when the party's over (adelaïde)

Pour une fois, tu ne bossais pas, du coup t'en avais profité pour sortir et te retourner la tête toute la nuit. Ça avait été une soirée plutôt marrante au fond. T'avais réussie à t'évader avec toute cette drogue et cette alcool dans le sang. Ta tête tournais et tu passais cette porte de boite ou de bar, tu ne savais plus vraiment, en riant comme une dingue avec la brune qui t'accompagnait. Tu l'aimais bien Adel, enfin parfois seulement. C'était le genre de fille que tu supportais une fois sur deux. Par exemple si t'avais le malheur d'avoir tes règles, c'était même pas la peine d'essayer de la supporter. Le pire, c'est que c'était totalement réciproque. Vous n'étiez d'accord sur rien mais vous persistez quand même à rester amies. Au fond, elle est aussi barrée que toi, de toute façon, il faut bien l'être pour te compter comme une amie. T'aimes pas les gens sérieux, ils sont chiants et monotone. Toi t'as besoin que ça bouge, sinon tu t'ennuie vite. Ta tête tourne et tu t'accroches au bras de ton amie pour essayer de rester debout sur tes pieds. C'est moi ou la terre tourne de plus en plus vite ? demandas-tu en riant bêtement. Tu étais complètement déchirée et t'adorais ça, en revanche, la redescendante risquait d'être beaucoup moins sympathique.

A force qu'on me pousse à sortir, je crois que j'y ai pris goût. Si au début j'étais réticente, aujourd'hui je le fais plutôt par plaisir, enfin, ça dépend des jours. Quand ce n'est pas Vassili ou Bella, c'est Sibyl qui m'entraîne avec elle dans des soirées. Il faut avouer que ce soir, je me suis bien amusée. Pour une fois, je me suis vraiment vidé la tête et je n'ai plus pensé à rien. J'ai trop bu par contre, je m'en rends compte seulement lorsqu'on sort du bar. Je ne sais même pas l'heure qu'il est, j'ai la tête qui tourne et la vision trouble, l'impression d'être sur un bateau qui tangue. C'est toujours comme ça, j'enchaîne les verres et ce n'est que trop tard que je regrette d'avoir ingurgité tant d'alcool. Et le pire, c'est le lendemain, mais ça on verra plus tard car pour l'instant, mon amie attrape mon bras pour s'y accrocher et on manque de tomber toutes les deux. Ça serait vraiment ridicule, nous deux étalées comme des crêpes sur le sol en pleine rue, incapables de se relever. Je vois l'image dans ma tête et je ris si fort que ça résonne dans toute la rue. Je m'arrête un instant de marcher, regardant tout autour de moi et faisant mine de réfléchir alors que j'en suis incapable à ce moment-là. « Putain t'as raison ça tourne vite là ! Eh il se passe quoi ? Tu crois que c'est un phénomène naturel ? » Je la regarde et éclate de rire avant de perdre l'équilibre. Je me rattrape de justesse à son bras, ce n'est pas si drôle que ça en fait. « Bon attends, faut que je m'asseoie cinq minutes là, j'ai mal aux jambes. » Alors que ça fait à peine trois secondes qu'on marche, mais bon. Je lui montre en grimaçant le banc qui se trouve à seulement quelques mètres de nous, au coin de la rue. « Oh non trop loin. » Après ces mots, je me laisse tomber au sol contre le mur sans lâcher le bras de Sibyl pour l'entraîner avec moi au passage. « Aaah ça fait du bien ! » Je pousse un soupir de soulagement. Pour se relever après, ça va être folklorique.

