#454 take care (perring)

Perry n’aime pas être contraint de rester chez lui. Il adore rester allongé sur son canapé avec ses filles à regarder des dessins animés en mangeant des céréales, pour ensuite passer sur une série et ce jusqu’au soir. Mais il aime aussi sortir, voir du monde, parler, aller à la plage. Avec la situation actuelle, sortir est devenu difficile et il n’a pas envie de faire son rebelle pour rien en sortant alors qu’il n’en a pas vraiment besoin. Il continue tout de même à aller travailler, quand il n’a pas la garde de Siobhan, parce qu’il ne peut pas laisse son entreprise sans personne, s’il ne veut pas que ça coule. Aujourd’hui c’est le jour où son tour de garde change, il doit donc passer chez Aisling pour lui redonner leur fils. Il profite de l’occasion pour passer à la pharmacie et demander tous les médicaments possibles qui pourraient éventuellement l’aider à ne pas tomber malade ou à la soigner un peu si jamais cela arrive. Il n’y connaît rien et insiste beaucoup trop auprès du pharmacien pour qu’il ne lui donne qu’une boîte d’un médicament. Il se retrouve donc avec un sac rempli de boîtes en tout genre. Lui et sa fille traversent ensuite la ville à pieds, histoire de prendre un peu l’air, pour se rendre jusqu’à la maison de la jeune femme. En arrivant il sonne et attend qu’elle lui ouvre.

Après les incendies, voilà une épidémie qui se profile. Aisling essaye de prendre ça à la légère, mais elle est zoologue de formation. Elle sait quels dégâts ça peut faire sur une population. Pragmatiquement, elle dirait bien que c'est simplement la sélection naturelle, que c'est la Nature, que c'est ainsi. Et que ça ne fera de mal à personne qu'on ait une petite diminution de la population humaine, bien au contraire.

Mais elle a peur. Elle a peur pour ses parents qui se font forcément de plus en plus vieux. Personne ne rajeunit. Et elle a peur pour elle. Elle sait très bien qu'elle ne fait pas parti de la population "forte" quand il s'agit de système respiratoire, et si le darwinisme fait son oeuvre, elle risque bien de ne pas s'en sortir. Mais elle ne dit rien, et surtout, elle ne veut pas montrer à sa fille qu'elle s'inquiète.

C'est d'ailleurs aujourd'hui que Perry ramène leur fille à la maison, son tour de garde commence. Il faut qu'ils en discutent un peu, à mots couverts, qu'ils se mettent d'accord sur ce qu'ils lui disent. La sonnette retentit d'ailleurs et elle ouvrit la porte. Son sourire s'éclaira en voyant la bouille de sa fille.

-Rentrez tous les deux.

Elle referma la porte derrière eux.

-Ça va ? Ça s'est bien passé ? Papa a fait les courses on dirait... Tu as peur qu'elle manque de quelque chose ?

Il avait un énorme sac rempli d'elle ne savait trop quoi. Qu'est-ce qu'il faisait avec ?

Peu de monde dans les rues, tous les regards méfiants, ça faisait bizarre à Perry qui avait l’impression de vivre dans un autre univers. Il n’était pas habitué à ça, personne ne l’est réellement au final mais en général il arrive toujours à voir le positif mais là il ne peut pas s’empêcher d’avoir quand même peur. Normalement lui ne risque rien, ses filles non plus mais il s’inquiète pour Aisling. Justement en arrivant, elle lui ouvre rapidement la porte avant de les faire rentrer. « Salut. » lâche-t-il alors, un brin moins joyeux que d’habitude. Elle leur demande si tout va bien et s’il a peur que leur fille manque de quelque chose à la vue du sac rempli qu’il a avec lui. « Ça va...fin tu sais c’est bizarre quoi. » répond-il en haussant les épaules. « J’ai pris ça pour toi. J’ai pas envie qu’il t’arrive un truc. » dit-il en lui tendant le sac plein de médicaments divers et variés. « Maman est malade ? » demanda leur fille en voyant le sac de médicaments. Perry s’accroupit devant sa fille avant de lui dire « Je...non mon coeur, t’inquiète pas. Papa et maman vont discuter un peu, tu peux aller jouer dans ta chambre en gardant la porte ouverte, d’accord ? » Il lui fit un bisou sur le front avant de la laisser filer, s’assurant tout de même qu’elle laisse bien la porte ouverte comme il lui a demandé. Il sait qu’il ne faudrait pas qu’il montre toutes ses inquiétudes à sa fille, surtout qu’elle ne l’a jamais connu inquiet mais c’est parfois dur pour lui de ne rien dire, de ne pas l’inquiéter.

