I try to understand how we're here again, in the middle of the storm (belmo)

Les dernières semaines avaient été parsemées de changements d’humeur et de réflexions contradictoires. Avance, recule, avance, recule. Jamais encore Elmo n’avait à ce point tergiversé sur des histoires du cœur. Normalement, il abandonnait dès les premiers obstacles. Même, il quittait le navire avant même que le doute ne s’installe. Il ne laissait pas le temps aux problèmes d’apparaître. Elmo avait enchaîné les lunes de miel sans jamais laisser la routine s’installer, parce qu’il savait fort bien qu’avec le confort du quotidien venait toutes les remises en question. Il n’y avait qu’avec Bella que l’italien avait baissé sa garde, la laissant s’installer dans chacune de ses journées, que ce soit en pensée ou en présence. Elle habitait chacune de ses heures et ce, depuis plus d’un an. Aujourd’hui, jour pour jour, cela faisait un mois qu’ils s’étaient laissés sur une note ambiguë, une note qui marquait la fin d’une chanson mais dont le son ne s’arrêtait jamais totalement. La vibration était toujours là, perceptible pour l’oreille, ranimant son cœur à chaque fois qu’il menaçait de s’éteindre. C’en était assez du silence, ses enfantillages avaient assez duré. Il avait beau en parler à droite et à gauche, il savait que ce ne serait qu’avec Bella qu’il irait au bout de l’histoire. Nul besoin de chercher le réconfort ou les réponses dans les paroles des autres. C’était avec elle qu’il avait besoin de discuter, avec elle qu’il avait besoin d’être. Et si depuis tout ce temps Elmo s’accrochait encore, cherchant à pardonner, cherchant le moyen d’aller de l’avant, n’était-ce pas la preuve qu’il n’était pas prêt à la laisser filer ? Ce matin, il avait téléphoné à Bella. Pas un texto, pas un message sur Facebook, pas un DM sur Insta. Un appel, pour lui dire qu’il s’excusait du temps que ça lui avait pris, qu’il voulait la voir, lui parler, ce soir si elle était disponible. Elle accepta, et ce serait chez elle, ce soir, qu’ils en finiraient enfin avec ce drame qui n’avait plus lieu d’être entre eux. À l’heure convenue, à dix-neuf heures, Elmo se présenta chez la costaricaine, qui avait l’appartement pour elle pour la soirée. Il toqua à la porte, difficilement, puisque ses bras étaient chargés de fast-food asiatique pour l’aider à passer à travers les mots qui seraient peut-être dits.

Je ne te demande pas des semaines, juste quelques jours. Je veux prendre le temps d’encaisser et de me calmer. Ça ira mieux après. C’était les derniers mots qu’il lui avait adressés avant que Bella ne quitte son appartement et qu’elle lui donne ce dont il voulait : quelques jours pour réfléchir. Mais mes jours s’étaient transformés en des semaines et les semaines en un mois. Un mois sans nouvelles, un mois à se demander qu’est-ce qu’ils étaient, finalement, tous les deux, où en était leur relation à la suite de cette rupture dont ils n’avaient pas reparlé depuis trop longtemps. Bella avait respecté Léa requête d’Elmo, ne s’était pas imposée dans sa période de réflexion bien qu’elle aurait aimé prendre son portable et lui envoyer un ou deux sms pour réparer les pots qu’elle avait cassé elle-même. Mais à force d’attendre, à force de se morfondre, elle avait fini par se rendre à l’évidence. Il était passé par la manière la plus facile de la quitter : le ghosting. Un lâche, c’était bien ce qu’elle pensait d’Elmo. Il était lâche.

Ce matin-là, le téléphone avait sonné et sur l’écran du IPhone de la Costaricaine, une photo d’Elmo et elle, baiser passionné capturé, s’y était affiché. Il l’appelait. Après un mois de silence, il daignait finalement lui donner un signe de vie. Bella avait répondu, sans même lui montrer qu’elle était affectée par son attitude. Il voulait la voir, parler, mettre sur table les non-dits des dernières semaines. Elle avait hésité, pour dire vrai, parce qu’il l’avait fait attendre bien trop longtemps pour une histoire dont, après mûre réflexion, elle ne méritait même pas d’être mise sur le bûcher. Elle avait hésité parce qu’il avait dit avoir besoin de deux ou trois jours, mais qu’il avait mis un mois à la contacter, à tenter de recoller leur relation qui, au fond, ne comptait peut-être pas autant qu’elle le pensait à ses yeux. Mais elle avait accepté, convaincu qu’il voulait la voir, de toute façon, pour mieux la quitter, pour mettre les choses au clair et ainsi continuer à avancer seule dans sa vie privée.

Dix-neuf heures s’affichaient sur l’écran de télévision intelligente dont netflix jouait en arrière-plan. Dix-neuf heures piles et il avait toqué. Il n’était jamais à l’heure, Elmo, mais il avait choisi aujourd’hui pour l’être. Habillée d’un jean moulant et d’un body noir de dentelle, Bella lui ouvrit la porte pour le faire entrer. « Hey », souffla-t-elle alors qu’il peinait à tenir tous les plats dans ses mains. D’ailleurs, il manqua de les faire tomber sur le sol, mais la brune s’était élancée pour les rattraper, lui accordant un mince sourire au passage. « T’étais pas obligé de passer chercher de quoi manger... », décreta-t-elle en se déplaçant pour le laisser entrer chez elle. Elle n’avait même pas faim, l’idée de se faire plaquer après un mois de silence lui avait coupé l’appétit.

