always on my mind (belmo)

La tête appuyée contre la paume de sa main, l'ordinateur ouvert sur une page de traitement de texte vide, Bella regardait dans le vide alors qu'autour d'elle tous ses collègues de classe prenaient activement des notes. Dernier cours avant l'examen final de droit pénal, le professeur déblatérait sur les notions importantes à retenir pour le jour J. La tête dans les nuages, sa page demeurait blanche. Une amie lui frappa gentiment l'épaule. Bella, t'es dans la lune! Elle cligna des yeux trois fois, puis lui sourit. Elle avait raison, son amie, Bella était complètement dans la lune. Sa tête, son esprit, ne cessait de retourner à cette soirée, le weekend dernier, où ses lèvres s'étaient posées contre celles d'Elmo. Où son corps s'était uni au sien. Ils avaient couché ensemble, dans sa chambre, lui qui avait désigné son appartement comme lieu de fête pour la dernière beuverie. Elle revoyait ses mains s'agripper aux draps, elle sentait à nouveau les caresses sur son corps, elle entendait encore les soupirs qu'ils avaient échangés. Il hantait ses pensées et perturbait ses cours, ce qui ne lui arrivait jamais à elle. La leçon se termina, la brune ferma son ordinateur sans même enregistrer le document de toute façon pas assez étoffé, elle emprunterait les notes d'une amie, tant pis.
Alors qu'elle déambulait dans les couloirs de l'université, elle revoyait la vision des sourires qu'ils avaient échangés, les doigts entremêlés qui avaient servi de guide jusqu'à ladite chambre. La porte qui se refermait sur eux, les laissant dans une intimité profonde. Mais pourquoi, pourquoi pensait-elle à lui comme ça ? Alors qu'elle relevait les yeux, secouant sa tête pour tenter de vider ses pensées, elle le vit, là, planté au beau milieu de couloir. Elle ne pouvait l'éviter, elle ne pouvait faire comme s'il n'existait pas. Il était là, bien réel. Bella lui sourit timidement. Salut, lui adressa-t-elle simplement. Elle ne pouvait arrêter de l'imaginer contre son corps, de revivre les coups de reins qui lui donnaient des frissons. Son visage s'empourpra à cette image, alors qu'il se trouvait face à elle. T'as pas eu trop de ménage à faire dimanche ? Elle comblait le malaise qui s'était immiscé entre eux. Qu'est-ce qui se passait avec elle ?

Ses mains qui se perdaient à travers ses courts cheveux, les lèvres d’Elmo qui lui dévoraient le visage, trouvant toujours leur chemin jusqu’à sa bouche malgré l’ivresse qui s’échappait de son haleine, sa peau douce sur laquelle ses doigts glissaient pour en découvrir chaque parcelle. Toutes ces images-là, elles lui revenaient en une vague de souvenirs qui ne le laissaient pas indifférent, même s’il ne s’agissait que de ça, des images que sa tête faisait jouer encore et encore. Il n’arrivait même pas à écouter son professeur, il faisait semblant de suivre le cours en suivant chacun de ses mouvements mais son regard était voilé, une toute autre projection se déroulant sous ses yeux. Des souvenirs qu’il ne voulait garder que pour lui et, de toute façon, il ne pouvait pas faire autrement. Il ne pouvait pas en parler à ses potes, il ne pouvait pas ébruiter la chose, parce qu’il y avait bien trop en jeu. Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il regrettait ce qu’il s’était passé entre Bella et lui, parce que ce moment-là resterait à jamais gravé dans sa mémoire, mais il savait fort bien que ça ne pourrait jamais se reproduire. C’était une erreur, tellement vite arrivée, si doucement consumée. Il y avait tellement d’éléments qui rentraient en ligne de compte, mais le premier dans la liste était certainement Milo. C’était un de ses meilleurs amis, qui lui avait ouvert la porte à un rêve qu’ils vivaient maintenant ensemble, et lui couchait avec son ex-copine. En toute connaissance de cause. Certes, Elmo avait eu les idées un peu – beaucoup – embrouillées ce soir-là. Il avait bu comme un puit sans fonds, comme il le faisait bien trop souvent. Il avait eu le rire facile et les vapeurs d’alcool avaient remplacé l’oxygène dans