sleeping trees (henri) (hot)

Je me suis toujours demandée ce que c’était de vivre dans une maison avec quelqu’un d’autres. Auparavant, Concho m’avait déjà dit que la colocation lui apportait un bonheur certain. Avec Cy, je découvrais lentement mais surement ce bonheur. Puis, il y avait Max qui semblait s’épanouir comme un petit fou. Lentement, nous avions mis l’endroit à notre main. Max avait sa chambre et moi la mienne. Isaiah nous avait donné un coup de pouce pour les meubles. J’avais aménagé ma chambre pour qu’elle soit le plus zen possible, de sorte que nous puissions avoir une belle vie mon fils et moi. La chambre de mon fils était très colorée d’ailleurs, on aurait presque pu dire qu’il dormait dans Happyland! D’ailleurs, aujourd’hui Cy me l’avait emprunté pour lui montrer quelques trucs concernant les fleurs dans la maison. Je lui vouais toute confiance avec mon fils. Après tout, elle nous hébergeait presque gratuitement pour le moment. Cet après-midi, j’attendais Henri. Il était convenu que je lui présente notre nouveau chez nous... Et peut-être plus, qui sait!? Je l'entendais frapper à l'entrée de la résidence principale, où je l'attendais. « Hey! » que je lui lance vivement avec un sourire.

Bowen, depuis quelque temps, ne me semblait plus si étranger. J’y prenais mes marques, petit à petit. J’avais quitté l’hôtel pour un appart minuscule dans le centre ville, cela me suffisait. Travailler depuis l’Australie commençait à devenir un peu compliqué, je loupais plusieurs contrat, un de mes auteurs avait même claqué la porte pour la concurrence, chose qui m’aurait rendu fou quelque mois en arrière. Mais pas aujourd’hui. En venant à Bowen, j’avais espéré me réconcilier avec mon petit frère, certes, mais inconsciemment j’avais aussi voulu quitter cette vie que je menais à cent à l’heure à New York. Au début, cela avait été difficile de décrocher, mais désormais, j’arrivais à le gérer. J’avais même dégoté quelques auteurs ici, deux en tout cas, avec lesquels j’espérais travailler. Et puis, il y avait Ally. Si on m’avait dit, au moment de partir, que je recroiserai mon amie éditrice, je ne l’aurais sans doute pas cru. Depuis nos retrouvailles, nous nous étions vu plusieurs fois et je devais dire que sa compagnie m’apaisait drôlement. Je n’étais toujours pas parvenu à me confier, je vois une psy pour ça, mais ça viendrait un jour, il me fallait simplement du temps. Aujourd’hui, je la retrouvai. Elle avait trouvé une maison à loué un peu à l’extérieur de la ville et avait proposé de me la montrer. Je sonnai et mon amie ne mit pas longtemps avant de me répondre, sa petite tête rousse me souriait depuis l’entrée.
— Salut, ma belle ! fis-je en venant la serrer dans mes bras, alors, cette maison ?

Le retour à Bowen s’effectuait au jour le jour. À New York, j’avais cessé de faire ces affreux cauchemars alors que maintenant, tout revenait. Je me réveillais souvent et je me retrouvais dans des situations difficiles, pas très évidentes. Je prévoyais recommencer à travailler très bientôt car mon sans solde devenait plus difficile. J’avais déjà parlé à mes superviseurs de me transférer à la succursale australienne. Ils étaient en réflexion et j’en attendais des nouvelles. L’homme arrivait et m’étreignait après m’avoir saluée. Il me questionnait concernant la maison et je lui offrais un grand sourire pour toute réponse. « C’est parfait, sérieusement. » Je l’invitais à me suivre et je passais par le petit bois avec le petit cour d’eau. « C’est tranquille comme tout et j’ai l’impression de me ressourcer à force de vivre ici! » Nous étions loin de l’hôtel et de tout ses va-et-vient. « Je peux même faire mon yoga dans le jardin! » M’exclamais-je vivement avec un grand sourire. « Toi, tu vas comment? »

