#23 - We're all one step from grace + Léace

S’ils se déchiraient autant, s’ils se faisaient du mal inutilement c’était toujours de sa faute, par son manque de confiance en elle, par sa faiblesse à ne pas pouvoir surmonter ses problèmes, mais elle n’était pas capable de les traverser seule non plus. Elle s’était trop habituée à sa présence, à ses mots pour la réconforter qu’elle n’arrivait plus à s’en passer, elle en avait besoin. À chaque fois qu’il était dans l’encadrement de sa porte, Grace pouvait deviner un nouveau chapitre à leur histoire. Il ne lui fallait que quelques mots de sa part pour que son cœur naufragé retrouve doucement son chemin vers son navire. Elle s’était promise de ne plus se laisser attirer par lui, pour rester sur une belle image d’eux, pour ne pas qu’ils finissent par se haïrent à force de trop s’aimer. Bien qu’elle trouverait ça plus facile pour elle de ne plus l’aimer, pour pouvoir tourner la page.  « Aucune chance. » Elle ne voulait pas se trouver d’autres hommes, se plonger dans d’autres bras, elle voulait le sauver d’une vie morose avec elle, entre les disputes et les réconciliations. Mais elle ne pouvait pas se résoudre à le lâcher, elle voulait croire qu’une dernière chance était possible. Grace venait briser la distance entre les deux, déposant doucement ses lèvres sur celles de Léo, savourant le moment comme si c’était son premier baiser. Elle se séparait de lui après quelques secondes, plongeant ses pupilles dans le plus profond de son regard en attendant une possible réponse, mais il ne faisait rien et son sourire se faisait plus maladroit, comme si elle se sentait coupable d’avoir fait quelque chose. Elle n’avait pas l’habitude d’être la première à faire des gestes affectifs, sûrement qu’elle ne l’avait jamais fait, même. La blonde se contentait d'être dans ses bras, le serrant un peu plus fort pour se convaincre que ce n'était pas un rêve, qu'il était bien là. Une sensation de gêne venait s'installer dans tout son corps lorsqu'il venait parler du bouquet qu'elle avait laissé à l'abandon sur sa table. Elle avait honte qu'il voit ça, qu'elle n'ait rien débarrassée. Mais son crâne était trop occupée, elle réfléchissait à beaucoup de choses, elle ne passait plus autant de temps dans son appartement, parce qu'il lui rappelait sa solitude. « Ce n'est pas ça. » Soufflait-elle en essayant de se rattraper pour ne pas qu'il sache réellement que ces fleurs l'avaient démoralisée lors de son anniversaire. « Je fais une sorte de formation pour devenir fleuriste, je m'occupe d'autres fleurs alors ... je ne pense pas à celles qu'il y a chez-moi, c'est tout. » Ça devait être ennuyant de l'entendre parler, parce qu'elle se ne s'entend pas à l'aise d'avouer qu'elle avait fait des études pour finir par se rediriger vers autre chose de totalement différent, comme si sa vie n'était pas faite d'assez de loupé. « Elles étaient belles tes fleurs, t'en fais pas pour ça. » Disait-elle dans un léger rire, sûrement un peu forcé. Elle s'accrochait doucement à lui en levant ses yeux vers son visage lorqu'il disait vouloir la laisser tranquille. « Je n'ai rien à faire aujourd'hui ... Pars uniquement si tu as quelque chose de prévu. » Grace voulait vraiment de sa présence, elle ne voulait pas d'une réconciliation faite en quelques minutes 'histoire de dire', elle ne s'attendait à rien, elle voulait juste être à ses côtés.

Elle lui avait tellement manqué, durant ses mois d’errance où Léo n’était plus que l’ombre de lui-même, la seule sensation même irréelle de sentir Grace auprès de lui le brûlait tout entier. une brûlure douloureuse, qui traduisait la peine qu’il ressentait au quotidien. Lui, le grand amoureux, il avait fallu qu’il la perde de cette façon, dramatique, à l’issu de son séjour à l’hôpital, pour se rendre compte que le simple fait de tenir une femme entre ses bras ne lui suffisait plus. Si ce corps n’était pas celui de Grace, s’il n’y avait aucuns sentiments, alors la simple présence charnelle n’apaisait plus son manque. Il avait besoin d’elle, de sa chaleur mais aussi de son amour et de sa bienveillance. Il avait besoin de construire avec elle, il n’en pouvait plus de marcher seul sans autre but que de profiter des plaisirs de la vie. Il voulait que ça ait du sens et sans elle, plus rien n’en avait. Léo grandissait enfin, il n’avait plus peur, enfin presque plus, du moins il ne se cachait plus et pour une fois il ne prenait pas la fuite face à ses sentiments qu’il ne maîtrisait pas. Il voulait tenter sa chance et retrouver son égérie. Il espérait tant que Grace lui accorde cette chance et quand ce fut elle qui fit le premier pas vers un rapprochement physique il sut qu’il avait pris la bonne décision en frappant à sa porte. Il ne savait pas bien où ils iraient tous les deux, mais ils iraient ensembles. Enfin il acceptaient de laisser tomber les barrières et d’assumer cet amour trop grand pour eux qui les consumait déjà depuis tant d’années, de le tailler à leur mesure et de le rendre beau. Cependant pour que cela fonctionne et qu’ils ne se laissent pas submerger ils devaient prendre leur temps, celui de s’ajuster à l’autre, de trouver leur rythme. C’est pourquoi Léo tenta de ne pas être trop empressé, comme il l’était habituellement. Il écouta Grace lui parler de sa nouvelle passion et il fut à nouveau conquis par cette femme qu’il découvrait, nouvelle, prête à sortir de sa coquille pour enfin se révéler, toujours hésitante mais elle essayait. Et il aimait cette Grace là, c’était celle qui l’avait séduit lors de cette soirée de retrouvailles au bar, celle qui dansait au milieu de la foule juste pour ses beaux yeux alors qu’elle n’aimait pas ça. Fleuriste, vraiment ? C’est une très belle idée. Il l’imaginait si bien, faire ses compositions pleines de délicatesse, elle qui en était la définition même, il la voyait déjà s’affairer pour faire plaisir à ses clients et s'épanouir dans cette nouvelle voie, du moins il le lui souhaitait sincèrement. Je suis content que tu ais trouvé quelque chose qui te plaise et je suis certain que tu vas réussir. Et puis, au fond, il était aussi soulagé de savoir qu’elle s’éloignait du monde de la drogue, tellement malsain, tellement loin de l’image qu’il se faisait d’elle. Je comprends mieux ! Je savais que tu aimais les fleurs, mais j’étais loin d’imaginer que tu en ferais ton métier. Mais ça te va très bien, je trouve. Son visage s’illumina quand elle lui demanda de rester. L’occasion était trop belle, lui qui se sentait déjà triste de devoir la quitter si vite. Si elle le réclamait alors il n’allait pas se faire prier davantage. Tu sais bien que je n’ai jamais de plan, ni d’obligations. Tu veux te promener ? On pourrait aller marcher sur la plage ? Ou autre chose, ce qui te fera plaisir. Lui se moquait bien de ce qu’ils feraient, du moment qu’ils le fassent ensemble.