we could sink or swim, we could make or miss (belmo)

« Ma tête le fait très bien toute seule » Bella esquissa un sourire complice pour lui faire comprendre que de son côté, c'était du pareil au même. Sa tête se plaisait à lui remettre en boucle les images de leur nuit d'idylle, de leurs deux corps qui s'étaient cherchés trop longtemps avant de se trouver trop tard. « Mais ils n'aident pas », continua Elmo, expliquant ses premiers commentaires. Et il avait raison. Le problème, ce n'était pas eux. C'était les autres. S'ils arrivaient à se contrôler, à garder pour eux deux leurs souvenirs, que le temps finisse par leur faire accepter l'impossibilité de leur relation, ils pouvaient arriver à préserver Milo. Le problème ne venait pas de là, mais des autres qui pouvaient raconter des oui dires et des j'ai entendu que jusqu'à ce que tout cela arrive aux oreilles de la personne qui ne devait pas l'apprendre, surtout pas de cette manière. Alors non, les autres n'aidaient effectivement pas à faciliter leur tâche. Bella et Elmo, ils se reverraient, ils seraient amenés à se croiser dans les couloirs de l'université ou dans des fêtes, peut-être même à des évènements où leur groupe de musique serait sollicité. Et il serait illogique que les deux amants ne s'adressent plus jamais la parole. Sans quoi, les soupçons seraient encore plus tournés vers eux. Ils étaient pris dans une belle impasse, alors qu'ils hésitaient entre le mensonge ou la vérité, choix qui n'aurait pas dû être si difficile pour eux. À présent, ils étaient pris au piège dans un tourbillon qui les embrouillaient plus ils tentaient de voir clair, plus ils tentaient de raisonner. Je ne te demanderai pas de te mettre au travers de ça, 'Mo, précisa la brune alors qu'il semblait se tourmenter. Ta place, dans ma vie, c'est la tienne. À toi. Et non pas une de rechange. Elle était sérieuse, Bella. Et même si son coeur pouvait encore sembler ambivalent, parce qu'il avait marqué un point, Elmo, quand il parlait de leur amour qui semblait fort, la place que Bella lui accordait dans sa vie était propre à lui et non un second choix, un prix de consolation. Ce n'était pas pour faire du mal à Milo qu'elle commençait à s'amouracher de lui. C'était un malheureux incident que son coeur n'avait pu contrôler. T'es pas un rebound, si c'est ce que tu crois.. Elle hésita à poursuivre, mais elle se résigna à lui dire toute la vérité, au point où ils en étaient, elle ne perdait rien. Mais je peux comprendre, Mo... La relation que j'ai avec Milo, elle est spéciale. Et elle le sera toujours. Il m'a fait croire en l'amour alors que j'y croyais pas vraiment, que je pensais que ça n'existait pas. Mais ce que je ressens quand je suis avec toi, ça n'a rien à voir. C'est différent, c'est unique... Bella baissa les yeux vers son thé qu'elle avait seulement bu à la moitié, timide, mal de s'ouvrir alors qu'Elmo, lui, il tentait de se raisonner, d'agir en adulte responsable et d'assumer ses erreurs. Elle ne put lui confirmer ses dires, parce qu'au fond, il y avait une partie d'elle qui avait envie de tout risquer, pour lui. Ne t'excuses pas, Elmo. C'est normal d'avoir ce genre d'idées quand il est question de lui et moi, lui confia-t-elle dans un murmure. Elle hocha la tête lentement, se résignant à la raison qui avait maintenant envahi l'étudiant. Tu as raison. Ça ne se fait pas. On a merdé.... Il s'empara de ses mains, après avoir regardé autour de lui si on les regardait, si on pouvait les reconnaitre. La brune hésita à retirer ses mains de son emprise, mais, lâche, elle les laissa là, laissa ses doigts de mêler dangereusement à ceux de l'Italien. Les caresses de son pouce créaient un feu dans son ventre, une flamme qui lui faisait à la fois du bien et du mal. On n'en a pas envie, mais on a pas le choix... C'est ce que ça veut dire... Bella sentit ses yeux s'emballer de l'émotion qui ressemblait à une rupture alors qu'en fait ils n'avaient jamais été un couple.

