Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: "Curieux face à face" - Jackson Monroe Mar 13 Mar 2018 - 15:35
"Curieux face à face"
Jackson Monroe & Charline Brun
L’univers de la psychologie est vaste, à tel point que j’ai longtemps réfléchi sur le sujet de ma thèse. Les addictions me semblaient être un point assez important. Je suis en Master de Psychopathologie et Psychologie de la santé. Je me dévoue à travailler toute mon existence avec les malades suicidaires, les cancéreux de phase terminale, les paraplégiques récents, les réveillés de longs comas, les grands brûlés dépressifs, les femmes battues aux multiples fractures ou les toxicomanes. Autant dire que le domaine des douleurs mentales liées aux douleurs physiques, ça me concerne. Pourtant, l’hôpital de Bowen semblait uniquement me vouloir en tant que stagiaire plutôt que chercheuse en psychologie de la santé.
J’ai donc eu l’idée de directement m’adresser à une psychologue qui semblait avoir plusieurs patients toxicomanes. Elle m’a autorisé à organiser une entrevue avec trois d’entre eux, et j’avoue que je suis un peu anxieuse. La psychologue m’a laissé son cabinet pour la journée afin que je sois tranquille pour les entrevues, mais l’anxiété me saisit malgré tout. Assise, avachie sur l’immense bureau en bois ciré, dans la pièce froide et grande, dont le plafond bien que haut, m’étouffe. Rien à faire, je ne suis pas à mon aise ici, comme si j’étais une sale gosse au fauteuil du président. Une gamine dans la maison blanche. Rien à faire là.
Pourtant, j’avais mis comme à mon habitude, une tenue très sérieuse qui aurait pu me donner un peu plus de valeur. Une robe noire courte à nœud lavallière et col blanc. Des collants noirs opaques pour qu’on ne puisse entrevoir ma peau. Des derbys en daim qui claquent du talon contre le parquet. Et même un collier de perle idéal pour mon look de première de la classe.
Pas le choix, je vais devoir me détendre. Je m’infiltre sournoisement dans l’ordinateur de la psychologue -celle-ci m’ayant donné le mot de passe pour accéder au dossier de chaque patient-. En effet, j’ai déjà lu chaque note prise à propos de ses chers addicts, et analyser leurs petites manies, leurs mots troubles ou leurs attitudes témoignant chaque angoisse ; mais cette fois, je file sur Youtube. Je veillerai à effacer l’historique, que croyez-vous…
Je regarde les vidéos en ligne, ou plutôt, je les survole. Je tape enfin ce qui m’intéresse, une musique, une symphonie de détente, qui saura apaiser mes peurs : Du Rock. Qui l’aurait cru n’est-ce pas ? La jeune fille sage étudiante asservie et motivée. La demoiselle studieuse et prude est une inconditionnelle des Rolling Stones, de Radiohead, de Muse, même si pour aujourd’hui, c’est ShakaPonk qui prône sur le reste. Dire que depuis le début de mes études, je laisse ma veste en cuir et mes boots en cuir vieillir dans le placard…
La danse se lance, et le volume grimpe. Peu importe si les autres thérapeutes s’offusquent. Étage en dessous, étage au-dessus, appartement d’un côté ou de l’autre, la scène est à moi. Récitant les paroles, agitant mes cheveux, remuant mes hanches, je me dessine un avenir de danseuse metalleuse. Mes jambes tournoient, mes bras bougent en parfaite symbiose, la musique rythme mes pas. Pardon professeurs et psychologues trop naïfs, l’élève sérieuse est en réalité une grande enfant. Une rebelle secrète qui hurle des paroles indécentes. Claquant les derbys sur le sol, remuant ma robe sans inquiétude. Je ferme les yeux pour ne plus penser à mes mouvements qui partent un peu au hasard.
