holding on or letting go (niels)

Il avait pris soin de garder son bras autour d’elle toute la nuit, comme s’il désirait se rassurer, afin qu’on ne puisse plus lui voler son trésor. Il voulait la sentir contre lui chaque nuit, profiter de sa chaleur réconfortante, celle qui avait manqué à son organisme refroidi pendant son absence. Maintenant qu’elle était là, il se rendait bien compte qu’on lui avait imposé le pire des supplices en le privant de sa source de vie, de bonheur. Le décalage horaire l’avait épuisé, lui qui avait fait l’aller-retour entre deux continents en l’espace d’à peine quelques jours. Mais la fatigue valait le coup, et sans doute qu’il l’aurait refait si c’était pour retrouver l’amour de sa vie. Son corps était finalement tombé de fatigue, emporté par un sommeil profond qui lui avait été refusé pendant de longues semaines où ses insomnies à répétition l’avaient épuisé. Contre Aelya, il n’avait plus aucune raison d’être tourmenté. Il l’avait entendu se réveiller à l’aube, sa peau se refroidissant dans les draps dénués de sa présence. Il avait ouvert les yeux quand elle était venue l’embrasser avant de s’éclipser pour le boulot, glissant sa main sur sa joue pour profiter de cette marque d’attention, entre le sommeil et l’éveil. En se réveillant, quelques heures plus tard, il avait continué là où s’était arrêté la brune, faisant un peu de rangement pour qu’ils puissent retrouver un espace digne de ce nom. Il avait remarqué qu’elle lui avait envoyé un message, lui indiquant qu’il pouvait passer au club, ce qu’il comptait faire après les accords qu’ils avaient passé la veille, se promettant de rester le plus possible ensemble. Il se prépara, passant sous la douche et s’occupant de son apparence avant de monter sur sa planche pour prendre la direction du club. Il arriva une vingtaine de minutes plus tard, attrapant son skate avant de passer les portes, se dirigeant vers le comptoir ou son regard fut immédiatement attiré par les courbes d’Aelya. Un léger sourire flottant sur ses lèvres, il s’approcha, prenant place sur un tabouret éloigné de ceux des clients déjà présents. « Y’avait des bouchons. » S’amusa-t-il, alors qu’elle avait très vite repéré la présence de son skate. « J’ai essayé de réparer les dégâts. » Avança-t-il, faisant référence au fait qu’il avait continué le rangement et que c'était la raison pour laquelle il avait tardé à venir. « Toi aussi. Et t’es encore trop loin de moi là. » Souffla-t-il, faisant glisser ses yeux sur elle, ses lèvres appelant déjà les siennes, conscient qu’il allait devoir gérer cette distance imposée par le fait qu’ils étaient sur son lieu de travail. Il arqua un sourcil à sa demande, avant qu’elle ne prenne les devants, s’amusant à jouer avec les mots. « Tu me connais bien. » Répondit-il, surenchérissant le jeu, la remerciant une fois qu’elle eut posé son verre devant elle. « Dis-moi, si je tiens pas debout à la fin de la journée, y'a moyen que tu me ramènes chez toi ? C'est pas prudent de laisser un homme saoul sur un skate. » Ajouta-t-il, malicieusement, se plaisant dans ce jeu de séduction qu'ils instauraient déjà.

