Retrouvailles après un bail (Charlie K)

Mercredi soir, 18h30. D'un regard furtif, Rosalie jeta un regard sur l'horloge de son téléphone portable : il lui restait une heure devant elle pour se préparer. Elle s'était laissée entraîner par l'épisode d'une telenovela qu'elle venait de découvrir. Il était important de savoir pour elle si Rodrigo se remettait avec Paola sachant que Carlos l'avait mise enceinte. En plus de cela, la tante de Lola avait tout bonnement disparu et elle faisait équipe avec Pedro,le flic aux méthodes douteuses mais au corps parfait. Bref, que de rebondissements pour Rosalie qui parvenait ainsi à oublier son stress du boulot et tous ses autres tracas. C'était un peu sa bulle cette série, son plaisir coupable. Non seulement pour ces histoires rocambolesques qu'elle ne connaîtrait jamais mais aussi parce que personne ne pourrait remettre en question ses goûts. Elle savait qu'aucun mec (petit copain ou pote) ne visionnerait toute la saison avec elle (qui s'avérerait sûrement interminable) alors elle se chargeait elle-même de regarder. Toutefois, l'heure avait sonné pour elle de se préparer avant d'aller chercher Charlie. Elle était contente de la retrouver après cette longue période passée sans la voir. Elle était son ancienne belle soeur, la frangine de ce stupide Ariel. Elle était contente d'avoir tissé une relation privilégiée avec elle, d'être en quelque sorte une oreille attentive, une conseillère de shopping ou de vie. La retrouver à Bowen était surprenant, un cadeau qui n'était pas empoisonné contrairement à ses échanges avec Ariel au Starbucks. Le seul point positif était qu'il avait dit à la jeune femme que Rosalie était ici. Elle devait bien lui reconnaître ça.

Elle fila sous la douche avant de choisir son habit de soirée. Elle hésitait entre plusieurs robes avant de jeter son dévolu pour une d'un bleu électrique. Elle laissa ses cheveux détachés et se pomponna avant de redescendre et enfiler ses escarpins. Elle sortit de l'appartement et embarqua dans sa voiture de location. Elle était plutôt à l'heure, l'autoradio indiquait 19h30. Le temps de récupérer la belle et d'aller dans un restaurant chinois dans le quartier jeune. C'était sans nul doute l'un des endroits préférés de Rosalie à Bowen pour sa dynamique. Elle conduisit prudemment, se remémorant les conseils de son ancien moniteur de ne pas appuyer sur le champignon sur les lignes droites. Elle arriva une quinzaine de minutes plus tard devant l'immeuble de Charlie. Enfin plutôt celui d'Ariel. Un sursaut lui parvint à sa seule pensée. Et s'il sortait d'ici, une belle à son bras? Si il la voyait et pensait qu'elle le suivait ? Non, non, mieux vaut ne pas y penser. Elle releva la tête et vit la jeune femme au loin. Elle n'avait pas changé. Elle coupa le contact et sortit de la voiture en lui faisant signe.
_ Hey Charlie! Me voilà!. Elle attendait devant la voiture, prête à la serrer dans ses bras. Elle lui avait manqué, c'était indéniable. Alors la revoir ici était du pain béni.

Si j'ai un conseil à donner à un(e) ami(e) en peine de cœur, je lui dirais ne t'accroche pas au passé. Ces derniers jours, c'est un conseil dont je n'ai cessé de me répéter. Je crois que je commence à aller mieux. À me faire à l'idée que je ne le verrais plus jamais. J'en oublie pas que tout est de ma faute mais j'essaie de ne pas y penser car quand j'y repense j'en ai la boule au ventre.

En amour, je ne suis pas la seule à avoir merdé. A croire que les Keynes ne sont pas très doués dans leurs relations amoureuses. Mon frère Ariel a autrefois connu une belle histoire avec une fille. Rosalie. Je l'aimais bien. Je la trouvais plutôt cool et jolie. Le genre de belle-sœur qui m'irait. J'ai eu un peu les boules lorsque j'ai appris qu'il l'avait trompé. Ce n'est pas pour autant que nous avons cessé de nous parler. Après tout, j'y suis pour rien, moi. J'suis juste désolée pour eux.

