we can see through the shadows with lights to be where we belong (juliann)

Quand t’avais appris qu’Alejandro était en couple, il y avait maintenant un an, presque jour pour jour, en ce premier jour du mois d’août sur le bateau-restaurant, tu ne t’imaginais pas que douze mois plus tard, ce serait avec son petit ami que tu te retrouverais en rendez-vous. C’était quand même hallucinant, improbable, et pourtant tu te sentais assez léger vis-à-vis de ça. En même temps, cela faisait maintenant plus de huit mois qu’Alejandro était disparu de ta vie, et de la vie de Juliann du même coup. Il était parti, sans doute un peu par ta faute, toi qui t’étais immiscé dans leur relation sans même le savoir. Alors au fond, non, tu ne prenais pas le blâme, tout comme tu ne l’avais pas pris auprès de Juliann. T’avais rien cherché de tout ça, Alejandro ne t’avait jamais parlé de lui alors comment aurais-tu pu savoir que tu mettais les pieds dans un amour d’une telle complexité ? Peu importait maintenant, tu avais au moins eu la chance de ne pas avoir le temps de t’accrocher à Alejandro au point d’avoir le cœur brisé par son départ. On ne pouvait sans doute pas en dire autant de Juliann, qui t’avait d’ailleurs confronté en décembre dernier, te crachant sa hargne d’avoir risqué son couple. Et quelques jours après ça son couple n’était plus, tu l’avais appris à travers les branches. Quelle n’avait pas été ta surprise lorsque, des mois plus tard, il s’était incliné face à ton profil de BowTie. Et t’en avais fait autant, par curiosité, par intérêt, par envie. Malgré les coups cruels du destin qui vous avaient mis sur le chemin de l’un et de l’autre, il n’en restait pas moins que Juliann était un homme avec un charme fou, et qu’il ne t’avait pas fait si mauvaise impression que ça la première fois, malgré le contexte. De fil en aiguille vous vous étiez donné rendez-vous et toi, parce que tu faisais rarement les choses comme il faut, tu lui avais proposé de te rejoindre au zoo de Bowen. Y’avait pas contexte plus doux et drôle que ça. Si les animaux étaient tout autour de vous, aucune chance qu’il y ait de l’animosité entre vous deux, paradoxalement. Après tout, tu ignorais si Juliann avait une idée derrière la tête avec tout ça. Ou peut-être allait-il vraiment de l’avant, te donnant une chance que ni lui ni Alejandro ne t’avaient donné avant. Étant en avance sur l’heure fixée, t’en avais profité pour acheter les deux billets, passant tout ton pourboire de la semaine là-dessus. Tu attendais patiemment l’homme tout en regardant la grande carte du zoo à l’entrée, un peu perdu dans tes pensées.

Huit mois déjà qu’Alejandro a quitté ta vie en te laissant un mot sur un post-it, collé au frigo. C’est sans doute la pire rupture que tu n’aies jamais vécue et la seule fois où tu t’es fait larguer, aussi. Sans réelles raisons, sans réelles explications. Il t’a fallu du temps pour accepter son départ et pour t’en remettre mais aujourd’hui, tu as la sensation que ton ex a totalement quitté tes pensées. D’ailleurs, la rancœur que tu éprouvais à son égard s’est envolée. Tu es bien conscient que c’est une incroyable brune qui t’a aidé à oublier Alejandro et à rendre ton quotidien plus facile, de jour en jour. Mais aujourd’hui, la jeune femme en question est à l’autre bout du monde et toi, tu as rendez-vous avec quelqu’un que tu ne pensais pas revoir. Et encore moins dans ces conditions. Tu n’as pas avoué à Jackson que c’était l’alcool qui t’avais poussé à bowed down mais dans le fond, ça n’a pas beaucoup d’importance parce qu’aujourd’hui tu es là, à votre rendez-vous, dans ce zoo. Vu d’extérieur, c’est peut-être malsain d’aller à un rendez-vous avec un homme qui a fait irruption dans ton couple mais heureusement, tu t’en fous complètement du regard des autres. Et puis, on ne peut pas dire que ça soit la faute de Jackson si aujourd’hui ton couple n’existe plus. C’est plutôt la faute d’Alejandro et la tienne. Quelque chose clochait déjà dans votre couple avec que l’acrobate ne fasse irruption. Une fois à l’entrée du zoo, tu repères le brun, concentré devant un plan du parc. Tu t’avances vers lui, te mettant à sa hauteur pour observer, à ton tour, le plan. « Alors, par quoi est-ce que tu veux commencer ? » Demandes-tu pour attirer son attention et qu’il se retourne vers toi. « Salut, moi c’est Juliann. » Ajoutes-tu pour lui montrer que tu veux repartir de zéro comme si votre passé n’existait pas. Comme si, vous ne vous étiez pas pris la tête quelques mois plus tôt, sur son lieu de travail. Tu imagines bien qu’il y a un sens à suivre dans le parc mais tu es plutôt quelqu’un qui aime briser les codes et faire ce qu’il a envie de faire au moment où il en a envie. A voir maintenant si Jackson partage cet état d’esprit.

