sweet tooth (jim)

Il n'y avait rien de mieux que l'odeur du sucre en poudre et de mélange à gâteau qui envahissait non seulement la cuisine de la petite pâtisserie de Zara, mais aussi tout son avant boutique. Depuis que la blonde s'était installée à Bowen, quatre ans auparavant, elle n'avait jamais utilisé l'enseigne « fermée » qui trônait peu fièrement sur la porte de sa boutique. Elle ne s'était jamais sentie débordée à ce point, toujours bien organisée dans ses commandes. Mais, aujourd'hui, rien n'était habituel. Le gâteau qui refroidissait sur les plaques derrière elle n'avait rien d'ordinaire. La commande d'aujourd'hui était importante, il fallait que le résultat soit aussi parfait que la personne qui lui avait donné le mandant. Avec sa visibilité médiatique, Zara ne manquait pas de travail. Mais cette cliente, celle qui l'avait appelé en panique quelques jours auparavant, ne connaissait pas la Norvégienne. Ni en tant que pâtissière, ni en tant qu'auteure de livre de cuisine, ni en tant qu’hôtesse d'une émission culinaire. Elle avait simplement googler, « pâtisserie dans les environs de Bowen » sur le web et elle était tombée sur elle. Un mariage. Un mariage qui était voué à la catastrophe avant que la belle blonde soit appelée en renfort. Sa pauvre cliente avait perdu sa pâtissière à la dernière minute, la cuisinière s'était brûlé la main en voulant sortir un gâteau du four et elle n'était plus en mesure de faire le gâteau de noce pinterest tant attendu. Zara, amadouée, avait accepté le défi : créer le gâteau de ses rêves en moins de trois jours. Et pour ça, il fallait fermer boutique. Tant pis pour les clients de Bowen, ils sauraient définitivement attendre.
Alors que la blonde préparait la ganache pour recouvrir le gâteau à la vanille et à l'érable qu'elle venait de confectionner, elle entendit retentir la clochette de la porte d'entrée, annonçant la visite de quelqu'un. Non, mais, on ne sait pas lire dans cette ville ? pensa Zara en roulant des yeux, déposant sa spatule sur son plan de travail. La blonde essuya ses mains parsemées de glaçage sur son tablier de travail et se dirigea vers l'avant-boutique un faible sourire aux lèvres. Je suis fermée aujourd'hui, désolée... annonça la Norvégienne en arrivant face au client qui venait de passer le pas de la porte et qui regardait les étalages.

Le tablier de lin plein de sucre à glacer, une tâche de crémage sur la joue, Zara s'était dirigée vers le devant de sa boutique dès que la petite cloche avait retenti. Merde, la porte, avait-elle pensée avant de regagner l'avant de son commerce, elle avait bien évidemment oubliée de fermer à clé. Néanmoins, elle était certaine d'avoir apposé, très clairement, l'écriteau « fermer pour la journée » dans la grande baie vitrée qui garnissait la devanture de son petit magasin. La belle blonde y jeta d'ailleurs un coup d'oeil, histoire de ne pas parler pour ne rien dire, avant de regarder l'homme qui venait d'entrer et de l'aviser de la situation. Enveloppe en main, le grand blond qui faisait intrusion dans la boutique s'avança vers Zara, la saluant au passage. Zara lui fit grâce d'une faible sourire qui exprimait son malaise : loin d'elle l'idée de rembarrer un client, elle n'était pas chaude à l'idée de le savoir mécontent, et pourtant le temps qu'elle perdait lui était fortement compté. Il lui restait encore des milliards de choses à finaliser avant que la mariée fasse surface pour récupérer sa commande. Zara jeta rapidement un coup d'oeil à l'enveloppe qu'il tenait en main, puis reposa ses yeux sur l'homme qui lui bégaya sa requête. Je.... Euh... commença-t-elle par prononcer, déstabilisée de la situation. Elle qui s'attendait à un client à la dent sucré, impatient de goûter des pâtisseries, tombait nez à nez avec tout à fait le contraire : un simple jeune homme recherchant un emploi alors qu'elle n'en avait pas à offrir. Elle pinça ses lèvres tristement. Je n'ai pas d'emploi à offrir, désolée... Lui annonça-t-elle une tristesse dans sa voix. Elle qui s'était fait ordonné toute sa vie comment agir, quoi dire et quoi faire s'était donnée comme objectif de tenir son rêve, sa petite pâtisserie, à sa façon, sans personne pour lui dicter comment se comporter. L'homme hocha la tête et s'apprêtait à tourner les talons alors que Zara fit un nouveau pas vers l'avant, tentant de le retenir. Mais attendez... On peut peut-être trouver un arrangement. Cette fois, ce fut un large sourire qui se posa sur la visage de la blonde. Elle ne savait pas trop ce qu'elle pourrait bien lui faire faire, à ce beau grand blond, mais la pâtissière trouverait bien quelque chose. Zara! se présenta-t-elle en lui tendant la main. Puis-je voir ce CV ?

