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↳ personnages attendus

Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 the great divide (ella)

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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyDim 23 Juin - 13:19

Ella, elle, savait quand son insouciance s'était envolée. C'était quand son enfance avait pris fin alors qu'elle posait les yeux sur Noah pour la première fois. Depuis qu'elle avait croisé ses deux petites billes bleues, elle avait appris à vivre pour quelqu'un d'autre. Elle avait mûri subitement pour protéger un être plus petit qu'elle.Pour Mali, c'était une suite d'événements qui l'avait rendu moins insouciant. C'était le parcours d'une vie. « Ajoutons à cela les années qui passent, aussi. » ajouta-t-elle, malicieuse. Mais c'était vrai, chaque année de plus faisait mûrir et rendait plus prudent. Même si Mali semblait garder tout de même un train de vie trépidant, grâce à ses activités auxquelles il tenait tant. Elle se mit à rire quand il parla d'insonorisation, jetant un rapide coup d'oeil vers l'étage où Noah était monté. « Visiblement, c'est bien insonorisé. Sinon, il serait directement descendu à l'évocation du mot moto. » dit-elle en reposant un regard complice sur Mali. Si Ella espérait que Noah oublie toute possibilité d'avoir une moto, Mali, lui, semblait partant pour que ses petits guerriers le suivent dans toutes ses activités. Il avait les yeux brillants de fierté quand il en parlait, si bien qu'ELla ne pouvait se départir de ce sourire qu'elle avait sur les lèvres. « Avec tout ce que tu fais, ça m'étonnerait qu'ils n'aient pas au moins une activité commune avec toi. Surtout qu'ils baignent dedans depuis qu'ils sont tout petits... » C'était comme une tradition familiale, à laquelle les membres ne pouvaient déroger. Et si vraiment il ne trouvait personne pour venir avec lui, elle glissa subtilement son envie de l'accompagner. C'était culotté mais au moins, c'était dit. C'était aussi une manière dissimulée de lui dire qu'elle espérait bien le revoir. Ce serait dommage de s'arrêter en si bon chemin. Encore plus quand les confidences suivaient. Maliyan lui parla de sa femme, de ses problèmes et des raisons de son départ. Et Ella l'écoutait. Non pas par politesse, tels les deux inconnus qu'ils étaient encore, mais avec une réelle attention, sincère et intangible. Elle espérait qu'il puisse mettre un jour le point final sur ses interrogations, mais comme il le disait seul l'avenir le lui dira. « C'est ça... » Mais en attendant, elle espérait qu'il prenne le recul nécessaire, qu'il apprivoise sa douleur pour partir sur de nouvelles bases, peut-être plus saines. Elle lui adressa un léger sourire quand il approuva ses paroles qui mettaient en avant cette peine à affronter. « Mais ce n'est pas toujours simple à faire. » conclut-elle, se doutant que ce n'était pas les quelques paroles d'une pauvre petite locataire qui allaient le faire réagir. Il fallait juste éviter qu'il ne se renferme de trop afin d'éviter l'implosion. Puis à son tour, ce fut Ella qui se confia. Sur son fils, sur le père et l'abandon qu'elle avait connu. Son refus d'avorter lui avait fait perdre son petit ami mais lui avait fait gagner l'amour d'un fils. Ce n'était pas si triste, finalement. Mais la suite des confidences était remise à plus tard. Ou au lendemain, si l'on se fiait à cette envie commune de se revoir.


Quand Maliyan arriva au loin, le fameux lendemain, Ella ne put s'empêcher de montrer l'engin impressionnant sur lequel il était arrivé. Ce n'était pas la petite moto, mais celle qu'il ne fallait pas mettre dans toutes les mains. Alors, quand le jeune homme lui demanda si elle était déjà montée sur une moto, elle secoua la tête : « Non, jamais. Je n'ai pas osé. » Par peur peut-être. Ou parce qu'elle n'avait confiance en ceux qui lui avait proposé. S'installant à une table, elle lui fit part de sa journée, expliquant qu'elle avait peut-être trouvé un nouveau boulot. Ce qui lui enlèverait une belle épine du pied, financièrement parlant. « A la petite épicerie en bord de plage. Ce sont surtout les horaires qui m'arrangent. Comme ça, je ne laisserai pas Noah seul trop longtemps à la maison. » Noah dont elle venait de dire qu'elle avait réussi à le refiler pour la soirée. Ella se mit à rire face à son clin d'oeil complice. « Enfin quelqu'un qui a tout compris ! » Une mère avait le droit de tout dire... ou pas. Mais cela avait au moins le mérite de la faire déculpabiliser. Déculpabiliser d'être une femme pour la soirée et non pas une mère. Quand elle retourna sa question, elle fut surprise : « Pourquoi ? Tu travailles dans quoi ? » Pour dire cela, il devait sûrement enchaîner les petits boulots pourris. Tout comme elle. Mais il avait ce moment relaxe pour compenser, comme il le disait et qui fit sourire la brune. Le serveur amena les menus, mais ni l'un ni l'autre ne semblaient vraiment intéressés par ce qui était écrit. Il avait repensé à leur conversation. Elle aussi y avait beaucoup pensé, d'ailleurs. Quand elle comprit qu'il avait eu l'impression d'être l'unique centre d'attention, elle lui adressa un sourire : « En même temps, quand on rencontre une personne aussi intéressante que toi, on ne peut qu'en faire le centre de l'attention. » Estimant que cela pouvait passer pour une phrase de drague toute pourrie, elle ajouta : « J'aime écouter les gens passionnés, c'est tout. » Elle aimait les gens, tout simplement. « Si ça peut te faire déculpabiliser, sache que j'aime tout ce qui touche à l'art, à la créativité. J'aime le dessin, la photographie. Mais ce qui me passionne plus que tout, c'est la danse. Je trouve que le langage du corps est plus fort que les mots. » Elle haussa les épaules, avant de reprendre : « Mais bon, je n'ai plus le temps de danser autant qu'avant, et c'est bien quelque chose qui me manque. » C'était son exutoire, son moment à elle qu'elle devait à tout prix rétablir. « Et toi, tu danses ou ce n'est pas du tout quelque chose que tu fais ? »
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyVen 28 Juin - 17:17

Les années qui passent, certes, et toutes ces embûches de ta vie qui t’avaient fait escalader des murs, de ceux qu’on ne retrouve pas en nature, de ceux qu’on ne retrouve pas matériellement même. Des murs de sagesse, de raison, des murs qui t’avaient mené à être davantage adulte à chaque fois que tu te hissais un peu plus par-dessus les épreuves de ta vie. Heureusement, tu réussissais à garder contact avec tes passions et tes petits bonheurs au quotidien, qui ne se limitaient pas qu’à tes enfants évidemment. Tu ne t’étais jamais réduit qu’à ton rôle de père, même s’il composait certainement la plus grande partie de ta personne, tu avais bien d’autres horizons à couvrir. Et si parfois le temps manquait un peu, tu n’oubliais jamais. Tu ris, tout aussi complice, en parlant de la bonne insonorisation de la maison puisque Noah n’était pas descendu en flèche en vous entendant parler. S’il avait été ton enfant, ou si Miro présentait plus tard un intérêt aussi prononcé pour la moto, tu te réjouirais, contrairement à Ella. « J’espère que t’as raison. » Répondis-tu simplement lorsque la jeune femme t’affirma que tu aurais au moins une activité en commun avec tes enfants, vu tout ce que tu faisais déjà. Tu semblais peut-être faire beaucoup de choses, certes, mais c’était surtout du sport, de l’activité bien physique. Si tes enfants étaient plus du genre artistes, tu n’aurais pas grand-chose à partager avec eux. Tu apprendrais, c’est tout. Pour eux, t’apprendrais tout. À commencer par te guérir un peu toi-même, parce que malgré les apparences, le départ de Marlee t’affectait à chaque jour, chaque heure, chaque minute. Son absence te pesait, autant pour ton cœur que pour ta tête complètement désorganisée. Tu rangeais juste la douleur dans un coin éloigné du casse-tête de tes pensées, pour laisser toute la place possible à tes deux enfants. Comme disait Ella, ce n’était pas toujours facile, de tourner la page. Tu haussas les épaules. « J’apprends avec le temps que y’a rien qui soit vraiment simple à faire. » Tu esquissas un sourire, avant de laisser la mère de Noah se confier à son tour sur le père de ce dernier, sur sa fuite, sur cette monoparentalité dans laquelle elle avait été plongée dès le début. Et puis vint le temps pour toi de partir, mais ce n’était que partie remise. Demain, et t’en étais déjà impatient.

