Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: Doubt that the sun doth move | Hershel Dim 26 Jan 2020 - 21:24
Aube
Feat. le mari
Insomnie, impossible de fermer l’oeil. Hermia a dormi un peu en début de nuit avant d’être tirée des bras de morphée par une interrogation sans queue ni tête, un succession de chiffre et de logiques dans l’immense tableau noir mental qu’elle se reconstruit. C’est que cela tourne beaucoup en ce moment dans son esprit, beaucoup trop pour passer une nuit tranquille. Elle grogne, tourne et tourne encore avant de poser son menton sur l’épaule d’Hershel et de lire l’heure sur le réveil. 5 heures. Bon, inutile d’essayer de dormir plus et son mari est dans le genre lève tard. La jeune femme se redresse et quitte discrètement le lit conjugal. Il semble y avoir eu une communication mentale avec Oberon car ce dernier l’attends, ses pattes poilues dépassant de sous la porte, visiblement occupé à attraper un nouveau mouton de poussière ou une fée. Elles sont presque invisible, ces pattes noirs dans l’obscurité du petit matin mais Hermia connaît trop bien son chat pour savoir reconnaître ces mouvements caractéristiques. C’est qu’il s’ennuie, le pauvre matou. Pendant la nuit, tout le monde dort alors que lui, c’est un chat actif. Il faut bien, vu qu’il passe une partie de la journée à dormir dans sa marmite.
La brune claque de la langue, le félin reconnaît le signal et s’écarte. L’humaine peut dès lors ouvrir la porte. Un miaulement accueille le face à face, quelques ronrons , un roulement de cul qu’Hermia met un peu longtemps à comprendre. Le chat, lui, s’en fiche et saute dans ses bras. Fragile, elle vacille mais tient bon malgré les huit kilos cinq qui vienne de lui atterrir contre sa poitrine. Il faut quelque contorsion pour que l’animal se trouve à son aise et Hermia se met en route, frissonnante , jusqu’au salon, admirant le paysage par la baie vitrée. Ses longs cheveux noirs ébouriffés la gêne un peu , elle les écarte. Elle ne se souvenait que l’aube pouvait être si belle à Bowen. En même temps, à 7 ans, ce n’est pas forcément la chose qu’on retient. Elle secoue la tête et dépose Monsieur le roi des fée sur son arbre à chat avant de retourner dans son coin de travail. D’hier, il reste une des nouvelles chemises d'Hershel, dont le col a été relevé . Juste à sa base, elle y a installé un tambour à broderie mais n’a pas pu aller plus loin, l’homme ayant dévié son attention sur d’autre chose. Nouveau frisson. Hermia retourne dans la chambre pour passer son pyjama rayé de bleu et de dentelle une grande robe de chambre outremer, retroussant ses manches , relevant au passage de manière négligée ses cheveux en chignon. Il est désordonné, a des dizaines de petites mèches qui dépassent mais peu importe , il fait le job. Puis cela fait tellement longtemps que ses cheveux n’ont pas été coiffé et attaché autre que part la coiffeuse qui passe une à deux fois par semaine.
Retour au salon, Hermia s’installe à sa petite table, concentrée. Elle allume la lampe loupe de travail, commence à dessiner pour la 72 ème fois le petit nautile symbole d’Hershel à l’emplacement décidé. Viens ensuite le choix des couleurs et là ça devient compliqué. Hermia sort de son meuble une , deux, dix, cent écheveaux de fil à broder qui s’étale au fur et à mesure sur le parquet. Elle tente des mariages de couleurs, grogne, pas satisfaite du tout , Oberon descend de son perchoir et vient y mettre sa truffe, kidnappant la numéro 310 ce qui fait lâché un petit cri à la jeune femme qui le gronde. Qu’importe, Obéron est un chat kleptomane et même si les chaussettes ont sa préférence, il peut s’amuser à voler toute sorte de chose, surtout si elles ont l'intérêt de sa maîtresse . Hermia peste , finit par attraper deux echevette dans les tons du bleu , commence à courir après le matou qui se réfugie d’abord dans la chambre puis dans un saut élégant sur le lit , sur l’oreiller de l’humaine qui tape du pied mécontente. Boudeuse , elle vient se blottir contre son mari, une partie du corps en dehors de lit . Elle caresse sa joue pour le réveiller doucement, lui murmure de sa petite voix .
“Il m’a volé mon noir .”
Un long silence.
“Ça va bien ensemble , 162 et 826 ?”
Pour plus de contexte, observer les deux écheveaux qu’elle sert dans sa paume gauche.
Sujet: Re: Doubt that the sun doth move | Hershel Jeu 30 Jan 2020 - 18:46
La nuit est son domaine. Monde de silence qu’il peuple de soupirs et de sons, lorsque les âmes dorment et qu’il peut, en paix, faire résonner la sienne. Les mains sur les touches, dans la lueur flottante des bougies parfumées, il se laisse emporter dans la fumée grise de ses émotions. Le piano pleure pour lui, puisqu’il ne le peut plus, et la solitude peuplée des respirations endormies lui répond, fantôme d’un passé enfoui.
