finding a place to call home ∞ Ally & Circé

Si Circé associait le malheur à son père, j’associais très certainement le mien à ma mère maintenant décédée qui me faisait des siennes, encore à l’heure actuelle. Frustrations, déceptions et tout ce qui en découlait. Je ne serais même pas surprise de savoir qu’elle n’a rien laissé à son petit fils qu’elle n’avait jamais vu... Je déglutissais difficilement. La femme me disait que mes difficultés étaient derrière moi. Mes épaules se relâchaient. « Je sais, mais c’est difficile à assimiler quand t’as eu des situations délicates toute ta vie. » Tentais-je d’expliquer avec douceur. Je réalisais que j’avais peut-être besoin de consulter au final. « De la rencontrer. » Corrigeais-je avec un petit sourire. Mon chien était parfait, presque autant que mon garçon et pourtant, Cinnamon avait été ma première pratique pour me prouver que j’étais une bonne mère. Elle m’avait prouvé que je pouvais prendre soin de moi, d’elle et surtout, d’un enfant. Enfin, un enfant poilu à quatre pattes, mais un enfant quand même! Je hochais la tête positivement. « J’en suis persuadée! C’est une boule d’amour! » Lui dis-je de tout sourire.

Je m’installais à sa demande dans le petit kiosque et j’invitais mon fils à s’installer sur mes genoux. « À cette nouvelle aventure, à une nouvelle amitié! » Dis-je avec un grand sourire alors que les yeux de mon fils se transformaient en gros cœurs en voyant apparaître le smoothie sur ses yeux. « Tu y vas doucement? » dis-je à Max alors que je trinquais avec Circé, le cœur léger. La femme me confirmait qu’elle n’était pas de Bowen, je lui faisais un petit sourire. « Voilà qui explique pourquoi je n’ai aucun souvenir de toi. » J’avais un petit rire doux et je surveillais mon petit homme d’un œil maternel. La jeune femme poursuivait en me disant que ça faisait neuf ans qu’elle était dans le coin et que Bowen lui seyait comme un gant! « J’suis née ici... Partie à quelques reprises et revenue aussi. J’ai fait New York à quelques reprises, mais rien n’égale le calme australien! » Confessais-je un sourire léger. « J’espère que Max s’y sentira lui aussi chez lui. » Pour lui, je traverserais des océans jusqu’à la fin de mes jours! « Pas trop dépaysée du pays de la pluie? » lui demandais-je avec un petit sourire, plus curieuse qu’autre chose.

J’aimais les nouvelles choses. Les anciennes aussi, bien sûr, il n’y avait qu’à regarder mon intérieur que j’agrémentais de choses chinées à droite ou à gauche, mais en terme d’énergie, la nouveauté était revigorante. Cette nouvelle locataire, et son petit garçon, allaient apporter sur ma maison une élan de fraicheur que j’appréciais déjà par anticipation. Une étrange empathie m’accrochait à elle, et me donnait envie de la soutenir, bien que je ne connaisse rien de cette femme au premier abord. J’avais l’intuition que nous allions devenir amie, et c’était tout ce à quoi je voulais me raccrocher pour l’instant. Installées dans mon jardin, nous trinquâmes toutes deux.
— À cette nouvelle vie, répondis-je avec un clin d’œil pour elle.
J’avais le sentiment qu’Ally allait démarrer quelque chose ici, même si, pour l’heure, elle se sentait encore perdue, ensevelie probablement sous la paperasse, et sous les émotions contradictoires qu’elle devait ressentir. Les retours aux sources étaient rarement de tout repos. Ils pouvaient être salutaires, bien sûr, mais demandaient parfois des sacrifices et une introspection qui chamboulait les cœurs. Ca n’était, en tous cas, jamais facile. Mais je voulais lui faire savoir qu’elle trouverait chez moi une oreille attentive et une épaule, au besoin. L’inviter à boire un verre, et rendre la location de la partie arrière de la maison moins formelle, était une manière de lui témoigner mon soutient. Je l’écoutai parler, sirotant doucement ma boisson, un sourire aux lèvres. Je lâchai un petit rire quand elle compara New York à Bowen et admit que le calme australien n’avait pas son pareil.
— Oh, je suis bien d’accord. En quittant Londres, je m’en suis bien rendu compte. Au fin al, les grands espaces, et cette nature qui foisonne tout autour me correspond bien plus que le brouhaha incessant de la ville.
Ally me demanda si le dépaysement ne se faisait pas sentir, et c’était drôle, parce que je ne m’étais jamais mieux senti chez moi qu’ici, sur les côtes australienne et non à l’endroit où j’étais née.
— Pas le moins du monde, répondis-je. J’ai trouvé mon équilibre ici, et je te souhaite de trouver le tien.

Elle ne me connaissait pas, elle ne connaissait pas Max et pourtant, elle était si gentille avec nous deux. La femme levait son verre à cette nouvelle vie et je hochais la tête avec un sourire plein d’espoir. Si seulement tout le monde était aussi content de me retrouver, ça me faciliterait un peu la tâche. Pour le moment, j’allais me concentrer sur le positif. Circé me parlait à son tour du calme de Bowen, je hochais la tête lorsqu’elle comparait avec le brouhaha de la ville. « C’est pour ça qu’on y revient toujours. » Constatais-je plutôt sagement avec un œil sur ma progéniture. Circé poursuivait en me disant qu’elle ne s’ennuyait pas du pays de la pluie et que Bowen était son lieu à elle. J’esquissais un petit sourire. « Alors, je te souhaite définitivement d’y être le plus heureuse et de conserver cet équilibre si précieux. » Admis-je avec un fin sourire.

J’étais heureuse d’être tombée sur une personne comme Ally pour louer la partie arrière de la maison. Le feeling semblait passer et c’était très important pour moi. Par ailleurs, j’avais vraiment l’impression que cette opportunité que j’avais plaisir à lui offrir, lui était vraiment utile, mieux que cela, j’avais la sensation du lui accorder un second souffle. C’était peut-être un peu égoïste de ma part, mais cela m’apportait un certain bien-être aussi. Quel bonheur de pouvoir venir en aide à quelqu’un. Nous trinquâmes et bûmes nos boissons avec ravissement. Le fils de ma nouvelle locataire semblait, lui aussi, aux anges. Un bon début, en sommes.
— Je te le souhaite aussi !

Spoiler:

L’après-midi passait rapidement entourée de Circé et Max. Tout s’était merveilleusement bien déroulé et on s’installait mon fils et moi prêts à refaire notre vie à Bowen. Ça promettait tellement d’être de retour ici, je me sentais bien, mieux que jamais même. L’aide de Circé me serait très précieuse. Chacune de notre côté de la maison, la vie reprenait son cours paisiblement et ça ne me ferait aucun mal.

FIN