***

Tu inclinas légèrement la tête avec un sourire alors qu’Ella t’affirmait n’avoir jamais osé monter sur une moto. Elle n’avait visiblement pas peur que pour Noah, mais pour elle aussi. « Est-ce que tu oserais ce soir ? Je t’emmènerai faire un tour après, si t’as envie d’essayer. Renouer avec l’insouciance. » Dis-tu, clin d’œil à votre conversation de la veille durant laquelle vous aviez tous les deux affirmé que celle-ci s’était envolée avec le temps. Tu t’installas ensuite face à elle, à une table, engageant une conversation des plus légères pour prendre de ses nouvelles, même si votre dernière rencontre ne remontait pas à bien loin. « Oh oui, je connais la place, j’y ai déjà bossé quand j’suis arrivé ici. Ça fait très longtemps alors ça a peut-être changé. J’espère que tu t’y plairas. » Tu souris. Toi, tu te plaisais nulle part, alors tu n’étais pas vraiment une référence. Encore moins quand t’avais quinze ou seize ans et que tu devais aligner les pommes en de parfaites lignes sous peine de te faire réprimander. Suite à ton propre commentaire sur ton boulot actuel, Ella te questionna sur celui-ci. « Je suis concierge dans une école, disons que j’ai déjà assez de ma maison à nettoyer à toutes les cinq minutes après le passage de Miro et Lowanna. » Tu ris, mais soyons honnête, si tu prenais le temps de faire le ménage à l’école parce que t’étais payé pour ça, il n’en était rien lorsque tu étais chez toi. C’était le bordel, un peu comme ça l’était dans ta tête. Là-dessus, c’était surtout ta mère qui contribuait, en gardant un minimum d’ordre. Le serveur vous amena alors les menus mais vous les déposiez tous les deux face à vous sans même y jeter un coup d’œil. Tu t’excusas alors d’avoir monopolisé la conversation, la veille. C’était du moins l’impression que t’avais eu en te repassant votre rencontre dans ta tête – et tu l’avais fait beaucoup, peut-être un peu trop. Aux paroles d’Ella, tu ne pus t’empêcher de sourire bêtement, avant d’hocher la tête lorsqu’elle ajouta aimer écouter les gens passionnés. « Merci du compliment, ça fait plaisir à entendre. » Dis-tu avec sincérité. Puis, elle s’ouvrit à toi, te parlant d’elle et de ce qu’elle aimait. Tu l’écoutais, les yeux brillants et pendu à ses lèvres. T’en oubliais carrément le loyer. T’en oubliais tout, même. T’étais le grand sportif, elle était la grande artiste, visiblement. « C’est beau ce que tu dis. Je t’avoue que je n’avais jamais vraiment regardé une danse en songeant au message derrière le mouvement, à l’histoire que ça pouvait raconter. » Tu n’avais sans doute pas assez l’œil, ni les connaissances. « Tu dansais seule, ou dans une troupe ? » T’intéressas-tu. Il était dommage qu’elle n’ait plus le temps de danser autant qu’avant, tu voyais dans son regard qu’une lueur s’était allumée lorsqu’elle en avait parlé. Quand elle te demanda si toi, tu dansais, tu ris. « Oh, plus depuis bien longtemps, et les danses que je faisais n’ont sans doute rien à voir avec ce que tu connais. C’était plus une pièce de théâtre qu’une danse, j’ai l’impression. » Peinturés de blanc, dans vos plus simples habits ou presque, t’avais souvent dansé lors des fêtes kuku yalanji. Et vous racontiez des histoires à travers ces danses aborigènes alors sans doute comprenais-tu ce qu’Ella avait dit sans même t’en rendre compte. « Tu dansais quel style ? » T’étais pas un pro, tu connaissais les grandes catégories. Tu imaginais étrangement Ella davantage en ballerine, elle avait du moins le corps et la délicatesse pour.
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyJeu 25 Juil - 8:02

Les obstacles de la vie. Les murs qui se dressent. Les petits bonheurs. Les victoires. Mali et Ella savaient que chaque moment, chaque difficulté les faisait avancer dans la vie, les faisait grandir de jour en jour, en même temps que leurs enfants. C'était sûrement pour cela – parce qu'ils vivaient la même chose, parce qu'ils partageaient la même philosophie de vie – qu'une complicité naturelle s'instaurait entre eux. Alors qu'il était venu pour son loyer, ils avaient fini par mettre des mots sur leurs histoires, sur leurs façons de vivre. C'était une bien belle façon de faire connaissance parce que les sujets de conversation s'enchaînaient avec une facilité déstabilisante. Ella était une femme sociable, certes, mais il était rare qu'elle parle de Noah, de ce qu'elle avait vécu à des personnes qu'elle ne connaissait qu'à peine. Au fond, c'était comme si elle avait toujours connu Mali. Il y avait des personnes qui, au détour de quelques mots, vous semblaient familières, vous poussaient à vous confier sans méfiance. Et quand il lui avait raconté son histoire, sa peine de cœur, le départ de sa femme, Ella avait exprimé son avis. Elle avait mis en avant le fait qu'il devait penser à lui. Qu'il devait se reconstruire, lui aussi. Cela pouvait passer pour de l'impolitesse, pour une curiosité malvenue, mais le regard empreint de douceur qu'elle avait posé sur lui démontrait toute l'attention qu'elle lui portait. Elle ne lui voulait que du bien. Elle avait esquissé un sourire quand il lui ajouta simplement qu'avec le temps, il avait compris que rien n'était simple. « Et c'est ça qui fait que l'on aime tant vivre... » Si c'était simple, on n'apprécierait plus ces moments de bonheur après une traversée du désert. Sur ces mots, ils se quittèrent, déjà impatients à l'idée de se retrouver le lendemain.

Quand elle s'était rendue sur le lieu de rendez-vous, Ella s'était demandée si la complicité qu'ils avaient vécu la veille se retrouverait aujourd'hui même. Quand Mali arriva sur sa moto et qu'il lui proposa une virée, la brune comprit que oui, la complicité était toujours là. Il savait trouver les bons mots. Il lui rappela ce qu'elle avait dit la veille, en ce qui concernait l'insouciance, ce qui la fit relever la tête vers lui, un sourire malicieux sur le coin des lèvres : « Je suis partante. Soyons insouciants. » Elle n'était pas sereine, mais s'il fallait monter sur une moto, elle préférait largement que ce soit Mali le conducteur. Il lui inspirait confiance. S'installant face à lui, elle lui annonça avoir trouvé un nouveau travail. Un travail que Mali avait déjà fait. Au même endroit. « Vu l'âge des patrons, je pense que ça doit être les mêmes que toi. » plaisanta-t-elle. Mais c'était ça qui avait fait embaucher Ella. Ils voulaient lâcher un peu l'épicerie et renforcer l'équipe pour s'octroyer un peu de répit. Mali lui expliqua, à son tour, être concierge dans une école, ajoutant une petite touche d'humour en évoquant sa maison après le passage des deux tornades. Ella se mit à rire et posa une main sur le bras de Mali, dans un geste complice et compatissant. « J'imagine déjà l'état de la maison avec deux enfants, alors je compatis sur l'état de l'école après une cinquantaine de gamins. Courage! » s'amusa-t-elle à répondre, taquine. Posant la carte face à elle, Ella fut surprise d'entendre Mali s'excuser d'avoir monopolisé la conversation. Ce n'était pas l'impression qu'elle avait eu. Et même si cela l'était, Ella n'avait pas fait attention à cela, ayant tant aimé l'écouter parler. Elle lui en fit d'ailleurs part en mettant en avant la personne passionnée qu'il était. Un compliment qu'il accueillit avec un grand sourire. « ça fait plaisir de le dire aussi. » ajouta-t-elle en souriant. Il y avait tellement de non-dits dans la vie que la brune ne craignait jamais de faire des compliments.Elle savait à quel point cela pouvait être important. Mais pour déculpabiliser Mali, elle énonça à son tour ce qui l'animait, ces passions qui la faisaient se sentir vivante. Mali était l'aventurier, celui qui était en harmonie avec la nature. Ella était la rêveuse, celle qui était en harmonie avec les mots, les traits de crayon et les notes de musique. La danse avait d'ailleurs été un réel échappatoire. Elle avait su évacuer ses sentiments, ses colères, ses rancoeurs au travers des mouvements du corps. La danse, c'était un discours corporel. On n'avait pas besoin de mots pour transmettre un message. « Pourtant, chaque danse délivre un message. Même en boîte de nuit, quand tu te déhanches pour séduire, ça fait passer un message. C'est juste qu'on prête pas attention sur ledit message, ça se fait naturellement. » Elle se mit à rire. Elle avait pris un exemple extrême : la danse en boîte. Mais ça montrait que la danse pouvait être un moyen de séduction, parfois une forme de rébellion, un moyen de confronter les milieux sociaux, aussi. « J'ai failli entrer dans une troupe, mais j'ai eu Noah entre temps. Et après, les quelques cours que j'ai pris, c'était surtout fait pour s'amuser, pour s'aérer l'esprit après de longues semaines. » répondit-elle en souriant. Puis il lui confia qu'il avait dansé lui aussi. Même s'il assimilait davantage cela à une pièce de théâtre, ce qui attisa la curiosité de la brune. Mais elle ne put en savoir davantage puisqu'il lui demanda rapidement quel style de danse elle avait fait. « J'ai essayé pas mal de style, à vrai dire. Quand j'étais petite, ma mère m'a inscrite aux cours de danse classique. Mais j'ai vite délaissé le tutu et les pointes pour la danse contemporaine. J'ai aussi fait de la danse de salon, en couple. Mais si je devais rester sur un seul style, ce serait la contemporaine, sans hésiter. Ça m'a permis de mieux accepter ma grande taille et mes longs bras. » ajouta-t-elle en riant. Elle avait souffert d'être plus grande que la plupart des garçons à l'adolescence, mais aujourd'hui elle riait du surnom de « la sauterelle » qu'on lui avait donné à cette époque. « Tout à l'heure, tu parlais de danse qui s'apparentait davantage à du théâtre. Tu m'en dis plus ? » enchaîna-t-elle en lui lançant un regard complice. Elle ne pouvait pas passer à côté de cela, évidemment...
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyVen 26 Juil - 21:47