Aisling sentait bien que Perry n'était pas vraiment dans son assiette. Elle le connaissait, vu le nombre d'année depuis lequel elle le fréquentait. Elle n'était pas fine psychologue, loin de là, mais elle ne serait pas étonnée que la situation lui pèse un peu. Devoir prendre des précautions, ne pas pouvoir faire ce qu'il voulait, c'était des choses qui n'étaient pas vraiment dans la nature de son ex.

-C'est juste temporaire.

Elle lui sourit, se voulant rassurante. La situation ne l'inquiétait pas tant que ça. A tort, à raison, peu importante. Ne pas sortir quelques semaines, elle devait s'y faire sans trop de soucis. Surtout qu'elle avait un jardin. Ils étaient loin d'être les moins bien lotis. Elle fut plus surprise par contre quand il lui tendit le sac de médicaments en lui expliquant que c'était pour elle. Elle resta abasourdi quelques instants alors que sa fille demandait si elle était malade. C'était malin ça. Elle l'avait envoyé chez Perry pendant les incendies pour qu'elle ne s'inquiète pas de sa santé et voilà qu'il remettait ça sur le tapis. Avant que sa fille ne file, elle l'attrapa par la main et la prit brièvement dans ses bras avec un sourire.

-Et moi, je n'ai pas le droit à un bisou ?

Siobhan s'exécuta en riant et elle la reposa, la laissant aller jouer. Une fois qu'elle fut dans sa chambre, elle reporta son regard vers Perry.

-Qu'est-ce que tu me fais ? Tu as donné une grosse somme d'argent à un labo illégal pour avoir un traitement contre le virus en avant-première ?

Elle mit finalement son nez dans le sac pour regarder les boîte de ce qu'il avait prit. Mais ça ne ressemblait à rien qui s'apparente à ça à vrai dire.

-Au moins, on aura du stock pour un moment. Je te préviens, si Isaiah crise, je te dénonce direct.

Aisling le rassura en lui disant que la situation actuelle était temporaire. Oui son optimisme lui dit que ça ne va pas durer éternellement mais il a tout de même du mal à rester aussi positif que d’habitude. Perry révéla ensuite que le sac contenait des médicaments, pour elle. Ce qui interpella Siobhan, il la rassura mais il sentit le regard réprobateur de son ex peser sur lui. Il aurait pu éviter d’en parler devant sa fille mais parfois il oublie qu’elle a grandit et qu’il ne peut plus parler sans qu’elle ne comprenne. La petite fit un bisou à sa mère avant d’aller jouer dans sa chambre, tout heureuse d’avoir changé de terrain de jeu. Quand elle fut partie, la blonde lui demanda pourquoi il avait acheté tout ça et s’il avait soudoyé un labo pharmaceutique pour obtenir un traitement encore inconnu. « Tu crois que ça fonctionnerait ? » demanda-t-il, plein d’espoir. Il pensait vraiment qu’il pourrait acheter un traitement qui n’existe pas encore. Il ne le garderait pas pour lui, il en ferait profiter tout le monde, ce n’est pas son genre de ne pas aider les autres. Il voulait vraiment tout faire pour qu’Aisling ne tombe pas malade. Il ne voulait pas se retrouver sans elle, que Siobhan perde sa mère et que lui la perde elle, tout simplement. « Je lui expliquerai. » dit-il en parlant d’Isaiah. Ils s’entendent assez bien tous les deux, leurs caractères faisant qu’ils ne se disputent pas et qu’ils ne se détestent pas. « C’est juste que j’me suis dit que ça pourrait aider tu vois ? Fin c’est pas une bonne période pour toi alors j’essaie de trouver des trucs pour que tu tombes pas malade. »

Aisling eut un léger sourire quand Perry la regarda avec espoir. Il était naïf quand même. Si ça pouvait parfois l'agacer, aujourd'hui ça la faisait sourire. Peut-être que malgré les apparences, elle aussi avait besoin d'un peu d'optimise et de positivisme.

