feel the thunder (charlie)

Un brancard entre les mains, il avait déboulé dans les couloirs de l'hôpital, déposant son patient dans le service où il avait été transféré. Ça faisait quelques jours où il rentrait de l'hôpital, éreinté par les journées à rallonge qu'il faisait, tout ça dans le but de couvrir les frais d'avocat dont il avait eu recours à cause de ses mésaventures à Sydney. Et pour un type comme Niels, qui finissait toujours les mois à l'arrache, c'était clairement une période plus que délicate, l'obligeant à sacrifier son temps libre et notamment ses moments avec Aelya pour espérer pouvoir payer ses dettes en temps et en heure. Il peinait à voir sa petite-amie ces derniers temps, puisqu'elle aussi devait s'occuper de réunir l'argent nécessaire pour payer sa part de l'amende. Et c'était d'autant plus frustrant de savoir qu'ils ne pouvaient même pas profiter de la présence de l'autre alors qu'ils avaient enfin décidé de cohabiter sous le même toit. Avec leurs horaires décalés, ils arrivaient au mieux à s'entrevoir la nuit, lorsqu'Aelya rentrait du club, leur laissant quelques minutes avant de tomber l'un et l'autre de fatigue. Ce soir, les urgences étaient désertes, et pour Niels, le temps semblait d'autant plus long que s'il avait été occupé à courir partout. Il avait prévenu Aelya qu'il remplaçait un collègue, et donc qu'il rentrerait tard, sûrement aussi tard qu'elle. Et alors qu'il s'apprêtait à repartir, une fois son patient pris en charge, une voix attira son attention, lui faisant immédiatement tourner les talons lorsqu'il reconnut Charlie. Un sourire aux lèvres, il s'approcha du bureau derrière lequel elle semblait occupée à remplir des dossiers en même temps qu'elle répondait aux sonneries infernales du téléphone qui n'arrêtait jamais. « Et dire que je me plaignais de passer une sale soirée... » Dit-il, comme une pensée qu'il avait laissé échapper, adressant un faible sourire, presque compatissant, à la jolie brune. « Comment tu vas, docteur Meers ? Ça faisait longtemps que je t'avais pas vu dans les parages. » Ajouta-t-il, faisant le tour pour venir s'installer à côté d'elle, directement sur le bureau.

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i’m gonna love the hell out of you ○ take all the pain that you're going through. I'll bring you heaven if that's what you need ´cause you've always loved the hell out of me.

HJ:

Charlie était de garde ce soir et par chance, le rythme de l'hôpital n'était pas pire que d'habitude. Pas de grosse tempête dehors, pas de carambolage sur la route qui aurait valu un énorme arrivage de blessés, pas d'explosion quelconque sur un chantier. C'était même plutôt calme, en fin de compte. La soirée n'était pas encore très avancée, cela faisait seulement quelques heures que l'interne était là pour la garde de nuit et elle était en forme, prête à affronter cette nuit jusque demain, huit heures. Une nuit par semaine et éventuellement un dimanche, ce n'était pas la mer à boire, quand on faisait ce pour quoi on était né, ce qu'on aimait par-dessus tout. Il valait mieux être certain de sa vocation quand on travaillait dans un hôpital car le moral prenait régulièrement des coups, avec tout ce qu'on vivait ici. Charlie bossait sur le dossier d'une jeune patiente en attente d'une greffe de moelle osseuse. Elle passait sa soirée à revoir le dossier pour trouver une solution temporaire, lui faire gagner un maximum de temps. Les greffes, c'était pas comme au fast-food, et il fallait souvent longtemps avant de trouver un donneur compatible. « Leucémie, stade C. Non, elle ne réagit pas à l'Imatinib. Ça ne devrait pas la mettre en haut de la liste ? Bien, d'accord. On attend votre appel. » Charlie raccrocha le téléphone avant de pousser un long soupir dépité. Cela faisait une heure qu'elle oppressait le centre de don d'organes, tentant par tous les moyens de trouver une solution pour accélérer la procédure. Elle rajouta des notes dans le dossier, avant d'en saisir un autre sur le bureau. Autre patient à gérer, un bébé de deux mois, prématuré. Mais il s'en sortait bien, Charlie jeta un coup d’œil aux analyses et un petit sourire en coin satisfait étira ses lèvres. Elle avait encore un millier de choses à faire cette nuit, mais elle se sentait d'attaque comme jamais pour cette garde. Jusqu'à ce qu'une voix se glisse doucement vers elle, la tirant de sa concentration.

Charlie eut l'impression de sentir son sang s'arrêter net de circuler dans ses veines. Elle leva ses yeux clairs après un léger sursaut, pour rencontrer ceux de Niels. La situation qu'elle tentait d'éviter depuis un moment car prévue douloureuse et gênante, allait se concrétiser, maintenant. Ça aurait pu être à la fin d'une journée normale, mais non, c'était maintenant, au début de sa garde. « Oh, salut Niels. » répondit machinalement la brunette avant de rapidement détourner le regard, faisant mine de se plonger dans la paperasse. Pas de répit émotionnel pour Charlie Meers, voilà qu'il s'installait carrément sur le bureau. Le temps d'une seconde, la jeune femme pensa à prétexter une urgence, avant de se raviser. C'était ridicule. Elle était extrêmement mal à l'aise et Niels devait sûrement être au courant, parce qu'Aelya lui avait sûrement balancé tous les détails de leur dispute. Malgré qu'elle ait affirmé qu'elle ne comptait pas agir ainsi à son ancienne amie, Charlie avait fini par mettre en œuvre le plan "éviter Niels". Elle savait qu'il était inévitable de le croiser tôt ou tard, mais même si c'était contre ses principes et sa fierté à la base, elle avait préféré éviter cette situation qui s'annonçait gênante, préférant rester concentrée au boulot et non toute retournée à cause d'une dispute et d'un maelström d'émotions indésirables. Elle avait volontairement échangé des jours de travail normaux contre des gardes quand c'était possible, avait réussi de justesse à éviter de croiser Niels dans les urgences ou dans les couloirs. D'un côté, ça lui avait fait mal au cœur et l'avait frustrée. Mal au coeur parce que malgré la délicatesse de la situation, Niels restait un ami, et frustrée parce qu'elle faisait exactement ce qu'Aelya attendait d'elle, alors qu'elle avait quand même perdu leur amitié de toute façon. Ce genre de situation lose-lose. « Je suis surprise que tu aies toujours l'autorisation de me parler. » rétorqua-t-elle au jeune homme, mauvaise. Elle se mordit la langue juste après, consciente que cette attaque était gratuite et que sa colère était dirigée contre Aelya, non contre lui. Mais la tristesse et l'embarras amplifiaient ses réactions maladroites et elle gardait les yeux rivés sur ses dossiers, évitant soigneusement de croiser ceux du brancardier. Elle n'avait aucune idée de ce qu'Aelya lui avait raconté, mais elle ne pouvait que trop bien deviner et elle était terriblement gênée, même si elle le masquait plutôt bien derrière un visage détaché. Dans son esprit, la tempête se déchaînait déjà, elle avait trop d'émotions qui revenaient trop vite en elle à contenir et qui se mélangeaient et elle ne savait pas quoi dire, ni penser, ni où se mettre, et bordel cette situation était horrible.

Codage par Libella sur Graphiorum

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little hurricane

- she's like sunshine that's unconcerned that today is supposed to be rain. she'll break on through and shine down anyway. ☽ æternam.

