#20 panic! at the apartment [ft. Ariel]

Un rayon de soleil vient traverser la pièce qui sert de salon, me réveillant par la même occasion. "Arrg putain." Je me retourne, me cache le visage avec les fringues qui me servent de coussins mais peu importe ce que j'ai beau essayé, ça ne change rien. J'me lève, j'fais comme chez moi en me servant un café et un grand verre d'eau. Ca va faire maintenant quelques semaines que je reprends ma vie d'avant, enchaînant alcool et beuh. Un mélange fatal. De toute façon pour c'qu'il reste de ma personne. Un homme au coeur brisé, on peut dire ça comme ça. Autant faire évacuer la pression par le meilleur moyen que je connaisse. Je retourne dans la salle principale, croisant finalement Ariel la grande sirène. Ce type, j'le connais pas depuis longtemps, un mois à tout cassé et encore, peut-être que j'exagère mais on a vite accroché. Il est à ce jour mon meilleur allié je dirais, ayant l'impression de ne plus avoir personne. Gretchen vit sa vie avec sa copine sûrement, n'ayant pas eu de nouvelles, encore et Ethan doit être occupé à bosser. J'suis censé en faire de même, faut bien que je paye mon loyer mais est-ce que voyant est considéré comme un métier en soi? C'est juste une arnaque de toute façon, faudrait peut-être que je pense à me rediriger un jour, dans quelque chose de plus sûr avec un salaire fixe. "Salut." J'lui lance avant d'attraper le plaid du canapé et de me le passer sur les épaules. "On se fait livrer? J't'invite." lui dis-je. "Pis on rangera, c'est vraiment le bordel ici." J'prends mes aises mais il faut dire ce qu'y est. La soirée d'hier fut assez vénère de ce que je me rappelle. J'tourne ma tête vers lui. "Elle est encore là la blonde que tu as fourré toute la nuit ou tu l'as viré?" Un sourire en coin avant de prendre quelques gorgées de café.

J'ouvre les yeux. Putain, c'est encore la jungle dans ma tête. J'ai un bruit de fond, le genre acouphène de lendemain de soirée, mon crane va exploser, ma gorge est à la limite de tomber en lambeau tellement elle est sèche. Ohlala, j'suis vraiment un déchet. Encore une fois, j'ai pas mis à côté hier soir. J'tourne le regard. Le lit est vide. Pourtant, il m'semble bien que j'ai pas fini la soirée seule. Plus trop de souvenir. La jeune blonde en question a décidé que tout ça ne serait justement plus qu'un vague souvenir et c'est très bien comme ça. J'me souviens même plus son nom. J'me hisse péniblement dans mon lit. J'attrape la bouteille d'eau et j'me descends la moitié de la flotte, ça fait du bien bordel. J'dormirais bien encore une heure ou deux, mais j'décide de me lever. J'arrive dans le salon, Vassili est là, à peine réveillé aussi. "Yo." J'lui réponds et j'viens m'affaler dans le fauteuil à côté de lui. Bordel j'ai mal à la tête. Lui, il s'est mis à l'aise et il a bien raison. L'appart est encore un peu en foutoir, il y a des cadavres de bouteilles, des cendriers pleins et une montagne de vaisselle dans l'évier. "Oh, comment tu m'fais plaisir en disant ça, ouais chaud. On commande où tu veux. J'pourrais manger n'importe quoi." J'rigole quand il m'pose la question d'une éventuelle nana. "Il y a personne nan, mon pote j'suis même pas sûr d'avoir réussi à faire quoi que ce soit avec elle, j'me souviens ni de sa tête, ni de son prénom, et encore moins d'moi en train d'la baiser. Aucune idée." Nan mais regardez nous là, deux vieilles loques qui parlent mal. Nan, vraiment, Vassili est définitivement beaucoup trop cool. J'attrape mon ordinateur portable, histoire de choper un site qui vend d'la bouffe. "Tu veux quoi comme type de bouffe ? Pizza, burger, kebab, jap, indien ?" Faut dire qu'il y a l'embarras du choix. J'pose mon regard deux secondes sur lui "et toi en fait, t'as serré hier soir ?"

