#382 - i just want to find an easier way (tahlia)

Après avoir jeté un dernier coup d'oeil à l'heure, sur ton téléphone, tu poses celui-ci sur la table basse, le regard perdu sur l'écran vide de la télévision. Tahlia ne devrait plus tarder à présent car vous avez prévu de passer la soirée ensemble. En ce moment, il n'y a qu'avec elle que tu te sens capable de parler, capable d'exprimer ce que tu ressens au plus profond de tes tripes. Tu n'aimes pas qu'on te plaigne ou qu'on ait pitié de toi et tu sais qu'avec l'ex-policière, ça n'arrivera pas. La brune a toujours été une oreille attentive pour toi et tu tentes comme tu peux de lui rendre la pareille dès que tu le peux. Dernièrement, tu sais qu'elle ne va pas bien et c'est pour cette raison que tu l'as invitée chez toi, ce soir. Pour qu'elle puisse, elle aussi, libérer quelques démons. Malheureusement, tu n'es pas la meilleure compagnie qui soit mais ça ne semble pas déranger ton amie. Alors que quelques coups frappés à la porte attirent ton attention, tu te lèves pour aller ouvrir. Un sourire naît sur tes lèvres au moment où tes yeux croisent les siens, heureux de la voir. « Salut. » Tu t'avances pour la serrer dans tes bras l'espace de quelques secondes puis prends la direction du salon, laissant Tahlia te rejoindre d'elle-même puisqu'elle connait ta maison par coeur. « Comment tu vas ? » Demandes-tu avant de te laisser retomber sur le canapé de tout ton poids. « J'te préviens, je ne risque pas d'être la meilleure compagnie qui soit, ce soir. Alors si tu préfères te barrer, je comprendrais. » Ajoutes-tu en riant légèrement, tournant la tête vers la brune qui s'assied à tes côtés.

Alors qu'elle s'était mise en tête qu'elle ne bougerait pas de l'appartement aujourd'hui – la faute à une multitude de fêtes trop arrosées – Tahlia se laissa facilement appâter par une soirée chez Juliann. C'était sûrement l'un des seuls avec qui elle souhaitait passer du temps, elle qui rejetait peu à peu toutes les personnes de son entourage. Il fallait dire que Juliann avait une grande importance dans sa vie. Ils se côtoyaient depuis l'enfance et étaient devenus très proches à l'adolescence. Ils avaient traversé des périodes délicates où ils avaient trouvé du réconfort chez l'un et l'autre. Tahlia ne cessait de le répéter, Juliann était celui qui l'avait extirpé de l'influence étouffante d'Elias. Il l'avait clairement sauvée, elle qui aurait peut-être lâché son dernier souffle sous les coups de son ex petit ami. Voilà pourquoi avec lui, il n'y avait aucune carapace. Et inversement. Elle connaissait le mal-être de son ami, dû à cet incendie auquel ils avaient dû faire face, lui en tant que pompier, elle en tant que policière. Elle connaissait l'impact que cela avait eu sur lui et elle tentait de lui faire évacuer tout cela. Du moins, elle essayait. Arrivée devant chez lui, elle tapa quelques coups à la porte, affichant un large sourire en voyant son ami apparaître dans l'encadrement de la porte. Elle le serra dans ses bras, montrant ensuite le paquet qu'elle avait en main. « J'ai ramené la bouffe ! » Du petit traiteur italien en face, évidemment. Leur lieu favori. Elle le suivit jusqu'au salon, retira sa veste et s'installa à ses côtés. « ça va ! » répondit-elle simplement. Elle posa son regard sur lui, affichant un léger sourire amusé quand il lui avoua directement qu'il n'était pas de bonne compagnie ce soir. « T'inquiètes, je suis une warrior. J'ai déjà affronté ta mauvaise humeur. ça ne me fait plus peur. » rétorqua-t-elle, pour le taquiner. Se tournant légèrement face à lui, sur le canapé, elle ajouta cependant : « Qu'est-ce qui t'arrive ? »

« Si tu me prends par les sentiments... » Rétorques-tu, un sourire aux lèvres, en voyant le petit paquet que Tahlia tient dans les mains. C'est peut-être le seul sourire auquel elle aura droit ce soir parce que, comme tu lui expliques rapidement, tu n'es pas vraiment de bonne compagnie ce soir. « Et puis, ma mauvaise humeur n'est rien à côté de la tienne. » C'est totalement faux, tu as toujours apprécié la compagnie de Tahlia dans les bons comme dans les mauvais moments de vos vies respectives. La brune fait partie de ta vie depuis tellement d'années que tu sais, sans en douter une seule seconde, qu'elle y restera jusqu'à la fin. Jusqu'à ce que tu deviennes vieux et encore plus bougon. « C'est Alej'... il a rencontré quelqu'un. » Bien qu'il t'ait assuré que ça ne voulait rien dire, qu'il était prêt à tout arrêter pour toi, quelque chose te pousse à douter de lui. Quelque chose te pousse à être prudent, à rester sur tes gardes. Tu ne sais pas d'où te vient ce sentiment mais tu as perçu quelque chose de différent chez Alejandro quand il parlait de ce gars et ça ne t'a pas plu du tout. « Tu sais à quel point notre couple est différent des autres, je ne suis pas jaloux s'il s'agit d'une simple histoire de sexe mais là, ce n'est pas la même chose... je sens qu'il y a plus. Et j'peux pas m'empêcher de me dire qu'il va me quitter, un jour ou l'autre. » Ajoutes-tu en soupirant et en passant une main dans tes cheveux. Tu es complètement perdu et du coup, tu as pris tes distances ce qui n'arrange rien du tout. Après quelques secondes, ton regard tombe à nouveau sur le paquet contenant la nourriture, alors, tu interroges Tahlia du regard : « Qu'est-ce que tu nous as ramenés de bon ? » Tu te redresses légèrement pour voir le contenu du paquet que la brune ne tardera certainement pas à ouvrir.