Aelya le tuerait sûrement si elle savait qu'il l'avait approché alors qu'elle lui avait demandé de ne pas le faire sans elle. Sauf que l'occasion était trop belle, et qu'il avait vraiment envie de lui parler, une bonne fois pour toute, désireux de briser la glace qui semblait s'être érigée entre eux, leur bloquant toute communication. Il n'avait jamais voulu en arriver là, conscient qu'à cause de lui et à cause de non-dits destructeurs, une amitié s'était brisée. Alors, il avait arrêté de réfléchir, conscient que s'il commençait à penser à Aelya et à ses mots, il serait incapable d'avancer vers elle alors qu'il en avait terriblement envie. L'impulsivité gagnait toujours avec Niels, c'était connu. Sans une once d'hésitation, il avait fini par s'immiscer dans sa bulle, observant un instant ses traits concentrés et rivés sur la montagne de dossiers qui se dressaient devant elle. Il avait souhaité attirer son attention, la faire détourner un instant les yeux afin qu'elle le remarque. C'était ce qu'il avait réussi à faire, peut-être une fraction de seconde, avant que ses yeux ne viennent à fuir à nouveau, lui faisant comprendre que la situation la gênait probablement. Ce qu'il pouvait évidemment comprendre. Niels était conscient que la situation était loin d'être agréable, puisqu'elle savait qu'il savait et qu'en retour, il savait qu'elle savait. C'était un bordel monstre, le genre de plan foireux qu'il fallait à tout prix éviter. Et eux, ils y étaient bien embourbés. Installé sur le bureau, il fit mine de s'intéresser un instant au dossier qu'elle avait sous les yeux, cherchant à tout prix un moyen de détendre l'atmosphère qu'il sentait plus que tendue, et à raison. Puis, elle prit la parole et immédiatement, il put sentir les épines lui transpercer la peau, tout droits venues de ses mots empreints d'une rancœur évidente. Il haussa les sourcils, un brin abasourdi, gardant cet air détaché qu'il maîtrisait parfaitement. « Je vois. » Dit-il, de manière presque inaudible, se rendant compte que le moment était venu de plonger dans le vif du sujet. « Je l'ai pas, si tu veux tout savoir. » Ajouta-t-il, après avoir laissé quelques secondes de silence s'écouler, lui faisant comprendre qu'Aelya l'avait mis au courant de leur échange houleux. « Hey j'suis désolé... » Souffla-t-il, se penchant légèrement vers elle pour instaurer une proximité, désirant que personne d'autre n'entende ce qu'il avait à lui dire. « Si tu savais à quel point je me sens con. » Con de rien avoir vu, de ne rien avoir senti de ce malaise pourtant évident. Il était embarrassé, et pour lui, c'était quelque chose de rare. Parce-qu'habituellement, il se foutait pas mal d'en faire qu'à sa tête, ne se préoccupant que très peu du bordel qu'il pouvait semer. Sauf que Charlie n'était pas n'importe qui, et au-delà d'être une fille avec qui il avait partagé ses draps, elle était avant tout une amie. C'était sans doute ce qui rendait les choses moins drôles. « Pourquoi tu m'en as pas parlé ? » Il n'avait pas l'habitude de gérer ce genre de situation, surtout maintenant qu'il était en couple et qu'il était fou amoureux, il ne pouvait plus se permettre de jouer les insensibles parce-qu'il n'aurait simplement aucune crédibilité. Quelque part, peut-être qu'il aurait aimé que tout ça ne reste qu'entre eux, que ça ne s'ébruite pas, encore moins jusqu'aux oreilles d'Aelya qui avait évidemment vu rouge dés qu'elle avait su pour eux.

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Charlie regrettait déjà de l'avoir attaqué ainsi sans raison. Enfin, pas qu'il n'y ait pas de raison, mais dans la tornade d'émotions qui la matraquaient au quotidien depuis cette histoire, la raison parvenait tout de même à se frayer un chemin pour lui souffler à l'oreille que Niels n'y était pour rien. Pas plus qu'Aelya ou elle-même, mais ça, c'était un autre débat, dans lequel elle ne comptait pas se plonger de si tôt. Un instant, elle eut un pincement au cœur en se mettant à la place de son collègue et ami, s'imaginant en train de recevoir ces trois tonnes de galère tombées du ciel sur la gueule en l'espace de quelques minutes, quand Aelya avait dû lui expliquer. S'il y avait bien une personne qui était dans une position délicate, c'était lui, et Charlie était suffisamment capable d'éprouver de la compassion que pour lui en vouloir de quoi que ce soit. « Excuse-moi, c'est sorti tout seul. C'est pas contre toi. » reprit la jeune femme en levant enfin son regard couleur iceberg vers son interlocuteur, croisant ses traits un rien plus tendus. Elle voyait bien qu'il faisait son possible pour masquer ses réactions et instaurer une conversation pacifique. La brunette se surprit à afficher un petit sourire narquois quand il souligna qu'il n'avait en effet pas la permission d'Aelya pour lui parler. Sans blague. Cette précision eut pour effet de raviver un instant une flamme de colère dans le regard de la jeune femme, mais elle se concentra pour mettre ça de côté pour le moment. Niels n'était pas un pigeon-voyageur-punching-ball entre son ancienne amie et elle.

« Le sois pas, c'est pas de ta faute. » fit la jolie brune avec un petit sourire sans joie. Niels s'était un peu rapproché et automatiquement, Charlie se raidit, l'embarras que créait cette proximité qu'elle avait toujours ressentie au fond d'elle étant maintenant amplifiée par la situation merdique dans laquelle elle se trouvait. Son visage ne trahissait pourtant qu'imperceptiblement sa réaction, mais c'était inutile de s'en cacher maintenant, au final. Les mots que son ami prononça ensuite lui fendirent le cœur. Pas dans le sens où ça lui faisait de la peine, parce qu'elle savait depuis longtemps que ce qu'elle pensait plus ou moins ressentir - note, ça n'avait jamais été très clair, tout ça - n'était pas réciproque. Plutôt d'une manière positive, un mélange de mélancolie et de profonde gratitude en même temps. Peut-être que c'était à ça que ressemblait le deuil, petit à petit. Elle pouvait sentir la tristesse quelque part dans son âme, mais pas pour elle-même. Pour la situation en général. Pour lui, pour elle, pour Aelya. Et en même temps, il ne pouvait pas savoir comme ces paroles faisaient du bien à Charlie. Le fait qu'il ne s'en foute pas. Qu'il ne se moque pas d'elle, non plus. Malgré l'ambiguïté qu'elle avait toujours ressentie quant à ce qu'elle pensait de lui, le noyau de leur relation comptait pour elle. Leur amitié. Et elle était contente que celle-ci soit toujours présente, quelque part, même avec ces circonstances ultra fucked up. Elle esquissa un mince sourire, croisant le regard du jeune homme, et ses iris exprimaient toute la chaleur qui venait de l'envelopper doucement grâce à la réaction de son ami.

Tout à coup, Charlie se sentit plus détendue. Le malaise s'envolait peu à peu, comme s'évacuant à travers les pores de sa peau, ou plutôt de son esprit, même si celui-ci n'était sûrement pas doté de pores. Lorsqu'il lui demanda enfin pourquoi elle n'avait rien dit, question évidente et donc attendue, elle fronça légèrement les sourcils, comme en proie à une introspection poussée. Elle qui pensait qu'elle allait se liquéfier sur place le jour où elle aurait cette conversation avec Niels - jour qui à la base n'était jamais censé arriver -, elle affrontait cela avec bien plus de sérénité que prévu. Comme si le fait d'enfin mettre les choses à plat et d'avoir l'opportunité de s'exprimer, maintenant qu'il savait, la libérait d'un poids et dissipait son malaise en même temps. « Déjà, te sens pas con. C'est normal que t'aies rien cramé, c'était le but. » commença Charlie, plantant son regard dans celui du brun, se surprenant à utiliser un ton légèrement humoristique. Même elle, elle avait du mal à suivre ses propres comportements, des fois. God, Charlie, t'es vraiment tarée. « Je sais que ça a foutu le bordel que j'en parle pas. Mais c'était pas vraiment prévu que ça parte autant en couilles. Enfin bon, c'est pas le sujet. » reprit-elle, avant de s'interrompre de nouveau, histoire de structurer ce qu'elle allait dire. Elle voulait que Niels comprenne bien chaque mot de son explication, qu'il n'y ait aucune place pour une mauvaise interprétation, maintenant qu'elle allait être totalement honnête. Elle réfléchit quelques secondes avant de reprendre avec plus de sérieux dans la voix. « Au début, j'ai rien dit parce que c'est pas un sentiment clair et défini qui nous tombe sur la tronche le matin, pour ma part en tout cas. On s'entendait bien et je réalisais pas que j'attachais une quelconque importance à ce qu'il s'était passé entre nous. J'veux dire, des aventures j'en ai quand même eu quelques-unes et pour moi aussi, ça signifie pas grand-chose en général. Mais petit à petit, j'ai commencé à ressentir des trucs pas clairs, et sache que j'ai toujours pas défini ce que c'était. Donc forcément, j'étais mal à l'aise, mais on était potes, ça fonctionnait très bien comme ça et je savais parfaitement que pour toi y avait aucune question à se poser. Et puis, franchement, je suis pas du genre à me prendre la tête avec des histoires d'ambiguïté et de sentiments. Ça va et ça vient, personne n'en meurt, alors je le vivais plutôt bien, c'était pas très compliqué de faire comme si de rien n'était. Surtout ici, l'important c'était que je sois focalisée sur le boulot, et c'est ce que j'ai fait. J'avais pas envie de perdre du temps à analyser ce que je ressentais, je voulais sans doute pas savoir non plus, j'ai préféré laissé ça en suspens. C'était un peu gênant au quotidien, tu vois, mais au final, c'était pas d'une importance vitale. Je sais compartimenter les choses. » Charlie termina sa tirade, espérant que ce camion d'infos qui pouvait carrément afficher la pancarte "convoi exceptionnel" était plus ou moins compréhensible. Elle fronça à nouveau les sourcils, puis passa un bic dans ses boucles brunes, réfléchissant encore à comment exprimer tout ce qu'elle avait envie et besoin de lui dire. « Je pense que j'avais peur. Peur du rejet, parce que j'ai pas autant confiance en moi que j'en ai l'air, et peur de perdre notre amitié. Peu importe ce que je ressentais, ça ne valait pas la peine que je prenne le risque de gâcher quelque chose de chouette. J'avais pas besoin de plus. Envie, peut-être, mais pas besoin. » Elle finit par conclure sur ces mots, affichant de nouveau un pâle sourire, son regard pétillant plongé dans celui de Niels. Elle ne savait pas d'où était venu cet éclatement de franchise, elle avait dû puiser loin au fond d'elle-même et prendre son courage à deux mains pour déshabiller son âme ainsi. Mais ça résumait assez bien ce qu'elle pensait de leur amitié. Malgré tout, c'était ce qui comptait le plus pour elle, qu'ils soient proches, qu'elle puisse compter sur lui et qu'il puisse compter sur elle.