J'esquisse un sourire en l'entendant être de si bonne humeur après ma proposition. Mais on dévie rapidement sur un sujet plus sérieux. J'ai envie de ricaner mais je préfère me retour. J'hausse les épaules à la fin de son explication. "Au pire si elle revient neuf mois après en te disant que c'est la mère de ton fils, tu seras fixé." Là j'rigole par contre. Même si en soi ce n'est pas vraiment drôle. Ca serait même gênant, un vrai enfer. "Je t'avoue que comme tout homme qui se respecte après une bonne soirée, un domac ferait largement l'affaire. Un triple cheese maxi best of, potatoes, coca et en supplément un big mac et un autre triple s'il te plait." J'en ai déjà l'eau à la bouche. De l'eau oui, c'est important de s'hydrater. J'bois plusieurs gorgées avant de m'affaler vraiment dans le canapé. "Rien à déclarer mec J'étais trop faible pour faire quoi que ce soit de toute façon donc...." Je soupire. J'suis à un stade où on me comparerait vite à un légume, qui ne fout rien de sa vie, qui ne cherche pas à conquérir le sexe soi-disant faible et qui s'arrache la gueule dès qu'il en a l'occasion, c'est à dire au moins une fois toutes les deux semaines, ou toutes les semaines, allez savoir. Depuis j'passe mon temps avec Ariel. On s'soutient, on s'enfonce aussi, je suis bien au courant, j'peux pas le nier mais j'aime sa compagnie. No homo bien entendu, de toute façon ça ne serait pas réciproque. "Faudrait qu'on s'commence une série tous les deux non?" J'attrape une manette, me connecte à la console pour rejoindre Netflix. "Animation, anime ou série normale?" Je cherche, je parcours.

J'lui lance un regard de tueur. Il est en train d'parler de malheur ! Nan mais sans déconner, vous m'imaginez avec un môme ? J'y songe une seconde. "Nan mais putain, ça c'est le pire qui pourrait m'arriver dans la vie!" Cette pensée me donne des frissons dans le dos. En vient mon sujet favoris ! La bouffe. L'idée d'un bon mac do me fait saliver. Vas' semble du même avis que moi. "Mec, comment tu peux manger autant de truc sans être malade ? En plus, tu te ruines à chaque fois!" Je rigole. J'avais la chance d'avoir un estomac a peu près normal. "Un CBO frites, ice tea et des nuggets pour moi!" Je souris. J'ai soif. J'me lève et j'vais vers la cuisine, j'me sers un grand verre d'eau et je rajoute "et surtout, un putain de doliprane en plus du mac-do!" J'me laisse tomber à nouveau dans le fauteuil. La présence de Vassili me plait bien. Lui n'a rien fait avec personne hier soir. Je secoue la tête. "Va falloir te ressaisir mon pote ! On en refera des soirées et j'peux t'assurer que tu vas serrer!" Comme si on ne pouvait pas envisager une soirée sans la finir en couchant avec une inconnue. Pauvre Ariel, que tu es bête. J'regarde Vas', il semble à l'aise dans cet appartement, et j'apprécie sa compagnie. Bon,il ne faudrait pas qu'on s'détruise l'esprit comme ça,chaque fois, mais bon, on n'a qu'une vie bordel. Je regarde mon pote parcourir Netflix, je hoche les épaules. "Han,j'en sais rien moi, un truc assez stylé quoi, j'ai pas vu la dernière de peaky blinders, j'sais pas si t'as vu toi ?" Le problème, c'est que pour trouver une programme qui convient aux deux, c'est toujours le bazar. J'attends de voir c'qu'il propose et puis après, il faudra qu'on s'occupe de notre mac-do aussi, j'ai faim moi!

