be the light of my heart + violence

Ils étaient donc incapables de ne pas se disputer, c’était le triste constat que l’on pouvait faire à chaque fois que Violet et Terrence se retrouvaient. Même si à un moment la tendresse arrivait à se frayer un chemin dans leur relation chaotique, ils semblaient toujours mener un combat l’un contre l’autre. Ce soir, c’est lui qui semblait perdre pieds. Elle avait cherché à en savoir davantage sur lui, elle voulait la vérité et voilà qu’il concédait enfin à la lui apporter, sur un plateau d’argent. Mais tout n’était pas simple à attendre, surtout pour une femme si droite que Violet. Et elle tombait de haut, l’entraînant dans sa chute, refaisant vivre encore et encore à Terrence l’échec de sa vie, le constat qu’il ne serait toujours que ce gamin qui avait fait une bêtise plus grosse que lui, il la payait encore et toujours. Même plus de dix ans plus tard il restait le même aux yeux des autres, un traître, un taulard, un vaut rien. Elle comprenait qu’il s’était joué d’elle en ne lui dévoilant que ce qu’elle voulait entendre le soir de la tempête et que leur relation était à présent basée sur des faux semblants. Cela n’empêchait pas le barbu de tomber amoureux d’elle, mais ça biaisait totalement l’image qu’elle avait de lui, les dés étaient pipés et elle lui en voulait, peut-être autant qu’elle s’en voulait également, d’être tombée dans le piège du beau brun ténébreu et plein de mystère. Ce n’était pourtant pas un piège volontaire, Terrence ne pensait pas qu’elle finirait si amourachée et que les sentiments viendraient tout compliquer. Elle était blessée et sa réflexion, amer, en témoignait. Kelly la pris en pleine face, comme un bon uppercut, il ne l’avait pas volé, il fallait l’avouer. Si, c’est exactement ce que tu voulais dire… Les autres filles n’ont jamais posé tant de questions, elle n’ont jamais eu la chance de connaître mon cv exact. Il n’avait surtout quasiment jamais laissé aucune l’atteindre autant, jamais une fille l’avait touché au cœur comme Violet l’avait fait, c’était la simple et douloureuse vérité, ce soir. A présent Terrence fuyait le regard de la blonde, il préférait se concentrer sur ses grains de sable ou sur le roulement des vagues. Il était triste, comme jamais, en comprenant qu’une fois encore il allait passer à côté d’une chance d’être heureux, qu’il avait merdé, comme toujours. Violet ne disait rien, elle semblait elle aussi meurtri que lui. Deux âmes en peine qui n’arrivaient plus à trouver leur chemin vers l’autre. Avec difficulté, l’américaine tenta de faire comprendre à Terrence que connaître son passé n’aurait rien changé à ce qu’elle pouvait ressentir pour lui, il avait quelques doutes à ce sujet, c’était facile de le dire, maintenant qu’elle savait. Mais ce qui lui fait le plus mal c’était d’entendre qu’elle était déçue, il s’y attendrait, évidemment, mais il ne pensait pas que ce serait si difficile à encaisser. Et puis ces reproches, sur son ex, alors qu’il l’avait oubliée depuis longtemps et que cela ne changerait rien. Si elle s’inquiétait de la mère de Lena, alors allait-elle s’inquiéter de toutes les anciennes relations de son amant ? Parce qu’il n’était pas abstinent et qu’il avait un passé à ce niveau là également. Non ! Non je ne pouvais pas te le dire ce soir là, ni aucun autre soir, ce n’est jamais le bon moment pour avouer ce genre de chose et j’imagine que ce soir ne l’était pas non plus. Si j’avais le choix je te le cacherais encore, parce que c’est une honte, c’est mon fardeau et je ne veux pas le partager, il est bien trop lourd à porter. Mais maintenant tu le sais, toi qui veux tellement connaître la vérité. Tu en apprendra d’autre, si tu choisis de me suivre encore un peu. Pas des secrets aussi lourds, mais tu apprendras à me connaître et je suis loin d’être parfait. Alors il faut que tu le saches, parce que je ne vais pas faire semblant d’être celui que je ne suis pas juste pour tes beaux yeux, Violet. Il se leva difficilement. Il faut que tu saches une chose, une dernière, puisqu’on est dans les confidences. Il soupira, prenant le temps de réfléchir à la connerie qu’il allait faire en lui