C'était l'image qu'il souhaitait qu'elle garde en tête avant de s'endormir, celle où ils étaient l'un contre l'autre, unis contre le monde entier qui ne pouvait absolument rien contre l'amour qu'ils concevaient tous les deux. Niels souhaitait apaiser son esprit torturé par la peur de les voir de nouveau séparés, conscient que la suite des évènements n'annonçait rien de bon. Et s'ils devaient se méfier, il refusait pour autant de se faire bouffer par la peur, comme s'il savait que c'était ce qu'on attendait d'eux. Et Niels n'était pas prêt à leur donner ce qu'ils voulaient, plus maintenant qu'il avait retrouvé sa raison de vivre. Il avait besoin d'elle, plus que n'importe qui d'autre, et c'était pour cela qu'il lui avait promis qu'il ne laisserait jamais plus quiconque s'immiscer entre eux. Pourtant, il savait que le risque n'était jamais bien loin, et il comprenait parfaitement le positionnement de sa petite-amie. Parce-que si on attentait à la vie d'Aelya, il n'aurait pas d'autre choix que celui de s'éloigner pour qu'on lui laisse la vie sauve. C'était sûrement utopique, mais il souhaitait croire que ce genre de situation n'arriverait plus jamais, cherchant à convaincre son esprit qu'ils seraient ensemble pour l'éternité. Il avait rejoint le club comme convenu après avoir pris le temps de ranger le plus gros du bazar de l'appartement, ressentant déjà le manque s'immiscer dans ses veines alors qu'Aelya ne s'était absentée que depuis quelques heures. Un sourire vint orner ses lèvres lorsque ses yeux croisèrent enfin les siens, alors qu'il s'était installé en face du comptoir, calant son skate contre son tabouret. Un léger rire s'échappa de ses lèvres à sa remarque, un air joueur s'installant sur ses traits. « Je m'en sors bien on dirait. » S'amusa-t-il, comme s'il laissait penser que ce n'était jamais bon signe de laisser la jalousie d'Aelya s'installer, se rappelant avec amusement la fois où elle avait débarqué à l'hôpital, à la fin de son service. Il avait détaillé ses lèvres de là où il était, se contentant de se les imaginer contre les siennes parce-qu'il savait qu'ils ne pourraient pas franchir cette limite ici, pas devant ses clients. Et il savait d'ores-et-déjà que la tâche serait compliquée pour eux. Parce-que la tension qui s'exerçait entre eux était toujours beaucoup trop forte, ne leur laissant pas d'autre choix que de se laisser porter par leur envie mutuelle de créer un contact physique. Il attrapa son verre en souriant, en buvant une première gorgée avant de le reposer sur le comptoir, ses yeux ne quittant pas la brune. « Réfléchis bien, tu pourrais faire ce que tu veux de moi. J'trouve que t'es pas mal gagnante sur ce coup-là. » Ajouta-t-il, en faisant mine de réfléchir, son regard suivant le geste de ses mains contre le bar avant de relever les yeux vers son visage lorsqu'elle se rapprocha un peu plus de lui et qu'elle évoqua cette convocation avec la police. Il fronça les yeux, se rappelant qu'il avait prévu de passer voir Azriel qu'il n'avait pas vu depuis un bail. « Bien sûr que je viendrai. J'avais promis à Az de passer en coup de vent avant ce soir, mais j'ferai vite bébé. Je te rejoindrai là-bas, c'est pas très loin de toute façon. » Répondit-il, frôlant discrètement sa main avec ses doigts, son regard s'embrasant à ce qu'elle vint ajouter. « C'est encore plus intéressant maintenant que tu me dis ça... » Elle lui compliquait toujours la tâche, alors qu'il se faisait violence pour éviter de penser au fait qu'il n'y avait qu'un comptoir qui les séparait et qu'il lui serait aisé de le contourner pour retrouver la sensation de son corps contre le sien. « Tu sais que t'es hyper sexy comme ça ? » Ajouta-t-il, d'une voix charmeuse, son regard attiré par ses courbes avantageuses. « J'crois que je suis pas le seul à le penser d'ailleurs. » Râla-t-il, en s'apercevant que d'autres hommes ne se gênaient pas pour reluquer sa petite-amie.