"C'est ce qui pourrait arriver de pire à n'importe quel mec, mec." lui répondis-je avant qu'on ne parle bouffe. "Ecoute, quand on n'aime, on ne compte pas. J'suis encore jeune, j'peux manger comme un gros porc sans prendre un gramme, j'en profite juste." J'attrape le pc portable et passe nos deux commandes. "Alors, y'a pas de doliprane sur le site mais tu as de la bière si tu veux." Une blague de merde qui n'fait rire que moi. Il décampe avant de vite revenir. "Boh tu sais, j'sais pas trop si j'en ai envie. Juste m'amuser en soi ça me suffit." que 'j'lui dis tout en cherchant finalement une série. Il propose Peaky Blinders, je penche légèrement la tête sur le côté. "J'suis déjà à jour mais bon, j'suis ok pour re-mater tom fuckin shelby." Ouvert sur ma sexualité, j'avoue entièrement que j'ai porté mon intérêt sur la série juste pour Cillian Murphy. "Tu vas voir, elle déchire ! Et les musiques sont toujours aussi bien choisi." J'hoche la tête à plusieurs reprises avant de la lancer et de poser la manette sur la table basse, ma bouteille d'eau toujours en main que je continue à boire en espérant que ce mal de crâne se barre un jour de ma tête. Je tends mes jambes, les croise en posant mes pieds à côté de la manette que je viens mettre à proximité pour ne pas la faire tomber dans un faux mouvement. Premier épisode en cours, la sonnette retentit, j'me lève d'un bon. "Oui c'est pour nous, merci." J'attrape un billet et le lui donne. "Bonne journée !" J'ferme la porte, reviens dans le salon tout en prenant une voix légèrement efféminée. "Chéri, le dîner est serviiii." Je m'affale dans le canapé, faisant un peu de place pour poser le graal sacré. "Rien dans la vie ne vaut autant de gras." Je trie nos affaires, me relevant pour aller chercher dans la cuisine deux plateaux pour ne pas en foutre partout. "BON APPETIT." J'commence à dévorer, continuant à regarder la série avec lui. Il m'faut pas beaucoup de temps pour finir, peut-être bien une bonne vingtaine de minutes et pour bien digérer, j'nous roule un joint que j'entame avant de lui faire passer. "Tu veux un dessert? J'crois qu'il nous reste des gâteaux." Qu'il nous reste, vous ferez bien gaffe aux mots que j'emploie.

Je hoche la tête en signe d'approbation. On est bien d'accord, avoir une nana qui débarque avec une surprise qui lui pousse dans le ventre, c'est très clairement une vraie phobie ! Je rigole à sa réponse, comme quoi il est encore jeune. "Nan mais c'est pas une question d'âge Vas', c'est une question de capacité humaine, moi j'peux pas mettre tout ça dans mon corps en une seule fois!" Je rigole, la tournure de ma phrase n'est pas très adroite, mais très sincèrement j'ai l'impression que j'suis encore un peu bourré. "Chaud pour une bière!" Toujours chaud pour une bière. Enfin, je réponds mécaniquement en fait. Mais j'pense pas que ce soit une très bonne idée. Vassili me dit qu'il a pas forcément envie d'passer une soirée dans le but de serrer, c'est tout à son honneur et moi je ferais bien d'en prendre de la graine. Depuis que j'étais à Bowen, j'enchaînais les soirées, les conquêtes et il allait falloir que j'me calme un peu. "Allé, c'est parti pour Peaky alors! C'est vrai qu'il est classe Tom!" Cette série, je l'avais adoré, et j'suis vraiment content de voir la suite. Alors que le générique retenti dans l'appartement, j'me cale un peu plus dans le fauteuil, j'me mets à l'aise. J'ai faim, j'ai mal à la tête, mais j'suis bien. Vassili s'occupe de réceptionner la commande, j'en salive quand il revient avec le vénéré repas. J'me frotte les mains, j'm'approche de la table basse. "Bon appétit toi aussi Vas'! Putain j'suis trop heureux là!" J'croque dans mon CBO et j'ai l'impression de renaître. On s'englouti les sandwichs en silence, concentré face aux Peakys qui font leurs héros. Franchement, cette série est cool. J'me re-enfonce dans le canapé pour digérer cette quantité astronomique de gras que j'ai ingurgité. Vas' perd pas de temps avant de se rouler un joint. Il tire dessus et le fait passer. J'prends une latte et réfléchis à ce qu'il a dit. "nous" ? Il se sent déjà chez lui et pourquoi pas après tout. Autant j'suis pas ultra fan de la vie en communauté, autant la présence de Vas me dérange pas du tout. "Il reste des petits princes ou un truc du genre nan ? Chaud !" Vassili se lève, il gère tout, la commande, le joint, les gâteaux, très franchement, on est bien là. Le premier épisode se termine. "Un deuxième?" J'lui refile le joint et j'croque dans mon petit prince. Bordel, le bonheur.