révélant son ultime vérité. Puis, alors qu’elle s’était levé également, accrocha son regard au sien et ce fut tout un océan déchaîné et tourmenté qu’elle découvrait dans ses yeux. Je t’ai fait du mal et je suis désolé que tu sois si attachée à moi parce que je t’en ferais peut-être encore. Je ne sais pas aimer, je suis mauvais pour ça. Mais je tombe comme un idiot face à toi, je fonds, je m’écroule. Je suis, bien malgré moi, totalement amoureux de toi. Et j’m’en fou, que la plage nous écoute, les passants ou l’océan. On est seuls au monde quand on est tous les deux. Mais pour ce soir j’arrête là les frais, j’ai besoin d’air et toi aussi. Alors prends tout le temps qu’il te faut, pars à Disney, envoie-toi en l’air avec ton ancien amant si ça te chante, je l’aurais bien mérité. Mais si tu décides de me revenir, je serais là, sur mon bout de plage ou dans ma caravane. Et je t’attendrais, je ne peux plus faire que ça à présent. Il lui sourit, d’un sourire las et triste de constater que sans elle il n’était plus grand chose, qu’il allait peut-être la perdre ce soir, mais il lui offrait sa chance de lui échapper, en espérant qu’elle ne soit pas si amoureuse qu’il l’était, sinon ils seraient foutus tous les deux.

Les habitudes de la commerçante étaient toutes chamboulées depuis plusieurs semaines. Tout avait commencé par une tempête, une qui faisait froid aux yeux, suivit d'un échange intime entre deux personnes que l’on croyait liées par la haine. Une tension qui avait duré des années et qui débouchait à présent sur les débuts naissants de sentiments amoureux. Elle qui n'avait besoin de personne pour vivre, pour être elle-même, semblait aujourd'hui perdue sans sa source. Il était la lumière au bout de son chemin, le seul endroit où son cœur voulait se loger. Depuis qu'il était entré dans sa vie, Terrence l'avait tenu loin de ses secrets, loin de ce qui a trait à sa vie privée. Aujourd'hui, il lui offrait toutes les vérités qu'elle demandait, preuve d'amour sans vraiment l'admettre. Violet aurait pu s'en satisfaire, mais avec lui elle ne savait se comporter. Et ils furent ce qu'ils faisaient de mieux : se disputer. Parce que c'était qui ils étaient, au final, deux âmes créées pour se quereller sans arrêt. Amour ou haine, ils ne savaient que faire d'autre. Tout ce que Violet disait était tiraillé, sans représentation de ce qu'elle pensait réellement. Sur cette plage bourrée d'oreilles pour les écouter, elle avait envie de lui dire qu'elle l'aimait. Qu’elle était invraisemblablement amoureuse de lui. Quelle n'imaginait pas sa vie sans lui, trahison ou pas. Prison ou pas. Enfant ou pas. Que malgré toute la misère du monde que cela lui prendrait pour avaler les nouvelles, que malgré sa déception, c'était lui qu'elle voulait et personne d'autre. Que ce voyage qui lui avait été offert et dont tout le monde rêverait n'était en rien son désir. Qu'elle préférait nettement mieux ne plus jamais quitter ses bras. Mais elle n'y arrivait pas, par peur de se retrouver devant un refus humiliant. Parce qu'il n'était pas le genre d'homme à savoir aimer. Parce qu'elle n'était pas le genre de femme à craquer et perdre la tête en amour. Parce qu'elle ne comprenait pas ce qui se passait entre eux. Alors ses mots étaient déformés et peu représentatifs de ce qu'elle ressentait. Et elle tâcha de s'excuser, chose que l'homme refusa gentiment. Si l'homme n'avait jamais laissé une femme entrée ainsi dans sa vie, Violet elle ne s'était jamais sentie aussi impuissante face à l'amour. Maintenant, elle avait peur de le perdre. Elle avait peur que leurs disputes, aussi futiles qu'elles soient, causent leur fin. Et elle s'en voulait. Elle s'en voulait de lui avoir faire confiance, elle s'en voulait de se disputer avec lui, elle s'en voulait de l'aimer, elle s'en voulait de risquer de le perdre. Sa tête raisonnait de toutes les choses qui marquaient leur relation et du temps qui passait. Elle serait en retard dans ses bagages, mais elle s'en fichait. Terrence importait bien plus à ses yeux que n'importe quel autre aspect de sa vie. Et, secrètement, si elle l'avait pu elle aurait choisi l'homme plutôt que le voyage.
