it's hard to see a way out, isn't it ? (emrys)

Une soirée de plus. Encore une soirée où ton corps est ton seul outil de travail, te dégoûtant un peu plus chaque jour de toi-même. Cela fait bien trop longtemps que tu exerces ce "métier" pour payer tes études. Bien trop longtemps pour le supporter. Et pourtant, tu n'as pas le choix, tu n'as aucune autre issue. Jackson t'a demandé d'arrêter et tu lui as promis de le faire une fois que tes études auraient pris fin. Mais il te reste encore une longue année après celle-ci et tu n'es pas sûre de tenir le coup. Tu ne fais que t'engouffrer un petit peu plus chaque jour dans les ténèbres, touchant de plus en plus le fond. Heureusement, tu peux compter sur Jackson pour être ton rayon de soleil, ta lumière. Et sur ton métier également. Si tu ne l'aimais pas autant, tu n'aurais jamais enduré tout ça. Jamais enduré ces danses perpétuelles qui ne servent qu'à divertir de vieux pervers en quête de chair féminine. Bref, il n'y a pas à dire, c'est de plus en plus compliqué pour toi d'endurer ce boulot même s'il touche presque à sa fin. Heureusement, pour ce soir, c'est terminé. Tu sors enfin par la porte arrière du club, cherchant après tes clés de voiture dans ton sac à mains lorsque tu te fais interpeller par un homme. Sa voix te glace, tu te figes immédiatement sur place. Tu n'as pas besoin d'écouter ses mots pour comprendre qu'il te demande des faveurs sexuelles. Il est là le problème de travailler dans un club. Certains hommes sont incapables de faire la différence entre danseuse dans un club de strip-tease et prostituée. Tu préfères ignorer l'homme en question, continuant ta route jusqu'à ta voiture. Mais malheureusement pour toi, lui, il n'a aucune envie de te laisser tranquille. Il insiste et s'approche un peu trop près, brisant ton espace personnel. Tu as mouvement de recul mais tu es prise au piège contre une voiture. Ton coeur commence à tambouriner dans ta poitrine, ivre de peur. Tu as déjà vécu des viols à répétitions dans ta vie et l'idée de revivre ça bloque chacun de tes muscles, chacun de tes membres. Te laissant figée sur place. « S'il vous plait... » Murmures-tu difficilement, sentant déjà des larmes rouler sur tes joues. Tu es prise au piège de cet homme, de tes souvenirs d'enfant et même de ton passé. Petit à petit, tu sens ton cerveau se mettre en retrait comme il avait l'habitude de le faire lorsque tu étais enfant. Comme si tu acceptais cette fatalité, comme si tu n'avais plus aucun courage de te battre contre cet homme qui ne pense qu'à une chose, abuser de ton corps.