A chaque fois qu'il entendait la porte se refermer, il ressentait un pincement au cœur et une vague de froid l'habiter. Il n'y avait jamais eu un moment où il ne regrettait pas de la voir partir, surtout depuis qu'ils avaient été séparés aussi longtemps, sans même le vouloir. Il mentirait s'il disait qu'il n'avait pas peur, mais c'était sans doute une meilleure idée que de chercher à se rassurer plutôt que de nourrir ses craintes. Il ne voulait pas arborer un visage pessimiste, pas maintenant qu'ils avaient réussi à se retrouver, contournant les dangers qui leur couraient après et qui ne semblaient jamais bien loin de les rattraper. Contre elle, Niels avait cherché à faire le vide, se concentrant sur cette joie qui emplissait son cœur maintenant qu'il pouvait sentir son parfum habiller les draps, sa chaleur se propager contre sa peau. Son corps se régénérait près du sien, et il se rendait compte que ce n'était pas tant le sommeil qui l'aidait, mais bien elle. Même avec sa moue endormie, il avait essayé de profiter de son baiser, juste avant qu'elle ne parte pour le boulot, se faisant la réflexion qu'il la rejoindrait plus tard dans la journée. Il tarda d'ailleurs à faire son apparition, après avoir continué de ranger leur appartement sans dessus dessous depuis quelques semaines. Il répondit à son regard taquin, conscient qu'elle faisait déjà tout ce qu'elle voulait de lui parce-qu'il n'avait aucune volonté lorsqu'il s'agissait d'elle. « Ok, c'est vrai, j'ai jamais rien pu te refuser. Mais c'est pas une raison pour en profiter encore plus. » Dit-il, d'un ton faussement exaspéré, alors qu'il savait très bien qu'à ce jeu-là, ils étaient tous les deux gagnants. Elle lui avait confié le fait qu'elle devait aller répondre aux questions des inspecteurs plus tard dans la journée, concernant la cavale avortée de son père. Il hocha la tête à ce qu'elle ajouta, lui faisant la promesse silencieuse qu'il ferait attention à lui, même à distance. « J'y serai, sans faute. » Promit-il, lui offrant un léger sourire. Il voulait être là pour elle, l'épauler, la rassurer, comprenant que ça ne serait pas facile de témoigner contre son géniteur bien qu'elle n'ait pas vraiment le choix. Il se mordit discrètement la lèvre inférieure quand elle le tenta avec ses mots, sentant déjà le désir se déferler en lui. « Ah oui ? Tu pourrais m'en dire plus, peut-être ? » Ajouta-t-il, d'un air presque innocent, venant s'accouder sur le comptoir pour caler son visage contre sa main, son regard détaillant chaque parcelle de son visage qu'il trouvait parfait. Il avait vite compris qu'il n'était certainement pas le seul à l'admirer de cette façon, les yeux des hommes autour faisant des aller-retours sur ses courbes avantageuses. Il roula des yeux, se faisant violence pour ne pas aller les remettre à leur place, avant qu'Aelya ne vienne s'approcher un peu plus de lui, jusqu'à déposer un baiser sur sa joue. « Je te veux que pour moi. » Répondit-il, la laissant s'éloigner pour servir ses clients, apportant sa bière à ses lèvres alors qu'il posa un regard suspicieux sur les autres hommes, préférant ne pas imaginer ce à quoi ils pensaient lorsqu'ils regardaient sa petite-amie de cette façon. « Je sais, faut que je fasse avec. » Dit-il, lasse, conscient des efforts qu'elle faisait pour lui, pour calmer sa jalousie. Son cœur se mit à battre plus fort lorsqu'il entendit ce qu'il avait besoin d'entendre, son regard devenant plus tendre. « Je t'aime aussi. » Répondit-il, mesurant son ton, comprenant qu'ils devaient cacher leur idylle. Il la regarda opérer son petit manège, ses yeux attirés par son décolleté qu'elle avait mis en avant, lui faisant secouer légèrement la tête de gauche à droite, un sourire amusé sur ses lèvres. « On ira où tu veux, et on fera ce que tu veux. Je m'occuperai bien de toi ce soir, j'aime pas te voir aussi tendue. » Souffla-t-il, lui adressant un clin d’œil joueur avant de boire une nouvelle gorgée de bière, son regard se posant aux alentours. « Elles commencent à quelle heure tes collègues ? » Se risqua-t-il à dire, voulant taquiner gentiment sa jalousie.