La discussion qui se voulait au départ simple était devenue beaucoup trop complexe, teintée de non-dits maintenant adressés. Violet n'avait voulu que de réponses à ses questions sur sa paternité et maintenant elle se retrouvait coincée dans un océan de confessions. Et des réponses lui manquaient encore. Mais pour ce soir, elle en avait eu assez. La paternité l'emportait, de toute façon, et elle pouvait désormais tenter d'accepter que Lena était sa fille. Qu'elle le veuille ou non. Et de penser qu'il avait un enfant, signifiait qu'il avait aussi un passé amoureux. Violet ne lui en voulait pas pour ça, elle même avait un passé que Terrence commençait à comprendre, notamment avec la présence de Liam dans sa vie. Mais il était impossible pour elle d'adresser son malaise quand elle pensait à elle, cette femme qui avait donné la vie. Parce qu'elle avait quelque chose de plus que toutes les autres femmes avec qui il avait pu coucher. Ils avaient donné la vie, ensemble, à deux. Ce que personne d’autre ne pourrait partager avec lui. Leur relation était unique en soi, quoi qu’il en dise. Mais si c’était ce qu’il fallait pour être avec lui, accepter son passé, Violet le ferait. Parce que l’idée de le perdre lui donnait plus de haut-le-cœur que l’idée de le perdre à tout jamais. Terrence reprit la parole, et lorsqu’il affirma qu’il lui cacherait tout cela à nouveau, Violet soupira. Il n’allait pas changer en un claquement de doigts, et c’était bien ce qui l’avait charmé. Je ne veux pas que tu sois celui que je veux. Je veux que tu sois toi, tout simplement. Au moins, ils étaient d’accord sur un point. Jamais elle ne voudrait le priver de sa nature. La commerçante le regarda se lever difficilement, boitant presque par la pression d’être demeuré assis trop longtemps. Violet se leva, l’imitant, des fourmis dans les jambes. Ses affirmations lui fichaient la trouille. Elle écouta chacune de ses paroles, prête à se positionner à la défensive. Plus il parlait, plus elle fondait. Ses mots étaient doux, bien qu’ils soient directs, mais ils reflétaient la personne qu’il était. Il l’aimait. C’était tout ce qui l’importait. Qu’il soit maladroit dans la façon de lui avouer n’importait peu. Le cœur de Violet s’enflamma mélangée entre l’excitation de découvrir que ce qu’elle ressentait était également partagé, mais aussi triste de devoir le quitter, à sa demande. Je veux que tu saches que chacune des secondes que je passerai sans toi sera un supplice. Qu’à cet instant, même si je me trouve planté devant toi, j’ai déjà hâte à notre prochaine rencontre. Promets-moi de ne pas t’en faire, Terrence. Et je te promets de ne pas disparaitre. Les yeux remplis de larmes, elle déposa un baiser doux et chaste sur la joue de son amant, du même avis que lui. Il était temps pour eux de prendre l’air pour mieux se retrouver. Puis elle quitta son bout de plage, le laissant retrouver le calme de sa solitude.