Il y a des soirs, beaucoup même, où Emrys rentre tard. Soit parce qu’il a travaillé jusqu’à la fermeture de l’université et même après, il arrive parfois à négocier avec le gardien pour rester plus longtemps, soit parce qu’il se balade seul dans les rues sombres de Bowen pour profiter de la tranquillité, loin des grandes artères. S’il préfère davantage les matins calmes avec un levé de soleil, il sait également apprécier les nuits paisibles et étoilées. Il fut un temps où il rentrait tard parce qu’il avait bu, qu’il ne marchait plus droit. Il ne voyait pas les étoiles, c’est à peine s’il trouvait le trou de sa serrure. Le jeune professeur doit tout de même s’assurer qu’il y ait quelqu’un pour garder son fils. Par chance les baby-sitters qu’il engage ou les amis qui viennent l’aider, acceptent en échange d’un peu d’argent de rester un peu plus tard. De toute façon une fois que Marvin est au lit, ils sont plutôt tranquille. La vie de père célibataire n’est pas de tout repos puisqu’il doit toujours penser en fonction de son fils, à une solution lorsqu’il n’est pas à l’école et qu’Emrys n’est pas là. Ce n’est pas tous les jours évident.
Sur son trajet pour rentrer chez lui, il y a la rue où se concentre les bars, boîtes de nuit et de strip-tease et autres. En général il l’évite mais en semaine elle reste tout de même assez tranquille. De toute façon il ne fait que rarement attention aux vitrines des échoppes. La rue semble déserte, excepté deux personnes qu’il aperçoit plutôt rapprochées contre une voiture. Il n’y prête pas vraiment attention, ça n’a rien d’étonnant et il n’est pas vraiment du genre curieux. C’est seulement lorsqu’il se trouve à leur hauteur qu’il sent qu’un truc cloche. Il entend la fille le supplier et en jetant un regard sur elle, il voit des larmes couler. Elle ne semble pas luter pourtant son instinct lui dit qu’il y a un truc de pas normal. En général Emrys ne s’imisce pas dans la vie des gens et les laisse régler leur problème. Mais là il a l’impression qu’il s’agit plus que d’une dispute de couple. Si jamais il arrive quelque chose, il se sentirait coupable de n’avoir rien fait, de ne pas avoir réagit. Il entend partout que les femmes sont victimes d’agressions sexuelles plus que ce que l’on pourrait penser et que souvent personne ne fait rien. Il s’arrête donc devant eux et demande simplement « Un soucis ? » il n’a pas envie de s’imaginer des choses si en réalité tout va bien. Dans tous les cas le type n’a pas l’air bien difficile à battre, pas franchement musclé, l’allure d’un type qui passe ses journées devant la télé. Si jamais ça dégénère, Emrys n’a pas peur du combat.

Tu ne bouges plus car ton corps ne réagit plus, comme s'il était à présent sur off. De toute façon, tu n'as pas vraiment le loisir de te débattre, tu es bloquée contre cette voiture, le corps de cet homme écrasant le tien. Il te dégoûte et son haleine puant l'alcool davantage encore. Tu tournes la tête, fermant les yeux avec fermeté, attendant que ça passe, n'essayant même pas de lutter. Tu es bien trop terrifiée par tes souvenirs pour te débattre, crier ou même essayer de t'enfuir. Mais heureusement pour toi, quelqu'un passe par-là pour vous interpeller. Tu ouvres à nouveau les yeux, cherchant le regard de l'homme qui s'est arrêté à quelques mètres de vous, pour qu'il lise dans ton regard que tu as besoin d'aide. Besoin de lui. L'homme qui t'écrase le corps répond que tout se passe bien, qu'il peut passer son chemin mais tu parviens quand même à secouer la tête négativement pour ne pas qu'il te laisse. Pour ne pas qu'il parte. « Aidez-moi... » murmures-tu presque de manière inaudible pour que l'inconnu lise seulement sur tes lèvres que tu as besoin d'aide. Tu ne sais pas comment pourrait réagir ce pervers si tu luttes ou demandes de l'aide alors tu préfères te montrer discrète. Tu ne veux pas qu'il bloque ton corps plus qu'il ne le fait déjà. Ses mains tiennent fermement tes poignets et tu es à peu près certaine que tu auras des marques d'ici demain. Des marques que tu devras expliquer à Jackson, sans aucun doute. Malheureusement, il ne se doute pas que tu continues à danser dans ce club. Tu devrais arrêter, tu le sais, mais tu as bien trop besoin d'argent pour ça et aucun travail ne ramène autant que celui-ci. Tu soupires, attendant que l'inconnu vole à ton secours ou que ce pervers prenne peur et finisse par s'en aller de lui-même. Tu ne peux pas mentionner la police à cause du métier que tu fais dans ce club, du coup, tu espères que l'inconnu trouvera une autre solution pour te sortir de là.