l’appartement. Ça n’excusait toutefois pas cet égarement dans les bras de Bella, parce qu’il se souvenait avoir été assez en contrôle pour comprendre ce qu’il faisait. Et l’apprécier jusqu’au bout. L’italien soupira, extirpé de ses pensées quand tout le monde commença à ranger leurs ordinateurs autour de lui. Il fit alors de même, sortant de l’amphithéâtre pour retrouver ses amis dans le couloir. Il s’apprêtait à quitter le campus pour rentrer chez lui quand, au moment de saluer ses amis, il se retrouva face à Bella. Ils se croisaient si souvent, ça n’avait rien d’exceptionnel. Sauf que tout avait changé depuis la dernière fois. « Hey. » Répondit-il avec un sourire un peu gêné, et un regard un peu fuyant. À sa question, il haussa nonchalamment les épaules. « Un peu. C’était pas si mal. J’ai pas tout fait encore, en fait. » Dit-il dans un rire. Et ses colocataires vivaient plutôt mal qu’il ne se ramasse pas, d’ailleurs. Certes, certains d’entre eux avaient assisté à la soirée, tant qu’à y être, mais c’était la responsabilité d’Elmo de nettoyer les dégâts. Ce qu’il n’avait pas fait à la perfection. « Et toi ? Pas trop eu la gueule de bois ? J’ai le vague souvenir que t’étais assez pompette. » Verrait-elle clair dans son petit jeu ? Qu’il essayait de faire comme si tous ses souvenirs s’étaient envolés ? Ce ne serait pas la première fois. Il était passé maître dans l’art des blackout, Elmo. Mais jamais il n’aurait oublié cette nuit-là.

La musique bourdonne dans l'appartement, les pauvres voisins doivent se retourner sans cesse dans leur lit en priant pour que la fête se termine rapidement, comble de leur malheur. Bella est adossée contre le mur de la cuisine, une énième bière en main dans un gobelet rouge qu'on ne cesse de lui remplir. Elmo la rejoint, un plateau de shooters à la main qu'ils s'enfilent un à la suite de l'autre jusqu'à ce qu'il y en est plus. Ils rient, elle pose sa main sur son épaule. Ils se jettent un regard qui veut tout dire, un regard brillant. Elle le suit, il ferme la porte derrière eux pour maintenir une intimité, comme si c'était interdit de se rapprocher alors, qu'en réalité, c'était l'interdit qu'ils frôlaient. Il était un bon ami de son ex, il était le batteur de son band, elle le connaissait depuis des lustres. Et même si tout le monde les voyait former un couple, elle savait que c'était impossible. Chasse gardée, on ne touchait pas aux amis de son ex. Elle le savait, en le suivant dans cette chambre, que le danger était imminent. Et elle l'avait tout de même fait. Ils s'étaient rués l'un sur l'autre, un baiser langoureux, comme si elle le retenait depuis trop longtemps. Elle l'avait décoiffé, il l'avait poussé sur le lit, elle avait caressé son corps, il l'avait débarrassé de ses vêtements. Et dans un mouvement d'unissons, ils s'étaient épuisés dans les bras l'un de l'autre. Comment oublier leur étreinte, comment accepter qu'à présent la normale reprît ? Bella hocha la tête quand le brun lui dit que le ménage n'avait pas été totalement complété. Elle sourit timidement à son tour et il renchérit d'une nouvelle question pour combler le silence, pour limiter son esprit, pour qu'il ne vaque pas à ses souvenirs, à l'odeur de sa peau contre la sienne. Non, ça allait, confia-t-elle en fronçant les sourcils. Avait-il bu au point d'oublier ce qu'il s'était passé ? Elle le connaissait, Elmo, elle le savait dragueur, charmeur, mais aussi volage. Il butinait, ici et là, elle savait comment il se comportait avec les filles. Et maintenant, elle était l'une d'entre elles. Il avait butiné, il avait récolté ce qu'il cherchait, et c'est tout. Tu... Tu te souviens de la soirée, dis-moi ? Tenta-t-elle de se rassurer, de se convaincre qu'elle n'avait pas juste été n'importe quelle fille dans son lit, qu'il avait réellement voulu d'elle ce soir-là, même si c'était mal, même si ce n’était pas bien, qu'au fond il l'avait désiré et qu'il ne remette pas toutes ces étreintes sur le dos de l'alcool. Elle avait le dos large, madame ébriété, mais elle avait des limites.