-Qui sait ? Peut-être que certains planchent sur une solution, mais avant que les médicament aient passé tous les tests pour pouvoir être commercialisé, ça sera encore long. C'est pas quelque chose à prendre à la légère, à cause des effets secondaires que ça peut avoir.

Perry n'était pas très inquiet pour la réaction d'Isaiah. Il faut dire... qui le serait ? Il n'était jamais violent, agressif, il n'avait même jamais un mot plus haut que l'autre.
Elle se mordit légèrement la lèvre alors qu'il se justifiait. Il s'inquiétait... C'était étrange, elle le voyait rarement s'inquiéter. Enfin, pour Siobhan parfois, mais pour elle ? Cette épidémie lui renvoyait sa faiblesse en pleine figure, ce qu'elle détestait. Perry, et tous ceux qui la connaissaient bien savaient à quel point elle ne supportait pas d'être vulnérable.

-Maintenant qu'Isaiah sait pour mes poumons... Ne t'inquiète pas, il ne risque pas de me laisser sortir. Il n'est pas spécialement maniaque, mais je sens qu'on va passer la maison au désinfectant régulièrement. Ça m'épuise d'avance cette histoire...

Elle s'approcha de la table pour sortir les médicament du sac et les trier. Elle n'aurait qu'à les ranger dans leur pharmacie après.

-Tu ne devrais pas te faire autant de soucis pour moi, j'imagine que t'as d'autres trucs à gérer.

Comme souvent, Aisling le ramena à la réalité. Non ce n’est pas un film, il ne peut pas utiliser son argent pour acheter un traitement parce que ça ne se crée pas en deux jours un traitement. Il hoche la tête, elle a raison mais il ne peut s’empêcher de se dire que si jamais c’est possible, il utilisera son argent pour pouvoir la soigner s’il lui arrive quelque chose. Et puis dans tous les cas, ça ne coûte pas rien d’aller à l’hôpital, alors si jamais elle doit en arriver là, ce qu’il n’espère pas, Perry pourra bien lui payer tous les frais. Elle le rassura à propos du fait qu’elle puisse tomber malade. Isaiah prenait bien soin d’elle et faisait son possible pour ne pas qu’elle tombe malade. Cela le calma un peu, il était bien persuadé que son petit-ami ne la laisserait pas tomber, il n’en attendait pas moins de lui. « Si jamais vous en trouvez plus, je pourrais m’arranger pour vous en avoir. » Il ne peut pas acheter de traitement avec son argent mais il doit bien pouvoir négocier du désinfectant contre quelques billets. Oui il va peut-être se lancer dans de la contre-bande si ça peut permettre à tous ceux qu’il aime d’être en sécurité. La jeune femme lui dit qu’il ne devrait pas s’en faire pour elle, qu’il a d’autres soucis à gérer. « Bah nan, fin oui c’est pas simple tout ça mais j’ai pas non plus dans mes amis beaucoup de gens qui ont des maladies aux poumons tu vois ? Et puis bon t’es pas juste mon amie. J’ai pas envie de devoir cacher à Siobhan pourquoi elle ne peut plus voir sa mère si jamais tu tombes malade. » Et puis ça le rendrait triste et encore plus inquiet de la savoir malade. « J’sais que t’aimes pas qu’on s’occupe de toi comme ça mais j’te laisse pas le choix. » ajouta-t-il avec un sourire pour adoucir un peu ses mots.

Aisling esquissa un sourire. Si cette facette de Perry pouvait parfois l'agacer, aujourd'hui elle lui était reconnaissante d'être ainsi. Sans doute que dans ce moment un peu particulier, savoir que quelqu'un se préoccupait d'elle, d'eux, lui faisait plus de bien qu'elle ne l'aurait cru. Certes, elle savait qu'Isaiah serait toujours là pour elle, mais ce n'était pas nouveau. Et à son sens, c'était bien le seul, en dehors de sa famille.

-Tu vas en fabriquer dans ta cave ?

Elle aimait le taquiner. Elle savait bien qu'il allait plutôt user de son argent pour s'en procurer.