Ce n’était pas la lourdeur ou la quantité de nourriture dans ses bras qui firent en sorte qu’Elmo manqua de gaspiller l’un des plats en le répandant sur le sol. Non, si l’un des sacs s’était échappé de son emprise, rattrapé par les réflexes aiguisés de Bella, c’était justement parce que cette Bella lui avait coupé le souffle et, visiblement, toute capacité à faire autre chose que la contempler. Même garder ses mains refermées sur des sacs en papier brun, ça avait trop demander. Son jean moulant et son body en dentelle avaient de quoi attirer le regard, surtout le regard de celui qui avait pensé à elle à tous les jours, se maudissant d’être incapable de faire de l’ordre plus vite dans ses idées. Son regard s’était attardé à sa poitrine mise en évidence par le décolleté ajusté, à ses fesses rebondies bien moulées par le jeans, par ses jambes minces qui semblaient mesurer des kilomètres, là-dedans. Ce ne fut que lorsqu’elle se releva, avec le sac de bouffe asiatique rescapé dans la main, qu’Elmo reprit ses esprits. « Hey. » Souffla-t-il à son tour, le cœur agité, comme s’il battait dans tous les sens à la recherche de tous les morceaux éparpillés et cassés, pour les rapatrier. « J’avais faim. » Lâcha-t-il comme seule explication, un peu imbécile et inappropriée dans les circonstances. « Et euh, j’sais que tu manges parfois tard toi aussi, alors … J’me suis dit que t’avais peut-être pas encore mangé non plus. » Il râcla sa gorge, un peu incertain de la suite des choses. Malgré son mince sourire un peu plus tôt, Bella avait un visage plutôt fermé. Et avec raison. Il n’avait pas oublié, Elmo, qu’il n’avait demandé que quelques jours, et que les heures avaient commencé à s’écouler sans qu’il ne puisse les saisir. Quand il avait réalisé qu’un mois s’était écoulé, il avait flippé. De peur de la perdre, de peur qu’elle tourne la page avant qu’il n’ait trouvé les mots à dire pour ajouter encore d’autres chapitres à ce livre. De peur qu’elle le déteste d’être aussi lâche, immature, incapable d’affronter la vraie vie, le vrai amour. « Je peux rentrer ? » Demanda-t-il faiblement.

Est-ce qu’elle avait fait exprès de s’habiller de la sorte? Évidemment. L’avouerait-elle? Jamais. Si Elmo lui posait la question, elle s’inventerait une fête ou une sortie quelle conque pour justifier non seulement sa tenue, mais aussi les ondulations dans ses cheveux et la touche de gloss qu’elle avait ré-appliqué juste avant de lui ouvrir la porte. Le regard d’Elmo était passé du visage de son (convaincue) ex-petite amie à sa poitrine dont son décolleté mettait de l’avant. S’il regardait attentivement, il finirait par reconnaître la dentelle sous ses yeux qui était, en fin de compte, nul autre que le déshabillé qu’elle avait choisi de lui offrir pour son anniversaire et qu’il n’avait, finalement, pas eu la chance de la voir le porter.

Manger, Bella ne l’avait que peu fait dans les derniers jours. On lui connaissait, quand on était assez proche d’elle, ses faiblesses alimentaires et si depuis son séjour à l’hôpital l’an dernier elle s’était reprise en main, il lui arrivait de rechuter. Encore plus lorsqu’un événement stressant ou perturbant l’envahissait. Cette absence de nouvelles de son petit ami depuis près d’un mois, c’était assez pour la faire retomber dans de mauvais travers. Elle se rendait compte parfois trop tard qu’elle n’avait que pris un petit déjeuner le matin et que le reste de la journée avait été un désert alimentaire. « C’est gentil », souffla la brune alors qu’il lui confia avoir pensé à elle, aussi, parce qu’il connaissait ses habitudes de vie. « Mais je n’ai pas vraiment faim, pour dire vrai », avoua-t-elle. De l’extérieur, Bella semblait sans doute froide, détachée, alors qu’à l’intérieur son coeur menaçait d’exploser. Elle se montrait seulement forte, comme elle savait si bien le faire devant les autres, parce que montrer ses faiblesses seraient d’accorder à Elmo raison d’avoir agit aussi lâchement ces dernières semaines. Lorsqu’il demanda s’il pouvait entrer, elle hocha la tête, emportant avec elle le sac qu’elle avait récupérer et le posant sur la table basse du salon. Elle le laissa s’installer, le quittant l’instant d’une minute pour récupérer des ustensiles et deux verres d’eau à la cuisine et les posa devant eux, de retour au salon. « C’était bien, l’anniversaire de Milo? », fit-elle pour engager la discussion. Dans ce mois sans nouvelles, elle avait même respecté les distances qu’il lui avait demandé jusqu’à s’empêcher de fêter l’anniversaire de l’un de ses meilleurs amis, pour éviter qu’ils ne se croisent inutilement.

