(-18) here we are, under the stars (jacketh)

Devenir parent était sans doute l’un des plus gros sacrifices de soi, dans une vie, mais ce soir t’étais là pour rappeler à Beth qu’avant d’être mère, elle était femme, et que son corps avait des besoins qu’elle avait sans doute trop mis de côté, écartés par honte et pour le bien de sa fille. Il n’y avait aucun mal à penser à soi, à son propre plaisir, et tu permettrais à Beth de renouer avec cette sphère-là de sa personne. Tu ne te prenais pas non plus pour une force plus grande que tu ne l’étais, t’étais un homme comme un autre, mais tu prenais le temps, contrairement à d’autres, de faire les choses correctement. Tu n’étais pas pressé, tu n’étais pas impatient, au contraire tu te délectais de chaque seconde qui s’écoulait sur le corps de la brunette. Ta bouche découvrait l’intimité de la jeune femme, dont l’odeur t’enveloppait et t’enivrait. Elle se cambrait toujours un peu plus, à chaque fois que son plaisir était porté à un autre niveau. Quand tu sentis qu’elle était prête à te recevoir et que ses jambes s’ouvrirent même un peu plus pour t’inviter pleinement en elle, tu te redressas et te penchas pour retrouver le préservatif que tu avais glissé dans la poche de ton pantalon avant de sortir de la voiture. Tu le déroulas sur ton sexe et, une fois bien en place, tu rapprochas encore ton bas-ventre de celui de Beth. Ta main guidant ton membre, tu t’inséras doucement en elle, adoptant d’abord une cadence agréablement lente, pour que la brunette s’habitue à ta présence en elle. Tu te penchas sur elle pour retrouver ses lèvres, ne mettant pas de côté le romantisme de votre union, bien que certains vous considéreraient encore comme des étrangers l’un pour l’autre.

Jamais elle aurait cru faire ça. Pas faire l'amour, non, Beth avait des envies qui grandissaient et elle avait d'ailleurs confié à sa meilleure amie que parfois elle ressentait le manque d'intimité. Ce qui était nouveau pour elle, c'était de se laisser aller avec autant de facilité, de laisser un homme la toucher comme Jackson le faisait, qui plus est dans un endroit aussi public que le sommet de la falaise. Il n'y avait personne, il se faisait tard, mais ils étaient tout de même à découvert, sous les étoiles. Beth était complètement nu, adossé au capot de sa voiture, sous l'emprise de Jackson qui s'était dirigé vers son intimité. Tout le corps de la traductrice était en alerte, toutes les sensations étaient nouvelles pour elle. D'abord, parce qu'elle avait presque oublié ce que c'était, de ressentir du plaisir sexuel, de se faire embrasser là, tout en bas, là où la langue de l'acrobate faisait ses tours de magie. Mais aussi parce qu'elle n'avait pas fait l'amour depuis son accouchement et qu'à présent, elle n'avait plus le même corps. Les sensations étaient douces, surprenantes, haletantes, même, alors que Jackson goûtait à son désir qu'elle lui faisait comprendre par de petits gémissements. Gémissements qui augmentaient, alors qu'il laissait sa langue chatouiller le clitoris de la jeune maman. Et s'ils n'auraient pas été dans un endroit aussi écho que le sommet d'une falaise en pleine nuit, elle se serait sans doute laisser prendre par des cris de plaisir. Au contraire, elle étouffait ses sensations, son corps en transe, qui en demandait plus encore. Dans son intimité, c'est un feu d'artifice mélangé à des chatouillements qui lui faisait fermer les yeux sans même le vouloir, le sourire pincé, lèvre mordillée. Elle haletait, jusqu'à ne plus rien ressentir. Pause, le temps que Jackson vienne guider son sexe en elle, doucement, sans urgence. À cette sensation, Beth ouvrait les yeux, le regardant faire jusqu'è ce qu'il vienne embrasser ses lèvres. Elle y répondit avec fougue, enlaçant le brun de ses bras, pressant sa poitrine contre son corps, ses jambes qui viennent se refermer autour de la taille de Jackson comme un étau, histoire de le sentir encore mieux effectuer de doux allés-retours en elle. Si on les considérait encore comme des inconnus à ce stade, à partir de maintenant, Beth et Jackson, ils ne l'étaient plus vraiment.