Restant un peu à l’écart, il ne veut pas trop s’approcher pour ne pas trop déranger les deux personnes au cas où il s’agirait vraiment d’un couple voulant un peu d’intimité. Lee type se retourne vers lui pour lui dire d’une voix qu’il reconnaît bien d’un homme ayant bu, que tout va bien et qu’il peut les laisser. Il voit la jeune femme derrière, un peu dans le noir, éclairée par le lampadaire situé un peu plus loin, elle secoue légèrement la tête. Si l’un semble dire qu’il n’y a pas de soucis, l’autre ne semble pas de cette avis. Il voit le corps de l’homme pressé contre celui de la demoiselle, celle-ci murmurant seulement quelques mots, qu’il comprend en lisant sur ses lèvres. Même s’il s’agit d’un couple, quelque chose ira mal pour elle, il ne peut pas laisser ce genre de choses arriver, surtout en la laissant avec un homme complètement ivre. Il sait ce que c’est, il sait l’état dans lequel une personne peut se retrouver après avoir bu. Emrys n’a pas tout de suite envie d’utiliser la violence, il tente donc les mots. « Je vais ramener cette jeune femme chez elle. » dit-il calmement à l’homme. Seulement il ne semble pas décidé à la lâcher, lui disant que tout va bien et qu’il faudrait mieux qu’il dégage sinon il est prêt à user de ses poings. Pas de quoi effrayer l’ancien agent secret qui a vu pire qu’un type ivre à la condition physique discutable. Emrys se rapproche de la jeune femme et attrape les mains du type pour l’éloigner d’elle. Il vocifère des insultes à l’égard de la jeune femme et du professeur avant de tenter de lui mettre un coup de poing qu’il évite sans difficulté vu la lenteur et le manque de précision dont il a fait preuve. Emrys l’attaque alors en lui donnant un coup sec à la gorge avec sa main, ce qui a pour effet de couper la respiration de l’assaillant. Il lâche alors toutes prises sur la jeune femme. Au passage il retient un maximum d’informations sur l’agresseur afin de pouvoir les donner à la police plus tard. Celui-ci porte les mains à son torse et essaie de respirer tant bien que mal. Comprenant qu’il n’a aucune chance il commence à partir dans la direction opposée. Emrys se tourne alors vers la demoiselle « vous allez bien ? » Il l’observe, regardant son corps pour y trouver d’éventuelles traces de violences. Ses poignets sont rouges et elle aura sûrement des bleus demain. Sinon physiquement elle semble aller bien mais psychologiquement ça n’a pas l’air d’être pareil.

Même si le monde continue à tourner autour de toi, ton esprit, lui, semble bien loin, presque éteint. Du moins, jusqu'à ce que tu trouves une issue de secours chez cet homme qui passe par-là. C'est une vraie chance pour toi de t'en sortir. Sans ça, tu ne sais pas ce que tu serais devenue après que ce pervers ait profité de toi sous toutes les formes. Si ton sauveur tente d'abord de régler les choses calmement, très vite, ça dérape et ça se termine en coups. Ton agresseur est incapable de rétorquer à cause de tout l'alcool qu'il semble avoir ingurgité ce qui facilite le travail de ton sauveur. Très vite, l'agresseur prend la fuite ce qui provoque chez toi un réel sentiment de soulagement. Tu te sens à nouveau vivante et tu peux enfin respirer. C'est comme si tout était bloqué chez toi durant les quelques minutes passées. « Je crois, oui... » Murmures-tu lorsque le jeune homme demande si tu vas bien en s'approchant de toi. Tu inspectes tes poignets toujours rosis et regardes ailleurs pour voir les dégâts. Par chance, tu n'es blessée nul part ailleurs mais expliquer ces marques sur tes poignets ne sera pas évident. « Merci beaucoup pour votre aide... Je n'imagine pas ce qu'il aurait fait si vous n'étiez pas arrivé. » Ajoutes-tu en secouant la tête légèrement, terrifiée à l'idée de ce qu'il aurait pu se passer. Tu as déjà vécu des viols à répétitions durant ton enfance, tu aurais été incapable de revivre ça. Après ça, tu aurais sans aucun doute été brisée pour le restant de ta vie. Tu t'écartes de ta voiture soufflant un bon coup. « Je ne sais comment vous remercier. Un café peut-être ? Enfin tout est sans doute fermé à cette heure-ci... » Dis-tu en soupirant légèrement. Pas évident de le remercier à une heure pareille. Et puis, l'inconnu désire sans doute rentrer chez lui ? Qui sait.