#382 - i just want to find an easier way (tahlia)

« Tu n'es pas déjà infernal ? Je le croyais, pourtant... » demanda-t-elle, taquine. Bien sûr que non, il n'était pas infernal. Loin de là. Elle ajouta cependant : « Quand tu auras cinquante ans, j'en aurai tout autant. Mes critères déclineront, eux aussi. » Le déclin était plutôt aujourd'hui, avec ce rail de cocaïne qu'ils prirent sans s'arrêter l'un l'autre. Tout contre lui sur ce canapé, et parce que la mélancolie la poussait à cet état d'esprit, Tahlia fit le point sur leur vie actuelle. Où étaient donc passés les deux adolescents fougueux, qui bravaient les tempêtes et qui croquaient la vie à pleines dents ? Quand on les voyait aujourd'hui, on avait du mal à se croire qu'ils avaient été ces deux adolescents. Tahlia se perdait dans un quotidien dans lequel elle ne s'épanouissait pas et Juliann, lui, se brisait le cœur – déjà bien en vrac – dans une histoire où il terminerait par se prendre un mur. Alejandro et Juliann, ce n'était pas un couple libre. C'était juste un moyen d'avoir les avantages du couple, tout en se donnant une excuse pour ce côté volage. Et dans ce paradoxe, c'était Juliann qui souffrait. Ses paroles, cependant, montrèrent qu'il avait encore un peu de bon sens. Il n'était pas très au clair dans cette relation. « Raison de plus pour la clarifier une bonne fois pour toutes. » Elle aurait pu sortir les discours hypocrites de la bonne copine, à lui lâcher des ça va s'arranger, il t'aime, tout ira mieux. Mais non... l'amour, c'était une vraie tare. Et ça faisait mal. Trop mal. Maintenant célibataire, Tahlia s'en rendait compte. Elle avait été sur un nuage pendant de longs mois puis avait atterri douloureusement sur Terre. Les erreurs, elle ne les comptait plus mais elle savait que cela se rajoutait à son vase déjà trop plein. Elle n'était pas faite pour être heureuse. Ou alors si, elle pouvait être heureuse, loin d'ici, à tout envoyer valser. Mais elle n'avait pas le cran de le faire, sûrement parce que sa seule famille et ses plus proches amis se trouvaient ici. Juliann, y compris. Sentant les effets de la cocaïne prendre le pas sur elle et l'apaiser de seconde en seconde, elle eut toutefois un éclair de lucidité, concernant le rapport de Juliann avec la drogue. Si Tahlia n'en prenait qu'occasionnellement - pour l'instant - elle savait que son ami se perdait dans ces paradis artificiels depuis bien trop de mois. Il avait une épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais s'en rendait-il compte ? En entendant sa promesse, Tahlia n'en eut pas l'impression. Dans un murmure, elle souffla : « Toi, tu me le promets, mais la drogue brise les promesses. » Elle en avait vu des gens arrachés à leurs familles. Elle ne voulait pas que Juliann s'ajoute à la liste. Elle reposa son regard sur lui quand il lui confia vouloir arrêter, mais qu'à l'instant présent, cela était impossible. « Tu sais, ça sera toujours là, dans ta tête. » Bien sûr qu'elle parlait de cet incendie terrible. Tahlia était aussi présente ce jour-là, mais elle n'avait vécu que le dixième de ce que Juliann avait vécu. C'était lui qui avait été au plus près de cet incendie. C'était lui qui vivait avec la culpabilité de ne pas avoir sauvé tout le monde. « Mais il faut que tu avances... Tu as encore de belles choses à faire. » Et il se ruinait avec ces merdes. C'était un gâchis incroyable. Malgré ces mots, elle lui adressa un sourire empreint de douceur. Juliann n'était pas du genre à se confier facilement. Il lui donnait l'opportunité d'apaiser un peu la charge qu'il portait sans cesse sur ses épaules et Tahlia ne voulait pas briser cette confiance, en étant trop moralisatrice. C'était juste une jeune femme qui avait peur pour son ami. Tahlia avait déjà vécu cette peur avec Jax et cela se reproduisait aujourd'hui avec lui. Avec lui qu'elle voyait dans sa vie pendant de belles années encore. Elle sourit de nouveau en entendant sa dernière question, sur un sujet bien plus léger : « Tout dépend si tu parles d'un week-end ou si tu parles d'un loooooooong week-end de deux ou trois semaines. » Toujours ce sourire aux lèvres, la jeune femme reprit doucement : « J'aimerais aller au Canada et voir ces paysages enneigés. » Tahlia avait eu l'occasion d'aller en Europe. C'était maintenant l'Amérique du Nord qui la tentait. « Et toi, quelle serait ta destination privilégiée ? » demanda-t-elle, elle aussi innocemment, avec une idée toutefois bien en tête.

