family matters (perring)

En revenant à Bowen Perry n’avait pas seulement pensé à retrouver la ville qu’il appréciait, il était aussi et surtout revenu pour quelqu’un d’autre : sa fille. Même s’il a toujours fait des voyages pour venir la voir, être loin d’elle l’a beaucoup affecté. Il aurait aimé la voir davantage grandir et être davantage présent. Il sait qu’Aisling et Isaiah s’occupent bien d’elle mais il est son père et il ne veut pas que plus tard Siobhan lui reproche d’avoir été absent. Il espère seulement que la mère de sa fille saura comprendre et acceptera une garde partagée ou quelque chose du genre. Il pense qu’ils peuvent tous les deux trouver quelque chose qui leur convient. Au final ils ne se sont pas beaucoup engueulés tous les deux. Il se pointe devant chez Aisling, il s’est quand même assuré avant qu’elle soit là en lui envoyant un message pour la prévenir qu’il était en ville. Et oui il se responsabilise avec le temps ! Il aura presque fallut qu’il ait trente ans pour demander aux gens s’ils sont là avant de débarquer chez eux. Peut-être qu’un jour ça sera un homme mature et responsable qui fera la morale aux gens quand ils font n’importe quoi. En attendant c’est encore sa fille, Penny, qui doit parfois prendre les rennes et s’arranger pour que tout se passe bien. Un peu nerveux, ce qui ne lui ressemble pas vraiment, il frappa à la porte et attendit patiemment qu’on vienne lui ouvrir. Il avait vraiment hâte de pouvoir prendre sa fille dans ses bras et la voir courir partout.

Après un coup d’œil à son téléphone, Aisling vit un sms de Perry. Même sans l'ouvrir, elle avait une vague idée du contenu. Elle le lit et sans surprise il était en ville et voulait voir Siobhan. Elle lui répondit donc qu'elles étaient à la maison toute la journée et qu'il pouvait passer. Bien qu'il soit loin, il faisait tout de même l'effort de passer la voir régulièrement. Dans ces moments-là, Aisling préférait s'effacer. Elle ne voulait pas se mêler à leurs moments père/fille et interférer dans leur relation. Elle voulait seulement que sa fille soit heureuse. Et grand dieux, ceux qui savaient lire au fond de son cœur ne pouvait pas douter de la force avec laquelle elle aimait Siobhan, parce que sans ça, Perry n'aurait pas mis les pieds chez elle.

Entendant frapper à la porte, elle vint lui ouvrir, lui servant le même sourire qu'elle lui servait à chaque fois. Un sourire figé et sans saveur.

-Entre, elle est entrain de regarder un dessin animé.

Elle ferma la porte derrière lui et rejoignit sa fille.

-Papa est là mon cœur.

Comme d'habitude, elle partit pour s'éclipser dans la cuisine.

-Est-ce que tu veux de la limonade ?

Il avait l’impression de revivre la même scène à chaque fois qu’il venait voir Siobhan. Aisling lui ouvrait la porte, lui adressait quelques mots puis le laissait avec sa fille. En soit il était trop heureux de la voir pour penser à la mère de sa fille et à leur relation. A chaque fois il passait un maximum de temps avec Siobhan, sachant qu’il ne la reverrait pas avant plusieurs semaines. « Salut. » dit-il avant d’aller voir sa fille et de la prendre dans ses bras. Il avait un sourire jusqu’aux oreilles et s’étonnait toujours d’avoir deux supers enfants beaucoup trop adorables. La voix d’Aisling le ramena un peu à la réalité. « Ouais j’veux bien s’te plaît. » dit-il avant de reposer Siobhan et de lui dire « Papa doit parler à maman mais je reviens vite. » Il lui fit un bisou sur la joue avant d’aller dans la cuisine. Il était un peu nerveux et il se passa une main dans les cheveux avant de se lancer. « Ais...j’reviens m’installer à Bowen et j’ai envie de voir Siobhan plus souvent. » Au moins il n’y était pas allée par quatre chemins. Maintenant il attendait la réaction de son ex, toujours imprévisible.