Bien sûr qu’il avait pensé à elle, pour ce repas mais aussi pour tout le reste. Il pensait toujours à Bella, Elmo, même si les dernières semaines laissaient croire exactement tout le contraire. Il avait semblé la ghoster, oui, et sans doute cela n’aurait-il surpris personne. Elmo lui-même s’était parfois vanté de ghoster ses relations, de s’inscrire sur des applications de rencontre pour se magasiner des coups d’un soir, délaissant une potentielle amante au profit d’une autre, légèrement plus belle ou plus intéressante. Il en riait volontiers, avec ses potes, de ces comportements machistes et irrespectueux. Parce qu’il n’avait jamais vu le mal que ça faisait. Mais ce soir, il comprendrait ce que ça faisait chez une personne de se sentir délaissé, abandonné, d’autant plus qu’entre Bella et lui, c’était bien plus que de simples échanges virtuels. C’était une relation, une vraie, des je t’aime encore timides et des plans pour un futur à plus ou moins long terme. Bella méritait des explications. Bella méritait mieux qu’un mois de silence. « Ce sera là, si t’as faim, alors. » Conclut-il, comprenant qu’elle avait l’estomac autant à l’envers que le sien. Contrairement à la costaricaine cependant, le barista avait tendance à manger, énormément, lorsque c’était le bordel dans sa tête. Elmo demanda finalement à rentrer, et Bella le laissa faire. Il referma la porte derrière lui et la suivit jusqu’au salon, où il posa ses propres sacs sur la table basse. Elle lui demanda comment était l’anniversaire de Milo. « Euhm … J’suis pas allé. Je savais pas si t’y serais, et j’voulais pas gâcher la soirée. » Il haussa les épaules, comprenant qu’elle n’était pas allée non plus. Tous les deux s’étaient donc empêché d’aller à l’anniversaire d’un bon ami. C’était con. Et Milo avait dû être attristé de ça, en plus. « De toute façon, personne du groupe n’est allé, alors j’crois pas que j’aurais connu beaucoup de monde … » Depuis quand ça l’empêchait de fêter, Elmo ? C’était juste des excuses. Comme toujours. « Je suis désolé que t’aies raté ça. » Il savait que c’était à cause de lui, nul besoin qu’elle le lui dise.

Elle connaissait son passé amoureux, comme tous les autres de leur bande de copains d'ailleurs. Elmo était connu pour se lasser de se conquêtes, de changer de petite amie régulièrement, si on pouvait les appeler ainsi, d'ailleurs. Quand il était question de Bella, on ne pouvait dire qu'il s'était lassé, sans doute que sans l'histoire des Writers et de Victor ils ne seraient pas dans la situation actuelle, cependant peut-être que cette querelle avait accéléré leur séparation. Et la réaction d'Elmo, de promettre de réfléchir alors qu'il ne lui donnait pas de nouvelles, c'était la réaction typique d'un mec qui cherchait une excuse pour larguer sa petite amie, sans vraiment savoir comment le faire de la bonne façon. Et donc, quoi de mieux que faire le silence radio et espérer qu'elle, elle ne donne plus de nouvelles et qu'elle lâche prise elle-même? Alors il valait sans dire que son appel, sa visite de ce soir, avait surpris la Costaricaine.

Elle non plus, elle n'était pas parfaite. Elle aussi, elle était du genre voilage, par le passé, sans trop trop s'attarder plus longtemps à un garçon. Et ce n'était pas quelque chose qu'elle reprochait à Elmo. Ils avaient tous les deux fait des erreurs par le passé et avaient tous les deux tenté d'apprendre à être dans une vraie relation stable et sérieuse ensemble. Ce qu'elle lui reprochait, ce qui la mettait en colère, c'était l'humiliation qu'il lui avait fait vivre alors qu'elle voulait réparer les pots cassés et qu'il avait supposé qu'elle retournait, de toute façon, dans les bras de Viktor. Qu'il lui avait demandé du temps pour réfléchir et qu'en réalité il avait pris des mois pour mieux la quitter. C'était ça qui lui faisait mal, c'était ça qui la mettait en colère, d'avoir attendu alors qu'en réalité il cherchait seulement le bon moment pour la rejeter. L'estomac à l'envers, elle confia à Elmo qu'elle n'avait pas vraiment faim, mais le remercia tout de même d'avoir pensé à elle. « Je te volerai peut-être un biscuit chinois. » Parce qu'elle aimait bien lire les proverbes à l'intérieur, pas parce qu'elle en aimait spécialement le goût.

Bella comprit, au travers du discours d'Elmo, que lui non plus ne s'était pas rendu à l'anniversaire de Milo. « T'aurais pas dû t'empêcher d'y aller », lui dit-elle en cherchant son regard. Ça ne lui ressemblait pas de manquer une fête. Elle tenta de sonder son regard, mais le regarder était trop douloureux. Bella baissa les yeux vers le sol. Il ne fallait pas s'attarder trop longtemps sur les bouclettes de ses cheveux ou ses fossettes au coin des joues, parce que son coeur se remettrait à battre au quart de tour et ça lui faisait déjà bien assez mal ainsi d'être si près de lui, sans vraiment pouvoir le toucher. « Bof, c'est pas plus mal, y'avait les reprises de Friends à la télé », décréta-t-elle en haussant les épaules. Puis un silence s'installa. Ils savaient pertinemment tous les deux qu'Elmo ne s'était pas déplacé jusqu'ici que pour manger Asiatique assis sur la moquette de Bella alors qu'ils discutaient anniversaire manqué et autres événements futurs auxquels ils n'assisteraient pas, l'un après l'autre. Mais Bella n'osait pas aborder le vif du sujet, ne sachant pas vraiment par où commencer, d'ailleurs. Ce qu'elle avait à dire, elle l'avait dit lorsqu'elle était allée chez lui. Elle lui avait demandé pardon, avait tenté de s'expliquer. Aujourd'hui, c'était lui qui voulait mettre fin à leur histoire, c'était à lui de parler.