Il la connaissait, il la connaissait bien. Aisling avait tendance à l'oublier, parfois. Comme si leurs récentes mauvaises relation, son départ pour les Etats-Unis avaient effacé dans sa mémoire tous les bons moments qu'ils avaient passés ensembles. On pourrait dire ce qu'on veut, la blonde n'arrivait jamais à lui en vouloir indéfiniment. Elle finit par pousser un petit soupire avant de mettre une pichenette sur le nez de Perry.

-Vous filez un mauvais coton Monsieur Peach, ça va pas se passer comme ça.

L'invitant à la suivre dans la cuisine, elle leur servit deux verres d'eau avant de lever les yeux vers lui.

-Je ne vais pas tomber malade, je vais prendre toutes les précautions qui s'imposent même si... je dois prendre sur moi. Ça va sûrement pas être facile, mais bon, il le faut. Je ne peux pas tomber malade, prendre une place à l'hôpital, et même en réanimation, inquiéter Isaiah, inquiéter mes parents, t'inquiéter toi... et perturber Sio'. J'ai pas l'habitude, mais je crois que j'ai quelques responsabilités vis-à-vis de vous, et vis-à-vis des personnes âgés qui mourront parce qu'elles ne seront pas prioritaires par rapport à une jeune femme d'une vingtaine d'année.

Elle but une gorgée de son verre, songeuse.

-La situation ne m'enchante pas vraiment, même si j'aime bien rester à la maison. C'est plus compliqué d'avancer ma thèse à distance, même si je vais pouvoir faire mes premières statistiques en attendant de pouvoir retourner au labo', faire un peu de biblio.

En s’imaginant tel un chimiste dans une pièce sombre avec des tuyaux et des ustensiles en verre dans tous les sens, de la fumée sortant par certains endroits, Perry lâcha un rire. Il n’a rien du parfait petit chimiste et il serait déjà bien incapable de faire un gâteau sans le rater alors réussir l’exploit de créer un médicament, il en est bien loin ! Dans le meilleur des cas, il pourrait trouver quelque chose par erreur mais les chances sont tellement minces qu’il ne faut pas compter là-dessus et faire confiance aux professionnels. « J’pense que j’arriverais juste à la faire exploser. » dit-il en riant. Encore une chance qu’il n’ait pas de cave mais seulement un petit cagibis dans l’immeuble où il peut mettre un tas de bazar qu’il n’utilise pas. Lorsqu’Aisling lui mis une pichenette sur le nez, un sourire éclatant s’afficha sur ses lèvres. Il aimait bien l’embêter, et qu’elle le fasse en retour. Il était heureux que leur relation s’améliore, pour Siobhan mais aussi pour lui, il n’aime pas qu’on lui en veuille, surtout lorsqu’il s’agit de personnes auxquelles il tient. Le jeune homme la suivit dans la cuisine, prenant l’un des deux verres d’eau qu’elle avait servis, avalant une gorgée. Elle lui expliqua qu’elle ferait attention, qu’elle ne voulait pas finir à l’hôpital, plus pour ne pas inquiéter les autres et bloquer un lit que pour elle. « Tu sais que si t’as besoin d’un truc tu peux m’demander. Genre j’peux te ramener des trucs pour ta thèse, fin j’sais pas si t’as besoin de trucs spéciaux ou quoi. Et puis si t’as besoin d’autres trucs je peux aussi. » Même s’il se dit qu’Isaiah aussi il peut, il n’a pas envie d’être inutile et il veut lui montrer qu’il tient à elle et qu’elle a de l’importance pour lui. Il ne pourra pas la remplacer au labo mais il se dit qu’il peut peut-être l’aider tout de même. « Et puis s’il faut j’peux t’acheter des trucs pour que tu continues à bosser à la maison. » Il serait bien capable de dépenser une somme astronomique pour qu’elle ait un mini-labo chez elle et qu’elle n’ait pas besoin de sortir.

Aisling rit légèrement à sa réponse. Il était certain qu'elle imaginait parfaitement son ex faire exploser quelque chose en s'essayant à des expériences pour le moins improbables. L'imaginer essayer était tout de même drôle mais, non, il ne fallait pas tenter le diable.