Les cheveux en bataille et le souffle court, Let’s Bang se termine. Et je me rappelle alors que mon rendez-vous devait arriver à 10h00, il est 10h03. Espérons qu’il ne soit pas trop ponctuel ou en avance. Je me retourne. Et là, c’est le drame. Figé sur place, je n’ai plus qu’à dire :
« …Bonjour. »
Marcus O'Brian
MESSAGE : 2482 ICI DEPUIS : 12/01/2016 COMPTES : Léo, Asher, Charlize & Sara CRÉDITS : @Nuit Parisienne
STATUT : divorcé de Penny, en couple avec Ann. Mais ce serait plus simple s'il n'aimait plus son ex-femme
Sujet: Re: "Curieux face à face" - Jackson Monroe Mar 13 Mar 2018 - 18:35
La psychologue de Jackson lui avait conseillé de trouver une activité physique, ou quoi que ce soit quoi puisse lui vider la tête, le divertir, quelque chose d’autre que la peinture qui était certes son exutoire mais qui lui permettait encore trop de ressasser ses idées noires. Quelque chose de neutre, de nouveau, de rafraîchissant. Il avait choisi le jogging, comme beaucoup d’autres, pourquoi pas lui, il n’était pas sportif mais il fallait bien essayer. Ce fut un échec, une grosse erreur, déjà parce qu’il n’avait aucune condition physique et qu’en plus il avait fait la rencontre d’une personne qu’il aurait mieux fait de ne plus jamais recroiser. La vérité c’est que Monroe allait mieux, beaucoup mieux, la spécialiste le lui avait dit, elle l’avait félicité pour ses efforts. En même temps après presque trois ans de thérapie il fallait bien en récolter les fruits. Il venait toujours à ses séances parce qu’elles le rassuraient, son addiction était presque un souvenir mais il se savait toujours fragile et certainement que si elle acceptait de continuer à le suivre c’est qu’elle avait la même opinion. Gâcher tant d’efforts, tant d’heures passées sur se divan, ce serait idiot. Et même si les premières séances avaient été houleuses ou bien beaucoup trop silencieuses, elle avait réussi à apprivoiser l’animal blessé qu’il était. Aujourd’hui il avait un nouveau rendez-vous, il ne manquerait pas de lui dire que le sport ça n’était pas fait pour lui, certainement qu’elle rirait, elle avait un rire agréable, le peu de fois qu’il avait réussi à l’entendre il avait apprécié. Jax n’était pas forcément très en avance, mais il n’aimait pas être en retard, il avait trop souvent manqué à l’appel quand il était défoncé, les rendez-vous raté ça le connaissait et à l’époque il n’en avait que faire. Mais depuis qu’il était clean il mettait un point d’honneur à changer cette vieille habitude. A dix heure il avait alors frappé discrètement à la porte, attendu quelques secondes puis, sans réponse, il était entré dans le cabinet, habituellement la porte était toujours entre-ouverte quand la psychologue était disponible mais là il y avait cette musique inhabituellement forte. Non pas que ça le dérange, il faisait la même chose quand il peignait dans son atelier. Il tomba face à une jeune brunette qui se déhanchait comme sur une piste de danse dans sa robe de petite fille de bonne famille. Le contraste était intéressant, bien que surprenant. Il resta là à la regarder, ayant trop peur de la déranger dans son moment, de l’effrayer peut-être. Se demandant tout de même ou pouvait bien être sa psy et qui était cette gamine à sa place. Une fois la musique terminée, la belle hors d’haleine se retourna sur lui, prise en flagrant délit. Un mince sourire se dessina sur les lèvres de l’artiste alors qu’il s’était adossé contre le mur pour regarder le spectacle, bras croisés. Sacrée prestation. Bailey n’est pas là ? Sans un bonjour et le ton sec, c’était sa façon de parler, que l’on apprécie ou non. Qu’il veuille avoir l’air aimable ou pas, c’était toujours la même chose.