« Ma simple présence devrait te suffire, pourtant. » répondit-elle, un poil taquine. Mais non, elle avait quand même ramené la bouffe, surtout pour prolonger ce moment avec lui, lui apporter un peu de convivialité. D'autant plus quand il lui annonça, sans filtres, qu'il n'était pas de très bonne humeur. Une mauvaise humeur qu'elle avait déjà affronté. Tout comme il avait affronté la sienne. « Quelle mauvaise foi ! » rétorqua-t-elle, un air faussement outré sur le visage. Elle savait qu'il plaisantait, et pourtant, il y avait une part de vérité. Juliann avait été là quand elle était au plus bas, quand elle était exécrable avec tous. Elle avait souvent fait passer Jackson avant lui, mais force était de constater qu'aujourd'hui, il était le seul à être encore là. Pour cela, elle se promettait d'être un soutien infaillible, l'oreille qui l'écoutait sans jugement, l'épaule sur laquelle il pouvait s'appuyer. Comme aujourd'hui, avec cette fameuse mauvaise humeur qui envahissait son ami. Questionné par Tahlia, Juliann lui avoua bien vite qu'Alejandro était la cause de son humeur maussade. Tahlia fronça les sourcils quand il annonça que le jeune homme avait rencontré quelqu'un. « Ah bon ? » La brune savait qu'ils étaient un couple libre. Pourquoi Juliann s'inquiétait-il tant ? Elle n'eut même pas le temps de poser sa question que le jeune homme enchaîna, évoquant ses craintes de voir son petit ami partir loin de lui. « Qu'est-ce qui te fait dire ça  ? Tu as remarqué un changement chez lui ? » Un quelconque éloignement était un prémisse, un signe qu'il ne fallait pas prendre à la légère. Tahlia savait de quoi elle parlait, puisqu'elle s'était elle-même éloignée de Carter. Et on voyait bien vers quoi cela avait mené les deux tourtereaux... Posant son regard sur le sac qu'elle avait ramené du restaurant, elle répondit simplement à la question de Juliann : « Des arancinis. » A la mozzarella uniquement, parce qu'elle savait que son ami évitait, le plus possible, la viande. Elle lui donna le sac afin de le laisser se servir, les sourcils froncés, songeuse. Songeuse face à ce qu'il lui a dit. « Tu en as parlé à Alejandro ? »

Evidemment que la présence de Tahlia suffit à te redonner un peu le sourire. Bien que sa vie soit compliquée en ce moment, elle est toujours là quand tu ne vas pas bien et on peut même dire qu'elle accoure pour venir te sortir de ta noirceur. Tu sais que la réciproque est vraie parce que c'est toujours comme ça que ça a fonctionné entre vous. Déjà tout jeunes, c'était Tahlia et Juliann contre le reste du monde. Alors aujourd'hui, ce n'est pas étonnant de voir que vous tentez toujours de protéger l'autre envers et contre tout. « Bien sûr que je suis content de te voir. » Réponds-tu sincèrement. En voyant son air faussement outré, tu ne peux t'empêcher de rire, d'autant plus qu'elle a raison quand elle parle de ta mauvaise foi. « J'vois pas de quoi tu parles. » Dis-tu néanmoins, jouant davantage encore sur ce trait de ta personnalité. Malheureusement, la légèreté de votre échange laisse place à un sujet un peu plus sensible enfin, surtout pour toi. Depuis que tu as trouvé cette note de restaurant, tu ne peux t'empêcher de douter de ton couple et de sa solidité. Jusqu'ici, votre façon de fonctionner n'a jamais été un problème, ni pour Alejandro, ni pour toi car vous étiez capables de faire la part des choses et de mettre votre couple au premier plan. Et même si Alejandro t'assure que c'est toujours le cas, tu en doutes beaucoup. « C'est plutôt sa façon d'agir qui est différente. Il est bien plus investi avec ce gars qu'avec tous les autres. Et en plus, il m'a avoué qu'il y avait plus entre eux. Il dit que si je lui demande, il arrêtera de le voir mais j'ai surtout envie que, de lui-même, pour le bien de notre couple, il arrête de le voir. » Malgré tout, tu sais qu'Alejandro ne le fera pas et c'est ça qui fait le plus mal. Quand Tahlia t'expose le menu de ce soir, ton sourire revient le temps de quelques secondes, guidé par l'appel de ton estomac. « Merci, la prochaine fois, tu me laisseras t'offrir le restaurant. » Réponds-tu en prenant le sac entre les mains pour sortir son contenu. Tu te lèves pour aller chercher des assiettes et des couverts à la cuisine puis les poses sur la table basse. « Oui on en a discuté parce que j'ai trouvé la note d'un restaurant hors de prix qu'il avait partagé avec ce gars. Il a bien été obligé d'avouer... » Sinon, tu serais toujours dans l'ignorance et c'est sûrement ça le pire dans l'histoire : le manque d'honnêteté d'Alejandro. « Qu'est-ce que tu veux boire ? Du vin ? » Demandes-tu en prenant conscience de ton impolitesse.