Ils n’avaient plus le choix, non. De ravaler leurs sentiments et de faire comme si jamais ils n’avaient franchi cette limite de l’interdit. Pour ce faire, ils devaient continuer à rire, déconner, à se côtoyer à tous les jours, à rester tard le soir dans les locaux de la faculté afin de planifier les meilleures fêtes du campus, à passer des journées complètes ensemble pour tout mettre en place. Si jusqu’à maintenant ils avaient toujours fait cela avec un plaisir d’enfant, en simples amis de fête et de déchéance, Elmo savait que ce serait désormais bien difficile de ne pas laisser le reste s’en mêler. Le reste, c’était les souvenirs, les sentiments, les regrets, les remords. L’envie folle de la retrouver comme il l’avait trouvée ce soir-là. Pris au piège, oui, c’était exactement ça. Lorsqu’elle lui parla de la place qu’il avait dans sa vie, et qu’il ne serait donc jamais au travers de sa relation avec Milo, il soupira en haussant les épaules. « J’suis pas sûr que ça puisse fonctionner comme ça. Que Milo le verra de cet œil. » Et bien sûr qu’Elmo lui-même pensait être un rebound, celui dans les bras de qui on oublie les autres. Ce ne serait pas la première fois, de toute façon, et si ce rôle-là ne lui avait jamais posé de problème tant qu’il en retirait ce qu’il désirait, là, avec Bella, il avait l’impression qu’il n’en aurait jamais assez. Que ses besoins ne seraient pas comblés s’il n’était qu’un en attendant. « Différent peut-être mais … Argh, je sais pas, Bella, j’sais tellement pas quoi penser de tout ça … Même si Milo était ok avec tout ça, j’sais même pas si je pourrais … Sachant à quel point ce qui vous unit est spécial, comme t’as dit … » Il secoua la tête. Passerait-il son temps à être jaloux, à douter ? Elmo était jeune, immature, naïf, con. Il n’avait jamais été dans une relation sérieuse, pas vraiment, alors pourquoi choisissait-il d’avoir un cœur pile au moment où il n’aurait pas dû ressentir quoi que ce soit ? Et puis Bella, il ne la connaissait sous cette lumière que depuis une semaine, une semaine, ce n’était rien. Il n’allait quand même pas risquer de perdre une amitié de plusieurs années pour une semaine de confusion sentimentale, si ? Peut-être que si … Mais Bella lui donna raison, affirmant qu’ils avaient merdé, que ce qu’ils avaient fait, ça ne se faisait pas. Il hocha vivement la tête, déterminé à l’idée qu’elle l’en convainque, parce que sa propre conviction s’effritait. La preuve, il avait attrapé la main de la brune à nouveau, ne voulant pas continuer sur cette route de la raison même s’il le fallait. « T’as raison. On n’a pas le choix. » Il retira sa main. « Alors on fait comme si rien n’s’était passé, c’est ça ? On n’en parle plus jamais ? » C’était le meilleur moyen pour taire les rumeurs, de feindre l’indifférence. C’était le meilleur moyen pour que la vérité n’éclate pas au grand jour et qu’ils soient submergés par la culpabilité – même si elle était déjà bien présente.

Injustice, elle planait autour des sentiments qu'ils étaient tous deux en train de se créer. Injustice pour eux, simple logique pour d'autres. Après cette dernière année rocambolesque, après avoir pensé ne plus sentir son coeur battre comme il l'avait fait pour Milo, il fallait que Bella s'amourache d'un homme interdit. C'était mal, mais Bon Dieu qu'elle avait envie de recommencer, de tout planté là, leurs notes et leurs révisions, pour s'unir à nouveau à sa chaleur, goûter encore à ses lèvres ne serait-ce que pour la dernière fois. Elle n'avait pas fait exprès, Bella, de tomber pour le meilleur ami de son ex. Elle ne l'avait pas prévu. Elle ne s'était improvisée scénariste de ce qu'ils avaient fait, cette soirée-là. Tout ça, c'était venu tout seul, sans qu'elle ait forcé le destin. Et à présent, c'était contre sa volonté qu'elle avait envie de recommencer. Elle le savait que c'était mal, que ça leur ferait tous du mal, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à Elmo, à