Attendre que les autres fassent à sa place ce qu’il redoutait de faire, ça aussi, c’aurait été du Elmo tout craché. Bella avait toutes les raisons du monde d’avoir laissé son esprit songer à toutes ces éventualités. Elles étaient les plus probables. Plus probables encore que la possibilité qu’il soit ici pour qu’ils se retrouvent enfin, pour de bon, laissant au passé ce qui appartenait au passé. Il esquissa un sourire en hochant la tête quand elle lui affirma qu’elle lui volerait un biscuit chinois, peut-être. Sans doute. On aurait pu croire que c’aurait été pour faire taire Elmo, qu’il arrête d’insister, mais l’italien savait que c’était parce que Bella raffolait de ces petits proverbes, ces petites pensées futiles, qu’elle appliquait à sa vie avec un plaisir innocent. Souvent, c’était lui qui terminait les morceaux brisés du biscuit, délaissés au centre de son assiette qui n’avait tout d’un coup plus d’intérêt maintenant que quelques mots lui permettaient de se réinventer. Et eux, pourraient-ils se réinventer ? Arriveraient-ils enfin à délaisser leurs mauvaises habitudes, bien ancrées dans leur relation ? Terminés les mensonges, les non-dits, les omissions. Il fallait que ça cesse. « J’étais pas forcément dans le mood non plus, de toute façon. » Dit-il en haussant les épaules, à propos de l’anniversaire de Milo. Certes, Elmo était l’un des plus gros fêtards en ville, mais il réalisait que lorsqu’il lui manquait une partie de lui-même, tout paraissait un peu plus morne. Le jeune homme s’excusa cependant que Bella n’y ait pas assisté non plus, puisqu’il savait qu’il était la raison de son absence. Elle aussi se trouva une raison de les déculpabiliser. « Ils sont sur Netflix, non …? » Il aurait dû la laisser inventer une défaite, cela ne servait à rien de relever ça. D’ailleurs, un silence inconfortable s’installa à la suite de cet échange. Elmo détourna le regard, gêné, plongeant les mains dans ses poches. Il savait que c’était à lui de parler, mais même après tous ces mois d’attente, on dirait que les mots ne lui venaient pas. Il avait eu des heures et encore des heures pour y songer et pourtant, voilà que dans sa tête, c’était le vide, le néant total. Quand je vous dis qu’Elmo n’était pas très doué pour les conversations live … Il passa une main dans ses cheveux bouclés, puis enfin, lâcha : « Je te dois des excuses, Bella. J’ai vraiment réagi comme une merde, tu ne méritais pas ça du tout. » Et ça lui avait pris tout ce temps le réaliser, vraiment ?

Elmo s'était installé sur la table basse du salon, routine bien à eux qu'ils avaient vite fait d'adopter quand l'appartement était vide. Ils se faisaient souvent des soirées film et bonne bouffe, qui se terminaient bien plus souvent qu'autrement en un Netflix and chill revisité, ni l'un ni l'autre en mesure de résister bien longtemps à leur champ magnétique d'attraction. Ce soir, cependant, ce n'était pas ce genre de champs magnétiques qui planait dans l'air, c'était bien moins agréable, bien moins grisant qu'à l'habitude. Il y avait malaise et tristesse, douleur et colère, tout ça uni à une pointe d'humiliation. Mais Bella n'avait rien dit, elle s'était d'abord dirigée en cuisine pour récupérer des ustensiles et des verres d'eau avant de prendre place en face d'Elmo. Tout compte fait, ce n'était peut-être pas de l'eau qu'elle aurait dû emporter avec elle jusqu'au salon, mais peut-être un peu de vodka, de la téquila, voir, pour réchauffer l'ambiance qui, alors qu'ils étaient tous les deux l'un en face de l'autre, était glaciale. La brune engagea tout de même la discussion, évoquant l'anniversaire de Milo auquel elle ne s'était pas rendue, convaincue que Elmo et les autres membres de leur band iraient, respectant la distance qu'il leur avait imposée. Mais étonnement, Elmo avait eu la même réaction que son ex petite copine, préférant éviter la fête pour ne pas la gâcher. Et, de tout façon, il confia ne pas être dans l'esprit de fêter. Bella pinça les lèvres, désolée, en hochant la tête. « Je vois... » Il avait déjà entamé son processus de rupture, le deuil d'eux, de leur histoire qui n'avait, en fin de compte, pas vraiment eu le temps de voir le jour puisqu'ils ne s'étaient même pas affichés en publique, sur les réseaux sociaux et tout le reste. C'était peut-être mieux ainsi, il faudrait, sinon, aviser les gens proches d'eux, leurs amis, que la relation avait pris fin et vivre, à nouveau, chaque fois, les effets de la rupture. Ça et retirer toutes les photos d'amoureux qu'ils auraient postées s'ils avaient officialisé le tout.