Une main face à lui, je ferme les yeux. "Tststs. Quand on veut on peut jeune padawan." lui répondis-je. J'lui propose ce qu'ils ont sur le site, il est d'accord pour une bière. Je fronce les sourcils en le regardant de travers. "Vraiment? Bon si tu insistes. Tu as le foi solide. Chacun son truc faut croire." J'hausse les épaules, passe commande et lance la série en suivant jusqu'à recevoir cette mal-bouffe si attendu par nous, hommes. "Bon ap'" Un peu de mal il est vrai. Comment dire que j'ai oublié mes bonnes manières moi qui avais déjà commencer à grailler. J'finis. J'ai encore la dalle. J'lui demande s'il nous reste des choses sucrées à prendre, il ne relève pas, me disant simplement ce qu'il doit bien rester. Ok, c'est sur une bonne voie je crois? Devrais-je en profiter? J'veux pas squatter éternellement. J'veux juste de la bonne compagnie durant un bon bout de temps de ma vie. J'veux pas finir seul et con. J'veux pouvoir partager vraiment ma vie avec quelqu'un que j'apprécie vraiment. Mais je me lève, me dirige vers la cuisine pour nous ramener tout ça, entamant même un joint pas la même occasion. "Ca part." lui dis-je en prenant un prince, le laissant de côté pour fumer et le faire tourner une fois de plus. L'épisode passe petit à petit, j'repense à ce "nous" prononcer bien trop naturellement. "Et si on co-habitait ensemble durant un temps? Tu dirais quoi toi?" J'lui récupère le joint, continuant à fixer la télé. Est-ce que pour une simple question j'ai le coeur qui s'emballe? J'crois bien ouais. S'il me recale, j'sais même pas comment je réagirais.

Je rigole pour la bière. "Ouais nan, j'ai dis chaud par principe mais j'crois que si j'bois, je vomi. Ou alors faut combattre le mal par le mal .. je sais pas j'hésite." On disait que le meilleur remède contre une gueule de bois, c'était la bière, mais j'avais toujours eu l'impression que c'était une excuse d'alcoolique. Vassili va chercher des gâteaux, comme si toute la tonne de gras que l'on venait d’ingurgiter ne suffisait pas. Il nous manquait du sucre maintenant. Alors que j'étais enfoncé dans le fauteuil, le joint entre les lèvres, Vassili parla d'une co-habitation pendant un temps. J'arquais un sourcil et le regardais très sérieusement. Je le toisa, réfléchissais, je pris mon temps. Après tout, j'étais chez moi. Il s'imposait un peu. Mais un peu de compagnie me ferait pas de mal. Il avait l'air vraiment d'être sur la même longueur d'onde, j'avais une chambre supplémentaire dans l'appartement, et si c'était pour un temps, alors pourquoi pas. Après donc un silence de quelques secondes je lâchais "J'en dirais que c'est une putain d'idée!" L'idée de partager un quotidien avec Vassili me plaisait. On allait bien s'marrer, j'en étais sûr. "Il y a une seconde chambre là bas" Je désignais la pièce d'un signe de la tête. "T'y pose tes affaires, j'te donne un double des clefs et ça part en colocation." Parfois, les grandes décisions se déroulaient dans une simplicité déconcertante, à notre image finalement.