Bowen, contre New-York. Je n’avais pas de mal à croire qu’elle puisse se ressourcer, cela n’avait strictement rien à voir en effet. Nous passâmes par un petit point où un cours d’eau passait. Les bruits que je percevais, l’eau les oiseaux, les bruissements des feuilles soufflées par le vent, c’était incroyablement reposant. J’enviais tout à coup mon amie de vivre ici. Un sourire creusa une fossette sur ma joue quand elle évoqua son yoga. Je l’imaginai en tenue moulante, à faire ses étirements, de fines perles de sueur sur le front. Les mains dans les poches, je regardai autour de mon, appréciant la sérénité de ce fameux jardin.
— Moi ? me réveillai-je tout à coup, ça va. Je vis…autrement, et ça me fait du bien, je crois. Et toi, toujours pas de nouvelle pour ta mutation ? Ils te font encore mariner ? C’est pas vraiment étonnant, les auteurs australiens, ce n’est pas vraiment leur rayon. Ils ont tort, ils en existent d’excellents, autant qu’à New York, d’ailleurs, mais bon…
Déformation professionnelle, j’étais obligé de mettre mon grain de sel. Je n’étais plus boulimique du travail comme avant mais n’en restait pas moins passionné. De plus, je connaissais le marché pour l’avoir bien étudié.

J’avais choisi New York. Deux fois plutôt qu’une, mais chassez le naturel et il reviendra au galop. Voilà ce qui se passait chaque fois que je tentais de quitter l’Australie. Chaque fois, il y avait aussi des sentiments de tristesse, de blessure, de colère même. En me ressourçant dans le côté naturel du coin, l’homme se réveillait lorsque je parlais de lui. Je me mettais à rire lorsqu’il le réalisait. Il vivait autrement et ça lui faisait du bien, je hochais la tête. Je comprenais ce qu’il disait. La vie n’était pas du tout la même de l’autre côté de l’océan! Je secouais la tête négativement à sa question. « Pas pour le moment, ça viendra. Puis, c’est pas comme s’il ne me restait rien à faire dans le dossier de ma mère. » Lançais-je avec un air sarcastique, je devais faire des tas de suivis, mais l’essentiel était déjà parti. Il ne me restait qu’à avoir les réponses. « En même temps, ils ont déjà une succursale qui fonctionne bien ici en Australie... Il ne me resterait qu’à obtenir le oui pour effectuer mon travail de Bowen. » Dis-je avec un fin sourire. Il fallait bien voir le côté positif de chaque situation. L’homme poursuivait en me disant qu’il y en avait d’autres excellents et je souriais. « Tu en manges, toi de la littérature. » Il n’était pas agent littéraire pour rien. Mon travail à moi, c’était l’édition. Mon avis ne comptait plus réellement à mon stade, mais je pouvais bonifier ce qui était déjà mis en place. « Et sinon, la vie en générale? » Les conquêtes, les amis, le boulot, la famille, ton frère?

Je secouai la tête en l’entendant parler. Elle valait bien mieux que ça, je le savais.
— Tu devrais les planter,dis-je tout de go, t’es bien trop douée dans ton domaine pour te contenter de gérer des dossiers qui mettrons mille ans à se valider parce que le siège de ta boite est à l’autre bout de la planète. Tu n’auras de temps à consacrer qu’à ton auteur de best-seller et les autres, les petits, les pépites, tu n’auras même plus le loisir de les lire, alors que t’as du talent pour ça. Souviens-toi de Lewis Holdman, personne n’y croyait, sauf moi, et t’as eu le flair, tu m’a fait confiance et regarde aujourd’hui, il cartonne.
Nous avions travaillé plusieurs fois ensemble et j’aimais Ally parce que c’était une éditrice audacieuse, passionnée et je savais que ce travail, à la succursale de sa boite allait la bousiller, c’était dommage.
— Ouais, mais j’ai pas de mérite, je lis super vite, plaisantai-je.
Enfin c’était vrai. J’étais un agent réputé et ce n’était pas pour rien. Moi aussi, j’étais doué. Ce n’était pas de la prétention que de l’avouer, je savais ce que je valait.
— La vie ? fis-je en réponse à Ally. Ca…roule. Florian donne pas trop de nouvelle, mais il a besoin de temps, je pense. Sinon, j’ai recroisé une ex, à Bowen, le monde est sacrément petit. Et Max ? Il n’est pas la mon petit monstre préféré ?  

