all i want for christmas is you (henri)

J’ai rendez-vous avec Henri aujourd’hui pour les courses de Noël. J’avais déjà commencé à cumuler quelques idées pour les cadeaux de Maxwell, mais je n’étais jamais contre avoir de nouvelles idées pour mon fils provenant des artisans locaux. Je me promène les mains dans les poches parce que ça me fait tellement étrange de ne pas avoir de poussette avec moi. Ezekielle était avec Maxwell aujourd’hui puisque j’étais en mission Mère-Noël. Je m’arrêtais devant un petit kiosque de breuvages chauds festifs et je commandais deux chocolats chauds au chocolat blanc à la canne de bonbon. Quelques pas plus tard, je sentais une main se poser sur mon corps et je me retournais avec un petit sourire. « Hey! » Lui dis-je avec un sourire, bien heureuse de le retrouver à mes côtés. « Tiens, cadeau. » Je souris malgré moi parce que la vie est bien belle et je sens des papillons chatouiller mon estomac. « Tu vas comment? »

Pour la première fois de ma vie, je m’apprêtais à passer un Noël sans neige et c’était assez perturbant de prime abord. Ici, à Bowen, régnait une atmosphère estivale comme en plein mois d’Août à New-York. Je n’étais pas habitué à cela. Pour moi, le mois de décembre rimait avec le froid, les pull, les cafés trop sucrés – mais ô combien réconfortant - et les marrons chauds, ici, on faisait du surf, se trimblait dans les rues en débardeur, et nous préparions pour le jour le plus chaud de l’année qui arrivait en général au moment où nous fêtions la nouvelle année. Malgré tout, je trouvais ça amusant, et cela changeait radicalement de mes habitudes, et après tout, cela ne me faisait pas de mal. J’étais venu en Australie pour changer de vie non ? Un sourire accroché aux lèvres, je marchais dans les rues de la ville, jusqu’à apercevoir au loin, une silhouette rousse que je connaissais bien. Ally m’avait demandé de la rejoindre pour faire quelques courses de Noël, ce que j’avais accepté avec grand plaisir. Passer du temps avec mon amie me faisait toujours très plaisir. Je m’approchai et, une fois parvenu près d’elle, je manifestai ma présence par une main que je glissai doucement sur sa taille. Elle se tourna vers moi et un sourire radieux illumina son visage, je le lui rendis de bon cœur puis attrapa le chocolat chaud qu’elle avait acheté pour moi.
— Merci beaucoup, fis-je en trempant immédiatement mes lèvres dans la boisson.
Ce genre de breuvage me ramenait à New-York. Il était facile d’en trouver à cette période de l’année lorsqu’on décidait de se balader en plein Central Park. Mais c’était sans doute le cas dans toutes les villes du monde à Noël.
— Alors, fis-je en passant un bras autour de l’épaule de mon amie, prête pour jouer les mères Noël ?

L’été australien me faisait du bien, beaucoup plus que ce que je ne croyais. Le soleil caressait ma peau et faisait ressortir mes tâches de rousseur. Rien à voir avec le soleil existant mais lointain de New York. Décembre en Amérique, c’était froid. C’était de voir les congestions constantes à cause des accidents dus à la neige. C’était de porter une tuque, un foulard, des mitaines... C’était de prendre les transports en commun en faisant attention pour ne pas trébucher. Ici, ça se passait autrement entre les vagues. Mon ami me surprenait de par son toucher et je ne pouvais que sourire malgré moi. L’homme buvait le chocolat chaud après m’avoir remercié et je souriais. Son bras passé autour de mon épaule me faisait chavirer intérieurement et j’avançais lentement à notre propre rythme et à sa question, je lève les yeux au ciel. Je trouve l’appellation un peu forte. « Mère-Noël c’est celle du Père-Noël, moi j’suis à personne. » Que j’glisse naïvement dans notre conversation. « Mais, j’ai bien espoir de trouver un petit truc ou deux pour Max. Toi, t’as régler les cadeaux de Florian, déjà? » Demandais-je patiemment en regardant les kiosques autour de nous.