Blague ou pas, la bière est déjà commandé de toute façon et au pire s'il ne la veut pas pour maintenant, il l'aura pour plus tard. On bouffe, on vit une merveilleuse existence à ce moment précis devant un bon épisode des Peaky, splif au bec pour mieux digérer. Une idée un peu saugrenue, je tente de savoir si au moins il serait chaud pour qu'on partage notre vie ensemble. Un petit silence, je sens qu'il va me dire de me barrer à tout moment. Je sais que je suis un peu intrusif, que je m'imposerais presque mais c'est plus fort que moi. J'crois que j'ai pas envie de retourner vivre solo chez moi, mon appartement me rappelant surtout l'une des dernières conversations avec Gretchen et ça me fout les boules. Elle a accepté de me revoir oui mais il y aura toujours cette fille qui se mettra entre nous. J'suis pas prêt à m'embarquer dans une relation à deux donc imaginez un peu dans un trouple. Mais la réponse d'Ariel est positive. J'hausse les sourcils, j'm'y attendais pas en soi. J'suis ému, j'pourrais même me mettre à chialer tellement j'suis heureux à cet instant présent. "Ok alors. Dès que j'aurais décuvé j'irai récupérer quelques affaires." J'hoche la tête. J'suis sur le cul. "Merci bro." Je soupire, tentant de le rassurer par la même occasion. "Ca durera pas longtemps ne t'en fais pas. Juste le temps que tu en aies marre de moi." Je souris, continuant à fixer la télé tout en tirant et lui filant la fin du joint. "Quelles règles dois-je respecter à tout prix?" Histoire de ne pas me faire virer au bout de deux jours.

Une bière de plus ou de moins dans le frigo, très sincèrement ça ne changera pas grand chose. Le temps se passe, tranquillement, rythmé par la flemme et par la paresse. D'abord on mange gras, ensuite on fume, puis on mange sucré, on chill, on s'laisse vivre. Autant j'me passerais bien d'mon mal de tête et d'ma gueule de bois, autant ce genre d'après midi, c'est vraiment le feu. Rien à penser, rien à faire, juste se laisser porter et vivre. Je voudrais passer l’entièreté de ma vie comme ça. Vassili se met alors à parler d'une potentielle colocation. Très clairement, si ça avait été quelqu'un d'autre que lui, j'aurais beaucoup plus réfléchis. Mon air et mon espace sont vitaux mais je sais que Vassili ne polluera pas mon milieu. J'lui indique que j'suis d'accord. Ca m'pose pas de problème. J'suis un mec à la cool en vrai. "De rien mec, ça m'fait d'la compagnie." Je rigole rapidement lorsqu'il me dit qu'il resterait jusqu'à ce que j'en ai marre de lui. "Ou l'inverse aussi, j'suis pas facile à vivre." Je souris et vient ensuite l'énumération des règles de l'appartement. J'y ai jamais réfléchis, mais les points viennent instantanément. "Première règle: personne ne copule sur le canapé. Le canapé est un endroit commun donc ça se respecte. Deuxième règle : le bac à légumes dans le frigo ne doit en aucun cas comporter des légumes. Il sert pour les bières. Point barre. Troisième règle : interdiction d'organiser un putain de planning pour les tâches ménagères. Quatrième règle : ça veut pas dire qu'on doit pas faire le ménage, mais on a pas besoin d'un tableau pour savoir quand on doit le faire. Cinquième règle : pas de restriction pour les fêtes, tant que les flics débarquent pas, on valide." Je laisse un silence. J'regarde Vassili. "Tu acceptes le règlement?!" J'fais genre j'suis très sérieux. Le coloc'code, ça se respecte.

J'me marre aussi en entendant son rire. "On verra bien écoute, du moment qu'on ne joue pas à celui qui a la plus grosse à ce sujet." J'lui souris gaiement. J'crois que pour le moment ça sera la meilleure chose qui me sera arrivée dans ma vie après mon départ de Russie. Comme toute bonne coloc' qui se respecte, j'viens à lui demander les règles de la maison pour une meilleure harmonie, le laissant énumérer ses propos tout en me retenant de m'esclaffer. J'hoche la tête à la fin de sa tirade, tendant même une main pour accepter son règlement. "Tout me va jeune homme." De toute façon, je n'ai pas non plus vraiment le choix, c'est son appartement. "De ce que j'ai compris en tout cas et ce que je retiens le plus c'est que ok, je peux baiser dans ton pieu mais pas le canapé. Très bien. T'es un vrai bro toi." Un sourire taquin. De toute façon, j'irais pas pénétrer sa changer pour serrer quelqu'un sachant que j'ai maintenant ma chambre pour le faire. Puis même, j'crois que ça me viendrait même pas à l'esprit. J'reporte mon attention sur la série, m'arrêtant bien évidemment le temps de lui dire des choses inutiles. "J'trouverais un taf digne de ce nom pour que je puisse payer ma part sans avoir de surprise. Les arnaques c'est bien mais c'est toujours très aléatoire niveau finance." Et être voyant est aussi une arnaque, je l'entends bien quand je lui dis ça. J'sais même pas ce qui se passe en ce moment par rapport au boulot, je sais juste que je vais faire un taf qui ne me plaît pas et où j'aurais juste l'impression de perdre mon temps. "J'sais pas encore vers quoi me tourner par contre. J'ai aucun diplôme, j'suis juste bon à glander et j'ai en soi que deux expériences; en salle et au cabaret. J'me vois pas mettre voyant sur le papier, pour qui je passerais?" J'me marre tout seul. Est-ce qu'un abruti serait foutu de me prendre juste pour cette particularité, un stressé de la vie qui pense que mes cartes pourraient le rassurer. "J'vais finir dans une usine ou dans un supermarché à tous les coups. Putain, j'ai même plus envie de commencer mes recherches maintenant." J'dis pas que c'est la honte de travailler dans ça, y'a pas de sous-métier mais j'me vois mal finir dans ce genre de choses, à faire h24 les mêmes choses. C'est pas mon dada ça, j'préfère un métier casse-gueule où j'suis sûr de m'amuser un minimum.