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Il mentirait s'il affirmait qu'il ne s'était pas attendu à ce genre de réaction de la part de Charlie. Évidemment que c'était prévisible, et Niels le comprenait parfaitement. Ce qu'il se passait n'était pas rien, il parvenait aisément à l'admettre et c'était pour cela qu'il souhaitait lui montrer qu'il se sentait aussi concerné qu'elle par cette histoire. Parce-que leur amitié en dépendait, et qu'il avait du mal à concevoir de faire une croix sur elle, comme ça, du jour au lendemain, pour une histoire qui paraissait encore bien trop floue à ses yeux. Il hocha la tête silencieusement à ses excuses, percevant immédiatement les regrets dans sa voix alors que son regard avait accroché le sien, lui faisant comprendre qu'il ne lui en voulait pas d'avoir démarré au quart de tour. Qui ne l'aurait pas fait ? C'était même plutôt naturel quelque part, même si Niels préférait de loin que cette conversation puisse continuer dans le calme, sans qu'ils n'aient à se balancer des paroles qu'ils regretteraient plus tard. C'était aussi compliqué pour lui, parce-qu'il devait mettre des mots sur ce qu'il ressentait, lui qui avait l'impression d'être la raison du déchirement entre Aelya et Charlie, ce qui ajoutait un poids considérable sur ses épaules. Pour autant, les mots de la brune vinrent le rassurer, cherchant à les intégrer dans son esprit pour ne plus avoir à ressentir cette culpabilité qui le rongeait de jour en jour. « On aurait pu éviter ça. » Ajouta-t-il, d'une voix plus faible, tentant de lui faire comprendre qu'il n'avait jamais voulu que les choses dérapent à ce point, même s'il n'avait jamais eu le contrôle de la situation. Il fut rassuré de voir ses traits se détendre soudainement, alors qu'elle acceptait enfin de le regarder, lui qui avait craint que la gêne ne vienne définitivement parasiter leur relation. Attentif, il la laissa s'exprimer, intégrant chacun de ses mots, chacune de ses expressions pour faire en sorte de ne louper aucune information, bien conscient qu'il était grand temps qu'il sache enfin toute la vérité. Son cœur sembla louper des battements à certains de ses mots, comprenant alors qu'il avait complètement été aveuglé par son propre détachement, pensant qu'elle était comme lui à ce niveau-là. Sauf qu'il s'était trompé, sur toute la ligne et depuis le début. Charlie n'était pas comme lui. Et à présent, il maudissait presque cette nonchalance qui le poussait à agir comme une sex-machine qui n'accordait aucune place aux sentiments des autres. Tentant de rester calme, il lui fit un signe de tête, l'incitant à continuer, souhaitant encaisser tout ce qu'elle avait à lui dire d'une seule traite. Et plus elle avançait, plus cette pointe qui appuyait sur son palpitant se voulait plus insistante, sans doute plus douloureuse aussi alors qu'il parvenait enfin à saisir tout ce qu'il n'avait pas vu depuis leur nuit d'égarement. Il baissa les yeux, épris de cette tonne de culpabilité qui lui tombait sur la tête, ne lui laissant pas d'autre choix que de crouler sous son poids. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux, cherchant quelque chose à lui répondre en retour même s'il était évident qu'elle venait de le clouer sur place, le laissant seul face à ses pensées qui fusaient dans tous les sens. « Merci. » C'était sûrement con de lâcher ça comme ça, à un moment pareil, mais Niels avait besoin qu'elle sache qu'il était reconnaissant de sa sincérité et surtout, de la manière avec laquelle elle semblait vouloir protéger leur amitié. « Rassure-moi, c'est toi qui es balèze pour garder tout ça pour toi ou c'est moi qui ai un sérieux problème ? » Il essayait de détendre l'ambiance comme il le pouvait, esquissant un faible sourire. « J'suis désolé Charlie. Je sais que tu m'as dit que c'était pas de ma faute mais ça reste quand même à cause de moi si on en est là. Je suis vraiment désolé que ça soit tombé sur un type comme moi. J'veux dire, si j'avais pas cherché plus, on aurait pas... fait ce qu'on a fait et y'aurait pas eu d'emmerdes. » Ajouta-t-il, un peu maladroitement, ayant en tête la façon dont il avait cherché à la séduire la nuit où ils s'étaient laissés aller à des rapports un peu moins professionnels. C'était plus embêtant maintenant qu'il était en couple avec Aelya, d'autant plus que les deux jeunes femmes étaient amies depuis un bon moment. « J'avais pas prévu tout ça tu sais, que ça soit de me mettre en couple ou tous ces trucs-là. Et je pense que tu te serais vite rendue compte que j'suis pas tout à fait le type avec qui on a envie de se caser. » Avoua-t-il, pointant du doigt sa fâcheuse tendance à fuir tout ce qui le faisait sortir de sa zone de confort. Il était convaincu qu'Aelya était l'une de ces personnes qui avait su détourner le système, parvenant à lire en lui comme personne ne l'avait jamais fait auparavant. « C'est égoïste mais... j'ai pas envie qu'on arrête de se voir pour ça. » Lâcha-t-il finalement, ses yeux ne lâchant pas les siens, conscient qu'il prenait le risque de s'attirer les foudres de sa petite-amie qui lui avait fait comprendre qu'elle ne souhaitait pas que leur relation perdure.

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Son amertume endormie était totalement retombée en voyant l'expression de Niels, ça lui faisait mal au cœur de le voir se fustiger ainsi pour une chose à laquelle il ne pouvait rien. Il se sentait clairement coupable pour la manière dont les choses avaient dérapé, alors que ce n'était au final la faute de personne. Il répondit que toute cette situation aurait pu être évitée, mais Charlie haussa les épaules. Les sentiments ne se contrôlaient pas, pour personne. Ça allait et ça venait, tout simplement. La jeune femme sourit lorsqu'il lui souffla un simple "merci". Elle était soulagée qu'il réagisse ainsi. D'un côté, ça avait dissipé sa gêne, d'un autre, ça la rassurait quant à la réaction du jeune homme par rapport à Aelya. Il aurait pu prendre le côté de sa copine et ne plus lui parler, lui en vouloir ou avoir une réaction de ce genre. Elle était heureuse que pour lui aussi, leur amitié signifie quelque chose.