¬Le chocolat chaud n’était pas la seule chose qui me réchauffait le cœur, la voir me faisait plaisir. Vraiment plaisir. Je n’avais pas passé beaucoup de temps avec Ally ces derniers temps. Elle-même avait été assez occupée, quand à moi…j’essayais tant bien que mal de me faire à ma nouvelle vie sur Bowen. Mon frère et moi, nous rapprochions ; même si, depuis le départ de sa copine, je le sentais un peu flancher et j’avais peur qui retombe dans ses travers de fêtards insouciants. J’essaie, comme je le pouvais, d’être là pour lui. Tout en essayant de gérer au mieux le virage qu’était en train de prendre ma carrière. Ne plus exercé depuis New-York demandait des efforts supplémentaire et suscitait en moi de nombreux questionnement. J’étais en plein doute, et en même temps, j’avais envie de changement. La plaisanterie d’Ally me ramener au présent. Je souris.
— Qui a dit que la mère Noël avait besoin d’un vieux barbu pour s’en sortir ? glissai-je avec un clin d’œil, en plus je suis sûr que la tenue rouge et blanche te mettrait parfaitement en valeur.
Nous reprîmes notre petite marche le long des allées du marché de Noël quand Ally me confia qu’elle comptait bien trouvé quelques petites choses pour son fils.
— J’ai déjà trouvé un cadeau pour Flo, je lui fais faire un couteau par le coutelier dans le centre, mais je comptais effectivement trouvé ici un petit complément, confiai-je à mon amie. J’ai vu une échoppe qui proposait des rhums arrangés, là-bas, et ça lui plairait, je suis sûr, mais vu la consommation d’alcool qu’il fait en ce moment, j’ai pas tellement envie d’en rajouter…

J’avais l’impression que cette saison allait s’éterniser pour mon plus grand bonheur! L’été me faisait du bien, le soleil caressait ma chevelure et faisait rosir ma peau pour faire ressortir quelques tâches de rousseur. Pour le moment, je vivais toujours sur des économies, mais je savais que très bientôt, je devrais me remettre au boulot. Je songeais bien à ouvrir une succursale d’édition ici en Australie. J’en rêvais! Découvrir tous les nouveaux talents et les propulser! L’homme disait que la Mère-Noël s’en sortirait très bien toute seule et je levais les yeux au ciel. J’en avais assez d’être seule après tout ce temps... Je me battais corps et âmes pour mon fils, pour mes amis... Rarement pour moi-même et quelqu’un d’autres. Peut-être que les fêtes 2019 et 2020 auraient quelque chose pour moi, quelqu’un plutôt. Je l’espérais tellement! L’homme faisait un clin d’œil plutôt amusé à une tenue osée rouge et blanche. « Faudrait essayer et voir ce que t’en penses. » Je lui adressais un clin d’œil et Henri devait sans doute savoir que ce serait bien mon genre de le lui montrer. Je me rappelais déjà avoir fait ce genre de folies un peu plus jeune. L’homme qui m’accompagnait avouait qu’il avait trouvé un truc et qu’il cherchait un complément. Je hoche la tête pleine de sympathie. « Tendance à l’alcoolisme? » Risquais-je clairement. J’étais de celles qui savaient quand s’arrêter en matière d’alcool... Et celles qui s’en rendaient compte le lendemain aussi. Après tout, j’avais eu de bien jeunes années. « T’as prévu un truc avec tes parents? » Que je demande patiemment en regardant une peluche cousue à une couverture en laine que j’aurais bien pris pour Maxwell il y a de cela quelques années. Des jouets non loin attiraient également mon attention visuelle alors que j’écoutais sagement mon ami.