Tu frottas tes deux mains ensemble, excité à la suite des paroles positives d’Ella, qui venait d’accepter de monter sur ta moto après votre repas. T’imaginais déjà la route que tu prendrais, longeant la côte pour lui montrer les plus beaux paysages qui prenaient une toute autre signification quand on les défilait à bord de ce véhicule beaucoup plus libre. « Promis, je ne serai pas trop téméraire. Juste assez pour te donner la piqûre. » Et peut-être aider la cause de Noah, pour lorsqu’il serait plus vieux et en âge de conduire. Ça par contre, tu ne le dis pas à Ella. C’était le genre d’idée qu’il fallait planter dans son esprit de manière subtile, et la laisser faire son œuvre. Tu t’installas face à la jeune mère et l’écouta te parler de son nouvel emploi, emploi que t’avais déjà plus ou moins occupé, du moins au même endroit. En même temps, rares étaient les endroits dans lesquels tu n’avais pas mis les pieds comme salarié, à Bowen. Tu ne te doutais pas encore que la liste s’allongerait exponentiellement dans les six prochaines années. « Ne leur dis pas que tu me connais, alors. Ils risquent de partir avec une mauvaise idée de ta personne. Je suis persuadé que même après tout ce temps et malgré leur âge avancé, ils se souviennent encore de moi. » Tu ris. T’avais pas été l’employé modèle, tu ne l’avais jamais été certes, mais encore moins à cet âge-là. Ces pauvres propriétaires, tu ne leur avais pas mené la vie facile. À ton tour, tu lui parlas de ton boulot actuel, celui de concierge. Tu n’y ferais probablement pas long feu, pour les raisons que tu évoquas. Ella partagea ton rire en posant sa main sur ton bras, complice, amusée. Tes yeux se posèrent sur ce contact en continuant de rire, avant de replonger ton regard brillant dans le sien. Damn, elle te donnait l’impression d’avoir quinze ans à nouveau, justement. « Merci, j’en aurai bien besoin ! » Conclus-tu en souriant. Puis, tu t’excusas pour la veille, parce que t’avais eu l’impression de ne parler que de toi alors qu’Ella devait en avoir tellement à dire sur elle, aussi. Et, surtout, tu voulais l’entendre. Tu voulais la découvrir, l’apprendre, par cœur peut-être même si tu savais que c’était trop tôt pour que tu puisses avoir de pareilles pensées. Tu l’écoutas alors te parler de ses passions, découvrant une artiste qui détonnait complètement à côté de toi qui n’avais aucun talent pour les arts. Tu l’imaginais danser, elle devait être resplendissante. « J’imagine que tu as raison, oui. Tu sors encore danser en boite de nuit ? » Demandas-tu avec un léger sourire malicieux au coin des lèvres. T’avais principalement retenu ça de son discours. De ton côté, t’avais pas mis les pieds en boîte depuis que tu avais eu des enfants, et même sans doute bien avant cela. Tu te doutais qu’elle n’avait plus trop le temps pour ça, elle non plus, surtout si elle n’avait plus le temps de danser comme elle le faisait avant, pour son art et non pour la séduction. « C’est nécessaire de se garder ce temps pour soi, pour s’aérer l’esprit comme tu dis. Et qui sait, lorsque Noah sera plus vieux, peut-être pourras-tu t’y remettre avec un peu plus d’engagement. » À ton tour, pour répondre à sa question, tu lui confias que tu avais déjà dansé mais pas de la manière qu’on pouvait s’imaginer. Et comme tu ne savais pas trop comment l’expliquer, l’imager, tu passas rapidement au prochain appel en questionnant Ella sur les styles de danse qu’elle avait pratiqués. « Je ne suis pas surpris d’apprendre que t’as déjà été ballerine. Grande, svelte, c’est la première image que j’ai eue, le tutu et les pointes. Je ne connais pas vraiment la danse contemporaine, cela dit. Il faudra que tu me montres ce que c’est. » Tu te sentais un peu indiscret, parce que tu ne la connaissais que depuis moins de vingt-quatre heures et t’étais déjà en train de lui demander de telles démonstrations. Mais c’était plus fort que toi, et t’avais l’impression que le courant passait si bien que rien ne pouvait mal passer. C’est peut-être pour cette raison que tu décidas de t’ouvrir à la brunette lorsqu’elle te reparla des danses que tu avais déjà pratiquées, de ton côté. Visiblement un peu gêné, et intimidé face à elle, t’eus un rire presque nerveux en croisant les bras sur la table. « J’ai grandi à Mossman Gorge, dans une communauté kuku yalanji. Et ça fait partie des traditions, à certains moments de l’année, on a ces sortes de … de célébrations durant lesquels on performe des numéros de danse. Le maquillage, les costumes, les récits racontés par les corps, les chants, les voix. » Tu souris en y repensant. Ça te manquait, souvent. « J’étais jeune et je me trouvais déjà bien ridicule alors j’t’avertis d’avance que t’auras pas le droit à un extrait. » Tu ris. Le serveur revint vers vous pour prendre vos commandes, commandes que vous n’aviez pas puisque vous n’aviez même pas ouvert vos menus. Tu lui demandas quelques minutes de plus, avant de lancer un regard complice à Ella en ouvrant finalement la carte.
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyMer 31 Juil - 13:55

