if you let me, i'll care of you + woody

Woody sourit, un léger rire accompagnant son sourire, alors que Charlie lui disait avoir pensé qu’ils auraient pu s’entretuer. Deux combattants, donc ? C’est ce à quoi il songea, une lueur de malice dans le regard. Il avait toujours aimé les femmes têtues, Woody. Il suffisait de penser à Freja et à toutes les explosions, les querelles, entre eux. Il chassa rapidement cette pensée trop douloureuse de sa tête. « Je suis persuadé qu’on trouvera d’autres sujets sur lesquels s’entretuer. » Ça ne tarderait pas, d’ailleurs, avec un homme comme lui. Pire que de s’entretuer, ils se bousilleraient, s’autodétruiraient, sans jamais porter le coup fatal qui les délivrerait. C’était à ça qu’excellait Woody, après tout : avoir une emprise sur les gens, les manipuler, les détruire à petits feux. Au début d’une relation, le trentenaire ne laissait pourtant rien paraître de tout cela. Le séducteur s’immisçait lentement dans les cœurs avant de blesser, même involontairement. Le jeune homme retint un éclat de rires alors que Charlie lui rappelait sa version des faits. « Ben du coup on n’a même pas pris un poisson rouge, j’sais même pas pour combien de temps on sera coincés avec Woolie. » Dit-il en levant le sac qu’il tenait dans sa main, sac d’eau dans lequel nageait – plus ou moins vu l’espace – Woolie. Bref, les deux sélectionnèrent ensemble un aquarium approprié pour le mode de vie du poisson, et quittèrent l’animalerie après avoir payé. « Tu crois qu’il va survivre le temps de nos cafés et muffins ? » Demanda Woody, n’ayant évidemment pas oublié que ça ne se terminait pas là. Fort heureusement.

Ni moi, ni Woody, savons dans quelle histoire nous nous sommes embarqués. Il est clair que nous étions deux personnes têtues, dotées d'esprit de compétition et un tantinet d'orgueil. Ce que nous ne savons pas également, c'est que nous étions deux âmes autodestructrices. Deux âmes qui aimaient déjà quelqu'un. Ce sera un immense plaisir de m'entretuer et, accessoirement, de gagner contre toi. dis-je sans une once de modestie. Parce que moi aussi, j'aime avoir le dernier mot. D'ailleurs on ne s'attarde pas et je m'empresse de payer notre bébé Woolie. Nous sortons de l'animalerie les mains prises avec l'aquarium, les décos et bien évidemment le poisson. Le sachet d'eau dans la main, Woody me rappelle la responsabilité de notre poisson. A t-on vraiment le temps de boire un café et manger des muffins? Woolie ne survivra pas. C'est p'tet pas une si bonne idée, finalement. Ça serait bête qu'il meurt pendant notre pause café. Je me sentirais un peu coupable. Rien que de penser à tirer la chasse d'eau pour faire disparaître notre défunt poisson, beurk! Le mieux ce serait qu'on aille chez l'un de nous. Je sais qu'on ne sera pas très à l'aise chez moi mais, tant pis, je prends les devants. J'ai tellement envie de me retrouver seule avec lui. Tu veux venir chez moi? Par contre tu risques de croiser mon coloc ou mon frère. Il n'est pas méchant mais bon... Mais bon j'ai pas trop envie que je te présente à lui comme un petit ami, non. Justement je préférerais éviter l'interrogatoire de l'inspecteur Devon. Il est juste un peu protecteur. Voilà on va minimiser les choses. Je crois qu'il est temps que j'envisage un déménagement. Nous n'avons pas encore goûté au plaisir en dessous de la ceinture, et je dois admettre que j'en ai envie. Si il m'invite chez lui, peut-être que...? Faudrait-il encore qu'il prenne l'initiative de me le demander.