Il était tout de même inévitable d'aborder les sujets un peu sérieux, malgré le fait que ce ne soit pas le mot qui colle le plus à Perry, bien au contraire même. Il semblait content de sa pichenette, ce qui pourrait passer pour du masochisme tout de même. Mais elle connaissait Perry et elle savait qu'il aimait jouer. Elle lui sourit tendrement alors qu'il essayait de se montrer serviable et que, comme souvent, il en faisait un peu trop aux yeux de la jeune femme. Elle voyait bien qu'il s'inquiétait pour elle et qu'il voulait seulement faire au mieux. Mais depuis le temps il devait bien savoir qu'elle avait plutôt pour habitude de s'en sortir toute seule. C'était comme une infinissable guerre entre eux.

-Ne t'inquiète pas, j'ai un ordinateur portable pour travailler pour le moment, pour le reste... Je verrais sur le tas je pense. C'est encore compliqué de savoir comment on va réussir à s'organiser. Les informations arrivent un peu au compte goutte...

Elle but une nouvelle gorgée de son verre d'eau, jouant avec une de ses mèches blondes.

-Mais, c'est gentil de t'inquiéter pour moi. Je te promets que si j'ai besoin de quelque chose, je t'appellerai. Mais, dis-toi que si tu veux vraiment m'être utile, évite surtout de tomber malade.

Elle lui sourit. Comment est-ce qu'ils feraient, sinon, pour Siobhan ? Perry n'était pas à risque, mais le fait qu'il soit malade voulait dire prendre des précautions drastiques et arrêter de balader leur fille d'un foyer à l'autre.

Il essayait de faire de son mieux pour l’aider, même si au final il ne pouvait pas faire grand-chose. L’idée d’être impuissant face à tout ça le faisait flipper. D’habitude il peut plus ou moins tout régler avec l’argent mais cette fois, il ne peut pas. Enfin il pourrait partir avec tous ses amis sur une île dans une villa avec assez de nourriture pour tenir des mois et il serait à peu près protégé mais il n’est pas sûr que beaucoup acceptent l’invitation. Il est presque sûr qu’Aisling refuserait. De toute façon elle n’a jamais vraiment accepté qu’il l’aide avec son argent, elle est plutôt débrouillarde et indépendante. Au moins Perry essaie, tente de lui acheter des trucs même si au final ce n’est pas de l’aspirine qui va l’empêcher de tomber malade. Elle lui explique qu’elle n’a besoin de rien pour le travail, qu’elle peut se débrouiller. Non il n’a pas besoin de lui acheter un labo miniature qui coûterait des dizaines de milliers de dollars. Il la regarda avec un sourire quand la demoiselle lui expliqua que si elle avait besoin de quelque chose, elle lui dirait. Elle veut surtout qu’il évite de tomber malade. « J’essaie au max de pas tomber malade, vraiment. J’fais d’énormes sacrifices. Genre j’sors plus et j’ramène plus personne à l’appart’. Franchement j’sais pas c’que l’abstinence va donner mais j’suis prêt à le faire, pour pas tomber malade. Tu vois un peu ! » Oui c’est sans doute ça le plus dur pour lui, ne plus pouvoir sortir et coucher avec des inconnus un soir sur deux. Peut-être qu’il aura une révélation après cette période sans sexe qui sera sans doute la plus longue depuis qu’il a perdu sa virginité.

Aisling sourit alors que Perry énumérait tous les sacrifices qu'il faisait pour ne pas chopper le virus. Le connaissant, elle savait que certaines choses n'étaient pas facile pour lui. Déjà, il avait toujours été particulièrement sociable, alors forcément, ne plus voir personne, ou presque, c'était difficile. Et en plus il allait devoir gérer Penny. Pas que sa fille soit nécessairement très difficile à gérer, mais en confinement, et alors qu'elle ne pouvait plus voir ses ami.e.s, ce serait probablement plus compliqué.

-Ça l'abstinence...

Elle ne put s'empêcher de sourire en y pensant.

-Personnellement ça ne m'inquiète pas, vu que je suis enfermée avec Isaiah, je n'aurais pas besoin de faire ce sacrifice. Je crains même que ma libido explose le plafond.

