You gotta care less to see if they will care more { Sunhi }

Avez-vous déjà eu l'impression que la nuit s'était évaporé en un coup de vent si rapide que votre corps n'avait pas eu la chance de récupérer? En ouvrant les yeux, tu as l'impression que ta chambre tourne. Tu bouges légèrement la tête vers la droite pour te réveiller, avant de te rendre compte de l'horrible mal de tête qui t'envahi aussitôt. Il te faut donc quelques minutes pour te rendre jusqu'à la salle de bain, les pieds traînants, et le regard fixé sur le miroir qui te fait face. Tu savais déjà ce que tu y verrais, mais le visage qui te regarde te ferait presque pitié si tu ne savais pas qu'il t'appartient. Les cheveux en sueur, le teint pâle... tu as attrapé un mauvais virus et tu le sais. Ton corps te le crie haut et fort, mais tu ne peux pas écouter cette petite voix dans ta tête qui te supplie de retourner sous les couvertures. Tu travailles et tu as besoin de l'argent pour payer le loyer. Même si tu évites ton colocataire et qu'il fait exactement la même chose de son côté, il ne paie pas. Il n'a pas d'emploi et même si tu es toujours frustré après son attitude, jamais tu n'aurais le coeur de le mettre à la porte. Ce n'est juste pas dans ton être d'être aussi cruel. Il n'est peut-être pas ton ami et il l'a très bien spécifié, mais c'est un être humain... plus ou moins. C'est avec cette petite pensée que tu te dépêches à te dévêtir et prendre une douche avant de commencer ta routine matinale. Tu sautes toute fois le petit déjeuner, sûr que ce dernier ne fera qu'empirer ta situation actuelle. Au moins tu peux te consoler d'avoir décidé de prendre ta voiture hier soir et de l'avoir ramené chez toi.

Tu aurais cru que la matinée aurait passée lentement vu ton état léthargique, mais en un rien de temps, tu te rends compte que tu es déjà devant ton lieu de travail et tu soupires avant de forcer un sourire sur ton visage. Parce que tu es comme ça et même lorsque tes premières minutes de travail sont un supplices, tu te forces à sourire et à voir le positif. Tu vas avoir de l'argent, ce soir tu ne regretteras pas d'être rentré travailler car tu pourras te reposer. Tu vas pouvoir payer le loyer sans quémander d'argent à ton beau-père et tu n'entendras pas sa voix nasillarde à l'autre bout du fil te raconter à quel point tu es une personne méprisable. Mais peu importe le nombre de choses positives que tu tentes de te rappeler, le fait que Alicia est un peu trop présente dans ton espace vital commence à te donner des sueurs froides et tu as l'impression que ta bonne humeur ne se maintient que par un tout petit fil de rien du tout. Entendant la sonnette d'entrée, tu t'excuse en coupant l'histoire rocambolesque qu'elle te raconte pour aller vers le comptoir. ''Bonjour, puis-je prendre votre commande?'' Tu lèves alors les yeux pour les fixer dans ceux de celui que tu aurais préféré ne pas croiser aujourd'hui et le restant de ton positivisme est aussitôt effacé, remplacé par une grande fatigue. Tu n'as pas du tout envie de gérer ses caprices aujourd'hui. Et tu es sûr qu'il y en aura.

La porte de sa chambre s'est refermée et tu as fermé fortement les yeux pour ne pas te retourner et le dévisager. C'est ainsi depuis quelques jours que vous vous fuyiez, que t'as même pas osé lui adresser la parole. Hier soir, t'as même terminer la bouteille de shampooing et à la place d'aller lui en piquer une nouvelle, t'as simplement rien fait, laissant la bouteille vide à sa place. Incapable d'aller fouiller dans les armoires pour faire le remplacement. Comme si t'avais plus le droit de toucher. Tu entends l'eau, tu sais qu'il est dans la douche et qu'il doit te maudire pour la bouteille mais tu continues de garder les yeux fermés, ne voulant pas créer encore plus de problèmes qu'il y en a maintenant. Tu agrippes fermement l'une des serviettes de bain que tu as étalé sur le canapé, suite à la petite escapade de Dae avec un ami sur ce dit canapé. T'as pas pu le faire brûler ce fichu canapé, alors tu l'as couvert de serviette pour ne pas t'asseoir directement sur une gênance. Tu aurais pu en faire de même avec ta chaise à la cuisine mais depuis que tu as refusé de manger avec lui au restaurant, tu n'as plus posé tes fesses à la table de la cuisine. Tu passes plus de temps dans ta chambre, à dessiner tout ce qui te passes par la tête. Mais pas ce matin, t'as décidé de lui glisser quelques mots, tout ça ne peu plus durer. T'en as mal au ventre, mal à la tête. Tu ne dors presque plus. Tu sais que tout ça, c'est de ta faute, que t'aurais tout simplement dû accepter et de pas ouvrir la bouche. Te laisser faire et le remercier de prendre soin de toi comme ça. Et c'est ce matin que t'as décidé de faire le premier pas, chose que tu ne fais jamais, mais t'es certain que si tu ne le fais pas, tu n'arriveras à rien. Et si tu ne dors plus, tu tomberas malade. Chose que tu ne souhaites pas.

L'eau c'est coupée, tu as ouvert les yeux, l'attendant. Lorsqu'il commencera son petit-déjeuner, ce qui ne devrait pas tarder à arriver, tu ouvriras la bouche et essaiera de lui parler. Mais à la place, il quitte l'appartement, te laissant seul encore une fois au salon, assis sur des serviettes de bain d'une couleur peu trop voyantes pour toi. Seigneurs que tu détestes cette couleur. Tu laisses donc tes fesses où elles sont, posant ton regard sur l'horloge du salon, réalisant qu'il est un peu tard, que Dae est parti plus tard qu'à l'habitude. Possible raison de sa disparition soudaine sans petit-déjeuner. Le temps passe sans que tu ne bouges, ne faisant que regarder l'écran noire de la télé. Et soudainement, tu as une idée. Tu comprends que Dae a l'air bien borné et si tu ne lui offres pas un sourire en premier, jamais il n'osera en faire un dans ta direction. Ce qui t'attriste pour de vrai. Tu avais cru ses belles paroles lorsqu'il avait mentionné votre amitié, te disant qu'il était quelqu'un de bien. Maintenant, tu n'oses plus rien croire de personne, de peur d'être profondément déçu à nouveau.

Il te reste quelques pièces d'une ancienne soirée, dans le fond de ton tiroir et tu t'empresses de t'en emparer. Dans un sens, il s'agit des pièces de Dae, puisque tu lui avais pris quelques dollars mais peu importe. C'est un petit restant, que quelques pièces qui pourront peut-être réussir à rallumer quelque chose entre vous deux. T'es sorti de l'appartement en n'oubliant pas de claquer la porte comme tu le fais à chaque fois, tout pour nuire à la voisine du bas, avant de sortir à l'extérieur. T'as revêtis ta veste en cuir foncé, ne voulant pas tomber malade. Il ne fait pas chaud, pas froid mais t'as quand même peur d'attraper un rhume et t'as pas envie de tomber malade. Tu détestes la sensation, comme chaque personne sur cette Terre.

T'as passé quelques minutes à la boulangerie du coin, t'achetant un muffin aux carottes, avant de te rendre au Starbuck où Dae travaille encore ce matin. Tu sais que ce café possède de la nourriture mais t'as pas envie de lui offrir un banal repas qu'il devra lui-même s'apporter à une table. Et puis, t'as fais l'effort d'aller lui en prendre un dans une boulangerie, c'est bien non? Et oui d'accord.. Tu as quand même mis quelques sachets de sucre dans ta veste. C'est gratuit, tu ne pouvais pas t'en empêcher! C'est peut-être pour cette raison que t'as préféré le prendre ailleurs, ce muffin, pour avoir du sucre. C'est un peu ta compensation du fait que tu ne paie pas le loyer. Des fois, tu apportes des cups de lait ou de crème et même des serviettes en papier. Ce soir, ça sera du sucre en sachet, c'est toujours mieux que rien.

Tu laisses la cloche retentir lors de ton entrée et te dirige directement au comptoir. T'es heureux de voir Dae pas trop loin, t'aurais été gêné de tomber sur quelqu'un d'autre et de devoir le demander, lui. Il te fais une marque de politesse, avant de réaliser que c'est toi. Tu le vois à son visage, il a presque perdu toute joie de vivre. - T'as pas déjeuner ce matin alors.. - Et tu ne fais que pousser le sachet contenant le muffin devant lui. Toi non plus, t'as pas grande joie de vivre au visage mais peu importe. T'as pas envie de te montrer trop joyeux et il doit bien comprendre que t'as tout pris sur toi pour te ramener ici. Et surtout, pour lui apporter quelque chose à manger. Au loin, tu vois Alicia et ça te sers le cœur de savoir qu'ils étaient entrain de parler avant que tu n'arrives, comme si tout ce que tu avais pu lui dire à son sujet n'avait pas compter. Tu te demandes bien ce qu'elle pourra inventer une nouvelle fois dès que tu auras le dos tourné. Probablement que Dae l'a prise brutalement contre le comptoir de la machine à café.. Comme la dernière fois. - Il en reste la moitié, j'avais pas déjeuner moi non plus. - Tu lui a quand même laissé la meilleure partie du muffin, soit le dessus. Chose que tu n'aurais habituellement pas fait.