Tu prends un air faussement choqué à la question de Tahlia avant de sourire plus largement. Evidemment qu'elle te taquine. Si tu étais vraiment infernal, elle ne te supporterait pas depuis autant d'années. « C'est vrai. On devrait faire un pacte dans ce cas. » Dis-tu avec un regard énigmatique en tournant la tête vers la brune. « On s'marie à cinquante ans si d'ici-là, personne n'est assez bien pour nous passer la bague au doigt. » Un pacte à la Friends, en quelque sorte. Sauf qu'eux tablaient plutôt sur trente-cinq ans ce qui est trop proche de votre âge actuel malheureusement. « Ne t'en fais pas, mes performances au lit seront toujours optimales. » Rétorques-tu avant de rire, n'imaginant pas vraiment ce genre de relation avec Tahlia. Tu l'as toujours vue comme une amie, presque comme une soeur. Mais pas comme quelqu'un avec qui tu puisses passer la nuit. Pourtant, tu ne peux pas nier que la jeune femme soit désirable et belle à en tomber mais tu ne voudrais pas prendre le risque de gâcher votre amitié pour une simple histoire de cul. Alors que vous parlez d'Alejandro et de cette histoire de sexe avec Jackson qui n'en est visiblement pas une, tu hoches la tête aux paroles de Tahlia. Elle a raison, pour le bien de votre couple, vous avez besoin de clarifier les choses avec Alejandro. Mais pas ce soir. Pas maintenant. Là, tu veux juste profiter du moment avec la brune et savourer le plaisir que la drogue procure à ton corps. Tu es bien conscient qu'elle ne t'apporte pas que du plaisir et qu'elle met en péril ta vie, à chaque fois qu'elle s'insinue dans ton corps. Mais tu es persuadé d'avoir tout sous contrôle. Pourtant, tu te trompes complètement et Tahlia en est bien consciente. « Même la drogue ne sera pas capable de briser une promesse entre nous. On est trop fort. » Répliques-tu avec un trop plein de convictions. Tu veux que la brune y croit mais tu sais qu'elle n'est pas bête. Tu sais qu'elle est consciente des risques que tu prends à chaque fois que tu te drogues et pourtant, ce soir, elle décide de mettre sa vie en péril elle aussi, avec toi. Demain, quand tu seras clean et que tu prendras totalement conscience de ce qu'il s'est passé durant cette soirée, il ne fait nul doute que tu ne pourras plus te regarder dans un miroir. « Je sais que ça ne va pas disparaître comme ça, d'un claquement de doigts. Mais la douleur s'estompe pendant quelques heures quand je plane à mille kilomètres d'ici. » Réponds-tu en soupirant. Tu as choisi la facilité en prenant de la drogue plutôt qu'en allant voir un psychologue et en te faisant aider. Mais c'est parce que tu détestes l'idée de te confier à un inconnu. En parler avec Tahlia, c'est plus simple à tes yeux. « J'ai du mal à les voir ces belles choses. » En ce moment, tu vois les choses en noir plutôt qu'en blanc ou en gris. Mais tu comptes bien te reprendre en mains, un jour ou l'autre. Tu sais que tu en es capable mais la question est : quand ? Peut-être lors de ce voyage que vous prévoyez de faire avec Tahlia. Une escapade, loin de Bowen, loin de vos tracas, juste tous les deux. Cela te ferait le plus grand bien, à n'en pas douter. « Un looooong weekend avec toi me paraîtrait sûrement comme deux-trois jours. Alors je pense qu'on peut partir sur un weekend de deux-trois semaines. » Affirmes-tu en souriant et en déposant un baiser sur le haut du crâne de la brune. « Le Canada me tente bien aussi. Même si à choisir, je préfère le sable et la mer. » Tu souris avant d'ajouter : « J'avoue que j'aimerais beaucoup retourner en Nouvelle-Zélande. Voir où je suis né et où j'ai passé les premières années de ma vie. » Et peut-être même renouer avec de la famille que tu n'as jamais eu la chance de connaitre.