Le problème avec le mélange alcool/drogue, c'est que tu n'en ressors jamais vraiment indemne, toujours le bide en vrac et la tête en l'air. A force de consommer, ton corps avait finis par s'y habituer et il en fallait beaucoup plus pour te foutre en l'air. Seulement, ce soir t'avais un peu abusé et ta pote aussi visiblement puisque vous ne marchiez plus très droit toutes les deux et que vous aviez déjà faillit tombés plus d'une fois en l'espace de quelques minutes. Tu ris de sa réponse qui était aussi perchée que la tienne. J'sais pas, j'crois elle prend de l'élan tu vois, pour tourner en sens inverse, et du coup c'est peut être pour ça que l'soleil il se lève pas tout le temps du même côté. dis-tu en haussant les épaules. C'était complètement con, mais sur le coup, ça te paraissait hyper intelligent. Alors qu'elle se rattrape de justesse à ton bras pour te dire qu'elle s'arrêtait cinq minutes, tu avais eu la même idée qu'elle et la même non motivation pour aller jusqu'au banc plus loin. Il ne fallait pas que quelqu'un passe ici au risque qu'il vous prenne pour des clochardes. Comment on est censé rentrer ? demandas-tu en riant. Tu riais, mais en même temps c'était une vraie question. Vous étiez toutes les deux trop dans le mal pour reconnaître la route. C'est de ta faute ça encore, t'as voulu faire comme moi et t'en mettre autant que moi dans la gueule. grommelas-tu entre tes dents. Vous étiez autant fautives l'une que l'autre mais c'était beaucoup plus simple de l'accuser elle et pas toi. Parce que de toute façon, ce n'était jamais de ta faute à toi.

J'éclate de rire en entendant son explication. C'est complètement débile et vide de sens, mais quand on est bourrés, les choses les plus insensées deviennent tout à coup très logiques. Assez rigolé, j'ai besoin de m'asseoir, sinon je sens que je vais m'écrouler. Mes jambes ne veulent plus me porter, j'ai l'impression de peser une tonne, je crois que j'ai vraiment abusé ce soir. Je fais semblant de réfléchir lorsque Sibyl me demande comment on va rentrer. Je ne réfléchis pas en réalité, j'en suis incapable. Personne ne veut savoir ce qu'il y a dans mon cerveau à ce moment-là, c'est un mélange de... tout et n'importe quoi. « Bah c'est bon, je sais où j'habite quand même. C'est pas si loin,  par là-bas... » Je pointe vers la droite sans grande certitude. Au pire, on mettra le GPS. Il faut juste que je me repose un peu avant de repartir. Je soupire en m'appuyant contre le mur comme si je venais de courir le marathon. Je pourrais m'endormir ici sans aucun problème, mais ça serait quand même risqué. Je me redresse en écoutant les mots de Sibyl et je fronce les sourcils. Est-ce que j'ai bien entendu ? « T'es sérieuse là ? D'habitude c'est tout le temps moi qui me limite pour pouvoir te ramener, parce que t'es jamais capable de rentrer toute seule ! On avait dit qu'on ferait chacune son tour, mais à chaque fois tu m'arnaques ! » Sans le vouloir, je hausse un peu trop le ton et des gens qui sortent du bar nous regardent bizarrement. Je les ignore et me retourne vers mon amie. « J'te signale que si j'étais pas là à chaque soirée, tu dormirais dehors, quelque part dans une ruelle. » Elle est vraiment culottée cette fille.

T'étais complètement à l'ouest. Tu voyais de drôles de formes différentes devant tes yeux et t'avais l'impression de parler au ralentis. Tu t'étais encore mis une bonne race ce soir, le genre qui pourrait te faire regretter la veille. Mais pas tant que ça au final puisque tu recommençais toujours et parfois le soir même. Tu haussas un sourcil avant d'éclater de rire quand ton amie t'affirmas savoir ou elle habitait en montrant un point dans le vide. C'est clair, ça va grave nous aider. dis-tu en applaudissant. Evidemment, ta réflexion était mal passé puisque la brune partait déjà au car de tour. C'était le problème avec vous deux, vous n'étiez pas capable de vous entendre sur quoi que ce soit au final. Oh ça va hein, j'crois que j'ai plus de choses à noyer que toi. dis-tu en fermant les bras, l'air boudeuse comme une enfant. Bien sur que tu faisais référence au fait d'avoir tuer ton père violent et violeur. Mais c'est vrai que ça n'excusait en rien ton comportement totalement égoïste. T'en avais conscience, mais t'avais besoin d'avoir le dernier mot, comme toujours. Tête de mule que tu pouvais être. Tu hausses les épaules. Non c'est pas vrai, j’appellerais Ethan, il viendrait me chercher. dis-tu en grommelant. C'était vrai, mais il ne fallait pas que tu parles trop, personne mise à part Sasha était au courant d'a quel point tu pouvais être proche du jeune homme. Mais l'alcool pouvait te faire dire beaucoup de chose, beaucoup trop même.

