Toi et moi, ciselons un oignon (cj et charlie)

Qui a dit qu'il fallait affronter ses peurs? Depuis que j'ai quitté Sidney, j'ai enfin retrouvé le contrôle de ma vie. Je vais pouvoir me rapprocher de ma meilleure amie Billie. Mon frère ne m'a pas décapité la tête.

D'accord, j'admets que 'lui', me manque. Son parfum, le timbre de sa voix, ses religieuses au café. Mais c'est mieux comme ça, non? Personne n'est irremplaçable. D'ailleurs c'est facile de se changer les idées. J'ai plein de projets. En-tête de ma liste, trouver un appartement. Ensuite, revoir tous mes amis. Cacher le portable de mon frère trois jours de suite. Puis au passage si je pouvais flirter avec deux, trois filles ou garçons, ça ne mangerait pas de pain. Ne me jugez pas! J'en ai besoin. Il est hors de question que je fasse une dépression amoureuse. Un petit quelque chose de platonique fera l'affaire.

Je m'égare. Marcher seule me fait trop réfléchir, j'en oublie que je suis sortie pour une raison particulière. Pardon l'atelier cuisine, c'est bien là? Je jette un oeil sur l'affiche juste face à cet homme dont j'ai interpellé. Quelle conne. Il va te prendre pour une vieille meuf qui veut le draguer.

Le retour a Bowen avait été tranquille même si tout ne s'était pas passé comme tu l'avais pensé. Recroiser la route de Nev n'avait pas été une mince affaire mais au moins c'était fait, tu n'avais pas à la chercher du regard dans toutes les rues où tu avançais. Tu pouvais continuer de faire ta vie et tu la laissais faire la sienne. Ce n'était pas plus mal ainsi au final. Tu avais revu plusieurs têtes connues qui t'avaient fait le plus grand bien. Tu avais parfois été surpris, surtout par Sio, qui avait vraiment grandi depuis la dernière fois que tu l'avais vu. Mais en même temps, la dernière fois que tu avais fêté son anniversaire, elle soufflait sa première bougie. En la voyant, tu t'étais rappelé du jour de sa naissance. Quoiqu'il en soi, tu avais repris ta vie en main, tu avais même repris ta place dans ton ancien boulot. Tu avais même trouvé une place dans un petit cours de cuisine en ville. Tu avais toujours adoré passer du temps en cuisine alors le fait de pouvoir participer à un tel atelier, te mettait du baume au cœur. Tu vérifiais que tu étais bien à la bonne adresse, quand une voix s'éleva derrière toi pour te demander une information. Tu tournais la tête vers la jeune brune, acquiesçant de la tête avant de lui répondre. « Oui ! D'ailleurs si vous avez pas de partenaire, la place à côté de moi est libre. » ajoutais-tu avec un léger sourire à la jeune femme avant d'entrée pour prendre place devant le plan de travail. Tu proposais au cas où, sait-on jamais, et au pire, si elle était déjà avec quelqu'un, elle n'aurait qu'à t'ignorer, tu ne prendrais pas mal.

Aujourd'hui je suis sortie pour oublier tout ça. Pour me changer les idées. Le goût de la liberté me fait le plus grand bien. J'ai besoin de rencontrer de nouveaux visages, mais aussi de retrouver le plaisir de cuisiner. Alors j'ai pensé qu'un atelier cuisine serait une super occasion.

Pour être bien sûre de ne pas me tromper, j'interpelle un homme qui me confirme que je suis au bon endroit. Pendant un court moment j'observe qu'il a un regard bienveillant. Des yeux d'un vert émeraude, contrastant merveillleusement bien à ses cheveux très bruns. Il me propose d'être sa partenaire. Surprise mais ravie, j'accepte. Ah super... Merci. Je me mets à ses cotés. Je scrute les alentours. Beaucoup de personnes semblent être venues ensemble. Mes mains tapotent le plan de travail avec nervosité.

Il serait peut-être temps que j'engage la discussion. Avant de lui adresser un sourire, je lui demande en haussant un sourcil Première fois?