T’entendis des pas derrière toi, tout juste au moment où Juliann apparut dans ton champ de vision périphérique. Tu lui jetas un coup d’œil de côté, un sourire s’affichant directement au coin de tes lèvres. C’est drôle, quelques mois plus tôt vous faisiez preuve de tellement d’arrogance l’un envers l’autre, dans un climat toxique et passif-agressif, et aujourd’hui vous étiez sur le point de ramener le timer à zéro. Pourquoi ? Parce que vous aviez eu la maturité de réaliser que la situation dans laquelle vous vous étiez retrouvés ne relevait pas de vous deux. Ni l’un ni l’autre n’était fautif, au fond. L’un avait été induit en erreur dans un jeu de séduction, l’autre avait vu son conjoint dépasser les limites qu’ils s’étaient imposés. Ce n’était pas votre choix, c’était le choix d’Alejandro, et pour ça il vous avait perdu tous les deux. Tu tournas finalement complètement la tête vers l’homme quand il te demanda ce par quoi tu voulais commencer. Tu pointas un endroit sur la carte. « J’adoooore les reptiles. J’espère que t’es prêt à prendre un serpent autour de ton cou. » Tu souris, avant de pivoter ton corps afin de lui faire face tout entier. Tu tendis la main vers lui quand il se présenta officiellement, alors que vous saviez évidemment qui vous étiez. Mais c’était signe qu’il désirait faire table rase et tu ne pouvais qu’accueillir à bras ouverts cette tentative. « Et moi c’est Jackson. Très heureux d’enfin faire ta connaissance. » Parce que soyons honnêtes, cette fois-là, aux Jardins de Circé, vous n’aviez pas montré vos véritables identités. Vous vous étiez montrés irrités, mauvais, orgueilleux. Ça ne vous avait pas empêché de terminer la conversation sur une note plus ou moins cordiale, mais rien qui aurait pu annoncer que vous vous retrouviez en rendez-vous plus de huit mois plus tard. Tu lui tendis finalement son billet. « Gracieuseté des Jardins de Circé. Pour se faire pardonner de la mauvaise expérience entourant le thé. » Vu que t’avais fait exprès de le rater. Tu ris, avant de te mettre à marcher vers l’entrée.

En voyant cet échange de sourires entre vous, tu comprends sans difficultés que vous êtes tous les deux prêts à repartir de zéro. A réellement apprendre à vous connaitre sans tous les à priori que vous pouviez avoir par le passé. C'est plutôt plaisant, tu dois bien l'avouer. Tout comme Jackson qui est plus qu'agréable à regarder, davantage encore quand son sourire t'est adressé. « Je suis prêt à tout. » Plaisantes-tu à propos du fait de prendre un serpent autour de ton cou. En réalité, tu ne sauras qu'une fois là-bas si tu t'en sens capable ou non. Mais tu es à peu près sûr que pour impressionner Jackson, tu le feras. Tu tends ta main vers la sienne, la serrant légèrement, une fois les présentations terminées. Au moins, vous repartez sur de bonnes bases ce qui rendra votre "rencard" plus agréable. « Le plaisir est partagé. » Réponds-tu sans détacher ton regard du sien. Après quelques secondes, ton attention est attirée par le billet qu'il te tend. Cadeau des Jardins de Circé. Tu ris en saisissant le morceau de papier. « Quelle générosité... J'espère que vous n'êtes pas obligés de faire ça à tous les clients. » Tu ris à nouveau, imaginant déjà l'établissement fermer à cause de nombreux cadeaux de compensation. Mais quelque chose te dit que Jackson n'est pas aussi mauvais dans son travail. « Tu sais qu'à cause de toi je ne bois plus de thé ? » C'est totalement faux mais tu as envie de le taquiner un peu alors tu dis ça tout à fait sérieusement en prenant la direction de l'entrée.