La sincérité des mots de Juliann lui fit chaud au cœur, elle qui avait l'impression de perdre tout le monde autour d'elle. Il y en avait au moins un qui restait heureux à l'idée de la voir. Et alors qu'elle le taquinait sur sa mauvaise foi, Juliann fit du grand Juliann avec sa réponse. « Tu vois, ça, c'est de la mauvaise foi. » Elle lâcha un léger rire, lui adressant un regard complice. Mais c'était comme ça qu'elle l'aimait. Avec ses qualités et ses défauts. Toutefois, le sujet devint plus sérieux alors que Juliann parla de son petit ami et de cette crainte de le perdre. Même si Tahlia avait le cœur brisé par sa propre histoire, elle garda la tête haute et rassembla toute son attention à écouter son ami. Elle grimaça légèrement quand le jeune homme confia qu'Alejandro lui-même avait avoué qu'il y avait plus avec ce gars. C'était mal barré, même si Tahlia ne pouvait pas le dire aussi abruptement. Mais quand Juliann lui avoua qu'il préférerait que ce soit Alejandro qui coupe lui-même les ponts avec l'autre homme, Tahlia réagit aussitôt :  « Tu penses qu'il le fera ? » Elle n'en était pas certaine, et elle était sûre que c'était aussi le cas pour Juliann. « N'attends pas qu'il le fasse lui-même. Il t'a dit qu'il agissait différemment avec cet homme, c'est donc le signe qu'il faut que tu t'imposes et que tu prennes la décision pour lui. » C'était un ultimatum, certes, mais dans une telle situation, cela ne servait à rien d'attendre après son petit ami. Et puis, c'était grisant de voir son mec sortir les crocs face à une menace. Son attention se focalisa ensuite sur le menu du soir, alors qu'il partit chercher des assiettes et des couverts, secouant la tête quand il lui dit qu'il l'invitera la prochaine fois. Alors qu'il revint à ses côtés, les assiettes posées sur la table basse, Juliann reparla d'Alejandro et de cette note de restaurant trouvée au bon moment. C'était triste de se dire que, sans cela, Juliann ne saurait rien de la nouvelle relation de son petit ami. « Et tu le connais, ce gars ? Il sait qu'Alejandro est en couple ?» demanda-t-elle, curieuse. Histoire de savoir s'il comptait lui toucher deux mots. Puis, alors qu'il lui demandait ce qu'elle voulait boire, la jeune femme répondit simplement : « Tu n'as pas quelque chose de plus fort ? » Pour se remettre du baume au cœur, dirons-nous...

Tu ne peux qu'espérer qu'Alejandro coupera de lui-même les ponts avec Jackson mais comme Tahlia, dont on peut percevoir le doute dans sa voix, tu n'en es pas certain. Tu sais que quand l'australien a une idée en tête, c'est difficile de lui retirer et tu as peur qu'en le privant de voir ce gars, son attirance devienne encore plus forte. « Non, je ne pense pas. » Finis-tu par dire, dépité. Quand la brune t'intime de dire à Alejandro d'arrêter de voir Jackson, tu l'écoutes jusqu'au bout parce que ses conseils ont toujours été très précieux à tes yeux. Mais le problème, c'est que Tahlia ne connait pas aussi bien Alejandro que toi et que ce n'est pas bon de lui interdire des choses. « Tu ne crois pas que si je l'empêche de voir ce gars, ça lui donnera encore plus envie de le voir ? C'est peut-être con mais je sais qu'il a besoin de liberté, d'indépendance. » Connaissant la situation amoureuse de la brune, tu sais qu'elle vit quelque chose d'un peu similaire. Sauf qu'elle, elle a été assez honnête pour le dire à Carter et pour être lucide sur ses sentiments. « Je pense qu'il sait qu'Alej' est en couple, ouais. Il s'appelle Jackson mais je ne l'ai jamais vu et c'est peut-être mieux comme ça. » Pour éviter de te faire de fausses idées ou pire, de vous comparer. Alors que tu proposes du vin à Tahlia, elle propose de prendre quelque chose de plus fort, ce qui te fait sourire. Parce qu'à l'instant où elle dit ça, ce n'est pas à de l'alcool que tu penses mais bien à cette petite poudre blanche surnommée coco. Tu n'es pas certain que ce soit le genre de Tahlia mais toi, à cet instant précis, tu prendrais bien un rail pour effacer toutes ces pensées négatives de ta tête. « J'ai bien un truc plus fort mais je ne suis pas sûr que c'était à ça que tu faisais référence... » Réponds-tu en sortant un petit sachet de ta poche, le secouant du bout des doigts pour montrer à l'ex-policière ce dont tu parles. « Pour vouloir quelque chose de plus fort, tu dois vraiment être mal, Tahl'. Je suis désolé, je te fais chier avec mes problèmes à la con alors que tu ne vas pas bien. Tu sais que je suis là pour t'écouter, hein ? » Pas très malin de dire ça après avoir proposé à la brune de prendre de la drogue avec toi. Surtout ce genre de drogues dont on devient vite accro. Et tu es loin de t'imaginer que cette proposition aura de lourdes conséquences.

