocation. Il aurait bien continué sur sa lancée mais l’hôte de la soirée fait bientôt signe au couple de se rapprocher. « Gabude, venez pour la photo de couple ! » C’était une vieille tradition entre les deux amis : dès que l’un présent sa copine à l’autre, ils doivent prendre une photo pour immortaliser le moment, le tout affublé d’un nom de ship le plus idiot possible. Ils s’étaient toujours dit que plus tard, ils feraient le compte de leur conquête grâce à ces photos là. Evidemment, Gabriele s’est bien tenu de révéler ces petits secrets à Jude, mais il s’en rit pas moins à l’intérieur. « Allez, viens, on va immortaliser notre relation. » Il lui dit en la tirant un peu par la main, sentant qu’elle pourrait bien refuser.

La photo était prise et rapidement, plus personne ne leur portait d’attention. C’est à ce moment-là que Gabriele se retrouve avec une main aux fesses, geste qu’il n’avait absolument pas anticipé et qui le surprit pour le coup. Avec une tête interrogatrice, il se tourne vers Jude. « Fais gaffe, c’est le genre de choses auxquelles je prends gout très rapidement. » Comme si elle ne le savait pas déjà, qu’il est un grand amateur de sexe & flirts en tout genre. Est-il bête ? Cherche-t-il à la faire arrêter ce genre de choses. « Vous n’avez pas fini de me surprendre Mle Darwin après deux ans ! » Il lance, plus satisfait que jamais. « Mais j’imagine qu’il ne faut pas que j’en abuse ? » Il n’a rien à perdre à poser la question après tout, parce que s’il le pouvait, bien entendu qu’il l’emmènerait dans une des chambres de l’étage pour lui faire passer un bon quart d’heure.