until the end of the night (vega)

En général je suis trop fatiguée pour sortir et surtout j’ai pas des masses envie d’avoir la gueule de bois en cours le lendemain. Sauf que quand il s’agit d’Elmo, j’ai du mal à lui dire non. Il m’a entraîné dans ses coups foireux à sortir et à boire. Heureusement j’ai un minimum de volonté et je sais dire non quand des types m’offrent des verres. Je suis pas totalement bourrée parce que j’aime pas ça. J’aime pas ne pas me souvenir de la soirée ou ne pas contrôler ce que je fais et me faire emporter par mes pulsions. Mais c’est pas le cas de tout le monde et je vois Elmo s’enfuir en courant pour aller vomir un peu plus loin. Je peux pas m’empêcher de rire et après je me dis que c’est moi qui va devoir le porter à moitié jusqu’à l’appart et l’aider à se coucher, shit ! En attendant je danse parce que de toute façon y’a pas grand-chose d’autre à faire et j’ai pas forcément besoin d’être avec quelqu’un pour faire n’importe quoi en dansant. Je me stop légèrement quand je sens une main sur mon épaule, je virevolte pour faire face à cette personne qui n’est autre que Bellamy. Je le connais un peu par défaut, meilleur ami d’Elmo et d’Alix donc j’ai pas trop moyen de l’éviter. Je sais pas trop ce qu’il me veut mais je m’en fous un peu, j’ai envie de profiter de ma soirée et laisser le reste de côté. Je ne lui réponds qu’en souriant, avec la musique c’est même pas la peine de vouloir discuter et je me pose mon bras sur son épaule tout en continuant à danser.

Je le vois, je suis pas naïve. Je ne sais pas pourquoi il a décidé tout d’un coup de venir vers moi et de me faire son petit numéro. Ça ne m’étonne pas que ce soit le meilleur ami d’Elmo, niveau drague y’en n’a pas un pour rattraper l’autre. Si j’ai échappé au petit numéro de Mo qui n’a jamais essayé de me draguer (pour je ne sais quelle raison d’ailleurs), j’échappe pas à celui de son bellâtre d’ami. Mais je le repousse pas, je rentre dans son jeu. C’est assez marrant après tout, juste être là à danser sans rien se dire. Je sens qu’il doit me connaître un peu parce que même s’il se donne un air assuré j’ai l’impression qu’il hésite dans ses mouvements comme ci je pouvais le rembarrer d’un moment à l’autre. Il n’a pas tord, je ne me laisse pas faire. Jusque ici son attitude me convient mais il n’est pas à l’abri que je tourne les talons sans un au revoir. Tandis qu’il passe sa main autour de mes hanches, je me rapproche de lui pour lui dire quelques mots. « J’te fais peur ? » Je me recule ensuite, un sourire aux lèvres. Après c’est peut-être le fait que notre meilleur ami commun soit pas loin et que s’il nous voit ça peut finir mal. Perso je m’en fous, c’est pas Mo qui va me dire quoi faire, même si je l’aime beaucoup. Mais je sais qu’il y a ce truc entre les mecs qui fait que certaines filles sont un peu intouchables sinon ça crée un incident diplomatique.

Lorsqu’il me rapproche de lui alors que j’ai tenté de l’éloigné un peu je suis partagé entre le planter là et me barrer because je suis une femme indépendante donc si j’ai pas envie d’être collé à un mec c’est mon choix ou rentrer dans son jeu. Bon je choisis la deuxième option car même si je ne suis pas totalement bourrée, je ne suis pas vraiment sobre non plus donc je suis un petit peu docile dirons-nous. Sa réponse sème le doute en moi. Au pire si je me barre il ira juste faire son numéro à une autre non ? Je ne vois pas vraiment pourquoi il tient tant à ce que je reste avec lui. Et visiblement il a aussi peur de Mo, le grand méchant Mo qui effraie tout le monde, c’est bien connu ! Ce qu’il me dit avant de tourner les talons me laisse encore plus perplexe. Finalement je reste quelques minutes à danser avant d’aller au bar me prendre un shot du désespoir et un cocktail avec double dose de rhum. Je retrouve Bellamy dehors. Je sors d’une rupture, la première vraie rupture, celle qui fait mal et qui me fait remettre tout en question. J’étais resté à Bowen pour lui, comme une conne. Mo m’avait dit que je faisais n’importe quoi, on s’est même engueulé mais j’ai pas voulu l’écouté. Du coup là c’est l’occasion d’oublier un peu tout ça en noyant mon chagrin dans l’alcool et Bellamy qui passait par là. Je viens me poser à côté de lui. On a chacun notre verre à la main. « Je veux te donner un air mystérieux en te barrant comme ça sans revenir ? » je lui demande en me tournant vers lui.

Je le vois tout heureux de voir que son plan a marché, que je suis revenue vers lui. Rien que pour ça j’aimerais bien me barrer, juste pour lui montrer qu’il a tord. Mais je reste, peut-être parce que je préfère être dehors au calme avec le léger vent qui fait redescendre toute la chaleur accumulée à l’intérieur. J’ai besoin d’une petite pause. « Te vente pas trop vite. » Je lui dis seulement ça comme un avertissement. Je le vois sortir son téléphone et commencer à m’ignorer. S’il croit que je vais tomber à ses pieds parce qu’il fait le mec détaché, il se met le doigt dans l’œil. Je préfère regarder au loin tout en buvant mon cocktail. Je me mets ensuite à rire lorsqu’il se remet à me parler. « Même si tu n’es pas le type le plus désagréable du monde à regarder, j’passe pas ma vie à ça non plus. » Je sais qu’il va sans doute utiliser ce que je viens de dire contre moi mais je m’en fous. Mais il hésite pas à être direct et me dit qu’il préfère me montrer ce qu’il aimerait faire plutôt que de le dire avec des mots. Même avec l’esprit embrumée je vois clair dans son petit jeu et je sais bien ce qu’il va faire quand il se rapproche, même si je ne m’attendais pas à ce qu’il soit si direct. Quand je sens ses lèvres sur les miennes, je me rapproche un peu plus de lui et je pose mon verre sur le muret pour pouvoir passer mes mains autour de son cou. Quand nous nous séparons, j’ai un petit sourire aux lèvres. « Ça fonctionne souvent ce p’tit numéro ? » Je pose ma main sur son torse avant d’ajouter. « T’as d’la chance je suis plutôt sympa ce soir. »