À son tour, Bella confia ne pas avoir assisté à l'anniversaire de son ex, prétextant qu'il y avait la reprise d'une série qu'elle aimait bien à la télé et que, ainsi, elle avait passé une bonne soirée. C'était faux, elle ne les avait même pas regardés et sa soirée avait été pénible. Et Elmo s'en rendit bien compte. Malaisée, Bella baissa les yeux. « Aussi », fit-elle comme un enfant qui s'était fait prendre à mentir suivi d'un long silence, un silence inconfortable, un silence qui leur était pourtant tellement inhabituel, eux, les deux pipelettes du groupe. Cette fois, ce fut Elmo qui brisa le silence, après avoir passé une main maladroite dans ses cheveux. Alors qu'il présentait ses excuses et que Bella aurait sans doute dû les accepter, elle le regardait faire, pas un sourire sur son visage. « Merci de prendre le temps de le faire », souffla-t-elle d'abord. « Ça t'a pris pas mal de temps pour te décider à venir me parler », ajouta la brune, sur un ton de déception. Quelques jours, c'était ce qu'il lui avait demandé. Et pourtant, il en avait pris un mois. « C'est pas un reproche.. Je suis reconnaissante que tu aies pris la peine d'au moins venir me parler de vive voix.. T'aurais pu faire comme les autres mecs et faire comme si j'existais plus ou me larguer par texto.. Ça prouve que j'ai tout de même compté pour toi », lâcha-t-elle, une pointe de tristesse dans la voix. « J'suis pas retournée voir Viktor, en passant. » Il l'avait insinué, quand elle lui avait demandé des précisions sur ce qu'ils étaient à présent.

Les verres d’eau maintenant déposés sur la table basse, Elmo eut la même réflexion de Bella, tous les deux la conservant au creux de leurs esprits tourmentés. Ce n’était pas de l’eau dont ils avaient besoin, c’était du poison pour enivrer leurs êtres, seul moyen entre eux de laisser parler le cœur. Elmo avait tellement de mal à s’ouvrir, tellement de mal à se laisser aller à l’honnêteté des sentiments, quand ses idées étaient trop claires et sa fierté trop présente. Il fallait lui engourdir l’orgueil et là, seulement là, pouvait-il réellement traduire ce qu’il ressentait, avec les mots justes. Tant pis, il ferait avec sa maladroite sobriété ce soir. Bella en valait l’effort. La première maladresse s’échappa entre eux deux lorsque Bella le berna à propos de Friends, et qu’Elmo, impulsif et irréfléchi, releva le mensonge. Un silence plana pendant un trop long moment alors que la costaricaine était prise en faute. Pourtant, il n’en avait rien à faire qu’elle ait tenté de sublimer la réalité pour en cacher les imperfections. Il faisait pareil. Tous les deux savaient fort bien que cette soirée-là, seuls plutôt que d’être chez Milo, seuls plutôt que d’être ensemble, avait été parsemée de petites misères. Ce fut l’italien qui brisa le silence avec ses excuses. Si ça avait pu s’arrêter à ça, c’en aurait été terminé de leur querelle. Mais ce n’était jamais vraiment terminé, entre eux, n’est-ce pas ? Les confrontations, les différends, les reproches déguisées, c’était une partie d’eux dont ils n’arrivaient pas à se délester. « C’est pas une surprise que je réfléchis moins vite que la moyenne … » Lâcha Elmo, tentant d’alléger l’atmosphère avec une pointe d’humour, même si son expression faciale ne suivait pas le manège. Il avait du mal à détendre ses traits, parce que ceux de Bella étaient tellement fermés, alors qu’il voulait juste tout réparer. C’est quand elle continua son discours qu’il comprit pourquoi. Si lui était là pour passer l’éponge, elle, elle le pensa là pour la jeter – l’éponge, et Bella aussi du coup. « Est-ce qu’on peut ne pas revenir sur Viktor, genre jamais, s’te-plaît ? » Répondit-il sèchement quand elle en reparla. Il prit une grande inspiration, tentant de chasser le simple prénom de cet homme et tout ce qu’il évoquait en lui. Quand il rouvrit les yeux, il les plongea dans ceux de la brunette. « Bella, premièrement, avec toi j’ferais pas ça par texto et j’te ghosterais pas. Parce que justement tu comptes pour moi et tu mériterais un moment comme celui-là pour qu’on s’explique. Deuxièmement, je suis de toute façon pas ici pour te larguer. » Que ce soit au moins clair entre eux.

« C'est pas ce que je pense... », répondit Bella alors que Elmo supposait qu'il réfléchissait moins vite que la moyenne des hommes. Si normalement elle aurait ri et l'aurait charrié, à l'instant elle n'en avait pas le coeur. La Costaricaine avait le coeur trop plein, trop lourd, trop brisé pour se permettre de rire avec lui. Peut-être qu'éventuellement, quand la douleur serait dissipée, elle arriverait à agir comme elle agissait avec Milo envers Elmo. Rire, plaisanter, continuer à se fréquenter comme ils étaient dans la même bande d'amis. Mais pour le moment, c'était impossible. La douleur était trop fraîche. Elmo amorça le premier pas, justement, vers la possibilité qu'ils combattent le vide qu'ils laisseraient entre eux, alors qu'il prenait le temps de demander pardon et de parler de leur rupture en personne, plutôt que de faire comme si le eux n'avait jamais existé.

Bella le remercia, d'ailleurs, de cette attention. Il lui prouvait que leur histoire avait été importante. Et quand il lui demanda de ne plus aborder le sujet Victor, elle aurait pu pester, mais elle ne le fit pas. Parce que, lui, quand ils s'étaient quittés la dernière fois, il ne s'était pas gêné pour la piquer à se sujet, supposant qu'elle courserait dans les bras du blond dès qu'il lui aurait rendu sa liberté. « C'est pourtant le centre du problème.. Mais, oui, comme tu veux », concéda la brune en soupirant. Lui, il pouvait en parler. Elle, il fallait qu'elle se taise. Équité, égalité... Pas vraiment.