ses mains qui s'empoignaient de sa peau, de sa bouche qui embrassait sa chair, de son odeur, mais aussi de son rire, de sourire, de sa manie de froncer le nez quand il tentait de la charmer, des bouclettes brunes et rebelles de ses cheveux qui tombaient sur son front. J'crois pas qu'il le verra comme ça, en effet... Elle confirma ses dires, alors qu'il témoignait de ses inquiétudes. Ce qu'elle ressentait pour lui, c'était unique, autant que ce qu'elle ressentait pour Milo. Bella espérait qu'Elmo ne se perçoive pas comme un second choix, un prix de consolation. Mais en à voir son visage et à analyser au travers des sous-entendus son discours, il se voyait comme tel. Bella afficha une moue triste sur son visage, déçue que ses explications ne l'aient pas convaincu. Elmo.... soupira-t-elle avant qu'ils n'entrent dans une partie plus animée de leur discussion. Crois-moi, quand je te dis que je ne t'ai pas utilisé pour l'oublier... Elle avait mal, son coeur faisait mal, qu'il puisse penser qu'elle l'utilisait, ça lui déchirait les tripes. Bella, elle avait couché avec bien des garçons pour oublier Milo, pour combler le vide, mais elle avait aussi fini par comprendre que cette solution de rechange, elle ne fonctionnait jamais. Qu'il fallait laisser du temps au temps. Et c'est comme ça qu'elle avait pu passer un peu plus au travers de sa rupture, de l'accepter mais aussi d'en vivre pleinement les émotions qui s'y rattachaient. Depuis quelque temps, elle n'avait pas partagé son lit avec quelqu'un. Elle s'était concentrée sur elle, sur ce qu'elle voulait pour l'avenir. Et Elmo était arrivé, avec ses sourires et ses compliments. Il n'était pas prévu, il n'était pas calculé. Et elle avait fini par tomber pour lui, réellement, complètement. Qu'il soit l'ami de son ex ou pas, ça n'avait pas d'importance, quand le coeur choisissait. Elmo notait les paroles de la brune, les reprenant dans un ton qui paraissait jaloux. Elle lui sourit timidement, replaçant des mèches de ses cheveux qui étaient tombées follement dans son cou. Ça te dérange, que je sois l'ex de Milo. Même si, dans le meilleur des scénarios possibles, il acceptait, ça te dérangerait quand même, énonça-t-elle, comme des faits. Il était évident que la situation, que ce qu'elle représentait, évoquait la complexité à oublier comment ils s'étaient connus : par le biais de Milo. Alors oui, je ne suis que son ex à tes yeux. Elle haussa les épaules en soupirant. Finalement, elle n'était réduite qu'à la possession de son ex, qu'à sa propriété à lui, Elmo ne la voyait pas comme la femme qu'elle était réellement, indépendamment de ses liens avec les autres. Même si elle ne pouvait prédire la suite de leur relation, Bella n'avait pas envie d'y voir la fin. Elle ne pouvait simplement pas. Son coeur l'en empêchait. Il refusait de se séparer de l'Italien trop longtemps. Et sa tête elle lui criait qu'elle était horrible, qu'elle était un monstre de laisser son coeur prendre le dessus. Elmo aussi, avait du mal à couper les ponts avec elle, ses mains s'étant emparées de celles de la brune. Elle appréciait les douces caresses qu'il lui faisait, son pouce contre sa peau, mais elle ne dura pas longtemps. Il reprit rapidement ses esprits, attirant ses mains près de lui, laissant Bella bredouille. Elle regarda longuement les mains de l'étudiant qui reposaient sur la table, silencieuse, le regard vide, le visage fermé, ses jambes toujours entrelacées à celles d'Elmo. On fait comme si rien n'était arrivé, voilà... Finit-elle par plaider. On devrait se remettre au travail, on perd du temps.. Elle les ramenait à l'ordre, ils avaient du pain sur la planche, surtout Elmo. Bella reposa son attention sur ses notes, une boule au ventre, continuant inconsciemment ses caresses contre la jambe de son amant interdit. Elle jouait avec le feu, elle se créait elle-même des envies qu'ils se retrouvent, une dernière fois, avant de renoncer complètement à leur histoire.

