callie&rafaël → 'Maybe I'll get drunk again, to feel a little love' ES

Sortir, bouger, respirer. Oublier, pardonner. Sourire, faire comme si. C’est douloureux l’amour. Ca fait des jours pourtant la métisse à encore du mal à s’en remettre de cette folle matinée. Elle s’est mal comportée avec Sammy, Steeve et même la rouge, même si imaginer les deux derniers ensembles est plus qu’une lame en plein coeur.
Les jours sont longs entre quatre murs quelque soit l’espace qui les sépare. Et ce soir, si elle est là, c’est parce qu’une idée lui est venue en tête. Pendant une heure la métisse à discuté avec le banquier de sa grand-mère avant que ce dernier ne prenne congé.

-La même chose s’il vous plait.

Boire pour oublier. C’est d’un cliché mais tellement salvateur. Tandis que la serveuse place un piña colada devant elle, un charmant jeune homme vient s’installer à ses côtés. C’est étrange. Il a le même regard qu’elle, perdu, brisé. A croire que Bowen est la ville des coeurs déchirés.

-A la votre, dit-elle en levant son verre avec un sourire. Elle boit une gorgée avant de reprendre et de lui tendre la main. Callie Rose mais tout le monde m’appelle Callie.

Elle était loin la vie de danseuse finalement. A Paris c’était salade, pâtes, eau et boisson allégée. Depuis qu’elle était à Bowen, son régime alimentaire variait des cocktails en passant par le vin, les pots de glace et ceux de nutella. Si sa grand-mère la voyait. Elle qui trouvait que Steeve et Sammy avaient un mauvais effet, qu’est ce qu’elle aurait dit en voyant sa petite fille un verre en main ?

-Rafaël. C'est dommage qu'on vous appelle Callie alors que Rose est un très beau prénom aussi...

-Merci.

Pour Callie, ça ne posait pas de problème qu’on simplifie le tout même si elle adorait son prénom. A vrai dire quand, elle avait demandé l’origine de son prénom, elle avait été tellement émue par l’histoire qu’elle ne pouvait que l’aimer.

-Vous aussi vous pensez pouvoir oublier avec un verre d'alcool?

Oublier avec un verre ? C’était le deuxième et elle avait toujours en tête son regard vert préféré. Non, on n’oubliait pas quelqu’un jusqu’avec un verre. Sa question la faisait quand même sourire. Elle confirmait simplement que la danseuse ne s’était pas trompée. Tout comme lui, il avait quelqu’un à oublier.

-Non. Je pense que l’alcool permet de se détendre, pas d’oublier. Mais c’est humain de tenter alors je fais comme tout le monde et j’essaye.

Faites gaffe, ils sont chargés ici les cocktails

Ha ça. Tout le plaisir et le danger étaient dans les cocktails. Sucré à souhait, alcoolisé tout autant et on s’y perd, la limite est mince entre les deux côtés d’un même verre. On boit vite et bien puis on en commande un autre et encore un autre et on finit à l’hôpital, dans le coma pendant quelques jours avant de se réveiller et de voir son rêve s’en aller, sa famille, ses amis à ses côtés.
C’était ce qu’elle avait vécu avec Maë le soir de l’accident. Cinq cocktails chacune, trop insouciantes pour se dire qu’aucune d’elles n’est apte à conduire. Un stop non marqué et retour à la case départ, loin de la danse, de l’opéra, fâchée avec sa meilleure amie à qui elle en veut et près de lui, le coeur brisé.

-Comme partout, dit-elle finalement.

-Vous essayer de penser à autre chose qu'un prénom masculin? ... Ou féminin c'est égal. »

-Au prénom masculin, à sa tête, son corps, son odeur. C’est pas des verres qu’il me faudrait mais un tonneau, histoire de me noyer dedans.

Comme pour appuyer ses paroles, elle boit une nouvelle gorgée, non sans penser à Samuel et Steeve Si elle boit trop et qu’elle est incapable de conduire voir incapable de composer le numéro d’un taxi, c’est l’un des deux qui viendra la chercher et sincèrement, elle a aucune envie de se faire engueuler comme une gamine de dix ans. Tant pis, on verra bien.

-Je ne vous retourne pas la question, on sait tout les deux que c’est une femme qui vous met dans cet état, ou un homme, c’est égal.

Elle se moque. C’est pas méchant, loin de là mais c’est tellement risible. Depuis quand elle est devenue le genre de fille à se morfondre pour un mec avec un verre d’alcool ? Sérieusement, la Callie parisienne n’était pas comme ça et à bien des égards, elle lui manque.

Qu'est-ce que mon compère masculin t'as fait cette fois?


-On passe au tutoiement alors ?