Ça ne pouvait pas être aussi simple, non. Ça ne s'arrêtait pas à un pardon. Pour la brune, c'était évident, leur relation avait pris fin quand Elmo avait disparu de la map, qu'il avait pris un mois avant de revenir dans sa vie alors qu'il lui avait demandé que quelques jours. Mais il lui confirmait que ce n'était pas ce qu'il avait voulu, qu'il n'était pas ici pour mettre un terme à leur relation. « Comment ça, tu ne me largues pas? », demanda-t-elle, les sourcils froncés. « Ça fait genre un mois qu'on s'est pas parlé... J'croyais que tu voulais plus réparer notre couple, que t'étais passé à autre chose... » Mais visiblement, non, ce n'était pas ce que l'Italien avait voulu. « Si tu veux qu'on s'explique, je t'écoute... », fit-elle en envoyant ses longs cheveux derrière son dos, découvrant au passage le décolleté de son body de dentelle.

Ce n’était peut-être pas ce qu’elle pensait, mais lui, si. Elle avait raison, quand elle lui reprochait que ce délai était bien trop long. Inacceptable, irrespectueux. Comment avait-il pu croire qu’un mois de silence allait être si rapidement pardonné ? Comment aurait-il pu s’imaginer que Bella ne lui en voudrait pas d’avoir joué le fantôme à un moment aussi critique de leur relation ? Il avait eu besoin de temps et d’espace mais jamais, pas une seule fois, il n’avait songé à ce dont elle, elle avait eu besoin. C’était bien là le grand problème d’Elmo, en amour. En amour, en amitié, et partout. Il ne pensait qu’à lui. Son égocentrisme allait un jour lui faire tout perdre, parce que les autres se lasseraient. Il ne prétendait peut-être pas être le roi du monde et pourtant il agissait tel quel. Comme si tout lui était dû. Mais Bella ne lui devait rien. À ce moment-ci, c’est lui qui lui devait quelque chose. Et ses excuses, elles ne semblaient pas être suffisantes, encore moins quand il comprit que dans sa tête à elle, il était là pour la larguer. « C’était le centre du problème. » Rectifia Elmo, qui avait eu besoin de ce mois-là justement pour tenter d’effacer les images qui lui venaient irrémédiablement en tête. Et si aujourd’hui il avait à peu près réussi à passer par-dessus, du moins assez pour vouloir aller de l’avant avec Bella, ce n’était pas pour qu’ils en reparlent alors qu’il n’y avait plus rien à dire. Pas là-dessus. « J’te largue pas parce que j’ai pas envie de te perdre. » Répondit Elmo en fronçant les sourcils à son tour. Quand elle reparla du mois de silence, il soupira, de déception envers lui-même. Il aurait dû agir différemment, il s’en voulait, et maintenant il devait vivre avec ce côté abruti de sa personne qui ne semblait pas vouloir changer. « Je ne suis pas passé à autre chose. Au contraire, j’ai compris que si je me torturais autant avec toute cette histoire, c’était parce que je tenais vraiment beaucoup à toi, Bella. Et que t’as pris une importance, dans ma vie, que je n’avais encore jamais mesurée … » Admit-il. Elle renvoya ses cheveux derrière son dos et, bien sûr, son regard se posa à nouveau sur son décolleté à nouveau dégagé. C’est à ce moment qu’il reconnut son cadeau de fête et à cette vue, son cœur se serra. « J’croyais qu’il n’était que pour mes yeux, celui-là … » Réalisa-t-il tristement, en désignant le body d’un léger relevé de menton.

C'était le centre du problème, avait dit Elmo, comme si pour lui tout était effacé dans son mois de mutisme. Et pourtant, pour Bella, rien n'était terminé. Le problème c'est qu'Elmo avait cheminé tout seul, sans se soucier de ce que Bella avait besoin de dire ou de lui faire comprendre. Il l'avait rembarré avec tout son trop-plein, sans lui laisser la chance de s'expliquer réellement concernant la situation. Et à présent qu'il en avait décidé, ce problème était du passé. La différence, c'était que pendant ce mois, si Elmo avait pris le temps de digérer la situation comme il lui avait dit, Bella, elle, ne l'avait que retourné dans tous les sens se demandant ce qu'elle avait bien pu faire de mal, encore et encore, mis à part ne pas lui avoir dit dès le départ, erreur qu'elle avait reconnue sans problème. Elle n'était pas d'accord. Bella secouait la tête, montrant sa désapprobation. « Si y'avait pas eu Viktor, y'aurait pas eu de dispute et on en serait pas là aujourd'hui. » Ça allait bien, entre eux. Ils n'auraient eu aucune raison d'en venir à ça. Alors, oui, il est, au présent, le centre de leurs problèmes. Bella n'ajouta rien de plus. Si Elmo souhaitait jouer à l'autruche, qu'il le fasse.

