Invité | Sujet: Fallen angel | ft. Lux Jeu 30 Avr 2020 - 22:14 | |
| Fallen angel EXORDIUM. Depuis ce matin, je n’arrêtais pas de courir dans tous les sens. Je n’avais même pas eu une minute à moi, au point que je profitais de m’en griller une en allant du point A au point B. Je n’avais même pas pris le temps de m’arrêter à midi, histoire de me remplir le ventre. À vrai dire, je n’avais même pas faim. Il n’y avait que la traque. La recherche d’indices. La capture de criminels. Rien d’autre ne comptait, dans ces moments-là. Le travail m’avait à nouveau happé tout entier. De retour au commissariat – de la paperasse m’attendait – je n’eus pas le temps d’aller bien loin. Je me fis intercepter par un de mes collègues, un vieux de la vieille, qui faisait tout autant que moi – du mois, avant – partie du décor.
« Mitch’s, j’ai besoin que tu me rendes un service ». Tout en parlant, il s’approcha de moi, alors que je m’étais arrêté à l’énoncé de mon nom. Je fronçais les sourcils, attendant la suite. « J’viens de recevoir un coup d’fil du chef, j’dois me rendre à l’autre bout de la ville sur une nouvelle scène ». Et ? pensais-je, sans rien dire. Je croisais les bras, attendant qu’il crache le morceau. « J’étais censé aller chercher quelqu’un mais … tu pourrais aller à ma place ? » Un court instant, il parut gêné. « En plus, je crois que c’est mieux si tu y vas toi. T’es … » Il se passa une main dans les cheveux, signe de nervosité chez lui. « Bref, c’est quelqu’un que tu connais ». Sans me laisser le temps de répondre, il me tendit un bout de papier, où l’adresse était notée. Il partit en coup de vent, criant au milieu du couloir. « J’te revaudrai ça, promis ». Dans quelle merde m’étais-je encore fourré. Je soupirais, faisant demi-tour, tout en dépliant le papier. Je m’arrêtais net. M. Lux Sévigny,. Suivi d’une adresse.
Putain.
Une fois le choc passé, ni une ni deux, je filais en direction du garage, descendant les escaliers à toute vitesse. Après une rapide recherche sur internet, j’avais vite compris de quoi il retournait. Installé dans ma voiture, j’introduisis les coordonnées gps et je démarrai sur les chapeaux de roues. J’avais du temps devant moi, elle était censée sortir dans une heure et, selon les données du gps, j’y étais en trente minutes. Sur le chemin, j’avoue, je ne fis pas très attention à la vitesse à laquelle je roulais. Tout un pan de mon passé défilait sous mes yeux. Ezra et moi, à l’école de police. En colocation. Notre amitié. Nos 400 coups. Nos disputes, embrouilles. Tout y passait. Et sa petite sœur. Toute juste adolescente quand Ezra avait eu un accident. Cette pauvre gamine, qui avait déjà assez souffert alors que sa vie ne faisait que commencer. Quel âge avait-elle maintenant ? La vingtaine ? Dans quoi s’était-elle embarquée ? Tout du long des kilomètres avalés, j’essayais de mettre de côté mes remords, ma culpabilité. Depuis que j’avais disparu, changé de vie à Londres, je ne mettais jamais inquiété de ce qu’étais devenu Ezra. Même pas une fois. Et je sentais, au fond de moi, que j’allais m’en mordre les doigts.
Arrivé à destination, j’avais un peu plus d’un quart d’avance sur l’heure prévue. Je sortis de la voiture, m’appuyant contre la portière, allumant une cigarette. Une grosse dose de nicotine était nécessaire pour affronter les événements à venir. Tout en tirant sur mon mégot, je regardais devant moi le centre de désintoxication. L’architecture était la même que partout ailleurs. Un endroit qui se voulait gai mais qui, au final, reflétait que de la désolation.
À l’intérieur, c’était la même chose. Les murs étaient blancs immaculés, le comptoir de la réception brillait. Des plantes avaient été disposées dans tous les coins. Juste pour donner l’illusion d’un endroit parfait. D’un nouveau défi. Foutaises. Je m’approchais, fébrile, esquissant un sourire à la réceptionniste. « Bonjour. Je suis venu chercher Mlle Madisson Lux Sévigny ». L'attente pouvait commencer. Les fantômes du passé comme compagnons.
|
|