Vous avez gâché le groove de l'empereur [ft. Reece]

"J'connais pas modération mais ça devrait bien se passer, t'inquiète." On boit ou on ne boit pas. Pourquoi faire un juste milieu? On se dirige rapidement en bar, enquillant les verres les uns après les autres, trinquant pour tout et n'importe quoi, comme pour se donner du courage de boire cet autre verre de niôle. "Je t'en prie mec. C'est tout aussi fermé que le reste je trouve mais il y a tout de même plus de facilité à y accéder." Que ce soit pour la technique, les stagiaires et ce genre de choses. cette branche est mienne, une fois trouvée, je vous assure que jamais je ne la quitterais. Si je devais bouger dans un autre taf, je sais très bien d'avance que je troquerai ma place à la bibliothèque. J'sais même pas pourquoi on me garde alors que je suis bien le dernier à être caler dans la littérature et ce genre de choses. Manque de personnel? J'pense pas non. Il y a des demandes tous les jours. "On peut se voir aussi en dehors de la radio tu sais?" que je lui lance en terminant un énième verre. "Mais moi c'qui m'fait le plus chier c'est que tu n'as jamais voulu de moi. J't'ai fait la cours durant des mois et rien, nada, même pas un coup d'un soir comme ça." Drama queen le retour. "J'suis pas ton type d'homme c'est ça?" l'alcool commence à tourner mauvais, en espérant que ce ne soit pas relier avec une envie de bagarre.

"Ouais, ouais, j'vois le genre. Faut pas me mentir quand tu dis ça. J'suis le premier à donner cette excuse quand je trouve quelqu'un dégueulasse." Je souffle, pose ma tête sur la table, mes bras servant simplement de coussins. "J'suis sûr qu'on aurait été formidables tous les deux." C'est plus l'alcool qui parle en ce moment, je dois le reconnaître. "Formidables ouais." Avec Milan aussi tout ou presque était formidable puis il s'est donné la mort. C'est assez radical en soi. "Et même un coup d'un soir, ni vu, ni connu, ça ne te dit pas?" Je fais de mon mieux mais bon, s'il me recale, je saurais très bien pourquoi. Je regarde tristement mon verre, l'attrapant avec difficulté pour le finir et me redresse pour demander une autre tournée pour l'anglais et moi-même. "Si un jour ça va encore plus loin avec ta gow, ne te marie pas. Ça pue la merde. En général même, ça finit en divorce donc reste en union libre ou peu importe ce que vous foutez, ne l'épouse jamais. C'est qu'un bout de papier et une bague, c'est tout. Après, ça devient morose, de l'amour on passe à la haine et c'est fini." Oui, j'suis pas le mec le plus heureux en amour même si j'y crois dur comme fer. J'essaie juste de me dire que nous avons plusieurs âmes sœurs, que nous avons besoin de telle ou telle personne à tel moment de notre vie mais ça va faire bientôt deux ans que je ne sais plus quoi faire de la mienne. Des larmes commencent à se mélanger à ma sueur. "C'est la bonne au moins j'espère?" soufflais-je, presque désespéré en recommençant à consommer mon breuvage fétiche.

Ouais enfin, en attendant, c'est pas comme si ça faisait des mois qu'ils se fréquentaient. J'peux toujours essayer ? Puis je n'ai rien à perdre en soi, juste un refus en pleine poire. J'hausse les épaules, avachi sur sur la table, mon verre tenu fermement entre les mains. "Si tu le dis alors. J'aurais tenté." Je souffle, tente de me renseigner pour voir s'il y a une faille où je pourrais continuer à percer mais il semble bien trop accrocher à sa gow celui-là. Serait-il devenu ce qu'on appelle un canard? Oh merde. Pauvre de lui. "Espérons que ça dure alors. A vous deux les tourtereaux !" dis-je en levant mon verre pour trinquer mais l'anglais semble se dégonfler à poursuivre. "J'ai pas assez bu Reece, puis on vient à peine de commencer." Non clairement, il fallait que j'arrête mais je refuse qu'on me force, vraiment. En général, c'est juste mon corps qui me dit que c'est fini, pas les autres. "Je te préviens juste, tu verras en temps voulu." rétorquais-je, bien trop convaincu par mes propres propos, ne faisant même pas gaffe à sa question. Du moins, j'veux pas entendre parler de rentrer pour le moment. Il joint ses mains sur la table, j'approche les miennes pour récupérer les siennes et les caresser du bout des doigts. "Mais pour continuer sur le sujet, oui fais attention. J'ai été marié à mon meilleur ami, on s'est perdus connement. J'voudrais pas que ce genre de truc t'arrive à toi aussi." Je soupire. "Mais comme toi j'y ai cru. J'étais à deux doigts de demander la main de..." Pas le temps de finir ma phrase qu'un mec nous rentre dans le tas pour nous insulter de tous les noms, nous disant que nous n'avons pas notre place ici, que les tarlouzes de toute façon n'étaient bonnes qu'à aller en enfer ou se faire enculer dans une ruelle histoire de comprendre ce que c'est d'être un homme. Mes mains quittent celles de Reece, mon regard se pose sur l'homme en question. J'me mets à me taper une barre. "Pour un mec qui proclame l'hétérosexualité quand même, j'trouve que tu débrouilles assez mal. Si sodomiser un homme ça fait de toi quelqu'un de plus viril, sache que pour ça j'ai assez d'expérience. Puis fais gaffe quand même, je risquerais d'y prendre du plaisir. J'suis du genre plutôt violent comme gars en général côté sexe." lui dis-je ne me relevant, faillant me casser la gueule par la même occasion à cause de la boisson. "Tu veux qu'on y aille maintenant ou tu préfères attendre d'être à l'abri des regards pour mieux en profiter et pouvoir jouir librement sans être jugé?" lui balançais-je.