Tahlia aurait vraiment aimé dire à Juliann que oui, Alejandro serait capable de couper les ponts, qu'il serait capable de mettre de côté cette attirance dévorante. Mais elle n'y croyait pas. Cela ne se passait pas aussi facilement. Tahlia en savait quelque chose, puisqu'elle était dans une situation similaire, perdue entre l'amour et l'attirance. Ce n'était pas une bataille facile à gagner. Mais si jamais l'être aimé s'interposait, cela ramènerait peut-être à la raison. Ou pousserait directement dans la gueule du loup, comme l'évoqua Juliann. Tahlia lâcha un long soupir, songeuse. Elle ne connaissait pas vraiment Alejandro. « Peut-être que oui, s'il aime tant braver les interdits. Mais là, ce n'est plus une question de liberté ou d'indépendance. C'est clairement jouer sur plusieurs tableaux. S'il t'aime vraiment, il devrait être capable de mettre l'autre de côté. » L'autre, qui s'appelait d'ailleurs Jackson. Et qui savait probablement qu'Alejandro était en couple. Ce n'était décidément pas bon signe. Et Tahlia espérait sincèrement que Juliann ne finirait pas sur le banc de la touche, face à ces deux hommes qui se voyaient en dépit de toutes les barrières qui devraient les éloigner l'un de l'autre. La brune garda son regard sur son ami, alors qu'il lui affirma n'avoir jamais vu Jackson. « Je t'aurai bien dit d'aller le voir, justement, pour mettre les points sur les i, mais je suppose qu'Alejandro le prendrait mal. » Il verrait sûrement cela comme une entrave à sa liberté, alors que Juliann serait juste un homme qui se décarcasserait pour garder son petit ami. Alors que son ami lui propose de boire quelque chose, Tahlia lui demanda ce qu'il avait de plus fort. Elle fronça les sourcils en entendant la réponse du jeune homme, le regardant d'un air interrogateur. Mais quand elle vit ce petit sachet qu'il sortit de sa poche, la brune se pinça les lèvres. « Pas tout à fait... » répondit-elle, dans un murmure. La dernière fois qu'elle avait pris cette drogue, elle s'était promis de ne plus en retoucher. Et même si la descente avait été rude, même si le lendemain avait été difficile, il y avait cette euphorie qui restait ancrée dans ces tripes et qui lui rappelait qu'elle s'était sentie étrangement heureuse pendant sa montée. Heureuse. Ce qu'elle n'était plus, malheureusement. Juliann sembla d'ailleurs s'en soucier. Tahlia releva ses yeux verts sur lui, esquissant un léger sourire face à ses mots. « Ce ne sont pas des problèmes à la con, tu le sais bien. » Et il savait bien qu'elle était toujours l'oreille attentive, même quand elle n'allait pas bien. « Et oui, je sais que tu es là pour m'écouter, mais ça va, ne t'inquiètes pas. » ajouta-t-elle, cependant, d'un air qu'elle voulait convaincant. Puis elle montra le petit sachet d'un signe de la tête, reprenant : « Mais je ne dirai pas non à un petit rail... »

Le problème, c'est que dans une relation libre, vous jouez forcément sur plusieurs tableaux alors peux-tu réellement le reprocher à Alejandro ? Tahlia n'a pas tort sur un point néanmoins, s'il t'aime vraiment, l'australien devrait être capable de mettre sa relation avec Jackson de côté. D'autant plus qu'il sait que ça te blesse, d'imaginer qu'il puisse trouver autant de réconfort dans les bras d'un autre que dans les tiens. Mais tu n'es pas certain qu'Alej ait conscience de tout ça. « T'as raison. Il faudra que je remette le sujet sur le tapis quand on se verra. » Réponds-tu en soupirant, déjà tourmenté par cette discussion à venir. Vous n'êtes pas les meilleurs qui soient en termes de communication, Alejandro et toi. Vous avez bien plus de facilités à vous réconcilier sur l'oreiller que grâce à des mots mais cette fois-ci, malheureusement, le sexe ne résoudra pas tout, tu en es bien conscient. « Ouais, il risque d'apprécier moyennement si son gentil toutou se retrouve défiguré. » Dis-tu pour plaisanter et pour dédramatiser un peu la situation. Surtout que tes problèmes paraissent bien futiles à côté de ceux de Tahlia. La brune t'assure le contraire mais tu sais qu'elle vit une période compliquée et qu'elle a besoin de soutien. « On s'connait depuis combien d'années Tahl' ? » Demandes-tu en soupirant. Cela fait tellement longtemps que tu as arrêté de compter les années à présent. « Je sais parfaitement quand tu mens alors c'est pas la peine d'essayer. » Et puis, tu peux lire dans ses yeux toute la peine qu'elle ressent alors tu tentes de la persuader de se confier, pour la soulager un peu d'un poids. Mais ce n'est pas ce genre d'aide dont Tahlia a envie, visiblement. Comme toi, elle a besoin d'un petit coup de pouce, d'un petit moment en dehors du temps pour oublier tout ce qui vient compliquer son quotidien. « T'es sûre ? J'veux bien partager mais si tu me promets de ne pas en prendre toute seule par la suite. » Parce que tu refuses qu'elle tombe dans ce gouffre, elle aussi. Il y fait bien trop sombre et tu sais de quoi tu parles malheureusement. Après quelques secondes, tu disposes la poudre blanche sur la table basse, utilisant ta carte bancaire pour faire une ligne bien nette. Puis, après t'être levé pour prendre deux pailles, tu en tends une à la brune avant de te pencher en avant et d'aspirer la moitié de la cocaïne par le nez. Un soupir de plaisir s'échappe de tes lèvres alors que tu t'enfonces dans le canapé, les yeux fermés.