Enfin bref. Mon retour à Bowen m'a permis de reprendre contact avec Rosalie. On voulait se voir, rattraper le temps perdu. Je sais qu'elle a croisé Ariel récemment. Peut-être qu'elle voudra en parler. En tout cas moi, j'aurais dû mal à retenir ma curiosité. On s'est convenu de se faire un restau et qu'elle vienne me chercher. J'ai enfilé ma plus belle blouse vert émeraude et un jean confortable. Je dévale les escaliers et la rejoins près de sa voiture. Hey! Comment tu vas? Ça fait plaisir de la revoir alors je la prends tout de suite dans mes bras.

Retrouver Charlie après autant de temps était vraiment une occasion inespérée. Peut être parce qu'elle était son alliée face à Ariel ou peut être parce qu'elle demeurait la chose positive dans sa relation avec lui. Elle avait toujours eu une certaine complicité avec elle, à jouer de ses conseils en matière de shopping ou autre. La perdre de vue avait été fort désagréable. Elle sait qu'elle aurait dû s'accrocher, lui donner plus de nouvelles mais la rupture avec son grand frère avait été tellement brutale qu'elle avait coupé court. Continuant à converser avec elle, elle avait compris que leurs échanges seraient moins réguliers et qu'elle devait renoncer à Ariel.

D'aussi loin qu'elle se souvienne, Charlie n'avait pas eu beaucoup de chance en amour. Une sorte de camarade du même bateau il faut croire. Celui de l'espoir ou celui du désespoir ? Elle n'en savait foutrement rien. Peut être lui donnerait t-elle des nouvelles plus réjouissantes, des anecdotes assez croustillantes ? Elle était impatiente de la voir pour en savoir plus.


Elle arriva avec une jolie blouse verte et un jean. Elle avait cette facilité déconcertante pour être à la fois habillée et décontractée. Comme un style urban chic. Elle arriva rapidement près de la voiture, répondant positivement à son geste de la main. Charlie la prend dans ses bras. Rosalie reste quelques instants dans ceux-ci, la serrant contre elle. Que c'était bon de revoir quelqu'un de son passé, de sa vie ici à Bowen. Cela la réjouissait plus qu'Ariel bien qu'il restait l'élément commun pour elles deux. Elle lui fit la bise avant de répondre. _ Eh bien écoute ça va super! Monte en voiture, c'est moi qui conduis et je vais où tu me diras! . Elle connaissait sûrement un peu plus de restaurants et pour Rosalie, c'était un plaisir de l'emmener pour papoter et manger tranquillement en ce soir de semaine. Une sorte de détente avant le rush de la fin de la semaine. Elle mit le contact et passa la première vitesse avant de reprendre l'avenue principale. Elle en profita pour lui demander plus d'informations sur sa vie, son quotidien australien. Gardant l'attention sur la route, elle lui demanda. _ Alors je veux tout savoir! Depuis quand es tu à Bowen ? Et surtout... comment ça se fait que tu vis dans le même appartement que ton frère ? . Elle débutait assez fort avec toutes ces questions mais elle voulait assouvir sa curiosité, Rosalie. Signe de son happiness de la revoir.

Il y a de fortes chances que Rosalie considère mon frère comme un foutriquet. Difficile de lui en vouloir car il s'est minablement comporté. Attention, je dis pas que je vaux mieux que lui, et jamais vous me l'entendrez le dire. Au contraire, je me suis minablement comportée. À croire que c'est génétique. Keynes : individu incapable d'avoir une relation amoureuse saine. Ça devrait être dans le dico, bordel. Mais on resterait seuls jusqu'à la fin des temps. Je vais éviter de divulguer cette idée.

En attendant je dois un peu de franchise à Rosalie. Après l'avoir enlacé et m'être confortablement installée dans sa voiture, je sais déjà qu'elle ne va pas tarder à me poser la question qui tue. Va au centre ville je t'indiquerai... Je suis contente de te voir! Mon excitation ne dure pas trop longtemps car effectivement Rosalie me pose la quetion tant apprehendée. Pourquoi ai-je emménagé chez mon frère à Bowen? Allez Charlie, sois brève, pas de détails. Disons que j'ai débarqué il y a une bonne dizaine de jours. J'ai abandonné mes études à Sidney. J'ai rencontré un type, un pâtissier. J'ai pris goût à la pâtisserie, on travaillait ensemble. Mais ça ne s'est pas très bien passé alors je suis venue ici. Ariel m'héberge le temps de retrouver du travail. Pas trop mal comme résumé. Inutile de préciser que j'ai planté mon ex comme une vieille chaussette. Entre mon frère qui l'a trompé et moi qui quitte mon ex sans dire un mot, j'ai peur que Rosalie finisse par nous détester tous les deux.