Je me retourne en trois quart vers l'anglais. "T'en fais pas mec, je gère." Pas du tout. En général quand je dis ça, il vaut mieux s'inquiéter. Vraiment. Que ce soit dans mes gestes ou dans mes paroles. Je sais très bien que je suis toujours en train de jouer des rôles ou presque mais là... Je me retourne vers le gars qui cherche la merde. Il ne sait clairement pas à qui il a affaire. "Ecoute moi bien tocard." Première phrase, ça vous donne déjà une idée des conneries qui pourraient bien s'en suivre. "J'fais parti de Daesh ok? Dans la salle il y a des gens de mon organisation donc si tu ne fous pas le camp maintenant, tu risques de crever. On a élaboré tout un plan pour faire sauter les connards dans ton genre. Dans une couscoussière même." Ou je ne sais plus comment on dit ce genre de chose mais c'est un truc comme ça. Je passe ma main dans la poche de ma veste en faisant genre que j'ai une arme dans cette dernière puis me rapproche du gars. "Donc si tu ne t'écartes pas de mon chemin, je t'assure que je n'hésiterai pas à me le frayer d'une autre manière." Je le regarde avec insistance, tentant de rester sérieux dans mes propos mais il n'a pas l'air d'y croire un mot. Je regarde à gauche, hoche la tête vers un gars puis regarde à droite pour faire de même, les deux hommes se levant et s'éclipsant je ne sais où comme s'ils étaient sur le coup. "Tu vois mec, c'est moi qui donne les ordres ici." Est-ce que je suis clairement en train de m'enfoncer? "Me sous-estime pas. Ce n'est pas parce que j'ai rasé ma barbe que je ne suis qu'un rigolo. On n'a pas vraiment d'humour chez nous mec donc continue à faire des choses qui nous déplaisent." J'regarde l'un des deux mecs qui revient et qui hoche la tête. Je fais de même puis regarde mon portable en ayant tenté de trafiquer pour mettre un compte à rebours tout en le gardant dans mon autre poche. "Plus que 4 minutes 54, 53, 52, 51... Il serait temps de te dépêcher mon pote." Mon regard se veut davantage insistant. Si les flics devaient débarquer et que je devais faire de la taule, sachez que je n'en serais même pas étonné. Ce serait même mérité je crois. Si j'étais resté à Austin, je vous assure que les américains m'auraient déjà cassé la gueule.

Ok, j'ai abusé. Je le reconnais. Un peu. Je voulais juste lui foutre la trouille au type. Bon ça n'a pas réellement marché sur le moment. Il a juste secoué la tête de gauche à droite en soufflant tout en m'adressant un sourire presque méprisant. Mon attention se porte surtout sur mon collègue de travail. Je ne lui ai jamais demandé de me suivre dans ça, je ne sais pas pourquoi il est obligé de se sentir offensé. Mon expression est presque fermée, je tente surtout de le regarder d'une manière nette mais l'alcool rend la tâche plus difficile. "Je... Ok." J'ai rien à lui rétorqué ouais et alors? Il engueule le gars avant de se barrer. Je suis censé faire quoi? Le suivre ou le laisser tranquille? La deuxième option est la meilleure je pense. J'aurais d'autres occasions de lui parler au boulot. J'espère juste que ça ne va pas dégénérer comme avec Steve, ce serait balo quand même non? Un soupir, je me retourne face au mec. "On réglera ça plus tard." Non pas du tout, je ne compte pas revenir dans ce bar de sitôt. Et sans perdre de temps, je reprends la route en direction de mon loft, une bonne bouteille d'eau pour évacuer le tout et pioncer comme un bébé. Ouais. Pour cette journée, je donnerai clairement un 12/20. La fin ayant été un peu trop... Crue? Allez savoir.

FIN.