Haussant les sourcils face à cette prétention, Woody regarda Charlie avec un air de surprise, d’agréable surprise, avant de rire. Elle lui tenait tête, elle le challengeait, et il aimait ça. C’était sans doute malsain de se plaire déjà dans une relation avec une femme de caractère, parce qu’il suivait son même pattern, encore et encore, mais Woody n’en avait actuellement rien à faire. Elle lui faisait du bien et c’était vraiment tout ce qui est importait. « C’est ce qu’on verra … » Commenta simplement Woody, laissant un avant-goût de toutes ces prises de tête qui pourraient possiblement suivre. Ils sortirent finalement tous les deux de l’animalerie, et le trentenaire se demanda alors quoi faire avec ce poisson qui allait mourir, probablement d’ennui, s’ils ne rentraient pas chez l’un ou l’autre l’installer dans son aquarium. « Il faut au moins que ça nous dure le temps de le partager quelques semaines, sinon c’est pas drôle. » Woody esquissa un sourire, avant de sentir sa tête s’affoler un peu en entendant Charlie lui proposer de venir chez elle, au risque de croiser son coloc, ou son frère … protecteur. Ça, c’était un peu trop rapide pour lui, un peu trop d’engagement, de devenir un visage connu pour l’entourage de Charlie. Et puis, Woody avait toujours aimé sa solitude, et quand il la partageait, c’était avec une seule personne, pas un tas d’oreilles indiscrètes qui pouvaient rôder un peu partout. Il n’avait jamais été en colocation, pas même pendant ses années d’universitaire, et ce n’était pas pour rien. « Chez moi j’suis seul, on serait peut-être plus tranquilles, ça t’irait ? À moins que tu tiennes absolument à ce qu’on installe Woolie chez toi d’abord … » Dit-il avec un sourire, espérant franchement qu’elle accepterait de venir chez lui à la place. Dans sa maison, avec l’accès à la terrasse arrière et à la piscine, ils auraient tout l’espace et le temps pour allonger la journée.

Voilà c'est exactement ce que j'aime chez un homme. Attiser la petite flamme ; surtout avec un homme comme Woody qui est tout autant obstiné que moi. Lequel de nous deux l'est le plus? L'avenir nous le dira. En attendant mon sourire satisfait prétendra que c'est moi. Nous sortons de l'animalerie en réalisant que nous ne devrions pas traîner trop longtemps si nous ne voulons pas que Woolie meurt prématurément. Je propose qu'on aille chez moi, dans l'espoir qu'il refuse et me propose d'aller chez lui. La présence de mon frère devrait suffir pour le refroidir. Ça semble fonctionner. Je t'avoue que je préférais aller chez toi dis-je en toute sincérité et visiblement soulagée. Euh c'était peut-être un peu malpolie de l'avouer comme ça, brut de pomme? Je tente de rectifier le tir. Je veux dire, on a adopté un poisson aujourd'hui. Ça fait déjà beaucoup d'émotion. Puis, au moins là, je peux me permettre de faire ça : j'attrape son menton, dépose mes lèvres sur les siennes, doucement, avant de l'embrasser. Quand je relâche mon baiser, je feins un sourire gêné. Je prends un peu trop d'initiative à mon goût, là. Allez je me fais la promesse solennelle d'arrêter ce genre d'initiative! Quoi, tu promets quoi? Dans tes rêves, Charlie! Son simple regard me fait dire que c'est encore une promesse jetée dans l'océan. Je suis en voiture. Et toi? Tu habites loin? Si il est à pied, je l'emmène et si il est en voiture, je le suivrais derrière sur la route.

Mindgames. C’aurait dû déclencher l’alarme, c’aurait dû faire comprendre à Woody que tout ça, c’était une mauvaise idée, que c’était un jeu dangereux. C’était pourtant anodin, inoffensif, de la part de Charlie. Elle avait juste parlé de son frère pour le convaincre de l’inviter chez lui à la place, plutôt que de lui dire directement ce qu’elle préférait entre les deux. Ce n’était rien de grave, tout le contraire. Et pourtant, c’était peut-être signe qu’entre les prises de tête qu’ils prévoyaient déjà et les non-dits à anticiper, Woody était en train de s’embarquer dans une histoire qui n’aurait pas une meilleure fin que les autres. Mais il était hooked, et c’était difficile de faire marche-arrière, surtout lorsque l’arrière était aussi douloureux que le souvenir de Freja. « Il suffisait de le dire, alors. » Releva légèrement Woody, un sourire aux lèvres. Charlie se justifia un peu plus encore, parlant de toutes ces émotions associées à Woolie et sa liberté de l’embrasser loin des regards. Ça, elle ne le lui avait pas dit, mais elle le lui avait montré. « C’est vrai que je n’aurais pas vraiment eu envie de bien me tenir devant ton frère … » Admit-il, malice et désir dans le regard. Il les aimait bien, les initiatives de Charlie, lui. Et à l’abri des regards, sans doute en prendrait-il davantage à son tour. « Je suis en voiture aussi, t’auras qu’à me suivre. Mais je vais te donner l’adresse au cas où on se perde de vue. » Il ouvrit sa main, paume vers le haut, pour que Charlie y dépose son téléphone. Dans son application de Google Maps, il inscrivit son adresse. « À exactement 7 minutes d’ici. » Répondit-il à sa question sur la distance, après avoir validé avec ce que disait l’application.