__________________________
smile like you mean it
Looking back at sunsets on the East side. We lost track of the time
Invité
Sujet: Re: "Curieux face à face" - Jackson Monroe Ven 16 Mar 2018 - 9:56
J’ai tout perdu en une danse. Mes études et ma carrière sont désormais réduites à néant par l’intrus imprévu. Je me sens presque mise à nue à avoir été vue dans une telle situation. Ce n’est pas pour autant que je dois me sentir gênée ou rougissante de honte, non, j’assume bien que difficilement ma thérapie par la musique. Mes cheveux remis en place et ma tenue droite, je redresse mon dos pour retrouver un peu de prestance. Mon visage reprend sa forme originelle : Neutre et légèrement hautaine, d’après ce qu’on m’en a dit.
« Sacrée prestation. Bailey n’est pas là ? »
J’avouerai que sur le moment, j’ai juste eu envie de répondre « Si si, elle est sous le bureau, on tue à cache-cache ». Puis de le flanquer à la porte en allant pleurer à cette fameuse place, sous le bureau. Mais je dois rester forte. Je ravale ma fierté, ma dignité, mon espoir de devenir psychologue et tout mon caractère pour me forcer à cracher un :
« Non. Pas aujourd’hui. Vous êtes Mr Monroe, je suppose ? »
Je me dirige vers Jackson sans baisser le regard puis le contourne pour fermer la porte. Si il compte s’enfuir, l’intrus devra démolir cette porte, car malgré ma danse pittoresque, je ne compte pas laisser filer mes témoignages pour appuyer ma thèse. Je m’assois alors sur le fauteuil en prenant un bloc note, faisant signe au nouvel arrivant de s’asseoir.
« J’aimerais discuter avec vous, de tout et de rien. Votre personnalité, votre vécu, vos sentiments, ou du temps qui passe si ça peut vous faire plaisir. Tout restera confidentiel, c’est le même secret professionnel qu’un vrai psychologue. »
Je lui tends aussi une lettre manuscrite de la psychologue qui autorise en effet l’entrevue. J’espère que ça suffira à le convaincre de mon sérieux sérieusement entaché. La psychologue vante mes études et mon parcours, ainsi que la raison de ma thèse.
« Je réalise une thèse sur les personnalités addictives. Il semble que vous soyez en somme, parfait pour témoigner. Le déroulement de l’entrevue est très simple, il sera comme une séance habituelle, où vous me direz ce dont vous voulez me parler. Je poserai des questions, mais si vous ne voulez pas y répondre, vous n’y êtes pas obligé. C’est assez clair ou je dois préciser d’autres choses ? »
Je redresse un peu mon menton pour venir le regarder. Je vois bien qu’il ne me prend pas au sérieux, il doit me prendre pour une enfant immature à peine sortie d’une classe d’école. Mais je compte reconquérir mon honneur au cours de la discussion, je dois appliquer toutes les règles et consignes apprises durant ma licence. Mon apparence est parfaite : Neutre, droite, elle ne trahit en aucun cas mes émotions. Mais à l’intérieur de mon corps, c’est le chaos. Mon pouls s’acharne et mon cerveau brûle, c’est la première fois que je me glisse dans la peau d’une psychologue. Je suis comme une gamine à ce moment-là, c’est vrai. Un mélange de peur, d’inquiétude, d’excitation, de curiosité et d’émerveillement.
Espérons que tout se passe bien. De toute façon, même s’il se tait pendant une heure, même ses monologues et ses gestes parviendront à me renseigner sur ce qu’il se passe dans sa tête. Rien n’échappe à un spécialiste du psychisme, vos moindres gestes, vos moindres mots. Cette petite accroche, cette petite butée sur une phrase, ou ce bégaiement, ou ce lapsus. Tout est un indice de votre vie, de vos sentiments. J’aime contrôler ce qui se passe dans vos esprits, fouiller dedans que vous le vouliez ou non. Jackson Monroe, je découvrirai tout de toi, tu ne seras pas une exception, je t’en fais la promesse.