L’homme me disait que je devrais les planter et je secouais la tête négativement. Je n’étais pas prête à ça, je n’étais pas non plus prête à recommencer en tant qu’entrepreneure. L’homme avait toutefois raison concernant le siège de la boîte et je grimaçais à ce propos. Il était véritablement derrière moi, Henri. Après, peut-être était-il plus carriériste que moi?! Sans doute. Depuis que j’avais eu Maxwell, tout roulait au ralenti chez moi. Je profitais de la vie comme je pouvais le faire. « La journée où j’vais planter ma boîte, ça va être pour tes beaux yeux parce qu’on partira en affaires ensemble, d’ici là, je prône la stabilité et les trois repas par jour. D’ailleurs, t’as faim? » Que j’lui demande avant qu’il ne me parle de Lewis Holdman et je grimace. Je sais que j’ai du talent, je sais que j’ai du talent en art aussi. Et je ne me remettais pas dans mon ancienne boîte, mon musée. Je pouffais de rire. « Toi aussi, tu l’as l’instinct... Et tu lis vite en plus! T’imagines dans un rendez-vous galant. ‘Bonjour, je m’appelle Henri et je lis super vite!’ Ça ferait un malheur! » Je lui adressais un clin d’œil moqueur, mais je savais qu’il ne le prendrait pas trop mal. « Pas trop de nouvelles, ce n’est pas de mauvaises nouvelles alors c’est bon. Et une ex? Dis m’en plus! » J’étais trop curieuse d’en savoir davantage. Il me questionnait sur Max. « Il est avec Cy, notre propriétaire. Elle l’a pris sous son aile pour la journée dans son jardin. C’est adorable de les voir ensemble. Il est un ange avec Cy. » que j’lui confie le regard dans les nuages, les yeux rêveurs. « Donc, on a tout notre temps pour nous. » On arrivait devant la porte verte. « T’es prêt? » que j’lui demande avec un léger sourire.

Elle plaisantait, mais au fond d’elle, je savais qu’elle m’écoutait. Elle m’écoutait parce qu’elle avait conscience, autant que moi, de son talent. Sa passion s’essoufflerait à la succursale, c’était évident. Certes, cela lui ferait un salaire régulier mais, est-ce que ça valait vraiment le coup ? Je n’en aurais certainement pas mis ma main à couper.
— Je te rappelle que c’est ce qui t’a plu en premier chez moi, Carmichael…
Nous nous étions rencontrés avec le boulot et même si nous avions noué des liens très vite, nous bossions remarquablement bien ensemble. Je lui parlais de Florian, d’Ella que j’avais croisé par hasard dans un bar.
— Ouais, une ex…de New-York, qui vit ici maintenant, à croire que j’ai un faible pour les australiennes (je lui adressai un clin d’œil), j’ai été un sacré con avec elle, elle n’était pas franchement heureuse de me revoir…au début.
Après ça, le charme Dickerson avait opéré, mais je n’en raconterais pas plus, par respect pour Ally. Elle me parla de son fils, je hochai la tête.
— Eh bah, elle est super cool ta proprio. Elle te loge gratos pendant six mois et fait baby sitter, ce serait pas la mère Noël ?
Déjà quand Ally m’avait parlé du fameux « cadeau de bienvenue » de sa prorio, j’étais restée sur les fesses, apprendre qu’elle s’occupait du gamin en prime me coupait presque la chique. Nous parvînmes finalement devant la porte d’entrée, aussi verte que les arbres que nous avions traverser pour arriver jusque là.
— Jolie couleur, commentai-je, en plus ça fait ressortir tes cheveux.
Je ris, de bonne humeur.
— Je suis prêt !

Je soupirais vaguement en passant ma main dans mes cheveux. « Tes yeux? Ton instinct? Non, c’était tes fesses, très clairement. » Dis-je légèrement moqueuse. Ensemble, nous étions un sacré duo et règle général nos deux départements s’en rendaient compte. Après, on s’entendait bien et on couchait ensemble régulièrement, nos patrons ne l’ont jamais su. L’homme me glissait qu’il avait vu une ex de New York et qu’il avait un faible pour les australiennes. Je levais les yeux au ciel. « T’as un faible pour les femmes point. » Il ne pouvait pas nier l’homme. Je comprenais rapidement ce qu’il voulait dire et je lui adressais un clin d’œil. « Au moins, ça s’est bien terminé, non? » Voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.

