i'm lost (alexander)

En ce moment je me sentais complètement perdue avec tout ce qui se passait en ce moment. Mo qui revenait, Bel aussi, mes études qui me saoulaient de plus en plus mais pour autant je ne savais pas quoi faire. Quand ma journée se finissait je filais dans ma chambre sur mon ordinateur pour jouer un peu avant d’aller me coucher et recommencer. Un peu plus tôt dans la journée, j’avais envoyé un message à Alexander pour savoir si on pouvait se voir après mon service au Shake Shack pour discuter un peu. J’vais besoin de lui pour m’aider, m’aiguiller. Il a toujours été de bon conseil et il est bien plus posé que Mo lorsqu’il s’agit de parler de choses sérieuses, même si de ce côté là mon meilleur ami s’est amélioré ses derniers temps. Je n’arrête pas de regarder l’heure pour voir quand mon service sera terminé et que je pourrais enfin confier tous mes doutes à mon ami. J’essaie de me concentrer pour ne pas mettre n’importe quoi dans les burgers que commandent les gens, il manquerait plus que mon patron m’engueule et finisse par me virer pour que ma vie soit un champ de ruines complet. Petit à petit le restaurant se vide et je sors de la cuisine pour aller nettoyer un peu la salle avant de retourner dans les vestiaires pour me changer. Je suis crevée et j’aimerais bien directement rentrer me coucher mais je sais qu’il faut que je parle à Alexander, il trouvera sans doute une solution, je crois en lui. En sortant devant le restaurant je le vois. « Salut. Ça va ? On peut rester là si tu veux. » Je lui propose n’ayant pas trop envie de bouger dans un bar ou autre endroit bruyant. La terrasse du Shake Shack ira très bien.

T'avais reçu un message de Vega dans la journée, qui te demandait de venir la voir après son boulot. Et tu lui avais répondu que tu serais là à l'heure. Pendant le reste de la journée, tu avais fini quelques traductions pour un site internet. Ca t'avais pris toute la journée d'ailleurs et t'avais pas vu le temps passer. Alors tu te dépêchais, en rangeant ton bordel au plus vite dans le salon pour ne pas te prendre de remarques de la part de tes tendres et chères colocataires. Puis, tu pris ton skate pour aller voir la jeune femme. Les lunettes de soleil sur le nez et les écouteurs dans les oreilles, tu avais pris soin de te dépêcher pour ne pas être en retard. Tu arrivais enfin au Shake Shack pour retrouver la demoiselle. « Hello, there » dis-tu en venant embrasser sa joue pour la saluer. Elle te proposa de rester là, chose que tu acceptais. « J'ai grave la dalle, je commande quelque chose et je suis à toi, ok ? » dis-tu en salivant à l'idée de commander un burger et une tonne de frites au cheddar. Tu faisais au plus vite et tu attendais que très peu de temps au comptoir vu qu'il n'y avait personne. « Tu veux quelque chose ? » demandas-tu à ton amie avant de finaliser la commande.

En le voyant venir m’embrasser sur la joue, je sens mon moral remonter. Je suis contente de le voir et aussi de pouvoir parler. Parce que quand je bosse en cuisine, je n’ai pas franchement le temps de discuter pour demander des commandes ou tous les autres trucs en rapport avec le service. Il va se chercher un truc à manger avant que le resto ne soit complètement fermé et me demande si je veux quelque chose. « Nan t’inquiète. » Après avoir passée des heures à sentir l’odeur des burgers et des frites, je n’ai pas vraiment envie d’en manger. Je ne suis pas complètement dégoûtée par ça, je continue à en manger de temps en temps, quand je ne bosse pas. Je m’assoie à une table et sors mon téléphone pour voir les dernières nouvelles, celles que je n’ai pas pu lire quand j’étais encore en train de travailler, le temps qu’il revienne avec son repas. Je souris avant de lui dire « J’ai besoin de toi ! En temps que personne responsable je pense que tu es le mieux placé pour m’aider. » je lui dis. Je ne sais pas vraiment s’il est du genre très responsable mais il est plus vieux lors je me dis qu’avec l’âge vient la sagesse. « J’aime pas bosser au Shake Shack et j’aime pas non plus mes études mais je sais pas quoi faire d’autre... » Voilà ce qui me prend la tête depuis des mois.