Il joue. Longtemps, intensément, passant et repassant sur ses phrases jusqu’à ce que la moindre nuance s’imprime dans ses doigts. Il ne pense ni à sa position, ni aux lumignons qui s’éteignent un par un, manquant de cire, moins endurants que lui. Finalement, l’accord final remplit le salon et Obéron, Sa Majesté des Fées-Lin, vient lui signifier qu’il est temps de lui laisser la place. C’est que musique et chasse ne font pas bon ménage. Poli, le quadragénaire cède la place, se lève avec difficultés et clopine vers la chambre. Il n’avait pas pris la peine d’apporter ses béquilles. Sa main d’artiste, protégée depuis toujours trouve certes le mur un peu rêche mais c’est peu de choses, au final, face aux traumatismes de la vie.
Toujours dans le noir, il pousse la porte de la chambre. Sa Majesté y passe les moustaches, rapidement repoussé par le maître des lieux qui ferme la porte. Il ne voit pas la silhouette endormie dans le lit. Il l’entend. Et, dans son esprit, il suit ce visage doux qu’il connait par cœur, de la courbe de ses joues au dessin de ses lèvres, de la lumière de son front à ses longs cils baissés sur ses yeux de charbon. Il soupire. Elle était magnifique, de corps comme d’esprit. Magnifique et brisée, par sa faute, son égoïsme. Les larmes lui montent au yeux. Il les refoule. Un Lord ne pleure pas. Il prend ses responsabilités.
Il enfile un bas de pyjama de coton léger. Reste torse nu. Dans le noir, les marques des coups donnés par sa première compagne l’indiffèrent. Clopinant, il se dirige vers le lit, s’allonge, pose un baiser tendre et chaste sur le front de sa compagne, accompagnés de quelques mots d’amour, car rien n’a réussi à éteindre ce sentiment en lui. Hermia est son âme sœur. Il l’a su depuis le premier moment où il l’a vue, si jeune dans cet amphi, pleine de vie, de feu, de passion et de colères. Elle est un ruisseau d’émotions qui l’emporte loin de son calme personnel, dans des univers qu’il n’aurait pu que rêver alors. Et qu’il revisite chaque soir, en pensées.
Il est trois heures quinze la dernière fois qu’il remarque l’heure sur le radio réveil à sa droite. Son Marignan d’anglais à lui. Il n’est pas beaucoup plus lorsqu’on le réveille.
Il commence par la regarder. Un trait de lumière passe sous la porte et il devine son visage, intense. Sa main se lève, marionnette, caresse ces joues encore rondes malgré les années, glissent sur les ridules au coin des yeux. Sans le vouloir, son sourire s’est fait tendre et triste. Il aime sentir son poids sur sa poitrine, cela la rend plus réelle. Il aime sentir sa chaleur contre lui, cela la rend plus vivante. Et, par-dessus tout, il aime sa voix, cette voix qu’il n’a pas entendue depuis plus de deux ans maintenant et qui résonne parfois, comme un cadeau à ses oreilles.
« Je ne sais pas ? Ca ne doit pas faire loin de 1000…non ? » Il se doute qu’elle n’est pas venue lui parler de mathématiques à cette heure plus que matinale mais c’est tout ce que son cerveau endormi arrive à produire. Il y a bien quelque chose dans sa main gauche. Il pose la droite dessus, la prenant en douceur. Un dirait du tissu… du fil à broder ? Sa dernière lubie est de broder des coquillages partout. Il la laisse faire. « Il a eu raison de prendre ton noir. Ce n’est pas une couleur du matin. Pourquoi pas du bleu ? »
Invité
Sujet: Re: Doubt that the sun doth move | Hershel Mer 5 Fév 2020 - 19:53
Aube
Feat. le mari
Elle dodeline, Hermia, comme un chaton, tirant son mari de son court séjour dans les terres de Morphée. Ils auraient été dans une autre vie, les choses auraient été différentes. Elle l’aurait certes probablement réveillé à une heure précoce avec une question tout aussi improbable mais la discussion aurait été très vite déviée, évincée. Ils n'auraient pas tenu longtemps à se fixer ainsi, à moitié dévêtus, pas encore bien réveillés. Il y a des restes, encore, comme le corps d'Hermia qui tente tant bien que mal d'établir un contact complet contre le torse de son mari. Il y a aussi leurs lèvres si proches mais malheureusement si lointaines. Sois sage, Hermia, le nautile est encore cassé, par ta faute et celle du virage à 0° sur cette route. Pourtant...Pourtant, elle aimerait tant que comme avant leurs lèvres s’achoppent et se trouvent, qu’ils se fondent l’un dans l’autre. Juste pour souvenir. Seulement se souvenir. Trop tôt.
Hershel ouvre les yeux, parle. Hermia grogne. Elle a dû lui répéter une centaine fois . Le “presque “ n’importe quel nombre, ça n’existe pas en mathématiques avec ces nombres là en tout cas. C’est pourtant simple, c’est soit noir, soit blanc, soit vrai, soit faux. Mais le Nautile et les nombres, ça a toujours fait beaucoup trop. Les chiffres, il ne s’en sert que pour donner un tempo et compter les temps et les mesures. C’est les seuls nombres qui l'intéresse. Visiblement , l’amour des chiffre ne vient pas automatiquement avec le titre de Lord. La lutine oublie assez vite, son trait de pensée s'arrête , elle n’entend plus ce que lui raconte son homme, son oeil est accroché à son air triste. Son esprit se fige sans un bruit, la plongeant dans un de ces moments de silences qui fait si peur à son mari. Son corps tout entier se relâche. Le processus se met en marche doucement, cherche à résoudre le problème. Hershel ne doit pas être triste. Jamais. C’est interdit. Si jamais il devient triste, il va s’enfoncer dans la mélancolie et la voiture loupera encore le virage. Puis elle serait … seule .