Si observer Charlie dans la voiture lui ramenait inlassablement au frère qu'elle avait aimé et perdu en ce soir de juillet, Rosalie devait tout de même admettre qu'elle avait eu la meilleure des amitiés avec elle. Une personne dont elle se souciait et qu'elle espérait avoir un quotidien des plus sereins. Il y avait certes de la rancoeur pour Ariel mais la soeur ne devait pas payer les pots cassés de ses erreurs. Qui plus est, on ne sait jamais l'avenir non? Il serait bête de se la mettre au dos si jamais... Enfin il ne fallait pas employer ce conditionnel si aisément, la situation était loin d'être des meilleures auspices avec l'aîné Keynes.

Rosalie acquiesce d'un signe de tête, prête à donner le gps à Charlie qui connaît mieux la ville qu'elle. _ Parfait je te suis! Enfin je t'écoute plutôt ! lui dit t-elle en rigolant. Elle ajouta, touchée par sa joie de la revoir. _ Moi aussi, ça fait trop longtemps que l'on ne s'est pas vues!

Elle met son clignotant gauche pour tourner et écoute l'explication de Charlie quand à son logement chez Ariel. Elle se concentre et baisse la tête. Quel dommage qu'elle ait connu une rupture, ce genre de choses que l'on souhaite à personne. Elle lui répond, d'une voix douce. _ Ah je vois... Je suis désolée pour toi. C'est pas cool quand ça ne se passe pas comme on le veut. Mais du coup comment c'était Sydney ? Je veux goûter tes pâtisseries! . Elle ne devait absolument pas oublier de lui demander ses CV pour qu'elle les transmette à ses futurs acheteurs. Autant dire qu'elle lui ferait de la publicité comme il se doit. Elle devait reconnaître à Ariel qu'il avait toujours pris soin de sa soeur, qu'il était un bon frère pour elle. Alors l'héberger était tout à fait normal.

Elle a hâte d'en savoir plus, de faire davantage sa curieuse quand elles seront assises à une table de restaurant. Elle espère arriver bientôt au lieu dit. Toutefois, elle en profite d'être près d'elle pour lui dire, un rictus sur les lèvres. _ Tu vas voir qu'on va te trouver un australien parfait ici! Un surfeur, un pâtissier, un coiffeur, un dog sitter, tout ce que tu veux! . S'improviser dénicheuse de beaux gosses pour son ex belle soeur ? Non, motiver son amie pour se remettre d'une rupture, ouvrir à nouveau son coeur. C'était bien quelque chose qu'elle devait faire pour elle-même alors autant aider aussi une personne qu'elle apprécie beaucoup.

Rosalie suit mes indications. J'espère qu'elle n'entend pas mon ventre gargouiller qui me réclame des nems. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas mangé au restaurant chinois.

Nous discutons de la raison de mon départ à Sidney. Je résume sans donner des détails. J'ai beaucoup aimé étudier la physique cantique, même si c'était difficile, j'ai travaillé dur. Mais avec le temps, je m'en suis lassé. Et si t'es pas passionné dans ce domaine, vaut mieux laisser tomber. La pâtisserie, ça m'fait vibrer. Je te ferais goûter! Dommage que je ne lui ai pas apporté une boîte de muffins ou de cookies. Tant pis, ce n'est que partie remise.

C'est chouette que mon ex belle-soeur souhaite me trouver un copain. J'éclate de rire. Si elle savait... À ce niveau-là, je suis loin d'être timide. Je dois t'avouer que je me suis inscrite sur un site de rencontre. Par contre, j'veux rien de sérieux. J'suis pas prête pour ça. Je regarde Rosalie pour voir sa réaction. Elle, c'est une fille plutôt sérieuse. Par le passé, elle a eut une vraie histoire d'amour avec mon frère. Alors j'appréhende de savoir ce qu'elle en pense. Je ne voudrais pas qu'elle me juge.

A force de tourner dans tous les sens, d'actionner le clignotant gauche ou droit, Rosalie a l'impression d'avoir l'estomac retourné. Est-ce parce qu'elle valse jusqu'à l'endroit tant espéré pour manger ? Quoiqu'il en soit, son ventre commence à grogner, il lui faudra rapidement arriver pour répondre à ce besoin primaire de manger. Enfin, là c'était différent. C'était pour aller au restaurant, retrouver son ancienne belle soeur qu'elle affectionne tant.