« Attends, tu sais que je vais lui remettre dès que j’vais avoir le fric de ma mère. » Lui rappelais-je en levant les yeux au ciel. « Non, c’est pas la mère-noël... Quoi qu’elle semble avoir des activités particulières. » Commentais-je songeuse. « Très drôle. » Je levais les yeux au ciel, il venait de me donner une bonne raison de la repeinturer en rouge. Après, j’avais toujours rêvé de la porte rouge de Brooke Davis dans One Tree Hill. J’ouvre la porte et je lui fais un « TADAME! » digne de ce nom! Je lui pointe ma chambre. « C’est là qu’on risque de passer le plus clair de notre temps! Sinon t’as Happyland, la chambre de Max. Eeet t’as les deux pièces principales, la salle de bain est là-bas. » Pointais-je au loin. « C’est modeste, c’est coquet. » Je m’approchais de lui et je lui susurrais à l’oreille : « Et tu vas pouvoir me faire crier autant que tu veux puisque la maison de la proprio est super loin. » Je haussais les épaules avec un air faussement angélique.

Je levai un sourcils, amusé.
— En même temps, je te comprends, elles ne sont pas mal du tout, mes fesses, plaisantai-je en jetant un coup d’œil en arrière.
Ally me signifiait que ce n’était pas spécialement pour les australiennes que j’avais un coup de cœur, mais pour les femmes en général. Ce n’était pas vraiment faux. J’aimais les hommes aussi, mais je n’étais pas sûr de le lui avoir déjà dis. Ca n’était pas vraiment important, cela ne regardait que moi de toute façon.
— Ouais, ça s’est bien terminé, en effet.
Revoir Ella m’avait fait bizarre, mais plaisir aussi en quelque sorte. C’était différent avec Ally, nous avions pas le même attachement, et puis, je n’avais jamais été con avec Ally, du moins pas à mon souvenir. Nous entrâmes finalement dans sa demeure douillette. Je lançai un regard autour de moi. En effet, Ally n’avait pas menti, ce n’était pas grand, mais plutôt mignon en fait. Avec le jardin en plus, le cours d’eau, la petite forêt et tout ça, cela valait clairement le coup. Mon sourire s’élargit quand elle évoqua nos potentielles parties de jambes en l’air futures, je m’approchai d’elle avec un sourire.
— Je vois que tu as conservé ton esprit pragmatique, notai-je avec humour, sinon…t’avais pas parlé de manger tout à l’heure ? Ton jardin me fait envie, un pic-nic c’est jouable ?

Je pouffais de rire en voyant sa modestie, son clin d’œil par contre m’arrêtait avant de lui faire une remarque sarcastique. L’homme poursuivait en me disant que ça s’était bien terminé. « Alors sors le positif de cette situation et contente-toi en. » dis-je avec un petit sourire. Je me mordillais la lèvre inférieure alors que je me demandais si je devais lui en parler ou non... Oh et puis, au point où j’en étais. « Je t’ai dit que j’ai eu des nouvelles du père de Max? » J’déglutissais. Revoir Concho n’était pas le point positif de la journée, mais je devrais aussi bien vivre avec. « Et dire que j’suis la première à t’encourager de voir le positif avec ton ex. » J’pouffe de rire maladroitement. Cordonnier mal chaussé.

Arrivés dans la petite maison, l’homme me rappelait mon esprit pragmatique et je hochais la tête avec un sourire. « C’est un beau compliment venant de ta part. » J’étais amusée. L’homme me parlait de manger et je hochais la tête positivement à sa question et le pique-nique serait intéressant! « Je n’ai rien préparé de spécifique, mais si t’es prêt à tout, j’suis partante. » que j’lui dis avec un sourire. Je m’approchais du frigo, je devais bien avoir quelques cubes de fromage, quelques marinades aussi. Je regardais aussi dans le bas du frigo. « Est-ce que midi c’est trop tôt pour du vin? » Que j’lui demande plus intriguée face à sa réaction plutôt qu’à la question en soi.