Il avait besoin de croire que rien ne pourrait plus jamais l'arracher à lui, qu'ils avaient passé les étapes les plus horribles de leur relation pour finalement entrevoir l'avenir ensemble. Sauf que c'était certainement bien trop optimiste de penser qu'on leur ficherait la paix aussi facilement, eux qui n'avaient jamais le droit à de vrais moments de répit. La vie avait beau avoir repris son cours, Niels savait que des choses plutôt inquiétantes se tramaient dans leur dos, et qu'à tout moment, on tenterait de les faire tomber, comme si on cherchait à leur faire payer le prix, celui de s'aimer. Il avait continué à se reposer lorsqu'elle était partie, plongé dans un demi-sommeil qui n'était jamais satisfaisant lorsqu'Aelya n'était pas avec lui. Se rendant là où son cœur l'appelait, il s'amusait de cette tension qui s'agitait au-dessus de leurs têtes, s'imprégnant des regards qu'elle lui lançait et qui en disaient bien long sur leurs envies mutuelles. Il haussa les épaules à sa remarque, faisant mine de rentrer dans son jeu. « On s'y fait à force. » Renchérit-il, comme s'il laissait penser que son affection s'apparentait à la pire des tortures. Elle savait mieux que quiconque combien il aimait ses marques d'affection et d'attention, se voyant complètement accro au contact de sa peau et de ses lèvres contre la sienne. Aelya était la seule qu'il désirait à ce point, la seule qui lui faisait tourner la tête à longueur de journée alors qu'elle ne daignait jamais quitter ses pensées. Il avait pris l'habitude de vivre avec son image incrustée dans son esprit, comme si ça lui permettait de l'avoir avec lui en tout temps, à tout moment. Ses pupilles devinrent légèrement plus dilatées à ses mots qui éveillaient sa curiosité et son envie, comprenant qu'Aelya ne l'aidait pas à calmer ses ardeurs en lui parlant de cette façon. « Je sais que je l'ai cherché mais... c'est sadique bébé. » Souffla-t-il, buvant une gorgée comme pour se donner une contenance, cherchant à penser à autre chose qu'à la façon dont il aurait aimé se fondre contre le corps de sa petite-amie. Il esquissa un sourire aux mots rassurants qu'elle lui glissa à l'oreille, appréciant sa manière de vouloir lui montrer qu'elle n'était qu'à lui, comme lui n'était qu'à elle. Il se sentait réellement chanceux de l'avoir, se demandant encore comment il avait réussi à séduire une femme comme elle, alors qu'un millier d'hommes lui tournaient autour constamment. « J'peux remettre mes talents de masseur à jour, si t'en as envie. » Proposa-t-il, souhaitant lui donner envie de vouloir ses mains sur son corps, là où elles étaient le plus douées. Il s'amusa de sa réaction, satisfait de son coup lorsqu'il aperçut la mine jalouse de la brune. « Comment ça je le mérite pas ? J'me trouve hyper patient là. » Ajouta-t-il, roulant des yeux. Il lâcha un rire à sa remarque, la regardant s'éclipser vers les vestiaires, comprenant déjà qu'elle allait avoir ce qu'elle voulait, incapable de ne pas la rejoindre en passant par l'extérieur. Un sourire aux lèvres, il avait repris sa planche, sortant du club pour longer le mur et apercevoir la silhouette d'Aelya devant la sortie qui menait aux vestiaires. Il s'approcha, le regard toujours brûlant, descendant de son skate avant de faire glisser sa main contre sa hanche, cherchant à l'attirer contre lui. « Tu me pardonnerais si je t'embrassais ? » Murmura-t-il, presque innocemment, faisant glisser ses lèvres contre sa mâchoire, remontant progressivement vers sa joue, tentant ses lèvres. « C'est hyper excitant d'être ton amant secret. » Il avait le corps en feu, et jouer au chat et à la souris avec elle n'arrangeait jamais la situation.

Il savait bien qu'Aelya craignait pour sa vie, parce-qu'il aurait été dans la même position si c'était elle qui avait reçu des menaces directes. Mais comme à son habitude, il voulait lui faire comprendre que ça ne l'effrayait pas, parce-qu'il était persuadé que ça n'était qu'une tentative de plus, du simple chantage pour tenter de les séparer. Ni plus ni moins. Peut-être qu'il se voilait la face, qu'il sous-estimait le sérieux des mots qu'il avait lu sur le portable d'Aelya, mais il n'avait vraiment pas envie de se torturer l'esprit avec ça, préférant profiter de cette liberté qui s'offrait à eux, celle dont ils pouvaient se délecter maintenant que leurs mains s'étaient de nouveau trouvées. Et d'ailleurs, elle