Tu as l'impression que ton corps pèse quatre fois son poids, depuis que tu as posé les yeux sur la personne se trouvant devant toi. Même si vous êtes séparés par un comptoir, tu as l'impression que la possibilité qu'il te lâche un ou deux commentaires cruels ne pourra t'empêcher de fondre en larmes. Tu n'as pas du tout l'esprit clair aujourd'hui et tu es loin d'être en forme. Tu es une boule d'émotions vivante, même si tu tentes d'agir normalement avec tout le monde depuis que tu t'es levé de ton lit. Clignant difficilement des yeux, ayant envie de dormir en effectuant ce simple geste, tu te retiens de soupirer. Tu ne veux pas envenimer la situation. Si ça se trouve, il va commander un café et partir aussitôt ou bien te demander de t'emprunter ta voiture. Chose que tu ne pourras pas lui refuser même si tu n'as pas envie de retourner chez toi à pieds. Tu t'attends à tout, sauf à ce qui sort soudainement de sa bouche. Tu écarquilles les yeux quelques instants, te demandant si tu as bien entendu ou si tu fais de la fièvre et devrait aller voir un médecin. Est-ce que ton ouïe aussi est touchée?

Ce n'est qu'en entendant la suite et en posant les yeux sur le sac devant toi que tu comprends que tu ne rêves pas. Il n'y a vraiment que Sunhi pour penser que donner la moitié d'un muffin prémâché est adorable. Il ne te suffit toute fois que de deux secondes avant de sourire de manière sincère. Bon d'accord, c'est extrêmement stupide comme geste supposé être fait pour enterrer la hache de guerre, mais c'est l'intention qui compte. Et puis tu sais que ce matin, tu n'as pas préparé de déjeuner comme tu le fais habituellement. Même si tu ne lui parles pas, tu lui laisse toujours une assiette dans le micro-ondes, sachant très bien qu'il se lève dès que tu es sorti. Tu le voyais mal se préparer quoi que ce soit puisqu'il ne reste plus de céréales. Tu te demandes quand même s'il ne t'a pas volé quelques cent qui traînaient peut-être dans les craques du divan. Si tant est qu'il veuille y toucher un jour, sans les serviettes pour protéger son saint postérieur. Tu finis par tirer le sac vers toi, ne voulant pas regarder à l'intérieur de peur que ce soit une mauvaise plaisanterie. Après tout, tu ne serais pas surpris d'y trouver une boite de condoms avec la mention: S'il te plait ramène plus d'argent. "Merci?" Tu le dit sur un ton interrogatif, tout en passant une main fatiguée dans tes cheveux, pour les replacer. Un geste que tu fais continuellement, et que ta mère t'a toujours répété de cesser. Ça rend les cheveux gras disait-elle sans cesse.

Tu te dandines légèrement sur tes deux pieds, comme tu le fais sans arrêt lorsque tu es nerveux. Prenant ton courage à deux mains, tu te décides à lui poser une question, même si tu n'es pas d'humeur à échanger des mots crus avec lui. "Ma pause est dans une minute. Tu veux... enfin tu veux rester la prendre avec moi? Et un café?" Tu ajoutes le café dans l'espoir que ça le fasse accepter. Tu as déjà essuyé un refus d'amitié, ton coeur n'en supporterait pas un autre. Pour être honnête, il n'a pas spécifiquement dit qu'il ne voulait plus te parler. Tu l'as juste assumé vu son refus précédent de passer du temps en ta compagnie. Il faut dire que le refus était un peu brutal et que tu n'as toujours pas compris ce que tu as fait pour le fâcher. Parce que ça tu ne l'as pas rêvé, il était fâché. Tu le sais très bien, puisque tu as pleuré toute la nuit en petite boule dans ton lit, te disant que tu venais de perdre un autre ami. Tu lèves timidement les yeux vers lui, le regard un peu lourd par la fatigue.

Tu as pris ton courage à deux mains pour aller le rejoindre au travail et tandis qu'il te regarde de ses petits yeux fatigués, tu regrettes cette intrusion à ton ancien travail. Tu sais bien que si ton ancien patron te vois ici, il te mettra à la porte sans même te poser une question. T'as pas le droit d'être ici et tu sais très bien pourquoi. Tu ignores seulement si les employés savent exactement toutes les raisons de ton renvoies. Tu ne sais même pas si c'est un renvoie pour toi ou même un simple départ de ton pleins gré. T'espères même que personne ne parle de ton départ ou de ton arrivé ou même que ton prénom soit sorti de la bouche de quelqu'un. Tu préfères passer inaperçu dans le coin, espérant te faire oublier. Et cette Alicia qui est là, espérant certainement que tu puisses disparaître pour jeter son venin sur Dae, ça te fais rager. Dae-Jung ramasse le sac mais le laisse tout de même fermé, devant lui. T'as envie de lui crier que c'est un muffin que t'as acheté pour lui.. Que c'est un demi-muffin que t'as acheté pour lui, que tu ne fais pas ça pour personne habituellement. Mais tu te retiens de parler plus, ne voulant pas te faire jeter du café par lui. Il te remercie, le sac toujours posé vers lui et dès que tu remarques qu'il te sourit mais ne touche pas au contenu, tu t'empresses de prendre le sac, de sortir le restant du muffin et de le mettre dans ta bouche. Y'a toujours des limites à laisser trainer de la nourriture. T'espères seulement que Dae n'avait pas l'intention de le manger à sa pause.. Pause qu'il t'as proposé de prendre avec lui.

- Je.. - Tes paroles se bloquent. De un, parce que tu as la bouche pleine et de deux, parce que t'as pas le droit d'être ici. Tu laisses les secondes passés, n'osant pas lui dire non encore une fois. T'es certain qu'il t'en veux pour ça, pour avoir refusé de dîner avec lui l'autre soir. Tu ignores s'il est sorti ce soir-là. Tu ignores à quelle heure il est rentré et même, s'il est revenu seul. Dès que tu as fermé ta porte, tu t'étais empressé de prendre ton téléphone, des écouteurs et de mettre de la musique extrêmement forte pour ne rien entendre. T'avais aucune envie de savoir avec qui Dae passait la nuit tandis que toi, t'étais encore là à regarder le plafond de ta chambre. - J'ai pas le droit de rester ici.. - Lui balances-tu après avoir avalé la dernière bouchée de muffin aux carottes. T'as chuchoté, espérant que personne ne puisse t'avoir entendu. Ta tête se tourne vers la droite, regardant l'extérieur. - On peut toujours prendre un café sur le banc là-bas, si tu le veux bien. - Tu as fini par te lever, fouillant maladroitement dans tes poches de veste, y déposant ensuite sur le comptoir le fond de petite monnaie qu'il te reste de l'achat du muffin de tout à l'heure. - Je t'invite. Tu en prendras un grand avec beaucoup de crème, ça ne te feras pas de mal pour t'effacer les cernes sous les yeux. - Mince sourire aux lèvres, tu as fais quelques pas vers la sortie, sans même prendre le temps de saluer quelqu'un, avant d'aller poser tes fesses sur le banc se trouvant directement devant la vitrine du café. Pas de l'autre côté de la rue, non non, directement devant la vitrine du café. Tellement devant, que tu peux voir tout ce qui se passe  au Starbuck sans même te forcer les yeux. Tellement proche qu'il est possible pour toi d'entendre la clochette de la porte lorsque cette dernière s'ouvre sur un nouveau client. Tellement proche, que Dae peut certainement te voir jouer avec le bout de tes doigts, tapant légèrement du pied en signe de nervosité.

Pendant un instant, tu as l'impression d'être toujours au lit, entrain de faire un rêve ou un cauchemar. Tu hésites fortement entre les deux, n'arrivant pas à décider si la présence de Sunhi devant toi est une bonne ou mauvaise chose. Tu te sent terriblement mitigé. Tu ne sais trop où votre relation se situe en ce moment. Êtes-vous de simples connaissances, des colocataires? Tu ne saurais dire s'il est venu te voir dans l'intention de te rabaisser le moral ou le remonter. Vous ne vous êtes pas adressé la parole depuis si longtemps que c'est dure à dire. Sa présence ta rassure puisque tu as toujours été du genre à aimer être entouré de ton entourage lorsque tu te sent mal. En même temps, sa présence te fatigue puisque tu es trop malade pour gérer une situation ambiguë comme celle-ci.