Sa main lâche les échevettes, Hermia se blottit en boule contre le torse de son mari , tremblante, sans un mot. Ne soit pas triste s’il te plait. Je suis sage. Je guéri, tu vois. Il y a un sanglot silencieux , peureux, au creux de sa gorge , elle le retient comme elle peut. Réfléchit encore . Qu’est ce qui lui ferait plaisir, à ton Hershel. D’un mouvement, elle se redresse , faisant sursauter Obéron qui avait fini par mettre ses grosses patounes là dedans, étant donné le manque de réaction face à son vol d’échevette. Hermia s’échappe de la chambre, semble tourner un moment dans la maison , il y a des bruits de céramique qui s’entrechoque, du métal qui tombe, des bruits lourds ….
Qui a dit que c’était simple de faire un thé, hein ?
Sujet: Re: Doubt that the sun doth move | Hershel Mer 12 Fév 2020 - 15:24
C’est une routine, une habitude bien rodée qui le prend par surprise. Un réveil, son torse contre le sien, ses longues mains qui l’attrapent par la taille pour la maintenir contre lui, leurs corps qui se frôlent et se désirent, sans penser à hier, à demain, à maintenant. Il s’oblige à rester immobile, à ne pas jouer de cette peau qui s’offre sous ses doigts, à ne pas boire ces lèvres qui l’appellent. Elle l’interroge, il répond à côté, elle brille sombrement d’agacement, grogne. Dans une autre vie, elle aurait pu lui faire une petite tape et un long discours sur l’absolu de ces chiffres dits réels qui ne s’additionnent que de façon péremptoire, comme elle. Il l’aurait regardée parler, glissant dans le rythme saccadé de ses paroles passionnées, sans chercher à comprendre, à retenir. Le moment se brise. Rien ne s’est passé pour l’abîmer, rien que la vie et ses épreuves qui déchirent sans distinction, toiles de rêves et trames de réalités.
Hermia disparait. Avalée par le monstre sans visage qui habite cette tête trop remplie, trop certaine pour supporter les aléas de l’existence. Elle se flétrit, d’un coup. Et, pourtant, elle est toujours aussi belle. Toujours aussi jeune. Aussi désirable.
Il la retient, l’accompagne contre lui, en boule. Tendrement, sa main remonte le long de la colonne vertébrale, joue avec ses cheveux. Il aimerait s’excuser. Dire qu’il est désolé. L’assurer de son amour, immuable, éternel. A quoi bon ? Elle ne peut plus l’entendre, où qu’elle soit. Et même, il ne mérite pas son pardon. Doucement, ses lèvres se posent sur son front, paternelles, réconfortantes alors qu’elle lâche un sanglot sec et silencieux. Si seulement elle pleurait, peut-être que le mal pourrait être emporté par un torrent de larmes. Elle est trop comme lui. Ils souffrent à l’intérieur, tous les deux, ensemble mais séparés par cette cassure qui ne guérira jamais.
Il n’a plus d’espoir depuis tellement longtemps, déjà.
La mélancolie se fond en demi-sommeil dans son esprit malmené et son corps réchauffé par la présence féminine contre lui. C’est en sursaut qu’il ouvre les yeux lorsqu’elle se lève, d’un bond, comme prise d’un feu intérieur soudain. Il se redresse à peine, elle est déjà partie.
Sortir du lit est une épreuve, d’autant plus qu’il a ôté l’attelle pour plus de confort. Sa jambe valide bouge, s’emmêle dans les draps qu’il n’a repoussés qu’à moitié. Il se tourne, se mélange, s’attrape à la tête de lit, se redresse, ses muscles jouant sous sa peau fatiguée. Il est debout. Torse nu. Un bruit de batterie accélère son cœur. C’est qu’il n’y en a qu’une, ici, et c’est une batterie de cuisine. Il attrape un T-shirt de concert, l’enfile. Boite. Il ne remet pas ses protections. Il n’attrape pas ses béquilles. Poussé par l’urgence criée par les objets de métal, il se tient, clopine, oublieux de sa sacro-sainte dignité. Ses yeux clignent, blessés par la lumière artificielle de la pièce. Pendant un morceau de seconde, il ne voit rien. Cela ne l’empêche pas de demander.