La jeune femme que tu renseignes ne tarde pas à t'emboîter le pas et venir prendre place à côté de toi, au moins tu ne serais pas seul. En même temps, tu t'étais inscrit en prenant qu'une seule place et tu n'avais pas pris la peine de proposer, Candy aurait sûrement été ravie de passer du temps avec toi. Tu aurais pu essayer d'amener Aisling ou Freja, et l'atelier aurait été étrangement bien différent. Elle s'adressa une nouvelle fois à toi et tu détournais ton regard sur elle. Elle te faisait un peu penser à Nevaeh. Tu t'empressas de chasser cette idée. « Non, c'est la seconde ! Et vous ? » demandais-tu doucement, tandis que tu te rappelais la dernière fois que tu avais participé à un tel cours de cuisine. C'était y a presque quatre ans, alors que tu revenais tout juste à Bowen après un très long voyage. Tu l'avais fais tout seul dans ton souvenir, mais tu étais tellement content d'être rentré à la maison que ça n'avait pas d'importance. Tu te souvenais même avoir appris à faire des rouleaux chiko. Une spécialité bien connue dans le pays. « Après je suis plus doué pour les réalisations salées que sucrées mais je m'applique ! » précisais-tu avec un fin sourire. C'était un atelier pâtisserie selon la réalisation ça te serait peut-être un peu compliqué mais tu comptais sur ta partenaire et puis si jamais, il y aura le chef pour vous donner un coup de main, après tout, c'est bien pour ça que tu venais. Pour prendre des conseils et des astuces parce que c'était un savoir que tu chérissais.

L'ambiance qui règne dans la salle est plutôt cool. Tout le monde ici semble être présent pour passer du bon temps. Beaucoup ont l'air d'être venus accompagnés pour ne pas dire la plupart. Je suis bien contente d'avoir trouvé aussi rapidement un coéquipier. Aussitôt j'engage la conversation. Il a déjà participé à un atelier cuisine. Une première, pour moi. D'ailleurs je ne regrette pas. Je viens à peine d'arriver que je suis tombée sur un mec sympa. En plus, ne nous le cachons pas, il est mignon, quoi. Il a quelque chose dans son regard qui le rend désarmant. 

Au coin de la table je trouve les tabliers, j'en prends un et donne l'autre à mon voisin de table. Apparament il cuisine aussi, mais il est plus doué dans les réalisations salées. Ah c'est drôle. Moi c'est l'inverse. Je suis pâtissière. Mon ton ne peut s'empêcher de nuancer un zeste de fierté. La pâtisserie c'est tout un art. Suffit pas d'une baguette, une incantation et hop magie : un bon gâteau! La pâtisserie c'est bien plus compliqué que ça; chaque dosage, technique, demande de la précision.

Je suppose que la cuisine en demande tout autant. Je compte sur mon partenaire pour m'aiguiller. On fera un bon duo. Je m'appelle Charlie et toi? Je vais quand même pas le vouvoyer toute la soirée.

Tu esquissais un sourire quand la jeune femme t'avouait que c'était la première fois pour elle. « Après vous pourrez difficilement vous en passer ! » Et tu savais de quoi tu parlais parce qu'à chaque fois que tu posais le pied dans un nouvel endroit, tu participais à un cours afin de t'imprégner de la cuisine locale. Ou alors pour reprendre pied à la cuisine après avoir passé de longues semaines sans avoir pu cuisiner. C'était un moment pour toi, qui te permettait toujours de te recentrer, de prendre du recul sur ta vie et faire le point. « Vous travaillez chez Imogen ? Ou dans une boutique concurrente, peut-être dans votre propre enseigne ? » demandais-tu à la jeune femme après qu'elle t'ait avoué qu'elle sa profession. Effectivement, si elle était pâtissière, vous aviez plus de chance d'aboutir à un très beau résultat, à condition que tu gérais bien les choses de ton côté. Mais pour ça, tu n'avais pas trop d'inquiétude, c'était plutôt l'assemblage qui finissait par te poser problème. « Enchanté ! Et moi c'est CJ. » Elle se présenta et donna même un ton différent à la conversation puisqu'elle ne te vouvoyait plus. Tu n'allais pas continuer ainsi dans cas, surtout que vous alliez passer les deux prochaines heures à travailler ensemble. « Tu préfères faire la base ou la garniture ? » Il allait falloir se lancer dans la réalisation et pour cela, l'un devait s'occuper d'une tâche pendant que l'autre gérait le reste. Tu n'avais pas préférence particulière, la recette d'aujourd'hui était une tarte neenish, si elle était née en Australie, elle connaîtrait sûrement la recette, tu n'en avais qu'une fois dans ta vie, mais tu en avais mangé plus d'une.