Elle lui fait un rapide résumé de sa vie australienne à Sydney. Ainsi donc, elle avait été dans le pays bien avant elle, l'occasion de lui demander plus tard comment elle trouvait les australiens. Ne sait t-on jamais? Si elle avait trouvé le genre australien attirant ? En vrai elle faisait moins la maligne, Rosalie. D'avoir revu Mr Keynes, d'avoir constaté qu'Ariel était toujours un beau gosse. Elle l'écoute attentivement lui conter son parcours, Rosalie finit par lui répondre. _ Oui je vois... Eh bien écoute je suis ravie que tu ais trouvé un domaine qui te corresponde plus! Puis les gâteaux c'est la vie quand même! Tu me connais , je suis gourmande! Alors j'en goûterai avec plaisir!
. Autant la motiver, lui donner un bon coup de boost pour lui dire tout le bien qu'elle pensait d'elle. Avant même d'avoir testé ses fameuses pâtisseries, elle était déjà convaincue qu'ils étaient parfaits.

Elle en profite lors d'un virage pour lui demander dans combien de temps elles allaient enfin arriver. Il faut dire qu'elle était impatiente de se caler proprement à une table pour bavarder sans se soucier de la route et des feux rouges. _Dans combien de temps penses tu que nous arriverons? . Elle était toutefois contente d'être venue la chercher c'était déjà quelques instants pour se remettre dans le bain des potins, des confidences.


Charlie reprend la parole et ce qu'elle dit surprend agréablement Rosalie. Sur un site, really ? C'était une bonne nouvelle. Elle était dans une démarche active, dans l'optique de rencontrer quelqu'un. Il ne fallait pas trop se projeter c'est sûr mais elle saluait d'ores et déjà son initiative. Elle afficha un large sourire et lui dit. _ Bah dis donc c'est une bonne nouvelle! Et alors, ça mord à l'appât ? Je crois que tu n'as pas besoin de moi alors!

Elle la taquinait joyeusement. Elle ne la jugeait absolument pas, elle était plutôt contente qu'elle soit si bien dans sa peau, si... libéré de rencontrer qui elle voulait. C'était loin d'être le cas de la jeune femme rousse. Elle ajouta, sur un ton un peu plus modéré.

_ En tout cas tu as bien raison! Finalement c'est ce qu'il faut... Ne pas se prendre la tête. Je te félicite!

Elle ne voulait pas s'apitoyer sur son sort, Rosalie. Elle voulait qu'elle passe un agréable moment toutes les deux sans qu'elle lui dise comme elle galérait à faire confiance aux mecs. Mais vu le gros caillou qu'elle jetait dans la mare, cela était quasi certain que Charlie lui demanderait de s'expliquer.

Je me sens un peu bête. J'aurais vraiment dû ramener une petite boîte de gâteaux pour Rosalie. Je t'en ferais la prochaine fois lui promis-je. Ma recette de cupcake est, parait-il, irrésistible. En toute cas, pour en avoir fait lors d'une baby shower d'une de mes copines, ces cupcakes ont eut un fort succès. Désolé, mais la pâtisserie est bien le seul domaine dont je peux me secrètement me vanter.

On arrive. Maintenant le plus dur, c'est de trouver de la place... Essaie à gauche après le feu, je trouve toujours de la place pour me garer. Ça te gêne pas de marcher un peu? En tout cas quand on aura le ventre bien tendu, cela nous fera une balade digestive.

Tout d'un coup je me détend. J'ai été sincère, je lui ai dis que je ne voulais pas me prendre la tête avec une relation sérieuse. Apparemment elle ne le prend pas mal, bien au contraire, elle ne me juge pas. Je peux lui parler de mon crush sans honte. Ouais, il y a un mec... Un strip-teaser... T'imagine bien qu'il est canon, hein! Car oui qui dit strip-teaser, dit forcément corps musclé et tout et tout. Si jamais il se passe un truc entre lui et moi, mon égo sera plus que flatté. Selon moi je suis physiquement banale.

À mon tour de faire ma curieuse. Et toi tu as quelqu'un? Faut surtout pas qu'elle se sente gênée de me dire oui. Ce n'est pas comme si c'était elle qui avait merdé. J'aime mon frère plus que tout au monde, mais là il est indéfendable. J'aurais vraiment aimé avoir Rosalie pour belle-soeur. Errare Humanum. Qui sait ce que l'avenir nous réservera? Ils pourraient très bien se remettre ensemble.