C'est donc pour toutes ces raisons que la discussion débute de façon inconfortable. De manière inattendue, la conversation débute par un cadeau, puis parce une question idiote de ta part. Tu ne sais trop quoi lui dire, pour être franc. Tu as envie de faire la paix avec lui et visiblement, il est encore capable de te regarder sans te cracher au visage, essayant même d'être gentil par la même occasion. Enfin, gentil dans un langage plutôt louche du terme. Une drôle de langue qui n'appartient qu'à lui. Après lui avoir demandé s'il désire rester avec toi durant ta pause, tu lèves les yeux pour le voir engouffrer le muffin qu'il vient de te donner dans sa bouche. En temps normal, c'est le genre de situation qui devrait t'énerver. C'est plutôt déplacé de manger un présent qu'on vient d'offrir, mais tu te surprends à sourire en baissant la tête. Pourquoi tu trouves la scène comique et même adorable tout à coup? Tu ne sais trop pourquoi. Peut-être que tu fais plus de fièvre que tu ne le pensais.

Le long silence qui suit te fait soudainement douter. Et s'il décide de te dire qu'il n'a pas envie de passer du temps avec toi? Qu'il venait juste te narguer ou bien te dire qu'il n'a plus envie de crécher chez toi? Toutes ces pensées s'entremêlent dans ton esprit et tu as soudainement un petit coup de chaleur, sentant de la sueur perler tranquillement sur ta nuque. Heureusement pour toi que tu n'as pas envie de perdre conscience ici, derrière le comptoir alors que Sunhi te regarde avec des yeux de hareng. Il ouvre soudainement la bouche alors que tu le fixes timidement, le regard épuisé. Tu n'as pas envie de le supplier, mais tu te surprends à y penser. T'as vraiment envie de prendre ta pause avec une personne autre que Alicia en ce moment. Mais lorsque tu entends sa réponse, tu clignes plusieurs fois des yeux. "Oh...." Tu savais qu'il avait été renvoyé et tu connais la raison même si ta collègue de travail prétend sans arrêt que c'est parce qu'il a voulu faire des bébés à la machine espresso du coin. Par contre, tu ne savais pas qu'il avait été barré du café. Alors il a quand même pris la chance de rentrer pour venir te porter un déjeuner, qu'il a mangé, même s'il savait qu'il n'avait pas le droit? Ça te donne plus d'interrogations que de réponses et tu n'as vraiment pas l'esprit assez clair pour tout comprendre en ce moment. "Oh.... oui d'accord." Depuis quand tu es devenu aussi peu loquasse? Tu ne le sais pas, mais ta voix semble avoir décidé de quitter le navire. Tu en profite pour payer un nouveau muffin et un café avec ta propre argent puisque le peu de change qu'il t'a donné ne suffirait pas à payer une gomme prémâchée. Tu te dépêche à retirer ton sarrau de travail avant d'aller poinçonner ta pause, méditant sur le fait de négocier un retour à l'appartement plus rapidement que prévu. Tu as bien du mal à te concentrer aujourd'hui et tu sais que tu aurais surtout besoin d'une doudou et d'une soupe, pas de travailler.

Ce dont tu n'aurais surtout pas besoin, c'est de Alicia qui te prend par le bras pour t'empêcher de continuer au delà de la porte de sortie, et forçant à rester entre l’entrebâillement de ton lieu de travail, entre ta prison et la présence réconfortante de Sunhi. Le banc est si prêt que tu as la chance de pouvoir croiser son regard, lui offrant des yeux de chien battu. Tu ne veux vraiment pas gérer Alicia en ce moment. "Tu ne vas quand même pas aller faire des beaux yeux à ce retardé? Tu sais qu'il a volé j'espère! Il n'a même pas le droit de respirer proche des portes du restaurant. TU ENTENDS J'ESPÈRE? JE SAIS CE QUE TU AS FAIT!" La fin de la phrase est directement lancée en direction de ton colocataire mais ta tête a toujours du mal à comprendre comment la situation a pu escalader ainsi. "Alicia arrête s'il te plait. Il ne t'a même pas adressé la parole et j'ai le droit de voir qui je veux je suis majeur et vacciné." Tu es irrité par son comportement et tu veux juste pouvoir bouger. Elle te tient toujours par le bras et tu tentes de t'en dépendre en tirant légèrement sur ce dernier sans la bousculer non plus. Tu sais bien que si tu tires trop fort ce sera toi qui sera pointer du doigt, même si ses doigts sont littéralement entrain de faire une emprunte sur ta peau. "Tu me fais mal.... lâche mon bras s'il te plait." Mais elle ne t'écoute pas, te traînant plutôt avec elle jusqu'au banc, se plantant devant Sunhi de manière peu cérémonial. "T'as pas honte de te montrer ici? Moi je serais morte de honte à ta place."

Tu veux partir, te sauver, ne pas vivre un nouveau malaise avec lui. Tu l'aimes bien et plus les jours avancent, plus tu as l'impression qu'il s'éloigne. Et à tout les soirs, tu as peur de le voir arriver à l'appartement avec un nouveau type, te faisant comprendre qu'il n'en a rien à faire de toi et de ce que tu pourrais entendre. Ça te blesserais encore plus que tu ne le pense, de le voir arriver avec quelqu'un et pourtant, t'es rien pour lui. Autant qu'il n'est rien pour toi. Tu croyais que vous étiez amis, tout les deux, avant qu'il ne décide de te faire du rentre dedans, la journée où tu l'as vu avec un inconnu, sa bouche collée à celle de ce type. Ses bras dans son dos, ses yeux bien fermés, prêt à s'abandonner à quelqu'un qui ne connaissait même pas le prénom. Pourtant, même si l'envie de partir te cacher est beaucoup plus que présente, tu es venu dans ce café pour lui offrir un déjeuner et pour essayer de t'expliquer. Ou du moins, le voir quelques secondes. T'as même pas le droit de te trouver ici, de respirer l'air de ce café mais t'es quand même rentré, et t'as pris place près du comptoir principal. Tu n'as pas posé tes fesses sur le banc, car tu sais que tu ne resteras pas longtemps. T'es seulement venu faire acte de présence, lui montrer que tu penses encore à lui et que t'allais l'attendre à l'appartement. Peut-être qu'après son chiffre, t'arriveras à lui parler un peu plus. T'arriveras à lui parler franchement, ne te mettant aucune limite. T'ignores seulement si tu pourras y parvenir. Car c'est compliqué et le simple fait d'y penser te donnes la nausée. Il faudra que tu sois fort, que tu te tiennes debout et que t'arrives à lui dire la vérité. Sur toi, sur vous deux et sur ce foutu logement que tu détestes. T'as peur du voisin du bas, de sa mignonnerie dès qu'il croise Dae-Jung dans un couloir, ça te fou la rogne. Tu n'aimes pas te battre mais peut-être que tu devras le faire si tu veux continuer d'avoir un toit sur ta tête demain.

Muffin au carottes avalé au complet, tu n'as point déjeuner. Pas de céréales bon marché ce matin, le temps pressait. Tu voulais le croiser le plus vite possible, sachant que le café est plutôt désert à cette heure précise. Et c'est le cas tandis que tu avales la dernière bouchée de muffin, avant de croiser son regard. Tu lui mentionnes vouloir attendre dehors pour sa pause, ne pouvant pas rester longtemps ici. Si jamais le propriétaire fait apparition, le ton montera et toi, tu disparaîtras. Une poignée de petit change sur le comptoir plus tard et te voilà assis sur le banc devant le restaurant, ton regard dirigé vers tes souliers. De vieilles baskets certes mais encore bonnes pour quelques années encore. Ton regard se lève vers la porte lorsque tu entends la voix d'une vieille collègue de travail, avant de soupirer de dégout. Cette fille, tu n'as jamais été capable de la supporter. Et tu crois même que c'est le cas pour bien des gens dans le restaurant. Peut-être même pour des clients. Il y a ce jeune homme que tu ne voyais plus depuis longtemps et la dernière qu'il était venu, c'était elle, qui lui avait apporté son café. Peut-être qu'elle lui avait apporté des problèmes, en même temps.