Tu arquas un sourcil avec un sourire à la fois satisfait, à la fois défiant, quand Juliann t’affirma être prêt à tout. Bien que l’animosité entre vous deux semblait faire partie du passé, désormais, tu ne pouvais t’empêcher de garder une certaine compétitivité entre vous. C’était con, parce qu’au fond vous l’aviez convenu vous-mêmes, vous n’aviez jamais été en compétition tous les deux. Alejandro avait créé une situation insoutenable et ni Juliann ni toi n’était en faute, au fond. Des petits challenges amicaux, cependant, ça ne faisait de mal à personne, pas vrai ? « C’est ce qu’on va voir, alors. » Répondis-tu avant de sourire, creusant tes fossettes. Pour souligner votre nouveau départ, Juliann se présenta officiellement à toi, et t’en fis de même. Vous enterriez officiellement la hache de guerre, de cette poignée de main sincère. T’arrivais pas à le quitter des yeux et ça tombait bien, parce que lui aussi gardait le regard rivé sur toi. C’est fou, comment tu pouvais arriver à le trouver grave plus attirant, maintenant qu’il n’était plus en train de te faire chier sur tes heures de travail. Bon, il était canon aussi à son passage aux Jardins de Circé, mais son arrogance l’avait rendu un tantinet moins intéressant. Heureusement, c’était de l’histoire ancienne, encore plus avec ton offrande de paix. « Ha, heureusement que non ! Juste les clients qu’on aimerait voir revenir. » Tu lui fis un clin d’œil, avant de prendre la direction de l’entrée du zoo toi aussi. Tu regardas Juliann avec surprise, reculant même un peu, en entendant sa confession. « Nooooon. Sérieux ? Bro’, laisse-moi une seconde chance, je te jure que je fais de très bons thés maintenant. » Maintenant, oui, parce qu’à tes débuts aux Jardins de Circé, c’est vrai que tu ne savais pas quelle température d’eau allait avec chaque type de thé.

« Est-ce que tu es en train de douter de moi, là ? » Demandes-tu quand Jackson affirme que c’est ce qu’on va voir. Est-ce qu’il est réellement en train de te défier ? Si dans un premier temps, tu pensais le faire seulement pour l’impressionner, à présent, c’est surtout pour lui montrer que tu es capable de tout. Ou plutôt, d’un grand nombre de choses. Tu n’as pas beaucoup de peurs dans la vie mais l’idée qu’un serpent t’enserre le coup et t’étouffe n’est pas vraiment réjouissante. Peut-être que dans le fond Jackson éprouve toujours de la rancœur et tente de mettre fin à tes jours… Non, ce serait complètement ridicule. « Ta patronne aussi ? J’devrais peut-être passer la remercier alors. » Rétorques-tu, taquin. Même si tu n’y réponds pas forcément, tu es heureux de constater que tu ne laisses pas totalement indifférent Jackson. Au moins, cette attirance qui se crée entre vous n’est pas le fruit de ton imagination. « Est-ce que c’est une invitation ? » Demandes-tu en arquant un sourcil et en tournant la tête vers le brun. « Parce que si c’est le cas je l’accepte avec plaisir. » Tu lui diras plus tard que ce n’était qu’une blague, peut-être lors de votre second « rendez-vous ». Une fois l’entrée passée, vous pénétrez à l’intérieur du zoo et repérez bien vite les panneaux qui mènent aux reptiles. Continuant dans cette direction, tu demandes en souriant : « Du coup, excepté faire du thé, qu’est-ce que tu aimes dans la vie ? » Parce que finalement, tu te rends compte que tu ne connais pas grand chose sur Jackson si tu enlèves tous les à priori que tu avais à son sujet auparavant.