Charlie qui lui promit de lui ramener des gâteaux la prochaine fois, Rosalie esquissa d'un franc sourire sur le côté droit. Elle n'en voulait absolument pas à la jeune fille, après tout elles venaient seulement de se retrouver. Elles auraient bien le temps toutes les deux d'avoir d'autres moments ensemble et ainsi, d'autres sucreries à partager. Découvrir son ancienne belle soeur pâtissière n'était pas quelque chose qu'elle aurait imaginé mais elle était contente de voir qu'elle avait trouvé sa voie, qu'elle s'y sentait mieux.

Rosalie écouta attentivement ses indications et actionna son clignotant gauche. Elle lui répondit, assurément. _ Bien sûr cela me va parfaitement de me dégourdir les jambes! Un peu de sport ça ne fait pas de mal!
. C'était l'occasion ou jamais de continuer ses efforts, elle qui s'était lancée dans une vaste opération de sculptage de corps. Loin d'avoir le physique de Tomb Raider (l'espoir fait vivre), elle pourrait au moins se sentir mieux dans son corps.


Le sujet de conversation si croustillant arrive... Les mecs eh oui c'était bien le genre de discussion qui la tarait le plus après le shopping, les voyages... et surtout l'art. Ainsi dont un stripteaseur était actuellement dans ses filets. Elle avait un goût certain pour les mecs, Rosalie jeta un oeil à sa gauche tout en lui rétorquant avec un air séducteur. _ Tu t'es dégoté un Magic Mike ? Quelle chance dis donc... Il a des potes célibataires ?
. Elle la taquinait, très certainement car elle ignore tout bonnement si elle pourrait voir d'autres hommes, si elle a suffisamment repris confiance.

Elle entend sa nouvelle question mais elle voit soudainement une place. Elle entreprend sa manoeuvre, décide de se garer en marche arrière. Elle vérifie ses rétroviseurs. Elle qui a souvent du mal à se garer, elle prend bien dix bonnes minutes avant d'y arriver. Elle éteint le moteur et le tableau de bord et invite Charlie à sortir de la voiture.

Elle attend qu'elle arrive sur le trottoir pour lui emboîter le pas. Elle regarde droit devant elle, lâche sa réponse sur un air un peu penaud. _ Eh bien non, je suis toujours seule.... Elle marque un temps d'arrêt avant de poursuivre. _ Je dois jouer la carte du French kiss, ça pourrait marcher tu penses ? . Elle glousse tout en remettant une mèche de cheveux en place. Elles remontent la rue et Rosalie lui demande. _ Au fait tu peux me redire le nom de la pizzeria ? Ca serait bête que je rate l'entrée!


Elle s'improvisait étrangement comme une guide alors qu'elle ne connaît pas cette rue. Ancien réflexe de grande belle soeur, sûrement.

Jouer les cupidons, j'adore. Liam doit bien avoir un ami ou collègue célibataire. Bien qu'il m'a expressément prévenu qu'il ne mélangeait pas vie privée et vie professionnelle. Sûrement je peux lui demander si tu veux? Si Rosalie est d'accord, je suis prête à m'y prêter au jeu. Au contraire, ce sera avec grand plaisir. Après faut pas s'attendre à un truc sérieux. C'est ce que je suppose, car lui ne souhaite pas s'engager dans une relation à long terme.

Une chose est sûre. Une belle fille comme elle peut difficilement restée célibataire, sauf si c'est son souhait. Tu peux trouver facilement dis-je comme si il s'agissait d'une évidence.

Nous marchons dans la rue et Rosalie souhaiterait que je l'oriente vers le restaurant. J'sais même plus le nom. C'est à gauche de la rue. T'y verras de la lumière c'est le seul restau tu pourras pas le manquer.

Impossible de me contenir, j'ai envie de lui posé une question fatidique. Et au fait... Qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé avec mon frère? Quand tu l'as vu? Étant donné qu'Ariel n'a pas été dans les détails, j'espérais que Rosalie m'en dise un peu plus. De plus, il y a toujours deux sons de cloche dans ce genre de situation.

A mesure qu'elle longeait le trottoir et emboîtait le pas de la jeune Charlie, Rosalie réalisait qu'elle n'était plus si jeune que ça. Conséquence d'avoir manqué trop de choses à ses côtés, elle était à la fois heureuse de la retrouver et frustrée de ne pas avoir su avant toutes les choses qui avaient pu lui arriver, qu'elle avait pu traversé. Un brin de nostalgie qui l'enveloppait et qui l'amenait à observer plus distinctement la jeune femme comme pour la capturer dans son esprit et ne plus la lâcher. Elle avait laissé la rancoeur la guider. Elle s'était évanouie avec sa tristesse bien qu'elle avait toujours eu à coeur de ne pas relier les frasques d'Ariel à sa soeur. Le destin qui les avait séparé mais voilà qu'elle s'entendait au moins avec un membre de la famille Keynes. C'était déjà ça.