Bella confirmait les dires d’Elmo, ce qui le confortait dans leur décision même si au fond, il ne serait confortable avec aucun des choix qui s’offraient à eux aujourd’hui. Ils s’étaient mis dans un beau pétrin, tous les deux. Beau et cruel. Et alors que l’homme semblait se voir en deuxième plan, l’ombre au tableau que Milo et Bella formaient encore d’une manière unique, cette dernière tentant de le rassurer, de le convaincre qu’il n’était pas le deuxième choix qu’il pensait être. Il hocha la tête, touché par les paroles de la belle, mais également bouleversé par toute la signification derrière. S’ils n’étaient pas qu’une histoire d’une nuit pour sombrer dans l’oubli, qu’étaient-ils ? « Je te crois. » Il esquissa un faible sourire. Il ne pouvait s’en réjouir outre-mesure, parce que la finalité était la même : ils ne pouvaient plus recommencer cette erreur de parcours. Ils tenaient tous les deux bien trop à Milo pour s’autoriser de déraper plus longtemps, plus bas encore. Ils n’en ressortiraient pas indemnes, aucun des trois. S’il n’y avait qu’eux deux que cette relation pouvait blesser, Elmo aurait sans doute sauté dans le vide sans se poser davantage de questions. Mais s’il ne s’attachait guère en amour, en amitié, c’était une toute autre affaire. Après que l’italien ait fait part de son malaise et de ses doutes par rapport à Milo, peu importe qu’ils aient encore des sentiments l’un pour l’autre ou non, Bella résuma sa pensée, comme pour s’assurer qu’ils soient tous les deux sur la même longueur d’ondes. « C’est ça. Parce que j’aurai toujours l’impression qu’au fond, même s’il l’accepte, Milo, ce sera seulement pour notre bien et pas forcément le sien. Il est comme ça, Milo. » Lâcha Elmo. Du moins, c’était le Milo qu’il connaissait, il s’assurait toujours que l’universitaire allait bien avant même de prendre soin de sa propre personne. Puis, extrapolant les paroles de l’homme, Bella lâcha qu’elle avait vu juste : il ne la percevait que comme l’ex du guitariste. Elmo fronça les sourcils, reculant légèrement sur sa chaise. « Wait, that’s unfair. T’es pas que ça à mes yeux et tu le sais, Bella. Autrement j’serais pas ici à avoir cette conversation avec toi. J’serais passé à autre chose sans me poser de questions. Mais tu peux pas réellement me reprocher de ne pas voir ça comme une grosse partie de l’équation, quand même. » Lâcha-t-il, visiblement autant vexé qu’elle de la tournure de leur discussion. Mais le problème était que le résultat de cette équation revenait toujours au même, peu importe les variantes qu’on mettait avant le produit final. Qu’elle ne soit que l’ex de Milo ou qu’elle soit une femme hors de ce monde, Elmo ne s’autorisait pas à aller plus loin. Ils capitulèrent alors, Bella jugeant préférable de se remettre au travail. Elmo soupira. « Yeah. I guess you’re right. » Ils perdaient leur temps, oui. Ils auraient beau reprendre le problème sous tous ses angles, ça ne changerait rien. Et pourtant, alors même que le silence s’installait à nouveau entre eux, leurs jeux de jambes et d’interdit, eux, ne cessèrent guère. La peau de Bella se frottait doucement contre celle d’Elmo, qui sentait son corps s’enflammer. Ses yeux étaient rivés sur ses notes mais ne bougeaient pas, preuve qu’il n’était pas en train de lire quoi que ce soit. Il avait le cœur en panique et le corps en alerte.