Il avait pu sentir le build-up de ce moment à partir du début de la soirée, jusqu’à la toute fin, jusqu’à ce que cet échange de regards se produise et qu’il n’y ait plus de point de retour. Ils avaient lancé ensemble la fête, Elmo et Bella, réglant tous les détails à la perfection pour que cette soirée soit inoubliable pour les invités – et elle l’avait été, malgré ce qu’Elmo tenterait de faire croire quelques jours plus tard. Puis, tout au long de la soirée, ils s’étaient échangés des regards et des sourires à distance, quelques frôlements de leurs corps lorsqu’Elmo passait derrière elle pour rejoindre un autre groupe d’amis. Plus les verres d’alcool descendaient, plus la chaleur de son corps, elle, augmentait. À chaque fois que ses yeux se posaient sur Bella, c’était comme une énième décharge électrique qui animait son corps tout entier. Alors lorsque minuit avait été bien loin derrière eux, que la musique faisait danser de moins en moins d’âmes enivrées, Elmo avait été retrouvé Bella avec le coup de grâce, ces shooters qu’ils s’étaient enfilés ensemble les uns après les autres, entrecoupé de rires cristallins, vagues, perdus. Lorsque sa main toucha son corps, tous les deux s’accordèrent sur la suite des événements. Leurs corps s’étaient entendus sur tout le reste. Alors maintenant que ces derniers avaient repris leur distance, maintenant qu’Elmo et Bella se tenaient l’un devant l’autre au beau milieu des couloirs de l’université, que leur restait-il ? Que des souvenirs, de doux souvenirs exaltants que le jeune homme décida de nier sur un coup de tête. La panique, la crainte d’être découvert par Milo, la peur d’aller plus loin encore, trop loin encore. « T’as de la chance. J’ai jamais de lendemains de veille qui vont, moi. » Avait-il blagué, le regard brillant, pour mieux cacher son désarroi face à sa propre réaction. Bella avait légèrement froncé les sourcils puis, sans doute après avoir puisé dans son courage, elle lui demanda s’il se souvenait de la soirée. Elmo haussa les épaules avec un léger rire. « Bits and pieces. Tu m’connais, j’ai toujours tendance à abuser un peu trop. » Il ne mentait pas, pas totalement. C’était vrai qu’Elmo avait la réputation de ne pas savoir se contrôler. Mais il se souvenait parfaitement de cette séquence précise de cette nuit-là. Comment aurait-il pu oublier son odeur, la douceur de sa peau, la beauté de ses soupirs de plaisir ? « Pourquoi ? Y’a eu du drama auquel j’aurais dû assister ? » Toujours pousser plus loin le mensonge, pour se donner en crédibilité.