Quand elle lui promet d'en parler au fameux Magic Mike 2.0, Rosalie esquisse un sourire. Bien heureuse qu'on lui tende cette perche, elle qui galère en tant que célibataire. Elle se rend compte qu'elle ne pourra plus faire machine arrière... Apparement, pas pour une relation sérieuse. Parfait. Bon d'ici là que Rosalie se décide, il y avait encore du chemin. Elle acquiesce de la tête et répond, en tournant la tête pour se repérer dans la rue. _ Bon, si il est beau ça se tente! .

Charlie qui ajoute que la jeune femme pourrait avoir qui elle veut. Touchée, Rosalie rougit tout en se secouant la tête. Son ancienne belle soeur était bien trop gentille. _ Oh mais tu es gentille! Pareil pour toi, j'espère que tu trouveras surtout! lui dit t-elle en lui faisant un petit clin d'oeil.

Elle lui indique que le restaurant se trouve sur la gauche. Rosalie continue d'avancer quand Charlie lui pose LA question. Celle qu'elle attendait depuis qu'elle venait de la récupérer. Rosalie eût un instant d'arrêt. Alors qu'elle cherchait ses mots, elle vit au loin le restaurant. Elle lui fit signe d'avancer et elle se présenta à l'homme de l'entrée qui leur ouvrit la porte. L'intérieur était vraiment cosy, elle en était subjuguée. Elle sortit son plus beau sourire et s'adressa à la serveuse. _ Une table pour deux s'il vous plaît!
. La serveuse leur fit signe de les suivre, elle s'exécuta et prit place à la table. Par chance, celle-ci était dans un coin ce qui lui permettrait de se confier et parler librement. Elle attendit que Charlie s'installe à son tour avant de répondre à la fameuse question sur Ariel. Elle ouvrit la carte des menus pour préparer la suite et lui répondit, en parcourant d'un premier coup d'oeil les premières pages.

_ Ce qu'il s'est passé ? Euuh pour faire court, disons que il a vraiment été à son habitude. Arrogant et prétentieux. Il avait pas l'air ultra heureux de me voir.

Elle posa la carte sur table avant de plonger dans les yeux dans les siens. Etait t-elle vraiment heureuse de le revoir, elle ?

_ Disons que je sais pas, j'ai l'impression de le connaître et en même temps il est toujours si mystérieux avec moi. Je me demande comment est sa vie ici... Et toi, avec lui ça se passe bien?
Il t'a dit que je l'avais vu?

Curiosité qui revenait en sourdine, elle pouvait maintenant en savoir plus.

Je dois avouer que je suis super surprise. Rosalie accepterait une relation qui ne sera pas sérieuse. Je m'y attendais pas à celle-là. Attention je suis pas en train de la juger, moi-même je ne souhaite pas m'engager à long terme. Rosalie et Ariel ont étés ensemble pendant si longtemps, j'aurais toujours dû mal à l'imaginer avec un autre. Mais elle le mérite plus que n'importe qui. Après ce qu'elle a traversé, je lui souhaite de trouver son âme-soeur.

De mon coté, Rosalie me sur-estime énormément. Je suis nulle au jeu de l'amour. Ça doit être un truc des Keynes. Moi je laisse personne gagner la partie. Alors je préfère inventer mes propres règles. T'sais... Je crois que je suis pas faite pour ça. Ma voix n'est pas triste. J'hausse les épaules, indifférente. C'est pas grave.

Nous arrivons au restaurant où nous pouvons nous installer à l'abris des oreilles curieuses. Je commande une pizza 4 fromages et une piña colada. Forcément, le sujet Ariel vient sur le tapis, c'est plus fort que moi, je veux en savoir plus. Pour le moment Rosalie ne m'en dit davantage de son dernier texto. Mais mince qu'est-ce qu'il s'est passé pour qu'elle en vienne à le traiter d'arrogant et prétentieux? Il t'a dit quoi? Bon, après le sale coup qu'il lui a fait, c'est de bonne guerre. Je dirais même que c'est un petit con. J'aime mon frère plus que tout, mais là il a grave merdé. D'accord je suis mal placée pour le juger. Faut quand même dire que tromper, c'est moche.