Mali semblait ravi par la réponse positive de la brune, ce qui la fit sourire largement, même si au fond d'elle, elle faisait moins la maline. Elle avait toujours eu une crainte particulière envers les motos, mais peut-être était-ce simplement parce qu'elle n'était jamais montée sur un engin de ce genre. Heureusement, Mali lui affirma qu'il ne serait pas trop téméraire, insistant même sur ce « trop » qui lui laissait entrevoir le contraire. « Oui, n'oublie pas que je ne suis qu'une pauvre novice. Tu as même la lourde tâche de me faire changer d'avis sur les motos. Grâce à toi, j'accepterai peut-être que mon fils passe le permis. Mais je ne veux pas te mettre la pression... » Elle plaisantait et son éclat de rire le démontra. Même si elle venait à adorer cette virée, elle savait déjà que Noah devra attendre d'être majeur pour oser passer ce permis. Ce n'était pas Ella qui cautionnerait cela. Alors qu'elle lui annonça avoir trouvé un emploi, elle arqua un sourcil, amusé, quand Mali lui demanda de ne pas parler de lui à ses anciens patrons. « Tu as laissé un si mauvais souvenir que ça ? » le taquina-t-elle. C'était le genre d'anecdotes qu'elle adorait entendre. Elle aussi avait eu son lot de casseroles professionnelles. Mais désormais, Mali était concierge à l'école, destiné à passer derrière tout un tas de petits ouragans. Lui qui en avaient deux à la maison, elle qui en avait un, elle savait tout le courage et la patience qu'il fallait avoir. Alors, elle se permit de poser sa main sur son bras, dans un geste complice. Un geste qu'elle ne devrait peut-être pas faire à son propriétaire. Mais le feeling passait tellement bien entre les deux qu'elle se disait, qu'avec le temps, Mali pouvait devenir autre qu'un simple propriétaire. Et il ne prit pas mal ce geste. Elle lui adressa donc un sourire quand il conclut en la remerciant. Puis ce fut à elle de s'ouvrir un peu, de rattraper le fait qu'elle n'avait pas trop parlé d'elle la veille, intimidée et tellement passionnée par ce que Mali lui avait raconté. Elle lui évoqua son amour pour la danse et les messages qui en découlaient. Elle éclata de rire quand Mali retint simplement les danses en boîtes de nuit. « J'avoue que ça fait très longtemps que je ne suis plus allée me déhancher en boîte de nuit. » Elle n'avait plus le temps, ne cherchait plus à séduire et trouvait de l'amusement dans d'autres occupations. Elle n'avait donc pas le besoin de se rendre dans ces clubs. En revanche, comme elle avait pu le faire hier avec lui, Mali la conseilla de prendre du temps pour elle, de garder ces instants pour elle, cette danse qui l'animait tant. « J'y tiens. J'attends que Noah grandisse un peu pour le laisser seul un peu plus longtemps. » Déjà qu'elle laissait Noah seul quand elle était au travail, elle avait besoin de partager du temps avec son fils quand elle en avait à lui consacrer. Elle s'oubliait dans l'histoire, mais quel bel oubli c'était ! Alors qu'elle lui confia avoir fait de la danse classique, Mali lui avoua s'en douter fortement. « Ma silhouette a contribué, en effet, mais c'était surtout l'idée d'avoir un tutu qui a poussé la fillette en moi à accepter ces cours. » confia-t-elle en riant. Finalement, elle avait trouvé trop de rigidité, trop de cadres dans ce type de danse, ce qui l'avait poussé à la contemporaine, plus libre dans ces mouvements. Quand le jeune homme lui demanda de lui montrer quelques techniques de danse contemporaine, la brune hocha la tête. « Ce sera avec plaisir » Elle se réjouissait de partager sa passion. Mais en attendant, elle se devait d'en savoir plus sur ces danses évoquées précédemment. Mali sembla tout intimidé face à cette question, mais le sourire qu'elle lui lança montra qu'il avait toute son attention. Et elle eut raison de poser cette question. Elle apprit que Mali avait grandi parmi les Kuku Yalanji, une communauté aborigène australienne. C'était sûrement cet héritage qui faisait que Mali vivait en symbiose totale avec la nature qui l'entourait. « ça devait être tellement beau... » lâcha-t-elle, pendue à ses lèvres et l'esprit s'imprégnant de cette belle culture. En revanche, il lui affirma de suite qu'il ne ferait aucune démonstration, ce à quoi elle répondit, en souriant : « Je n'oserai pas, j'ai trop de respect pour ces célébrations. » Pour une amoureuse de l'art, c'était évident. Mais... : « Mais je te verrai quand même danser, un jour ou l'autre. Eh oui, si tu veux voir ce qu'est la danse contemporaine, il faudra donner de ta personne. » Elle n'allait quand même pas être la seule à danser, voyons. Elle lui lança un regard complice, bien vite interrompu par le serveur qui venait prendre la commande. Toute leur attention se porta sur la carte et une fois que le serveur vint prendre commande, le choix d'Ella se portant sur une copieuse salade, la brune put reporter toute son attention sur Mali. « Et qu'est-ce qui t'a amené à Bowen ? » ça restait le Queensland, certes, mais à des centaines et des centaines de kilomètres.
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyJeu 1 Aoû - 8:14

Tu ris avec elle, face à cette pression qu’elle te mettait par rapport à la moto. Tu savais qu’elle ne lâcherait pas le morceau si facilement face à son fils, pas même si cette balade sur ton véhicule lui plaisait. Il lui faudrait sans doute du temps pour apprivoiser cette idée, Ella, mais tu ne lâcherais pas toi non plus s’il le fallait. Tu ne saurais trop expliquer pourquoi, mais t’avais ce besoin qu’elle y trouve du plaisir. C’était con quand on savait qu’elle n’était qu’une de tes locataires avec qui vous aviez juste décidé de joindre l’utile à l’agréable pour te remettre le reste du loyer. Peut-être que tu te doutais déjà, au fond, que ce n’était pas que ça. « Ah non, tu ne veux pas me mettre la pression, hein !? » Relevas-tu avec sarcasme et humour en riant. « De toute façon pour cette fois tu n’auras qu’à bien t’accrocher. Une autre fois, peut-être, ce sera à toi de conduire … » Si tu l’emmenais sur une route bien moins occupée, assez reculée dans les champs environnants la ville, tu pourrais bien le lui faire essayer même si elle n’avait pas son permis de moto. Après tout, on t’avait déjà fait conduire des quatre-roues alors que t’étais à peine rentré dans ta puberté. Finalement, tu t’assis avec elle au restaurant et elle te parla de ce nouvel emploi que tu connaissais que trop bien. Tu ris à sa question. « Disons que j’ai dû leur coûter plus cher que ce que je leur ai rapporté … » Admis-tu, pas vraiment fier de ça mais en même temps, on ne pouvait pas dire que tu te sois vraiment amélioré depuis. Tu n’étais pas fait pour travailler dans des cadres aussi stricts. T’avais jamais connu ça avant et ça ne te convenait pas. Tu préférais alors donner tout ce que t’avais dans tes passions, à la place, tout comme Ella semblait l’avoir déjà fait avant l’arrivée de Noah dans sa vie, qui avait tout changé, pas nécessairement pour le pire mais bien différemment. « Est-ce qu’on est trop vieux, pour ça, maintenant ? » Demandas-tu à propos des boîtes de nuit, avec humour même si c’était une vraie question. T’ignorais quelles tranches d’âge étaient visées par ces endroits. La trentaine t’avait déjà rattrapé et sans doute guettait-elle Ella, dans quelques années. Tu hochas la tête quand elle te confirma qu’elle renouerait avec son amour pour la danse, dès que Noah serait assez grand pour rester seul plus longtemps. « Oh vraiment ? Et c’était à la hauteur de tes attentes, ce tutu ? » Demandas-tu, taquin. Ella accepta ensuite de te montrer quelques techniques de danse contemporaine, toi qui ne savais pas vraiment à quoi associer ce genre de danse. En même temps, toi, ce que tu connaissais le mieux, c’était les danses tribales de chez toi. Celles dont tu parlas à Ella, te révélant sous tes vraies origines pour la première fois. « Oui, ça avait quelque chose de très … unique. C’était un moment où j’avais l’impression qu’on ne faisait tous qu’un. Que rien ne pouvait défaire ce qui nous liait. » Et pourtant … Tu n’appartenais plus à cet endroit désormais. Tu ris lorsqu’Ella te dit qu’il faudrait que tu danses devant elle un jour ou l’autre, pas comme tu le faisais avant mais au moins pour apprendre ses mouvements à elle. Le serveur vint prendre vos commandes et tu optas toi aussi pour un choix végétarien, puisque tu ne mangeais aucune viande qui ne provenait pas de ta propre chasse. Lorsqu’il partit, tu rebondis sur les dernières paroles d’Ella. « Je me donnerai, promis. Je serai bon élève, probablement pas le meilleur mais j’donnerai tout ce que j’ai. » Lui assuras-tu avec un sourire, avant que ce sourire ne se fane un peu lorsqu’elle te demanda ce qui t’avait amené à Bowen. « Bowen, je ne sais pas, c’est ma mère qui nous a conduit jusqu’ici … Mais si nous avons quitté la réserve c’est parce que nous n’y avions plus notre place. » Répondis-tu, d’abord évasif, avant de te reprendre. « Ma mère m’a eu avec un autre homme, un australien, et ça ne s’est su qu’à mon adolescence, au sein de la communauté … C’était une trahison, pour eux, en quelque sorte. Pour mon père, surtout. Enfin, pour celui qui m’a élevé … On n’a pas vraiment eu le choix de partir, elle et moi. » Conclus-tu, avant d’avoir un rire gêné suite au silence. « Désolé, ça plombe une ambiance, ça. »
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyLun 12 Aoû - 5:25