Elle non plus, elle n'avait pas envie de le perdre. Et ça, normalement, ça l'aurait fait flancher. Elle se serait sans doute laissé attirer dans les bras d'Elmo, lui répondant une douceur à son tour. Cependant, cette pause d’un mois lui avait laissé un goût amer dans la bouche. Chaque jour, les mots d'Elmo avaient tourné en boucle dans sa tête, lui laissant croire qu'elle était le seul problème de cette dispute. Il ne voulait pas la perdre, d'accord. Mais s'était-il rendu compte qu'attendre pour le lui dire aurait pu mener au cas de situation inverse? « Toi aussi tu comptes pour moi », finit-elle par avouer tout de même. Mais ils ne pouvaient pas faire ça chaque fois qu'ils avaient un différend, même s'ils comptaient l'un pour l'autre.

Quand la brune dégagea son décolleté, les yeux Elmo suivirent le geste de sa main pour s'arrêter sur la poitrine de sa belle. Et, évidemment, il reconnut ce qu'elle portait. « J'croyais que t'avais besoin de quelques jours... », fit-elle en le regardant dans les yeux. « À ce que je sache, t'es le seul ici.. Il me semble que jusqu'à présent, il t'est encore réservé. » Parce que si elle voulait lui laisser croire qu'elle était forte, il devait bien se douter qu'elle n'avait pas la force d'aller faire la fête. Elle l'aimait, ça en crevait les yeux. « T'as pensé une seule fois à comment je me sentais? », demanda-t-elle. « Non parce que j'ai pas envie d'être le disque brisé qui répète sans cesse, mais t'avais demandé quelques jours... J'ai attendu et j'ai pas eu droit à un message, ne serait-ce pour me dire que tu réfléchissais toujours. Et tout ça pour une histoire qui s'est passée avant qu'on soit ensemble. »

Dans la tête d’Elmo, qui ne réfléchissait jamais bien plus loin que le bout de son nez, Bella avait tout dit ce soir-là, il y a un mois, quand elle était débarquée chez lui comme une tornade de regrets. À ses yeux il avait eu les explications qu’elle avait voulu donner, et ce mois-là avait été le moment de se les repasser dans sa tête, over and over again, au point de ne plus pouvoir les entendre. Si la discussion à propos de Viktor reprenait de plus belle, Elmo ne savait même pas s’il aurait la patience de tout écouter dans le calme. Pourtant, de la patience, l’italien en devait à Bella, elle qui attendait depuis trente jours qu’il daigne donner signe de vie. Elle méritait au moins qu’il lui donne ne serait-ce qu’une heure pour qu’elle aille au bout de l’histoire, qu’ils y mettent un terme tous les deux, d’un commun accord. Pour le moment cependant, Elmo et seulement Elmo avait décidé de tourner la page. Bella montra son désaccord quant à la qualification de chose passée. « Peut-être mais si là on peut enfin aller de l’avant, pourquoi on r’viendrait là-dessus ? » Demanda-t-il, frustré que ça ne fonctionne pas comment il l’aurait voulu. L’enfant-roi, le bébé-gâté, n’obtenait pas le scénario imaginé, et ça le déstabilisait trop pour qu’il puisse réagir correctement. Heureusement, il y avait encore une certaine douceur à leur relation, parce que tous les deux tenaient à l’autre et c’était là la preuve que tout n’était pas perdu. Tristement toutefois, ça ne suffisait pas, ni l’amour ni l’attirance. Bella avait sur le cœur ce mois de silence, avec raison, et sa colère se déversait sur lui en des paroles tellement justes que ça ne pouvait que lui faire perdre tout argument valable. « J’sais, j’ai été con, c’est pour ça que je suis venu m’excuser. Quand j’ai réalisé que ça faisait déjà bien trop de jours j’me suis senti ridicule et j’savais même plus comment revenir vers toi, alors les jours ont continué à passer et … Quand j’ai vu qu’ça faisait un mois j’savais qu’il fallait que je pile sur mon orgueil. » Ce n’était que ça ? Une question d’orgueil, de fierté ? Elmo avait toujours été immature mais là, il battait des records de lâcheté. Il s’approcha de Bella, posant une main contre la dentelle du body, sur le côté de son corps, à la hauteur de sa taille. « Je me suis ennuyé de toi, comme un malade, la question ne se pose même pas. Et j’ai pensé à toi, tout c’temps, même si j’ai pas bien pensé à ce que tu devais ressentir … » Son regard allait de son corps à son regard. « Si t’as enfilé mon cadeau, c’est pas parce que deep down, t’as envie de me retrouver aussi ? Qu’on se retrouve ? » Demanda-t-il, l’envie de renouer avec Bella se faisant grandissante.

Il n’était pas question d’en parler encore pendant des années. Le but ultime, autant pour Bella que pour Elmo, c’était de finir par être en mesure de mettre cette histoire derrière eux, une fois réglée. Seulement, si pour Elmo il avait eu tout le temps du monde de régler l’histoire de son côté, Bella, elle, n’avait pas eu ce cheminement. C’est qu’elle avait le sentiment d’avoir été bâillonnée dans son erreur, qu’elle n’avait pas son mot à dire sur la situation et qu’elle avait dû vivre les foudres d’un Elmo blessé dans son amour propre en découvrant la vérité. C’était tout Elmo, en fait. Pas d’explications supplémentaires, pas de mise au point, elle ne savait même pas les conclusions qu’il en avait tirées puisque pour lui, c’était déjà passé et enterré. Alors, pourquoi reviendraient-ils là-dessus? « Parce que ça ne fonctionne pas comme ça dans la vie. Tu ne peux pas mettre de côté les sujets délicats, juste parce que tu en as décidé ainsi. Ça prend une clôture, une fin, pour passer à autre chose. Et là, la fin, tu l’as décidé tout seul de ton côté, mais on en a pas discuté ensemble. » Bella se surprenait elle-même d’avoir cette réflexion. Elle était calme et sage, comme quoi son 22ème anniversaire lui avait fait gagné en maturité. « Si on veut avancer ensemble, je pense que c’est nécessaire », ajoutait-elle pour se justifier. Et s’ils ne bouclaient pas la boucle, le risque c’était de faire ressortir cette histoire à la prochaine dispute. Le risque c’était que Elmo lui hurle de retrouver Viktor à la première embûche. Et ça, la Costaricaine ne pourrait le supporter.