Je ne lui disais sans doute pas assez souvent mais j’admirais beaucoup Ally pour son courage. Je savais que ce qu’elle vivait n’était pas facile pour elle, qu’elle menait tout de front et je lui tirais mon chapeau. Elle s’en sortait bien, vraiment bien. Elle ne se laissait pas abattre et c’était ce que j’aimais le plus chez elle, ce caractère de lionne. Un sourire étira mes lèvres lorsqu’elle releva avec humour ma remarque à propos d’une tenue de Mère Noël, évidemment, j’avais en tête une version qui collait parfaitement avec le temps australien, autrement dit qui ne couvrait que peu de chose.
— Je ne demande qu’à voir, glissai-je d’un ton plein de malice.
La plaisanterie échangée, j’évoquai le cadeau que j’avais prévu d’offrir à Florian, et un éventuel complément que je pourrais trouvé sur le marché. Je voulais toutefois éviter de lui acheter une bouteille de bon alcool, même si je savais que cela lui ferait plaisir, car je savais que depuis sa rupture, il levait plutôt facilement le coude. Quand Ally me demanda si je pensais à de l’alcoolisme, je haussai les épaules.
— Non, je ne pense pas.
Et c’était honnête. Florian buvait pas mal ces derniers temps, mais je n’irais pas jusqu’à dire qu’il avait un problème particulier avec ça.
— Il traverse une période difficile et c’est son moyen de décompresser. Il fait beaucoup la fête, disons…
Les mains dans les poches, je continuai mon chemin avec Ally quand elle me demanda si j’avais prévu quelque chose avec ma famille pour les fêtes.
— Je voulais qu’ils nous rejoignent ici, au départ, lui appris-je, j’avais même trouvé des billets, mais mon père ne se sentait pas de faire le voyage à cette période de l’année. Tu sais, pour un canadien, l’hiver c’est presque le temps d’hiberner ! Ils viendront plus tard, je pense.

Spoiler:

Un fort caractère, c’était moi. « Fort caractère utilisé à mauvais escient. » qu’on pouvait lire sur mes relevés académiques lorsque j’étais plus jeune. Je ne savais pas ce que c’était que de ne pas avoir de caractère, j’en avais toujours eu et c’était sans doute ce que je craignais le plus chez mon fils... Qu’un jour, il développe ce fort caractère, ce mode survie dans lequel je baigne depuis mon très jeune âge. En attendant, l’homme ne demandait qu’à voir et je lui lançais un regard lourd de sous-entendus. « On verra bien ce qu’on peut trouver. » Je lui adressais un clin d’œil, peut-être trouverait-on un truc dans cette foire? L’homme ne croyait pas que c’était de l’alcoolisme et je hochais la tête. « En soi, c’est une bonne nouvelle. » Confessais-je maladroitement. L’homme poursuivait avec ce que je croyais. « Et ça fait longtemps qu’il est comme ça? » Que je demande de plus belle sans trop m’inquiéter. Après tout, une fois ou deux c’était pas plus mal. C’était pas la meilleure gestion non plus, mais qui étais-je pour me prononcer dans ce contexte? Henri poursuivait en me racontant qu’il voulait amener ses parents par ici. « Le temps d’hiberner? » Tu pouffes de rire. « C’était pas si différent des hivers à New York, tu sais... » lui rappelais-je gentiment. « J’comprends pas comment ils refusent de sortir de là pour venir profiter du soleil australien... Et surtout y’a un truc que je pige pas. » Je ralentissais. « Surtout, pourquoi tes parents cherchent pas plus que ça à me rencontrer, je suis SI exceptionnelle? » Dis-je en envoyant mes cheveux derrière moi telle une vedette de cinéma. Je rigole, évidemment, il sait que je blague. Je regarde quelques autres jouets à proximité.

Spoiler:

J’aimais ces moments de légèreté, sans prise de tête, qui avaient toujours alimenté notre relation. Une amitié fraiche et revigorante en plus d’une affection particulière que nous avions l’un pour l’autre.
— Je ne demande qu’à voir, répondis-je à l’évocation du fameux déguisement.
Mes pensées revinrent sur mon frère toutefois, pour qui je me faisais du souci dernièrement. Il était beaucoup sorti et se mettait souvent minable. Je m’inquiétais peut-être pour rien, c’était simplement que cela me rappelait des mauvais souvenirs de son adolescence. Que je n’avais clairement pas envie de revivre.
— Ouais…il a peut-être juste besoin de décompresser, t’as raison…Non, ça fait pas longtemps. Depuis que sa copine est partie. Je crois qu’il était vraiment amoureux d’elle, du coup…
Je ris quand elle évoqua mes parents et qu’elle secoua ses cheveux d’un geste théâtrale, s’offusquant faussement que ceux-ci ne sautent pas dans un avion pour la rencontrer.
— Crois-moi, si ma mère te rencontrait, elle ne te lâcherait pas avant que tu lui aies dis ce qui se passe exactement entre nous ! Et elle est québécoise, elle ne lâche pas facilement le morceau autrement dit…