Viens on va chez toi, c'est un peu le genre de phrase que disent les filles faciles, non? Je n'ai pas osé le dire. Malgré que le désir est là, prêt à céder, ce n'est pas le genre de relation dont je veux refléter, enfin je me rectifie, pas avec Woody. À vrai dire, je ne sais pas ce que je veux vraiment avec lui. Mais je sais ce que je ne veux pas. Et ce que je ne veux pas, c'est être un plan c*l. Moi non plus je n'avais pas envie que tu te tiennes bien devant lui. dis-je dans un sourire, en évitant son regard. Que je suis idiote! Là je suis en train de donner des signes complètement contradictoires.

Nous décidons de se suivre en voiture et au cas où si je le perds de vue, il m'inscrit son adresse sur le GPS de mon téléphone. Sept minutes de route. Allons voir ton sublime château. Je te suis. Je monte dans ma Duster et en route. Il y a peu de trafic car nous ne sommes pas aux heures de pointe. Nous arrivons donc rapidement à destination et je me gare dans une rue pavillonnaire. Alors que j'étais persuadée que Woody vive dans un appartement, je découvre en réalité une maison. Jolie. lui fais-je remarquer, impressionnée, pendant que je verrouille les portes de ma voiture. Ça va me faire bizarre, de me retrouver seule chez lui. Notre premier rencard a eut lieu à la fête forraine où nous étions mêlés à la foule. Maintenant je suis sur le point de rentrer dans son cocon à lui, loin des regards indiscrets.

Les intentions se concrétisaient un peu plus. Ce qui devait être une fin de journée dans un parc, avec des muffins et du café, se transformait maintenant en une possible soirée pleine de sous-entendus. Ils ne comptaient pas bien se tenir, non plus. En tout cas, pas Woody, et si Charlie l’encourageait en ce sens, tout portait à croire que son souhait n’était pas d’être sage comme une image. Woody se sentait tout d’un coup un peu plus fébrile. Il n’avait pas eu de relations sexuelles, de quelque nature que ce soit, avec une autre personne, depuis plusieurs mois. Ça ne lui ressemblait pas et c’était pourtant sa nouvelle réalité, avec laquelle il devait composer depuis un moment. Lorsque Charlie qualifia en avance sa demeure de château, il rit. « Tu vas être déçue … » Et pourtant, après ces sept minutes à se suivre en voiture, maintenant sortis de leurs voitures respectives, Charlie sembla impressionnée de la maison de l’homme. « Merci. » Dit-il avec un sourire satisfait. Il avait travaillé dur pour cette maison, d’abord en remportant ses compétitions de vélo de montagne, ensuite en bâtissant la clientèle et la réputation de sa clinique de physiothérapie. « Pour l’intérieur, je n’ai aucun mérite. Une amie à moi est en design d’intérieur. » Parler de Freja comme d’une amie était si peu naturel, mais Woody n’avait pas envie de se lancer sur son sujet. Il déverrouilla la porte de sa maison et entra, suivi de Charlie. Il ferma la porte derrière eux et fut soulagé de voir que niveau propreté, il ne s’était pas trop laissé traîner ces dernières journées. Si Charlie était débarquée ici quelques mois plus tôt, elle aurait découvert l’antre d’un homme dépressif qui n’avait même plus la force d’ouvrir les rideaux. Il se reprenait en main, Woody, et ça avait commencé par un environnement plus sain. Toujours sa canne à la main, le trentenaire les guida jusqu’à la cuisine. « Je nous prépare des cafés ? Je te ferai visiter pendant que ça coule. » Proposa-t-il.