Tu étais arrivé à l'heure, comme convenu avec ton amie. Mais tu meurs de faim, alors après avoir embrassé la jeune femme, tu te diriges vers le comptoir pour commander. Elle ne voulait rien, tant pis. Après avoir eu ta commande, vous vous asseyiez sur la terrasse du fast-food et tu commençais alors ton repas surement trop gros pour ton estomac et vous commenciez la conversation qu'elle voulait. Ca se sentait qu'elle avait besoin de parler, mais tu ne savais pas si tu serais de bons conseils pour elle. « Oh, tu penses que je suis responsable ? Bon je vais essayer de l'être alors » dis-tu en riant légèrement avant de croquer dans ton burger. C'était histoire de détendre l'atmosphère et de la faire rire aussi. Elle t'expliqua alors que les études et le boulot ça n'allait plus. Aïe, c'est toujours déprimant de ne pas s'épanouir dans ce que l'on fait. Toi qui avait fait quelques petits boulots avant de faire ton tour d'Europe, tu comprenais totalement. « Je vois... » dis-tu entre deux frites que tu engloutissais à une vitesse fulgurante. « Qu'est-ce que tu voudrais faire de ta vie ? Est-ce que tu le sais ou pas encore ? » demandas-tu à la jeune femme en arquant un sourcil. Peut-être qu'elle avait déjà une idée en tête de ce qu'elle voudrait être plus tard, et là tu pourrais l'aider plus facilement. Sinon, dans tous les cas, vous trouverez une solution ensemble.

L’avantage du fast-food au moins c’est qu’il n’y a pas besoin d’attendre longtemps avant d’avoir à manger. J’ai à peine le temps de rattraper mon retard question sms et conversations sur les réseaux sociaux, qu’il est déjà de retour avec un burger et des frites. Je n’y vais pas par quatre chemins, je suis pas du genre à tourner autour du pot pendant mille ans non plus de toute façon. Je ris quand il me dit qu’il n’est pas sur d’être très responsable. Il a peut-être raison mais j’ai pensé qu’à son âge il serait peut-être de bon conseils. Alexander n’est pas vieux mais il a presque dix ans de plus que moi au final. Et puis il a un peu plus d’expérience que moi question trouver sa voie, tout ça. A part lire des bouquins d’orientation et regarder des vidéos sur youtube, je ne sais pas trop quoi faire. Entre deux bouchées de son burger, il sonde mon problème. « J’en sais rien. » je réponds un peu abattue quand il me demande si je sais ce que je veux faire de ma vie. « J’pensais qu’avec mes études j’pourrais avoir un boulot où je pourrais changer les choses tu vois ? Mais au final j’ai l’impression que je vais juste finir dans un bureau pendant dix ans avant d’avoir assez de responsabilités pour éventuellement être écoutée. J’veux pas ça. J’ai envie de porter la voix des gens, de pouvoir me battre pour mes convictions, tout ça quoi. Mais j’suis pas sûre que ça remplisse le frigo quoi... » Je lui ai sorti tout ça sans lui laisser l’opportunité d’en placer une, au moins il peut manger son burger tranquille. « T’as fait comment pour trouver ce que tu voudrais faire ? » Je lui demande alors, en espérant que ça me donne des idées.

Heureusement, ta commande était arrivé assez vite et vous aviez pu vous assoir tous les deux à une table pour discuter. Vega ne semblait pas dans son assiette, et tu l’avais tout de suite questionné sur ses problèmes. Elle commençait en t’avouant qu’elle voulait te parler parce que tu étais plus responsable. Surement, même si tu avais toujours une âme d’enfant et que tu faisais un peu n’importe quoi. Ton rire se joignait au sien avant de croquer dans une frite. La brune semblait perdu, elle ne savait pas quoi faire de sa vie. Tu étais bien placé pour répondre à ses questions parce qu’il n’y a pas si longtemps que ça, tu étais dans le même cas qu’elle. Alors que tu repris ton burger dans les mains pour le dévorer, tu écoutais attentivement ton amie. « Hmm, je vois » dis-tu entre deux bouchées de hamburger. Tu posais ce dernier sur le plateau et tu pris une gorgée de ton soda. « Est-ce que tu t’es déjà renseigné dans des associations, dans des mouvements qui pourraient t’engager ? Genre bénévolement au début, et qui sait, ça peut-être évoluer ! » dis-tu en souriant à ton amie. Lorsqu’elle te demanda comment tu avais su ce que tu voulais faire de ta vie, tu souris. Parce que pour toi non plus ça n’avait pas été simple. « Moi j’ai voyagé, simplement. J’ai toujours eu envie de faire ça. Au final, je crois que c’est l’apprentissage qui m’a plus. Je parle pleins de langues maintenant, et j’en ai fais ma force et c’est pour ça que c’est devenu mon métier, la traduction » avouas-tu à la jeune femme en reportant tes yeux vers ton plateau.