« Qu’est ce qu’il se passe, Chaton ? »
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Sujet: Re: Doubt that the sun doth move | Hershel Mar 18 Fév 2020 - 15:03
Aube
Feat. le mari
Hermia s’emmêle dans cette pièce qu’elle ne maîtrise pas, cet endroit qu’elle ne fréquente finalement que pour piquer en douce un paquet de gâteau en douce, comme une enfant. Hershel ne la fréquente pas plus, celui qui doit le plus apprécier cette pièce, c’est Obéron qui s’est pris d’amour pour une marmite de fonte. Malgré la dizaine de nichoir et autres couffins disposés aux quatre coins de l’appartement, non, c’est dans CETTE marmite qu’il préfère passer ses siestes. Après tout, il n’a pas tort. De cette place, il domine et surveille, caché, tapis, prêt à bondir sur tout chasseur de fée qui oserait se présenter sur son territoire. Alors, Hermia envie son chat et sa facilité à se retrouver dans la pièce. A elle, il faut bien une dizaine de minutes pour ouvrir les placards à la recherche de tasses et encore, elles ne sont pas assorties. Elle s’en fiche. Hershel beaucoup moins. Elle grogne. Ca risque de le rendre tristes qu’ils aient des tasses dépareillées ? Ne tentons pas le diable. C’est repartie pour une exploration tout en fracas et bruits de porcelaines dudit placard. Il s’agit de remettre la main sur le mug numéro 2, ornée du même motif à fleur que la première, repoussant un peu maladroitement une autre à motif en relief de tête d’inspiration hellénistiques. Pour une autre fois, ces tasses là, d’autant qu’elles ont une forme un peu rigolote et qu’Hermia les apprécie beaucoup. Dommage. Pour cet après midi. Les tasses, c’est bon. C’est qu’il faut maintenant s’enquérir de la théière. Quelque minutes de fouilles encore et c’est bon. La bouilloire maintenant .
C’est elle qui s’est lourdement lourdement échappée des mains d’Hermia et dont Hershel a entendu l’agonie un peu plus tôt. Par chance, elle est en fonte et assez solide aussi n’a -t-elle qu’une égratignure parmis tous les autres gnons dont elle a pu s’orner au fil du temps et des usages. Hermia a cependant le temps de la remplir d’eau, laissant un filet s’échapper en plus du robinet pour Obéron qui apprécie particulièrement s’y désaltérer. Il a certes à disposition de la maison des fontaines d’eau dernier cri mais non, le robinet, c’est mieux. La jeune femme est dans le choix du thé quand son mari paraît. Elle s’en affole un peu, repose bruyamment les boites sur le comptoir pour venir auprès de lui et le repousser avec douceur vers une chaise , un fauteuil, n’importe quoi où il pourrait se poser sans être agressé par les halogènes de la cuisine. Elle pose son front contre son torse - Vois, je suis sage, je vais bien, je fais du thé, du thé pour toi , tea for two, tu n’es plus triste ? Jure moi que tu n’as plus triste. Promets. Ses yeux hurlent son inquiétude et son appréhension. Sa tendresse aussi. Derrière elle, la bouilloire chante alors elle fait demi tour, agile , féline, reprenant sa réflexion devant les boîtes de ferrailles, hume, sélectionne, resélectionne, choisi le thé bleu des amoureux qu’elle met dans le filtre de la théière. Elle verse ensuite l’eau juste frémissante, un peu maladroite. Quelques instants d’infusions et le voilà qui approche maintenant d’Hershel avec une tasse fumante qu’elle pose sur la table à ses côtés. Elle hésite un instant, laisse glisser ses lèvres contre la joue barbue de son mari, espérant ainsi définitivement tuer dans l’oeuf la tristesse de ce dernier puis s’échappe ,retourne au salon à sélectionner des échevettes bleues avec beaucoup de sérieux.
Sujet: Re: Doubt that the sun doth move | Hershel Ven 28 Fév 2020 - 16:22
Hermia, c’est un ouragan, une spirale d’énergie qui entraîne tout sur son passage. C’est le mouvement, la détermination, précise dans sa direction, insensible à ce qu’elle emporte avec elle, au dégâts collatéraux, aux bruits, au désordre, au monde. Il y a sa pensée, il y a ce qui est, et il n’y a rien d’autre. Le présent à l’état pur. Maintenant dirigé vers bientôt.
Hermia, c’est aussi une volonté brisée, recollée de travers, montée de guingois. Son esprit n’est plus le même. Il se détache. Parfois, il se perd, se prend les pieds dans d’autres courants, d’autres pensées. Un cyclone aveugle qui ne peut blâmer Personne. Et lui essaie d’être le roc qui emprisonnera ce courant dans ses bras, le portera contre son cœur pour l’apaiser sans être emporté au passage. Il voudrait lui redonner la paix, la diriger sans la contraindre, l’envelopper sans la priver de sa liberté. Il sait que c’est illusoire. Qu’il n’en a pas la force. Qu’il a déjà été érodé, petit à petit, jusqu’à son cœur même. Il l’aime pourtant. Il l’aimera toujours, jusqu’à son dernier souffle, de cette tendresse qui le saisit quand il la voit, quand il l’écoute, et même là, alors qu’elle détruit l’équilibre précaire de la cuisine dans un mouvement désordonné de bras, d’intelligence et de portes de placard.
Et, dans tout ce bruit, pas un mot. Pas une oreille non plus pour entendre un espoir qui se brise. Il le ramassera plus tard, pour le mettre en tas, avec les autres. Ce n’est pas grave. Rien de ce qui le touche ne l’est. Il n’a pas l’énergie pour s’occuper des deux, alors, il s’oublie. Quelle importance. Alors il se laisse emporter, s’abandonne. Doucement repoussé jusqu’à la chaise, il étend sa longue jambe blessée, caresse ses cheveux, sa joue, dans l’accolade qu’elle lui offre. Il sourit. Un peu. Parce que, par-dessus tout, il l’aime. Au regard inquiet que sa compagne lui lance, il répond d’une profonde tendresse embrumée de sommeil. C’est qu’il n’a dormi que trois heures et qu’il n’est pas de l’aube. Le thé se pose sur la table. Hermia a oublié les ronds de protection. Tant pis. Les anneaux sur le bois précieux n’ont pas tant d’importance. Il la suit du regard. Encore. Elle ne se pose pas, jamais. Elle lui vole un baiser qui enflamme un peu ses joues pâles sous la barbe noire et file à nouveau. Il fait tourner le fauteuil pour la garder en vue. Elle est repartie jouer avec sa pelote de laine. Soupir amusé.