Il y avait une différence entre relation libre et ménage à trois. Là, clairement, Alejandro se dirigeait vers le ménage à trois, s'il venait à éprouver des sentiments pour cet intrus qui s'immisçait de trop dans la relation entre Juliann et Alejandro. La brune posa un regard compatissant quand son ami affirma qu'il en parlerait à son petit ami, dès qu'il le verra. Elle voyait qu'il était tourmenté par cette conversation, même s'il ne le disait pas tout haut. « Pense à toi, avant tout. » Elle sentait qu'elle allait le ramasser à la petite cuillère, un jour ou l'autre. Mais ce jour-là, elle serait là, évidemment.Alors que Juliann misa sur l'humour pour dédramatiser la situation, Tahlia entra dans son jeu en rétorquant : « Défigurer, c'est trop fort. Non, je pense qu'il faut être plus subtil. Pour cela, la menace est une bien meilleure solution. Si tu veux que j'aille le menacer, d'ailleurs, sache que je suis partante. » Et au fond, il y avait une part de vérité dans ces paroles. Pour lui, elle pourrait sortir les crocs. Elle savait que l'inverse était vraie, aussi. Juliann était l'un de ceux qui la connaissaient le mieux, qui l'avait vu traverser de nombreux remous dans sa vie et qui avait toujours été là. Alors, quand il lui fit comprendre qu'elle ne pouvait pas lui mentir, pas à lui, Tahlia croisa son regard. « Je n'aime pas quand tu es aussi perspicace. » répondit-elle, simplement, sachant pertinemment que cela ne servait à rien de dire que tout était faux. Elle n'allait pas bien et c'était inutile de le cacher à cet homme qui lisait en elle, comme dans un livre ouvert. Toutefois, avant de se laisser aller à d'éventuelles confidences, Tahlia devait faire tomber quelques barrières. Et Juliann avait, entre ses mains, le meilleur remède pour cela. Cette cocaïne qu'elle avait déjà affrontée, il y avait quelques mois et dont elle s'était jurée de ne jamais en reprendre. Non pas parce que c'était mauvais pour la santé, mais bien parce que ça avait fait énormément de mal autour d'elle. Elle avait coupé tout contact avec Landon, suite à cela, et failli perdre Freja. Et même si la descente était difficile, elle gardait en tête cette euphorie qui l'avait coupée du quotidien. Elle donnerait tout pour ressentir cela, encore une fois. Une dernière fois. Reposant son regard sur Juliann qui semblait partant pour partager, Tahlia hocha la tête quand il posa ses conditions. Ne pas en prendre seule. « Promis. » murmura-t-elle. A cet instant, elle pensait pouvoir la tenir, cette promesse. Mais très vite, elle se rendrait compte qu'elle en serait incapable. Elle le laissa disposer la poudre en une ligne parfaitement constituée et récupérer deux pailles, dont une qu'il lui tendit. Tahlia le regarda aspirer sa moitié, avant de se laisser retomber sur le canapé. Rien que cette image aurait dû lui donner envie de tout abandonner, de se battre pour que cet homme, qu'elle aimait tant, cesse de se détruire avec la cocaïne. Mais Tahlia se pencha doucement, regardant cette ligne fixement, les yeux humides, honteuse d'en arriver là. Elle secoua la tête pour chasser ces idées de son esprit et aspira, à son tour, le reste de drogue. Elle se réinstalla ensuite sur le canapé, se contentant de poser sa tête sur l'épaule de Juliann, poussant un soupir de soulagement. D'ici quelques minutes, tout irait mieux. Tout irait bien mieux. Quelques longues secondes plus tard, elle rompit le silence qui s'était instauré : « Tu te rappelles quand on est parti tout un week-end, tous les deux ? On avait quoi ? 17 ans ? » Juliann avait récupéré Tahlia en pleurs, après qu'elle se soit faite frapper par Elias, encore une fois. Ils s'étaient enfuis, tous les deux, à des centaines de kilomètres. « Tu te souviens les projets qu'on avait ? On s'était dits qu'on croquerait le monde, que rien ne nous emprisonnerait. » Elle releva la tête et regarda son ami, en riant nerveusement. « Regarde où nous en sommes aujourd'hui. On est bien loin de ces projets-là... » Trente ans à peine et une vie bien tumultueuse pour leur âge.

« Et comment comptes-tu t'y prendre ? » Demandes-tu quand Tahlia propose d'aller menacer Jackson. Tu ne doutes pas des compétences de la brune mais tu ne vois pas vraiment ce qui pourrait effrayer l'homme. Il semble être plutôt téméraire comme gars, enfin, au final, tu ne sais pas grand chose sur lui mais c'est l'idée que tu t'en fais. Néanmoins, tu sais que Tahlia peut être très persuasive quand elle veut, comme lorsqu'elle essaie de te convaincre que tout va bien de son côté. Malheureusement pour elle, tu n'es pas dupe et surtout, tu la connais par coeur. Vous avez grandi ensemble après tout. « J'suis un homme intelligent, que veux-tu. » Rétorques-tu avec un petit sourire au coin des lèvres. Et alors que tu cherches à savoir ce qui ne va pas chez Tahlia et à l'aider, tu fais tout le contraire. Tu lui offres un moyen d'échappatoire qui, dans le futur, risque de lui nuire bien plus que tu ne l'imaginais. Néanmoins, ne mesurant pas la portée de tes actes, quand l'australienne te promet qu'elle ne prendra pas de cocaïne toute seule, tu la crois et disposes un rail sur la table, partageant celui-ci avec ton amie. Une fois de la drogue plein les narines, tu t'appuies contre le canapé, les yeux fermés, attendant que les effets arrivent. Tahlia te rejoint rapidement, posant sa tête sur ton épaule jusqu'à rompre le silence quelques secondes plus tard. Un sourire se dessine sur tes lèvres quand la brune fait allusion à ce week-end que vous aviez passé tous les deux, il y a de ça, des années. Un week-end qui aurait dû être chaotique, quand on sait dans quel état tu as récupéré Tahlia. Et pourtant, tu en gardes une bon souvenir parce que chaque moment passé avec l'australienne est un régal à tes yeux. « Ouais... à peine 17 ans et déjà liés comme jamais. » Dis-tu en tournant légèrement la tête vers elle, souriant. « Au moins, on est toujours là, tous les deux... » Et n'est-ce pas ce qui comptait le plus ? « Qu'est-ce qui nous est arrivé ? » Demandes-tu néanmoins en soupirant. Toi qui rêvais tant de voyager à travers le monde, aujourd'hui, tu te retrouves dans une relation compliquée qui risque bien de t'emprisonner plus vite que tu ne le penses. Et Tahlia, semble tellement dévastée qu'elle en vient à prendre de la drogue alors que c'est tout ce qu'elle déteste. « Qu'est-ce qui t'arrive Tahl' ? » Demandes-tu, n'ayant pas oublié votre discussion quelques minutes plus tôt. « Si t'as besoin d'un week-end loin d'ici, je suis ton homme. » Et ce n'est pas des paroles en l'air. Tu serais prêt à tout pour ce petit bout de femme incroyable.