Le regard faussement innocent d'Ella montrait très bien, qu'en réalité, elle lui mettait une pression monstre. Elle partait avec des préjugés sur la moto, Mali allait donc devoir mettre les bouchées doubles pour qu'elle prenne du plaisir à rouler sur cet engin bien trop fougueux à son goût. Mali avait très bien compris le message qu'elle lui faisait passer et il ne se gêna pas de le dire. « Pas du tout, je n'oserais pas ! » répondit-elle avec un sourire malicieux. Un sourire qui fit place à une mine perplexe quand il lui affirma qu'un jour, elle viendrait peut-être à conduire sa moto. « Si tu tiens à ta vie, il ne vaut mieux pas me laisser conduire. Je préfère rester derrière à m'accrocher. » Elle disait cela maintenant, mais dans quelques heures, elle sera peut-être là à trépigner d'impatience pour qu'il lui apprenne à conduire. Elle se connaissait, elle était assez frileuse sur le début, puis foncer ensuite, sous le coup de l'adrénaline. La conversation dévia ensuite sur leurs emplois et sur l'image indélébile que Mali avait dû laisser chez les nouveaux patrons d'Ella. Elle se mit à rire quand il lui avoua qu'il avait coûté plus cher que ce qu'il avait rapporté. La jeune femme esquissa un sourire, amusée par cette remarque avant d'ajouter : « Comment ça se fait ? Tu es du genre à ne pas aimer les règles trop strictes ? » Elle l'imaginait comme l'employé bien trop libre pour être gâché par des volontés de patrons psycho-rigides. Il y avait un côté atypique qui sortait de Mali, une nonchalance envers les règles de société qui le rendait tellement intéressant aux yeux de la jeune femme. Elle aussi n'entrait pas dans le moule, elle, la fille de bonne famille qui était tombée enceinte à presque 16 ans et qui s'était rebellée pour garder son gamin. Même s'il avait fallu faire des sacrifices, comme ces sorties en boîte pour lesquelles ils étaient trop vieux. « Je ne sais pas si nous sommes trop vieux pour ça, mais disons que l'on serait en décalage avec les petits jeunes. » répondit-elle en riant. A 26 ans, c'était rude de dire les petits jeunes. Mais il était vrai que ces endroits où l'alcool et la drague primaient n'étaient plus vraiment au goût d'Ella, qui avait sûrement vieilli avant l'heure. A choisir, elle préférait réserver ses soirées à des cours de danse, comme quand elle était plus jeune. Elle évoqua d'ailleurs la danse classique, pour laquelle elle s'était amourachée grâce au tutu et pointes. Un tutu qui éveilla une certaine taquinerie chez Mali et pour laquelle Ella joua complètement le jeu : « Il était rose, ce tutu. » Elle afficha une mine faussement honteuse avant d'ajouter : « Il fallait me pardonner, je n'étais qu'une enfant. » Elle s'était vite détachée de ses fanfreluches de fillettes, ceci dit. A son tour, Mali parla de ses danses tribales, avec une certaine nostalgie dans le regard qui touchait la brune. « Je vois, c'est le genre de danses qui te prend aux tripes. » Elle aurait bien aimé assister à cela. Mais elle avait compris que Mali ne s'adonnait plus à ce genre de danses. Alors, elle lui avait proposé de lui montrer quelques pas de danse, juste avant que le serveur vienne prendre leurs commandes. Une fois parti, Mali affirma qu'il serait un bon élève. « Je ne suis pas la meilleure prof, non plus. Ça sera juste un avant-goût pour te faire découvrir mon monde. » Tout comme elle découvrait son monde, à lui. C'était bête mais c'était comme s'ils savaient déjà, au plus profond d'eux, qu'ils feraient partie intégrante de leurs vies à venir. Et pour cela, Ella comptait en apprendre plus sur lui. Sur son histoire. Son arrivée à Bowen aussi. Elle écouta Mali avec grande attention, apprenant alors qu'il ne faisait plus partie de sa tribu, sous prétexte que sa mère l'avait eu avec un autre homme. Cela avait causé leur départ de la réserve, ce qui attrista Ella. Mali s'excusa de plomber l'ambiance. « Non, ne t'en fais pas. » répondit-elle avec douceur. « Mais pourtant ta mère est originaire de cette tribu, non ? » Il avait donc du sang kuku kalanji en lui et de fait, toute sa place dans sa communauté. « C'est triste d'en oublier les liens du cœur... Cet homme était quand même celui qui t'a élevé. Il n'a jamais essayé de reprendre contact avec toi ? » Là, c'était Ella, l'utopiste qui parlait. Celle qui rêvait un jour d'avoir un homme auprès d'elle qui verrait Noah comme son fils, peu importe qu'ils n'aient pas le même sang...
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyLun 19 Aoû - 12:33

Un rire s’échappa d’entre tes lèvres quand Ella mentionna que si tu tenais à ta vie, il valait mieux qu’elle reste derrière. Il fallait avouer que l’idée de l’avoir contre ton dos, ses bras noués autour de ton corps, ne te dérangeait pas, au contraire même. T’aurais parcouru le Queensland au grand complet rien que pour que ce moment dure. Et c’était con, tu ne la connaissais même pas, tu basais ça sur sa beauté et une heure de discussion. Mais c’était tout ce que ça t’avait pris. Et tu ne savais pas encore que le passage des années n’y changerait rien, à ce sentiment. « Ah, tu changeras vite d’idée une fois dessus, tu verras ! » Dis-tu avec un sourire, au moins avec cet espoir qu’elle apprécie le tour. Tu ne pouvais pas espérer qu’elle devienne passionnée comme tu l’étais, parce que ce serait trop demander, mais t’osais croire que tu pourrais lui montrer un meilleur côté de la moto. Question qu’elle ne la voit plus simplement comme un danger. Bref, bien vite, tu lui montras tes mauvais côtés à toi, ton indiscipline, ton horreur de l’autorité, ton manque de ponctualité, en gros tout ce qui faisait de toi le pire des employés et ce depuis toujours. « Disons que je préfère aller à mon rythme, et que ce rythme-là ne convient pas toujours. » Tu souris. Tu minimisais les dégâts. Il n’était même plus question de suivre le rythme ou non, dans ton cas, c’était bien pire encore. Mais elle se maudirait de t’avoir comme propriétaire si tu continuais à lui montrer cette image-là de toi, et tu n’avais pas envie qu’elle commence à faire appel à d’autres personnes que toi si elle rencontrait un problème quelconque avec la maison. Ça te donnerait au moins une excuse de la revoir. Tu ne pourrais quand même pas l’inviter à sortir à tous les premiers du mois, rien que pour la perception du loyer. Et comme les boîtes de nuit n’étaient plus pour vous … « Où est-ce qu’ils sortent, alors, les gens de notre âge ? » Demandas-tu dans un rire. Tu ne sortais pas très souvent, t’avais tes enfants qui te prenaient pas mal de temps, ils étaient encore si jeunes. Et, surtout, tu n’avais pas encore rencontré Aaron. Il changerait pas mal ton quotidien, celui-là, dans quelques années. Avec plaisir, t’appris qu’Ella avait déjà enfilé un tutu rose pour ses répétitions de ballerine, avant de le troquer pour la danse contemporaine. « Faut pas avoir honte ! C’est une belle discipline, le ballet. » Lui assuras-tu, avant de parler à ton tour de tes danses tribales, celles que t’avais dansées en famille. Ta grande famille. Tu hochas la tête à la remarque d’Ella, sans ajouter quoi que ce soit d’autres. Parce que ça te prenait encore aux tripes quand t’en parlait, et tu ne serais jamais vraiment capable de cacher l’émotion associée à la nostalgie de cette époque révolue. Le temps était aux nouvelles expériences, et l’idée d’apprendre de nouveaux pas avec la jeune mère te plaisait particulièrement. « Tu n’auras qu’à me dire où et quand, et j’y serai. » Et avec hâte, d’ailleurs. T’avais hâte de tout découvrir d’Ella, de son monde, de ses passions, de son histoire. Tu savais, au fond de toi, que vous auriez amplement le temps d’apprendre à vous connaître sur le bout de vos doigts, mais t’avais quand même cet empressement de le faire. Visiblement, elle aussi. « Oui, elle est originaire de cette tribu. Son père et sa mère y vivent encore … Ou y vivaient, je ne sais plus. » Tu ne savais même pas si tes grands-parents vivaient toujours, cela démontrait bien la tristesse de cette histoire. Tu avais espoir que quelqu’un, de là-bas, tenterait d’entrer en contact avec ta mère si jamais ses parents décédaient, mais tu n’en avais pas la certitude. Et elle non plus. « Non, jamais. » Tu haussas les épaules. « J’ai entendu dire que la communauté s’ouvrait de plus en plus au monde extérieur mais dans ce temps-là, y’a plus d’quinze ans, y’avait une réelle coupure entre les deux. Tout le bagage historique, tu vois … » Tu soupiras discrètement. « Peut-être que je serais reçu différemment, aujourd’hui, si je retournais. Mais je n’ai plus l’impression d’y avoir ma place de toute façon. » Et risquer une autre déception, en entraînant tes enfants avec toi en plus, était un trop gros risque à prendre. « Et toi ? Tes frères sont ici de ce que j’ai cru comprendre. Tes parents aussi ? » Osas-tu demander.  
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyLun 26 Aoû - 9:18