Ouais... Du Ariel tout craché. Il n'a pas donné de détails. Je soupçonne qu'il en ait un peu honte. De confidence à confidence, je vide mon sac. On se dispute, on rigole, on se chamaille, on rigole. C'est comme ça depuis qu'on est gosse. Mais on parle pas trop de ça, tu vois? J'sais pas... on est pudique. Je trouve ça gênant. Je me vois pas lui raconter, hé je suis sur un site de rencontres et j'veux pécho un strip-teaser! Je me mets à rire.

Il est vrai qu'à première vue, discuter mecs et surtout relations amoureuses avec Charlie lui paraissait étrange. Non seulement parce qu'elle l'avait constamment vue avec Ariel (qui d'ailleurs les avait présenté) mais aussi parce qu'elle se demandait ce qu'elle en pensait vraiment. Le grand amour, la rousse l'avait toujours vu, elle en avait rêvé. Son échec cuisant avec le brun si énigmatique avait été si brutal qu'elle avait mis du temps à faire son deuil. Alors de là à se relancer dans quelque chose... elle n'en savait trop rien en fait.

Rosalie voit bien que Charlie doute encore d'elle même, de sa réussite sentimentale. Si le nom de famille semble porter la guigne pour la vie à deux, elle voit la jeune femme accepter son sort avec fatalisme. Loin de s'avouer vaincue, Rosalie se donne la soirée pour la rebooster, lui démontrer qu'elle a tord de penser que la malédiction perdurera à jamais. Le vent peut toujours tourner.

Elle écoute attentivement ce que Charlie prend et se surprend elle aussi de commander un cocktail. Pour elle, ça sera un tequila sunrise, bien que la pina lui avait bien fait envie. Elle opte pour une pizza chèvre miel. Le serveur s'éloigne après avoir pris la commande et Rosalie ne tarde pas à recevoir la réponse. Quand elle évoque qu'il a fait là "du Ariel tout craché", la rousse ne peut s'empêcher d'avoir un petit sourire. Il était son frère, elle le connaissait mieux que personne. Pour le coup, elle devait bien imaginer la scène. Rosalie arqua cependant un sourcil quand elle l'entendit dire qu'il n'avait pas donné de détails. Avait t-il honte ou... en avait t-il rien à foutre ? Le suspense demeurait entier. Bon sang qu'il pouvait la faire vriller, bordel. Elle qui cherchait des explications, elle réalisait même que le personnage l'intriguait encore.

Elle décide de se laisser aller à plus de confidences et elle enchaîne. _ Il a dit que les nanas étaient exquises ici et qu'il chopait bien! Et il a aussi dit que je faisais ma reloue à lui parler du passé tout ça... Mais que j'étais sexy quand j'étais en colère alors bon... pour y comprendre quelque chose je t'avoue.... Elle avait été flattée qu'il la complimente mais dans le même temps, il lui avait balancé à la figure qu'il s'envoyait en l'air et qu'il avait bien apprécié la soirée où il l'avait trompé. Ce qui retournait un peu plus le coeur de Rosalie qui avait été surprise d'avoir ce petit truc, ce petit quelque chose quand elle l'avait vue. Ca, elle se garde encore de l'avouer à Charlie. Elle n'est pas sûre d'elle et elle se demande bien ce que la jeune femme en penserait.

A la place, elle est contente que son interlocutrice réponde à ses rapports fraternels. Elle rit avant Charlie quand elle évoque la pudeur des deux Keynes. Elle semblait déjà l'avoir perçu, Rosalie, quand Ariel était mal à l'aise à parler de ses liens avec sa soeur. Le serveur arrive avec les boissons. Rosalie attend qu'il s'éloigne pour répondre sur un ton enjoué à sa phrase précédente. _ J'avoue, vous êtes pas simple entre vous! Mais tu n'es pas obligée de lui donner ce détail tu dis juste que... tu veux prendre ton temps et que tu suis son exemple! Après tout il t'a montré la voie du yolo, pour s'amuser et ne penser à rien d'autre non? . Comme pour la détendre un peu plus, elle ajoute. _ Au pire il te remerciera même que tu ramènes un petit copain qui lui permettra de se muscler un peu! . Une sorte de taquinerie qu'avait Rosalie à l'époque pour qu'il continue ses efforts pour être bien baraqué. Il avait encore du travail mais il était toujours aussi beau qu'avant. Cet idiot chanceux.

Elle lève son verre en sa direction et lui déclare. _ Allez, santé ma belle! A nos retrouvailles! . Elle boit une gorgée avant de reposer son verre et prend le temps d'observer la salle. Le restaurant lui plaît beaucoup. _ En tout cas j'adore ici! Tu es venue souvent ? Je sens qu'on va se régaler!
En potins et en pizza, c'était certain.