Ça ne la gène pas, au contraire. Il lui ressemble et c'est assez plaisant. Plus pour se donner contenance que par envie, elle porte une nouvelle fois le verre à ses lèvres avant de répondre. Qu'est ce qu'il lui a fait, c'est vrai ça ? Il ne lui appartient, il suffirait juste qu'elle ouvre les yeux sur cette évidence.

Il a fait qu'il m'as vu grandir, qu'il ne me voit pas autrement qu'en petite soeur et que cette semaine, je suis tombée sur l'une de ses conquêtes avec l'un des polo que je lui avais offert sur le dos.

Pourquoi diable parlait-elle à cet inconnu ? Sans doute l'alcool ou alors l'envie d'une oreille compatissante qui ne le prendrait pas forcément en pitié. Il avait également le coeur brisé alors sans doute serait-il compréhensif.

Rude... On a un peu près le même problème alors...


-Oh tu as toi aussi un faux frère qui n'arrive pas à te voir autrement ? dit-elle en souriant.


Franchement quand on le regardait, on avait du mal à croire qu'une fille puisse lui dire non. Grand, brun, les yeux bleus, il avait tout de l'acteur qu'on voyait dans les séries américaines. Si elle n'avait pas préféré le vert des yeux de Steeve, elle aurait certainement trouvé Rafaël plus qu'à son goût.

Elle ouvrira sans doute les yeux.

Elle comprenait parfaitement la position de Rafaël mais elle comprenait également la peur que pouvait ressentir la fille en question. Grandir avec quelqu'un et se rendre compte petit à petit que ses sentiments changeait étaient quelque chose d'effrayant. Lasse, elle lâcha un soupir avant de porter une nouvelle fois son verre à ses lèvres. Ce qu'elle disait là pouvait valoir pour Steeve.

On devrait peut-être monter un club . Les FFSA. Les faux frères/soeurs amoureux. A nous, dit-elle en levant son verre.

Toi aussi, il va ouvrir les yeux... S'il le fait pas c'est que c'est un vrai crétin...

Oui. Un crétin. Un vrai. Il l'embrassait et lui disait qu'il avait besoin de temps pour réfléchir la laissant comme une idiote à ruminer.

Rafaël la tira de ses pensées en lui faisant part de sa décision de la raccompagner jusqu'à chez elle. Sans se sentir bourrée, la métisse se sentait bien et elle estima que la proposition du jeune homme était plus qu'intelligente.
Callie termina donc son verre et après avoir elle aussi déposé un billet sur le comptoir, elle se leva.
Ils n'eurent pas longtemps à patienter et quelques minutes plus tard, le taxi était là. Elle communiqua son adresses au chauffeur et posa sa tête sur le repose-tête.

T'as déjà essayé d'aller à la rencontre de d'autres filles, je veux dire, depuis qu'elle sait.

Se rendant compte que sa question pouvait passer pour une invitation, elle reprit

C'est juste une question comme ça, hein,

«J'ai essayé mais je n'ai pas réussi à développer des sentiments pour elle. Je pensais trop à Aylin et ça s'est mal finit. Je ne suis pas le genre de mec à elle voir ailleurs chaque soir pour ne plus y penser. Pour ça, j'ai le whisky.» Et toi ?

Avait-elle seulement essayer ? Depuis qu'elle avait quatorze, le seul qu'elle voulait c'était Steeve. En grandissant, Callie avait refuser bon nombre de propositions, se jetant à coeur perdu dans la danse.

Dans un sens oui. J'ai décidé de faire l'autruche et je me suis plongé dans mon boulot.

Si on écoutait sa mère, tout le drame de la métisse était là. Se plonger dans son boulot à l'âge de dix-sept ans. Elle ne profitait pas de la vie, préférant la danse à un potentiel petit ami. Si elle avait su que sa fille était juste amoureuse de son meilleur ami, sans doute aurait-elle cessé tout son baratin mais voilà. Callie n'avait rien dit. Seul Sam avait été assez intelligent pour voir à travers ses sourires, ses regards et surtout derrière le mur qu'elle avait construit.

Tu sais quelle est la chose la plus triste ? J'ai beau être complètement à l'ouest, fatiguée, avec de l'alcool dans le sang. Ça me viendrait même pas à l'esprit de te draguer,

Tournant la tête vers la fenêtre, elle sent une larme perler. Super. Ridicule. Steeve arrive encore à la faire pleurer.

Non pas que tu sois moche, dit-elle finalement en souriant.

D'un geste presque rageur, elle essuie sa larme tandis que le taxi entre dans sa rue.

Tu vas rentrer chez toi ? T'habites loin ? Tu peux rester dormir, j'ai des chambres d'amis