Tout commençait exactement comme d'habitude. Pour quelle raison est-ce que ça changerait ? Aisling n'avait pas l'intention de casser cette routine, les choses fonctionnaient très bien comme ça. Siobhan était heureuse, c'était le principal.
La blonde remplit un verre de limonade mais elle n'eut pas le temps d'aller le porter que Perry vint lui même dans la cuisine. Elle leva les yeux vers lui, surprise de le voir nerveux alors que d'ordinaire tout roulait.

Aucune introduction, aucune préparation. Juste les faits. Aisling resta muette et figée pendant des secondes qui semblaient interminables. Sa main se serra autour du verre alors qu'elle pesait les conséquences de ses mots. Revenir à Bowen, du genre définitivement ? Voir sa fille plus... souvent ?

Le verre explosa au sol dans un bruit sourd. Alors que les mots lui venaient enfin, elle serra le poing avant d'en prononcer un seul. Elle ferma la porte qui se trouvait entre la cuisine et le salon, espérant épargner à sa fille ses cris qui la faisaient pleurer.

-Est-ce que tu comptes venir foutre ma vie en l'air tous les six mois, Perry ?

Les bras croisés sur sa poitrine, elle essayait de s'empêcher de lui envoyer des objets à travers la figure.

-Qu'est-ce que tu veux ? Sa garde ?

Les mots d'Aisling ressemblaient plus à des cris qu'à des questions. Elle n'était pas prête la blonde, pas prête à ce genre d'annonce, pas prête à bousculer son quotidien pour ses beaux yeux. Il lui semblait qu'elle avait réussi à trouver la paix, mais visiblement le monde semblait avoir besoin de lui mettre des bâtons dans les roues à chaque fois qu'elle franchissait une marche.

Il aura dû mettre les formes, il aurait dû y aller moins violemment et tourner un peu plus autour du pot pour mieux faire passer la pilule. Ce n’est pas comme s’il ne connaissait pas Aisling. Perry sait bien qu’elle peut réagir violemment et de manière totalement imprévisible, ce qui lui fait un peu peur d’ailleurs. Elle lui a toujours fait un peu peur, il appréhendait toujours quand il avait un truc à lui dire. Le verre qu’elle avait entre les mains alla jusqu’au sol et explosa dans un bruit qui lui fit fermer les yeux et qui ne le rassura pas sur la suite. Il pensa immédiatement à Siobhan. Il ne voulait pas lui faire vivre ça, des parents qui s’engueulent, une mauvaise ambiance. Il fallait qu’il rassure Aisling car il voyait bien qu’il revenait dans sa vie sans qu’elle n’ait rien demandé. « Ais...j’veux pas foutre ta vie en l’air, j’te l’jure. Je sais que t’as pas envie de me voir. » Il ne sait pas trop pourquoi d’ailleurs. Sans doute qu’elle a moins bien vécu que lui le tournant qu’a pris leur histoire et qu’elle avait enfin réussi à construire quelque chose sans lui. Il parlait d’un ton calme tandis qu’elle lui criait dessus. Perry ne va pas crier, il ne crie jamais, ou presque. Les rares fois où il a levé la voix ou qu’il s’est montré violent c’est quand il s’agissait de ses filles et qu’il était face à des gens peu compréhensifs. « Nan...fin j’veux juste qu’on puisse trouver un moyen pour qu’on la voit tous les deux. On y arrivait au début, on peut recommencer. » Les premiers mois ils étaient tous les deux à Bowen et se partageait la garde de Siobhan même si elle était plus souvent chez lui car il avait pu arrêter de travailler pour s’occuper d’elle.

Il n'était pas doué pour la calme Perry. Elle devrait pourtant avoir l'habitude. Après tout, il avait souvent été à côté de la plaque. Ils n'avaient jamais vraiment réussi à se comprendre. Leurs amorces de relation s'étaient soldés par des échecs, à tel point qu'Aisling en aurait presque haït Isaiah de l'avoir convaincue de se lancer.
Mais ce n'était pas la question, plus maintenant en tout cas. Elle ne doutait pas qu'il avait les meilleures intentions du monde, il les avait toujours eu. Mais ça ne suffisait pas, il fallait aussi avoir un minimum de jugeote.

-Te voir, tu crois vraiment que c'est ça le problème ? Sérieusement Perry, ta présence est le cadet de mes soucis.