Elle était perplexe. Elle avait tellement une mauvaise image des motos qu'elle se voyait mal changer d'avis. Mais comme elle l'annonça  : « Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis... » Au moins, elle tentait l'expérience. Et si vraiment elle venait à détester cette virée, elle pourra au moins dire qu'elle avait essayé. Et si elle venait à adorer, il fallait qu'elle garde ce secret face à son fils bien trop fan de ces engins motorisés. Même les mamans avaient le droit à leur jardin secret ! En parlant de jardin secret, Maliyan n'hésita pas à montrer ses mauvais côtés concernant son statut d'employé. Il laissait croire que c'était un mauvais côté, mais pour Ella, ce n'était pas cela. C'était une autre vision du travail. C'était adopter un rythme auquel l'employé devenait le plus performant. « Malheureusement, la recherche du profit dépasse toujours le bien-être de l'employé. » répondit-elle avec un sourire, sans se douter qu'il minimisait en réalité ses propos. Elle en avait fait aussi des emplois où elle avait été virée parce que ce n'était pas adapté à son mode de vie. Dans ces moments-là, Ella se disait que ce n'était pas une grosse perte. Elle préférait quitter un travail plutôt que de voir sa vie personnelle et celle de Noah en pâtir. Et puis ce n'était pas parce que Mali n'était pas fiable professionnellement parlant qu'il l'était aussi sur le plan personnel. Ce n'était pas cela qui l'empêcherait de vouloir en apprendre plus sur lui, sur ce qu'il était et sur sa vie. Mais cela ne se fera pas en boîte de nuit, visiblement. Amusée, Ella répondit à sa question : « Ils ne sortent plus, voyons ! C'est bien connu, c'est metro, boulot, dodo, repas pour les gamins, ménage et papiers administratifs. Près des trente ans, c'est la vie d'adulte avant tout. » Elle éclata de rire en réalisant ce portrait peu avantageux des gens de leur âge. Un portrait absolument faux, évidemment. Et comme elle continuait sur sa lancée malicieuse, elle parla de ce fameux tutu rose qu'elle abordait pendant qu'elle faisait de la danse classique. « C'est vrai que c'est une très belle discipline. Mais c'était trop rude. » Trop de règles, là était le problème. Toute son enfance avait été régie par les règles, au détriment du plaisir, de la convivialité et la cohésion familiale. Pour Mali, c'était autre chose. Il avait dû abandonner ces danses tribales, pour une raison qu'elle ne connaissait pas encore. Mais il était prêt à partager un peu de sa danse à elle. « Je te dirai ça au plus vite. » C'était fou de se dire qu'ils mettaient en place tout un tas de sorties, eux qui pourtant se connaissaient à peine. Et pourtant, tout cela semblait si loin. Ils parlaient de leurs vies avec tant de facilité, comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Mali lui évoqua d'ailleurs un fait très personnel : son départ de la tribu, son père qui n'était pas son vrai père. Ce rejet qu'ils avaient vécu, bien que sa mère soit originaire de la tribu. Les grands-parents vivaient d'ailleurs là-bas, eux aussi. S'ils étaient encore vivants, d'après les mots de Mali qui avait visiblement perdu contact avec eux. « Ils n'ont même pas essayé de s'opposer à cette décision ? Cela concernait quand même leur fille et leur petit-fils. » Elle ne comprenait pas que l'on puisse faire cela, même si elle était la première à l'avoir vécu. Mais là, cela concernait une tribu qui vivait en autarcie, sans réels contacts avec l'extérieur, même si cela avait changé depuis quelque temps. Mali semblait toutefois réticent à l'idée d'y retourner. Comme s'il n'avait plus sa place. « Tu verras si tu en sens le besoin d'ici les années à venir. » Mais elle comprenait cette crainte de revenir sur ses premières terres, d'avoir peur du rejet, ou d'être pris d'une nostalgie blessante. « Tu connais ton vrai père, du coup ? » C'était peut-être aussi cela qui le poussait à ne plus voir sa place au sein de sa tribu. Puis il lui retourna la question, mais le serveur intervint à cet instant pour amener leurs plats. Ella le remercia et souhaita un bon appétit, avant de répondre à ses questions : « Mes parents vivent là, en effet. Mais disons que je mène uniquement des relations cordiales avec eux. Pour ne pas priver Noah de ses grands-parents, à vrai dire. » Ella n'était pas une femme rancunière mais elle n'oublierait jamais cette porte qui se refermait sur elle, devant la maison de ses parents, avec son sac et son ventre d'ado enceinte.
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyLun 2 Sep - 6:50