Tu soupires lentement, avant de te lever de ton banc. Pourtant, tu ne bouges pas, même lorsque Alicia se rapproche de toi, tenant toujours Dae-Jung par la peau du bras. Tu as mal pour lui mais tu ne lui adresses aucunement de l'importance. Tu ne veux pas lui nuire, lui causer encore plus de problèmes. Alicia est maintenant devant toi, prête à mordre. - Tu sais pourquoi je viens encore ici? Parce que j'adore voir les animaux parler.. - Tu la regarde de la tête aux pieds, avant de rouler des yeux. - Non mais sérieux, lâche moi un peu. Tout le monde sait que tu t'envoies en l'air avec le patron et c'est pour ça que tu travailles encore ici. - Tu t'approches maintenant de Dae, avant de lui donner la main. Tu sers tes doigts contre les siens, avant de lui adresser un sourire, le tirant légèrement vers toi. - Laisse là faire, elle cherche de l'importance vu que personne ne veut lui en donner. -

Tu n'es pas une personne provocatrice. Le peu de gens que tu n'apprécies pas vraiment, tu essaies de juste sourire et de les éviter, de passer le moins possible de temps en leur présence. Très peu de traits caractériels te rebutent au point que tu refuses d'en apprendre plus sur un être humain. Après tout, tu aimes tout le monde, c'est la première chose qu'on constate à ton sujet. Tu tentes d'être gentil avec littéralement chaque être humain que tu croises. Mais Alicia, elle regroupe absolument tout ce que tu as du mal à supporter chez une personne. À commencer par son manque évident de charisme. Elle n'a absolument rien pour elle, la pauvre. Elle ne dégage vraiment rien. Chaque personne en ce monde dégage une certaine aura, pouvons-nous dire. Certaines émotions, certains sentiments. Elle, c'est nada. Que du vent. Ensuite, elle est accaparante, et ce, dans les pires moments. Vous êtes malade? Elle le sait et elle ne vous lâche pas la grappe. Vous avez fait une erreur? Elle vous la remet continuellement sous le nez avec fierté. Elle rabaisse les autres pour se remonter, mais sans aucune raison valable. Si c'était, au moins, de manière inconsciente ou pour se protéger du rejet, mais non. C'est juste... Alicia.

Bref, il n'y a pas à dire, tu ne l'aimes pas, mais alors pas du tout. Tu la fuis normalement, tu te contentes de lui répondre avec le peu de mots possible, de sourire faussement et de te sauver. Comme tu tentes de faire présentement, mais sans succès. Tu n'as même pas eu la chance de te rendre jusqu'à ton colocataire avant qu'elle ne se lance sur ton bras avec une grippe de fer, t'empêchant de bouger. En temps normal, tu es une personne affectueuse. Donner et accepter des câlins te fait plaisir. Tu n'es pas excessivement tactile, mais tu apprécies le contact humain. Avec elle, c'est tout autre chose. Tu as l'impression d'être dégoûté par ce geste, par le fait qu'elle te tienne présentement. Tu n'as pas l'habitude de ressentir ce genre de sentiment et vu ton état mental du moment, tu ne sais trop quoi en penser. Tu sais juste que tu veux qu'elle te lâche. Tu tentes donc tant bien que mal de te sortir de son emprise, sans succès. Et c'est ce moment qu'elle choisit pour continuer à bombarder Sunhi de méchanceté et tu as juste envie de la pousser qu'elle se fasse frapper par une voiture. Ce n'est pas du tout dans ton toi intérieur d'être violent ou d'avoir ce genre de pensées, mais elle ne cesse de te provoquer depuis ce matin.

Tu as comme l'impression qu'elle te ne te lâche pas comme pour prouver que tu es sa possession et c'est sûrement ce qui te déplaît le plus de sa poigne de fer. S'en suit alors une joute verbale entre la folle et ton ... ami? Oui ton ami, maintenant tu peux le dire sans peur. Après tout, il est bien venu te voir pour faire la paix et sûrement discuter n'est-ce pas? Enfin, tu l'espères, car tu ne saurais dire encore combien de fiascos tu serais encore capable de supporter aujourd'hui. Tu te sent présentement petit à côté d'eux, serrant le bout du sac de papier contenant le muffin dans une main et le café dans l'autre, essayant de ne rien échapper. Tu entends la demoiselle parler de honte et Sunhi de coucher avec le patron. Cette discussion va mal se terminer, tu le sent. Heureusement, tu perçois un léger picotement sur ta main avant de voir les doigts de Sunhi se serrer sur les tiens, tenant ta main et te tirant vers lui. Tu te rends immédiatement compte que tu retenais ton souffles depuis tout à l'heure, puisque tu exhales bruyamment lorsque Alicia lâche ton bras par surprise. Tu as vraiment l'impression que tu vas devoir mettre de la glace si tu ne veux pas avoir de marques demain matin."Et puis? Tu es jaloux parce qu'il n'a pas voulu de toi? J'ai un conseil à te donner, arrête d'être le lot de consolation! La jalousie ne te va pas du tout." Elle crie et elle te donne mal au crâne. Tu fronces les sourcils, puis tu mordilles ta lèvres inférieure pour t'empêcher de répliquer. Tu ne sais pas si c'est à cause de ta fièvre ou de la manière qu'elle crie après Sunhi, mais tu as envie de lui sauter à la gorge ou de lui arracher les tripes. "J'aurais presque pitié de toi si je ne saurais pas à quel point tu es un looser. Tu compenses pour ce qui te manques entre les jambes." Tu sers un peu la main de ton ami, que tu n'as pas lâché et lui offre un regard qui se veut rassurant. Tu sais qu'elle est blessante et tu ne penses pas du tout que ses dires sont la vérité, tu veux juste qu'il le sache. T'as juste envie de ta cacher derrière lui en fait tu ne sais pas d'où vient cette réaction. Parfois, tu te sent vraiment tel un lâche. Tu n'aimes pas les cries, n'aime pas qu'on blesse les gens intentionnellement comme elle le fait. Tu aimerais juste qu'elle se morde la langue au sang et puisse arrêter de dire des conneries. "Alicia.... ça suffit." Tu voulais parler de manière stable, mais ça sort plus comme une plainte qu'une voix forte. Vraiment pas du tout masculin, mais bon... peu importe. Tu déposes tranquillement le muffin et le café sur le banc de ta main libre avant de poser ta main solitaire autour de la taille de Sunhi. "Tu nous dérange et ce que tu dis ne nous intéresse pas du tout. Va plutôt déranger les clients que tu ne sers jamais, pour faire changement." Tu ne sais pas trop d'où sort cette petite rébellion mais tu te sent plutôt fier, te retournant tout en tournant Sunhi avec toi, vers le banc.

On sortant d'ici, tu iras acheter un bon savon pour laver le bras de Dae-Jung, directement où Alicia a osé poser ses doigts. Tu prendras aussi une bonne paire de gants pour être certain de ne pas attraper sa maladie. Tu ne comprends même pas pourquoi elle reste là, à essayer de trouver un peu d'amour entre vous trois. C'est bien ce qu'elle veut, non? Sinon, pourquoi resterait-elle là, à s'accrocher au bras de ton colocataire? Tu arques un sourcil, ne faisant même pas réellement attention à ce qu'elle te dit. Tu répliques mais sans plus. Toi, tout ce qui t'intéresses, c'est qu'elle puisse lâcher Dae-Jung et surtout, qu'elle n'abîme pas le sac qu'il détient dans son autre main. T'as l'impression qu'il puisse s'agir de son goûter et tu sais que ça ne lui fera pas de tort de manger un morceau avant son deuxième chiffre. Tes doigts se sont glissés entre les siens, de ce que tu as été capable avec le café qu'il détient dans cette main. Une manière pour toi de lui dire que tu es là et que t'as pas l'intention de le laisser partit tout de suite. Pas avant de vous expliquer. C'est maintenant ou jamais, pas lorsqu'il sera de retour à l'appartement. Tu pourras t'échapper et esquiver une discussion avec lui. C'est possible, t'es comme ça. Tu commences souvent les disputes et ensuite, tu disparais. Tu ne comptes plus le nombre de famille d'accueil que tu as fais, justement à cause d'une dispute qui a pris de l'ampleur. Mais t'es comme ça.. Et le pire, c'est que tu n'es pas très bon pour te défendre. Tu commences, tu te barres et tu espères te faire oublier. Comme présentement.

Parce que d'une manière ou d'une autre, c'est toi qui a commencé. T'es entré dans ce café, t'as parlé à Dae et tu le lui a volé. Tu mérites probablement tout ce qu'Alicia a l'intention de te dire et encore une fois, tu ne sais pas trop te défendre tandis que tu broies maladroitement les doigts de ton pauvre ami, dans ta nervosité. - Comment veux-tu que je sois le lot de consolation quand il a même pas de prix gagnant? - Tu dis n'importe quoi, ressemblant probablement plus à un être en panique, qu'à autre chose. - Étrange, ta mère ne s'est jamais plainte de ce que j'avais entre les jambes, elle! - Tu as fais un pas de reculons, sentant les problèmes arriver. Et encore une fois, tu serres fortement les pauvres doigts de Dae-Jung dans ta main. Si fortement que même toi, tu commences à te faire mal. T'as pu envie d'être ici, t'as juste envie de retourner à l'appartement et te faire oublier un peu. Et peut-être même faire tes valises et partir.. Tu ne sais où, vu que t'as pas d'endroit où aller. Tu resteras donc dans cet appartement avec Dae, si ce dernier veut bien encore de toi.