Elle, elle était célibataire. Lui, en couple. Mais l'un comme l'autre n'étaient pas forcément épanouis. Alors qu'ils plaisantaient sur ces histoires d'homme parfait, la brune lança un regard interrogateur quand Juliann parla mystérieusement de pacte. « Tu as regardé Friends, non ?» Elle fit mine de réfléchir avant de répondre : « On peut descendre à 45 ans. Ça nous laisse encore 15 ans. Marché conclu ? » Elle tendit même la main afin de conclure, éclatant de rire quand il parla de ses performances au lit. « Mon dieu... » dit-elle d'abord. « Si ce n'est pas le cas, ne t'en fais pas, je simulerai. Pour vanter ton ego, évidemment. » Elle éclata de rire, le regard taquin. Elle ne doutait pas de ses performances, loin de là, mais elle ne les imaginait pas en sa faveur. Bien sûr que, dans ses jeunes années, Tahlia avait eu de l'attirance pour Juliann – les hormones d'adolescente – et aujourd'hui encore, elle voyait en lui un très bel homme. Mais leur amitié surpassait tout. C'était donc en véritable amie qu'elle était là, ce soir, à écouter attentivement ses histoires de cœur, à tenter d'apaiser ses doutes. Mais ce n'était sûrement pas la meilleure façon possible. Au lieu de l'embarquer dans une soirée, un cinéma ou un bowling, elle l'avait poussé à faire ce qu'elle détestait en temps normal : prendre ce rail de coke. Mais malgré l'esprit embrumé par cette poudre blanche, Tahlia gardait une certaine lucidité face à cette promesse qu'il lui faisait. Une promesse qui pouvait être mise à mal par la drogue. Elle secoua la tête quand il lui confia qu'ils étaient plus forts que ça. « Ne dis pas n'importe quoi, Juliann. Ne me fais pas croire ça. Pas à moi. » Elle le connaissait trop. Elle connaissait trop les méfaits de la drogue. Elle avait vu trop de familles brisées par cette merde. Mais malgré cette lucidité d'esprit, elle fit l'énorme bêtise de le suivre dans ce gouffre. Cela allait être le début d'un long enfer pour elle, même si elle ne le savait pas encore. La drogue déliant les langues, Tahlia se permit de parler avec Juliann de ces maux silencieux qui le brisaient de jour en jour. Elle comprenait ce besoin de souffler qui n'avait lieu qu'en prenant de la drogue. « C'est la solution de facilité. Ça n'estompe rien du tout, ça te fait juste oublier pendant quelques heures. Mais le lendemain, ça revient plus vivace. Il faut que tu ailles directement à la source du problème. » Pour cela, il fallait qu'il en parle. Qu'il se fasse aider par un professionnel. Qu'il dise à haute voix ce qui le minait. Il le faisait déjà un peu avec Tahlia, mais elle n'avait pas les compétences nécessaires pour l'aider comme il le fallait. Alors qu'il buvait le verre à moitié vide en disant qu'il ne voyait pas les belles choses, Tahlia s'exclama : « Regarde-toi, Juliann. Regarde ces vies que tu as sauvé. Tu fais le bien autour de toi. Elles sont là, ces belles choses. » C'était un homme bon et cela changeait toute la donne. Il n'avait pas le droit de se gâcher. Il fallait qu'il se ressaisisse. Elle espérait que ce voyage loin des soucis de Bowen serait les prémices d'une nouvelle vie. Elle esquissa un sourire quand il déposa un baiser sur son crâne, heureuse de voir qu'il la supporterait pendant quelques semaines. « Le sable et la mer ? Tu ne crois pas qu'on en a assez à Bowen ? » le taquina-t-elle, avant de relever la tête vers lui quand il parla de la Nouvelle-Zélande. Cela lui permettrait de renouer avec ses origines. Le sourire qu'il avait sur les lèvres trouva son écho sur les lèvres rosées de Tahlia. « Oh, je serai plus que ravie de voir où tu es né... » Un retour aux racines pourrait lui faire un énorme bien. Et cela les rapprocherait de plus belle. « On valide la Nouvelle-Zélande, alors. Demain, je commence à faire des recherches... » Même si son regard était embrumé par les effets de la cocaïne, le sourire qu'elle eut à cet instant était des plus sincères. Elle en était persuadée : Juliann finirait par s'en sortir...

