if i just lay here, would you lie with me and just forget the world ? (woody)

« Tu dis ça maintenant, mais … » Il se tut. Des mais, il n’y en aurait que de son côté, pour le moment, et visiblement Freja et lui ne s’entendraient pas là-dessus. Pas ce soir. Peut-être même jamais. Il ne pouvait prédire l’avenir, Woody, c’est vrai, mais il pouvait l’envisager, l’appréhender. Et préparer les autres autant que lui à ce que ce serait que de vivre à ses côtés. Par les préparer, je veux dire qu’il décidait à leur place qu’ils ne resteraient pas dans sa vie. Il le ferait par lui-même, mourir à petit feu. Il n’avait pas besoin d’une audience pour le regarder crever lentement mais sûrement. « Non, t’y arriveras pas. Alors … faisons juste, l’accepter. » Lâcha-t-il dans un soupir injuste. Ils ne l’accepteraient sans doute jamais, ni l’un ni l’autre, ils le subiraient. Sauf qu’en choisissant des mots aussi résignés, Woody ne ferait que montrer à quel point lui-même souffrait de ses propres choix. Il ne voulait pas que Freja entrevoit la faille en lui, car elle saurait mieux que n’importe qui s’y faufiler pour y baigner sa lumière. « J’tire un trait sur tout. » Déclara-t-il avec douleur dans la voix. En tirant un trait sur Freja, il renonçait aussi à l’amour, au bonheur, à la vie. Parce que sans elle, Woody ne vivrait plus, plus vraiment. Sans elle, ses sourires ne seraient plus que de fausses représentations de lui-même. Sans elle, Woody n’était plus Woody, parce qu’alors plus personne ne verrait réellement qui il était. Elle était la seule à pouvoir le faire, à pouvoir le voir. « C’est déjà trop tard, Freja. Ferme la porte, tourne la page, ne laisse pas … ne laisse pas de trace d’espoir sur nous, pour nous. Il ne peut pas y en avoir. » Il ne disait pas qu’il n’y en avait pas, il disait qu’il ne pouvait pas y en avoir. Pour leur bien à tous les deux. S’ils s’accrochaient encore et toujours à une infime possibilité d’être ensemble, ils ne s’autoriseraient jamais à avancer. Woody était prêt à faire un tel surplace, mais il ne pouvait accepter que Freja attende après lui pour faire sa vie. Elle voulait être aimée, elle en avait pleuré des larmes dans ses bras en priant d’être un jour pleinement aimée. Il ne pouvait que lui souhaiter qu’elle trouve ce bonheur-là. Alors il la laissa partir. Vers Allen, mais aussi vers tous les autres hommes qui l’attendaient sans doute sur le chemin de sa vie. Freja, sans prévenir, mit fin à cette distance entre eux pour un ultime baiser, une grande finale, bien trop courte, bien trop chaste. Ça ne leur ressemblait pas. Mais ils n’étaient plus eux-mêmes depuis bien des mois maintenant. « Adieu, Freja. » Répondit-il d’une manière tout aussi sérieuse et dramatique. Parce qu’il voulait vraiment y croire, que c’était un adieu, qu’elle partait vers de meilleurs horizons. Qu’elle le laissait derrière, et qu’il ne chercherait plus à la rattraper. C’était beau d’y croire.   

TERMINÉ