Lentement, Dae te lâche la main et pendant un cours instant, tu l'imagines partir avec elle, te laissant seul dehors, tout près du banc que tu détestes tant. Tu le détestes, puisque c'est toujours là que les pigeons décident de faire leurs besoins après avoir bu quelques gorgées de café restées dans de vieux gobelets laissés à l'abandon près de la porte d'entrée. Pendant quelques secondes, tu l'imagines partir avec elle, sourire aux lèvres, prêt à rire de toi et de tes sentiments. Sentiments purs amicaux, il ne faut pas l'oublier, voyons. Mais le ton monte un peu, tandis qu'il vient te prendre par la taille et tu bloques là, ne sachant pas quoi ajouter de plus. Ton regard se pose sur lui et ensuite, sur son corps beaucoup trop proche de toi. Tes joues se colorent en rouge tandis que tu tournes la tête pour éviter de le regarder. Mais contrairement à ce que tu ne pensais, Dae s'arrange pour vous retourner et vous dirigez vers le banc solitaire. Soudainement, encore bouche-bée face à ses paroles et ce qui vient de se passer entre vous deux, tu te décolles de lui, ne voulant pas paraître trop près de lui devant Alicia, avant de fouiller dans le sac et de mordre dans le muffin qu'il avait apporté. Tu es sur les nerfs, t'as besoin de t'occuper les idées et surtout, la bouche avant de rementionner une connerie, comme tu as fais tout à l'heure. Tu ignores ce qui se passe dans ton dos, si Alicia est toujours là et même si Dae a décidé de rester avec ton agissement d'égoïste. Mais t'as besoin de t'occuper pour ne pas dire quelque chose que tu pourrais regretter.

Tu as l'impression que tout ce qui se passe autour de toi pourrait très bien avoir lieu sur une autre planète, puisque ton esprit n'assimile absolument rien en ce moment. Peut-être que c'est la fièvre ou la situation en tant que telle qui te rend complète hagard, mais le brouillard s'intensifie dans ton esprit. Plus la discussion avance et plus tu es perdu. Il n'y a pas à dire, d'un point de vue extérieur, si un passant te regarde, il se fera sûrement la réflexion que tu es simple d'esprit. Tu es là à regarder la scène se dérouler avec le bras engourdi et la bouche entrouverte. Tu es certain que si une mouche décide d'emprunter ce chemin, tu vas l'avaler sans même t'en rendre compte.  Tu sais que la conversation s'envenime puisque tu entends des brides de ce que ton colocataire et ta collègue se lancent au visage, mais tu ne sais pas si tu devrais intervenir ou non. Tu te contentes de serrer les doigts de Sunhi à ton tour, sentant ce dernier les refermer sur les tiens. Ce n'est qu'en ce instant, en te rendant compte que ton ami est mal à l'aise au point de vouloir te broyer la main que ton cerveau clique enfin et que ta bouche s'ouvre pour laisser passer ta voix. Tu pensais que tu l'avais perdu depuis plusieurs minutes, mais apparemment, elle est toujours présente. Tu ne sais pas ce qui te passe par la tête lorsque tu entends ta propre voix répondre à Alicia comme si tu avais toujours été le genre de personne à avoir du courage alors que c'est loin d'être le cas. Si tu en crois le regard de Sunhi, tu l'étonnes également et tu espères qu'il ne va pas avoir une image erronée de ta personne après cette petite situation qui a rapidement échappée à votre contrôle.

Machinalement, tu te diriges donc avec lui vers le banc, la main sur sa taille. Tu ne sais pas trop pourquoi tu le tiens ainsi, comme si tu avais peur qu'il ne prenne ses jambes à son cou mais voilà ta main n'en a fait qu'à sa tête. Peut-être bien que c'est ton petit côté protecteur puisque tu sais que même s'il ne le montre pas ouvertement, l'agissement de ta collègue a dû le blesser et ça te fait du mal de le savoir. Parfois, tu as l'impression que cette fille doit venir tout droit des enfers. Mais elle n'est pas assez importante pour que ce soit le cas... c'est juste une pauvre paumée de la vie qui n'a aucune qualité humaine, voilà tout. On croit souvent à tort que tu ne sais pas discerner les gens, alors que c'est faux. Tu essaie parfois de devenir ami avec des personnes que personne n'oserait approcher avec le dos d'une cuillère, mais c'est seulement parce que tu comprends leur comportement d'une manière ou d'une autre. Sunhi par exemple, tu sais bien qu'il n'était pas apprécié par la majorité de vos collègues alors que tu n'as jamais eu de mal à discuter avec eux. C'est simplement parce qu'il est différent et qu'ils n'essaient pas de comprendre pourquoi il agit comme il le fait. Toi, tu vois bien qu'au fond, c'est une bonne personne. Même si vous vous êtes quasiment disputé il y a peu de temps et qu'il peut être très blessant lorsqu'il le souhaite ou se sent au pied du mur.

Pris dans tes pensées, tu finis par fixer le jeune homme à tes côtés, qui avale le muffin d'un trait, de manière très peu distinguée. Tu ne saurais dire pourquoi, mais la scène te fait sourire, malgré ta journée désastreuse. Tu le connais depuis peu, mais tu es heureux qu'il ai fait l'effort de venir te voir aujourd'hui, ne serait-ce que pour te dire bonjour. Tu ne sais pas si tu aurais été capable de lui reparler sinon, trop occupé à te faire tout petit dans l'appartement qui est pourtant le tien. Sans trop de cérémonie, tu étires ton bras pour prendre le café qui se trouve à droite avant de lui mettre devant lui, doucement. "Ça va passer mieux avec du liquide." Parce que soudainement, tu as peur qu'il s’étouffe avec la pâtisserie, puisqu'il la dévore d'un trait. Tu n'as pas envie de lui faire du bouche à bouche. Enfin, pas sur le banc devant ton lieu de travail. Enfin... pourquoi est-ce que tu te poses cette question tout à coup? Tu essuie ton front doucement, sentant le chaleur sous ta main. "Tu..." Tu cesses de parler, fixant ton regard sur Alicia qui est encore sur place, les bras croisés, à vous regarder. Le problème, ce n'est pas sa présence puisque tu avais l'intention de l'ignorer. Le vrai problème, c'est son regard. Elle semble être sur le point de faire un meurtre. Et ce n'est pas toi qu'elle fixe, c'est Sunhi. Hochant légèrement la tête, tu décides de l'ignorer puisque telle était ton intention au départ. "Tu sais... je suis désolé si je t'ai donné l'impression d'être déplacé lors de notre dernière discussion, ce n'était pas mon intention." Tu baisses les yeux, sans trop savoir quoi dire de plus. Tu te rend compte que tu étais misérable depuis que vous ne vous adressiez plus la parole. Il fait partie des seules personnes qui te juge peut-être, mais le fait sans sournoiserie. Tu clignes plusieurs fois des yeux, ayant un peu mal au crâne, avant de fixer tes pupilles dans les siennes. Tu ne t'en rends pas compte, mais tu masses légèrement ton bras tout en le scrutant du regard. Même ainsi, la bouche pleine, il est bel homme. C'est seulement possible? Ça doit être la fièvre qui parle.

Elle reste là à vous regarder et ça fais fuir ton regard sans cesse. Tu détestes rester là et attendre sagement que les choses s'arrangent. C'est toi qui fais le fou, qui cause les problèmes mais pas aujourd'hui. Pas maintenant. Alicia reste là à vous dévisager et tu ne sais quoi dire d'autre. T'aurais été d'humeur à ce qu'elle disparaisse, qu'elle se fasse frapper par la foudre et qu'elle se noie. Tout ça en même temps. Tu soupires lorsque tu comprends que tu n'arriveras pas à t'échapper et que tu devras avoir une conversation avec Dae-Jung, directement devant la pimbêche. Ou pas. Tu refuseras de parler devant elle, si ce n'est autre que de répondre à ses conneries. Et essayer de te défendre comme tu le peux car oui, tu viens juste de mentionner devant Dae et les quelques passants présents, que tu as eu une aventure avec la mère de la jeune femme. T'as envie de vomir présentement, ta tête tourne et tu essaies de ne pas tourner de l'œil. Jamais, au grand jamais, tu ne feras une chose pareille. Tu ne pourras jamais tomber aussi bas. Enfin, t'espères.