On verra. Je t'avoue que je suis là pour me changer les idées. C'est devenue une manie chez moi. Plus je vais mal, plus je passe mon temps à monter les blancs en neige. Compenser fonctionne assez bien chez moi. Parfois ce n'est pas vraiment la meilleure solution, par exemple : oublier un homme avec un autre homme. Je n'y peux rien, comme toute femme, comme tout être humain, j'ai besoin d'être réconfortée.

Je remarque qu'il ne me tutoie pas et ça me déstabilise un peu. Pour ma part je le tutoie parce que j'aime la proximité et on se sent tout de suite plus à l'aise. Oui je travaille à Imogen. Et tu peux me tutoyer. dis-je avec un sourire. Je me présente et il le fait à son tour. CJ pour? Je me demande à quoi correspondent ces initiales.

Coup de chance aujourd'hui nous devons réaliser une tarte neenish, un petit délice coloré d'un glaçage rose et marron. Nous allons nous repartir les tâches. Pour ma part je vérifie avant qu'il ne nous manque de rien à notre table. Rien ne manque à l'appel. Si je fais la garniture, ça te va? Ça commence plutôt bien : j'aime le travail d'équipe. T'as déjà fait une tarte neenish? Il m'a dit qu'il cuisinait plus qu'il ne pâtissait.

La cuisine avait toujours été un bon exutoir pour toi et tu appréciais ces moments passés en cuisine. Encore plus lors d'atelier comme celui-ci parce qu'en plus de faire des recettes locales, tu en profitais pour faire de nouvelles connaissances. Tu étais un homme assez bavard et assez extraverti. Elle semblait l'être aussi, peut-être parce qu'elle se sentait elle aussi dans son élément. « C'est l'avantage de ces cours de cuisine, on oublie tous les soucis de la vie pour se concentrer sur la recette et on se sent plus léger à la fin. » Au point d'en oublier ce pour quoi on était venu au tout début. Pour l'instant, tu trouvais que ça fonctionnait plutôt bien pour toi. « Avec Charlize et Jake j'imagine ? Tu dois connaître Annushka aussi, elle y travaille comme vendeuse. » demandais-tu avec un grand sourire. Tu savais que la franchise avait plusieurs boutiques dans la région mais normalement il n'y en avait qu'une seule à Bowen. Après tu ne savais pas si Annushka s'y trouvait toujours, si elle avait trouvé un autre job ou si elle avait quitté Bowen tout simplement. Tu n'avais pas pris de ses nouvelles depuis un moment, tu devrais y faire un tour pour régler ça et si elle n'y était pas Jake, saurait sûrement t'aider. « Ca me convient oui ! J'en ai fais une quand j'étais plus jeune ! »Avec ton arrière grand-mère lors d'un de tes étés à Bowen, tu en gardais un bon souvenir et tu n'avais pas l'impression que la pâte serait si compliquée que ça à reproduire.

Plus que jamais je comprends ce que CJ veut dire. La cuisine, ou plutôt la pâtisserie, est ma manière de canaliser toutes mes émotions. Tu as des soucis à oublier? j'ose lui demander, piquée de curiosité. Parfois certaines personnes ont tendance à mieux se confier à des inconnus. Pour l'instant on apprend à se connaitre mais c'est le genre de confidence qui pourrait vite nous rapprocher. Je connais Charlize oui, justement c'est elle qui vient juste de m'embaucher. Je ne connais pas encore très bien toute l'équipe. J'ai l'impression que tu les connais bien mieux que moi. lui dis-je dans un sourire avant d'attraper le fouet. Premier cours de cuisine et la recette est une pâtisserie. Une aubaine. Nous établissons notre propre organisation, où lui fera la base de la tarte et moi la garniture. Pour terminer nous ferons le glaçage ensemble. Je garde tout de même un œil sur lui, lui qui a tester cette recette une fois, lorsqu'il était plus jeune. Oh oui c'est vrai que t'as l'air bien vieux! Je le charrie. Tu as quel âge? À première vue, notre écart ne doit pas être si signifiant.