« Tu n’en prends pas pour toi ? »
Il n’y a aucun reproche dans sa voix un peu rauque de sommeil, pas plus que de tristesse dans ses yeux clairs. Simplement il essaie de la focaliser, de lui donner un peu de suite dans les idées. Elle a servi deux tasses, en a oublié une. Aujourd’hui est un jour bleu et l’aube qui inonde les fenêtres d’un rose-violet pastel annonce le beau temps. Il préférait la pluie de son pays. Elle s’accordait mieux à son humeur. Ce qu’il est fatigué. Il baille. Prend une gorgée de liquide bouillant. Sent la chaleur descendre le long de son œsophage, se perdant dans ses entrailles. S’il pouvait seulement emmener la nostalgie avec lui. Il ne sait pas quoi faire. Il aimerait retourner se coucher. Il a peur de la blesser. Il doit finir son thé. Pour qu’elle soit fière et heureuse. Pour qu’elle continue à prendre des initiatives. Pour que, peut-être, un jour, ils arrivent à recoller ses morceaux.
Invité
Sujet: Re: Doubt that the sun doth move | Hershel Dim 29 Mar 2020 - 1:33
Aube
Feat. le mari
Hermia penche la tête. Prend pour elle ? Prendre pour elle quoi ? La tasse de thé a été invisibilisé par son esprit, oubliée, alors elle ne sait pas de quoi. Elle a un long moment d’interrogation, immobile, deux échevettes d’un joli bleu pastel entre les mains. Elle a visiblement oublié quelque chose de suffisamment important pour qu’Hershel le lui fasse remarquer. Elle est sortie de la chambre, elle a fait de thé, a posé les deux tasses sur la table pour attendre que cela refroidisse. L’autre technique consiste à rajouter de l’eau froide mais Sachairi lui a toujours dit que c’était une hérésie de continentaux, qu’un thé, cela s’attendait et se méritait. Ca ne peut pas être donc cette tasse qu’elle doit prendre pour elle, c’est pour ça qu’elle l’écarte mentalement et continue de se remémorer. Après, qu’a-t-elle fait, elle a … Oh. C’est au tour d’Hermia de rougir, visible quelques secondes. Depuis qu’elle s’est cassée, Hershel ne lui offre plus cette tendresse-là, cette tendresse d’adulte. Il la chérit comme on chérit une petite chose fragile, une enfant en somme. Pas de baiser franc ou alors elle ne s’en souvient pas, pas de caresse plus poussées, même depuis son hospitalisation, surtout depuis son hospitalisation. Alors ce qui pro quo d’invitation la flatte et la trouble. Lentement, elle se redresse et se rapproche de lui. Elle hésite puis capte une de ses mains pour l’emmener dans le creux de son dos à elle, contre un soupçon de peau nue laissée par le pyjama. Elle caresse sa joue, hésite encore, cherche à se souvenir des gestes oubliés. Comment faisaient-ils avant, comment s’aimaient-ils déjà ? Maladroitement, elle capte ses lèvres des siennes et ferme les yeux, se plongeant tout entière dans ce moment suspendue. Elle l’aime, elle l’a toujours aimé, toujours désiré. Quand il n’y avait pas qu’elle, ces moments étaient nombreux, habituels. Maintenant qu’elle ne l’a que pour elle, ils sont absents. Paradoxe
Elle prolonge comme elle peut, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de souffle ou qu’il la repousse, se recule pour venir se cacher contre son cou et ainsi masquer le rouge de ses joues, sa gêne mais aussi son sourire satisfait, pour conserver son odeur rien qu’à lui, son gout.
« J’ai pris pour moi. »
Elle chuchote simplement, énonce ce fait. Elle n’arrive pas à aligner d’autre mot, lui exprimer correctement que ça lui avait horriblement manqué. Enfin si, elle a les mots, elle voit comment les assembler pour en former une phrase avec un sens mais elle a peur de le blesser. Hershel est précieux, Hershel mérite ce genre de précaution. .
« On pourrait faire comme avant. »
Comme avant tout ça. Ils n’ont jamais eu un temps de sommeil synchrone, il s’est toujours relevé pour jouer du piano en pleine nuit, probablement le meilleur moment pour jouer, elle ne sait pas. Mais les mélodies, les morceaux, ni Chopin, ni Debussy ne l’avait jamais gêné pour conserver un sommeil sans faille. Elle s’était toujours levée tôt, avec les poules, avec un besoin dès les matins de bouger, se dépenser, manger. Ca n’avait jamais été sujet de discorde parce qu’il suffisait que l’amant lésé vienne réclamer son due, sa présence manquée pour que l’activité en cours se déporte pour un retour au lit. Il suffit d’un mot, d’Hershel, un désir de sa part et Hermia s’échappera un cours instant pour récupérer aiguille, échevette et chemise cadrée pour continuer l’activité à la lueur du soleil, patientant que son mari termine une nuit bien méritée.
