feel the thunder (charlie)

L'interne sentit son sang pulser dans ses oreilles à grand bruit quand Niels confirma que c'était bien à cause de leur discussion qu'Aelya était partie. Les pires craintes de la brunette se réalisaient. Était-il possible que la situation empire encore ? Probablement pas, mais elle ne préférait pas formuler cette pensée jusqu'au bout, histoire de ne pas porter la poisse. Car jusqu'ici, les choses n'allaient pas en s'améliorant. « Niels, je suis désolée... » La jeune femme se mordit la lèvre, évitant le regard de son ami. Elle se sentait terriblement coupable, c'était elle qui était responsable de toute cette connerie. Si elle avait parlé tout de suite, ou si elle avait mieux géré tout ça, ou si elle n'avait tout simplement pas parlé à Niels et mis sa fierté de côté pour respecter la demande d'Aelya, ils n'en seraient pas là. Enfin, Niels et Aelya, car elle n'avait rien à voir là-dedans. Autant elle avait eu du mal à accepter l'idée que sa meilleure amie sorte avec le type pour qui elle ressentait des choses pas très claires, autant elle n'avait jamais voulu nuire à leur bonheur. Malgré la colère qu'elle avait éprouvé à l'encontre d'Aelya et de son comportement, elle était incapable de souhaiter son malheur. « J'essaierai bien de lui parler, mais ça n'arrangerait rien à mon avis. » ajouta Charlie, impuissante. Elle voulait éviter de jeter l'huile sur le feu, mais ça lui faisait mal de se dire qu'elle ne pouvait même pas intervenir. D'habitude, c'était elle qui intégrait un peu de rationnel dans le crâne de son amie, quand elle réagissait de la sorte. Mais depuis leur altercation, elle n'avait plus le droit de faire ça. Ça ferait tout sauf l'apaiser et lui faire entendre raison, alors la seule solution qui s'offrait à l'étudiante, c'était de garder ses distances, même si ça la tuait intérieurement. « Je suis vraiment désolée pour ce bordel, je pensais pas que tu serais pris dans les tirs. Vraiment, je me sens coupable, et je sais pas quoi faire pour te faire sentir mieux. » avoua-t-elle, glissant les mains dans les poches de sa blouse, tête baissée. Elle avait peur que son ami et collègue ne lui en veuille. Il aurait sans doute eu raison. Si ça n'avait été pour Charlie, rien de tout cela ne serait arrivé et il ne serait pas malheureux aujourd'hui.

L'étudiante avait l'impression d'entendre ces paroles retentir bien souvent dans ses oreilles, ces derniers temps. "C'est pas ta faute." La plupart des gens le lui répétaient, dont Niels, et d'une part cela apaisait un peu sa culpabilité, mais d'autre part elle savait pertinemment que si, elle avait une part de responsabilité dans toute cette histoire. Et savoir que finalement, tout le monde était malheureux, pour un malentendu qu'elle avait causé, ça la foutait vraiment mal. Après la déchirure entre Aelya et elle, voilà qu'il y en avait une entre Niels et la brunette en question. La déclaration du brancardier sur le fait qu'il n'était même pas certain qu'Aelya soit encore ici eu le don de déclencher une vague de panique chez la jeune interne. Même si elle n'avait plus de contact avec son ancienne amie, l'idée que cette dernière ne soit plus dans la même ville, soit définitivement partie, lui faisait l'effet d'une lame de glace entre les côtes. « Je... Je peux pas t'aider, j'ai plus aucun contact avec elle... » s'excusa Charlie, des trémolos dans la voix. Elle était vraiment nulle pour réconforter les gens, décidément. La brune prit une inspiration, décidée à laisser ses douleurs égoïstes à plus tard pour se concentrer pleinement sur celles de son ami. Il avait l'air d'un animal blessé, perdu, abandonné au milieu de la route. Peu flatteur comme description mentale, mais franchement, n'importe qui aurait pensé à la même chose. Et ça faisait de la peine à l'étudiante aux boucles brunes. Elle chercha le regard de Niels, vide et apathique, pour y plonger ses iris azur. « Si cette dispute a commencé entre Aelya et moi, c'est aussi parce qu'elle t'aime à un point inimaginable, indescriptible. Je l'ai jamais entendue me parler de quelqu'un comme ça, et j'exagère vraiment pas. Ca me suffit pour être relativement certaine qu'elle est toujours dans les parages et qu'elle reviendra. No way qu'elle puisse se séparer de toi, c'est son ancienne meilleure pote qui te le dit et qui la connaît mieux que beaucoup de gens, malgré tout. » souffla la jeune fille, tentant une touche d'humour par-ci par-là, passant au-dessus du gouffre douloureux que représentait la perte d'Aelya dans sa poitrine. Elle était persuadée de ce qu'elle avançait. Jamais Aelya n'aurait détourné longtemps son regard d'une relation comme celle qu'elle entretenait avec Niels. Même si les deux femmes n'avaient du coup absolument pas parlé des détails de sa relation, la réaction explosive d'Aelya et le résultat malheureux de leur altercation étaient amplement suffisants pour prouver à Charlie l'ampleur du lien qui liait son ancienne amie au brancardier.

Abattu, le jeune homme termina sur une note résignée, soupirant qu'il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre. C'était sans doute vrai. Charlie pressa l'épaule du brun entre ses doigts réconfortants, esquissant un faible sourire qui se voulait optimiste. Juste après que Niels lui dise qu'il ne comptait pas l'embêter plus longtemps, le biper de l'interne sonna, la rappelant à l'ordre et surtout aux urgences. « Pas faux, faut que j'y retourne. Mais dès que ça se sera un peu calmé, on peut se prendre un café rapide à la cafèt', si tu veux. » proposa la jeune femme en relevant les yeux de son biper, prenant déjà la direction des urgences où l'ouragan de blessés tournait toujours, tout en attendant la réponse de Niels, un dernier regard derrière son épaule.