« Evidemment et une dizaine de fois. » Réponds-tu à propos de Friends, cette série que tu dévores depuis des années et dont tu ne te lasses pas. D'ailleurs, quand tu rencontres quelqu'un qui n'a jamais vu la série, tu adores lui faire découvrir et de ton côté, la redécouvrir par la même occasion. « Deal. » Tu saisis la main de Tahlia en souriant avant de déposer un bref baiser sur celle-ci. Tu espères vraiment pour elle que d'ici là, elle aura trouvé quelqu'un de mieux que toi et quelqu'un capable de l'aimer d'un amour inconditionnel. Elle le mérite plus que n'importe qui. « T'es adorable... j'espère que tu ne simules pas aussi facilement habituellement. » Rétorques-tu, taquin. Si c'est le cas, la vie sexuelle de Tahlia doit être bien ennuyeuse mais on ne peut pas toujours tomber sur de bons partenaires sexuels malheureusement. De ton côté, tu as de la chance, Alejandro est vraiment doué à ce niveau-là et vous êtes plutôt compatibles. Et si la soirée semble légère et simple, au début, rapidement, les choses se compliquent. Pour te débarrasser de ta culpabilité, l'espace de quelques heures, tu décides de faire ce que tu fais toujours dans ces moments-là : prendre de la cocaïne. Mais dans ta chute, tu emportes la brune avec toi et même si tu ne le sais pas encore, c'est le début d'une longue descente en Enfer pour elle. Un geste que tu n'es pas prêt d'oublier et de te pardonner. « Laisse-moi rêver. » Réponds-tu simplement. Tu sais bien que Tahlia n'est pas bête et qu'elle ne va pas croire à tes mots. Tu sais qu'une promesse ne peut pas ôter les risques que tu prends en te droguant. Mais tu as envie d'y croire. Tu as envie de croire que tu es plus fort que la cocaïne, plus fort que tes doutes, tes peurs et ta culpabilité. Malheureusement, même avec toute la force du monde, tu ne parviens pas à passer au-dessus de tout ça. « Je le sais Tahl' mais quelques heures de répit, c'est déjà beaucoup. » Et c'est ce qui te maintiens en vie pour l'instant. C'est contradictoire quand on sait que c'est aussi ce qui peut te l'ôter. « J'réglerai le problème, directement à la source, quand je serai prêt. » Affirmes-tu, sûr de toi. « Pour l'instant je vois plus celles que je n'ai pas sauvées. » Tu soupires parce que tu sais que c'est con d'être défaitiste comme ça et de ne voir que le noir plutôt que le blanc. Mais en ce moment, avec ton couple qui bat de l'aile, c'est difficile de voir le positif. Par chance, Tahlia ramène un peu de lumière dans ta vie en parlant de ce fameux voyage que vous planifiez de faire ensemble. Même si tu as déjà le soleil, la plage et la mer à Bowen, tu ne t'en lasses pas. Et tu ne t'en lasseras jamais. T'es un vrai Australien dans l'âme. « On n'en a jamais assez. » Dis-tu en souriant avant que celui-ci ne s'agrandisse quand l'ex-policière ajoute qu'elle serait ravie de découvrir l'endroit où tu es né. Toi aussi, c'est un rêve depuis tout petit. « Pourquoi attendre demain ? » Demandes-tu en te levant spontanément pour attraper ton ordinateur. Et après l'avoir posé devant vous, vous vous penchez vers l'avant pour découvrir tout ce qu'il est possible de faire en Nouvelle-Zélande.

Fin du sujet