Il y a de ces relations qui commencent subitement, qui arrivent aussi fortement qu'un coup en plein visage, qui empoignent, qui font mal tellement elles sont puissantes. Qui arrivent sans s'annoncer, sans qu'on pense que ce soit possible de ressentir autant d'émotions à la fois. C'est ce qu'il lui avait fait, Elmo, au réveil, une fois l'alcool dissipé de son esprit. Ce n'était pas des regrets qui l'avaient envahie, comme souvent après une nuit d'évasion, mais plutôt une satisfaction. Sans cette soirée flouée, sans inhibition, Bella ne se serait jamais rendu compte qu'il était indispensable à sa vie, tout simplement parce qu'elle ne s'en était jamais donné le droit. Mais à présent qu'elle y avait goûté, à cette délectable sensation, comment lui interdire de vouloir recommencer ? Mais ils n'en avaient pas le droit et ils se l'interdisaient, maintenant, comme un pacte à leur secret. Résigner les tentations, les envies, c'était ce qu'ils signaient verbalement cet après-midi. Il avait raison, Elmo, il était rempli de sagesse, beaucoup plus de Bella. Étrangement, ils avaient échangé les rôles, lui parlant avec sa tête, elle avec son coeur. Et même s'ils n'étaient qu'à moitié sur la même longueur d'onde, il fallait avouer qu'il était plus sage de suivre le plan de l'Italien, ce à quoi la brune adhéra sans broncher trop longtemps. Milo était exactement comme son ami le décrivait : toujours prêt à satisfaire les autres, rarement lui. Excepté lorsqu'il avait été question de sa relation avec Bella, qu'il avait terminé froidement sous prétexte qu'elle l'empêchait de respirer. C'était injuste, c'était cruel, parce qu'en réalité, ce n'était pas comme ça que les choses s'étaient passées. Elle avait tenté de lui sauver la vie, de l'empêcher de mourir devant ses yeux à force de prendre de forts stupéfiants, mais il avait refusé sa main tendue et il l'avait planté là. Aujourd'hui, il s'en voulait et leurs regrets témoignaient de leur relation particulière qu'ils entretiendraient toujours. Et si un jour, Elmo et elle avaient à se rapprocher à nouveau, il devrait accepter ce lien fort qui résidait entre les deux ex-amoureux. Mais pour le moment, il ne voyait que Bella comme l'ex, l'interdit, celle dont il ne fallait prononcer le nom de peur de tout briser sur son passage. Et elle le lui partagea. Premier affront, première dispute, ils n'étaient pas d'accord. Je peux pas te le reprocher, tu as raison, je le ferai pas, ce serait égoïste..., confia-t-elle, lui donnant raison, ... tu es quand même mignon de te poser toutes ces questions, encore une fois, je te donne raison, sourit-elle pour détendre l'astomsphère qui s'était rapidement enflammée. Ils ne seraient pas d'accord, pas aujourd'hui, alors il ne servait à rien d'entretenir cette confrontation. Il s'agissait peut-être de leurs derniers échanges de ce genre, juste avant de revenir les amis distants qu'ils avaient toujours été, alors il valait mieux en profiter pour le teinter de légèreté. Mais le temps filait et ils perdaient le focus sur leur mission première, réviser. Bella s'était donné comme mission de guider Elmo, ce qu'elle fit, les ramenant à l'ordre. Tous deux savaient qu'ils ne pouvaient plus se concentrer, mais ça valait le coup d'essayer pour au moins satisfaire leur conscience, juste avant de se laisser partir sur des chemins différents. Ils se remirent donc au travail, Bella s'efforça de lire ses notes alors que ses jambes se frottaient toujours à celles d'Elmo. Il ne bougeait pas, se laissant caresser dangereusement, immobile, comme incapable de la quitter. Après quelques minutes de travail qui ne menaient à rien, Bella déposa son cahier et le fixa, les yeux remplis de désir. T'es beau... tu m'empêches de travailler, murmura-t-elle timidement, les joues rouges. Je ne pense qu'à toi, je ne peux me concentrer sur autre chose que..., elle prit une pause, fermant les yeux pour respirer ...que tes lèvres... Elle soupira longuement. C'est mal, c'est contre tout ce qu'on vient de décréter. Mais c'est plus fort que moi. Une seule envie l'habitait : qu'ils se retrouvent tous les deux dans sa voiture, juste pour gouter une dernière fois à la peau de l'autre, juste avant de devoir s'oublier pour de bon.