La tradition dit qu'il ne faut jamais coucher avant le troisième rencard, dixit ma meilleure amie Billie. Elle sait aussi à quel point j'ai la manie de transgresser les règles, et surtout d'écouter mes envies. La preuve, j'ai couché le premier soir avec mon magnétique Liam. Malgré mes intentions de prendre mon temps avec Woody, j'ai pris goût à nos sous-entendus. Et je pense bien qu'en étant seuls, lui et moi serons tentés à déraper. Je ne sais pas jusqu'où, mais j'imagine déjà que nos baisers seront plus fougueux à l'abris des regards.

Persuadée que Woody vivait dans un appartement, je suis agréablement surprise d'apercevoir la façade d'une belle maison. L'intérieur est inspiré d'une amie en design intérieur, a t-il dit. Une amie, ou plutôt une ex, lui qui a vécu une longue histoire dernièrement, je reste plutôt sceptique. Je ne relève pas, quel intérêt? Je n'ai pas la moindre envie de lui poser la question et surtout de plomber l'ambiance. C'est très joli. Je découvre un bel espace bien ordonné, assez grand pour un homme célibataire. Il me propose alors de préparer nos cafés et de me faire visiter. Oui, je prends les muffins. lui dis-je avant de retirer mes chaussures et ainsi de me rapetisser de quelques centimètres. Fais donc moi visiter ton palais. lui dis-je joyeusement en le suivant, les mains prises de ma boite de muffins.

Une fois à l’intérieur, Charlie réitéra que c’était joli, ce qui aurait pu être différent de l’extérieur. Il était vrai que la maison de Woody avait un certain cachet, et il en était plutôt fier. Quel dommage qu’il soit à peu près le seul à profiter de ce grand espace, lui qui y vivait en solitaire et qui ne recevait que trop rarement des amis. Il y avait bien les Rutkowski qui y venaient pour les dîners familiaux du dimanche soir, de temps en temps. C’était soit chez les parents, soit chez Nevaeh, soit chez lui. Pour Alex et Ade, c’était plutôt difficile puisqu’ils vivaient en colocation dans de plus petits appartements. « Merci. » Répéta doucement Woody avec un sourire satisfait. Puis, il proposa de préparer du café avant de faire visiter les lieux à Charlie, ce qu’elle accepta. Le trentenaire déposa l’aquarium et Woolie sur la table à manger, en attendant. Il survivrait bien une dizaine de minutes là-dedans. Ça leur permettrait aussi de lui trouver le meilleur espace où l’installer. Une fois à la cuisine, Woody mit en marche sa De'Longhi et sortit de petites assiettes pour les muffins, tout à l’heure. Il posa les deux tasses à café sous les deux jets simultanés, et se tourna vers Charlie après avoir démarré la machine. « Bon, ce palais, hein ? » Il esquissa un sourire amusé, avant de l’amener voir la salle à manger, le salon et les toilettes qui se trouvaient au rez-de-chaussée, avant de monter lui montrer son bureau, la salle de bain, une autre chambre qui servait actuellement de débarras, en quelque sorte, ainsi que sa chambre. « Y’a aussi un sous-sol mais ça n’a rien d’un château … Il y a encore de nombreux travaux à y faire mais pour le moment, j’ai pas besoin d’espace de plus … On verra plus tard si ça devient nécessaire. » En d’autres mots, s’il ne vivait plus seul un jour.

Être chez Woody m'intimide un peu. Je découvre son cocon, ses goûts, son intimité en quelque sorte. Il me faut un peu de temps pour m'apprivoiser les lieux. Pendant que le café coule, nous faisons le tour de sa maison et je constate qu'il a une belle et grande maison pour un homme qui vit seul. En effet il a de l'espace à revendre. Très sympa, ton palais. lui dis-je, tout sourie, en inspectant brièvement autour de moi. Ça va, tu dois être bien ici. Il n'avait pas besoin de faire des travaux pour le moment. Tu étais célibataire quand tu as acheté ta maison? Simple curiosité. Il est tout de même jeune pour être déjà propriétaire, mais c'est tout à son honneur. Si jamais un jour je devais faire un achat immobilier, ce serait pour fonder une famille.