« Tu ne peux pas me demander ça comme ça. La menace, ça se prépare, ça se travaille, mon cher. » Mais elle savait qu'elle pourrait déborder d'idées. « Sinon, je vais juste le voir en face-à-face et je lui dis clairement que, s'il ne veut pas perdre ce qu'il a dans le caleçon, il ferait mieux de s'éloigner d'Alejandro. » C'était tellement plus le genre de Tahlia. Homme ou femme, elle fonçait tête la première. Et c'était bien pour cela qu'elle s'était pris pas mal de coups de la part d'Elias. Parce qu'elle l'ouvrait trop. En revanche, s'il y en avait bien un qui lisait en elle sans qu'elle l'ouvre de trop, c'était Juliann. Il avait cette manie de révéler la tristesse de Tahlia, quand elle le dissimulait du mieux qu'elle le pouvait. Il mit ça sur le coup de son intelligence, ce qui fit rire la brune. « Perspicace, intelligent et beau. Fais gaffe, tu vas finir par être mon homme parfait, à ce rythme-là. » reprit-elle, taquine, et surtout pour ne pas dire à quel il avait raison. Il avait souvent raison, même. Mais ce soir, même Juliann fit un faux pas en lui proposant un rail de coke comme échappatoire. Un rail de coke qui ouvrirait la même porte qu'il avait ouvert lui-même depuis de très longs mois. Elle le laissa prendre sa moitié, sans même tenter de l'arrêter, sans même jouer la moralisatrice et le suivit de très près. Une fois cette poudre aspirée, elle se laissa tomber à ses côtés, sa tête se posant sur son épaule. Face à la tristesse de ce moment, de ce portrait qu'ils arboraient, la brune se rappela ce week-end si particulier, ce week-end où ils étaient partis tous les deux, sans prévenir la famille. Ce week-end où elle était dans un état pitoyable, comme ce soir. Mais il fallait croire qu'ils étaient plus intelligents à 17 ans, puisqu'ils avaient simplement préféré s'enfuir à deux, plutôt que de se perdre dans ses paradis artificiels. Elle croisa son regard quand il dit liés à jamais, son sourire faisant écho au sien. Il avait raison : ils étaient toujours là l'un et l'autre. Pour l'un, comme pour l'autre. « Fidèles au poste et pour de longues années encore. » Tahlia voyait ses amitiés s’effriter, disparaître même, mais elle voyait toujours Juliann dans ses projets d'avenir. Et alors qu'il lui demanda ce qui leur était arrivé, la brune soupira en répondant : « On a vieilli. On est devenus moins insouciants.Moins... libres... » Ils s'étaient perdus dans leur quotidien d'adultes, oubliant cette liberté qu'ils prenaient même si c'était contre vents et marées. Ils avaient chacun affronté des obstacles, qui les avaient parfois endurcis, qui les avaient parfois mis à terre. Et qui les mettaient encore à terre aujourd'hui. D'ailleurs, Juliann revint rapidement sur l'état de son amie. La jeune femme soupira, sachant pertinemment qu'il ne lâcherait pas le morceau de sitôt. « J'ai juste l'impression que ma vie m'échappe totalement. Un boulot que j'aimais ? Je ne l'ai plus. Un homme qui m'aimait ? Je l'ai laissé s'échapper. Je suis restée quatre ans avec un mec qui me frappait, je n'ai même pas été capable de rester plus d'un an avec un homme avec qui j'aurais pu construire ma vie. Tout ça parce que je voulais toujours plus.... » Tahlia haussa les épaules en soupirant. « S'il y avait un Boward pour la conne de l'année, je crois que je l'emporterai haut la main. » Elle cala de nouveau la tête sur l'épaule de son ami, esquissant tout de même un sourire en entendant sa dernière phrase. « Ne me tente pas, Juliann. Si ça ne tenait qu'à moi, je prendrais la première valise et je m'enfuirai avec toi. » Loin de Bowen. Loin des  tracas amoureux. Loin des soucis.