Tu arquas un sourcil, moqueur, amusé, quand Juliann te demanda si t’étais en train de douter de lui. « Hé, après tout, j’te connais pas vraiment. Pas encore. I don’t know what you’re made of. » Tu le défiais, carrément. Et ça te faisait intérieurement rire, même si en apparence t’essayais de garder un air un peu plus fier, plus redoutable. La vérité était que toi, dès que tu te retrouverais devant un animal dans le genre d’un rhinocéros ou une bête du genre, t’allais flipper ta vie. Juliann pourrait bien se marrer à ce moment-là. Tu lui offris finalement le billet, prétextant que c’était pour te faire pardonner de son service médiocre aux Jardins de Circé. Un sorte d’incitatif à ce qu’il revienne. Il mentionna ta patronne, et tu secouas vivement la tête en imaginant la tête de Circé. « Ah, non, vaut mieux pas. Je le ferai à ta place. » Tu ris. Si Circé apprenait que t’avais mal servi un client tout ça parce que t’avais des comptes à régler avec lui, elle allait te faire la morale. Elle était cool, mais elle avait quand même sa business à faire rouler. Juliann te mena en bateau en te disant qu’à cause de toi, il ne buvait plus de thé. Tu tombas dans le panneau, forcément, cherchant donc à tout prix à te rattraper. « C’en est une. Je suis ravi que t’acceptes. Tu vas voir, j’vais te faire retomber amoureux. » Lâchas-tu, avant de figer. « Du thé, of course. » Tu ris, gêné, avant de passer l’entrée du zoo après avoir présenté ton billet. Juliann suivait les directions pour les reptiles, tel que demandé. « Euhm, j’aime beaucoup la photographie. Autant être devant que derrière la caméra. Mais mon vrai truc, ma passion, c’est le cirque. Je suis acrobate aérien. » Spécifias-tu. « Et toi ? » Alejandro ne t’avait rien dit au sujet de Juliann non plus – encore heureux. Après tout, t’avais même pas été au courant de son existence avant votre premier rendez-vous officiel.

C'est vrai que tout reste encore à faire entre vous. Vous avez encore des tas de choses à découvrir l'un sur l'autre afin de tirer un trait définitif sur le passé. Et sur ce mauvais départ causé par Alejandro. « Compte sur moi pour te le montrer alors. » Réponds-tu, une once de défi dans le regard. Tu espères faire meilleure impression à Jackson même si ça risque de ne pas être très compliqué étant donné que la dernière fois, tu lui as vraiment montré les pires facettes de ta personnalité. Apprenant que les billets sont un cadeau des Jardins de Circé pour le "mauvais traitement" reçu la dernière fois, tu signifies au jeune homme que tu ferais bien de remercier sa patronne mais tu comprends bien vite qu'elle n'est pas au courant. « D'accord. Merci en tout cas, j'apprécie le geste. » Conclus-tu avant d'expliquer à Jackson que tu ne bois plus de thé par sa faute. Ce qui est complètement faux mais tu aimes bien le faire marcher. Tu ris en l'entendant préciser qu'il va te faire retomber amoureux du thé. « Du thé, évidemment. » Reprends-tu d'un air taquin. « Je passerai un de ces quatre alors. » Si du moins il t'invite bien aux Jardins de Circé et pas chez lui. Ou ailleurs. Prenant la direction des reptiles, tu profites de ces quelques minutes de marche pour en apprendre un peu plus sur Jackson que tu connais très peu finalement. Tu n'es pas vraiment étonné quand il t'apprend qu'il aime la photographie, autant pour être à l'avant ou à l'arrière de la caméra. Avec sa belle gueule, pas étonnant qu'il réjouisse les photographes. Par contre, tu ne peux pas cacher ton étonnement en apprenant que sa vraie passion, c'est le cirque. « Ah ouais... Je dois dire que la photographie ça ne m'étonnait pas vraiment mais le cirque, ça, c'est une surprise. Et c'est tellement plus... waw que ce que je fais moi. » Plaisantes-tu avant d'ajouter : « Je suis pompier. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu en faire mon métier. » Tu sais que le métier de pompier peut faire rêver également ou peut intéresser de par son côté dangereux. Mais à tes yeux, acrobate c'est bien plus intéressant.