Quoi t'es sérieuse? Je suis sous le choc. Je peine à croire qu'elle parle de mon frère. À sa place je lui aurais foutu une gifle dans la tronche en le plantant là comme un con. Je peux pas laisser passer ça. Faut que je lui en parle. Je peux pas cautionner. Ok, je ne suis pas censée me mêler de leurs affaires. Mais je suis touchée car j'apprécie énormément Rosalie. Elle a fait partie de sa vie, il ne peut pas la traiter de cette façon surtout après ce qu'il lui a fait.

J'avoue que chez les Keynes, on n'est pas très douée dans les relations amoureuses. Pourtant je ne crois pas m'être montré aussi grossière avec un ex. Surtout si je l'aurais trompé. En général quand je merde, je fais profil bas et je disparais. J'sais pas c'est bizarre de parler de ça avec lui. Même moi j'ai pas envie de savoir toutes les gourdasses qu'il se tape. Si il veut me présenter quelqu'un, je préférerais que ça soit une fille qu'il l'aime. Comme il l'a fait avec toi. Sous ce compliment caché, je lève aussi mon verre. Les yeux dans les yeux nous trinquons. J'aime bien cette pizzeria, les pizzas sont bonnes, les serveurs sont sympas et j'aime bien l'endroit... C'est traditionnel dis-je en scrutant les alentours.

Découvrir les restaurants faisaient partie du voyage de Rosalie. Elle qui n'avait jamais été expatriée, elle qui n'avait jamais quitté sa contrée française... la voilà plongée dans la culture australienne sous un soleil radieux et l'océan à perte de vue. Les planches de surf qui s'entassaient les unes sur les autres, les gens qui relevaient son accent étranger. Cela faisait partie de son quotidien et elle ne s'en plaignait pas. Loin de là, même.

Charlie semble choquée, voire offusquée d'une telle conduite. Rosalie boit à nouveau, plongeant la tête de son verre. Really ? Genre la soeur allait sermonner le grand frère ? Connaissant Ariel, pas certain qu'il écoute quoique ce soit. La rousse releva la tête. Elle était malgré tout contente et rassurée que la jeune femme veuille l'aider. Elle osait croire que son ancienne belle soeur l'avait toujours porté dans son coeur (comme elle d'ailleurs). Elle la regarda avec un air attendrissant et lui dit alors. _ Oh, tu es gentille. Tu nous shippes toujours avoue ?
. Elle le disait un peu sur le ton de la plaisanterie mais elle était aussi curieuse de savoir quel était l'avis de la soeur Keynes sur la vie sentimentale de l'aîné. Elle ajouta. _ Je ne veux pas croire qu'il ne t'a pas présenté ma digne successeuse ! . Elle se doutait bien que des nanas défilaient, elle voulait seulement savoir si une avait déjà vue Charlie. Elle appréciait tellement ce petit bout de jeune femme qu'elle avait peur que quelqu'un prenne sa place en tant que "copine du frère".

Elle confirme ce qu'elle pensait quand elle évoque les sois disantes gourdasses que Ariel se tape. Franchement, il a du succès, cet idiot. Avec sa nonchalance, son style vestimentaire et son air arrogant, il les fait toutes craquer. Même sans Axe. Quand elle lui redit tout le bien qu'elle pensait de leur relation , Rosalie lui répond gentiment. _ Oui, c'est vrai qu'on était heureux ensemble.... Petite pointe de nostalgie qui s'installe mais que la rousse ne veut pas laisser gagner du terrain. Repenser à leur histoire, c'est prendre le risque que tout lui revienne à la figure, ou pire, qu'elle se laisse tenter à nouveau. Ça, elle ignore si elle pourrait dire non. Elle en profite de parler du restaurant pour dévier sur Charlie et ses amours car vraiment, c'est la nouvelle de la soirée. Elle lui dit alors, avec un air curieux. _ Les serveurs sympas... Tu en as accosté un ou pas jusque là ? . Il faut dire qu'elle avait un charme fou, Charlie. Il fallait qu'elle l'utilise. Elle continue, évoquant son date actuel. _ Et ce fameux mec, tu le revois quand ? . Elle termina son verre, impatiente de savoir comment continuerait cette histoire. Sérieuse ou pas, elle voulait surtout lui prouver qu'elle était toujours cette épaule attentive sur laquelle elle pouvait se poser.