well maybe I'm just dreaming out loud but, until then, come home (ally)

L’homme poursuivait en m’expliquant que ça changeait une personne. « En fait, je crois que chaque évènement façonne ta personnalité. » Expliquais-je avec douceur, un peu songeuse. Isaiah trouvait les toilettes rapidement et je pouffais de rire alors que l’homme parlait de lui comme un potentiel aimant à touristes. Il nous attendait à l’extérieur sagement et mon garçon tapait joyeusement dans la main d’Isaiah dès sa vue. Il poursuivait en me disant qu’il allait cuisiner tout ça. Il mentionnait que ça pouvait attendre et j’esquissais un petit sourire. « J’ai pas envie de me mettre dans tes pattes et de ruiner tes plans. » dis-je à son attention alors que Max semblait avoir repérer un insecte sur le sol. « Et Aisling? » demandais-je un peu inquiète, ne serait-elle pas jalouse de qui j’étais ou j’en sais trop quoi. Et puis, il y avait Maxwell aussi que je ne devais pas oublier. « Puis, j’ai Max aussi. » expliquais-je avec douceur. Connaissant mon ami, cela ne devrait pas poser de problème, mais je préférais vérifier avec lui.

Un sourire se dessina sur les lèvres d’Isaiah aux paroles d’Ally. « Je suis tout à fait d’accord avec toi. » Chaque événement d’une vie impactait une personne, aussi minime l’impact soit-il. La différence était tout de même là, si on prenait le temps de s’y attarder, même face à ce qu’on pense imperceptible. Alors qu’ils arrivaient aux toilettes publiques, l’ébéniste laissa son amie et son fils rentrer dans celles-ci alors que lui resta dehors, avec la poussette. Lorsqu’Ally en ressortit avec Max, Isaiah les invita à dîner avec eux ce soir, puisque la rouquine s’enquérait de ses projets pour la journée. « Depuis quand est-ce que j’ai des plans ? Ou du moins des plans que je dois suivre à la lettre, hein ? » Demanda Isaiah, presque vexé qu’Ally puisse penser qu’elle pourrait être dans ses pattes. Personne n’était jamais dans ses pattes, à Isaiah. Il accueillait tout le monde, tout le temps, alors si en plus il s’agissait de l’une de ses plus proches amies, qu’il n’avait pas vue depuis si longtemps en plus ! « Aisling a tellement entendu parler de toi, je pense qu’elle sera contente de nous voir nous retrouver. » Contente d’avoir de la compagnie pour le dîner, peut-être pas, mais Isaiah n’avait tout de même pas menti : la blonde serait sans doute contente qu’Isaiah retrouve une amie qui lui était si chère. Après, qu’Isaiah ait invité les deux à dîner sans prévenir, peut-être un peu moins, mais en étant en couple avec quelqu’un comme Isaiah, il fallait être prêt à toute éventualité. « J’imagine qu’à son âge il mange un peu de tout ? Je lui préparerai des trucs à son goût, sinon, y’a aucun problème. » Il sourit. « Vous êtes tous les deux les bienvenus, tu sais bien. »

Mon ami approuvait mes dires et cela m’arrachait un sourire. On parlait par la suite des plans... Des plans à court terme. « J’sais pas, tu as changé toi aussi, Isaiah. » lui dis-je avec douceur, un petit sourire et un haussement d’épaules. Il était plus zen et plus sédentaire aussi. Il ne partait plus en voyage pour un oui ou pour un non. Il s’était installé et peu à peu, il faisait sa vie. L’homme poursuivait en me disant que sa copine avait entendu parler de moi. Et quelque part, j’espérais qu’Aisling ne soit pas jalouse ou particulièrement possessive. Je hochais la tête positivement quant à son commentaire. L’homme poursuivait avec d’autres plans, des plans gastronomiques. Je hochais la tête positivement. « Il n’aime pas les poivrons pour une raison qui m’est totalement inconnue, mais sinon tout va bien. » lui dis-je patiemment. Isaiah démontrait encore son esprit chaleureux et je ne pouvais faire autrement que de l’enlacer avec un petit sourire. « Tu changes, mais rien ne change à la fois. » dis-je en riant doucement alors que mini-moi venait se joindre au câlin.