n'avait pas idée d'à quel point elle pouvait l'embraser de par ses mots et ses regards, Niels sentant une douce chaleur s'insinuer dans chacune de ses cellules. Elle était bien trop forte à ce jeu-là, et très souvent, c'était lui qui finissait par lui céder. Mais là tout de suite, il n'y avait aucun échappatoire, parce-qu'ils étaient au beau milieu du club, entourés d'autres clients, et céder n'était clairement pas une option qu'ils pouvaient envisager. Il prit une plus grande inspiration à ses mots, se repositionnant légèrement sur son tabouret. « T'es horrible avec moi... » Murmura-t-il, maintenant son regard qui semblait aussi brûlant que de la braise, au même titre que son corps qui réagissait aux avances de la brune. Il fut presque satisfait de la voir répondre à quelques clients, lui donnant la possibilité de reprendre ses esprits, conscient que les journées seraient longues si elle continuait de le tenter de cette façon. Il lui fit part de son envie de prendre soin d'elle lorsqu'ils se retrouveraient tous les deux, s'imaginant lui faire passer un bon moment de détente, chose qui était à sa portée. Il fut satisfait de sa réponse, un léger sourire venant étirer ses lèvres avant qu'il ne se mette à jouer avec sa patience, attisant sa jalousie pour se venger gentiment de la façon dont elle le tentait depuis qu'il était arrivé. Il lâcha un rire à sa réplique, secouant négativement la tête en la voyant partir sans lui adresser un regard, se voyant dans l'obligation d'aller la rejoindre. Attiré par elle, il se posta tout près de son corps, aidé par le mur pour lui soumettre son emprise, ses doigts se frayant un chemin jusqu'au creux de ses reins. Ses lèvres vinrent caresser sa joue, sa mâchoire, s'approchant de la commissure de ses lèvres avant de les attraper fiévreusement, dans un baiser qui trahissait les envies qui secouaient ses entrailles. « Ça va être long si j'dois venir te voir tous les jours pendant une semaine... » Souffla-t-il, après avoir rompu leur échange, l'amusement s'emparant de ses traits. Il contracta les muscles sous l'effet des frissons qui parsemèrent sa peau lorsque les mans d'Aelya vinrent glisser sous son t-shirt. « Moi aussi, tu me rends dingue. » Dit-il, tout près de son oreille, venant mordiller son lobe. Il arqua un sourcil à ce qu'elle ajouta, prenant une mine faussement déçue, rompant leur proximité. « Comme je ne suis qu'un client, on devrait éviter de se voir ici alors. » Dit-il, rentrant dans son jeu. « Tant pis, j'aurais essayé. » Haussa-t-il les épaules, feignant d'être sur le départ avant de perdre son sérieux, attiré de nouveau par ses lèvres dont il s'empara une nouvelle fois. « Je vais y aller, je voudrais pas arriver en retard tout à l'heure. » Avança-t-il, déposant quelques baisers vifs sur ses lèvres, avant d'attraper son skate. « Je t'appelle quand je pars, ok ? » Dit-il, cherchant à la rassurer sur le fait que tout irait bien, et qu'ils se verraient bientôt. « Je t'aime. » Murmura-t-il, tendant la nuque pour lui demander un dernier baiser, avant de s'élancer pour rejoindre l'appartement où habitait son meilleur ami.

Ils avaient tous les deux expérimenté la peur de perdre l'autre, alors que la mort était venue les frôler tour à tour, comme pour les mettre en garde de leurs comportements à risque. Niels se rappelait très bien du désespoir qui s'était insinué dans ses veines, ce vide qu'il avait ressenti en entendant le moniteur n'émettre qu'un son droit, continu, lui faisant comprendre que le cœur d'Aelya ne battait plus. Et c'était sans doute la pire sensation qu'il n'ait jamais ressenti, parce-que son monde s'était écroulé à la seconde où il avait intégré le fait qu'il ait perdu son unique amour, la seule avec qui il souhaitait passer le reste de ses jours. Et lorsque le miracle avait eu lieu, il avait compris qu'il ne pourrait jamais vivre sans elle, parce-qu'elle représentait à elle seule sa raison de respirer, de vivre, et qu'il n'y aurait aucun avenir viable si elle n'était pas là. Son regard devint plus brillant à sa remarque, se voyant incapable de la contredire. « Ça m'arrange, ouais, mais seulement quand on est que tous les deux... » Répondit-il, lui rappelant que d'habitude, ils n'avaient pas besoin de se demander s'ils gênaient les autres, parce-qu'ils n'étaient qu'à deux, se rendant mutuellement dingues. Là, les choses étaient différentes et semble-t-il