Tu haussas les sourcils en hochant la tête, un grand sourire aux lèvres : « Oh, j’y compte. » Tu ne savais pas si c’était le contexte de votre rencontre ou tout simplement l’alchimie entre vous, mais t’avais juste envie de jouer, avec Juliann. Que ce combat de coqs auparavant sérieux ne devienne qu’un grand terrain de jeux où vous pourriez vous découvrir dans les gamineries. T’étais capable d’être un peu plus adulte, dans ta vie, mais t’en avais généralement pas trop envie. Pourquoi se faire chier avec des grandes questions et des responsabilités supplémentaires ? La vie était déjà bien assez difficile comme ça. « Ça me fait plaisir. » Conclus-tu à propos des billets achetés. Ce n’était pas grand-chose, ce n’était pas le zoo de San Diego, alors le prix était plutôt raisonnable. T’aurais sans doute pas pu te permettre d’acheter deux entrées dans le plus grand zoo du monde. Triste, mais vrai. Ça venait avec ton choix de ne pas être un véritable adulte. « Cool. Je travaille du mercredi au dimanche. » Spécifias-tu, voulant évidemment être là lorsque Juliann se déciderait à venir faire un tour. En marche vers les reptiles, l’homme te questionna sur tes intérêts, autre que le thé – qui n’était même pas un intérêt, disons les choses telles qu’elles sont. « Comment ça, plus waw que ce que tu fais ? » Demandas-tu avec un mince sourire, tout de même flatté qu’il soit à ce point impressionné. Mais le voilà qu’il t’apprenait être pompier. « Attends, moi j’fais des pirouettes dans les airs, toi tu sauves des vies, et c’est pas aussi waw que moi ? » Tu lui donnas un petit coup de coude pour le pousser et lui faire comprendre qu’il disait n’importe quoi. Tu secouais la tête de gauche à droite sans perdre ton sourire. « Ça explique les muscles que t’arrêtes pas de show off on Instagram, en tout cas. » Tu ris. Tu te trahissais, toi qui avais cherché Juliann sur Insta pour défiler les photos de lui, mais tant pis. Ça ne te dérangeait pas vraiment qu’il sache que tu le stalkais. C’était une évidence qu’il te plaisait bien, après tout. Au bout de l’allée, tu vis la pancarte d’accueil de la maison des reptiles, petit nom mignon donné à la section du parc. À l’intérieur, il y avait de nombreuses cages, certaines petites, d’autres plus grandes, avec des serpents, des lézards, crocodiles et autres espèces. Plus loin, l’animateur faisait les fameuses démonstrations avec le serpent.

Cool. Je travaille du mercredi au dimanche. Tu hoches la tête, planifiant déjà dans ta tête le jour où tu lui rendras visite aux Jardins de Circé. Tu laisseras un peu de temps s'écouler pour ne pas passer pour le mec trop impatient de le revoir même si, dans le fond, tu sais déjà que tu auras envie de revoir Jackson après cette journée. Il a ce petit truc en plus qui t'attire. Sans doute ce petit côté compétitif qui s'est installé entre vous mais qui est totalement grisant. « Alors je tâcherai de passer un lundi ou un mardi. » Le taquines-tu en souriant du bout des lèvres. Après avoir pris le chemin qui mène aux reptiles, tu interroges Jackson sur sa vie et plus précisément sur ce qu'il aime faire. C'est la première fois que tu rencontres un acrobate et tu ne peux pas t'empêcher d'avoir des pensées déplacées en pensant à quel point il doit être habile au lit. Chassant cette image de ton esprit, tu te concentres à nouveau sur votre discussion, lui expliquant que tu es pompier. Bien moins glamour que ce qu'il fait lui. Mais le jeune homme n'est pas de ton avis, idéalisant, comme la plupart des gens, le métier de pompier. « Je suis sûr que ta passion se résume à un peu plus que de simples pirouettes dans les airs. » Cela doit être technique et puis il faut une certaine rigueur pour ne pas tomber dans le vide et se briser tous les os. « Oui, il m'arrive de sauver des vies mais parfois, c'est bien moins fou que ça en a l'air. Et puis, j'imagine qu'après toutes ces années, ça me paraît moins dingue. » Dis-tu en haussant les épaules. Même si tu aimes toujours autant ton métier, une certaine routine s'est installée. Bien sûr, les jours ne se ressemblent pas et c'est vraiment palpitant d'entrer dans une maison en feu mais parfois, ça laisse d'énormes séquelles. Et tu es bien placé pour le savoir. Alors que Jackson fait allusion à tes muscles, souvent mis en avant sur Instagram, tu arques un sourcil, appréciant l'idée qu'il stalke ton profil. Tu ne vas pas mentir, tu en as fait autant de ton côté. « Je vois que tu es bien informé... J'espère que tu as apprécié la vue. » Rétorques-tu en souriant avant de voir que vous êtes arrivés à destination. Tu balaies l'espace réservé aux reptiles des yeux, repérant rapidement l'animateur qui s'occupe des démonstrations avec les serpents. « Alors, tu es prêt à aller dompter la bête ? Et je ne parle pas de moi. » Dis-tu en lui adressant un clin d'oeil.