« Ouais, j’m’y plais beaucoup. » Confirma Woody avec un sourire, alors qu’ils étaient toujours à l’étage. Woody entreprit de redescendre, puisque les cafés semblaient être prêts, alors que Charlie lui demandait s’il était célibataire au moment d’acheter la propriété. En descendant les marches, il hocha la tête puis répondit : « Ouais, j’avais vingt-quatre ans, célibataire, en plein dans mes années universitaires. » Expliqua-t-il, sachant fort bien que vingt-quatre ans, étudiant en plus, c’était assez peu commun de devenir propriétaire et même plutôt difficile à croire. Une fois de retour au rez-de-chaussée, Woody tourna la tête vers Charlie qui arrivait elle aussi aux dernières marches. « Disons que … j’ai été dans les compétitions sportives avant ça et que ça rapportait pas mal d’argent. » Il avait été champion mondial de vélo de montagnes trois années de suite, avait compétitionné pendant cinq années en tout, alors avec les prix, les bourses, les commandites, les publicités, Woody avait fait pas mal d’argent et il avait vu, en cette maison, un investissement. Ça lui avait aussi donné toute l’indépendance dont il avait eu besoin Il ne l’avait jamais regretté. Après l’annonce de son diagnostic de sclérose en plaques, il avait eu besoin de changer d’air, de ne plus avoir les regards tristes de ses parents et de sa fratrie sur lui à tous les jours, de ne pas avoir à s’en rappeler constamment. Vivre seul dans cette maison, ça avait été sa manière de faire durer le déni, aussi. Le physiothérapeute retourna à la cuisine et tendit son café à Charlie. « Tu mets quelque chose dedans ? » Dit-il en trempant ses lèvres dans le sien, noir.

En faisant le tour de la maison, j'apprends que Woody a acheté cette maison il y a déjà de nombreuses années. Vingt-quatre ans! Mais tu étais super jeune! lui fais-je constater avec à la fois étonnement et admiration. Il y a trois ans j'avais vingt-quatre ans, j'étudiais le condendat de Bose,-Einstein. Le doctorat était encore très loin et même si je pouvais vivre grâcieusement avec le patrimoine que mon père m'a cédé, je ne me suis jamais lancé dans un achat immobilier. Lui, en plus de ses études universitaires, participait à des championnats. Je suis impressionnée et je comprends mieux... D'où vient ton esprit de compétition. Tu étudiais quoi? Des études de physiothérapie sans doute, il est physiothérapeute. Mais ne sait-on jamais, un changement de voie est toujours possible, j'ai bien abandonné la physique cantique. Nous descendons à la cuisine pour boire le café. Oui un sucre, s'il-te-plait. Le café noir, ça réveille, mais mes papilles veulent un peu de douceur. En parlant de douceur, j'ouvre la boîte à muffin et lui tends. J'espère que tu vas aimer.

Woody hocha la tête en riant quand Charlie affirma que son esprit de compétition venait donc de là. « En réalité j’crois qu’il me vient de plus loin encore que ça, avec mon frère et mes sœurs. On est tous rapprochés en âge alors les défis, la concurrence … ça nous a façonnés. » Admit-il avec un sourire. Il était peut-être l’aîné de la famille, supposé donner l’exemple, mais Woody n’avait jamais laissé sa place et surtout, il n’avait jamais été un très bon modèle. « J’étudiais la physiothérapie sportive, j’m’y suis inscris dès que j’ai arrêté les compétitions à vingt-trois ans. Jamais arrêté depuis. » Et c’est pour cette raison qu’à trente-et-un an, sa clinique était bien établie à Bowen et qu’il n’avait pas de mal à rembourser son hypothèque, même en solo, pour une si grande maison. « Et toi alors, t’as une ancienne vie aussi, avant d’être pâtissière ? » Demanda le trentenaire en prenant les cafés. Il ajouta un sucre dans celui de Charlie, à se demande, avant de le lui tendre. Elle en profita pour ouvrir la boîte à muffins. Il en prit un, choisissant soigneusement celui qui semblait avoir le plus de pépites de chocolat. Il s’installa au comptoir de la cuisine où trois tabourets étaient alignés d’un côté, et prit une bouchée du muffin. Un soupir de satisfaction s’échappa d’entre ses lèvres alors qu’il avait encore la bouche pleine. Une fois la bouchée avalée, il s’essuya la bouche en regardant Charlie en secouant la tête de gauche à droite. « J’ai jamais mangé d’aussi bons muffins. »

