Les amis, les amours, les emmerdes [ft. Jeremy]

"Et merde, fais chier." Un peu mauvais joueur parfois, je balance les cartes sur le tapis de jeu, m'allumant une cigarette comme si ça allait atténuer ce petit goût amer que je ne connais que peu. "Non mais oui, ce que je te disais c'est que l'une de mes filles qui fout un peu sa merde à sa façon, en me mentant, ce genre de choses. J'suis même au point de la suivre personnellement pour voir comment elle travaille. J'ai pas que ça à foutre pourtant, j'comprends pas pourquoi elle me fait ça. J'suis peut-être trop gentil." J'me lève de table, me sers un verre et ramène carrément la bouteille de rhum pour que Jeremy puisse se servir s'il en a envie. Sauf s'il est porté sur le whisky ou tout autre chose, la "cave" est pleine. "Comment toi tu te portes avec tes jeunes, histoire que j'ai une idée. Vraiment, je crois que je m'y prends mal mais ça ne m'a jamais porté préjudice avant mais depuis qu'elle est là, j'ai l'impression de ne plus rien gérer." Je pousse un long soupire, bois une gorgée. "Elle fréquente même un autre dealer. Tu ne sais pas si l'un des tiens fréquente l'une des miennes pour le coup?" S'il me répond négativement, je saurais pour qui il travaille. Des grands hommes d'affaires en ville, il n'y en a pas des masses; il y a eu Jeremy dans un premier temps, j'suis dans le métier depuis quelques années déjà mais le dernier en date n'est rien d'autre que Soren, ce mec qui me sort part les yeux à cause de sa manière d'être.

Comment peut-il me demander de ne pas râler? Il gagne la majorité du temps. J'vous jure que j'marque à chaque fois d'une pierre blanche les moments où je finis vainqueur et croyez-moi, ce n'est pas si souvent que ça. Mais j'reviens rapidement au problème. Amaranth. Bordel. J'sais bien que ça n'a jamais été bon les boys qui n'en font qu'à leur tête mais je n'arrive pas à gérer. Pourtant je sais me montrer ferme lorsqu'il le faut, tous les autres m'obéissant comme il se doit mais elle... J'soupire en entendant ses conseils. J'm'étais fait déjà une petite place sans forcément arriver à tant de violence et je ne me verrais pas tabasser une femme pour qu'elle comprenne, ou même encore la buter même si j'en serais capable. "Peut-être faudrait-il simplement que je lui fasse peur, peu importe la manière." Et j'me détestais de penser comme ça mais il faut bien qu'à un moment donné je resserre les vis. J'lui raconte même qu'elle fréquente quelqu'un d'autre, m'affirmant qu'il se renseignera à ce sujet de son côté. "Merci bien. Si ce n'est pas l'un des tiens, il ne peut appartenir qu'à Sören, j'vois que ça de toute façon." Et je ne suis clairement pas prêt à croiser ce mec. Non pas que je le crains, non j'le méprise juste. Rien de plus. Il m'demande son blaze. "Amaranth Salazar, elle est là depuis un an." répondis-je dans un premier temps. "C'est ce que je pensais faire oui, j'pense surtout que pour l'instant j'la laisse faire juste pour voir où elle pourrait aller mais plus le temps avance, plus je pense à la pourrir." Et je choisis bien mes mots. J'reprends une gorgée. J'installerai probablement d'ici peu une caméra de surveillance pour au moins avoir la gueule en image de ce mec qu'elle fréquente. Ca permettra ainsi de mettre la main dessus et d'y aller franco sur lui, comme un avertissement autant pour lui, de ne pas toucher à mes gosses mais surtout pour elle. Du moins, si c'est dans le pire des cas l'un des jeunes de l'autre Suédois et bien entendu je réagirais avant s'il me dit que c'est l'un de ses gars. On saura très bien quoi en faire. "D'ailleurs, t'aurais pas un peu de poudre? J'vais en avoir besoin dans pas longtemps." demandais-je simplement, laissant cogiter un peu mes pensées sur la blonde. En soi tout était dit, la faire virer et j'aurais peur de passer pour un con si je venais à poser certaines questions. Mais ne dit-on pas que c'est en ne demandant rien que nous retrouvons à être le plus idiot? "Et éclaires-moi juste. J'peux bien avoir des idées mais comment tu t'arrangerais pour faire disparaître quelqu'un sans que ça ne fasse de vague? Tu sais bien qu'j'suis pas du genre à utiliser ces manières mais ne sait-on jamais si on jour je venais à perdre la tête et à aller trop loin." Un simple conseil entre collègues et amis. J'me bidonne un peu. "Et te fous pas de ma gueule surtout, c'est sérieux. En général les poings suffisaient pour faire régner l'ordre mais si ça ne suffisait plus, tu vois..." ajoutais-je.