Heartbeat (Niels)

Quand on lui parlait de sentiments et de tout ce qui pouvait s'en apparenter, Niels devenait soudainement beaucoup moins confiant, perdant en un claquement de doigt son arrogance légendaire comme si on touchait à une corde sensible. En réalité, il avait peur de ce que ça impliquait, de l'engagement qui en découlait. Il était toujours un peu égoïste au fond, à penser à lui, à ce que ça changerait dans sa vie et les conséquences que ça aurait sur sa liberté. Mais Aelya était une partie de sa vie qu'il ne pouvait plus mettre en arrière-plan. Il ne voulait plus faire semblant qu'elle ne l'atteignait pas alors qu'en vérité, c'était tout le contraire. Elle faisait battre son cœur avec une intensité à peine croyable, et finalement, c'était une sensation aussi excitante, et presque plus vivifiante que n'importe quelle aventure dans laquelle il s'était lancé. « Peut-être bien, qui sait. » Il dit, soutenant son regard avec l'envie de voir ce que ce genre de réponse pouvait provoquer en elle. C'était comme si à travers ces mots, il lui avouait que l'idée ne lui était pas totalement ridicule et inconcevable. En fait, ça se tenait même plutôt bien. Mais ça encore, il préférait le garder pour lui, enfoui à mille lieues sous terre parce-que c'était encore trop terrifiant à avouer. Il était remonté vers elle avec un sourire de défi, satisfait de voir qu'il pouvait encore avoir le dernier mot. « Bien sûr que si, ça te va. Si c'était pas le cas, je pourrais pas te satisfaire comme je le fais. » Il souffla, gardant cette même voix séductrice et pleine de sous-entendus, faisant glisser sa main sous son haut. Son inquiétude le fit sourire, ne prenant pas du tout au sérieux son propre cas. « Je fréquente des tonnes de médecins tous les jours donc au pire, s'il m'arrive quelque chose, je serais sur place. » Il répondit, se voulant rassurant à travers des paroles qui étaient loin de l'être. « Mais tu peux toujours jouer les infirmières sexy pendant mes jours de repos. » Il souffla à son tour, sentant son corps s'enflammer au contact du sien. Elle savait exactement comment lui parler, et même quand elle ne le cherchait pas forcément, il la trouvait toujours atrocement attirante. Un rire s'échappa de ses lèvres à sa remarque sur le mariage. « C'est pas mon genre de faire dans la banalité. » Il répondit, accrochant son regard un instant avec un sourire amusé. Ils étaient au moins d'accord sur ça, sur le fait que le mariage était loin d'être quelque chose d'emballant. Niels n'avait jamais songé à passer cette étape, sûrement parce-qu'il était convaincu qu'il n'existait pas chaussure à son pied dans ce bas monde. Enfin, ça c'était jusqu'à ce qu'Aelya vienne troubler tous ses plans. Prenant place à côté d'elle, il sourit à sa remarque, hochant la tête en haussant les sourcils. « On est très loin de l'être même. » Il ajouta, en repensant au fait qu'ils n'avaient jamais marché comme tous les autres, et quelque part, ça lui plaisait pas mal de savoir qu'ils ne rentreraient jamais dans ce monde-là. Il amena à son tour sa tasse à ses lèvres, puis croqua dans un croissant avant de reporter son attention sur Aelya, souriant en entendant sa remarque. « Si et ça me déplaît pas en fait. » Il répondit, haussant les épaules avant de s'approcher d'elle, laissant sa tête se poser contre le dossier du canapé pour capter son regard. « Alors... c'est officiel ? Tu veux vraiment passer ton temps avec le type le plus instable au monde ? » Il demanda, essayant de rendre la question un peu plus légère alors qu'elle était bien plus importante qu'elle n'en avait l'air.

Ce n'était pas quelque chose qui le mettait particulièrement à l'aise non plus, de savoir qu'elle pouvait arriver à faire ce qu'elle voulait de lui sans forcément y mettre beaucoup d'efforts. Il se sentait pris au piège dans la passion qui l'animait à chaque fois qu'il daignait poser son regard sur elle, qu'il s'imaginait parcourir le monde avec elle, avec ses bras pour seul refuge. Qui aurait cru qu'une seule âme aurait été capable de bouleverser la sienne, lui qui traçait habituellement sa route sans jamais avoir eu besoin de personne. Ça le changeait tout ça, il le sentait au fond de lui-même qu'il n'était plus exactement le même, que les sentiments qui naissaient en lui semblaient lui amener quelque chose de plus, peut-être un côté plus humain. Force est de constater que ça ne le rebutait pas pour autant et qu'il commençait doucement à s'y faire. Il sourit à ses propos, levant les yeux au ciel. « C'est pas comme si j'en n'avais pas déjà. » Il répondit, d'un air malin en faisant référence au bleu qui ornait son abdomen, entre autres griffures et suçons qui marquaient maintenant sa peau. Évidemment qu'il savait qu'elle ne parlait pas forcément de séquelles physiques, mais surtout de blessures plus profondes qui risqueraient de le heurter s'il prenait le risque de l'aimer. Il avait peur de tomber et de ne jamais savoir se relever si leur relation venait à s'effondrer. C'était sûrement pour cela qu'il préférait prendre les choses à la légère pour l'instant, euphémiser son attachement pour elle pour se préserver. Elle avait autant de pouvoir sur lui que lui pouvait en avoir sur elle, pas étonnant qu'ils puissent tous les deux vouloir se protéger de ce qu'ils pourraient s'infliger. Bien malgré oui, il avait eu un mal fou à trouver les mots justes pour essayer de la rassurer. Fallait dire que ça n'avait jamais été son domaine de prédilection. « Je demande que ça. » Il lui dit, se décalant finalement d'elle avec un petit sourire en coin. Ils avaient rejoint le salon pour manger, parce-qu'encore une fois, c'était cliché de prendre le petit-dej' au lit et en plus de ça, c'était prendre le risque d'en foutre partout dans les draps, donc vraiment... y'avait aucun bénéfice. Il se cala un peu plus dans le fond du canapé, entamant une discussion qui se voulait légère en apparence. En apparence seulement. « Attends, t'insinues que j'suis un gentil garçon au final ? » Il dit, finissant par rire légèrement, amusé par le fait qu'il était sûrement bien moins badass qu'il ne le prétendait. Un petit sourire étira ses lèvres au fur et à mesure qu'elle se dévoilait à lui, lui indiquant qu'elle était en effet prête à le supporter. « Je demandais juste, parce-que du coup, va falloir que j'annule tous les plans que j'avais pour ce weekend. Et y'en avait beaucoup. » Il répondit, faisant mine de rester sérieux pour la taquiner avant de tendre la nuque pour déposer ses lèvres sur le coin des siennes. « Je suis bien avec toi. » Il finit par lui avouer, reprenant un peu plus son sérieux pour qu'elle sache qu'il ne demandait que ça, qu'il puisse lui appartenir et qu'elle lui appartienne en retour.