La brunette émit un petit rire lorsqu'il lui demanda si c'était lui qui était vraiment nul pour percevoir les sentiments des gens. « Je suis peut-être émotive mais je sais quand même garder des secrets. » sourit-elle pour toute réponse. Il était vrai qu'en général, Charlie avait du mal à dissimuler ce qu'elle pensait réellement et elle tentait rarement de masquer ses sentiments, ou bien elle n'était vraiment pas douée. Mais ça ne voulait pas dire qu'elle en était incapable. Aussi dur que cela soit, elle parvenait parfois à donner le change, même si ce n'était pas une situation des plus confortables pour elle, elle qui préférait l'honnêteté et qui était dotée d'un visage facilement déchiffrable. Niels souleva à nouveau le fait qu'il se sentait coupable par rapport à ce qu'il s'était passé entre eux, et la suite des événements. « On était deux, t'as pas à te blâmer pour ça. » répondit Charlie avec un sourire compréhensif. Oui, c'était lui qui avait initié leur nuit ensemble, il y avait bien des mois de cela, mais elle n'avait pas dit non. Et il n'était en rien responsable pour ce que ça avait provoqué dans le cerveau de Charlie par la suite, elle non plus ne s'attendait pas à ce qu'elle ressente un peu plus que de l'amitié à son égard. Elle hocha la tête à ses explications, haussant les épaules à sa dernière phrase. « On n'en sait rien et on ne le saura jamais. » conclut-elle. Waw, Charlie, t'as l'air d'une vieille sage à parler comme ça, c'est pas courant. Peut-être qu'il avait raison, peut-être qu'elle se serait rendue compte qu'il n'était pas quelqu'un pour elle. Sûrement ne l'aurait-elle pas idéalisé si elle avait partagé tout de suite ses pensées avec lui et s'ils avaient tenté quelque chose. Ou peut-être que non, mais ça ne servait à rien d'en débattre, ça ne s'était pas produit et ne se produirait jamais. Elle sentait déjà un léger détachement la parcourir par rapport à lui, maintenant qu'ils avaient mis les choses à plat. Peut-être était-ce aussi simple que ça. Bien sûr, ses sentiments ambigus pour son ami ne disparaîtraient pas comme ça, du jour au lendemain, comme elle l'avait d'ailleurs expliqué à Aelya. Mais avec le temps, elle savait qu'ils finiraient par se dissiper. Elle était loin d'un coup de foudre viscéral, ça n'avait rien à voir avec ce qu'elle pensait plus ou moins ressentir. Elle releva son regard azur vers Niels et esquissa un sourire apaisé quand il lui dit qu'il ne souhaitait pas qu'ils arrêtent de se voir. Sourire qui se fana quelque peu quand elle repensa à sa dispute avec Aelya. « Moi non plus. Mais ce n'est pas aussi simple, n'est-ce pas ? » souleva-t-elle avec un petit sourire en coin sans joie. Elle baissa les yeux, son cœur se serrant à nouveau en repensant à son ancienne amie. Elle ne voulait pas l'admettre et à peine y penser, mais la perte de son amie la touchait énormément. Elle avait parfois hésité, le soir dans son lit, à lui envoyer un message, tenter de recoller les morceaux. Et à cet instant, c'était la colère ou la peur qui reprenaient le dessus. La colère en repensant à les mots qu'elle lui avait envoyé, à quel point Aelya l'avait blessée en l'abandonnant ainsi, en lui reprochant quelque chose sur lequel elle n'avait aucun contrôle. Et la peur de se faire rejeter, de se prendre une réponse froide et indifférente, ou pire, pas de réponse du tout. « Elle m'en veut encore beaucoup ? » demanda-t-elle timidement en relevant la tête vers Niels, ses iris bleus emprunts de tristesse. Elle voulait savoir, au fond d'elle, s'il y avait encore un espoir de réparer les dégâts et de retrouver une situation stable où tout le monde serait satisfait.

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Il lui faudrait du temps, à Niels, avant de comprendre que cette histoire ne pourrait avoir de fin que si Charlie et Aelya acceptaient de nouveau d'établir le contact. Connaissant sa petite-amie, le brun savait que ce n'était pas chose gagnée. Parce-qu'elle était comme lui à ce niveau-là, intransigeante, surtout lorsqu'il s'agissait d'eux. Sauf que cette fois-ci, c'était lui qui avait eu envie de faire avancer les choses, un peu maladroitement, souhaitant briser cette glace qui s'était créée entre son amie et lui sans qu'il ne puisse le remarquer ni même l'arrêter. Il risquait gros à le faire, il le savait pertinemment. Et pourtant, il était incapable de faire marche-arrière maintenant que la machine était lancée, ne pouvant plus contrôler son envie de comprendre pourquoi Charlie était restée silencieuse pendant tout ce temps. Il sourit à sa remarque qui le rassurait un peu sur sa capacité à discerner les émotions, comprenant qu'il avait sans doute eu affaire à plus fort que lui sur ce terrain-là. « Je te félicite, j'y ai vu que du feu. » Répondit-il, continuant à détendre l'ambiance même si le sujet était un brin casse-gueule. Il hocha la tête à ce qu'elle ajouta, laissant une partie de sa culpabilité s'envoler en admettant qu'en effet, ils avaient choisi de partager cette nuit ensemble et qu'il n'avait donc pas à prendre toute la responsabilité pour lui. A son tour, il avait essayé de mettre un mot sur ce qu'il pensait de la situation qui pouvait être embarrassante d'un certain point de vue, tentant d'apaiser sa conscience qu'il savait lourde depuis l'échange qu'elle avait eu avec Aelya. Une fois encore, elle n'avait pas tort, et probablement qu'il lui avait dit ça pour balayer de possibles regrets de son esprit. Mais elle avait raison, il n'était pas en mesure de prédire ce qu'il aurait pu se passer entre eux s'il en avait été autrement. Peut-être que c'était mieux ainsi finalement, parce-qu'il était aujourd'hui question d'une amitié à laquelle Niels tenait et qu'il ne voulait pas voir périr à cause de malentendus. Il tentait de se mettre à sa place, imaginant le tumulte qui devait la ravager alors qu'elle n'avait pas demandé à s'attacher à un type qui en aimait une autre. Presque égoïstement, il lui avait fait part de son refus de tout arrêter, cherchant à rattraper ce qui pouvait l'être. Il haussa les sourcils à sa question qui se passait évidemment de réponse, prenant une inspiration qui se mourut en soupir. « Nan, ça ne l'est pas. » Dit-il, embarrassé et tiraillé par ces choix qui s'offraient à eux. « Je sais que ça va être compliqué de continuer comme ça. Mais je suis pas prêt à te rayer de ma vie. » Avoua-t-il, conscient de la portée de ses mots tandis qu'une de ses pensées s'envola vers Aelya. Son cœur loupa un battement à la question qu'elle lui posa et qui le mettait dans un embarras qu'il peinait à dissimuler. Il haussa les épaules, son regard rejoignant le sien avec cet air impuissant. « Il lui faut du temps. Tu la connais. C'est pas évident pour elle non plus. » Ajouta-t-il, plissant les lèvres avant de prendre place sur la chaise roulante à côté d'elle, souhaitant se mettre à sa hauteur maintenant que la tension était redescendue. « T'es importante pour elle. Je suis sûr qu'elle reviendra. J'peux pas faire l'entremetteur pour l'instant, parce-qu'elle me tuerait si elle savait que j'étais venu te parler mais ça viendra. » Finit-il par dire, lui offrant un faible sourire qui cherchait à la rassurer quant à l'avenir de leur relation. « Comment vous en êtes venues à... parler de ça ? »

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Un petit sourire amusé éclaira le visage de la jeune femme quand il la félicita pour son jeu d'acteur. C'était rare qu'elle parvienne à contenir ses émotions comme elle avait pu le faire, encore plus d'arriver à les cacher aux yeux de tous. Mais avec suffisamment de volonté, on peut parvenir à faire beaucoup de choses. Son amitié avec Niels, indépendante de l'ambiguïté unilatérale qui régnait dans cette relation, avait primé dans l'esprit de Charlie, et le fait qu'il soit un collègue avait joué un rôle également, l'ambiance professionnelle lui permettant de mettre de côté ses sentiments et de se concentrer sur ce qui était vraiment important. La jolie brune pouvait être beaucoup de choses, que ce soit fêtarde illimitée ou gamine surexcitée, furie trop bavarde ou bombe atomique explosant sous la colère, tête de mule sûre d'elle et bornée ou petite fille fragilisée par l'abandon de ses parents. Mais au travail, seule la concentration, la discipline, la méticulosité et le besoin irrépressible de toujours faire mieux comptait. C'était la seule chose parfaitement stable qu'elle avait dans sa vie, si on enlevait sa fratrie.

Niels confirma qu'en effet, la situation était loin d'être simple et très loin d'être réglée. Mais il lui avait donné de l'espoir. Elle n'aurait pas imaginé qu'il pouvait tenir à leur amitié au point de transgresser l'interdiction d'Aelya, ni même qu'il pouvait se soucier autant de la tempête qui avait déchiré les deux jeunes femmes. Ça lui réchauffait le cœur et elle se prit à ressentir une certaine admiration pour la façon dont il était capable de prendre du recul par rapport à tout ça, lui qui se retrouvait au milieu d'un ouragan qu'il n'avait jamais souhaité démarrer ni alimenter. Finalement, c'était lui qui agissait de la façon la plus adulte, dans ce trio. Il aurait pu être mal à l'aise, ou blasé, ou se ranger tout simplement du côté de sa copine. Ignorer toute cette histoire et jouer au type qui ne se mouillait pas trop, mais il en avait décidé autrement. Charlie baissa un instant les yeux et pria pour ne pas rougir quand il lui affirma à nouveau qu'il ne voulait pas qu'elle disparaisse de sa vie. Son pouls s'était presque imperceptiblement accéléré et elle se concentrait pour l'ignorer. Elle savait que les sentiments qu'elle avait eu envers Niels étaient toujours là et qu'ils ne se volatiliseraient pas ainsi. Mais elle lui était infiniment reconnaissante pour la manière dont il la traitait. Pas comme une victime ridicule qui se languissait d'amour pour quelqu'un d'inaccessible. Mais comme une amie et une égale, qu'il respectait et ne voulait pas perdre, sans aucun jugement envers ce qu'elle pouvait ressentir. « Tu sais, ce ne sera pas toujours comme ça. Ce n'est peut-être pas encore le cas et c'est toujours un peu malaisant, mais un jour, je n'éprouverai que de l'amitié, ni plus ni moins. Je sais que ça passera, comme toute chose dans la vie. Je voudrais juste qu'Aelya le comprenne et qu'elle arrête de me voir comme une menace, alors que je n'en suis clairement pas une. On le sait tous, sauf elle. » reprit l'étudiante en plongeant un regard touché de mélancolie dans celui de Niels. S'ouvrir ainsi lui coûtait plus que prévu et elle sentait son muscle cardiaque s'agiter dans sa poitrine, mais elle savait aussi que ses mots étaient justes et qu'un jour, toute cette histoire serait derrière eux. La seule chose qu'elle espérait, c'était qu'Aelya le comprenne aussi, avant qu'il ne soit trop tard.