Alors qu'on riait de bon cœur cinq secondes avant, la réflexion de Sibyl me met hors de moi et je m'emporte directement. C'est un peu à cause de l'alcool, mais surtout parce que je trouve sa remarque déplacée. En même temps on a l'habitude, elle et moi, on fait que se prendre la tête pour tout et n'importe quoi. Je ne sais même pas pourquoi on continue encore de se voir parce qu'à chaque fois ça se termine comme ça. Pourtant, j'ai jamais eu envie de la lâcher parce que je l'aime bien au fond, même si elle m'énerve. Je ne manque pas de lui dire ce que je pense et elle trouve, comme d'habitude, quelque chose à rétorquer. Une phrase qui m'exaspère encore plus que la précédente. « Ah parce que c'est une compétition maintenant ? T'as vraiment un problème ma pauvre. » Je lui fais remarquer que si je n'étais pas là à chaque fois qu'on sort, elle ne trouverait jamais comment rentrer chez elle. Ce soir, j'ai fait l'erreur d'abuser sur l'alcool et nous voilà comme deux pauvres connes assises sur le trottoir, à s'embrouiller en plus. Je fronce les sourcils à sa réponse. J'ignorais qu'elle était aussi proche d'Ethan, mais ce n'est pas la question. « T'appellerais Ethan ? D'accord. » dis-je en me levant difficilement tout en prenant appui contre le mur pour ne pas que mes jambes flanchent. « Bah t'as qu'à l'appeler maintenant alors. Moi j'me casse, tu m'as saoulée. » Je fais quelques pas, bien déterminée à rentrer chez moi. Mais je m'arrête quelques secondes plus tard et me retourne vers Sibyl, toujours assise sur le sol. Je suis prise d'un fou-rire en la voyant de loin. Décidément, j'arrive pas à la détester plus de trois minutes. Je reviens sur mes pas pour me rapprocher d'elle tout en continuant de rire. « Tu fais trop pitié meuf, allez lève-toi. On va retrouver la route. » Je lui tends une main pour l'aider à se lever.

T'as toujours eu la fâcheuse tendance à être un peu trop franche avec ton entourage. D'ailleurs ceux qui te restent son habitués et heureusement sinon tu n'aurais absolument plus personne. Mais avec Adelaïde, c'est réflexion sur réflexion, c'est plus fort que toi. Vous vous tapez sur le système mais vous ne pouvez pas vous empêcher de traîner ensemble. Plutôt toxique comme amitié. Tu ris jaune. La seule qui parle de compétition c'est toi. Tu lèves les yeux au ciel. Bien sur que j'ai un problème, tu le sais pas depuis le temps ? dis-tu en soupirant, agacé. Sans le vouloir le nom d'Ethan sort de ta bouche et heureusement pour toi elle ne le relève pas plus que ça. T'es sérieuse là ? dis-tu en la voyant se relever tant bien que mal. Tu ne savais pas comment tu pourrais rentrer chez toi toute seule, tu voyais à peine les touches de ton téléphone tellement c'était trouble. Tu soupires mais ton sourire se redessine quand tu relèves la tête et que tu vois la jeune femme revenir vers toi. Tu te mis à rire. Tu sais que j'aurais pu mourir ou être kidnappé ? dis-tu en attrapant sa main pour se relever. J'ai la tête qui tourne, comment on va faire maintenant ? demandes-tu en soupirant. On appelle un uber ? proposes-tu. Quoi que, ça pourrait être un psychopathe. rajoutas-tu après une seconde de réflexion. En général, quand tu es bourrée, tout te paraissait suspect. Il ne vous restait plus qu'à rentrer à pied, mais cela te paraissait impossible.