Bon, ses mots étaient loin d'être très compatissants pour le pauvre Perry.

-Mais heureusement pour toi, le porno en ligne existe, en plus tu peu regarder vachement de catégories.

Vu qu'il est bi. Logique. Peut-être que pour ce soir, elle poussait le bouchon de la taquinerie un peu loin.

Perry fit une moue boudeuse en voyant la blonde prendre un malin plaisir à lui dire qu’elle, elle n’aurait pas de problème d’abstinence, ayant même encore plus de temps que d’habitude avec son copain. Si d’ordinaire il ne jalousait pas leur relation, l’idée de ne pas avoir besoin de sortir pour se réconforter entre les draps, lui faisait envie. Aisling, prévenante, l’informa que le porno en ligne existe et qu’il peut donc garder une vie sexuelle, même s’il doit être en solitaire. « Fais gaffe, j’vais kidnapper Isaiah comme ça tu pourras rien faire ! » dit-il en tirant la langue, souriant. « Mais je sais que ça existe, c’est juste que...bah j’aime bien faire ce genre de trucs à deux tu vois, j’suis pas trop le genre de gars à faire des trucs en solo. » De toute manière il n’a pas besoin de penser à faire quelque chose en général, puisqu’il trouve sans grande difficulté quelqu’un avec qui passer la nuit. Mais bon, est-ce que c’est vraiment le genre de choses qu’on doit partager avec son ex-copine ? Perry ne s’embarrasse pas de ce genre de questions.

Aisling éclata de rire à la répartie de Perry.

-Ah non ! Tu vas lui faire des trucs bizarres.

Evidemment, elle n'en pensait pas un mot. Elle n'imaginait pas Perry kidnapper Isaiah et le violer dans son appartement. Il lui demanderait plutôt de jouer aux cartes avec lui pour l'occuper, et sans doute même, l'esclavagerait-il pour qu'il lui fasse la cuisine, parce que dans sa mémoire, il n'était pas vraiment meilleur qu'elle à ça.

-Mais, de toute façon, j'ai des jouets dans mes tiroirs, tu ne m'auras pas !

Depuis qu'elle avait une vie sexuelle, Aisling avait des sextoys. Dépendre de quelqu'un pour se donner du plaisir n'avait jamais été quelque chose qui lui plaisait. Alors ses jouets lui servaient régulièrement, il y a quelques années, quand elle avait la flemme de sortir pour trouver quelqu'un avec qui finir la nuit. Quelqu'un qui ne serait pas nécessairement doué d'ailleurs. Mais ce n'était visiblement pas le genre de plans avec lesquels Perry était familier. Pas du genre à se faire plaisir en solo ? Elle ne saurait pas dire si ça l'étonnait, mais c'est vrai qu'elle en était un peu décontenancée.

-Et bien... ça peut-être une occasion de découvrir un peu plus ton corps. Un moment juste lui et toi.

Perry fronça les sourcils en entendant Aisling lui dire qu’il ferait des choses bizarres à Isaiah si jamais il le kidnappe. Ce n’est pas vraiment son genre, elle le sait. Bon il essaierait peut-être de le draguer comme il fait avec tout le monde mais c’est tout. Oui, il serait un bien mauvais tortionnaire, plutôt le genre sympa qui laisse la pièce ouverte pour que le séquestré puisse partir sans problème. Il n’a pas de mauvais fond et jamais il ne pourrait vraiment faire de mal aux gens. Elle répliqua ensuite que même seule elle ne se retrouverait pas démunie pour avoir des relations sexuelles, pouvant très bien continuer seule. « Ouais j’sais mais bon, c’pas pareil. » Ils sont sortis ensemble alors il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il sache ce genre de détails même si ce n’est pas vraiment le genre de conversations qu’ont les exs en général. Enfin ils ne sont pas vraiment des exs normaux de toute façon. Elle tenta de voir un point positif au fait de ne plus pouvoir coucher avec des gens pendant un moment. « J’aime découvrir le corps des autres aussi….mais bon j’vais écouter tes conseils. S’tu veux j’te tiens au courant de mes avancées sur la question ! » répondit-il en riant. Est-ce qu’elle pourrait devenir sa conseillère en matière de sexe solo ? Ça serait étrange mais marrant.