Normalement irréfléchi, immature et impulsif, Elmo se montrait étonnamment très terre-à-terre face à cette situation, tentant le plus possible de ne pas se laisser emporter par ses émotions. Trop souvent, il les laissait dicter ses actions, ses décisions, et bien souvent il finissait dans un mur. L’italien vivait à cent miles à l’heure parce que you only live once, mais les conséquences n’étaient pas toujours roses. Alors quand il était question de ses amitiés, Elmo se devait de se ramener à l’ordre et de penser avec sa tête plutôt qu’avec son cœur ou sa queue. Avec Bella, c’était deux contre un dans son débat interne, et malgré tout arrivait à être le plus sage. Sans doute parce que Milo avait été parmi les premiers à l’accueillir à Bowen, à lui faire découvrir tout ce que cette ville avait à offrir et, surtout, le premier à lui partager ce rêve qu’ils vivaient encore jour après jour trois années plus tard. Il avait trop à perdre pour qu’une femme se glisse entre eux, même s’il ne s’agissait pas de n’importe quelle femme, loin de là. Elmo esquissa un sourire lorsque Bella releva le fait que c’était mignon, qu’il se pose toutes ces questions. Un léger rire étouffé traversa même ses narines, sa bouche toujours fermée en un sourire en coin. « Je suis désolé que ce soit aussi compliqué. Si j’avais su … » S’il avait su, quoi ? Se serait-il privé de cette nuit-là avec Bella ? Maintenant qu’il avait goûté à ce que c’était que de partager le lit avec elle, sa réponse était non. S’il avait pu revenir dans le temps sans les souvenirs associés au futur, sans doute que c’aurait été différent, sans doute aurait-il résisté à la tentation et jamais ils n’auraient ouvert la porte à ces sentiments. Mais le mal était fait et, d’une vicieuse manière, il avait fait terriblement du bien aux deux amants. Ils semblaient d’ailleurs incapables de se libérer totalement de cette emprise qu’ils avaient l’un sur l’autre, et même alors que Bella les ramena à l’ordre sur leurs révisions respectives, les jambes de la jeune femme trahissaient ses propos en glissant contre celles d’Elmo. Ce dernier, comme paralysé par l’envie que ce contact ne se termine jamais, fixait ses feuilles sans bouger, jusqu’à ce que la jeune femme dépose son cahier et ranime à son extrême cette flamme qu’ils tentaient tant bien que mal d’éteindre. « Et tu crois que toi, tu me rends la tâche facile ? » Releva Elmo, la peau enflammée, alors qu’elle lui disait qu’il était beau et l’empêchait de se concentrer. C’était elle qui était belle, avec son doux visage arrondi, ses lèvres pulpeuses et son regard félin. Lorsqu’elle parla de ses lèves, paroles murmurées avec une envie pressante de le retrouver comme cette nuit-là, Elmo ferma à son tour les yeux. Il soupira en rouvrant les paupières, fuyant les yeux de Bella pour ne pas s’y perdre. Il aurait bien du mal à s’en extirper, s’il s’y risquait cette fois. Son bas-ventre s’embrasait déjà, son esprit le conduisait vers des pensées peu appropriées, et la chaleur australienne lui donna rapidement des vertiges, ou bien étaient-ce les paroles de l’universitaire ? « Bella … On ne peut pas recommencer … Ce serait … Ce serait encore pire, encore plus difficile à porter … » Mais tellement délivrant. Il soupira à nouveau. « Peut-être qu’on ferait mieux de rentrer réviser chacun de notre côté. » Il la regarda. « I don’t trust myself around you. » Et il avait cette forte impression qu’elle non plus, elle ne les raisonnerait pas, s’ils allaient plus loin.

Rien ne leur servait de poursuivre la discussion, ils ne s'entendraient pas. Si d'ordinaire Bella n'était pas attachée aux garçons avec qui elle passait la nuit, ce garçon avait pourtant changé sa vision des choses. Et s'il n'avait pas été l'ami de son ex flamme, cela ferait bien longtemps que la belle aurait tenté sa chance, de le charmer à nouveau, sans les sous-entendus, clairement. Elle ne se serait pas gênée, parce que pour la première fois elle avait trouvé quelqu'un avec qui elle était réellement. Mais ce bonheur, Bella devait se l'interdit. Parce que c'était mal, parce que Elmo ne leur permettait pas, parce que Milo était trop important pour eux deux. Alors elle s'était résignée, sous les bons conseils de son amant d'un soir. Peut-être échappaient-ils à la chance de leur vie, le grand amour, ou peut-être que cette histoire n'aurait menée à rien, mais qu'importe. À présent, ils ne pourraient jamais le savoir. Ils devaient donc se comporter comme les deux amis qu'ils étaient avant toute chose, ceux qui ne se regardaient jamais avec la tendresse qui enveloppaient leurs échanges cet après-midi. Bella ne serait pas cette