que cette fois-ci, il n'y aurait aucun moyen de faire taire cette frustration grandissante. Malgré tout, Aelya avait trouvé le moyen de s'éclipser pour prendre sa pause, son absence se répercutant déjà sur le cœur de Niels qui ne supportait plus de la savoir aussi loin de lui, s'empressant de la rejoindre, discrètement, comme deux amants qui devaient cacher leur relation interdite. Il se délecta de la pression de ses lèvres sur les siennes, fermant les yeux pour noyer son envie d'aller plus loin, peinant à se détacher d'elle. « On sait tous les deux que tu le seras pas... » Souffla-t-il, contre ses lèvres, amusé par leur manie d'être toujours indomptables lorsqu'il s'agissait de se tenter mutuellement. Il fondit une nouvelle fois contre sa bouche, frissonnant au passage de ses mains sur son corps, les siennes se forçant à ne pas lui enlever les vêtements qui habillaient sa peau. Il lui adressa un sourire tendre en rompant le baiser, faisant quelques aller-retours pour s'imprégner de son contact au maximum, comprenant qu'il était bientôt temps pour lui de filer chez Azriel. « Promis bébé. » Dit-il, l'embrassant une dernière fois avant de repartir dans le sens inverse, glissant sur le bitume jusqu'à atteindre le bâtiment d'Azriel. Passant quelques minutes avec son ami, il avait vu l'heure tourner, se rendant compte qu'il devrait déjà être en route pour le poste de police afin de rejoindre sa petite-amie. Il salua le brun, se dépêchant de monter sur sa planche, en oubliant même qu'il aurait du envoyer un message à Aelya pour la prévenir qu'il était en route. Tout ce à quoi il pensait à ce moment, c'était de dévaler les rues pour ne pas arriver en retard. Heureusement pour lui, les rues étaient vides, lui permettant de prendre tout l'espace qu'il désirait sur la route, chose qui était beaucoup trop dangereux lorsqu'il y avait de la circulation. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter alors qu'il s'approchait du poste, si ce n'est cette voiture qui était arrivée d'en face, postée depuis quelques minutes, attendant qu'il traverse la rue pour venir le faucher en plein élan. Puis soudainement, le vide s'était installé en même temps qu'il s'était vu projeté à des dizaines de mètres du lieu de l'impact, son corps inanimé jonchant le sol. En quelques secondes, il s'était vu incapable de bouger, discernant à peine ces deux hommes qui étaient sortis de la voiture, venant probablement vérifier son état, le tirant dans une ruelle sombre comme dans un désir de se débarrasser de lui. Niels avait compris le manège en entendant leurs voix. C'était eux. Ils étaient venus mettre en oeuvre leur vengeance, celle qu'ils leur avaient promis de tenir pour leur faire comprendre qu'ils n'auraient jamais dû jouer avec eux. Le laissant pour mort derrière eux, ils étaient repartis en courant jusqu'à leur voiture, démarrant avec une rapidité sans nom, leurs pneus crissant sur le goudron. Sentant la vie lui échapper, Niels avait pensé à sa petite-amie, qui devait certainement s'inquiéter de ne pas le voir arriver, son coeur se resserrant en comprenant qu'il allait probablement y rester, là, à seulement quelques mètres d'elle, sans avoir la possibilité de revoir son visage une dernière fois. Dans un dernier effort, il avait bougé sa main, tâtant autour de lui jusqu'à sentir son portable sur le sol, à quelques centimètres de ses doigts. Il ignorait à quoi ça lui servirait, parce-qu'il ne pouvait plus émettre le moindre son, son corps totalement paralysé par le choc qu'il venait de subir. Et pourtant, il s'évertuait à appuyer sur les touches pour trouver le numéro d'Aelya, comme s'il désirait lui laisser un dernier message, une preuve, un quelque chose qui lui confirmerait qu'elle était la dernière personne qu'il voulait avoir en tête avant de s'envoler pour un sommeil éternel. Parce-qu'il n'y avait probablement plus d'espoir pour lui, et il le comprenait, et même l'acceptait. La vie était cruelle avec eux, depuis le début, c'était sans doute pour cela que Niels n'arrivait pas à être surpris par cette fin brutale. Sans savoir comment, il avait réussi à déclencher un appel, à destination de la femme qui le faisait rêver et qui arriverait toujours à le faire, celle pour qui il aurait donné sa vie. Il l'aimait et savait au moins qu'il l'aurait aimé toute sa vie, jusqu'à son dernier souffle, comme il se l'était toujours promis.