Les ex, quel sujet complexe…quoique, j’avais gardé de bons contacts avec ma petite amie du lycée, celle avec qui j’avais connu un idylle de sept ans, mais c’était bien la seule. Ella, quant à elle, m’avait marquée pour d’autres raisons, mais cela n’avait rien à voir. Dans le cas Ally, là encore, c’était différent. Déjà parce qu’il y avait un enfant au milieu et je savais par ailleurs que cet homme avait compté pour elle. Cela rendait tout plus compliqué.
— Et…comment ça s’est passé ? ne pus-je m’empêcher de demander.
Ally était une amie chère, plus que ça même sans doute, et je n’aimais pas l’idée qu’elle puisse souffrir, or dans ce cas là, j’avais peur d’être totalement impuissant. Par ailleurs, j’adorais Max, son fils. Ce gamin avait réussi à m’attendrir. Je l’avais connu si petit…J’espérais simplement que son père saurait voir quel gosse incroyable il était. Cela me ferait mal, aussi, que le gamin paie les pots cassés.
Nous passâmes dans la cuisine pour préparer le déjeuner. J’avais un petit creux, mais l’idée de partager ce moment avec Ally me plaisait davantage. C’était con à dire, mais cette petite rousse avait su m’apaiser depuis que nos retrouvailles. Moi qui crevais de stress depuis que j’avais posé un pied à Bowen. Si je me sentais mieux aujourd’hui, c’était en partie grâce à elle.
— Du vin c’est très bien, enfin…tout dépend de ce que c’est.
J’étais un grand amateur, elle le savait. Principalement de rouge, mais puisqu’elle regardait dans le frigo, j’imaginai qu’elle parlait plutôt de blanc ou de rosé, ça m’allait aussi.
— Ne t’inquiète pas trop de ce que tu as à m’offrir à manger et à boire, ce n’est pas ce qui me met le plus en appétit de toute façon, avouai-je en lui adressant un clin d’œil charmeur.
Je m’écartai d’elle et ouvrai un tiroir au hasard.
— On prend des couverts ?

Les ex. Quel sujet délicat. Je n’arrivais qu’à moitié à me souvenir le nom de tous les garçons avec qui j’ai été... Et d’un certain côté, c’était mieux ainsi. Ils étaient des ex pour certaines raisons et le mal être intérieur qu’ils m’avaient fait subir n’était pas aussi simple que ça en avait l’air. « Ça dépend. Pour moi ou pour lui? » J’essaye de rire. « Je lui ai donné une de ces claques. » dis-je alors un peu gênée. Henri devait bien savoir que je n’étais pas violente de nature. Par contre, moi je savais au plus profond de mon être que je pouvais le devenir pour un bon nombre de raison. « J’imagine que ça va s’arranger. Il tolère difficilement mon départ soudain. » que j’explique avec douceur, j’imagine qu’il le comprenait. Après, je n’étais pas certaine qu’Henri connaissait tous les détails de la rupture de Concho et moi. À son commentaire, je baissais le regard sur la bouteille. « Rosé? » que j’risque en grimaçant. Je savais que ce n’était pas sa palette de choix, mais je savais aussi qu’il le tolérait plutôt bien. L’homme me disait de ne pas m’inquiéter et cela me rassurait. Je lui adressais un sourire tendre et des yeux rassurés. « Ouh. Ça peut s'arranger pour le dessert! » que j’lui dis en riant. Je hoche la tête positivement. « Prends ce que tu veux dans le frigo. » Lui dis-je en partant vers une armoire pour en sortir un drap. Je préférais les draps aux nappes, c’était plus grand et ça permettait plus de liberté. Je sortais également deux coups en revenant dans la cuisine. Je pointe deux ou trois plats dans le frigo à l’attention d’Henri pour qu’il les prenne. « Dis-moi, tu n’es plus à l’hôtel, rassure-moi? » que je lui demande.