Les dernières années avaient visiblement beaucoup joué sur le plan du changement, ne laissant ni Ally ni Isaiah derrière. Ils continuaient à avancer, chacun de leur côté, pour mieux se retrouver plus loin sur la route et constater toute celle parcourue. « T’as raison, on a fait notre bout de chemin depuis le temps, hein ? » Demanda-t-il avec un doux sourire. Leurs vies n’avaient plus rien à voir avec celles d’il y a trois ans. « Mais crois-moi que j’planifierai jamais mes journées au quart de tour. » Il ne faut jamais dire jamais, qu’on dit, mais Isaiah était bien trop libre pour vivre selon une stricte organisation qu’il s’infligerait lui-même. C’est pourquoi l’homme réitéra sans hésiter son invitation à ce qu’Ally et Max viennent dîner à la maison. Il n’avait pas envie de la laisser rentrer à l’hôtel ou dans un restaurant. « C’est noté. Pas de poivrons. Ou alors très très bien cachés pour qu’il ne s’en rende pas compte. » Il esquissa un sourire. Il se moquait, évidemment, et préparerait un repas selon les goûts de l’enfant. Ce n’était pas une restriction très contraignante. Ally le serra finalement dans ses bras, rapidement rejointe par Maxwell qui participa au câlin. Isaiah rit chaleureusement. « J’garde que le meilleur. » Et sa relation avec Ally, c’était un élément de sa vie qu’il ne voulait échanger pour rien au monde. Qu’elle soit loin ou si proche, il serait là pour elle. « Si tu veux, j’te donne l’adresse et tu nous rejoins plus tard, quand t’es prête. » Elle avait peut-être à repasser à l’hôtel chercher certaines choses pour Maxwell, ou pour se changer, peu importe. Et Isaiah avait de toute façon tout un repas à préparer.

Ils avaient tous deux fait leurs bouts de chemin depuis le temps et j’esquissais un petit sourire en hochant la tête positivement. « En effet. » Confirmais-je. Depuis le temps, tout avait changé et d’un autre côté, c’était normal. « As-tu des nouvelles d’Ezekielle? » demandait-elle naïvement, presque trop sagement pour savoir que l’autre blonde avait été importante pour Isaiah. L’homme poursuivait en confirmant qu’il n’était pas bien plus structuré et condensé qu’avant. Je pouffais de rire. C’était un esprit libre, Isaiah. Lui imposer une routine lui brûlerait les ailes bien trop vite et je le savais pertinemment. L’homme me disait qu’il allait très bien les cacher et alors que j’ouvrais la bouche pour rétorquer que mon mini rouquin les trouverait, l’enfant s’empressait de prendre la parole. ‘ Non, Yaya. Pas poivron.’ Prise au dépourvue, je me mettais à rire. « Il le saura... Il sait toujours tout. » Ne parlons pas de son géniteur, de grâce. Il ne gardait que le meilleur Isaiah et je ne pouvais réprimer un sourire. « Parfait pour l’adresse, je t’y rejoindrai avec plaisir un peu plus tard... On dit 18 heures? » Demandais-je en jetant un coup d’œil à ma montre.

À la question d’Ally, Isaiah hocha la tête. Ezekielle et lui avaient gardé contact, même après leur rupture. Après tout, ils ne s’étaient pas quittés en mauvais termes. La vie leur avait juste fait prendre des chemins différents. « On s’écrit à tous les mois, généralement. Je reçois des lettres de pays différents à chaque fois. » Lui apprit-il avec un sourire heureux, heureux pour Ezekielle, qu’elle ait pu continuer à vivre ce mode de vie qui la passionnait, qui la gardait vivante. Elle avait l’emploi parfait pour ça, parfait pour elle. Elle semblait s’épanouir aux quatre coins du monde et il ne lui souhaitait que ça. Il ne le souhaitait qu’à tout le monde, au fond, ce bonheur. Il était d’ailleurs très content de voir qu’Ally semblait l’avoir trouvé, avec Maxwell. Il rit d’ailleurs quand ce dernier l’appela yaya en refusant ses poivrons. « D’accord, Max, pas de poivron. » Lui assura-t-il avec bienveillance. Il reporta son attention sur sa mère et attrapa son téléphone pour pouvoir rentrer son adresse à quelque part là-dedans, dans une application bloc-notes ou un truc du genre – le premier endroit qu’il trouva pour écrire, en gros. « Va pour dix-huit heures. » Il lui redonna son téléphone avec un sourire avant de la prendre dans ses bras. « J’suis vraiment content d’te revoir. » Il s’agenouilla face à Maxwell et lui ébouriffa les cheveux gentiment. « Et content d’enfin te rencontrer, Max. » Il se releva, reprenant ses sacs pour libérer la poussette de la rousse.

Isaiah m’expliquait qu’il avait des nouvelles occasionnelles d’Ezekielle. J’esquissais un petit sourire alors que le brun me racontait qu’il recevait des lettres de partout à travers le globe. La vie avait bien entendu suivi son cours laissant Ezekielle à sa vie de nomade et Isaiah à un nouveau mode de vie plus sédentaire. L’homme confirmait à mon bambin qu’il n’y aurait pas de poivrons et je pouffais de rire. L’homme confirmait l’heure et je hochais la tête avec un sourire aux lèvres léger. Je lui rendais son étreinte. « Moi aussi. » Mon fils souriait bêtement suite à ses cheveux entremêlés. « On se voit plus tard. » Lui dis-je en lui faisant un signe de main, fin prête à poursuivre quelques emplettes pour conclure cette journée en beauté.

FIN.