Tu ne peux t'empêcher de rire en imaginant Tahlia menacer Jackson dans le plus grand des sérieux. Tu ne doutes pas une seule seconde qu'elle puisse lui faire peur mais agir de la sorte risquerait sans aucun doute de faire défaut à ton couple. Et tu n'es pas certain que ce serait suffisant pour éloigner l'homme d'Alejandro, de toute façon. « Puisque tu m'as déjà crié dessus, je sais que ce n'est pas une menace à prendre à la légère... » Dis-tu pour commencer avec un sourire au coin des lèvres. « ... mais je ne suis pas convaincu que ça réglerait le problème. Merci quand même. » Ajoutes-tu en souriant sincèrement à la brune. En tout cas, si un jour les choses changent et pas dans le bon sens, tu sais que tu pourras compter sur elle pour remettre Jackson à sa place. Bien que tu prendrais sûrement plus de plaisir à le faire toi-même. « Moi qui pensais déjà être l'homme parfait à tes yeux... » Rétorques-tu en feignant d'être déçu. Tu sais bien que tu es loin d'être parfait et tu le prouves encore une fois quand tu proposes ce rail de cocaïne à Tahlia. Mais tu es bien loin de te douter que cet acte aura des conséquences terribles sur la jeune femme. A ce moment précis, tu ne t'imagines pas une seule seconde que ton amie devra affronter la même dépendance que toi. Tu n'imagines pas une seule seconde qu'à cet instant précis, tu la tires vers le bas, l'emmenant avec toi dans les recoins les plus sombres de ton quotidien, de ton univers. Si tu ne venais pas de t'enfiler un demi rail de cocaïne, peut-être que tu serais assez lucide pour penser aux conséquences de tes actes... mais là, tout de suite, la tête appuyée contre ce canapé, tu ne penses à rien d'autres qu'à t'échapper de ce monde. Qu'à fuir ces cris qui résonnent dans ta tête. « J'espère bien, j'compte pas te lâcher. » Tu ne l'as jamais fait et ne le feras jamais. Tahlia fait partie de ces personnes que tu adules et que tu es fier de compter parmi tes plus proches amis. « Liberté n'est pas toujours signe de bonheur. » Dis-tu en soupirant, faisant allusion à ce couple libre que tu partages avec Alejandro. Mais tu comprends bien où la brune veut en venir. Après avoir insisté une fois de plus, la langue de Tahlia se délie peu à peu. Tu es heureux qu'elle puisse se confier à quelqu'un, heureux qu'elle te fasse assez confiance pour ça. Mais ce qu'elle t'apprend te rend à la fois triste et impuissant. « Arrête Tahl', tu es loin d'être conne. Tu fais simplement des erreurs, comme nous tous. Mais ça ne veut pas dire que tout est perdu pour autant. Il y a forcément une raison à tout ça... » Parce que concernant ton amie, tu ne peux qu'être optimiste. Tu sais qu'un futur heureux l'attend quelque part. Tu sais qu'un jour ou l'autre, sa vie prendra tout son sens, il faut simplement être patient. « Tu sais ce qui ne t'échappera jamais ? Moi. » Affirmes-tu en déposant un baiser sur le haut de son front pour la rassurer. S'il y a une chose qu'elle peut "contrôler" c'est bien votre amitié. « C'est pas des paroles en l'air. Si un jour tu sens que tu n'en peux plus, que c'est trop dur, tu m'appelles et on prend des vacances. Rien que tous les deux. » Et tu le penses. S'il y a bien une chose dont tu es sûr, c'est que tu pourrais partir à l'autre bout du monde avec cette femme, les yeux fermés.

Quand Juliann évoqua les fois où elle lui avait hurlé dessus, Tahlia se mit à rire. Elle ne l'avait fait que rarement, mais ces rares fois avaient été légitimes. C'était souvent dans des moments où il déraillait. Mais on voyait à quel point cela fonctionnait puisque, aujourd'hui encore, Juliann se perdait dans l'enfer de la drogue. Elle esquissa un sourire quand il refusa néanmoins sa proposition : « Je le pense aussi. » Bien sûr qu'elle savait que cela n'arrangerait pas le problème, et surtout Juliann était assez courageux pour affronter le problème seul. Mais il savait que, quoiqu'il advienne, il avait un bras droit. Elle posa un regard amusé sur lui quand ils parlèrent de l'homme parfait. « Tu t'y approches petit à petit. Mais tu sais à quel point je suis exigeante... » répondit-elle, taquine. En réalité, elle n'était pas exigeante, Tahlia. Elle voulait juste un homme qui sache la faire vibrer. Le reste n'était que futilité. Mais pour l'instant, le seul moyen de la faire vibrer se trouvait dans ce rail de cocaïne joyeusement offert par Juliann. Quel triste image, quand on savait ce qu'ils étaient tous les deux. Ce qu'ils avaient été, durant leurs belles années de jeunesse. Prenant sa place près de lui après avoir pris sa dose, Tahlia fit le triste constat de ce portrait qu'ils dressaient, là, telles deux loques sur un canapé. Deux loques qui restaient pourtant ensembles, malgré les obstacles, malgré les difficultés de la vie. Ils étaient toujours là l'un pour l'autre, même si c'était pour plonger ensemble.Elle esquissa un sourire quand il lui affirma qu'il ne la lâcherait jamais. Il y avait toujours un doute, évidemment. Elle avait connu trop de départs, Tahlia. Mais quand elle imaginait son avenir, elle voyait Juliann au sein de celui-ci. « Moi non plus... » murmura-t-elle, doucement. Non, elle ne comptait pas le lâcher. Cette loyauté était la force de leur relation. Alors qu'ils comparèrent ce qu'ils étaient aujourd'hui à ce qu'ils avaient été plus jeunes, la brune redressa la tête pour le regarder quand il rebondit sur la notion de liberté, faisant allusion à son couple. « Ce que tu vis, n'est pas de la liberté... loin de là. » Les couples libres, c'était juste une mascarade. La liberté, c'était être sans attache. Etre en couple, c'était déjà une attache. Un couple libre, c'était donc du pur paradoxe. Un moyen de se voiler la face, de garder l'autre. C'était triste de se dire qu'Alejandro ne pouvait pas se contenter que de Juliann. Mais bon, Tahlia n'était pas la mieux placée pour en parler. Elle n'avait pas fait mieux. Alors que sa langue se déliait un peu, elle haussa les épaules quand Juliann tenta de l'apaiser. « Je les enchaîne, les erreurs. C'est à croire que je n'en tire jamais les leçons. » La seule raison qu'elle voyait à cela, c'était qu'elle était conne, tout simplement. Elle ne se voyait pas heureuse. A chaque fois qu'elle touchait le bonheur de près, elle gâchait tout. Sur cette triste pensée, elle écouta Juliann qui lui souffla que lui, ne lui échapperait jamais. Fermant les yeux quand il déposa un baiser sur son front, la jeune femme plongea ensuite son regard dans le sien. Les larmes lui étaient montées aux yeux face à ce flot d'émotions décuplé par la cocaïne. Doucement et avec le plus grand sérieux, elle souffla : « Alors, arrête de prendre ces merdes.... Je ne veux pas te perdre. » C'était parlant d'évoquer l'addiction de Juliann alors qu'elle venait de prendre de la cocaïne avec lui. Mais la drogue faisait parler. Elle détruisait les barrières. C'était l'occasion d'évoquer cette peur de le perdre, d'évoquer cette impuissance face au mal-être de son ami. Elle hocha la tête quand il lui affirma qu'elle pouvait l'appeler à tout moment pour partir en vacances avec lui. « Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde. Il faut qu'on parte... » Pour lui, comme pour elle. Il fallait qu'ils se ressourcent, qu'ils se raccrochent à la réalité.