Le vent frais du sommet de la falaise faisait frissonner vos corps mais son effet paraissait si moindre à côté du désir frémissant entre vous. Tu ne portais même plus attention à la chaire de poule qui donnait du relief à ta peau, jusqu’à celle de tes fesses, parce que du bout de ses doigts fins, Beth arrivait à faire radier une énergie qui réchauffait tes terminaisons nerveuses au point de transmettre cette chaleur à tout ton être. T’avais même plus l’impression que vous étiez au beau milieu de la nuit, à deux cent mètres d’altitude, non t’avais l’impression que vous étiez hors du temps, hors de ce monde. C’est peut-être pour cette raison que t’en avais rien à foutre que d’autres rêveurs débarquent en haut de la falaise pour contempler les étoiles. T’avais même plus l’impression que ces gens-là pouvaient exister. Ils étaient de minuscules points tout en bas et vous, vous étiez si loin, si haut. Et t’avais pas envie d’arrêter de monter, alors tu laissais le plaisir escalader, comme des plantes grimpantes qui chatouillèrent d’abord vos pieds avant de s’enrouler autour de vos membres, scellant vos corps ensemble, décuplant le sentiment électrisant qui les traversait. T’avais suspendu le temps un peu plus encore, juste pour doucement glisser ton sexe jusqu’en Beth, après avoir pris les précautions nécessaires. Tu t’inséras avec une exquise lenteur, pour qu’elle s’habitue à ta présence en elle, puis tu débutas des vas-et-viens intimes en venant rechercher ses lèvres qui manquaient à ta bouche. Elle referma ses jambes autour de ta taille, t’emprisonnant contre elle, cellule d’extase de laquelle tu ne voulais pas être libéré. La respiration haletante, tu ne cessais de l’embrasser avec fougue que pour reprendre ton souffle, avant de te replonger dans cet empressement incontrôlable. Cambrant légèrement le dos, et courbant celui de Beth vers l’arrière d’un doux mouvement incitatif, tu laissas ta bouche retrouver sa poitrine. T’avais envie de la sentir s’enflammer contre toi, et exploser tout autour de ton sexe.

Ils étaient comme des étoiles. Tout en haut de cette falaise, loin de la réalité, loin des autres. Ils brillaient, l'un devant l'autre, l'un dans les bras de l'autre, l'un pour l'autre. Ils étaient loin, oui. À des années lumières de ce qui se passait autour. Et ça en était tellement déroutant. Jamais Beth n'avait fait quelque chose d'aussi fou. Et jamais elle n'aurait pensé en apprécier les sensations. Et sans même le savoir, il la transformait, il la transposait, il la transportait, s'insérant en elle avec une si délicieuse lenteur qu'il procurait à Beth des frissons qu'elle n'avait jamais ressentis auparavant. C'était doux, mais à la fois pressant, urgent. Savoureux, mais aussi passionnel. Rejoints par les lèvres de Jackson, leurs désirs ne cessaient de se décupler, alors que les va-et-vient, eux, guidaient le rythme de leur échange. Beth se laissait bercer par les gestes de Jackson, ses jambes autour de sa taille, ses bras refermés dans son dos, caressant au passage les muscles définis qu'il avait et qui se crispaient sous ses doigts. Elle répondait à ses baisers avec la même amplitude, la même envie de lui, tellement forte qu'on pouvait presque la toucher des milles à la ronde.

Jackson guidait la danse, c'est bien ce que la brune lui avait demandé. Ses gestes étaient assurés, sachant très bien quel prochain mouvement assurerait un plaisir intense. Doucement, il incita la traductrice à se cambrer, délogeant sa poitrine de leur étreinte pour venir l'embrasser. Ses lèvres avaient commencé par embrasser la peau drapée autour de son sein. Puis, elles s'étaient dirigées vers son mamelon qu'il titillait de petits baisers avant de s'y amuser avec sa langue. Les sensations de Beth s'intensifiaient. Et elle aurait aimé lui rendre l'appareil. Mais elle ne savait comment faire pour lui donner du plaisir, pour la rendre encore plus désirable. Doucement, elle ondulait le bassin, tentant de trouver sa place dans leur échange, de lui montrer ce qu'elle pouvait avoir dans le ventre, alors que sa tête se relâchait sous le plaisir qu'il lui délivrait. Plaisir qui montait, doucement, lentement, qui était bien trop près de l'orgasme. Beth laissa un couinement s'échapper, sentant le plaisir monter en elle. Elle en était presque à sa merci.