Oui, Bella avait sur le coeur un mois de silence. Elle avait sur le coeur le sentiment de n’avoir pas été pris en compte. Et la colère pesait sur son coeur. Elle n’était pas prête à lui pardonner aussi facilement, aussi rapidement. Ça serait trop simple. Et simple, ils ne l’étaient pas. Ils ne l’avaient jamais été. « Donc, si ça t’a pris tout ce temps, c’était parce que t’arrivais pas a passer par dessus ton orgueil? Really? » Ne comptait-elle pas un peu plus que ça à ses yeux? « Et donc, t’es en train de me dire que ça aurait pu durer encore plus longtemps que ça? » Elle fronçait les sourcils, visiblement irritée par ses explications. « Sais-tu pourquoi moi je n’ai pas fait le premier pas? parce que tu m’as demandé du temps pour digérer la nouvelle. Parce que je pensais que tu réfléchissais à nous deux et que finalement t’étais venu à la conclusion que ça en valait plus la peine. Pas parce que tu te battais intérieurement contre ta fierté d’homme... », soupira la brune alors que son petit ami s’avançait près d’elle et osait poser une douce main sur le côté de son corps, là où la dentelle jouait à former des fleurs sur sa peau. « Tu m’as manqué aussi, Elmo. Y’a pas un jour où je n’ai pas pensé à toi », répondait-elle alors qu’il supposait que deep down au fond d’elle, ce qu’elle voulait peut-être, c’était de le retrouver, de se retrouver comme ils savaient mieux le faire. Mais elle croisait les bras sur sa poitrine, détournant le regard. « Non... ne me regardes pas comme ça. J’veux pas que ce soit aussi simple. » Il savait comment la faire craquer. Et évidemment qu’elle avait envie de le retrouver, de sentir leurs corps s’unir comme jamais avant. « Je reconnais que j’aurais dû te parler avant que tu découvres pour celui dont on ne doit pas dire le prénom, mais tu m’as vraiment blessée... » Et elle avait terriblement eu peur de le perdre, à tout jamais.

On aurait cru entendre sa mère, ce qui le fit soupirer. Ça ne fonctionne pas comme ça dans la vie. Il avait eu envie de lever les yeux au ciel mais il s’était repris à la dernière seconde, se rappelant que ça ne passerait pas inaperçu et surtout, se rappelant que Bella, contrairement à sa mère, ne passerait pas l’attitude sous silence. Elle avait un caractère comme le sien, et s’il ne voulait pas que ce qui devait être une réconciliation se transforme en guerre froide, Elmo allait devoir se montrer un peu plus ouvert, compréhensif. « Bon ben je t’écoute, Bella, qu’est-ce que tu veux en dire de plus ? » De par son ton de voix, on comprenait bien vite que sa tentative d’ouverture venait de merder. Elmo avait l’air à la fois agressif et sur la défensive, ce qui ne laissait aucunement paraître une quelconque envie de clôturer cette histoire-là. Il l’écouterait quand même, il participerait à cette discussion, mais sans doute n’était-ce pas la réponse que Bella aurait voulu avoir de la part de celui qui l’avait tant blessée. L’italien arriva même à s’enfoncer plus encore, en parlant de piler sur son orgueil pour venir jusqu’à elle, enfin, après un mois d’attente. « Pas juste pour ça, non. J’ai réellement pris du temps pour penser à tout ça, quand même. » Râla-t-il. « Non, c’aurait pas duré plus longtemps, j’savais bien rendu à un mois que je pouvais pas continuer comme ça. » Elle lui demanda s’il savait pourquoi elle n’avait pas fait le premier pas, mais elle n’attendait pas de réponse, elle renchérit tout de suite avec l’explication. « Je réfléchissais à nous deux, j’ai pas fait semblant pendant tout c’temps, j’ai pas pris des vacances, t’sais. Mais c’est vrai qu’après un temps, même si j’suis venu à la conclusion qu’au contraire, on en valait la peine, ben j’savais plus trop comment m’justifier alors j’ai dû réfléchir à ça, aussi … » Il soupira. « Visiblement j’ai pas assez bien réfléchi à comment rattraper l’affaire, parce que regarde nous, c’est pire encore que la dernière fois. » Constata-t-il tristement, avant de s’approcher d’elle pour lui confier à quel point elle lui avait manqué. Son rire, ses piques, son regard, sa répartie, son corps … ce corps. Elmo la dévorait du regard dans ce body qui était à lui. Bella lui demandait qu’il ne la regarde pas comme ça, elle se détachait de lui et croisait les bras sur sa poitrine. Il recula. « Et je me suis excusé … Tu m'avais blessé aussi, quoi. On est quittes, non ? Pour une fois ça pourrait être simple, mais on se complique la vie, vraiment ? Pour une histoire aussi ridicule ? » Visiblement, Elmo ne comprenait pas l’ampleur des dégâts.