Spoiler:

Ton addiction à la drogue n'est la faute de personne, si ce n'est la tienne. Personne à part toi, ne peut être tenu responsable de cette dépendance. Même avec tout le soutien du monde, tu serais forcément tombé dedans, quoi qu'il arrive. Parce que tu vois ça comme une délivrance mais surtout comme un besoin même si tu sais à quel point c'est nocif, à quel point ça peut te ruiner la santé et la vie. Tahlia fera bien vite cette constatation, elle aussi. Mais cette fois-ci, on pourra aisément trouver un responsable : toi. « N'attends pas que j'ai cinquante ans parce qu'après, ça risque de décliner. Et je risque de devenir infernal. » Plaisantes-tu à ton tour. Bien que tu sois déjà infernal par moment. Tahlia est sans doute la mieux placée pour le savoir, d'ailleurs. Ce soir n'échappe pas à la règle alors que tu partages ta dose de cocaïne avec la brune, t'affalant quelques secondes plus tard dans le canapé. Alors que vous parlez de liberté et de bonheur, tu ne peux t'empêcher de faire le lien entre votre discussion et ton couple avec Alejandro. Tahlia n'a peut-être pas forcément tort, peut-être que le terme couple libre est mal choisi, après tout. Parce que tu te rends bien compte que tu es complètement accro à cet homme et que s'il te laissait tomber du jour au lendemain, tu finirais six pieds sous terre. Néanmoins, vous vous accordez un grand nombre de libertés que les couples plus traditionnels ne s'autorisent pas. « J'sais pas. De toute façon, je ne suis plus certain d'être très au clair avec notre relation, aujourd'hui. » Dis-tu en soupirant. Vous aviez mis des limites, Alejandro et toi, qu'il avait fini par dépasser. Alors, est-ce que tout ça ne rendait pas votre relation caduque ? Puisque les bases n'étaient plus là ? Tu n'en sais rien et quelque chose te dit que ce n'est pas auprès de ton petit-ami que tu trouveras les réponses à tes questions parce qu'il doit être autant dans le flou que toi. La brune, elle aussi, semble être dans le flou en ce moment. Tu as l'impression qu'elle cherche quelque chose, sans jamais le trouver. Alors qu'elle t'avoue enchaîner les erreurs, sans en tirer les leçons, tu soupires légèrement. Tu ne peux pas l'en blâmer, pas alors que tu fais autant d'erreurs qu'elle, si ce n'est plus. Et tu n'as pas de solution miracle mais tu fais confiance à Tahlia pour trouver sa voie, car elle l'a toujours fait. « Tu ne me perdras pas. J'te le promets, Tahl'. » Murmures-tu même si tu es conscient qu'en prenant de la drogue, tu ne pourras peut-être pas tenir parole. Néanmoins, tu préfères te dire que tout est sous contrôle. « J'compte arrêter, mais j'en ai trop besoin pour l'instant. » De ton côté aussi, la drogue te pousse à la sincérité. Cela te pousse à dire des choses qui, souvent, sont enfuies trop loin en toi pour que tu ne puisses les sortir. Et même si tu n'aimes pas vraiment te confier sur ce que tu ressens, tu es heureux de le faire en présence de Tahlia. Il n'y a qu'avec elle que tu es prêt à tout faire, à tout dire. Comme ce voyage dont vous parlez et que tu te promets de concrétiser un jour. « Quelle destination te fait envie ? » Demandes-tu, innocemment, pour grappiller des informations.