Longtemps, les acrobaties aériennes avaient été pour toi la source principale d’exaltation, un rush enivrant de plaisir et de chaos tout en même temps. Tu pensais que c’était la seule manière d’atteindre une sorte de nirvana, un paradis d’endorphines, quand toutes les lumières étaient braquées sur toi et que tu virevoltais. Mais là, les petites étoiles, autant celles du ciel que celles de la ville tout en bas, elles ne te plongeaient pas dans la lumière. Elles ne faisaient que briller, faiblement, pour vous. Et tu ne virevoltais pas. Tu flottais, le temps en suspens, ton corps lové contre celui de Beth. Pourtant, c’était tout autant étourdissant que de faire des tours sur toi-même à une vitesse trop rapide pour l’œil mal entraîné. Beth te transportait. Tu ne saurais dire si c’était sa fragilité, son hésitation, ou au contraire son sentiment de renaître de ses cendres afin de revenir la femme pleine de sex appeal qu’elle avait certainement un jour été, mais tout en elle te faisait actuellement vibrer. Et si tu croyais qu’elle en avait fini de te surprendre, ton corps te fit rapidement comprendre le contraire alors que la jeune maman ondula son bassin, d’abord doucement, puis avec un peu plus d’assurance, encouragée par le changement dans ta respiration qui se faisait haletante. Tu commençais à avoir les jambes molles, tes chevilles étaient moins solides et tu posas d’ailleurs tes mains de chaque côté de Beth, sur le capot, pour donner un peu de répit à tes membres inférieurs qui étaient sur le point de se dérober devant ce plaisir incontenable. La jeune femme démontrait elle aussi tous les signes du bonheur charnel à son apogée, le court couinement s’échappant d’entre ses lèvres te le confirmant. Tu redoublas d’ardeur, le tour de magie final alors que vous vous apprêtiez à exploser ensemble en un million de confettis. Mais la beauté de l’effet, c’était que vous ne disparaîtriez pas. Une fois tous ces confettis retombés, vous étiez encore là, l’un devant l’autre, l’un contre l’autre, vos corps fatigués mais vos esprits en pleine ébullition. L’après-coup de l’orgasme électrifiant, qui à lui seul aurait pu rallumer tout un ciel sans étoile.

Les lumières des projecteurs lui faisaient peur. Elle n'aimait pas être sur la scène, à l'avant plan. Et, pourtant, ce soir, ces petites lumières, ces million de minuscules projecteurs, ne lui faisaient plus peur. Ce soir, elle reprenait d'assaut sa féminité. Elle revivait. Elle se sentait plus femme que jamais. Et ça avait un rapport bien étroit avec Jackson et sa tendresse. Jackson et sa compréhension. Jackson et sa douceur. Si dès le départ les coups de reins avaient été initiés par l'acrobate, à présent Beth s'y joignait, ondulant son bassin, créant elle aussi des remous dans les vagues de plaisir qu'ils partageaient. Elle se laissait aller, se faisait confiance, gagnait de la fierté à entendre le son de la respiration de son partenaire changer au fur et à mesure que le plaisir mutuel grandissait.

Le plaisir montait jusqu'à le laisser s'entendre. Beth retenait à présent difficilement ses gémissements. Seuls les cris de satisfactions qu'elle avait envie de laisser percer dans la nuit était contrôlés, ceux qu'elle rêvait de laisser entendre mais dont elle n'était pas encore assez à l'aise pour laisser voir le jour. Ce n'était pas en une nuit qu'elle changerait complètement. Et, déjà, elle s'était ouverte à ce qu'elle croyait perdu pour toute sa vie de nouvelle maman. « Jackson », soupirait-elle entre deux coups de hanche. « Embrasse-moi », lui demandait-elle d'une toute petite voix. Elle voulait le sentir une dernière fois poser ses lèvres contre elle pour l'amener au septième ciel. Jackson ne perdit d'ailleurs pas un instant pour redoubler d'ardeur, comprenant aux non-verbal de sa partenaire que le moment ultime de cet échange était près d'arriver. Et contre ses lèvres, elle laissait la jouissance l'envahir, soupirant, chuchotant des gémissements qu'elle voulait garder que pour eux deux, dans leur intimité qu'elle ne partagerait qu'avec ses souvenirs. La brune resserrait son étau autour de Jackson, refermant ses bras autour de lui. Et quand elle le sentie lui aussi rassasiée, elle le laissa tomber contre son corps, s'allongeant sur le capot de la voiture. Silencieuse, elle écoutait sa respiration reprendre un rythme régulier. Et elle osa briser le silence, dessinant des petits ronds dans le dos de l'athlète. « Merci... » Il ne le savait pas, mais Jackson venait de changer la vie de Beth.