Une fois cette courte virée à moto convenue et débattue, vous vous étiez enfin installés à une table du bar-resto pour au moins donner l’impression que vous étiez sur le point de commander. En vérité, vous aviez mis dix bonnes minutes avant de ne serait-ce qu’ouvrir le menu. Tu te sentais à l’aise de lui raconter n’importe quoi, toi qui t’étais si longtemps protégé des autres. En quelques heures à peine elle avait su t’inspirer tant de confiance et cette dernière, même si tu ne le savais pas encore, ne cesserait d’augmenter au fil du temps. « Ouais, et c’est bien dommage … Ça a probablement été un de mes plus grands chocs en arrivant ici, cette course pour l’argent. » Elle comprendrait dans quelques minutes plus tard, lorsque tu lui révélerais que ton arrivée ici n’était pas qu’un simple déménagement d’une ville à une autre mais bien d’un tout autre monde. En même temps, t’avais quitté Mossman Gorge alors que tu étais encore jeune. Sans doute que tes parents et tous les autres adultes de la communauté avaient eu des problèmes avec l’argent, parce que même si vous viviez en autarcie là-bas, vous n’aviez pas échappé au développement par les blancs. C’était tout de même plus frappant ici, avec la surconsommation et l’empressement de vivre. Et vivre, c’était selon une définition bien particulière selon Ella, pour vous trentenaires – ou à l’aube de l’être. Tu ris, même si ça avait son fond de tristesse. « On recommencera à sortir quand ils voleront de leurs propres ailes et qu’on aura accumulé assez d’argent pour notre retraite ! » Ah ! La retraite. Tu ne connaissais même pas tous les programmes existants pour cette planification financière qui aurait pu t’assurer une belle vie à la retraite. En même temps, tout ton argent passait dans le loyer, la nourriture et les enfants. Peu importe si tu connaissais tous les modes d’épargne possibles, t’aurais même pas pu y contribuer. Et comme tu changeais si souvent d’emploi, on pouvait oublier ceux offerts par les employeurs. Ça te semblait encore tellement loin que tu ne t’en faisais pas avec ça, alors que t’aurais certainement dû t’en soucier davantage. Tu préférais largement, là, discuter de danse avec Ella et même prévoir d’éventuelles séances durant lesquelles elle t’apprendrait à bouger, à bouger autrement que ce que t’avais toujours fait. Mais comme vous passiez d’un sujet à un autre si rapidement, si aisément, bientôt tu lui parlas de ta famille qui t’avait tourné le dos. « Je n’ai pas le souvenir qu’ils aient essayé, non … Ma mère devenait une honte pour eux, à travers ça. C’était plus facile de nous renier que d’essayer de nous défendre. » Et ça engendrait moins de répercussions sur eux au sein de la communauté, peut-être. « Non, ma mère n’a jamais voulu me parler de lui. Je ne sais même pas où il est. » Tu ignorais qu’il vivait ici même, à Bowen, avec un fils que tu rencontrerais dans six ans environ, ton demi-frère Léo. Tu retournas la question de la famille à Ella et avant qu’elle ne puisse répondre, le serveur vint déposer vos plats devant vous. Tu le remercias, souhaita un bon appétit à ton interlocutrice, avant de l’écouter tout en prenant ta première bouchée. Tu hochas la tête à ses propos. « Tu n’as pas eu d’aide de leur part, avec Noah ? » Devinas-tu. Ou alors la cause de leur distance entraînerait certainement cette conséquence. Toi, au moins, t’avais ta mère qui t’aidait énormément avec Miro et Lowanna. Sans elle, tu n’arriverais même pas à jongler avec toutes les sphères de ta vie. Ella méritait tout ton respect. Vos discussions continuèrent à couler tout naturellement et une fois vos assiettes terminées, le serveur revint avec les factures. Après avoir payé, tu regardas Ella avec une lueur malicieuse dans le regard. « Tu te sens assez légère pour cette promenade à moto ? » Demandas-tu. Après avoir mangé, sait-on jamais, mais vous n’aviez pas fait dans l’abus.
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyJeu 5 Sep - 7:08

Plus Mali parlait et plus Ella l'écoutait avidement. Elle ne savait pas si c'était la magie d'une première vraie rencontre qui faisait cela, mais la curiosité qu'il éveillait chez elle était bien présente. Et elle ne savait pas encore que, quelques années plus tard, elle serait toujours là à l'écouter avec tant d'attention. Parlant métiers, les deux jeunes parents arrivèrent au même constat. C'était l'argent qui gérait tout. Elle afficha un regard interrogateur quand il lui avoua que cela avait été un choc.Venait-il d'un endroit où la société de consommation n'avait pas encore fait trop de dégâts ? Ella le saurait bien assez tôt et comprendrait qu'elle avait plus ou moins vu juste dans ces pensées. « A choisir, je préfère gagner moins mais avoir le temps de vivre à côté. L'argent ne rachète pas les moments perdus, malheureusement. » Elle avait déjà quitté un travail qui payait bien parce qu'elle ne voyait plus Noah. Elle avait réagi à temps, fort heureusement, même si sa vie était encore une vraie course effrénée. Justement, ils tentèrent d'établir le portrait des jeunes (ou futurs) trentenaires qu'ils étaient. C'était humoristique, certes, et loin d'être glorieux. Surtout avec Mali qui en rajoutait une couche. « Si on a une retraite ! » répondit-elle, d'abord, en riant. « Non mais je crois que le jour où Noah volera de ses propres ailes, j'aurai un emploi du temps de ministre. Ta maison sera souvent vide. » Si tant est qu'elle vivrait encore dans la maison qu'elle louait à Mali. Tout cela pour dire qu'elle serait dans l'obligation de penser enfin à elle, même si ce n'était pas quelque chose qui lui manquait à l'heure actuelle. Toute son attention était consacrée à son enfant. Elle ne s'imaginait pas sortir, s'accorder du temps ou penser à sa vie sentimentale. C'était bien pourquoi cette soirée en compagnie de Mali était un intermède particulièrement agréable. Ils n'étaient pas que deux parents. Ou une locataire et son propriétaire. Ils étaient juste un homme et une femme qui échangeaient, riaient, se confiaient. Notamment sur l'histoire personnelle de Mali. Sur ce père et ces grands-parents qui l'avaient renié, sous prétexte qu'il ne partageait pas le même sang que celui qui l'avait élevé. C'était bien cher payé pour cet enfant qui n'avait rien demandé. « Alors qu'au contraire, un parent devrait tout faire pour défendre sa progéniture... » souffla-t-elle, doucement. En tant que mère, Ella ne comprenait pas comment l'on pouvait mettre de côté son enfant. Mais peut-être que Mali avait pu avoir le soutien de son vrai père ? Un fait qu'il renia tout aussi vite. « Tu ne ressens pas le besoin d'en savoir plus sur lui ? » Cela pousserait peut-être sa mère à en dévoiler davantage. En tout cas, cela faisait réfléchir Ella sur sa propre attitude envers Noah. Elle ne devrait pas faire du père de son fils un sujet tabou. Le serveur arriva à ce moment avec les plats et ils se souhaitèrent bon appétit. Prenant une première bouchée de sa salade, Ella secoua la tête face à la question de Mali, sur l'aide éventuelle qu'aurait pu lui apporter ses propres parents. « Non, bien au contraire... Je viens d'une famille assez connue dans le monde de la justice. Mon père est un grand avocat, qui tient énormément à sa réputation. Avoir sa fille enceinte à 16 ans, ça avait tendance à briser l'image de famille parfaite qu'il voulait véhiculer. Et comme je ne voulais pas avorter, ils ont préféré me mettre à la porte. » En parler éveillait une lueur de colère dans ses yeux, aujourd'hui encore. « Depuis, ça a cassé mon rapport avec eux. » Mais bon, ils appréciaient Noah. C'était déjà cela de pris. Le repas se termina dans la bonne ambiance. Après qu'ils aient payé, ils quittèrent le restaurant. Ella perçut le regard malicieux de Mali alors qu'elle répondit, avec un sourire : « Très légère, même Et même si je ne l'étais pas, je ne voudrais pas me dégonfler. » Ils arrivèrent devant la moto de Mali, qui était le genre de machine bien impressionnante. Le jeune homme lui tendit le matériel nécessaire, puis elle grimpa derrière lui, après avoir mis le casque. D'abord, elle chercha où elle pouvait s'accrocher. Elle regarda la poignée de maintien qui ne lui inspirait pas pleinement confiance, alors elle préféra passer ses bras autour du jeune homme. « J'espère que ça ne te gêne pas. » ajouta-t-elle, avec un ton qui laissait transparaître l'énorme sourire qui se trouvait sur ses lèvres. « Va falloir que tu me dises comment doit agir une bonne passagère. »
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptySam 14 Sep - 18:32