Qu'il traîne sans ses pattes pour voir Siobhan, elle pouvait s'y faire. Il lui suffisait seulement de s'occuper à autre chose, ou même de ne pas être là d'ailleurs. Il y a des choses avec lesquelles elle pouvait composer, contrairement aux apparences.

-Au début ? Tu compares vraiment la situation présente à ça ? A quel point tu te fous de ma gueule ?

Au début. Elle avait fait un déni de grossesse. Et à ce moment précis, elle n'avait aucune intention de rentrer dans la vie de sa fille. Elle avait été complètement bouleversée. Mais comment est-ce que Perry aurait pu comprendre ça ? Il n'avait jamais comprit le moindre de ses sentiments. Le poing de la blonde s'était serrée, et pourtant, elle ne l'envoya ni dans la figure de Perry, ni dans un mur. En réalité, les larmes avaient commencer à glisser sur ses joues.

-J'ai fait un déni de grossesse. Je ne voulais même pas la voir, puis tu as essayé de me convaincre petit à petit de l'accepter. Finalement, tu m'as laissé Siobhan sur les bras alors que j'étais complètement incapable de m'en occuper. J'ai fais tout ce que j'ai pu pour être la meilleure mère pour elle, j'ai fait des efforts que j'aurais moi-même cru impossible et je l'ai aimée, je l'aime plus que tout. Et d'un coup tu débarques pour me la reprendre ? Qu'est-ce que tu comptes faire après ça pour être encore plus sadique ?

La voix d'Aisling avait fini par se casser alors qu'elle essuyait les larmes qui coulaient avec rage. Il l'avait vu pleurer un milliard de fois, ou au moins deux, mais maintenant, maintenant qu'ils avaient prit cette distance elle ne voulait plus avoir l'air aussi faible en face de lui.

S’il n’est pas en couple, ce n’est pas seulement parce qu’il n’est quasiment jamais tombé amoureux et qu’il préfère davantage les coups d’un soir, c’est aussi car il est assez nul pour les gérer. Il n’a jamais su bien faire lorsqu’il était avec Aisling et depuis qu’ils sont séparés, c’est pire. Il faut dire qu’il n’a pas choisi la plus simple des femmes. Pourtant il veut bien faire et surtout tout faire pour le bien de sa fille, c’est ce qui compte le plus. Il a été con de penser que la situation était comme au début. Peut-être qu’il voyait la réalité à sa manière, oubliant tout ce qu’Aisling avait enduré. Perry sait que ce n’était pas facile au début et qu’il l’a convaincu que Siobhan avait besoin d’une mère et qu’il ne pouvait pas et ne voulait pas l’élever seul. Il voyait bien que cela la touchait et il se sentait triste de la rendre comme ça. Il ne voulait pas qu’elle soit triste à cause de lui. Pourtant c’est souvent ce qu’il avait fait en ne savant pas comment s’y prendre et en disant les trucs qu’il faut pas. Il aurait aimé la prendre dans ses bras pour la rassurer et la calmer mais les choses ont changé à présent. La distance s’est installé entre eux et ils ne sont plus devenus que deux parents du même enfant. « Je suis désolée d’être parti mais je pouvais pas rester. Désolé si je n’ai pas été assez là quand tu en avais besoin. » Il devait rentrer pour être auprès de sa mère. Il avait du faire un choix et ça lui semblait le plus cohérent à ce moment. « Je veux pas te reprendre Siobhan. C’est notre fille à tous les deux. Je veux la voir plus souvent et être là pour elle. » Il sait combien cela peut-être difficile pour un enfant de vivre sans un ou ses parents. Même s’il a eu de la chance avec sa famille d’adoption, ça l’a quand même beaucoup perturbé dans les premières années de sa vie et même après. « Je veux juste être là pour elle. J’ai envie d’être un bon père, tout comme toi tu veux être une bonne mère. S’il te plaît comprend moi. » C’était à son tour d’être triste. Il en avait les larmes aux yeux. Même s’il s’était préparé, il ne pensait pas que cette discussion soit si dure.

Il s'en sortait toujours avec des excuses, parce que de toute façon, il ne savait pas faire grand chose d'autre. Ils étaient tous les deux beaucoup plus doués pour casser que pour réparer. A quel moment avaient-ils pu penser que ça marcherait entre eux ?

-On a toujours le choix.