Une fois le tour de la maison fait, Woody et moi descendons les marches de l'escalier. Je vois ce que tu veux dire. Enfin non, pas vraiment. J'ai un frère. Jumeau. Mais il n'y jamais eut de compétition entre nous. Jeunes, nous étions si différents. J'ai toujours été sûre de moi et investie dans ma scolarité. D'autre part sa maladie freinait toutes ses ambitions. L'envie de me confier à Woody m'effleure mais je me ravise, persuadée que la conversation allait s'attrister si je parlais de sa mucoviscidose. J'opte pour une autre question Tu as beaucoup de frères et sœurs? Sur ce que j'ai compris ils étaient au moins quatre. Une belle et grande famille.

Tandis que nous sommes en train de boire notre café, il aborde le sujet concernant ma vie avant d'être devenue une pâtissière. Oui j'étudiais la physique cantique. Je participais à des concours, j'avais l'impression d'apporter vraiment quelque chose avec mes théories. Puis il m'a suffit d'une rencontre pour réaliser que c'était vraiment la pâtisserie qui me faisait vibrer. Parler de mon ex ne me faisait plus rien, il appartenait à un passé plus que révolu. D'ailleurs c'est moi qui ait merdé sur ce coup-là, j'ai . C'est grâce à lui que j'ai découvert ma passion, je ne peux que lui en être reconnaissante. Depuis que je travaille à Imogen, Charlize m'aide à m'améliorer. Ma gratitude est à son comble lorsque Woody déclare qu'il n'a jamais mangé d'aussi bons muffins. Je suis très flattée. Tu ne pouvais pas me faire de plus beau compliment. J'y ai mis un ingrédient secret. Devine lequel? Je ne le laisse pas deviner longtemps. J'y ai mis un peu d'amour. finis-je par avouer avant de me mettre à rire.

Avant de décider d’aller chez lui, Woody avait effectivement appris que Charlie avait un frère, mais elle ajouta alors l’information qu’ils étaient jumeaux. N’était-ce pas là un lien encore plus fort, selon ce qu’on racontait ? Il se confortait encore plus dans l’idée d’avoir ramenée Charlie chez lui, plutôt que le contraire. « Il te vient d’où ton petit caractère, alors ? » Se moqua Woody avec un sourire aux lèvres. Si ce n’était pas avec son frère que la compétition s’était fait sentir, il devait bien y avoir quelqu’un ou quelque chose qui l’avait amenée à tenir tête comme elle le faisait. Ou alors c’était juste carrément inné. La pâtissière lui demanda alors son nombre de frères et sœurs. « J’ai un petit frère, et deux petites sœurs. Nevaeh, Alex et Oxane. » Lui répondit-il avec un sourire. « On n’a pas l’air de la petite famille parfaite, là ? » Lança Woody alors qu’il passait justement devant un meuble où une photographie de famille était dans un petit cadre posé, incliné. Sa maison n’en regorgeait pas, de photos de famille, mais Freja avait insisté pour insérer quelques souvenirs ici et là dans la maison. Elle savait que trop bien que Woody en avait besoin, sans l’admettre. Woody avait soulevé le cadre pour le montrer à la brunette, avant de le redéposer et de passer à la cuisine. En servant les cafés, il demanda à Charlie si elle avait mené une autre vie, elle aussi, avant. Impressionné, il haussa les sourcils en hochant la tête. « Wow. Belle, et intelligente. » Releva-t-il, séducteur. « C’est quand même un changement assez drastique. » Ajouta-t-il cependant avec un peu plus de sérieux. Il croqua alors dans l’un des muffins et s’extasia sans gêne, pour le plus grand bonheur de Charlie. Il rit à sa réplique sur l’ingrédient secret. « Ce cliché. » La taquina-t-il avant d’avaler une gorgée de café. « Bon. Dans tout cet espace, t’as repéré un endroit pour Woolie ? » Il l’avait presque oublié, celui-là, qui reposait dans son sac d’eau sur la table à manger de la pièce ouverte d’à côté.