Évidemment qu’il allait te répondre ça. Tu lui lanças un regard amusé en secouant la tête. Il était incorrigible. Et toi aussi. Ça deviendrait de plus en plus drôle, cette histoire. « T’es con. » Dis-tu tout simplement dans un rire. Tu savais qu’il allait venir lors d’une de tes journées de travail, peu importe ce qu’il en disait actuellement. C’était votre jeu, ça, mais derrière les coups de pion, il y avait un réel intérêt. En tout cas, t’avais l’impression de la sentir, cette attirance, et pas qu’à un seul sens. De toute façon, si tu ne plaisais pas un minimum à Juliann, il ne serait pas ici. Et il serait encore moins en train de te poser des questions sur ta vie. « Ce ne sont pas de simples pirouettes, mais des pirouettes quand même. » Tu ris. Certes, il y avait toute une technique, une force, pour s’enrouler et se retenir aux tissus sans tomber lors d’une acrobatie. Les pirouettes devenaient alors bien complexes, et seules des années et des années de pratique permettaient d’atteindre ton niveau. Mais quand même. Tu ne sauvais pas des vies. Tu les enjolivais, à la limite, pour un court moment. « Ouais, j’imagine que c’est ton habitude qui parle. Parce que d’un point de vue extérieur, ça a l’air que de ça, fou. » Se jeter dans les maisons incendiées pour sauver des gens, s’approcher des flammes pour les combattre, risquer sa propre vie parfois pour ne sauver que des planches de bois et des souvenirs … C’était dingue, carrément. Bon, Bowen ne brûlait pas à tous les jours, alors tu te doutais que certaines interventions étaient plus calmes et ne nécessitaient pas tout l’attirail de pompier. En tout cas, le photos Instagram de Juliann prouvaient qu’il n’était effectivement pas toujours dans son uniforme. « Ouais t’inquiètes je me suis bien rincé l’oeil. » Lui avouas-tu sans honte, avec un sourire aux lèvres. Une fois dans la section des reptiles, Juliann repéra rapidement l’animateur et ses bêtes, te proposant d’aller les dompter. « C’était ton défi, pas le mien. » Rétorquas-tu avec une lueur amusée dans le regard. « Mais si tu te dégonfles, je le fais sans problème … » En réalité, vous seriez sans doute tous les deux tentés d’essayer. Même si tu jouais à ce petit jeu, au fond de toi t’avais beaucoup trop envie de prendre ce serpent autour de tes épaules.

Tu ris à ton tour quand Jackson te traite de con après ta plaisanterie. Au moins, tu as le don de le faire rire et c'est plutôt un bon point à tes yeux. Parce que pour quelqu'un comme toi, il est nécessaire de rire au quotidien et encore plus dans une relation. Bon, ici, avec Jackson, vous êtes loin d'être en relation mais vous apprenez à vous connaitre et c'est tout aussi important à tes yeux. Du coup, pour en apprendre un peu plus sur le jeune homme, tu l'interroges sur sa passion, les acrobaties. Ou plutôt les pirouettes comme il semble le dire. « J'imagine qu'il y a pas mal de techniques à acquérir pour maîtriser ces pirouettes. » Dis-tu, vraiment intéressé par le sujet. A tes yeux, c'est bien plus passionnant qu'être pompier. Et sans doute plus exotique aussi. Le genre de choses qui peut faire craquer n'importe quelle femme ou homme. Mais à ce niveau-là, en étant pompier, tu n'es pas trop mal loti non plus. « C'est sûr que ça peut l'être. J'ai déjà eu quelques interventions bien musclées mais ça reste une minorité. Et heureusement, j'voudrais pas que toutes les maisons des habitants prennent feu. » Plaisantes-tu. Même si, fun fact, un jour, une femme a mis le feu à ses rideaux pour faire venir l'un de tes collègues. Pas de chance pour elle, il ne travaillait pas et en plus, le feu a consumé bien plus que ses rideaux. Enfin bref, tu ne penses pas que Jackson en arrivera là un jour. Lui, il est plutôt du genre à se rincer l'oeil via les réseaux sociaux, comme il te l'avoue tout juste. Tu lui souris, heureux d'apprendre que ton corps ne le laisse pas indifférent. Une fois dans la zone des reptiles, tu repères rapidement l'homme qui s'occupe des serpents. Et comme tu l'as promis à l'acrobate, tu es prêt à relever le défi même si l'idée d'avoir un python autour du cou ne t'enchante pas des masses. « Me dégonfler ? » Demandes-tu en feignant d'être choqué, un sourcil arqué. Tu secoues la tête puis t'insères dans la file qui mène à l'homme en question. Il ne faut pas longtemps avant que ce soit ton tour. Et même si tu tentes de rester digne, tu n'es pas super à ton aise quand l'homme dépose le serpent qui vient doucement s'enrouler autour de ton cou. « J'espère quand même que j'aurai droit à une petite récompense après ça. » Dis-tu en riant.