Ça te faisait plaisir de constater que ce n’était pas tout le monde qui se laissait emporter dans l’engrenage sans se poser davantage de questions, sans aspirer à quoi que ce soit d’autre. T’avais souvent eu l’impression que les gens d’ici travaillaient au détriment d’une véritable vie, mais à entendre le raisonnement d’Ella, tu réalisais que tu n’étais pas le seul à penser de cette manière. « Je partage totalement de ton avis. Ça me fait peur de m’imaginer une vie que j’aurai passée à travailler. Même si les gens disent que c’est justement pour se payer des sorties ou des biens qui leur feront plaisir … moi je continue à croire que l’argent n’achète pas le bonheur. » Le bonheur, il était dans ces petits moments dont parlait Ella, ces petits moments malheureusement perdus lorsque le travail prenait toute la place. C’était juste dommage qu’à travers son discours, elle avait bien dû employer les termes à choisir. Dans votre situation de parents monoparentaux, il était bien là le problème. Le choix, vous ne l’aviez pas vraiment. Et même si cette monoparentalité faisait en quelque sorte des superhéros de vous, vous n’aviez quand même pas le pouvoir d’allonger le temps. Quand tu parlas de retraite, l’exclamation d’Ella laissa bien sentir qu’elle non plus ne voyait pas une retraite se dessiner à l’horizon. Tu ris, même si ça n’avait rien de drôle. « Eh bien ça me donnera l’occasion de la louer à quelqu’un d’autre en secret, tu ne t’en rendras même pas compte et j’aurai le double de revenus ! » Plaisantas-tu. Évidemment, tu ne ferais jamais ça. Tu avais besoin d’entrées d’argent mais pas au point d’abuser des autres. Ce ton de légèreté laissa rapidement place à la nostalgie alors que tu parlais de tes origines, de ta famille qui n’était plus vraiment la tienne. Et ton père biologique ne l’était pas davantage. Tu haussas les épaules à sa question. « Je me dis que si ma mère ne veut pas m’en parler, elle a ses raisons … Je sais qu’elle, elle a toujours voulu me protéger. Alors je lui fais confiance. » Et puis, soit cet homme n’avait rien voulu savoir de toi lui non plus, soit il n’avait aucune idée de ton existence. Tu ne savais pas vraiment si tu avais envie de débarquer dans la vie de cet homme, pas alors que tu te sentais toi-même encore tellement vulnérable face à la vie. Tu questionnas à ton tour Ella sur sa famille, sur ses parents, qui ne lui étaient pas venus en aide suite à l’annonce de sa grossesse. Tu haussas les sourcils, surpris et offusqué, quand elle t’apprit que ses parents l’avaient même mise à la porte. Comme quoi, vos histoires se ressemblaient un peu plus que vous ne l’auriez cru. « Je comprends pourquoi, ouais … » Tu secouas la tête. « J’espère qu’on ne fera pas les mêmes erreurs qu’eux. » Parce que vous étiez parents à votre tour, malgré vos modèles peu glorieux. Bref, après ces discussions sur des sujets tellement variés, le repas tira à sa fin mais la soirée, elle, tu n’avais pas envie de la voir se terminer. Tu relanças donc Ella sur cette balade à moto. Tu souris, heureux qu’elle accepte. Une fois les casques sur vos têtes, tu t’installas sur la bécane et laissa Ella se positionner derrière toi. Tu sentis ses bras se resserrer autour de toi. C’était la première fois que tu avais une telle proximité avec une femme, depuis le départ de Marlee. Ça réveillait en toi des sentiments endormis. « Pas du tout. » Répondis-tu, la tête légèrement tournée vers l’arrière pour qu’elle t’entende. « Enjoy the ride, c’est tout ce que t’as à faire. » Ajoutas-tu avant de faire rugir le moteur. « Ah, et … accroche-toi bien ! » Crias-tu alors que tu démarrais en trombe, empruntant rapidement la bretelle de sortie pour rejoindre la longue route qui longeait la mer. Tu accéléras une fois sur celle-ci, le vent dans vos cheveux et dans vos vêtements.
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MessageSujet: Re: the great divide (ella)   the great divide (ella) - Page 2 EmptyDim 29 Sep - 8:04

Plus la conversation avançait, plus elle se rendait compte qu'elle partageait la même philosophie de vie que Mali. Peut-être était-ce leur histoire qui les menait à cela. Peut-être était-ce parce qu'ils galéraient dans leur quotidien qu'ils se rendaient compte à quel point chaque moment passé hors travail était précieux ? Ella avait déjà abandonné un poste où elle gagnait bien parce qu'elle ne voyait plus Noah, parce qu'elle n'avait plus de temps pour elle, pour eux. Et son bonheur résidait dans ces moments passés avec son fils. Rien d'autre ne comptait. Alors, elle hocha vigoureusement la tête quand Mali affirma que l'argent n'achetait pas le bonheur. « Je suis d'accord avec toi. A quoi ça sert d'avoir tous ces biens si c'est pour ne pas en profiter et s'en lasser rapidement ? Alors qu'il suffit juste de s'entourer des gens que l'on aime et de mettre le nez dehors pour profiter de ce qui nous entoure. Et ça, c'est gratuit et tellement plus intéressant. » Evidemment, Ella n'échappait pas à ces biens qui faisaient plaisir. Elle ne vivait pas en autarcie, mais elle voulait véhiculer de bonnes valeurs à Noah. Noah qui était loin d'être l'enfant pourri gâté et qui savait trouver son plaisir dans les choses simples. Croisons les doigts pour que cela dure ! S'amusant ensuite sur cette retraite qu'ils ne verront sûrement jamais arriver, Ella se mit à rire quand Mali évoqua la possibilité de sous-louer la maison quand la jeune femme sera absente. « Si on me fait le ménage et l'entretien du jardin, je ne dis pas non ! Je te donnerai même mon planning des absences. » C'était si bon de plaisanter, même si cette légèreté laissa rapidement sa place à des confidences sur l'enfance de Mali,sur l'absence de son vrai père et le silence de sa mère. Au fond, elle comprenait cette femme puisqu'elle-même avait tendance à ne pas trop parler du père de Noah devant son fils. Cela la rassurait de voir qu'en dépit des secrets qui entouraient son paternel, Mali était un homme bien dans ses bottes. « Il faut toujours avoir confiance en sa mère.» répondit-elle doucement. Elle a peut-être estimé que le moment n'était pas bon pour avouer quoique ce soit. Tant que Mali digérait bien l'absence d'information, cela ne servait à rien de remuer le couteau dans la plaie. Puis, ce fut au tour d'Ella d'avouer ses problèmes avec ses parents. Elle aussi n'avait pas été gâtée par son histoire familiale. Mais elle esquissa un doux sourire face aux paroles de Mali. « On ne fera pas les mêmes erreurs parce que justement, nous sommes passés par ces obstacles. Et on sait à quel point ça peut faire mal. Nous, on fera d'autres erreurs. » Et ce serait normal parce que les parents parfaits n'existaient pas. Quand le repas se termina et qu'ils quittèrent le restaurant, Mali n'avait rien oublié de sa première volonté : la balade en moto. Par fierté, Ella ne pouvait pas refuser, même si elle avait une certaine appréhension qui se profilait. Une appréhension néanmoins atténuée par le fait que c'était Mali le conducteur. Et qu'il lui inspirait confiance. Casque sur la tête, elle prit place derrière Mali, cherchant des yeux ce à quoi elle pouvait s'accrocher. Mais ce fut autour du jeune homme qu'elle passa finalement ses bras, lui demandant tout de même si cela ne le gênait pas. Il fallait dire que cela créait une certaine proximité, qui n'était pas désagréable, soit dit en passant. S'attendant aux dernières recommandations, Mali lui demanda simplement d'en profiter. Mais elle eut à peine le temps d'assimiler ses derniers mots qu'il démarra en trombe, ce qui arracha une exclamation de surprise chez Ella, très vite suivi d'un rire alors que ses bras se resserrèrent autour du jeune homme. Comme demandé, elle en profita. Elle profita de cette vitesse, de ces paysages qui défilaient sous ses yeux, de cette sensation de liberté qui la submergeait, de cet homme autour duquel elle avait ses bras. A cet instant, elle oubliait tous les soucis du quotidien, partageant la passion de Mali avec intérêt et joie. Elle ne sut combien de temps dura la promenade, mais quand ils reprirent la direction de Bowen, Ella aurait voulu que ce moment dure indéfiniment. Une fois arrêtés, Ella descendit de la moto et retira son casque, la chevelure folle. « Whouah ! » lâcha-t-elle, d'abord, un large sourire sur les lèvres. « C'était génial ! » Ses yeux pétillants montraient à quel point elle avait apprécié ce moment. « Maintenant, il va être difficile de rester ferme face à Noah et son envie de faire la moto ! » Elle éclata de rire, avant de reposer son regard sur lui. « Mais merci pour ce moment. C'était vraiment très... agréable. » Elle posa le casque moto, au sein duquel elle avait déposé l'enveloppe qui contenait le reste du loyer. Une enveloppe qu'elle avait failli oublier après ce moment si grisant et qui s'était rappelée à elle, quand elle avait ouvert son sac à main. Elle reposa son regard sur lui, ce sourire ne disparaissant pas de ses lèvres avant de reprendre : « On se revoit le mois prochain pour ta visite mensuelle, alors ? Mais si ça te dit de passer avant pour boire un verre ou un café, tu sais où j'habite... »  C'était sa façon de dire qu'elle espérait le revoir rapidement, en-dehors des visites du propriétaire chez ses locataires. Ne serait-ce que pour retrouver cette complicité qui, elle espérait, allait perdurer encore longtemps...

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