Charlie se sentit légèrement rassurée quand son ami lui affirma qu'elle était importante pour Aelya, et qu'elle finirait bien par revenir. Mais elle préférait ne pas trop s'emballer sur ce point. C'étaient des paroles apaisantes, mais c'était tout ce que c'était, pour le moment. Elle n'y croirait que lorsqu'elle enterrerait enfin cette histoire avec son ancienne amie et que tout reviendrait à la normale, ce qui était loin d'être gagné. « Si elle l'apprend, elle m'en voudra encore plus... » souffla la jeune femme à Niels, qui avait pris place sur la chaise voisine. Charlie se tritura nerveusement les doigts, grattant le vernis écaillé qui y survivait. Elle n'osait pas imaginer la réaction de la brune si elle apprenait que Niels était venu lui parler. Encore une raison de plus de ne pas pardonner Charlie. La brunette se mordit la lèvre, choisissant ensuite de jouer avec un bic qui traînait sur le bureau, gardant le silence. Elle avait réellement peur que les choses soient irréparables. Aelya était une ancre dans son existence, même si elle ne l'avait jamais dit à voix haute, et l'angoisse que ce ne soit pas réciproque la rongeait. C'était le genre de moments où la jeune femme sentait son manque d'assurance lui enserrer cruellement la gorge. Cette sensation un peu paranoïaque de ne pas compter autant pour les gens que ce qu'ils comptaient pour elle. Ce manque d'affection qu'elle n'avait pourtant presque jamais l'impression de ressentir, mais qui pointait parfois le bout de son nez. Charlie s'entendait bien avec tout le monde, elle était sociable, pleine de joie de vivre, attachante, mais rares étaient les personnes sans qui son monde s'écroulait. Elle avait l'impression d'en manquer, en cet instant. Au final, à part Collin et Aelya, peu de gens en faisaient partie. Niels le serait peut-être un jour, au vu de ce qu'il lui avait dit aujourd'hui. Mais Aelya avait totalement déséquilibré sa vie en l'abandonnant. Si Charlie était en colère après elle, c'était d'une part parce qu'elle voulait crier à l'injustice, au vu des reproches qu'elle avait pris dans la figure, mais d'autre part, une part énorme, parce que son amie l'avait blessée au plus profond. Elle ne le laissait pas tellement transparaître, sans doute par fierté et par ce besoin de se prouver qu'elle savait parfaitement s'équilibrer toute seule et que personne ne pouvait effriter son âme. Mais la colère vient toujours de quelque part et souvent, c'est la douleur.

Le brancardier la tira de ses pensées en lui demandant, finalement, comment toute cette histoire de merde avait démarrée. Charlie fit la moue, avant de hausser les épaules, tic qu'elle avait souvent. « Faut croire qu'on est pas aussi bonne comédienne quand c'est votre meilleure amie qui vous annonce qu'elle sort avec votre crush. Puis, Aelya est du genre perspicace, et elle me connaît depuis un bail. Je suis déjà pas douée pour cacher ce que je ressens, mais face à elle je suis un livre ouvert, c'est terrible. » expliqua-t-elle en prenant un air détaché. Elle avait répondu avec une touche d'humour dans la voix, pour dépeindre une situation qui était tout sauf amusante. Sans doute une manière de dédramatiser les choses, même si pour l'instant, dans la tête de Charlie, c'était réellement dramatique.

Codage par Libella sur Graphiorum

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Sujet: Re: feel the thunder (charlie) Ven 4 Jan 2019 - 3:46

Les explications de Charlie parvenaient à lui faire comprendre sa prise de position, comme si tout s'éclaircissait maintenant qu'il était au courant de sa version. Parce-qu'il comprenait parfaitement qu'elle ait voulu préserver leur amitié, comme lui le faisait actuellement en enfreignant sa parole. Ils ne se connaissaient pas depuis une éternité et ce n'était probablement pas l'amitié la plus frappante de toute l'histoire, mais Niels s'était pris d'affection pour elle, sans pouvoir trop l'expliquer, appréciant sa simplicité et son dévouement. Et puis, même s'il n'était pas censé y penser, ils avaient passé une nuit à se connaître un peu plus en profondeur, bien qu'il n'aurait jamais pensé que ces choses-là prendraient une quelconque importance quelques temps après. Parce-qu'il n'avait jamais prétendu pouvoir la toucher à ce niveau-là, pensant qu'ils s'étaient juste laissés aller à un moment chouette entre collègues qui en avaient besoin. C'était peut-être l'occasion de comprendre que tout le monde n'était pas comme lui, à entrevoir la facilité partout dans le simple but de se rendre les choses moins compliquées. Il avait eu cette façon de penser avant qu'Aelya n'intervienne dans sa vie, déjouant ses plans jusqu'à le faire admettre qu'il avait envie d'une relation exclusive avec elle, supportant assez mal le fait qu'elle puisse se donner à d'autres hommes. Lui qui n'avait jamais cru au fait qu'il pourrait lier une relation plus profonde avec une femme, se retrouvait étrangement à aimer ce qu'il avait aujourd'hui avec Aelya, apprenant doucement à découvrir les recoins de son âme. Niels s'était concentré sur Charlie, tentant de lui faire comprendre qu'il n'était définitivement pas prêt à la laisser disparaître de son quotidien. Il hocha la tête, reconnaissant Aelya dans les paroles qu'elle avait prononcé, ne pouvant pas blâmer sa petite-amie pour les craintes qu'elle pouvait avoir. « T'en fais pas pour ça, t'as pas à me prouver quoique ce soit à moi. J'suis pas le mieux placé pour te reprocher ce que tu ressens ou pas. » Admit-il, sur un ton presque coupable. « Aelya finira par le comprendre au bout d'un moment. » La rassura-t-il, mesurant ses mots pour ne pas lui donner trop d'espoir, sachant qu'il était incapable de lui promettre que les choses s'arrangeraient dans un avenir proche. Il perçut la nervosité dans la voix de sa collègue lorsqu'elle évoqua les représailles qu'il pourrait y avoir si sa petite-amie venait à apprendre l'existence de cette conversation. Il en était bien conscient, lui aussi, préférant par ailleurs éviter de penser au fait que ça pourrait arriver jusqu'à ses oreilles. « Y'a pas de raison qu'elle le sache. » Dit-il, d'un ton plus bas, comme une confidence. « J'veux dire, ça arrangerait personne qu'elle soit au courant de notre conversation. Et pour être honnête, j'pense pas que ça soit la meilleure idée, là tout de suite, de lui parler de ça. Parce-qu'elle m'en voudrait à mort et j'ai pas vraiment envie de m'embrouiller avec elle. » Avoua-t-il, gardant ses yeux rivés sur ceux de son interlocutrice. Il tenait beaucoup trop à Aelya pour supporter une énième déchirure, sachant pertinemment qu'ils ne pourraient pas y échapper si l'information venait à fuiter. Il fit mine de regarder aux alentours, avec un air presque suspicieux, bien qu'il savait pertinemment qu'ils n'avaient pas grand chose à craindre sur leur lieu de travail... ou alors, il fallait que ça soit un coup sacrément vicieux du destin. Il se permit de s'installer à côté d'elle, repensant au déroulement bien trop rapide de ces évènements qui l'avaient laissé à court de solutions. Levant son regard vers elle, il s'était risqué à lui demander le contexte de leur embrouille qui avait mené à un déchirement total de leur amitié. Il l'écouta, peinant encore à concevoir que Charlie puisse ressentir un quelque chose de plus pour lui, le réalisant un peu plus maintenant qu'elle lui en parlait sans filtre. Il lâcha un rire nerveux à la fin de ses mots, parvenant sans trop de difficultés à se reconnaître dans les paroles de son amie, lui qui perdait littéralement tous ses moyens lorsqu'Aelya traînait dans les parages. « J'peux que le comprendre... » Souffla-t-il, comme une réflexion qu'il avait laissée échapper. « Il lui en faut très peu pour lire en moi aussi, j'sais pas comment elle fait ça, mais elle est forte... très forte. » Il n'avait pas pu lui non plus parvenir à cacher bien longtemps ce qu'il ressentait pour elle, bafouillant à travers des émotions qu'il n'avait jamais ressenti mais qu'il avait bien du un minimum décrire pour savoir qu'il la voulait exclusivement pour lui. Évidemment, c'était une issue bien moins dramatique que celle à laquelle était confrontée Charlie aujourd'hui. « Elle a du mal avec tout ça. J'ai essayé de la convaincre que c'était pas une solution de couper les ponts avec toi mais tu la connais, elle sait ce qu'elle veut sur le moment. » Ajouta-t-il, se remémorant leur conversation. Aelya était aussi terrifiée que lui par l'abandon, et il pouvait aisément comprendre ses peurs, conscient qu'il aurait été tout aussi impulsif s'il avait su qu'un homme craquait pour elle. Quelque part, c'était aussi pour ça qu'ils parvenaient à lire l'un en l'autre, parce-que leurs âmes étaient jonchées des mêmes brèches, alimentées par ces peurs avec lesquelles ils avaient appris à vivre.

