Un deux trois...et que ça saute! Clark

i am tired of seeing pretty people everywhere
i am not a model, middle fingers in the air
i used to drink whiskey, now i'm stuck with Perrier
i'm an alcoholic, middle fingers in the air

Son téléphone vibra dans la poche gauche de son pantalon de survêtement. Y glissant sa main, elle lu l'aperçu du message qui s'y affichait. Jared. Sans en lire davantage, elle laissa le terminal glisser de nouveau dans sa poche, juste après avoir changé de musique. Les airs de Missio trottaient désormais dans son esprit via ses écouteurs, et autant dire que la jeune femme était sacrément tentée d'en fredonner l'air. Elle continua sa route, rabattant la capuche de son sweat sur sa chevelure bleue. Distraite, elle songea à la prochaine couleur qu'elle pourra leur donner une fois qu'ils auront perdu de leur éclat. En somme, un schéma de pensées qu'elle répétait souvent histoire de s'occuper. Et parce que c'était peut-être la seule chose qui la faisait foncièrement ressembler à une fille dans sa tête. Non pas qu'elle était un garçon manqué, mais elle donnait souvent l'image d'un vrai vrai bourrin aux yeux d'autrui.

Elle n'avait pas davantage pressé le pas, et lorsqu'elle parvint enfin à hauteur de Jared au sein de cette espèce de parc forestier, elle retira un écouteur, et croisa les bras sur sa poitrine. « Tu voulais m'voir ? » lança-t-elle dans un premier temps, sachant pertinemment que simuler l'ignorance de ce pour quoi ils étaient là allait l'agacer.

i'll just keep on throwing middle fingers in the air

A la vue de sa réaction, la jeune femme haussa simplement un sourcil, davantage par réflexe que par réelle intention. Autrement, son visage demeurait parfaitement insensible. Ses iris d'un bleu polaire transperçaient son interlocuteur, conservant cet éclat glaçant et glacé. Dans tous les cas, Clark n'avait jamais apprécié la critique facile et gratuite. En somme, la critique pas franchement constructive. Elle ne put s'empêcher de répliquer, n'ayant jamais eu la langue dans sa poche. « T'as loupé ta vocation d'agent d'intérim, on dirait. » Un léger rictus redressa le coin de ses lèvres, soulignant ses paroles à vocation purement ironique. Mais en même temps, le cynisme c'était la forme d'humour qu'avait toujours le plus apprécié la toute fraîche bowenienne. La brise agitait quelques mèches de ses cheveux, et elle fronça faiblement les sourcils à sa petite tape. Elle se trouvait d'humeur relativement clémente aujourd'hui. « Tu risques de t’essouffler avant moi, papy. » On ne lui reconnaîtra pas la qualité d'être mature en cet instant, mais Clark n'avait pas franchement l'impression d'être traitée comme une adulte dans cette histoire. Jared avait le don de l'agacer. Pourquoi se sentait-il obligé de la faire chier pour se débarrasser de sa dépendance ? Et surtout, il pensait vraiment qu'un footing allait la sortir de ça aussi facilement ? Après tout ils se connaissaient à peine, seulement depuis quelques semaines, et il semblait déjà sacrément engagé dans un combat qui ne le concernait même pas. Conservant ses bras croisés contre sa poitrine, la jeune femme ne semblait pas très motivée pour autant. « T'as pas mieux à faire aujourd'hui, sérieux ? »

J’y songerai tu crois que je suis trop vieux pour reconvertir ?
Demandai-je narquois avant de faire bouger mes épaules en petit cercle pour les échauffer et les détendre. J’étirai les bras au-dessus de ma tête. Lui jetant un regard en biai. Elle croyait vraiment ce qu’elle disait ? Elle n’avait pas fini d’en baver étant donné que je m’accordais un footing deux à trois par semaine. Je ne cherchais pas à surpasser mes limites mais j’avais acquiert au fil du temps un rythme plutôt soutenu que je ne comptais bien sûr pas prendre aujourd’hui ne connaissant pas les capacités de la jeunette aux cheveux aux multiples couleurs.
Non ça tombe bien je suis tout à toi !
Lui lançais avec ironie avant de lui faire un signe de tête pour lancer le départ. Je mis en courir me calant au rythme de Clark.

i don't like the music other people tend to share
Hate your loser lyrics, middle fingers in the air
i'm a starving artist nowhere close to millionaire
i prefer my Kia, middle fingers in the air

Ses yeux se levèrent vers le ciel à sa première réponse. Bien sûr, il était trop tordu pour rentrer dans son petit jeu immature. Enfin, qui avait commencé le premier ? C'était encore à déterminer. Même si Clark avait été au courant des habitudes sportives de Jared, elle ne se serait pas gênée pour le provoquer. Provoquer ? C'était un grand mot. Elle était capable de bien mieux, dans ce domaine. Lorsqu'il sortit sa deuxième phrase, elle ne put retenir un rire bref mais sincère. Mais pour ainsi dire moqueur. « Oh non, dis pas un truc comme ça. J'vais avoir ta meuf sur le dos. » Et son léger rire s'éteignit suite à cette pique bien visée. Ce n'était un secret pour personne que la jeune recrue du groupe en pinçait pour le patron du QG. Quelle recrue, d'ailleurs. Mpf. Résignée par cette tête de lard, Clark commença à courir calmement, sans même se donner la peine d'attendre son coach imposé. Au moins, si elle faisait ce qu'il lui disait, elle sera tranquille plus rapidement et pourra vaquer à ses occupations. Et son programme était déjà tout tracé : rentrer chez elle et profiter de l'absence d'Ava pour passer du temps avec son bon vieux pote. Netflix.

La remarque sur ma meuf imaginaire me laissa perplexe. Je lui lançais un regard incrédule ne comprenant pas où elle voulait en venir. J’avais quand même ma petite idée même si pour moi tout cela était impensable et complètement surréaliste. June m’en avait parlé deux trois fois de cette impression que Malia avait tendance à me tourner autour mais je prenais ça pour des gamineries de jeune adulte voulant grandir trop vite à s’attacher à un homme plus vieux qu’elle. Nous courûmes l’un à côté de l’autre en silence à travers bois, le soleil perçant la cime des arbres avec timidité nous plongeant dans une sorte de torpeur féérique et rêveuse. J’adorai ce genre de matin où le froid embaumé l’air et où le brouillard glissait encore sur le sol fuyant les quelques rayons du soleil.
Je ne te dirai pas que la drogue c’est mal…ça fait vraiment le vieux con qui n’a rien compris…
Ce qui était surement le cas à dire vrai mais je continuai avec haussement d’épaule.
Qu’est ce qui t’as fait plonger dedans ?