HJ:

Tu riais intérieurement à chaque fois que vous disiez le mot pirouette. C’était lui le premier à les avoir appelées ainsi, et t’avais juste suivi la sélection de mot avec une pointe de susceptibilité amusée. Pirouette, ça semblait tellement enfantin, comme truc, alors que ce que tu faisais n’avait absolument rien d’un jeu d’enfant. C’est ce que Juliann avait d’ailleurs très bien compris en soulignant qu’il y avait pas mal de techniques à acquérir pour maîtriser cet art. Tu hochas la tête. « Ouais. Disons que pendant que les jeunes de l’école jouaient au ballon-chasseur dans la cour, moi j’étais dans le gymnase à tomber et à me relever, encore et encore. » Avouas-tu avec une légère tristesse dans la voix. Juste parce que t’avais toujours eu l’impression d’avoir manqué un peu de l’expérience d’être un gamin, puis d’être un adolescent aussi. Toutes ces étapes-là tu les avais vécues loin des gens de ton âge. Mais ça t’avait permis de faire partie de Cirkaös, de rencontrer Brooke, de vivre de ta passion pendant plusieurs années. Les sacrifices avaient payé, alors tu ne regrettais rien. Quand Juliann te parla ensuite des interventions musclées qu’il avait eu à faire, tu le regardas, intéressé. « T’as quelques histoires à me raconter ? » Osas-tu demander, curieux. Tu voulais grapiller quelques détails pour renforcer davantage l’image de héros de Bowen que t’avais de lui. Ce ne serait pas qu’à travers ses photos Instagram que t’arriverais à avoir un portrait complet, même si les clichés par-ci par-là étaient plutôt plaisants. Bref, tu laissas Juliann rentrer le premier dans la zone des reptiles, et sans attendre le grand défi fut lancé. Orgueilleux ou compétitif, un peu des deux sans doute, l’homme alla se mettre en file pour prendre le python. Le brun laissa le guide enrouler le serpent autour de son cou, et tu en profitas pour t’approcher avec précaution pour toucher le reptile pendant qu’il était autour de Juliann. À sa question, tu esquissas un sourire amusé, et murmuras rien que pour lui : « Oh, t’en fais pas, ce serpent-là n’est pas le seul que je compte toucher aujourd’hui … » Dis-tu en te retenant de rire face à ton propre sous-entendu. T'espérais juste ne pas brûler trop d'étapes. Ce n'était peut-être pas tout le monde qui était tout le temps horny comme toi.

« C’est une bonne chose, cela prouve que tu es quelqu’un de persévérant. » Et d’endurant aurais-tu pu ajouter avec une pointe de malice dans le regard. Mais tu décides de t’abstenir parce que vous parlez de son enfance et que c’est plus important que tous les sous-entendus que vous pouvez faire depuis votre arrivée. « J’imagine que t’as dû te casser pas mal de trucs, à force ? » Peut-être que son corps est le reflet de toutes ces chutes qu’il a pu faire, un peu comme toi avec les accidents de travail que tu as enchainés, au fil des années. De nombreuses cicatrices en attestent, d’ailleurs, à différents endroits de ton corps. Ton métier n’est pas de tout repos et semble intriguer Jackson qui t’interroge à propos de quelques histoires que tu pourrais lui raconter. Tu fronces légèrement les sourcils, cherchant dans ta mémoire l’une ou l’autre histoire « intéressante ». Décidant de ne pas parler de celle qui t’a poussé à prendre de la drogue au quotidien, il y a quelques mois d’ici. « Une fois y’a un petit garçon qui a mis tous ses jouets dans le four de la cuisine et en touchant aux boutons, il l’a allumé. Autant te dire que tous ses jouets ont fondu et ont mis le feu au four et à tous les meubles qui se trouvaient à proximité avant que ses parents ne s’en rendent compte. Heureusement, tout le monde s’en est sorti indemne sauf les jeux du petit. » Dis-tu en riant légèrement. « Une autre fois c’était une gamine qui s’est amusée à faire un feu dans sa chambre. Ouais, ouais, t’as bien compris, dans sa chambre. Tout ça pour une vidéo Tik Tok. » C’est incroyable tous ce que les gens sont prêts à faire pour faire parler d’eux sur internet, aujourd’hui. Enfin, concernant cette gamine, c’était par pure naïveté. Et à part quelques brûlures sur la peau, sans gravité, elle s’en est bien sortie elle aussi. Mais aujourd’hui ce n’est pas le feu que tu vas dompter mais bien un serpent. Enfin, à ta manière. Une fois le reptile autour de ton cou, Jackson vient caresser sa peau toute particulière. Et quand il te murmure que ce n’est pas le seul serpent qu’il compte toucher aujourd’hui, tu lui réponds avec la même malice : « Oh j’espère bien… » Tu n’es pas insensible au charme du brun et ça doit se voir à la façon dont tu le regardes. Bref, après quelques minutes, le guide vous propose d’échanger les rôles. « Tu t’en sens capable ? » Demandes-tu avec une lueur de défi dans les yeux.