Elle soupira, essayant de faire disparaître ses larmes, de prendre un minimum de contenance. Son regard esquivait Perry, elle n'avait pas l'intention de s’apitoyer sur ses plaintes parce que ce qu'il ressentait ne l'intéressait pas. Tout comme pour lui, la seule chose qui comptait, c'était Siobhan.

-De toute façon, si je refusais tu me traînerais en justice.

Et avec l'argent qu'il avait ça ne faisait aucun doute qu'il pourrait se payer une armée d'avocats, et la faire passer pour quelqu'un d'instable voire de dangereux pour sa fille ne serait sans doute pas bien compliqué.
Jouant nerveusement avec ses mèches de cheveux, Aisling finit par hausser les épaules. Elle ne pouvait pas refuser à sa fille de voir son père, elle le savait, ce serait stupide. La petite tête blonde était toujours heureuse de voir débarquer son père à la maison.

-Qu'est-ce que tu proposes ? L'avoir une semaine sur deux ?

Rien que l'idée lui arrachait le cœur, mais sa fille lui avait apprit à être une personne raisonnable, ou du moins à essayer de l'être.

Oui il aurait pu faire autrement, ne pas rentrer aux Etats-Unis, faire l’inverse et rester en Australie, faire des allers-retours réguliers au Texas. Mais il s’en serait voulu que sa mère meurt et qu’il ne soit pas près d’elle mais à des milliers de kilomètres. Alors il a fait un choix, peut-être pas le meilleur, mais il ne peut pas revenir en arrière. L’argument qu’elle utilisa ensuite fit passer Perry de la tristesse au dégoût. Il ne savait pas pourquoi elle le voyait ainsi, ce qu’il avait fait pour qu’elle le déteste autant. Il fait souvent des erreurs mais il fait toujours de son mieux lorsqu’il s’agit de Siobhan et donc d’Aisling. Elle ne veut pas le voir alors il ne lui impose pas de passer du temps avec lui et leur fille, il fait tout son possible pour que les choses se passent bien. « Tu crois vraiment que j’ferais ça ? Tu crois que je t’empêcherai de voir Siobhan ? Je veux qu’elle grandisse avec ses deux parents. » Si vraiment il avait voulu le faire, il aurait pu, surtout au début, quand aisling ne voulait pas voir sa fille. Mais non il voulait que Siobhan ait une famille et qu’elle grandisse avec ses deux parents. Même s’ils ne s’entendent pas, c’est sûr, au moins ils sont présents pour elle. Asiling en vint ensuite aux propositions concrètes, ce qu’il voulait faire, au moins ça serait clair. « Je sais pas trop. Je veux pas que ça soit trop dur pour toi. Si tu veux on peut commencer par un ou deux jours dans la semaine, comme ça ça fait pas trop d’un coup ? » Bowen n’est pas très grand donc ils ont moyen de pouvoir voir leur fille très régulièrement tous les deux, même si ça implique de se voir eux.

Aisling haussa les épaules à ses question. Elle savait que c'était une possibilité et qu'elle ne pouvait pas la mettre de côté, surtout si elle refusait la garde partagée. Perry n'était pas mauvais, ce n'était pas la question. Mais peut-être qu'un jour il déciderait qu'elle n'était pas assez bien pour leur fille.

-Qui sait. On peut faire des trucs stupides par amour.

Et elle savait qu'il aimait Siobhan, qu'il aimait ses filles.
Alors qu'il lui disait qu'il ne voulait pas que ce soit trop dur pour elle, elle serra le poing, enfonçant ses ongles dans la paume de sa main. Elle se retint de lui envoyer de nombreux noms d'oiseaux à la figure. Il fallait qu'il arrête de faire comme s'il avait la moindre considération pour elle. Elle n'y croyait pas une seule seconde.

-Comme si ça te préoccupait vraiment... La question c'est surtout de savoir ce qui serait le mieux pour l'adaptation de Sio'.

Elle préférait balayé d'un revers de la main ce qui pouvait être "trop dur pour elle". Il n'était pas question que Perry la traite comme quelqu'un de faible, pas elle, et surtout pas lui.

-J'ai sûrement assez de jouets et de vêtements pour elle pour qu'on les répartisse entre deux maisons... Isaiah voulait lui fabriquer des jouets en bois de toute façon. Si jamais tu as besoin de la faire garder, mon frère a l'habitude de s'en occuper. Si ça t'intéresse je lui dirais de te transmettre ses tarifs.