Dae t'insites à prendre place près du banc, si ce n'est pas à t'asseoir dessus. Pour seul réplique, tu avales sans même prendre le temps de mâcher, le muffin qu'il a apporté. Tu ne sais pas si c'était pour toi, vu que t'as mangé sa part tout à l'heure mais tant pis. Avant même avoir pris le temps de dire gâteau, t'as tout avalé d'un coup. Tu dois trouver une manière de t'occuper la bouche pour ne pas continuer de dire des mots que tu pourrais regretter. Au fond, tu te fous bien de ce que tu peux dire à cette fille, tu peux même la traiter de tout les noms, ce n'est pas quelque chose qui t'empêcheras de dormir cette nuit. Tu ne veux simplement pas lui donner l'occasion de te descendre encore une fois ou bien, de s'en prendre à Dae. Et parler encore de sa mère te donnes froid dans le dos. Dae t'offres son café, que tu refuses lentement d'un signe de tête. T'as quand même pris son muffin en entier, pas question de boire son café. Ta main s'avance pour prendre le gobelet et tu en bois sans même lui porter attention. Ton regard est dirigé vers Alicia uniquement, espérant qu'elle puisse comprendre qu'elle est de trop. Tu veux aussi que Dae puisse comprendre que tu ne l'écoute pas et donc, que tu ne veux pas qu'il commence à parler de votre dernière soirée et le fiasco que ça a engendré. Chose impossible, vu qu'il commence la discussion tandis que toi, tu continues de regarder Alicia sans même lui répondre.

Ton bras s'allonge vers l'avant, un sourire en coin s'affichant sur ton visage. Tu as bien entendu Dae s'excuser pour ce qui s'est passé entre vous deux mais tu ne veux pas revenir sur le sujet. Sinon, tu devras lui dire que ce n'est pas de sa faute, mais de la tienne et t'as pas l'intention de le faire. Parce que oui, même si c'est toi qui a commencé avec l'histoire du type dans le canapé, tu te défendras bec et ongles pour que ça ne te tombes pas sur le dos. T'avais pas le droit de donner ton avis, tu aurais dû fermer la porte tout simplement et te trouver une chambre dans un motel pour passer la nuit. Mais à la place, tu t'es pris pour sa mère à le materner et tu t'en veux largement d'être aussi con. Ton bras est tendu vers l'avant et soudainement, le café quitte ta main, tombant au sol, se renversant sur les souliers neufs d'Alicia. Tu la fixes un moment tandis qu'elle gueule, qu'elle pique une scène devant vous deux, rentrant dans le restaurant à la suite. Tu ne peux t'empêcher de continuer de fixer la porte du café sans broncher, ouvrant la bouche pour enfin répondre à Dae. - Je te pardonne seulement si tu me promet un truc. Plus jamais de mensonges entre nous deux, je veux que tu reviennes à la maison. - Ton regard est revenu vers lui, t'espères qu'il pourra approuver tes dires. T'as pas l'intention de te faire mentir pour le restant de ta vie. Y'a assez de toi qui n'est pas capable de te tenir plus de cinq minutes sans le faire, tu te vois mal avoir un ami avec les mêmes gênes. Et tu veux qu'il revienne, oui. Tu sais qu'il est encore là mais tu as entendu le tout dans un film, il y a longtemps. Tu as passé des années à attendre le bon moment pour placer cette réplique et même si ce n'est pas le bon moment pour le faire, tu ne vois pas autre façon de pouvoir la coller à quelque part. - Dis-moi.. Est-ce que je te plais? - Plus de mensonges entre vous deux, plus rien. Tu veux simplement en avoir le cœur net. Le reste, tu te fous de ce qu'il pourra penser de tes paroles, de ce que tu penses réellement.

Si la présence de Alicia te dérange au plus haut point, tu tentes de faire comme si elle était aux abonnés absents. Tu as l'impression que si tu lui portes de l'importance, les choses ne feront qu'empirer. Tu sais qu'elle écoute la conversation et franchement, tu t'en moques pas mal. Après tout, elle a sûrement fait des marques de doigts sur ton bras et elle a été plus que odieuse avec Sunhi. Elle ne mérite aucune réplique ni aucun regard de ta part. Par contre, tu remarques bien vite que le simple fait qu'elle se tienne près de vous semble déranger ton ami, qui la regarde sans arrêt du coin de l'oeil. Pas assez pour qu'elle remarque, mais assez pour que toi, tu le constates. Après tout, tu peux le comprendre. Même si tu l'ignore complètement, elle a cette petite aura qui dérange. Tu sais qu'il est loin d'être à l'aise avec sa présence non désirée. Tu aimerais bien y faire quelque chose, mais elle semble décidée à faire son pot de colle. Allez savoir pourquoi puisqu'elle est supposée être entrain de travailler présentement.

Même si Sunhi refuse le breuvage au départ, il s'en empare bien vite par la suite, te laissant perplexe. Ce n'est que lorsque tu le vois le renverser vraiment pas par accident sur les chaussures plus que propres de votre obsédée que tu te mets à rire en la voyant prendre ses jambes à son cou. Tu tousses deux ou trois fois avant de te reprendre, pestant intérieurement contre ton ami pour t'avoir fait rire. En temps normal, tu l'aurais trouvé cruel, mais vu la situation, tu trouves qu'elle a mérité ce petit accident. Ce n'est qu'une fois la demoiselle ayant quitté la place qu'il te répond, alors tu que pensais qu'il ignorait tout simplement la discussion. Tu lèves de nouveau la tête vers lui, peu certain de comprendre ce qu'il vient de te dire. "Euhmm... ok?" Parce que bon, tu ne lui as jamais menti? Alors tu te demandes bien ce qu'il insinue, mais en même temps, ça devrait être facile de tenir cette promesse puisque tu ne ment jamais. Est-ce que c'est la raison pour laquelle il était si fâché après toi? Parce qu'il pense que tu lui as menti? Tu essaies de te rappeler votre conversation précédente, mais aucun mensonge ne te vient à l'esprit, ni même une phrase qui aurait pu être perçue de la sorte. Est-ce qu'il serait entrain de se trouver des excuses pour ne pas s'excuser lui aussi? Ça semble plus probable, mais tu hausses légèrement les épaules tout en te disant que la discussion est au moins terminée. L'important, c'est que vous vous reparliez n'est-ce pas? L'atmosphère est déjà moins tendue entre vous. Enfin, si on oublie le fait qu'il vient de te demander de revenir à la maison comme dans un mauvais film romantique alors que tu n'as jamais quitté l'appartement. Peut-être sa manière de te dire que ta présence lui manque? Tu as envie de lui demander, mais tu n'as pas envie de partir un débat avec lui avec ton état du moment. Tu as l'impression que s'il commence à se fâcher, tu vas soit t'endormir sur lui, soit te mettre à pleurer, soit ne rien écouter... bref, ne pas faire ce qui se doit dans ces moments pour éviter que la dispute n'envenime.

Tout en te demandant si tu devrais vraiment retourner travailler avec tout ce qui vient de se passer et ta fièvre qui ne baisse pas d'un poil, tu l'entends te poser une question insolite et tu sursautes légèrement avant de reposer tes yeux dans les siens. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu sens le rouge monter tout doucement sur tes pommettes, sans ton accord. Pourquoi est-ce qu'il te pose cette question? Est-ce qu'il va te faire la tête si tu dis non? Est-ce qu'il en fera de même si tu dis oui? En réalité, tu ne sais même pas quoi lui répondre toi même. Ça ne t'a pas échappé que tu le trouves attirant. Tu n'es pas fait en bois. Mais ça ne t'as pas non plus passé sous le nez que tu ne le connais pas tant que ça non plus. Tu essaies de deviner quelle est la réponse appropriée en le fixant, mais son regard ne t'aide en rien. Tu ouvre donc la bouche à deux reprises avant de la refermer. Et pourquoi il te pose cette question d'abord? "Pourquoi est-ce que tu me poses cette question?" Parce que c'est la seule réponse qui te vienne à l'esprit. Tu essaies de comprendre le raisonnement qui l'a mené jusqu'à ce qu'il ne te pose cette fatale question. Et puis, ce n'est ni un oui, ni un non. Ça te laisse une marge de manoeuvre dépendant de sa réponse.