Sujet: Re: Doubt that the sun doth move | Hershel Lun 30 Mar 2020 - 19:34
Il ne comprend pas ce qu’elle fait alors qu’elle retourne vers lui après un long moment d’hésitation. Si le thé ne se mouille pas d’eau froide, pour l’anglais qu’il est, il se boit très chaud. Il l’a vue rougir sans en saisir la cause, imaginant simplement une honte passagère pour s’être oubliée. L’Hermia d’avant n’avait pas ce défaut. Elle savait qui elle était, ce qu’elle voulait. Elle se faisait passer d’abord, elle exprimait ses besoins, ses envies, parfois très bruyamment, comme une enfant qui crie pour avoir l’attention de ses parents. C’était ainsi qu’il l’avait rencontrée, tornade de sentiments, de colère et d’indignation. Comme ça qu’il était tombé amoureux d’elle, de ce feu qui brûlait au fond de ses yeux d’encre. Il y avait eu son corps, évidemment, surtout lorsqu’elle avait quitté l’adolescence et était devenue femme, mais avant cela, plus que cela, il était tombé profondément amoureux d’un feu follet, d’un élémentaire, d’un être de conte de fée sorti tout droit des histoires que racontaient les éleveurs de moutons devant les falaises battues par les eaux froides du nord du Royaume.
Ce n’est plus le cas, les mauvaises sorcières ont éteint le feu, ont cassé la magie qui la faisait tenir. Hermia est toujours une enfant mais elle est devenue sage, ne réservant ses facéties qu’à ses fugues toujours plus nombreuses. Elle est devenue silencieuse et la compréhension se fait difficilement à présent. Obéron fait parfois office d’interprète, lorsque ce rôle ne lui parait pas en dessous de son statut de roi des faeries mais, la plupart du temps, ils se cherchent, se devinent. Se cachent. Si elle savait, seulement, à quel point ce silence fait mal à l’être de son et de musique qu’il est. A quel point il adorait la voir bousculer son monde bien rangé, bien tranquille. Ennuyeux.
Elle s’est approché de lui. Il ne l’a pas entendue. Docile, il laisse sa main être placée dans le creux de ses reins. Sa peau sous la sienne est chaude, caramel sous la crème. Il ne peut s’empêcher de caresser doucement son épiderme du pouce, avec un peu de culpabilité, comme lorsqu’elle était mineure et qu’il était déjà un homme et qu’il savait à quel point ce qu’il ressentait pour elle était interdit. Il avait toujours cette passion pour elle, juste attendrie par la tristesse et la mélancolie. Son corps réveillait le sien à chaque fois et il lui fallait souvent se cacher dans la salle de bain avant de faire des bêtises. Car elle était devenue trop jeune, trop enfant dans son esprit pour qu’il puisse se laisser aller à l’illusion de la maturité de son corps. Céder, ce serait la forcer. Lui faire du mal. Risquer de briser son début d’équilibre. Il ne pouvait pas se le permettre. Alors, il prenait sur lui, il appelait à l’aide toute son éducation, tout son self contrôl, toute sa volonté qui n’était pas petite, et il lui faisait croire qu’il n’y pensait pas, que son amour ne trouvait pas des failles jusque dans son sommeil. Qu’il n’en n’avait pas besoin. Pas envie. Une main sur sa joue, maladroite, des lèvres sur les siennes, hésitantes. Et c’est au tour d’Hershel d’oublier. Oublier ses principes. Oublier les dernières années, oublier qu’il doit prendre mais pas donner et surtout pas rendre. Dans les brumes de ce demi-sommeil il l’embrasse comme l’Hermia qu’elle était, lorsque leurs temps étaient comptés. Et son cœur s’enflamme à ce souvenir, à ce gout, cette caresse.
Il est perdu quand elle s’écarte. Il est heureux quand elle parle.