Ironie, elle n'avait jamais payé son frère pour garder sa nièce. Certes, elle le logeait et le nourrissait alors certains pouvaient peut-être considéré ça comme un paiement, mais pour Aisling c'était juste la moindre des choses. De toute façon, il y avait bien assez de l'autre folle qui lui offrait voiture et moto.

C’est vrai que par amour il pourrait faire beaucoup et peut-être que pour une raison quelconque il ne voudrait plus qu’Aisling ne voit Siobhan. Pour ça il faudrait vraiment qu’elle fasse quelque chose d’horrible et qu’il ne veuille plus qu’elle voit sa mère pour sa propre sécurité et santé. En attendant il n’en a pas l’intention, même si elle n’avait pas voulu qu’il voit sa fille plus souvent. Il est vrai qu’après tout ce qu’il a fait, parfois voir même souvent, sans le vouloir, elle puisse douter qu’il soit bienveillant avec elle. Pourtant c’est le cas, il n’a aucune intention de lui voler sa fille ou de lui faire du mal. Mais même idiot qu’il est, Perry sait que c’est peine perdue de se battre contre les idées d’Aisling. Autrefois il le faisait mais maintenant il n’a plus aucune influence sur elle. Finalement elle accepta le compromis, parlant plus concrètement de l’organisation des choses. « Oui et puis j’peux aussi lui en acheter en plus, c’est pas un soucis. J’pense que les jouets d’Isaiah lui feront plaisir. » Il disait ça sincèrement même si une part de lui à peur. Oui il a toujours eu peur qu’Isaiah prenne sa place comme père, après tout il voit plus souvent Siobhan que Perry ne la voit. C’est aussi pour ça qu’il est revenu, pour ne pas que sa fille ne le voit comme un inconnu. « J’peux trouver des gens mais si ça peut faire plaisir à ton frère. » Répondit-il en se disant que s’il ne peut la voir que un ou deux jours dans la semaine, il s’arrangera pour être disponible à ces moments là et pouvoir passer tout son temps avec elle. « Mais faudra voir comment Sio vit le truc. Dans tous les cas je te tiendrais au courant. » Il n’a pas envie qu’elle s’inquiète ou de la laisser sans nouvelle quand leur fille sera chez lui.

L'argent n'était pas un problème pour Perry, ça elle le savait pertinemment. Le temps non plus, d'ailleurs. Il pouvait ne pas aller travailler lorsqu'il le décidait, c'était bien pratique. Pour sa thèse, les heures étaient plutôt souples, elle n'allait pas mentir, mais ce n'était pas comparable avec ce que Perry pouvait faire non plus. Sans parler du salaire, déjà elle était payée, elle devrait presque s'estimer heureuse.

-Oui, ils s'entendent bien. Enfin, elle s'entend avec tout le monde, c'est ta fille après tout.

Et puis, très tôt Siobhan avait vu beaucoup de visages, il faut croire qu'elle s'était vite habituée à être entourée de genre différents.
Elle acquiesça d'un signe de tête quand il lui dit qu'il pouvait trouver d'autres gens, sauf si ça faisait plaisir à son frère. Mine de rien, ça chamboulerait sûrement un peu Aslander aussi de ne plus avoir sa nièce dans les pattes, même s'il lui restait Liam.

-J'espère bien.

Elle leva ses yeux bleus vers lui. De toute façon, s'il ne lui donnait pas de nouvelles, c'est elle qui en demanderait. Et mieux valait qu'il soit à côté de son téléphone s'il ne voulait pas la voir débouler en furie chez lui.

-Et Penny, comment elle vit les choses ?

Perry avait été important dans la vie d'Aisling, malgré tout ce dont elle essayait de se convaincre. Elle n'était donc pas indifférente au sort de son autre fille.