À présent, maintenant qu'ils s'étaient découverts sur des avenues bien plus intimes, Belle ne pouvait s'empêcher de vouloir plus. C'était risqué, parce qu'il ne s'agissait pas d'un garçon quelconque de la fac. C'était un ami, de base, quelqu'un avec qui elle s'entendait bien. Mais c'était aussi l'ami de son ex. Et le bro's code, c'était important. Ils l'avaient pourtant enfreint en s'accordant une nuit d'échappatoire, en s'accordant la douce chaleur de leurs étreintes. Et même si la solution la plus logique aurait été de rebrousser chemin, d'éviter cette route risquée, dangereuse, Bella fonçait tout droit vers le danger. Elle s'était rarement sentie de la sorte depuis sa rupture avec Milo. Mis à part Scar, avec qui elle avait couché de temps à autre, jamais son coeur n'avait accéléré à ce point à la vu d'un garçon. Et pourtant, Elmo, elle le voyait presque tous les jours avant cette nuit-là, jamais elle n’avait ressenti cette attirance. C'était comme si, une fois la déshinibition atteinte, elle avait pu baisser les barrières qui les bloquaient depuis longtemps et admettre la réelle attirance qu'elle ressentait pour lui. Tout ce qui leur restait, à présent, c'était les souvenirs secrets de leurs rapprochements qu'ils devaient taire pour, chacun, préserver leur vie. J'suis passé maître dans l'art des lendemains de veille. Il fallait boire beaucoup d'eau, renchérit-elle à la blague, tentant d'adopter le même ton enjoué que lui. Cependant, dans son cas, elle échouait totalement, incapable de cacher son malaise à retrouver la vérité. Se jouait-il d'elle ? Avait-il, dans ses parties oubliées, perdu celles qui se rattachaient à elle ? Moue triste sur les lèvres, quand il lui demanda s'il avait dû être au parfum d'un évènement en particulier, Bella secoua la tête. Non... Non. Rien du tout. J'me demandais juste, affirma-t-elle la voix presque tremblante alors que ses paroles l'avaient heurté. À quoi bon tenter de ressasser leur passé qu'il avait exterminé ? Et même s'il faisait exprès, même s'il tentait de s'efforcer à oublier pour éviter le mal, à quoi bon le forcer à avouer ? Elle n'était qu'une fille parmi d'autres, une fille de plus dans son répertoire, un trophée à ajouter à ses batailles gagnées. La brune haussa les épaules lâchement. Si t'as besoin d'aide pour ranger les dégâts de la soirée, tu me feras signe. Elle lui sourit, du coin de ses lèvres. Sinon, faudrait penser à organiser la fête pour célébrer les finaux. Elle changeait de sujet, évitant ainsi les malaises inutiles qu'elle pourrait se créer à nouveau. Il valait mieux. Pour elle, pour lui, il valait mieux. Bref, j'veux pas te retenir plus longtemps... Son sourire s'estompa alors qu'ils s'apprêtaient à se dire au revoir, à se quitter, à enfouir pour de bon dans un tiroir de leur mémoire les gestes qu'ils avaient posés.

Bella avait toujours été hors de portée, elle était une interdite, elle était celle sur qui les yeux d’Elmo se posaient sans vraiment la voir, parce qu’il ne devait pas la voir. S’il prenait pleinement conscience de la personne qu’elle était, alors il n’y aurait aucune manière de revenir en arrière. There was no going back from a girl like that. De toute façon, la situation inverse lui avait toujours semblée être la même, seulement pas pour les mêmes raisons. Bella ne l’avait jamais vu non plus, Elmo. Parce qu’elle n’avait toujours eu d’yeux que pour Milo. Il se souvenait bien de leurs nombreuses représentations, que ce soit au Hendrix ou à tout autre bar accueillant leurs prestations de band amateur. Elmo, assis derrière sa batterie, il voyait tout. Il voyait ses collègues de scène. Il voyait toute la foule. Il voyait les cris, les bâillements parfois, ou les applaudissements, et les regards posés sur eux. Les yeux posés sur Milo. Même avant de franchir ce pas trop dangereux avec Bella, il avait déjà remarqué à quel point elle était loin de lui. Elle était ailleurs. Elle appartenait à un autre. Pourtant, ce soir-là, Elmo avait réellement eu l’impression qu’elle s’était abandonnée dans ses bras, qu’elle s’était livrée à lui comme si son cœur n’était pas entre les mains d’un autre. Sans doute était-ce pour cela qu’il s’était accroché, qu’il avait osé repousser la limite invisible. Elmo avait eu l’impression d’exister, à travers le regard de Bella. Ça avait tout foutu en l’air. Alors