« Nous pourrions. » laisse-t-il échapper, le souffle encore court de leur étreinte. Et puis, le réveil revient, avec la conscience et la raison. « Lorsque nous irons mieux tous les deux, chaton. »
Invité
Sujet: Re: Doubt that the sun doth move | Hershel Mar 31 Mar 2020 - 23:09
Aube
Feat. le mari
« On pourrait ». C’est ce qu’il dit, ce qu’il lui répond et une lueur d’espoir s’allume au creux de ses pupilles. Mais il se reprend bien vite et Hermia boude avec conviction, les sourcils froncés, comme un chaton a qui on aurait piqué son pompon. Une minute d’inattention de sa part avait suffi pour qu’il l’embrasse vraiment, comme il l’avait toujours embrassé, comme il l’avait toujours désiré. Comme ils avaient toujours commencé leurs passes d’armes en somme. Elle aurait dû être plus convaincante, se souvenir plus vite de comment s’y prendre. Elle s’en était souvenue pourtant dans la chambre d’hôpital. Mais c’était différent. Il était allongé, inerte, il ne la voyait ni ne la regardait. Elle avait failli le perdre. Encore une fois, une fois de trop. Plus jamais. Le « Lorsque nous irons mieux » ne lui plait pas et ses yeux lui disent. Elle cherche ses mots, cherche sa voix, des mots et une voix qui le feront réagir. Qui lui feront comprendre qu’elle n’est probablement plus aussi dérangée et irresponsable qu’il n’y parait. Maintenant, elle connait si bien son rôle qu’elle peut tromper les médecins alors un homme sans formation médicale et qui n’a connu qu’elle en être cassé. Elle a besoin, encore, de cette couverture. Elle n’a pas fini, elle a besoin d’être inoffensive encore un tout petit peu. Patiente encore un peu mon amour. Mais seulement, si ça rate, si jamais elle échoue. Si jamais la situation lui échappe. Ce qui lui fait penser …
« A-t-on seulement le temps, Othniel. »
Voilà des années qu’elle ne l’a pas appeler ainsi. Elle pense savoir que cela ne lui plait pas beaucoup, qu’il se débarrasse des oripeaux de sociabilité et de scène dès qu’il peut. Elle veut le faire réagir. Parce que bientôt, il pourra reconduire une voiture. Il pourra s’amuser à rater un virage en ligne droite une seconde fois. Une dernière fois. Ce serait la pire des disparitions pour elle. Parce qu’elle a déjà perdu ses parents ainsi. Parce qu’elle n’a que lui, il n’y a que lui qui la comprenne jusqu’au bout des doigts. Elle a perdu ses airs d’enfant en un seul coup, a fait tomber les masques juste pour lui.
« Un jour, tu voudras encore attenter à tes jours. Et ce sera de ma faute. »
Forcément, les autres ne pourront pas l’approcher, elle protège, défend avec ardeur son précieux. Elle met à cet effet tout son savoir et toute sa rancœur aussi. Ce sera donc forcément de sa faute. Elle se referme d’un coup, Hermia, se détache tristement, elle a presque aussi mal que s’il l’avait sciemment repoussé, refusé. Elle avait espéré ce moment à deux, rien de grandiloquent ou de pharamineux, rien qui ne s’approche de près ou de loin d’une étreinte charnelle. Juste un moment à deux, où l’un se repose ou l’autre vaque, avec un lien qui perdure, le leur. Elle retourne à son mutisme et à sa broderie, assise en tailleur dans le salon, vite rejointe par son chat qui se frotte tout contre elle, tentant de chasser sa tristesse de sa queue touffue. Son visage redevient d’une neutralité confondante, elle se concentre, choisi finalement deux teintes de bleu pastel. Elle trempe de ses lèvres le fil de la couleur de remplissage et commence piquant pour faire de grand lancers puis retourner tout autour du fil pour le fixer et lui donner un belle effet de relief. Elle le laisse là, lui, sa béquille et son thé.
Sujet: Re: Doubt that the sun doth move | Hershel Lun 4 Mai 2020 - 16:57
Le temps. Qui passe et s'enfuit. Les secondes, les pauses et les soupirs. Elle ne l'aime pas, Hermia. Il a toujours été son principal ennemi. Les délais pour rendre les papiers alors qu'elle en perd le sens quand elle se concentre sur ces chiffres qui ne veulent dire des choses que pour elle. Et, depuis son accident, celui qui décide de l'ouverture ou non des magasins qu'elle visite à toute heure sous l'impulsion quelconque d'une envie de lune. Le temps, c'est la base pour un musicien. Il n'y a rien d'autre que le battement incessant du métronome, la maîtrise des tempos, la sensation du timing. Terminer un point d'orgue, transporter une audience. Le temps est entre eux. Ce n'est pas aussi nouveau qu'on pourrait le croire. Il l'était au début aussi, quand il fallait attendre qu'elle grandisse. Puis après, quand il avait fallu qu'il attende de la retrouver. Et les périodes de tournée où il attendait de la revoir enfin. Il sait qu'ils ont passé la moitié de leur vie à quelques centimètres l'un de l'autre sans pouvoir se toucher, à lutter contre des barrières invisibles.
Il comprend sa frustration. Il la ressent aussi. Il aurait donné n'importe quoi pour avoir été plus courageux avant. Pour avoir fait ce qui s'imposait dès le début, avant qu'on ne la lui fêle. Sa poupée, sa princesse. Trop tard. Il avait raté son entrée et allait passer le reste de sa vie à lutter pour retrouver la bonne mesure. Au moins elle parle et il savoure le son de sa voix, ses intonations agacées, l'emploi de son nom de scène, Othoniel. C'est qu'elle est sérieuse. Il scrute les puits sombres d'intelligence de ses yeux, cherchant à la rassurer. Doucement, sa main monte jusqu'à sa joue pour la caresser. Il est redevenu sérieux lui aussi.
"Plus jamais, Hermia. Je te le jure sur ce que j'ai de plus précieux, plus jamais je ne ferais ce genre de chose."
Le temps n'a pas encore guéri cette plaie là non plus. L'impression de brouillard vide qu'il avait ressenti au volant de cette voiture. La soudaine volonté. Il ne savait pas pourquoi il l'avait fait, c'était tellement contre tout ce à quoi il croyait. Il aurait pu perdre tellement plus. Ses mains. Son monde. Son échappatoire. Il refusait de penser à ce qu'il se serait passé s'il s'était réveillé, vivant mais sans possibilité de jouer, jamais. Il lâcha un soupir.