Marcus O'Brian
MESSAGE : 2482 ICI DEPUIS : 12/01/2016 COMPTES : Léo, Asher, Charlize & Sara CRÉDITS : @Nuit Parisienne
STATUT : divorcé de Penny, en couple avec Ann. Mais ce serait plus simple s'il n'aimait plus son ex-femme
Sujet: Re: "Curieux face à face" - Jackson Monroe Mer 21 Mar 2018 - 16:23
Que cette fille danse comme si elle jouait sa vie sur une chanson ce n’était pas ce qui dérangeait le plus Jackson, l’artiste faisait bien la même chose en jetant ses sentiments à coup de pinceaux sur ses toiles, chacun son exutoire finalement. Le vrai problème c’était plus qu’il avait rendez-vous et que sa psy n’était pas là, qu’il trouvait une parfaite inconnue à sa place. Il avait besoin d’une certaine rigueur dans sa vie depuis qu’il s’était sorti de la drogue, il avait des habitudes, des contraintes auxquelles il s’astreignait, comme une routine quotidienne qui le cadrait. Cette routine c’était son garde fou et ses rendez-vous ici étaient l’une des habitudes auxquelles il ne dérogeait pas, comme la promesse qu’il s’était faite de ne jamais arriver en retard. On pouvait le traiter de toqué, il l’était peut-être devenu, mais ses tocs l’aidaient beaucoup à ne pas sortir de ce droit chemin qu’il se construisait petit à petit. Son petit monde s’écroula quand la jeune brune lui répondit sans ciller que Bailey n’était pas là aujourd’hui. Déjà elle claquait la porte et tournait la clé dans la serrure. Elle comptait le séquestrer ou quoi ? Jax haussa un sourcil, prouvant sa surprise. Il tentait de ne pas paniquer, mais intérieurement il bouillait. Jamais il ne s’était confié à personne d’autre qu’à cette femme et il ne comptait pas parler à cette fille qui avait tout d’une étrangère, de son visage inconnu à son accent chantant. L’air renfrogné qu’il prenait donnait clairement le ton, pas besoin de mots quand on voyait la mine fermée du peintre, son regard si bleu qui tournait à l’orage et ses poings serrés qu’il enfonçait dans les poches de son éternelle veste en cuir. La brunette ne venait pas de se faire un ami et lui faudrait beaucoup d'efforts pour le dérider. Il ne bougea pas d’un pouce quand elle se dirigea vers le divan, s’installant à la place de celle qui présidait habituellement la séance, la suivant du regard il l’écouta lui faire son petit discours qu’elle ponctua par “un vrai psychologue”, donc elle n’était pas psy, pour lui elle s’enfonçait encore plus. Si sa danse l’avait fait sourire au départ, il ne la prenait clairement pas plus au sérieux maintenant qu’elle prenait ce ton faussement professionnel avec son attitude rigide et pincée de petite fille modèle. Elle lui tendit une feuille de papier que Monroe faillit simplement bouchonner, pourtant il s’approcha d’elle et la lui pris des mains, parcourant la lettre en diagonale il reconnu les pattes de mouche de sa psychologue, visiblement la gamine avait tout prévu. Il releva la tête alors qu’elle avait repris la parole, il n’aimait pas le ton qu’elle employait, il n’était pas un gosse auquel une maîtresse faisait la leçon, il était capable de comprendre ce qu’elle lui disait. Elle releva également la tête pour le regarder, comme si elle cherchait à interpréter sa réaction. Il la toisa volontairement avant de poser la feuille sur la table en soupirant lourdement. La moindre des politesses aurait été de te présenter, déjà. Il avait cette fâcheuse tendance à tutoyer tout le monde, si sa psy n’avait pas apprécié au départ, elle avait fini par s’y faire. Et je ne suis pas un rat de laboratoire, trouve un autre sujet pour ton étude. Si elle espérait qu’il coopère elle était tombé sur le mauvais candidat.
__________________________
smile like you mean it
Looking back at sunsets on the East side. We lost track of the time