Niels désirait être présent à chaque étape importante de sa vie, être l'épaule sur laquelle elle pouvait se reposer lorsqu'elle se sentait faiblir. Il voulait être son compagnon de vie et d'infortunes, parce-que c'était ce qu'il lui avait promis en acceptant de lier son âme à la sienne. Et évidemment, il voulait être là pour la protéger, pour faire rempart à la souffrance qui tenterait de pénétrer ses entrailles lorsqu'elle se retrouverait devant les inspecteurs, obligée de trahir son père pour se préserver. Il regrettait franchement qu'elle soit obligée de faire un choix, entre l'homme qui l'avait élevé, et lui, qui n'était pourtant qu'une petite partie de sa vie, une pièce qui était venue se rajouter à son existence. Mais lorsqu'il la regardait, quand son cœur se déchaînait dans sa poitrine, il savait qu'il n'y avait pas d'autre moyen que d'en arriver à cette décision déchirante pour elle. S'ils voulaient être ensemble, ils devaient faire des sacrifices. Il esquissa un sourire à ce qu'elle lui répondit, subjugué par elle et sa manière d'alimenter la tension déjà bien trop présente, malmenant son corps épris d'un désir inarrêtable. Parce-qu'il n'avait qu'une hâte à présent, c'était de la retrouver plus intimement, à l'abri de tout regard, là où il pourrait lui montrer combien il la désirait. Il sentit d'ailleurs la chaleur s'insinuer un peu plus en profondeur lorsqu'il eut rejoint ses lèvres, incapable de résister à leur appel, conscient qu'il n'arrangeait lui-même pas les choses en l'embrassant de cette manière. « Tu peux. » Répondit-il, sur le même ton qu'elle, son regard répondant au sien alors qu'ils savaient déjà tous les deux qu'ils ne pourraient jamais se voir sans ressentir l'envie de se tenter. Et fallait croire que c'était sûrement le jeu auquel ils préféraient jouer. Il l'avait laissé à contre cœur, lui promettant d'arriver à temps pour sa convocation, souhaitant être là pour elle. Et en s'élançant vers le poste de police, il n'avait pas prévu que tout basculerait si rapidement, trop rapidement. Le destin s'était de nouveau joué de lui, se permettant de le faucher alors qu'il s'apprêtait à rejoindre son âme-sœur. Et le temps s'était comme soudainement suspendu, alors que Niels comprenait que sa vie ne tenait plus qu'à un fil, son corps gisant sur le sol sans qu'il ne puisse y faire quoique ce soit. Pour la première fois, il avait l'impression que le combat ne valait pas le coup, comme s'il envisageait déjà l'abandon avant même de commencer. Parce-qu'il était trop faible pour s'imaginer survivre, même si son cœur lui ordonnait de se battre pour Aelya, sa raison venait amoindrir l'espoir qu'il avait en lui. Dans un dernier mouvement, il avait cherché son portable sur le sol, plongeant ses doigts dans un liquide chaud, probablement son propre sang, avant de trouver l'objet sur lequel il appuyait en aveugle, jusqu'à entendre le bip qui lui confirmait qu'il avait réussi à appeler Aelya. Il attrapa son portable, peinant à l'approcher de son visage, entendant finalement la voix de sa petite-amie à l'autre bout du fil, teintée de déception. Son cœur se délita, et malgré toute la volonté qu'il y mettait, il se voyait incapable d'émettre la moindre phrase, ses poumons comme emprisonnés dans ce corps qui ne semblait plus fonctionner. Il peinait à respirer normalement, chaque mouvement lui faisant mal, alors qu'il se forçait à émettre des gémissements à peine audibles, dans l'espoir qu'elle puisse comprendre qu'il n'avait jamais cherché à l'abandonner. Il imaginait son visage, ses mains réconfortantes venir panser ses blessures, son corps endolori, comme elle le faisait à chaque fois, cherchant à oublier qu'il était seul et mourant sur ce goudron froid, loin d'elle, de son cœur qui répondrait éternellement au sien. Puis finalement, il avait senti la douleur se dissiper progressivement, en même temps qu'il avait fermé les yeux, concentré sur les battements de son cœur qui s'étaient faits de moins en moins rapides, comprenant que la mort cherchait à le soulager.