Persévérant, tu l’étais oui, mais que pour ce qui te passionnait. Quand quelque chose ne captait pas tout ton intérêt, tu lâchais généralement prise assez rapidement. Prenons l’exemple du thé, puisque c’était justement dans ces circonstances que Juliann et toi aviez fait connaissance pour la toute première fois, même si cette fois-là marquait des débuts houleux. Ce job-là, tu ne le supportais que pour l’argent et parce que tu savais qu’avec tes compétences assez limitées, tu ne trouverais probablement pas mieux ailleurs. Le thé, t’en avais rien à battre, c’était bon quand on t’en faisait mais t’avais pas forcément de plaisir à le préparer. Surtout, t’y connaissais rien du tout, et au grand dam de Circé t’avais pas non plus cherché à apprendre plus que la base. Aucune persévérance là-dedans. Pour le cirque cependant, là, c’est vrai, t’aurais tout donné. « Quand ça compte, ouais. » Résumas-tu pour Juliann, ne voulant quand même pas l’embêter avec tout ce qui venait de te passer par la tête dans la dernière seconde. À sa question, tu hochas la tête avec un sourire. « Quelques foulures surtout, à cause de mauvaises retombées ou de faux mouvements avec le tissu. Mais pas trop mal. J’ai été chanceux faut croire. » Ou doué, selon la perception. Heureusement pour toi, dans ta carrière, il n’y avait pas vraiment de dangers extérieurs qui pouvaient peser dans la balance. Juliann, lui, avait beau sans doute être un très bon pompier, il n’était pas à l’abri d’accidents qu’il ne pouvait contrôler. Tu t’intéressas d’ailleurs davantage à tout ce qu’il pouvait vivre comme expériences et comme moments intenses et particuliers. Lui, il devait toujours avoir des histoires à raconter autour d’une table. Tu te frappas le front en entendant parler de cette histoire de Tik Tok. « C’est pas les guerres ou le réchauffement climatique qui vont mettre fin à la race humaine, ce sont tous ces challenges sur les réseaux sociaux … » Déclaras-tu, exaspéré. T’avais beau aimer les différentes plateformes du web, tu n’embarquais pas dans les défis débiles et potentiellement dangereux. T’avais quand même une tête sur les épaules, contrairement à d’autres qui visiblement n’avaient pas autant de jugement. Tu repéras finalement l’antre des reptiles dans lequel tu pénétras avec Juliann. C’était sans doute un peu ironique après votre dernière conversation puisque vous vous apprêtiez à vous challenger avec ce serpent, mais dans cet environnement contrôlé il n’y avait pas réellement de craintes à avoir. Tu te sentais tellement à l’aise que t’étais même encore capable de sortir des sous-entendus pas très subtils en fait. Tu échangeas un regard de malice avec Juliann avant de le laisser apprécier le moment avec le python. Le guide te proposa que ce soit à ton tour. Tu regardas le brun dans les yeux. « Et comment ! » Le guide aida à la transition et, bien vite, ce fut autour de tes épaules que le serpent s’enroulait. Tu souris largement, osant déposer un rapide bisou sur la peau écailleuse. Le serpent siffla au même moment, ce qui te fit sursauter légèrement, avant de rire. « Tu crois que c’est parce qu’il a aimé ça ? » Demandas-tu en regardant Juliann avec amusement.