"Et ce n'est pas de ta faute, chaton. Comment est ce que cela aurait pu l'être. Réfléchit. Tu n'étais pas là."
Ce n'était de la faute de personne. De la vie. De la méchanceté humaine. De sa propre lâcheté. Les psy de l'hôpital anglais avaient mis ça sur le dos de la Maladie. La Dépression. C'était idiot. Il n'était pas déprimé. Il n'était pas suicidaire. Il avait eu une absence, c'est tout. Il n'en aurait plus. Il ne pouvait pas se le permettre. Il le savait à présent. Elle avait besoin de lui. Il avait besoin d'elle. Ils étaient enfermés dans leur propre tragédie grecque.
Il se recula un peu pour qu'elle puisse puiser du réconfort dans ses yeux à lui maintenant, dans sa certitude que, quoi qu'il arrive, quoi que le temps décide, ils seraient ensemble ou ne seraient pas.
"Nous devons attendre parce que je risque de blesser ma jambe si je ne fais pas attention et je veux guérir le plus vite possible pour m'occuper de toi correctement. Tu comprends ?"
Pieux mensonge - qui n'était totalement ni pieux, ni mensonger. Ils devaient tous les deux se consolider. Cela ne voulait pas dire qu'il n'en mourrait pas d'envie.
Invité
Sujet: Re: Doubt that the sun doth move | Hershel Ven 26 Juin 2020 - 23:47
Aube
Feat. le mari
Il promet. Avant, quand il promettait, elle aurait pu le suivre jusqu’à l’autre bout du monde. Il était son musicien, un roc invincible, une partie de l’équation, un ingrédient de leur jolie alchimie. Elle n’avait presque aucune raison de douter de lui. Il ne lui mentait pas, ne mettait aucun masque… Il ne promettait pas non plus, à l’époque, il n’en avait pas besoin. Puis il y avait eu « ça ». « Ca » avait troublé l’alchimie, déséquilibrer l’équation. « Ca » avait effrité le roc petit à petit. Le roc avait mis un masque pour dire que tout allait bien, qu’elle était en sécurité et qu’elle irait mieux. Qu’il tenait, qu’il était fort alors que c’était faux, complétement faux. Et il recommençait. Ce n’était pas sa faute. C’était faux, immensément faux. Elle aurait dû être forte, se défendre, mordre mentalement, avec des mots. Son esprit avait préféré le repli stratégique. Plus il parle, plus son cœur se sert. Il ment, il ment par amour. Ce n’est pas elle qui a fait dévier le volant, c’est vrai. Ce n’est pas elle qui a envoyé la voiture dans le décor. Mais c’est son comportement qui avait entrainé tout cela, qui l’avait poussé à. Et ça, il pourrait le réfuter autant qu’il veut, elle en est persuadée. Alors, plus il parle, plus elle grogne à l’intérieur d’elle. Ses mains se crispent sur son pantalon de pyjama.
« Hershel, mon amour, s’il te plait. Tait toi. »
C’est sorti comme ça, comme un murmure. Elle n’a plus le ton enjoué, enfantin qu’elle avait au réveil. Elle pose ses grands yeux sombres sur lui, ses grands yeux neutres et concentrés, qui dévisagent, analysent comme ils peuvent les traits des autres pour tenter d’y trouver une expression à interpréter et ainsi se conformer. Comme ça, elle a l’air beaucoup moins dérangée, beaucoup moins perdue. On pourrait s’y méprendre, on pourrait croire qu’elle est redevenue comme avant. Avec tout ce qu’elle peut comprendre. Après tout, c’est vrai, qui aurait envie de désirer un être dérangé comme elle, qui fugue, qui mord, qui grogne contre les gens étrangers à son cercle de connaissance. Qui peut désirer quelqu’un qui ne sait plus se conduire en société. Quelqu’un qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Sa bouche se tord, imperceptible, son regard se baisse. Elle a mal. Qu’est-ce qu’il dit, l’autre idiot de docteur déjà ? Ah oui. Laisser la tristesse et la frustration l’envahir pour pouvoir mieux la chasser ensuite et autrement qu’en attaquant les gens. Parce que c’est surtout ça qui l’intéresse, ce brave type. Il ne comprend rien. Mais son idée n’est pas mauvaise au demeurant. Fermer les yeux et se laisser aller. Sentir un sanglot lui remonter dans la gorge, un sanglot de colère et d’impuissance. Puis chasser, expulser virtuellement ces sentiments nefastes pour reprendre le contrôle. Il ne s’est rien passé, son armure se reconstitue peu à peu pour laisser de nouveau place à l’Hermia enfant, l’Hermia puéril. La maturité retourne se cacher là, au creux de son esprit. Elle reprend son tri méthodique des échevettes avant de commencer à broder le nautile sur la chemise, tirant la langue, s’appliquant avec soin sur son motif sans voir s’enfuir le temps, passer l’heure, troublant enfin le silence par une question anodine.
« Que fait-on aujourd’hui ? »
Puis un regard contrarié et un ventre qui grogne. C’est-à-dire qu’à part le thé (et encore, Hermia ne sait rien faire dans cette cuisine et Hershel n’est pas mieux. L’aide à domicile n’est pas encore arrivé. C’est un des soucis de la tombée du lit. Le petit déjeuner.