#455 - out of time (gisella)

Ce qu'elle a fait pour lui dans le passé ne comptait pas à cet instant. Et ce n'était pas une banque où elle pouvait puiser pour l'aide de Ciàran en retour. Elle n'avait pas fait tout ce qu'elle avait fait en espérant qu'il lui retourne l'ascenseur. Ça avait été naturel, tout simplement. Parce qu'elle tenait à lui. Et ce même après leur divorce qui avait été difficile pour elle. Gisella en avait connu des hommes, elle en avait laissé plusieurs se faufiler jusqu'à ses draps. Mais quand il était question de son coeur, seulement deux avaient réussi à le percer. Le premier le faisait encore battre comme au premier jour, le second y était entré malgré lui. Ciàran n'éprouvait pas ce genre de sentiments pour la brune. Et si il l'appréciait, s'il la considérait comme une personne importante pour lui, jamais il ne l'avait aimé. Ça avait été à sens unique, surtout parce qu'ils n'étaient pas supposés éprouver ce genre de sentiments l'un envers l'autre et que Gisella avait tenté de les faire taire le plus longtemps possible jusqu'à ne plus y arriver. Et quand même bien qu'elle comptait pour lui, aux yeux de la Sicilienne, le plus important, c'était de s'assurer que lui et Gabriel soient en sécurité. Et ça ne pouvait être le cas si Ciàran tentait de se mêler à cette histoire de fausse mort. « Tu feras une erreur », lui dit-elle simplement, alors qu'il ne voulait pas entendre de refus. Il était borné, plus têtu qu'elle, oui, et s'il avait décidé de trouver une solution, il le ferait. Seulement, c'était une erreur. Gisella le savait bien. Et elle ne pouvait ne pas le mettre en garde. C'était l'heure pour elle de tirer sa révérence, seulement l'italien s'y opposait. Ses arguments étaient forts, il la croyait morte encore ce matin, alors qu'elle était débarquée sans s'annoncer sur le pas de sa porte, en chair et en os, pas comme un fantôme. « Je n'ai.. », commença-t-elle avant de s'arrêter. Elle n'avait jamais envie de le quitter. Mais elle s'empêcha de le lui dire, parce que ce genre de phrases, entre eux, c'était à proscrire. Maintenant qu'il connaissait les sentiments de Gisella, Ciàran prenait ses distances quand elle les faisait ressortir. Et chaque fois, elle avait l'impression qu'elle avait brisé quelque chose entre eux en lui avouant que son coeur avait battu pour lui. « Je n'ai rien d'autre à faire de toute façon », reprit-elle pour masquer les premiers mots échappés qui lui ferait lui demander le reste de sa phrase. « Je t'expliquerai, Ciàran », lui promit-elle. « Mais pas maintenant... » Ça lui faisait revivre des drôles d'émotions, le stress qui s'emparait d'elle et l'angoisse qui lui prenait à la gorge. Et avec la façon dont il posait ses yeux sur la Sicilienne, elle n'avait aucune envie de ressentir ses émotions toxiques alors que son coeur s'emballait à nouveau. Elle le mit en garde, lui qui posait son regard de braise sur elle, sans même le savoir, sans même s'en rendre compte. « Comme si.. Tu mi volevi », souffla-t-elle en détournant le regard. « Sinon.. » Elle s'arrêta-là, sachant très bien qu'elle allait trop loin, qu'elle repoussait les limites, elle aussi, limites que lui leur avait imposées. Elle se retourna, attrapant la bouteille de rouge pour se resservir, dans l'espoir que le vin calme les choses.

Peut-être qu’aider Gisella sera une erreur, peut-être que tu mettras en danger plus d’une personne, à commencer par la brune, mais tu n’es pas prêt à rester les bras croisés. Tu es têtu, l’Italienne le sait et quand tu as une idée en tête, tu ne l’as pas ailleurs comme on dit. Alors même si elle tente de te convaincre de ne pas agir, de la laisser se débrouiller, tu refuses. « Peut-être ou peut-être que j’trouverai la solution à tous tes problèmes et que tu pourras retrouver un semblant de vie. » Parce que tu imagines sans peine la vie que Gisella doit mener à présent. Elle doit être dans la peur perpétuelle, toujours sur ses gardes et ça, ce n’est pas une vie. Ou du moins, ce n’est pas la vie qu’elle mérite. Tout ça parce qu’elle a voulu bien faire en aidant son père et en s’associant avec les mauvaises personnes. Travailler avec la mafia c’est le choix d’une vie sans retour en arrière possible mais tu espères tout de même qu’avec de la persuasion et tes relations, tu pourras trouver une solution. Tu souris du coin des lèvres quand la brune t’avoue qu’elle n’a rien d’autre à faire, acceptant donc de rester à tes côtés encore un peu. Qui plus est, Gabriel n’a pas encore vraiment eu le temps de profiter de la présence de l’Italienne puisque vous êtes dans la cuisine depuis un moment alors que lui, il joue toujours calmement dans le salon. « Très bien. J’essayerai de me montrer patient alors. » Dis-tu en soupirant, laissant le sujet de côté pour l’instant. De toute façon, tu sais bien que si Gisella ne le fait pas d’elle-même, tu remettras le sujet sur le tapis un jour ou l’autre. Si tu veux pouvoir l’aider, tu as besoin d’être totalement au clair vis-à-vis de sa situation. Après l’avoir convaincue de rester encore un peu à tes côtés, tu te lances dans un jeu plutôt dangereux. Avec une autre femme, ce ne serait rien de plus que de la séduction mais tu sais qu’avec Gisella, c’est plus compliqué que ça. Tu ne veux pas lui faire de la peine ou lui faire croire que tes sentiments ont changé à son égard. Pourtant, le regard que tu lui lances trahit déjà ce que tu penses réellement. « Je t’ai toujours voulu physiquement parlant. » Rétorques-tu en haussant légèrement les épaules. L’Italienne est une femme magnifique qui dégage tellement de charisme. Quand elle entre dans une pièce, elle est capable de faire beaucoup d’ombre à d’autres femmes. C’est quelque chose que tu as toujours aimé chez elle. Mais puisqu’elle est également plus réfléchie que toi, la brune prend ses distances en se resservant à boire. « Bon… Je fais la sauce et on passe à table ? Tu restes pour la soirée ? » Demandes-tu en t’approchant de la casserole de pâtes.