Le mensonge est une porte de sortie beaucoup trop importante pour toi. Trop facile à obtenir. Une manière de te sauver, de te protéger, aussi. Depuis tout petit, tu mens par facilité. Que ce soit au voisin, à un ami ou à ta peluche, tu as passé par tous les mensonges possible. De famille d'accueil par famille d'accueil, le mensonge a bien été présent aussi. Trop présent. Que ce soit sur tes notes d'études, sur tes fréquentations, sur ta prise sur la cigarette, sur l'envie d'avoir un tatouage, sur ton nom de famille. Sur ton passé, sur ce que tu veux faire plus tard et encore aujourd'hui, tu mens. Présentement, tu mens à Dae-Jung, sachant parfaitement que pour toi, tu ne pourras jamais arrêter de le faire, même s'il te le promet. Chose qu'il fait, mais avec un peu de retenu. Comme s'il avait peur de la suite, toi qui ne veux que mettre quelque chose au clair avec lui. Depuis des jours, ça te tracasses. Tout ce qu'il t'as dit, au logement, lorsque t'avais les fesses posées sur le comptoir, ça te joue dans la tête. T'as passé la nuit à regarder le mur, à réfléchir à ce qu'il t'avais dit. Il t'avais bien fait des avances, non? Dans un certain sens, oui. C'est ce genre de paroles que tu entends dans les bars lorsqu'un type un peu louche se rapproche d'un peu trop près, lorsque tu comprends que tu ne finiras pas la soirée tranquille dans ton lit, à lire une bande dessinée. Mais au moins, il t'as répondu, c'est toujours un bon début.

Alicia partie pour quelques minutes, et pour le restant de ta vie tu l'espères, tu arrives à poser ton regard sur Dae. Ce dernier essaie de te regarder dans les yeux, essayant de comprendre à quoi tu joues. Tu baisses la tête une demi-seconde, avant de la relever et de poser à ton tour tes yeux dans les siens. Tu veux savoir quelque chose depuis trop longtemps, t'as besoin qu'il puisse te dire la vérité. T'accepteras nullement une réponse bateau, t'as besoin de savoir. Si la réponse est non, tu lui diras que c'est aussi ton cas, que t'es pas intéressé et que c'est limite si t'arrives à supporter sa présence. Tout pour qu'il puisse se sentir un peu moins à l'aise et que les choses puissent revenir à la normal. T'as jamais été trop calineux et c'est loin d'être le moment pour le faire. Et s'il te répond par la positivité? S'il te dit que oui, tu lui plais? Qu'il est intéressé, qu'il t'aime bien et même qu'il aimerait sortir avec toi? … Dae ouvre la bouche une fois et la referme, tandis que tu regrettes ta dernière question. T'as peur de sa réponse. Tu pries presque pour qu'il te dise que non, que t'as tout faux. T'as pas envie qu'il te dise que oui et devoir te trouver un nouveau logement. Parce que si jamais il tombe amoureux de toi, tu ne resteras pas. T'as pas envie d'avoir un copain, de faire ta vie avec la même personne pour le restant de ta vie. T'aimes ta liberté et puis.. t'aimes pas les gens. Tu te vois même pas l'embrasser, le cœur te lèves un peu. Pas parce que c'est lui, mais bien l'acte te rends un peu triste. T'as déjà embrassé un garçon dans ta jeunesse, tu avais à peine douze ans. Et c'est tout. T'as eu de nombreuses relations intimes mais jamais t'as voulu retenter l'expérience d'embrasser quelqu'un et ce n'est pas maintenant que tu le ferais. Pendant une simple seconde, tu recules un peu tandis qu'il ouvre la bouche pour te répondre, de peur de te faire embrasser. Ce que tu peux être con à poser ce genre de question dans ce genre de situation..

- Pourquoi? - Voilà sa réponse? Est-il vraiment sérieux? Pendant un instant, ton œil droit clignote à sa réponse, comme si tes nerfs venaient de lâcher. Peut-être un stress de moins, t'en sais rien. - Parce que c'est important pour moi de le savoir, c'est tout. Tu m'as fais du rentre dedans l'autre soir et je.. j'aurais aimé savoir pourquoi. - Et tu penses être dans le droit de le savoir. - Mais écoute.. Si t'es trop peureux pour me dire la vérité, c'est pas grave. Juste.. Ne me promet pas la vérité si tu me mens pour ça. - Encore ton petit air hautain au visage qui ne te quittes plus. T'es né comme ça, tu ne peux rien y faire de plus.

La discussion que vous avez en ce moment est beaucoup trop complexe pour toi, dans cet état. Tu aimerais juste retourner à l'appartement avec une bonne couverture chaude devant un programme télévisé que tu n'écouteras pas, t'endormant devant ce dernier. Ta tête te fait de plus en plus mal, ta migraine se faisant persistante et tu n'as pas très envie de rassurer Sunhi sur ses complexes amoureux pour le moment. Tu devrais être plus compréhensif et tu le sais, c'est pourquoi tu sais que ce n'est pas le bon moment pour avoir cette conversation. Tu n'a pas l'impression d'avoir dit quoi que ce soit qui pourrait l’entraîner à croire que tu lui as déjà menti et même si promettre que tu ne lui mentiras jamais dans le futur est aisé, tu ne peux t'empêcher de trouver que ça a un petit goût amer. Tu ne crois pas mériter ce genre d'interrogatoire, mais en même temps, tu sais que ce n'est pas non plus un questionnaire lancé vers toi sans considération. C'est juste une conversation, Sunhi qui tente de clarifier les choses avec toi. Tu ne peux pas lui en vouloir ou même être énervé, mais tu es épuisé. Tu réfléchis donc sincèrement à sa question, mais tu n'as pas de réponse précise à lui offrir sans être certain de ce qu'il insinue par le fait de te plaire. Il parle en tant que personne? Amicalement parlant? Il parle superficiellement, ayant besoin de se faire rassurer par son look? Ou il parle amoureusement? Parce que tu as l'impression de ne pas assez le connaître pour avoir une vraie opinion sur la dernière question. Peut-être qu'en fait, sa question est on ne peut plus claire et que tu as juste trop de fièvre pour bien comprendre la réponse qui est attendue de ta part. Tu lui demandes donc pourquoi, parce que bon... c'est une bonne question. Enfin, dans ton cerveau embrouillé ça l'est.

Il répète ta question comme si elle était la plus stupide qu'il n'ai jamais entendu et tu te sent rougir de honte. Visiblement, c'était clair et tu es juste trop à l'ouest pour capturer ses paroles avec clarté. Le fait qu'il ai reculé aussi lorsque tu as décidé de lui répondre te rend perplexe. Il a eu peur de quoi? Que tu le frappes? Décidément, ce n'est pas la journée pour toi d'essayer de comprendre les gens ou les situations qui se déroulent, pourtant, devant tes yeux. Tu passes donc une main lasse devant ces derniers, pour essayer de t'éclaircir les idées alors qu'il décide de t'obliger et commence à parler. Tu tentes donc tant bien que mal de comprendre le raisonnement derrière ses dires, chose encore plus compliquée que précédemment. Lui faire des avances? Il a cru que quoi? Que tu allais le déshabiller dans la cuisine de l'appartement? Il faut dire qu'il a insinué durant cette soirée que tu étais un prostitué donc... peut-être qu'il pense effectivement que tu es du genre à ne penser qu'au sexe et ça te peine un peu de voir que ce n'était pas seulement des paroles lancées sur le ton de la colère lors de votre dispute insolite.

"Sunhi... je t'ai fait des compliments. Je ne t'ai pas sauté dessus..." Tu essaies de trouver les bons mots pour être le plus précis possible sans le heurter, puisque tu ne sais trop quelles sont ses impressions ou sentiments en ce moment. Il faut dire qu'il pose plein de questions tout le temps, mais est maître dans l'art d'éviter celles des autres. " Tu sais, ce n'est pas parce que je suis intéressé par les hommes que je suis amoureux de tous ceux que je trouve beau. Je suis capable de dire que tu es bel homme sans que ce ne soit dans l'intention de te draguer." Tu réfléchis bien à ta prochaine réponse, dans l'espoir de ne pas perdre la petite trêve que vous avez en ce moment. "Si ta question est: est-ce que je suis amoureux de toi... non. Je ne crois pas qu'on se connaisse assez pour que j'ai ce genre de sentiments à ton égard. Si tu parles amicalement... alors oui je t'apprécie et j'aimerais pouvoir dire qu'on est amis." Est-ce que c'est assez clair? Est-ce que tu viens de te tirer dans le pied? Est-ce qu'il pense que tu es un débile profond? "Je suis désolé... j'ai vraiment une migraine. Je ne sais pas si c'était logique ce que je viens de te répondre." Et tu es sincère, tu ne sais trop si ça faisait du sens dans ta petite tête et à voix haute encore moins. Si tu le trouve séduisant? Pour sûr, tu as des yeux. Est-ce que tu allais sauter sur lui ou bien lui proposer un rancard? Non pas du tout.

