what did you expect ? (shiloh)

shiloh & liam

C’est un début de journée comme une autre à la pâtisserie. Mon père se trouve en ma compagnie en cuisine. On travaille sur un gâteau de mariage tout en discutant de la pluie et du beau de temps. Bref, rien de bien sérieux comme conversation. Ma mère apparaît à l’entrée de la cuisine. « Le livreur de farine est arrivé. Il faudrait que l’un de vous deux l’aide à décharger. Son camion bloque la rue. » C’est ce qui arrive quand la boutique est abritée par un vieux bâtiment. La porte de livraison n’est pas des plus accessibles pour nos fournisseurs. « Je m’en charge. » Mon père me rappelle de bien plier les genoux. Je dois forcer par mes jambes et non avec mon dos. Je lui réponds en rigolant que je sais très bien faire attention à mon corps. Ce n’est pas la première fois que je soulève des sacs de farines non plus. J’aurais donc dû me méfier du Karma. C’est sur le tout dernier sac de farine que je ressens une vive douleur dans le bas du dos. La douleur me coupe le souffle net tandis que je m’écroule sur mes genoux. Le livreur retire le sac de mes épaules tout en appelant mon père à l’aide. Mes parents débarquent en moins de deux. « Qu’est-ce qui sait passer ?! » Ma mère est dans tous ses états tandis que mon père est beaucoup plus calme. « Tu t’es barré le dos fiston ? » Une question dont il se doute déjà de la réponse. Je tente de m’étirer, mais la douleur me revient au galop. « Balach clach salach. (Saleté de sac de merde.) » Le rire de mon père fait écho à mes vociférations. « Je te l’avais dit de faire attention. Tu n’as pas besoin d’être vulgaire. » Mon père m’aide avec douceur à me relever. Mon corps est presque en angle de 90 degrés. Je n’arrive pas à me redresser plus. « Il va falloir t’emmener à l’hôpital fiston. » Non, non, non, pas l’urgence de l’hôpital. Je déteste me retrouver dans cet établissement. J’y ai passé beaucoup trop de temps par le passé pour me sentir de nouveau à l’aise. « Non, pas l’hôpital. Je vais rentrer chez moi et prendre des cachets antidouleur et ça va passer. » Mon père fait signe à ma mère de retourner dans la pâtisserie. Il sait que si je commence à argumenter avec ma mère. On n’est pas sortie de l’auberge. « Shiloh, ce n’est pas une douleur qui va partir avec de simple cachet d’aspirine. Tu dois voir un professionnel. » Je serre les dents avant de répliquer. « Je ne veux pas aller à l’hosto ! » Mon père pousse un profond soupir avant de m’indiquer de le suivre. Il connait un endroit ou il espère qu’ils pourront me venir en aide. C’est vraiment le parcours du combattant pour m’installer sur le siège passager de la voiture de mes parents. Mon père doit même lever le pied pour ne pas rouler trop vite, car chaque irrégularité de la route me donne des coups là ou ça fait mal. La voiture s’immobilise devant le centre Yoga Space. « Euh, tu es sérieux-là ? » Mon père retire les clés dans le contact. « Tu t’obstines à ne pas vouloir aller à l’hôpital. Je ne peux pas faire de miracle ! » C’est un autre parcours du combattant pour me sortir de la voiture. Je marche avec difficulté jusqu’à l’intérieur. La demoiselle qui se trouve à l’accueil nous salue avec énorme sourire, bref elle offre un bon service à la clientèle. Je laisse mon paternel explique la situation. Les seuls mots que je prononce sont que je me sentirais plus à l’aise à me faire masser par une femme. La demoiselle disparaît de mon champ de vision quelques minutes pour ensuite revenir. Elle prend la relève de mon père. « Tu m’appelles quand tu es prêt à rentrer. » Je lui réponds par l’affirmative avant de me laisser conduire dans la salle numéro sept. La jeune femme m’indique que je dois retirer mes vêtements et m’étendre sur le ventre. Je n’ai qu’à déposer la serviette sur mes fesses pour garder un peu de pudeur. J’y compte bien ! Je peux enfin souffler un peu quand je m’étends sur la table. La douleur est moindre. Il est donc plus facile de l’endurer. J’ai à peine conscience que la porte s’ouvre. La musique provenant d’une mini-chaîne se fait entendre dans la pièce. « Bonjour, je suis Liam. C’est moi qui vais m’occuper de vous aujourd’hui » Liam ?! Ça ne fait pas très féminin comme prénom, d’ailleurs son ton de voix n’est pas féminin du tout ! J’en ai la confirmation visuelle quand ce dernier se penche pour croiser son regard avec le mien. Ainm cù ! (Nom d’un chien) C’est un Viking ?! « Alors, qu’est-ce qui vous amène ? » J’ouvre la bouche et la referme comme un poisson qui est pris hors de l’eau. « Euh… » On ne va pas y arriver si je communique en monosyllabe. La douleur est trop grande pour que je commence à chipoter sur le fait que le Viking poilu ne soit pas une femme. « Je me suis fait mal au boulot. Un sac de farine a eu raison de mon dos. » Je replace mon visage dans le trou de la table pour ne pas qu’il remarque mes joues rouges de gêne. « J’ai une douleur aiguë au niveau du coccyx et ça remonte jusqu’aux reins. »

Il est des cas où la douleur se surpasse elle-même.

Pando

shiloh & liam