Vous auriez pu hurler votre plaisir comme des loups, sur le bout de cette falaise où vous auriez pu penser être les rois. Le contexte se prêtait à ça, tous les deux sous la lune, vos corps presque nus baignant dans la lumière comme si elle n’était là que pour vous éclairer tous les deux. Mais Beth te gardait comme un secret entre ses lèvres, gardant en réserve ses cris qui auraient pu déchirer le silence de la ville. Ça vous enveloppait davantage dans un voile d’intimité, et ce n’était pas pour te déplaire. Quand elle te demanda de l’embrasser alors que vous étiez tous les deux à deux doigts de l’extase, tu hissas ton visage jusqu’au sien pour que tes lèvres s’emparent de sa bouche. Tu embrassas Beth avec douceur et ardeur qui se succédaient dans une danse pulpeuse sur laquelle tu n’avais pas trop le contrôle. Entre les vas-et-viens plus insistants, ton corps qui explosait d’énergie vivifiante et vos baisers, tu perdais la tête, tu perdais le cap. Beth atteignit l’orgasme contre tes lèvres, sa jouissance se mêlant à ton souffle, et tu ne tardas pas à la rejoindre d’un corps tremblant d’extase, de délivrance. La jeune femme relâcha tous ses muscles, son corps plus tôt lové contre le tien épousant maintenant la forme du capot de la voiture. T’aurais presque pu la jalouser, cette voiture, si Beth ne venait pas tout juste de t’offrir un moment si magique. Tu restas un moment en silence, penché au-dessus d’elle, le vent frais donnant la chair de poule à ton corps qui se refroidissait peu à peu. Beth brisa le silence après avoir dessiné une quinzaine de cercles dans ton dos. Tu plongeas tes yeux dans les siens alors qu’elle te remerciait. Tu souris. On ne t’avait pas souvent remercié pour une relation sexuelle, au cours de ta vie. Mais tu comprenais toute la profondeur de ce remerciement, du message derrière. « Anytime. » Avais-tu soufflé avant qu’un doux rire ne complète ta réponse. T’aurais pu rester là des heures encore avec Beth, mais le temps passait, la lune progressait dans le ciel, et il serait bientôt temps de repartir, de te laisser raccompagner. Et de t’endormir ce soir avec le doux souvenir de cette femme à part.

C'était doux et bon, mais tellement paradoxale en même temps, loin de ce qui ressemblait à Beth Ellington. Si elle rentrerait en Angleterre le lendemain et qu'elle racontait cette nuit à ses copines, personne ne la croirait. Personne. Parce que sortir avec un garçon qu'elle connaissait à peine, le laisser la déshabiller avec volonté, lui faire l'amour, ce n'était tellement pas Beth Ellington. Beth, elle était la jeune femme timide, celle qui se cachait derrière ses grandes mèches brunes et qui parlait livre plutôt séduction. Elles ne la croirait pas, encore moins lorsqu'elle leur décrirait l'homme physiquement parfait qu'elle avait réussi à séduire. Mais, vous allez me dire, elles ne l'auraient pas cru non plus pour sa grossesse, parce que cette histoire, cette amourette de vacances avec un homme bien plus âgé qu'elle, ça non plus ça ne lui ressemblait pas. Et, pourtant, il n'y avait pas plus vrai qu'Ivy Wlliams-Ellington.

Dans de doux murmures, cette pause si la vraie vie s'était terminé en extase silencieuse. Deux corps qui s'étaient cherchés et qui, finalement, s'étaient trouvé de la plus belle des façons, laissant Beth découvrir que son rôle de maman ne changeait pas la femme qu'elle était. Une dernière demande avant que l'orgasme se fasse ressentir et presse leur envie de se laisser aller, un dernier baiser qui fit monter la pression, mais toujours avec cette tendresse infinie, comme si Jackson avait peur de la faire détester leur moment s'il faisait un pas de travers. Et, pourtant, il venait de lui faire le plus beau des cadeaux en lui offrant cette douceur. Elle était pas certaine que ce qui était arrivé ce soir se reproduirait, qu'ils auraient à nouveau la chance de se perdre l'un dans les bras de l'autre. C'était peut-être une histoire d'une fois, un seul moment de faiblesse. Mais ce qu'elle savait, Beth, c'est à quel point Jackson était une belle personne. Et elle espérait que leur route se recroise, même si elle devait changer de nature.

Ils ne bougèrent plus, de longues minutes. Tétanisés par le froid, ce fut leur énième frisson qui leur indiqua que le temps et le retour à la réalité avait sonné. Ils s'étaient rhabillés, silencieux, mais tellement remplit de quelque chose dont la jeune maman ne pouvait décrire avec des mots. Et ils avaient regagné le bas de la ville, le retour sur la terre ferme, Bowen et ses maisons endormies dans la nuit. Devant chez lui, Beth glissait un dernier baiser sur les lèvres de Jackson. Peut-être qu'elle espérait, d'une part, qu'elle l'ait autant marqué que lui l'avait fait.

fin?