Je commence à le cerner le petit. Enfin petit, je suis encore la plus jeune de nous deux vu que j’ai tendance à traîner avec des gens un peu plus vieux mais bon. C’est le genre de type qui pense que personne ne peut lui résister et qu’il est exceptionnel. « T’es venu te mettre devant moi donc c’est difficile d’éviter ton melon. » je lui réponds un petit peu plus sèchement que je ne l’aurais voulu. Mais ça ne l’empêche pas quelques minutes plus tard que ses lèvres viennent à la rencontre des miennes. Le voir être à la fois imbu de lui même mais aussi assumer que son numéro n’est pas toujours concluant, me fait rire. Je rattrape mon verre pour continuer à le siroter. « J’suis pas pour la violence donc rassure toi tu t’en serai sorti indemne. Et puis je tiens mon cocktail donc je te l’aurais pas non envoyé en pleine tête. Nan j’crois que j’t’aurais juste traité de sale con et j’serai parti. En général j’perds pas mon temps avec les gens qui valent pas l’coup. » C’est vrai que je ne le connais pas plus que ça mais je trouve pas qu’il ait mal agit non plus. J’ai connu pire, il m’a pas forcé et j’étais clairement pas contre. A sa prochaine remarque je ne peux m’empêcher de répondre. « C’est parce que je ne peux plus me détacher de toi, je suis déjà accro. » C’est ironique bien sûr. Du coup je prends un peu mes distances, histoire de ne plus être un panda.

Il interprète tout ce que je dis comme ça l’arrange mais ça ne m’étonne pas vraiment et je m’y fais. C’est sûrement des airs qu’il se donne pour avoir plus confiance en lui. Après tout, tous les mecs qui ont l’air de connards ne le sont pas forcément, si ? Genre mon ex, il avait l’air génial et au final à la première occasion il m’a largué pour aller voir ailleurs, pas franchement le type idéal donc. « Tu sais avec l’alcool on sait jamais ce qu’il peut arriver, j’peux déraper et t’en mettre une quand même. » Je dis ça mais je ne le ferai jamais, alcool ou non. Genre si une fille frappe un mec c’est ok mais l’inverse non du coup je comprends pas trop. C’est juste pas ok de frapper qui que ce soit en fait, mec ou fille. Fin bref, je suis pas sûre que beaucoup de monde partage cet avis et l’ambiance n’est pas trop à la conversation sur l’égalité hommes-femmes. Je ne peux m’empêcher de sourire en me disant qu’il est peut-être déçu qu’après un baiser on se remette à discuter normalement. Il tente de me convaincre mais ça me fait plus rire qu’autre chose. J’aime pas vraiment qu’on me dire quoi faire. « J’sais que t’es déçu, c’est toi qui est déjà accro en fait. » Je lui dis toute contente d’avoir tourné les choses à mon avantage. « Mais sinon j’suis pas sûre que ça soit la meilleure approche, on dirait plutôt un dealer de drogues là. » Je lui fais remarquer quand il évoque pouvoir me rendre accro à d’autres choses qu’à ses baisers. Malgré tout je reviens un peu vers, glissant mon regard vers le sien.

Je trouve ça marrant de discuter avec lui et d’être avec lui en fait. Il fait sa tête de con comme beaucoup de mecs mais il n’a pas l’air méchant, même si je me méfie. De toute façon j’ai pas envie de m’attacher, surtout pas maintenant donc au pire si c’est un sale con c’est pas trop grave. Et puis si c’est le cas je ne pourrais pas vraiment tout déballer à Mo sinon ça voudrait dire qu’il devrait être du côté de l’un ou l’autre de ses meilleurs amis et je lui demanderais pas ça. Bellamy, Bella, Bel’ je sais pas trop comment l’appeler, avait l’air vulnérable face à moi, je ne sais pas trop pourquoi en réalité. Je ne pensais pas faire si peur que ça aux gens ou les intimider autant. Il me tendit la main pour me relever, je l’acceptai et il en profita pour m’attirer vers lui. Je me laissai faire sans résistance. « T’as pas à avoir peur de moi, j’vais pas te manger tu sais. » Je lui réponds en riant. En vrai je ne sais pas trop comment prendre tout ça. Les gens qui me connaissent savent que je suis globalement sympa c’est juste que je suis une grande gueule et que je me laisse pas faire si facilement. Mais j’ai pas non plus envie qu’il se sente mal à l’aise. C’est peut-être pour ça que j’ai plus de copain maintenant, parce qu’il a préféré aller voir une fille plus simple que moi ? Une fille qui va pas lui prendre la tête sur tout et n’importe quoi et qui lui dira pas non à tout. « Oh je vois ! » Je finis par dire quand il parle du panda. Je me rapproche de lui et finie à mon tour à poser mes lèvres sur les siennes.