femme, cruelle femme déguisée derrière son beau sourire et son visage d'ange, qui briserait leur amitié. Elle n'imposerait jamais ce choix, ni à lui, ni à l'autre. Il restait donc à présent seulement leurs souvenirs qu'ils gardaient pour eux, comme s'ils étaient trop précieux pour les partager avec le monde entier. Elmo se fondit en excuse alors que la brune secouait vigoureusement la tête. Ne t'excuses pas... souffla-t-elle. Il n'y était pour rien, à lui seul, ils étaient tous les deux coupables. Et, de son côté, si Bella avait su, elle se serait laissé guider par ses envies sans s'arrêter. Et aujourd'hui, elle recommencerait. Parce qu'Elmo, pour elle, il s'était pas un regret. Bien au contraire, elle remerciait le ciel de l'avoir mis sur sa route de cette façon, parce qu'il avait fait ressortir en elle des émotions qu'elle pensait avoir perdu. Il fallait se remettre au travail, refroidir leurs ardeurs et maximiser les dernières heures avant le début des finaux. La dernière partie, c'était surtout une excuse pour justifier le retour froid à leurs cahiers malgré les caresses que la brune ne cessait de procurer à l'étudiant. Après quelques minutes infernales d'attentes en espérant retrouver sa concentration, elle déposa son artillerie. Et c'est là qu'elle lui avoua que son manque de concentration, il en était la raison principale. Il répliqua, des sous-entendus qu'il avait, lui aussi, du mal à garder sa concentration en action. Je sais pas, à toi de me le dire ? Répondit-elle, beaucoup plus joueuse qu'elle ne l'aurait voulu. Mais son corps s'enflammait, il s'embrasait d'envies qui ne pouvaient plus quitter son esprit. Mais Elmo n'était pas d'accord et il refroidit les ardeurs de la Costaricaine. Ce serait encore pire, oui, probablement pour leur conscience et pour Milo, mais eux, qui pensait à eux ? À cette attraction qu'ils retenaient depuis une semaine maintenant, incapables de penser à autre chose que leur nuit ensemble. Il soupira, décrétant le besoin d'aller réviser chez lui, seul. Elle non plus, elle ne pouvait se faire confiance lorsqu'elle était près de lui, mais pour tout dire, elle avait envie d'envoyer balade la raison et de se laisser tenter par l'interdiction. On a qu'à rentrer... Conclue-t-elle en hochant la tête, blessée et soulagée à la fois. Bella pinça ses lèvres, un rictus de déception se dessina sur ses lèvres avant de refermer ses livres et de commencer à les ranger dans son sac. Elle espérait tellement qu'il la retiendrait, qu'il l'empêcherait de partir, de le quitter, qu'il la ferait rester à ses côtés.

HJ : qu'est-ce que tu veux faire ? On arrête ou on continue ?

Elmo esquissa un sourire en secouant doucement la tête. Elle lui faisait tourner la tête, encore et encore, Bella, de ses sous-entendus, de ses charmes, de son ton joueur et de son regard qui captivait tout son être et pire encore, tous ses désirs. « Non, tu ne me la rends pas du tout facile, la tâche … » Répondit-il avant de soupirer légèrement. Il haussa les sourcils, fermant son ordinateur et fermant ses cahiers de note. « Si j’échoue ces examens, j’espère que tu sais que ce sera de ta faute. » La nargua-t-il avant de rire. Il n’était pas sérieux, ce ne serait pas de sa faute à elle, ce serait de sa faute à lui parce qu’il était incapable de se raisonner, de ramener son cœur à l’ordre. Bien sûr qu’il réviserait moins que prévu en raison des images de cette nuit avec Bella qui lui revenaient sans cesse. Bien sûr qu’il se mettait complètement dans la merde en manquant autant de sérieux par rapport à ses études. Mais il était l’unique fautif. Tout comme il était l’unique raison pour laquelle ce jeu s’arrêta, pour aujourd’hui et peut-être même pour toujours. Il le fallait, ils l’avaient dit eux-mêmes : c’était la seule avenue envisageable. Qu’ils souffrent tous les deux de leur erreur, il pouvait le supporter un minimum. Que ça en affecte d’autre, il l’acceptait plus difficilement. Mais en lisant la déception et la souffrance dans le regard de Bella, Elmo réalisa que même ça, il n’arrivait pas à le gérer. Il perdait dans tous les cas. « Le contraire ne nous aide pas, j’espère que tu comprends … » Il essayait de se justifier, Elmo, mais le mal était fait. Partout sur leur passage, les faux pas étaient bien présents. Il déglutit, soupira, et rangea tous ses effets dans son sac avant de le refermer. Il se leva, elle aussi. Il alla régler sa facture et puis sortit du Imogen. « Bonne chance pour tes finaux, Bella. » Il esquissa un faible sourire, prit sa main dans la sienne pour une seconde à peine, avant de la relâcher et de tourner les talons pour fuir. Encore et encore, fuir.

TERMINÉ