Je me disais qu’Alexander pourrait m’apporter sa sagesse. En réalité je ne sais pas vraiment s’il est responsable mais en tout cas il est plus vieux que moi donc je me dis qu’il aura peut-être de bons conseils s’il est passé par là. Il m’écoute tout en mangeant, tandis que je lui explique que je n’ai pas envie de passer ma vie dans un bureau. Il me demande si je me suis renseignée auprès d’associations pour être bénévole puis éventuellement, ensuite, avoir un salaire. Je hoche la tête avant qu’il m’explique comment lui a trouvé sa voie. Il a voyagé, moi aussi j’ai voyagé, je parle plusieurs langues mais je n’ai pas envie de me pencher vers la traduction. Cependant je me dis que ça pourrait me permettre de gagner de l’argent tout en m’engageant dans des associations à côté. Pourquoi pas d’ailleurs combiner les deux en traduisant des documents militants ? « Je suis déjà dans des assos mais j’me dis que Bowen c’est limité pour faire quelque chose, faudrait peut être que je parte d’ici. » Au final hormis mes amis je n’ai pas vraiment d’attaches ici, ça ne serait pas la première fois que je bouge. Mais avant je n’avais pas vraiment d’amis auxquels je tenais autant que ceux que j’ai ici. « Tu crois que je pourrais faire traductrice comme toi ? Ça se passe comment ton boulot ? » J’y connais rien alors ça m’intéresse mais je ne sais pas si ça serait possible pour moi de faire ça. Faudrait sûrement que je change d’études et que reparte pour cinq nouvelles années, je ne sais pas si je suis prête à ça.

Vega semblait troublée et en tant qu'ami tu te devais de l'aider. Enfin, tu ferai ton mieux pour l'aider parce que tu ne savais pas si tu étais compétent dans ce qu'elle allait te demander. Mais au final, vous parliez d'avenir. Tu ne te projetais pas trop, de ton côté, parce que tu étais le genre de mec qui vivait au jour le jour sans trop te poser de question. Chose que faisait ton amie, et elle avait raison de s'inquiéter. Toi, ça t'étais tombé dessus, et tu avais fini par faire quelque chose en fonction de tes aventures dans le vie. « Peut-être que tu devrais. Histoire de voir comment ça se passe ailleurs, dans d'autres villes plus grande que la notre » dis-tu en prenant une frite entre tes doigts. Bowen était une belle ville mais c'était pas une grande ville comme Melbourne, Sydney ou Canberra, pour ne citer que ces trois là. Alors tu comprenais que ses choix d'avenir soient plus limités ici. Lorsqu'elle te demanda si elle pouvait devenir traductrice comme toi, tu hochais la tête positivement. « Bien sûr ! Si tu parles déjà une autre langue que l'anglais c'est faisable. Moi j'ai appris au cours de mes voyages, c'est pour ça. Mais c'est pas compliqué » commenças-tu alors que tu finissais ta bouchée de frite. « Je travaille de chez moi, seul. En fait y'a des entreprises qui vont me contacter pour que je les aide dans des traductions. Ca peut être des articles de journaux, des sites web, des histoires pour enfants. C'est tout et n'importe quoi. Des fois on me le demande en une langue, ou en plusieurs. C'est super aléatoire comme boulot, c'est ça qui me plait perso » expliquas-tu en souriant à ton amie. Ton job était tellement aléatoire. Tu pouvais avoir énormément de boulot comme ne pas en avoir du tout pendant quelques jours. Mais tu vivais plutôt bien et t'avais pas à te plaindre.