Je grimaçai quand Ally évoqua la claque qu’elle avait collée à son ex. Cela signifiait que les retrouvailles n’avaient pas été idéale, voire qu’elles avaient été houleuses. Nous n’avions pas vraiment évoqué le sujet par le passé, aussi je ne savais rien de cet homme avec qui elle avait conçu un enfant, hormis le fait que ce n’était pas un gars de passage mais quelqu’un avec qui elle avait partagé des sentiments. Ally était assez discrète à ce niveau là et je respectai son choix et son désir de conserver un jardin secret. Cela m’éviter, par ailleurs, de prendre partie. Même si, évident, je me placerais toujours de son côté à elle, quoiqu’il arrive, quoiqu’elle est fait. Je n’osais pas demander si le type avait vu Max, j’imaginai que mon amie m’en parlerait en temps voulu. J’attrapai la bouteille de rosé dans le frigo et regardai l’étiquette. De production australienne…cela n’était clairement pas mon préféré, mais cela ferait l’affaire. Je n’étais pas venu pour ça de toute manière. Ally partie chercher un drap pour que nous soyons à l’aise dehors. Elle me donna quelques consignes, que j’exécutai aussitôt. J’attrapai les plats dans le frigo et la suivit dehors.
— J’ai trouvé un appart en ville, lui appris-je tout en l’aidant à positionner le drap, dans le jardins, sous les arbres, c’est petit…mais pour moi tout seul, c’est bien. C'est sûr que comparé à ici, ça me parait complètement miteux tout à coup.
Le cours d’eau n’était pas loin et nous pouvions percevoir le bruissement de l’eau qui s’écoulait. Ajouté à cela le chant des oiseaux, c’était tout simplement parfait. Je me plaçai sur le drap avec mon ami et servis le rosé.
— Ally, l’interpellai-je en lui tendant son verre, t’étais sérieuse tout à l’heure, quand tu disais que tu ne te laisserais une affaire que si c’était avec moi ?

Concho n’était pas un gars de passage. Il était l’homme que j’aimais à l’époque, l’homme pour qui j’aurais pu tout faire sans hésiter une seule seconde et pourtant, on s’était éloignés et j’étais partie. « J’sais pas si c’est sensé être positif, mais Max s’est bien entendu avec son chien. » dis-je en grimaçant. Il n’aurait pas pu se concentrer que sur Cinnamon? J’étais découragée juste à l’idée d’y penser. J’installais le drap à l’extérieur où il y avait du gazon et nous étions près de l’eau. L’homme me fait part qu’il a trouvé un appart en ville et je lui souris. Il me disait que pour lui, c’était parfait. « Si t’es bien alors c’est parfait. » Je lui donnais un léger coup de coude alors qu’il me mentionnait que ça paraissait miteux. « Arrête sinon je vais te proposer d’emménager. » lui dis-je en lui adressant un clin d’œil. Ça ne me dérangerait pas du tout qu’il emménage, maintenant qu’on en parlait. On regrouperait même l’utile à l’agréable! Je m’installais et je lui tendais les deux coupes qu’il servait avec aisance. Il en avait l’habitude. « Merci. » lui dis-je en goûtant mon rosé. Ça me faisait un bien fou de sentir la douce chaleur glisser le long de ma gorge. Je relevais le regard vers lui alors qu’il prononçait mon nom. « Oui? » lui demandais-je. Il me demandait si j’étais sérieuse quand je disais que je me lancerais en affaire avec lui. Je soupirais doucement pour trouver les mots adéquats. « Oui, j’étais sérieuse, mais c’est sur la glace? » que je lui demande plus intriguée. Lui semblait s’épanouir de son côté. « Mais toi, c’est vraiment ce que tu veux de créer ta compagnie? D’avoir un salaire plus instable au départ? » que je lui demande. Après tout, il était clairement plus habitué à son confort que moi je l’étais. « J’veux dire, dans mon cas, ça ne serait pas la première fois que je partirais en affaires. » expliquais-je avec douceur. En effet, j’avais aidé Concho à mettre sur pied son organisme, Head Ahead et puis la mienne aussi, ma galerie d’art avec le petit café. J’avais réussi et ça me prouvait que rien n’était impossible à l’heure actuelle.