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Sujet: Re: feel the thunder (charlie) Lun 7 Jan 2019 - 4:02

Parler de l'explosion qui avait eu lieu entre Aelya et elle rouvrait les blessures que la jeune étudiante avait tenté d'ignorer ces derniers temps, jusqu'à nier leur existence. Autant elle était émotive, susceptible et boudeuse, autant elle pouvait rapidement prétendre passer au-dessus des choses, les rangeant dans un coin de son esprit pour ne plus y toucher et donner le change devant tout le monde. Mais Niels n'était pas quelqu'un qui requérait qu'elle porte un masque et elle se sentait plus à l'aise pour laisser libre cours à ce qu'elle ressentait, sans devoir faire l'effort de le cacher. Un petit sourire reconnaissant se peignit sur son visage quand le jeune homme lui assura qu'elle n'avait rien à lui prouver et qu'il comprenait parfaitement la situation, son ampleur et ses détails, la rassurant une fois de plus en mentionnant qu'Aelya finirait par comprendre, elle aussi. « Je crois que je te remercierai jamais assez pour tout ce que tu me dis en ce moment. Je me sens vraiment mieux par rapport à tout ça, et j'te remercie de te comporter comme ça avec moi. » dit-elle d'une voix douce, tournant la tête vers Niels avec un sourire franc. Dis donc, la Charlie qui met des mots sur ses émotions était de sortie, aujourd'hui. C'était pas tous les jours qu'elle identifiait tout ce qui se passait dans sa tête et qu'elle parvenait à l'expliciter avec recul et maturité. Mais elle avait besoin de dire tout ça à Niels, rien qu'en contre-partie de tout ce que lui avait dit aujourd'hui, avec sincérité et délicatesse.

La jeune femme esquissa une moue trahissant sa tristesse quand ils discutèrent des conséquences du cas où Aelya viendrait à apprendre qu'ils s'étaient reparlés. Cela replongeait Charlie dans les arguments qui avaient fusé lors de leur altercation et l'amertume venait à nouveau titiller son esprit. Toujours cet équilibre prêt à flancher, entre le fait qu'elle ne voulait pas perdre définitivement son amie et avait l'impression de la trahir en mettant les choses à plat avec Niels, et l'autre côté, le fait qu'Aelya n'avait aucun droit de lui ordonner de l'éviter et de ne plus lui adresser la parole. La colère remontait le long de ses muscles tendus en se remémorant les paroles dures et acerbes. Elle inspira un grand coup avant de reprendre la parole, le regard perdu devant elle, fixé sur le couloir sans le voir. « On s'est dit des choses vraiment dures. Je m'en veux pour certaines de ces choses, j'ai jamais voulu la blesser. Mais elle aussi, elle m'a blessée. Et le fait qu'elle ait pu me dire certaines choses, avec tout ce qu'elle sait sur moi et ce qu'on s'est déjà confié, ça m'a tué. Et je pense pas qu'elle ait conscience qu'elle aussi, elle a des choses à se faire pardonner. » reprit Charlie en fronçant légèrement les sourcils, mais avec un regard n'exprimant que du chagrin, témoignant d'à quel point son ancienne amie l'avait offensée. Elle se rappelait ses dernières paroles, Aelya s'ouvrant à elle, s'écriant qu'elle ne pouvait pas comprendre ce que c'était d'être dans sa situation, que Charlie avait la belle vie et que tout lui réussissait. La jeune femme serra les poings, se forçant à étouffer ces souvenirs qui résonnaient dans son esprit et ne faisaient que meurtrir son esprit à chaque coup. Elle laissa échapper un nouveau soupir avant de se laisser aller en arrière sur sa chaise, reportant son attention sur son ami. « Si t'arrives à la convaincre, ce sera un miracle. Mais... c'est gentil d'avoir essayé. » répliqua Charlie, se forçant à esquisser un petit sourire malgré l'atmosphère moins joyeuse qui lui était tombé dessus. Elle non plus n'était pas prête à retourner vers Aelya tout de suite, même si elle en mourait d'envie et qu'elle en avait besoin, elle n'oubliait pas ce qui s'était dit, comme elle venait de l'évoquer devant Niels.

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Sujet: Re: feel the thunder (charlie) Mer 9 Jan 2019 - 1:14

Niels n'était pas l'homme le plus doué, ni le plus délicat lorsqu'il s'agissait de rassurer avec des mots, lui qui n'avait habituellement aucune patience lorsqu'il s'agissait de faire dans la tendresse. Pas qu'il était un gros bourrin non plus, mais il savait pertinemment qu'il n'excellait pas spécialement dans ce domaine. Pour autant, il avait voulu se montrer plus sincère envers Charlie, touché par ce désarroi et cette tristesse apparents qui tiraient les traits de son visage lorsqu'elle évoquait Aelya et cette dispute qui était allée beaucoup trop loin, détruisant tout sur son passage, même ce lien fort qu'elles avaient noué depuis un bon moment. Niels connaissait assez bien Charlie pour comprendre qu'elle était sensible et il fallait être aveugle pour ne pas s'apercevoir que quelque chose clochait. « Y'a pas de quoi, si ça peut te remonter le moral, ça me fait plaisir. C'est ce qu'on est censés faire entre amis, n'est-ce pas ? » Dit-il, souhaitant lui faire comprendre qu'il la considérait réellement comme telle, et que c'était sans doute la raison pour laquelle il s'accrochait autant à cette histoire. Il espérait réellement que les choses puissent rentrer dans l'ordre même si pour l'instant, il était plus qu'ambitieux d'imaginer qu'Aelya puisse pardonner Charlie dans les jours à venir. Ça prendrait un certain temps, forcément, un temps pendant lequel la rancœur et la colère en viendraient à s'estomper pour laisser place aux regrets. Parce-que Niels connaissait Aelya, bien placé pour connaître les mots qu'elle pouvait utiliser lorsque son sang bouillonnait de rage, ne lui laissant pas d'autre choix que de se défendre avec son franc-parler. Et leur couple en avait les frais à de nombreuses reprises, si bien qu'ils avaient fini par se déchirer de la même façon, toujours dans une douleur atroce qui ne leur laissait que des fêlures de plus. Il plissa les lèvres aux mots de Charlie, reportant son attention sur elle. « J'imagine. Mais, elle mesure pas toujours ce qu'elle dit, on est pareils à ce niveau-là elle et moi. Je suis sûr que ça doit déjà lui trotter dans la tête, ça se passe toujours comme ça. On parle toujours trop vite et on finit forcément par le regretter. » Ajouta-t-il, rassurant, comprenant que sa petite-amie n'avait pas dû y aller de main morte avec les mots qu'elle semblait lui avoir balancé au visage. Niels avait l'impression que les pardons seraient difficiles, mais pas impossibles. Il devinait aisément qu'elles étaient attachées l'une à l'autre, à cette amitié qu'elles entretenaient depuis un certain temps, avant même que lui ne débarque dans la vie d'Aelya. « Y'a moyen que j'y arrive. Faudra juste que j'lui fasse un peu plus les yeux doux mais ça devrait le faire. » Dit-il, cherchant à détendre l'atmosphère comme il le pouvait, juste avant que le bip de Charlie ne se mette à sonner, l'obligeant à se reconcentrer sur ce qu'elle faisait. « Je vais te laisser, ça a l'air important. » Remarqua-t-il, se redressant de sa chaise pour refaire le tour du bureau, posant ses yeux sur son amie. « Ça m'a fait plaisir qu'on puisse parler en tout cas. On se revoit bientôt. » Il lui adressa un clin d'oeil, son léger sourire ne le quittant pas, avant d'emprunter le couloir du service avec un brancard à la main, satisfait d'avoir pu avoir cette discussion avec la brune.