Ta lèvre inférieure se fait mordre fortement, presqu'au sang. Ce n'est pas dans tes habitudes de poser ce genre de questions. Oui, tu es de nature curieuse, tu veux toujours tout savoir et tu arrives même à poser des questions idiotes et ce, beaucoup trop souvent, mais lorsqu'il est question de sentiments.. c'est tout autre chose. Tu ne sais jamais comment agir et pendant un temps, tu as cru que Dae t'annonçais quelque chose. Tu avais les fesses sur le comptoir, des étoiles dans les yeux. Tu ne sais pas trop ce qui t'as pris, pourquoi tu t'es mis à espérer quelque chose qui ne t'intéresses même pas, au final. T'as pas envie d'avoir de petit ami, d'avoir une vie bien rangée. C'est pas toi ça, t'as besoin de sortir, de flirter, de te faire désirer par des hommes que tu ne connais pas. Et que tu ne connaitras jamais réellement non plus. T'as pas envie d'engagement, de te poser des questions sans cesse, te demandant ce qui cloche dans ton couple. T'as pas plus envie de te coucher à chaque soir, le cœur en mal, te demandant si ton copain est toujours amoureux. Si tu fais les choses bien.. Mais peut-être devrais-tu changer. Essayer. T'as pas envie non plus de finir ta vie tout seul, à te demander ce qui t'arriveras dans quelques années.

Tes yeux se posent sur lui, t'as le cœur qui bat à folle allure. T'oses même pas imaginer ce qui arriveras, si jamais il t'annonces que oui, ses paroles étaient intentionnelles, qu'il voulait s'approcher un peu de toi. Tu t'es même reculé de quelques centimètres, pensant que ton ami allait venir t'embrasser. Quelle folle idée tout de même, comme si c'était son genre! Ne l'avais-tu pas découvert avec la langue d'un type au fond de la gorge, quelques jours plutôt? Sa réponse est vague et toi, tu aimerais comprendre ce qui arrive. Un simple oui pourrait changer beaucoup de choses, tu ferais probablement tes bagages pour ne pas trop t'attacher. Pour ne pas le faire espérer. T'es pas chez lui pour trouver l'amour mais bien pour ne pas mourir de froid dehors, si jamais la température décide de baisser. Ce qui serait alarmant en ce temps de vie. Ton regard s'arrête un instant sur le restaurant, avant que tu ne reviennes au galop, lui demandant franchement de te répondre. Tu as ce besoin de savoir, ce besoin de comprendre ce qui se passe entre vous deux. Tu as beau te dire que vous êtes encore amis, tu as l'impression qu'il manque un morceau à l'histoire et le tout te donnes le tournis.

Alors.. Il n'est pas amoureux de toi. Donc, tu ne lui plais pas. D'accord.. Ton regard se baisse tandis qu'il continue la discussion et toi, t'as tout simplement décidé de couper toutes paroles. Tu ne l'entends plus, t'essaies juste de comprendre ce que tu as fais de mal pour qu'il te dise que non, qu'il n'est pas intéressé. - Je ne sais pas.. Habituellement, quand je reçois ce genre de compliment, ça se finit en partie de jambes en l'air. Alors j'ai cru que.. j'ai juste cru que.. - Tu marques une pause, avant de soupirer, te trouvant vraiment ridicule. Pourquoi avoir ce genre de discussion ici, sur ce banc aussi. Tu pourrais tout donner pour ne plus y penser, pour revenir sur tes paroles et même, pour pouvoir être couché encore dans ton lit. La discussion te gênes un peu et tu te surprends même à te dire que ça aurait été moins compliqué s'il t'aurais avoué avoir un faible pour toi. - Alors, ça te fais rien que ce soir, je ne rentre pas? Que je passe la nuit avec quelqu'un? - Es-tu réellement entrain de lui demander si tu peux avoir une aventure avec une personne inconnue? Et bien oui, tu lui a posé cette superbe question et ce, en le regardant directement dans les yeux.

Tes appréhensions s'avèrent exactes du moment que ta migraine commence à s'amplifier, chose que tu croyais impossible de prime abord. Lorsque tu l'as vu débarquer, tu savais que ta journée allait devenir de plus en compliquée. Ce n'est pas de sa faute, il ne sait pas que tu t'es réveillé malade, même si tu ne files visiblement pas des masses si on te regarde un temps soit peu. Tu résistes littéralement l'envie de fermer les yeux et de t'endormir sur l'épaule de ton interlocuteur, mais vu la discussion que vous êtes entrain d'avoir, tu n'as pas l'impression que ce sera bien vu. Tu ne sais pas trop s'il a peur de toi ou s'il veut te dire que finalement, il aimerait que tu gardes tes distances avec lui, qu'il te trouve accaparent et n'aimerait pas être ami avec ta personne. Est-ce que tu serais seulement capable d'accepter un deuxième rejet de sa part? Tu le fixes intensément et tu te fais très vite à l'idée que non, tu ne serais pas capable. Trop de gens sont passés en coup de vent dans ta vie pour que tu acceptes qu'il soit de ces personnes.

Tu essaies donc de lui répondre honnêtement, sans lui faire peur pour autant. Tu le trouves attirant? Bien entendu. Mais il est aussi fermé à l'envie de parler de lui qu'une huître, ce qui rend l'attachement que tu as envers lui d'autant plus insolite. Est-ce que sa personnalité te plait tant que ça pour que tu espères sans cesse qu'il t'apprécie un minimum et ne crèche pas chez toi que pour ton argent? Tu n'es pas stupide, contrairement à ce que plusieurs peuvent bien penser de toi. Tu sais qu'il t'a demandé de l'héberger parce qu'il ne voulait rien payer, parce que tu es reconnu pour être crédule et incapable de dire non. Bon peut-être que tu es un peu idiot puisque tu as bel et bien cru qu'il n'allait rester que brièvement. Maintenant tu sais qu'il ne décollera pas de si tôt et tu te surprends par le fait que ça ne te cause pas de soucis. Oui tu dois travailler pour deux, mais tu es travaillant ça ne te fait pas peur. Tout pour ne pas le laisser à la rue. Cette manie de vouloir le protéger, tu ne comprends pas d'où elle peut bien sortir.

Lorsqu'il te répond, ignorant la moitié de ce que tu viens de dire, tu ne peux t'empêcher d'être blessé par ses mots. Non pas parce qu'il est cruel ou méchant, mais par compassion. Il n'a visiblement pas connu beaucoup de gens qui le respectaient et ça te fait mal au coeur d'en avoir ainsi la confirmation. Il a sûrement cru que tu étais un gros lourd qui voulait juste aller dans son lit en le baratinant sur son apparence pour réussir à passer la soirée sous les draps d'une autre personne. Ce n'est pas ton genre, ou du moins, tu essaies de ne jamais agir ainsi avec les autres. Tu essaies de lui répondre, mais tu restes sans mots. Que pourrais-tu bien dire qu'il ne prendrait pas mal? Si tu lui dit le fond de ta pensée, son orgueil va te fusiller et si tu fais juste nier, tu auras l'air d'une personne cruelle. La suite de ses mots te laissent tout de même avec un air stupéfait sur le visage. La réponse est pourtant facile n'est-ce pas? Tu devrais dire que non. Qu'il est libre de faire ce qu'il veut avec qui il veut, tout comme tu déclarais l'être toi-même lors de votre dispute. Tu devrais l'encourager à rencontrer une personne qui lui donnerait du bonheur si c'est ce qu'il cherche. Tu devrais juste être un ami en ce moment, mais ton coeur bat plus rapidement et tu ne peux t'empêcher d'être envahi d'une image déplaisante. Celle de Sunhi et d'un inconnu entrain de flirter. Ça te déplaît, et ça te rend perplexe. Tu n'es pourtant pas amoureux de lui, tu viens tout juste de mettre ce fait au clair avec lui. Alors pourquoi est-ce que ça te dérange?

''Je...'' Et tu ne sais pas quoi dire. Quel hypocrite tu fais en ce moment. Tu as été outragé par le fait que la vision de toi et un autre homme l'ait agacé, mais toi, tu agis exactement comme il l'a fait. Tu es une vraie blague vivante. "Est-ce que tu es amoureux de cette personne?" Parce que tu te demandes s'il est entrain de parler d'une personne imaginaire ou existante. Tu aurais l'air idiot si Sunhi était finalement amoureux de quelqu'un et attendait juste de voir qu'il ne te brisait pas le coeur en allant vers l'amour de sa vie. Mais ne t'a t-il pas dit qu'il ne croyait pas en l'amour la dernière fois? C'est mêlant, très mêlant et tu ne sais plus quoi croire. Tu décides donc d'être entièrement honnête. "Tu n'es pas une possession alors tu pourrais faire ce que tu désires, mais ..... je serais déçu." Pourquoi? Quel idiot tu fais en ce moment, entrain de jouer avec tes cuticules, le regard baissé, incapable de regarder celui que tu décris comme un ami dans les yeux alors que tu le faisais un peu plus tôt. Il va te demander pourquoi tu es déçu, tu le sais ou du moins tu l'appréhendes. Parce que toi même tu ne comprends pas. Surtout qu'il n'a visiblement pas pitié de ton malaise et de ton air malade.