Elle n'allait pas mentir, Zara avait été déconcerté par le blond qui avait fait apparition, sans s'avertir, dans sa boutique fermée. Sa façon de s'exprimer n'était pas commune et bien qu'elle avait attiré l'attention de la blonde, ce n'était pas ce qui la surprenait le plus. Bien au contraire, c'était plutôt la requête qu'il lui faisait. Évidemment, elle avait déjà embauché des employés, mais sous ses termes et conditions bien précis. Elle avait mis les points sur la table, avait exprimé ce à quoi elle s'attendait, et, plus importants, ils n'étaient pas permanents. Ils étaient là pour l'aider, dans les saisons fortes, les mois où les mariages se faisaient plus fréquemment, pour lui permettre de bien s'attarder sur chaque commande et éviter, ainsi, des erreurs d'inattentions. Mais, cette fois, ce n'était pas comme les autres fois, elle n'avait pas posé d'affiche à la recherche d'un assistant, elle n'avait pas écrit au journal local, ni envoyer une annonce sur les réseaux sociaux. Elle n'avait rien à offrir. Du moins, rien qu'elle n'avait encore ne réfléchit. L'homme hocha la tête, lui affirmant par ses mots qu'il comprenait et il s'apprêtait à quitter la pâtisserie. C'est alors que Zara l'arrêta. Elle allait bien trouver quelque chose à lui faire faire, il avait l'air d'en avoir besoin, d'un emploi, pas qu'il avait l'air d'un clochard, loin de là, mais il avait, dans son regard noisette, cette sincère envie de changer d'air. Et Zara en fit toucher. Elle le reconnaissait, cette envie pressante de passer à autre chose, elle l'avait elle-même connue. J'entends que, peut-être bien, je pourrais bien avoir besoin d'une paire de mains de plus pour m'aider un peu. Zara sourit à l'homme, un sourire sincère. Elle ne le prenait pas en pitié et elle voulait s'assurer qu'il le sache. Bien évidemment, je vous paierais ! Ajouta-t-elle en voyant l'hésitation dans son regard. Un salaire, un vrai.
Elle attrapa le curriculum vitae qu'il lui avait tendu et avec surprise la blonde y vit qu'il n'avait pas vraiment d'expériences en pâtisserie et en vente. Il était titulaire d'un bon emploi, un diplôme qui valait beaucoup, beaucoup plus que vendre des petits gâteaux. Zara n'aurait jamais les moyens de lui offrir le salaire qu'il faisait avant. Jim... commença-t-elle en soupirant. Il me ferait plaisir de vous offrir un job, c'est pas grand-chose, je vous avertit, vous pourriez m'aider avec la vente de pâtisseries... mais j'ai bien peur que je ne puisse vous offrir le salaire que vous attendez... Elle lui sourit tristement. J'espère que ça vous va tout de même.