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Il n'aurait sans doute jamais pensé que ça déraperait aussi rapidement, lui qui avait pensé pouvoir maîtriser la situation. En réalité, ce n'était plus le cas, et peut-être que ça ne l'avait jamais été finalement. Parce-qu'Aelya était partie, depuis quelques jours, ne répondant à aucun de ses appels et ne daignant même pas lui montrer un signe de vie. Il n'avait aucune idée d'où elle était, ni où est-ce qu'elle passait ses nuits et l'angoisse de ces derniers jours commençaient à avoir raison de lui. Il avait été incapable de fermer l’œil depuis qu'elle avait claqué la porte, le laissant en proie aux doutes, sur lui, sur eux et sur leur couple qui s'était une nouvelle fois délité sous les mots qu'ils s'étaient échangés à cause de cette conversation qu'il avait eue avec Charlie et dont elle avait fini par apprendre l'existence. Il ne savait même pas où est-ce qu'il en était, s'il devait encore garder espoir sur le fait qu'elle reviendrait, parce-qu'il se rappelait très bien de la manière dont elle l'avait laissé, de l'incertitude qui s'était inscrite sur ses traits quand elle lui avait adressé ce dernier regard. Il l'avait blessé, il en était conscient et c'était quelque chose qui le tuait à petit feu. Parce-qu'encore une fois, il avait réussi à lui faire bien trop de mal alors que son seul souhait avait toujours été d'inscrire un sourire sur ses lèvres. La pire des tortures était de savoir qu'il n'était juste pas fait pour y parvenir, pas fait pour la rendre heureuse. A l'hôpital depuis quelques heures, les traits marqués par la fatigue, l'inquiétude et la peine, il avait été appelé aux urgences pour aider l'équipe à faire transiter les patients vers les salles d'examen. Il se doutait bien qu'il bossait au ralenti, sa concentration se trouvant nettement diminuée depuis que la dispute avec Aelya avait éclatée. Et d'ailleurs, il ne fut même pas étonné de voir qu'il avait failli percuter avec son brancard la personne qui était sortie en furie de la pièce d'à-côté, l'évitant de justesse. « Charlie. Désolé, je t'avais pas vu. »

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Sujet: Re: feel the thunder (charlie) Mer 9 Jan 2019 - 21:09

Ressentir des choses qui n'étaient pas réciproques était toujours difficile, mais Niels parvenait à faire passer la pilule beaucoup plus facilement, dans ses actes et ses paroles. Ce n'était pas comme si l'étudiante s'était imaginé quoi que ce soit, de toute façon, et elle n'était pas du genre à se faire des films, plutôt à se dévaloriser, même. Mais autant une petite part d'elle-même avait fantasmé sur le fait de voir Niels autrement que comme un ami, autant la plus grande partie de son esprit était simplement heureuse d'accepter le fait qu'il était un ami, ni plus ni moins, et qu'il était présent pour elle. Le reste finirait bien par passer, elle le savait. Aussi hocha-t-elle la tête avec un sourire réjoui quand il souligna que c'était ce que des amis étaient censés faire entre eux. Oh oui, il lui remontait le moral, et disposait quelques bandages réconfortants sur sa peine, l'estompant pour un certain laps de temps. Elle sourit discrètement quand il lui affirma qu'Aelya allait sûrement finir par regretter les paroles qui s'étaient échangées. Il n'avait pas tort et Charlie pouvait elle aussi exprimer des mots qui dépassaient sa pensée, quand l'émotionnel prenait le contrôle total de sa langue. Elle restait dubitative sur la capacité de son ancienne amie à venir s'excuser, mais au moins, les paroles du brancardier l'avaient un peu rassurée et faisaient monter en elle une petite bulle d'espoir, petite, certes, mais présente. L'amitié qu'avaient entretenu Aelya et Charlie avait des racines profondes, même si la brunette les auraient cru plus solides que ça. Mais rien ne garantissait qu'elles étaient totalement sorties de terre et arrachées de façon irréparable. « C'est gentil. Tiens-moi au courant... » souffla la jeune femme, une lueur d'espoir et de gratitude brillant dans son regard clair. Le bipeur de Charlie se manifesta soudainement dans la poche de la jeune femme, interrompant abruptement la conversation. Elle réagit au quart de tour, observant ce qui s'affichait à l'écran. Son supérieur la demandait d'urgence pour un patient. Niels comprit que le moment était venu de retourner au travail. « Ouais, ça m'a fait plaisir aussi. À plus ! » lança-t-elle en se hâtant déjà dans le couloir, répondant à son clin d'oeil par un signe de la main et un immense sourire, avant de se retourner et de prendre le pas de course pour rejoindre le chirurgien en charge. Elle avait le cœur plus léger et une remarque d'une infirmière lui indiquant d'arrêter de courir dans les couloirs ne parvint pas à effacer l'expression radieuse qu'elle avait sur le visage.

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C'était une de ces journées où les urgences étaient plongées dans le chaos. Les patients arrivaient en masse, en un flot presque continu, le triage était rapidement expédié, les consultations d'urgence n'en finissaient pas, les blocs opératoires étaient surbookés. Charlie courait entre les salles d'examen, administrant les premiers soins, pratiquant l'un ou l'autre massage cardiaque, envoyant les accidentés les plus sérieux dans les blocs, suivant un chef de service après l'autre. Les urgences ressemblaient à une véritable fourmilière, mais malgré la cadence soutenue, toutes les opérations se suivaient en un roulement organisé et chacun connaissait sa place. Terminant sa perfusion en salle d'examen, elle releva la tête d'un mouvement brusque en entendant une infirmière s'écrier qu'ils avaient un code bleu et tourna la tête vers son supérieur, qui lui signifia d'un signe de tête d'y aller. Elle se précipita hors de la salle, se préparant pour une réanimation supplémentaire, et évita de justesse un brancard sur lequel elle faillit s'étaler. « Attention ! » s'exclama-t-elle, avant de reconnaître Niels derrière le brancard. En une fraction de seconde, elle nota son visage tiraillé de fatigue et ses traits animés par quelque chose qu'elle n'arrivait pas encore à définir. Il n'avait pas l'air dans son assiette. Elle prit une seconde de plus pour analyser la situation, repéra un autre brancardier qui garait un brancard vide contre le mur. « Toi, reprends ce patient. » signala-t-elle à l'homme dont elle ne connaissait malheureusement pas le nom. Elle tourna à nouveau le regard vers Niels, qui expliqua en deux mots la mission à son collègue. « Viens, j'ai besoin de toi. » ordonna-t-elle presque avec une assurance qu'on ne lui connaissait que lorsqu'elle travaillait. Elle lui saisit le bras et l'emmena avec elle jusqu'au lit où elle avait été assignée et qu'elle avait reconnu tout de suite. Adolescent de 15 ans, fracture ouverte de la jambe et potentielle hémorragie interne au niveau de l'abdomen, en arrêt cardiaque depuis approximativement six secondes. L'adrénaline pulsait à travers les veines de la jeune femme tandis qu'elle se précipitait vers le brancard, demandant confirmation en un seul échange de regards au résident en charge avant de monter sur le brancard et de se placer à califourchon sur le patient pour commencer le massage cardiaque, mettant tout son poids en avant. Elle avait ausculté le patient une dizaine de minutes auparavant avec son supérieur. « Faut le monter au bloc 3, je continue la réanimation pendant le trajet. » expliqua-t-elle à toute vitesse à Niels, avant de se tourner vers l'infirmière responsable du ballon insufflateur, qui hocha la tête pour lui signifier qu'elle était prête et lui expliqua rapidement la suite en quelques mots. Le résident s'assura que tout était en place et parti prévenir le bloc opératoire de leur arrivée imminente. Niels démarra, tandis qu'elle continuait la compression thoracique. « Tout va bien ? » lança-t-elle à son ami une fois qu'ils eurent quitté les urgences, tout en gardant le regard rivé sur ses mains. Avec le temps, Charlie avait appris qu'elle était capable de mener une conversation en même temps que de se concentrer sur une opération.