J'rigole à ces mots. J'suis pas le genre à faire ce genre de concours. Vassili semble vraiment heureux de savoir qu'il peut poser ses valises ici. Et moi, si j'peux rendre service à mes potes, alors c'est tout bénéf'. C'est vrai que Vassili, je le connais, mais on a jamais vraiment pris le temps, (ou jamais eu l'envie) de se raconter nos vies d'avant. J'en aurais des choses à raconter sur ma vie et je ne doute pas une seconde que lui aussi ait des détails importants qui ont façonné qui il était devenu. Peut-être qu'un jour on s'livrera tout notre passé. Je m'esclaffais à sa remarque. Ouais, c'est vrai que j'avais pas préciser que mon lit était interdit aussi. "Mec, t'es le mal! Par contre, si j'peux me permettre une réflexion, j'peux pas te garantir que par le passé, le pieu dans lequel tu vas dormir n'est pas servi à une partie de baise, j'vais pas te le cacher!" Il voulait jouer à ça, alors on allait jouer. C'était bon enfant bien sûr.
Vassili m'assura qu'il allait payer le loyer et il parti dans un monologue sur son activité professionnelle. Ca me faisait sourire. Et il finit par une conclusion qui me fit vraiment rire. "Mec! Tu viens d'te décourager toi même! Sans déconner!" Je marquais une pause et rajoutais , "Très clairement je suis un glandeur professionnel aussi, mon daron arrose ses thunes pour l'appart, t'emmerde pas." Était-ce un appel pure et simple à la glande ? Oui exactement. "On va pas s'faire chier à bosser quand même.." Je n'avais pas l'envie ni la volonté de travailler, mon père me donnait du fric pour vivre, pourquoi aller chercher midi à quatorze heure quand tout était simple ?

"Oh tu sais, du moment que les draps sont changés, ça me va." J'marque une pause. "Tu les as changé rassure-moi?" J'lui adresse un sourire taquin, bien entendu qu'il l'a fait, il a beau -on a beau- foutre le bordel, ce n'est pas non plus une porcherie. Mais sur ce projet de vie, la raison l'emporte sur les loyers à venir, tentant une approche pour me rediriger mais il se met à se marrer, c'qui m'fait rire aussi. "Oui bon, j'suis pas parfait, faut pas m'en vouloir. J'préfère me démoraliser plutôt que ce soit les autres qui le fassent." C'est un bon argument non ou je suis un peu trop défaitiste sur les bords et je cherche à le nier? Vous avez 4h bande de blaireaux. Mais Ariel me dit qu'on peut aussi se la toucher. C'est vrai que ça ne fera pas de mal de ne rien branler mais ça va faire maintenant depuis quoi... Décembre que je ne fous absolument rien en soi. J'ai envie de continuer tout comme j'ai envie de me reprendre en main je crois. "Oui au pire à quoi bon? J'piquerais du blé aux autres par n'importe quel moyen pour acheter la bouffe alors." Je soupire, laissant l'épisode se finir avant de me motiver. "Bon j'fais l'aller-retour alors. Tu veux des objets de décorations genre je ne sais pas, des trucs pour accrocher des casseroles au mur, des stroboscopes ou je ne sais pas, des trucs inutiles comme ça?" lui demandais-je en me dirigeant vers la porte après avoir récupéré mes clefs et m'en vais le temps d'une bonne heure pour revenir aussi rapidement, la majorité de mes affaires présentes, même mon maquillage de scène que je garde soigneusement avec moi et des effets en plus. "Bon, ben je vais ranger tout ça. Faudra que je retourne à mon appart pour récupérer une platine, si tu veux." Et surtout si ça ne le dérange pas. Une demi-heure, tout est bouclé, je redescends dans le salon. "Est-ce que une session décoration te tenterait un jour? Comme un réaménagement d'une nouvelle vie même si on doit juste déplacer le canapé de trois centimètres?" lui proposais-je.