La jeune femme n'hésitait pas à te demander si tu avais des choses à oublier et c'était bien le cas mais ce n'était rien de très important non plus. Juste Nevaeh et votre conversation à ton retour en ville.. « N'en a-t-on pas tous ? » ajoutais-tu, un sourire malicieux sur le visage. Peut-être que tu pourrais lui en parler par la suite, mas tu ne te le sentais pas tout de suite. « Annushka est celle que je connais le plus, Jake je l'ai déjà vu mais je ne le connais pas plus que ça, pareil pour Charlize. Bowen est une ville assez petite alors on finit vite par connaître tout le monde ! Et si tu es friande de potins, les Writers donne pas mal d'infos sur les habitants de la ville. Un peu comme Gossip Girl mais un peu plus cheap quand même. » Bien souvent c'était pour dénoncer des histoires de coucheries et ça n'avait pas grand impact au quotidien. Parfois c'était même tiré par les cheveux et c'était à se demander s'ils avaient pris de la coke ou autre substance suffisante pour faire fonctionner leurs imaginations. C'était plus un ramassi de conneries qu'autre chose. Tu prenais très peu de temps pour les lire, tu le faisais surtout lorsque tu étais à l'étranger, comme pour garder un lien avec la ville mais sans trop y accorder d'importance. « Je le savais qu'une fois passé le cap de la trentaine on était bon pour le cimetière ! » disais-tu avec un ton dramatique, tu n'étais pas un grand comédien mais tu savais jouer un peu la comédie. Tu sentais bien que tu avais passé un cap dans ta vie, la trentaine, tu ne l'avais pas imaginé pendant longtemps et maintenant que tu y étais, tu ne savais pas plus ce qui allait se passer dans l'avenir.

La cuisine est, selon moi, le plus bel échappatoire à nos soucis. CJ approuva. Peut-être bien, oui. affirmais-je, sans oser lui demander qu'est-ce qui le tourmentait dans sa vie en ce moment. Il pourrait trouver la question trop personnelle et je n'avais pas envie de lui paraître intrusive. Quoiqu'il en soit, le monde est petit à Bowen, et il s'avèrait que CJ connaissait du beau monde de l'enseigne Imogen. Il me parla aussi des Writers, qui se chargaient de raconter les potins des habitants de la ville. J'haussais les épaules. Oh oui je connais les writers. Mais franchement ça me fait ni chaud ni froid. dis-je, sans me douter un instant que, plus tard, j'allais être citée dans un de leurs articles. Trente ans. Ugh, je ne savais pas que ses cours acceptaient les grands-pères. plaisantais-je alors que je fouettais vivement ma crème. Je rajoutais un peu d'essence de vanille pour parfumer davantage la garniture. Je fus satisfaite de voir qu'elle devint parfaitement lisse. Tu goûtes? lui demandais-je en saisissant ma cuillère vers lui.

La conversation avait pris un autre tournant. Tu avais commencé par faire le listing des personnes qu'elle pouvait connaître au vue de sa profession. Pour ensuite parler d'un truc plus grand qui vous dépassez tout les deux. Tu n'avais pas la moindre idée de qui pouvait se trouver là-dessous même si tu soupçonnais le Maire de vouloir rendre sa ville actractive et qu'il se trouvait dans une période Gossip Girl. C'était juste dommage de mettre autant en avant la vie des habitants. Ethiquement, c'était pas très beau. « Tu as bien raison d'y accorder peu d'importance ! » Peut-être que si tout le monde arrivait à faire l'impasse sur ce média et son ramassi de connerie, tout cela s'arrêterait. Tu doutais que ça se fasse un jour, il y avaient des personnes qui avaient besoin de connaître la vie des autres, qui aimaient se réjouir de leurs malheurs. C'était dans la nature humaine. « Je serais presque vexé, mais j'vais la jouer cool. » ajoutais-tu avec une grimace avant de lui faire un léger sourire. The old man is in the place. Tu n'étais pas si vieux que ça, tu faisais le mariole parce que c'était plus facile d'oublier la réalité des choses. Tu étais bon pour te distraire toi-même des petits soucis de la vie. « C'est délicieux ! » affirmais-tu à la jeune femme juste après avoir pris soin d'y goûter. Tu avais fait le bon choix de lui laisser la préparation de la garniture. « De mon côté, la pâte va pouvoir être mise en cuisson. » Tu venais de finir de la préparer et de découper les ronds de tartes. Vous aviez assez bien avancés dans la préparation de votre recette, on pouvait dire que vous étiez une équipe efficace. Réaliser les préparations tout en discutant, faisant ainsi connaissance. Tu appréciais ce travail bien fait, ça te donnait un sentiment d'accomplissement.