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Sujet: Re: feel the thunder (charlie) Dim 13 Jan 2019 - 21:43

Les services étaient plein à craquer, les urgences résonnant dans un brouhaha infernal. C'était typiquement le genre de jour où il était préférable de rester chez soi plutôt que d'avoir affaire à ce capharnaüm qui en ferait fuir plus d'un. Et pour en rajouter une couche, son moral n'était clairement pas au beau fixe. En vérité, rien n'allait. Et ce, depuis qu'Aelya avait décidé de prendre du temps pour réfléchir à leur relation, sans lui indiquer si c'était un départ définitif ou non. Depuis quelques jours déjà, il se perdait, ayant l'impression de faire tout de travers, même lorsqu'il tentait d'y mettre du sien. Quoiqu'il fasse, ses pensées revenaient toujours vers Aelya, comme un cauchemar éveillé qui venait s'emparer de son esprit pour lui rappeler qu'il était désespérément seul sans elle. Il savait qu'il avait merdé et le pire dans tout ça, c'était qu'il ne pouvait rien faire pour changer la donne. Arrivant aux urgences avec un patient, la tête en l'air, il avait évité de peu la catastrophe en s'arrêtant pile au bon moment où Charlie était sortie de nul part, manquant de lui rentrer dedans. Il eut un léger mouvement de sursaut lorsqu'elle s'exclama, soufflant lourdement de soulagement en comprenant qu'il ne l'avait pas blessé. Sans même avoir le temps d'ajouter un mot, il se vit embarquer dans une autre pièce par la brune qui lui faisait comprendre qu'elle avait besoin de lui. Abandonnant son patient à un autre brancardier, il suivit Charlie à travers le couloir, arrivant devant un patient à l'état bien plus grave, comprenant dans l'intonation de son amie qu'ils allaient devoir se dépêcher. Même si son état laissait à désirer, la situation était bien trop urgente pour qu'il ne se laisse crouler sous la peine qui le malmenait depuis quelques jours. Il hocha la tête à Charlie, lui adressant un regard entendu alors qu'il se mit en route vers le bloc 3 juste après qu'elle soit montée sur le brancard pour continuer le massage cardiaque sur le patient. Accélérant la cadence, il fut surpris par la question de Charlie, qui avait certainement dû comprendre que quelque chose clochait. Il observa un instant ses mains qui pressaient toujours la cage thoracique de l'adolescent, se demandant si c'était vraiment une bonne idée de tout lui avouer maintenant, alors qu'une vie dépendait au bout de ses doigts, animés par des gestes qu'il ne voulait surtout pas perturber. « Ça va. » Répondit-il, simplement, conscient qu'elle ne se laisserait pas avoir par ce mensonge auquel lui-même ne croyait pas. Il avait un millier de questions qui fusaient dans sa tête, accentuant ce mal de crâne qui lui donnait le tournis en repensant à toute cette histoire. « Aelya est partie. » Finit-il par lâcher, comme ça, sans trop savoir comment ces mots avaient fini par quitter ses lèvres, comme une bombe à retardement.

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Sujet: Re: feel the thunder (charlie) Mar 15 Jan 2019 - 2:28

Tandis qu'elle s'affairait à maintenir le patient se trouvant sous elle en vie, Charlie se préparait mentalement à la réponse de son collègue, au cas où elle aurait vu juste et qu'il y avait effectivement une raison derrière son expression morose et ses traits fatigués. Peut-être que quelque chose de grave s'était produit ? Elle préférait ne pas extrapoler et attendre sa réponse, tout en restant bien concentrée sur sa tâche on ne peut plus importante pour le moment. Niels répondit par un bref "ça va" qui ne dupa pas la jeune brune. Cela manquait cruellement de conviction, et même si elle n'était pas la plus fine observatrice de tous les temps, il ne fallait quand même pas la prendre pour une fille totalement naïve. Elle glissa un regard en coin à Niels, un sourcil haussé. S'il ne voulait pas en dire plus, c'était son choix, ou bien peut-être se trompait-elle totalement. Mais une petite voix lui soufflait qu'elle avait raison et elle ne comptait finalement pas le lâcher avec ça. Ils étaient presque arrivés au bloc, quand son ami reprit la parole, lui lâchant l'information de but en blanc. Aelya était partie. « Quoi ?! » s'exclama-t-elle, tournant cette fois franchement la tête vers le brancardier, avant de se rappeler qu'elle avait toujours des compressions thoraciques à effectuer. Elle commençait d'ailleurs franchement à fatiguer, cela devait faire deux minutes, peut-être un peu moins, qu'elle était occupée à ça. Par chance, des infirmières avaient rejoint l'entrée du bloc pour préparer l'opération d'urgence et s'affairaient autour du brancard pour prendre en charge le patient, tandis que des chirurgiens étaient déjà à l'intérieur, dans la zone préparatoire, pour se laver les mains et les bras. Charlie fut enfin autorisée à descendre du brancard tandis que quelqu'un prenait la relève le temps de transférer le patient dans la zone opératoire. L'étudiante regarda un instant ce jeune adolescent disparaître derrière les portes, reprenant son souffle, ses bras engourdis par l'effort. En temps normal, elle aurait certainement supplié un résident en charge pour l'assister durant l'opération. Mais elle se rappela Niels, et se tourna vers lui d'un mouvement vif. « Comment ça, partie ? » reprit-elle, d'une voix pressante, sondant le regard du jeune homme de ses yeux clairs, à la recherche de la moindre parcelle d'information. Tout à coup, elle se redressa, le lien s'étant formé tout seul dans son esprit. Elle n'était pas sûre de ce qu'elle allait avancer, mais il y avait quatre-vingt pourcents de chance que ses suspicions se révèlent correctes. « Oh... Elle sait, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle à mi-voix, le visage soudainement plus tendu. Une partie d'elle espérait vraiment que ce n'était pas le cas, qu'elle se trompait dans son diagnostic, et que le départ d'Aelya n'avait aucun rapport avec le fait que Niels et elle s'étaient parlés. Elle n'avait pas envie que ce qu'elle craignait se soit réalisé, que la situation n'aie encore empiré et que l'ouragan entre eux trois n'aie pas terminé ses dégâts. Mais elle avait la nette impression que c'était exactement ce qui se passait.

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little hurricane

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Le temps était long pour Niels, chaque jour défilant ressemblant à une éternité. L'incertitude s'installait, de manière bien trop brutale, ne lui laissant envisager que le pire pour la suite de sa relation avec Aelya. Il n'avait eu aucune nouvelle depuis le soir où elle avait claqué la porte, où elle lui avait lancé ce regard lourd de sens qui lui avait transpercé le cœur, lui faisant comprendre qu'il aurait dû réfléchir à deux fois avant d'agir. Il se sentait extrêmement con. Évidemment qu'il aurait dû prévoir qu'Aelya exploserait lorsqu'elle apprendrait qu'il avait été parler à Charlie de cette situation plus que délicate dans laquelle ils étaient fourrés tous les trois. Surtout lorsqu'elle lui avait clairement signalé qu'elle ne voulait pas qu'il se lance dans les explications seul avec elle. A croire qu'il serait toujours trop borné pour écouter l'avis des autres, même lorsqu'il s'agissait de la personne qu'il aimait le plus au monde. Son regard las traduisait le tumulte qui s'agitait en lui, alors que Charlie avait compris que quelque chose n'allait pas. C'était peu de le dire. Après avoir tenté de faire semblant que tout allait bien, il avait finalement lâché la vérité dans la seconde qui avait suivi, sans même lever les yeux vers elle. Il était resté silencieux lorsqu'elle vint à réagir immédiatement, ne souhaitant pas en rajouter alors qu'elle avait un cas bien plus grave à traiter à l'heure actuelle. La gorge nouée, il avait continué son chemin jusqu'au bloc opératoire, laissant le patient entre les mains expertes des autres médecins qui avaient pris la relève. Son cœur avait semble-t-il loupé un battement lorsque Charlie reprit la parole, tentant de dénouer le mystère qui pesait autour des mots qu'il avait prononcé et qui étaient pourtant bien clairs. Il n'avait suffi que d'un regard, empli de peine et de regrets pour que la brune ne vienne à comprendre ce qu'il se passait. Il reprit une longue respiration, se donnant du courage pour parler de ce qui le tuait à petit feu ces derniers temps, hochant la tête aux paroles de la jeune étudiante. « Oui, elle sait. » Souffla-t-il, terriblement embarrassé de la tournure qu'avait pris cette histoire, tournure qui lui avait trop brutalement échappé. « J'sais pas comment elle l'a su, mais ça lui a pas plu. Ce que je conçois. Et elle s'est barrée, comme ça. » Lâcha-t-il, d'une voix qui se voulait neutre mais qui laissait entrevoir des failles. « J'suis vraiment trop con, putain. » Il soupira, épuisé par cette histoire et ses non-dits qui ne lui laissaient aucun répit.

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