Perry sentit une certaine fierté de savoir que sa fille lui ressemble un peu. Elle n’a même pas trois ans mais petit à petit elle commence à développer son caractère et même s’il ne peut pas non plus trop l’influencer car il ne la voit pas beaucoup, il y a des choses qui sont héréditaires. Il se dit qu’au moins elle aura des amis plus tard, ce qui pour lui est extrêmement important. Il ne serait rien sans eux, c’est sans doute pour ça que l’amour ne lui a jamais manqué. Il esquissa un sourire, signe que la tempête semblait être passée. La jeune femme lui posa ensuite une question qui étonna Perry puisqu’elle s’intéressa à son autre fille. C’est vrai qu’avec le temps, les deux s’étaient rencontrés plusieurs fois et avaient pu discuter, le jeune homme estimant qu’Aisling soit assez importante dans sa vie pour qu’elle rencontre sa fille et qu’elles passent du temps ensemble. « Elle est contente de revenir et de pouvoir retrouver ses amis et un peu tous ses repères. » Au final elle a passé une grande partie de sa vie à Bowen, bien plus qu’au Texas. C’est là où elle est allée à l’école majoritairement et où elle a rencontré ses amis. Et puis il y a les amis de Perry, qu’elle connaît aussi et qu’elle aime bien pour la plupart. « Ais...j’me demandais, tu accepterais qu’on passe du temps tous les trois avec Sio ? J’pense que ça pourrait lui faire plaisir. » Il savait que cette question était risquée mais il voulait savoir. Il pense que sa fille apprécierait de pouvoir faire des activités avec ses parents sans avoir à faire avec l’un ou avec l’autre à chaque fois.

Aisling sourit doucement. C'est vrai que les choses avaient dû être dure pour Penny aussi, elle était si jeune, et déjà confrontée à tellement de choses. Et pourtant, de ce qu'elle l'avait vu, elle était une petite fille très équilibrée et mâture.

-Tant mieux alors. Tu vas retourner dans ton ancien appartement ?

Au moins comme ça, elle saurait quel endroit esquiver. Elle n'avait pas envie de tomber bêtement sur Perry pendant qu'elle faisait les courses. Même si, c'était plutôt Isaiah qui faisait les courses en vérité. Mais passons.
En entendant son prénom, Aisling sentit que la demande n'allait pas améliorer son humeur, et de fait, ce fut le cas. Elle se crispa légèrement, commençant presque à en avoir mal à la mâchoire tant elle avait serré les dents depuis le début de cet échange. Elle savait qu'il fallait qu'elle reste calme et raisonnée, même si ce n'était pas vraiment dans sa nature.

-Je suis pas certaine que ça lui fasse plaisir. Elle a l'habitude que les choses se passent comme ça, moi d'un côté, toi de l'autre. Elle n'a jamais vécu autre chose. Pourquoi est-ce qu'elle voudrait que ça change ? Surtout si c'est pour qu'on s'engueule devant elle, je vois pas l'intérêt.

Autant qu'elle ne sache pas que sa mère et son père ne s'entendaient pas. Ça par contre, ça pourrait la rendre triste, ou du moins la perturber.

La conversation se faisait plus sereine et plus calme, Aisling prenant quelques nouvelles de Penny et demandant à Perry où il comptait aller vivre. C’est vrai qu’il aimerait bien retourner vivre dans son appart, c’est le seul endroit où il ait vraiment vécu à Bowen. Mais il n’y a plus de place pour lui, sa chambre ayant été prise par un autre. Mais il a une idée en tête pour tout de même vivre là-bas, il attend juste de savoir si ça peut se faire ou pas. En attendant il est à l’hôtel et même si ce n’est pas ce qu’il préfère, il s’en contente. Enfin il n’a pas choisi le plus miteux, au contraire, il a pris le plus cher. Non pas pour exposer sa richesse à ses conquêtes ou autres personnes qu’il serait amener à inviter là-bas. Non juste il aime bien les endroits confortables et cela lui fait une transition un peu plus douce d’avec la maison de ses parents. A Austin ils ont quelque chose qui ressemble davantage à une villa avec piscine et domestique qu’à une simple maison. « J’aimerais bien, on verra si ça s’fait. Là j’suis à l’hôtel. » Seulement cette petite conversation amicale ne pouvait pas durer longtemps car Perry en remis une couche. Comprenant la réaction d’Aisling, il acquiesça. « Oui t’as raison. Faudrait lui d’mander comme ça on serait sûr. Mais tu sais j’pense qu’on peut passer du temps avec elle sans s’prendre la tête. » L’espoir fait vivre.