L’homme ne demandait qu’à voir, tu pensais plutôt qu’il demandait qu’à retirer peu importe ce sur quoi tu aurais mis des efforts pour mieux te retrouver d’une autre façon. Tu souriais, toute légère à cette idée, comme si la simple idée qu’il te touche te chamboulait encore comme au tout départ. Henri revenait concernant son frère et tu l’écoutais attentivement. « Sa copine est partie? » Tu grimaces. « C’est sûr que s’il y a un cœur brisé dans tout ça, assure-toi de l’avoir au loin du regard. » Confies-tu alors que tu as toujours été fille unique jusqu’à tout récemment. T’avais des souvenirs de Scarlett, mais c’était flou. « T’sais après, moi j’ai jamais vraiment eu de frère ou sœur, c’est plus compliqué pour moi. » Justifies-tu tes mauvais conseils et ton manque de tact dans le domaine. T’étais toujours bien entourée, mais de là à parler d’un lien fraternel, on était loin du compte. L’homme parlait de sa mère, comme quoi elle ne te lâcherait pas et tu pouffais de rire concernant ce stéréotype. Tu connaissais pas vraiment ce coin de pays si ce n’était que par des touristes qui parlaient français, mais ça s’arrêtait là. Tu t’arrêtais et tu regardais Henri droit dans les yeux un court moment. « Et toi, tu lui dirais qu’il se passe quoi exactement entre nous? » Demandais-tu en espérant peut-être trouver quelques réponses au passage.

Je terminai mon café et le jetai dans la première poubelle que je trouvai sur mon chemin. Calant mes mains dans mes poches, je continuai de marcher à côté d’Ally et haussai les épaules quand elle évoqua le fait qu’elle n’avait jamais vraiment eu de frère et sœur, sous entendant que ses conseils n’étaient peut-être pas les plus appropriés.
— Y’a pas vraiment de mode d’emploi, tu sais. Ni de vérité absolue…ça doit être un peu comme quand on est parent, j’imagine.
Il est vrai que j’avais toujours couvé mon petit frère, adoptant parfois, avec lui une attitude un peu paternelle. J’essayai de prendre du recul, et pour être honnête les années que nous avions passées séparées – par ma faute – avaient creusé un fossé. Mon petit frère n’était plus si petit que ça maintenant, j’avais la sensation qu’il était devenu un homme…sans moi. Et j’avais beaucoup de mal à lâcher prise sur ça. La conversation dévia sur ma famille, je plaisantai sur mon père, casanier, et ma mère, un peu intrusive parfois. Je décompressai un peu, jusqu’à ce que la question d’Ally ôte un peu de légèreté à notre conversation. Je la toisai, un peu décontenancé.
— Euh je n’ai jamais réfléchis à la question, pour être honnête…
Ok. Non. J’avais pas voulu dire ça comme ça. C’était bien trop abrupt ! Bon dieu, qu’est-ce que t’es con, Henri.
— T’es une part importante dans ma vie, ça…c’est sur.
Mais comment la présenterais-je à ma mère si elle débarquait demain. Comme une amie ? Non, Ally était plus que ça. C’était compliqué à définir.

L’homme te rappelait qu’il n’y avait aucun mode d’emploi ou de vérité absolue et pour ça, il avait entièrement raison. Tu hochais la tête positivement, un peu plus convaincue de ce que tu abordais. Et il comparait le tout à être parent et tu hochais la tête positivement. Tu imagines. « Tu y as déjà pensé à devenir papa, toi? » que tu questionnes naïvement, un peu pour te rassurer que y’a quelques années t’étais pas toute seule sur ton bateau. L’homme t’avouait qu’il n’avait jamais réfléchi à la question de ce que vous étiez, de ce qui se passait exactement entre vous. Tu hochais la tête, compréhensive. Tu l’étais toujours. T’étais toujours celle prête à faire les sacrifices pour les autres et ça ne te faisait pas mal. Enfin, pas trop. L’homme tentait de se racheter en disant que t’étais importante dans sa vie. « Hey, t’en fais pas. » Dis-tu avec un petit rire. « J’me posais moi-même la question. » Avoues-tu le plus simplement du monde. Tu ne lui en voulais pas du tout. « Détends-toi. » que tu lui dis en attrapant son bras pour appuyer ta tête sur celui-ci.