Je souris malicieusement pour faire planer le doute. Puis mon sourire se transforme en rire. "Bien évidemment, j'suis pas bien malin mais j'suis pas un gros crado quand même!" C'est sûr que l'appartement n'était pas un exemple impeccable de propreté mais bien évidemment que les draps étaient propres. On en vint ensuite à parler de l'avenir professionnel de Vassili, il semblait déchirer par l'envie de se remettre à travailler et l'irresistible volonté de continuer à ne rien foutre. Je n'étais clairement pas l'homme de sagesse pour ce sujet. "Piquer du blé aux autres, c'est très honorable tu sais!" J'dis ça parce que moi, j'prends du fric à mon père chaque mois. Sinon, j'pourrais pas vivre. Je ne pensais pas que ça serait aussi simple de convaincre Vassili.
Alors que le jeune homme s'apprête à partir chercher ses affaires, il me propose des objets de décorations kitchs. Ca me fait exploser de rire. "Ramène tout, tout c'qui t'fait plaisir!" Plus notre appartement est bizarre, plus il me plait. C'est une règle. Pendant que Vassili est parti, j'en profite pour prendre une douche et faire un peu de rangement. Histoire d'effacer un peu la débauche de la veille. Il revient et disparaît dans sa chambre pour s'installer. Je ne pensais pas qu'avoir un colocataire serait aussi cool. Il revient, je suis en train de finir de la vaisselle. Je hoche la tête à sa proposition. "Carrément, j'aime bien changer la disposition des meubles, et ça c'est l'occasion parfaite! T'as des idées?!" Bon très concrètement, la pièce de vie était assez grande, la décoration était un peu inexistante, il y avait vraiment matière à faire quelque chose de bien.

On se marre connement, sur des stupidités bien trop évidentes. J'penche cependant la tête lorsqu'il me dit que c'est pas mal aussi de voler du blé aux autres. C'est une façon de voir les choses oui... "On pourrait faire des coups d'génies j'pense à nous deux avec Ethan." Bon, il ne connait pas Ethan mais étant donné que nous parlons d'arnaques, j'pense qu'il pourra faire le rapprochement. Il n'est pas trop con. J'lui dis finalement sur un coup de tête que je vais faire l'aller-retour entre chez lui et chez moi, ramenant ainsi des fringues et peut-être même mes boîtes à malice ainsi qu'un pc. "Navré, j'me voyais pas trimbaler trois milles chose à la fois dans l'bus." J'hausse les épaules. J'pourrais au pire prendre via internet si jamais on a besoin de quelques trucs. J'lui propose donc de changer un peu la donne dans l'appartement. "Ok attends." J'cherche dans le tout un bout de papier et une crayon afin de dessiner les plans de ces lieux. "Alors là, dans le salon, on pourrait faire en deux pièces. Un coin bureau si tu as besoin et un coin ben, ça sera le coin salon et gaming. Bon les chambres, on s'en fout, c'est comme on veut. La cuisine et la salle de bain, à moins de casser les murs, y'a pas grand chose à faire donc ouais, ça serait surtout le salon, ou peut-être pas, à voir." Je passe ma main sur mon front, tentant de faire un changement en dessinant des meubles. J'le regarde, hausse les épaules. "Fin t'as des idées toi?" lui demandais-je.