J’écoutais avec attention les conseils d’Alexander, tel un phare dans le brouillard. Je crois que je suis comme toutes ces personnes qui jusqu’à 18 ans savent où elles vont puis, ensuite, ne savent ce qu’elles veulent faire de leurs vies. Je vois bien que mes études ne me plaisent pas mais pour autant je n’ai rien que j’ai envie de faire plus que ça. J’ai des passions, des choses qui m’animent mais je ne vois rien que je pourrais transformer en un métier viable. Et puis, même si je n’ai pas envie de le faire, avec mon père j’ai déjà un pied dans la politique et les relations internationales, ce qui fait qu’à la fin de mes études en sciences politiques j’aurai peut-être moins de mal à trouver un emploi. Alex’ me dit que je devrais peut-être bouger de Bowen pour voir d’autres choses. « J’ai déjà vécu dans des grandes villes et au final le calme d’ici me plaît aussi. » J’ai vécu une bonne partie de ma vie à Osaka avant déménager à Sydney, puis à Bowen une fois mes parents séparés. J’ai aussi été régulièrement au Canada, puisque après tout je suis quand même canadienne, aux États-Unis également. Bref, ce ne sont pas les expériences internationales qui me manquent. Le jeune homme me parla ensuite de son métier, comment il a commencé et ce qu’il fait au quotidien. Je me dis que ça pourrait être un moyen d’avoir de l’argent mais pour autant je ne suis pas sûre de m’épanouir là-dedans. « Ouais je vois….en vrai j’sais pas si ça m’plairaît de faire ça tout le temps. Faut que je continue à chercher...mais j’en ai marre. » répondis-je en m’enfonçant dans le dossier de ma chaise. Peut-être qu’au final je vais juste bosser au Shake Shack jusqu’à la fin de ma vie. J’espère pas.

Toi aussi, à tes 18 ans, tu avais été un peu perdu. Ne sachant pas quoi vraiment faire de ta vie, tu avais disparu pendant deux ans pour sillonner l'Europe. Tu avais appris un bon paquet de langue, grâce à ces voyages. Alors, tu avais décidé d'en faire ton métier, de parler plusieurs langues enfin de traduire des papiers en plusieurs langues. Alors si tu pouvais aider ton amie à trouver sa voie, tu le ferai. Mais pour ça, il fallait que tu parles de ton expérience pour voir si ça l'inspirerai aussi de faire ce même métier. « C'est vrai qu'on est bien ici » dis-tu en souriant. Tu mangeais les deux trois frites qui restaient pour les manger avant de relever les yeux vers elle. « Je comprends que t'en ai marre, on trouve pas son chemin si rapidement. Sinon, la vie serai bien trop facile » ajoutas-tu en riant légèrement. Tu attrapais ta boisson pour en te calant un peu mieux dans ton siège. Tu venais de finir de manger, tu prenais un bonne position pour digérer. « Malheureusement, il faut faire plein de choses avant d'être épanoui dans son travail. Mais je suis sûr que tu trouveras quelque chose de bien et qui te rendra heureuse, Vega » avouas-tu en souriant à ton amie. Tu ne pouvais pas mieux dire. Après, tu pourrais toujours l'aider dans ses recherches. Si elle voulait voir réellement ce que tu faisais, ou même l'aider à trouver des formations pour qu'elle soit enfin épanoui dans son travail.

J’avais la terrible impression de tourner en rond. De chercher quoi faire, ne pas trouver, rester à faire mes études que je n’aime pas, désespérer, rechercher quoi faire, etc. Je pense à Mo qui a lâché ses études et qui est bosse dans un café actuellement. Il n’a pas l’air de se prendre autant la tête que moi. Je pense peut-être trop au futur, je devrais peut-être juste prendre un petit boulot pas trop prenant, de quoi payer la vie de tous les jours et faire des choses que j’aime à côté. Je ne suis pas une grosse dépensière, j’achète mes vêtements en friperies et quelques jeux-vidéos de temps en temps mais je n’ai pas un train de vie princier. Alex me rassura, me disant que ce n’est pas simple de trouver ce qu’on aime, qu’on fait forcément des boulots qu’on n’aime pas plus que ça avant de trouver le bon et d’être heureux. « Dans tous les cas, en décembre je lâche mes études, que j’ai trouvé quoi faire ou non. Je sais que ça sert à rien que je continue alors autant arrêter de payer. » Je lui réponds en haussant les épaules. Comme ça j’aurais un prêt moins important à rembourser. Je lui pique une de ses frites avant de lui demander. « Sinon toi, comment ça va ? Des p’tits potins à me raconter ? » Je lui demande en souriant. Depuis le début on n’a parlé que de moi et de mes problèmes, je n’ai pas non plus envie de l’assommer avec mes questionnements. Et puis j’ai aussi un peu besoin de penser à autre chose.