La conversation prenait un tournant auquel je ne m’étais absolument pas attendre. Et j’ignorais pourquoi cela me mettait si mal à l’aise. Cela ne devrait pas. Le sujet n’était absolument pas tabou pour moi ; peut-être était-ce simplement le fait d’en parler avec Ally ? Bizarre. Je considérai Ally comme l’une de mes amies les plus cher et je n’avais jamais eu de mal à aborder un sujet, quel qu’il soit avec elle. J’avais l’impression au contraire de pouvoir tout lui dire. J’avais même réussi à lui parler de ma culpabilité vis à vis de ce que j’avais fait à Florian, chose dont je parlais très peu. Pourquoi parler d’enfants me parait si étrange ?
— Euhm…
Je cherchai mes mots, ne sachant que réponse spontanément. Je me grattai la tête nerveusement.
— Oui, un jour…sans doute.
Je voulais des enfants. Etait-ce si compliqué à dire ? Ok, je n’étais pas prêt, tout de suite. Mais Ally n’allait pas me juger pour ça.
— Tu crois à la mémoire transgénérationnelle toi ? Tu sais…cette idée selon laquelle, un parent transmet inconsciemment ses blessures à son enfant par exemple ? Je crois que…j’aimerais réparer les miennes avant de pouvoir concevoir un être humain. C’est con, hein ?
Ouais, un peu…au fond, si on attendait de guérir complètement pour faire quelque chose, on prenant le risque de faire du surplace toute sa vie.

Tu ne connaissais pas la raison du malaise d’Henri. T’aurais pas pu le deviner non plus. Au final, tu attribuais ça au fait qu’il ne le savait sans doute pas. L’homme n’était sans doute pas prêt et il poursuit en t’expliquant la mémoire transgénérationnelle alors que tu secouais négativement la tête pour l’entendre. Un parent transmettait inconsciemment ses blessures à son enfant et tu poussais un profond soupir. Tu t’enfouissais un court moment dans tes pensées... Ta mère et son envie de vivre, son envie de ne pas rester en place, celle d’avoir ce qu’elle voulait plus que tout au monde. Ton père qui rationalisait et qui avait tenté le meilleur pour toi en écopant du pire. Tu soupirais de nouveau. « Ça ferait du sens. » Déclares-tu finalement. « Toi, ce sont quoi les tiennes? » Que tu demandes avec douceur. Tu connaissais les tiennes, Ally, mais celles d’Henri te semblaient encore inconnues. Tu te raclais la gorge. « Aussi, à quel point tu te sens proche de Maxwell? » Questionnes-tu, non pas sans arrières pensées.

J’avais un lourd bagage psychologique, j’en avais conscience. Cette évidence était d’autant plus claire depuis que j’avais posé le pied sur le sol australien. Bien sûr, mes tourments n’étaient pas nés en Australie, bien sur que non, ils étaient plus profonds que ça, et remontaient à bien plus loin. Malgré tout, à New York, je m’étais voilé la face, j’avais fait comme si de rien n’était, j’avais tout refouler derrière un masque et m’étais plongé dans le travail pour m’empêcher de penser. Ma démarche de venir rejoindre Florian à Bowen, m’avait libéré, en quelque sorte, mais comme n’importe quelle libération, la mienne était venue avec son lot d’obstacle, de crainte et de doute. Tout était très incertain, pourtant, je savais qu’on ne m’imposait pas ces épreuves pour rien.
— Je sais pas trop…disons que…pour s’occuper de quelque d’autres, il faut d’abord être capable de s’occuper de soi ; J’ai besoin, je crois, de m’occuper de moi.
Je savais que j’avais un bagage oui, mais l’identifier précisément était une autre affaire. Au fond, je le savais, mais j’étais incapable de le verbaliser devant Ally. Non pas que j’avais peur de son jugement, ça m’était simplement impossible pour le moment. Le temps aiderait peut-être. Je haussai un sourcil face à sa question sur Maxwell. Je n’étais pas sur de comprendre où elle voulait en venir.
— Euh…ton fils est un chouette gamin. Pourquoi cette question ?