c’était à son tour de le faire, de tout foutre en l’air. Pour rétablir l’ordre. Comme si cette nuit-là n’avait jamais existée. « De l’eau !? » Demanda-t-il en riant, feignant d’être offusqué par cette aberration. Mais son rire, il le perdit bien assez vite, Elmo, quand il fut obligé de se faire du mal en même temps que d’en faire à Bella, en mentant comme il respirait, à propos de cette nuit supposément oubliée. Tout ce qu’il cherchait à faire, c’était de les protéger. Mais c’était de lui-même qu’il aurait dû la protéger et ce, depuis le départ. « Oh, good. J’aime pas être le dernier mis au courant des potins. » Il sourit. S’il lisait une rumeur sur le blog des Writers sans jamais en avoir eu vent au préalable, il avait l’impression d’être complètement out. Et c’était un peu comme son pire cauchemar, à Elmo, d’être mis de côté. C’est pour cette raison qu’il déconnait, présentement, de peur que Milo, et d’autres de leurs amis communs du même coup, lui tournent le dos. Pour une erreur qui n’en était pas vraiment une. « Non, t’inquiètes, le nombre de fois où j’ai dû te laisser te démerder toute seule parce que j’étais k.o., j’peux bien prendre celle-là sur moi. » Il esquissa un sourire, avant d’hocher la tête à propos de la fête de fin d’année scolaire. « Absolument. » Mais Bella mit abruptement fin à cette rencontre en prétextant ne pas vouloir le retenir plus longtemps. Il aurait probablement dû saisir l’occasion pour partir, Elmo, et remettre un peu d’ordre dans sa tête. Mais ce malaise-là, qu’il ressentait, qu’elle vivait aussi, il n’avait pas lieu d’être s’il voulait mener ce mensonge jusqu’au bout. Alors il secoua la tête en lui faisant signe de marcher avec lui. « On n’a qu’à en parler en s’en allant. T’es venue comment ? Voiture, bus ? J’te raccompagne jusqu’à l’arrêt. » Il s’engagea dans le couloir menant vers la sortie. « Je pensais à une traditionnelle fête sur la plage, avec un bonfire, et peut-être que The Monkey Squad pourrait jouer quelques chansons pour lancer la fête, qu’est-ce que t’en dis ? T’avais d’autres idées ? » Demanda-t-il, tendant vers la normalité alors que plus jamais il ne serait le même en compagnie de Bella.

S'abandonner dans ses bras, son coeur et son corps ouverts à lui seul, Bella l'avait réellement fait cette nuit-là. Elle n'avait pensé à personne d'autre qu'à lui. Exploit pour la belle hispanophone qui prenait habitude de coucher avec des gens pour oublier son ancienne flamme et qui se voyait échouer chaque fois. Mais cette fois, cette seule et unique fois où elle s'était permis de ne penser qu'à son plaisir et de le partager avec quelqu'un qui lui faisait réellement du bien, à lui ouvrir tout son coeur, on lui rappelait que la vie ce n'était pas aussi facile que ça. Et bien que son coeur battait aussi fort que des tambours dans sa poitrine, bien que ses joues devenaient rougies lorsqu'elle l'avait aperçu, elle se devait de taire ses sentiments, de taire le malaise qui grandissait en elle. Elle ne pouvait plus regarder Elmo comme à l'habitude. La brune avait envie de plus, de recommencer, de goûter à nouveau ce qui leur était interdit. Mais les enjeux étaient trop grands. Ils risquaient de perdre des amitiés, une en particulier, pour ce qui semblait être une histoire de couchette enfantine. Et pourtant, pour la Costaricaine, c'était bien plus qu'une histoire de couchette. Plus maintenant qu'elle ressentait ces sentiments qu'elle ne s'était jamais permis de vivre parce qu'Elmo, c'était tout sauf un amant. C'était un ami, mais surtout, c'était l'ami de son ex. Et les amis des ex, on n'y touche pas. C'est connu. On ne brise pas le code des copains pour une aventure d'un soir. Sauf que cette aventure d'un soir, celle qui avait brisé des promesses solennelles non écrites entre les trois jeunes adultes, elle n'était pas passagère. Elle venait d'ouvrir les yeux à l'étudiante qui, pourtant, devait se retenir pour éviter de souffrir. Il ne s'en souvenait plus, ou alors il n'en avait rien à faire de cette nuit-là, pas plus spécial que les autres nuits, elle devait l'accepter. J'te le dirais, si je savais quelque chose. Et toi aussi d'ailleurs, non ? Mentit-elle dans le seul but de le sonder. Elle aussi, les rumeurs, elle en était obsédée, c'était bien connu. Autant que sa réputation à être incapable de tenir un secret. Faute de sa personnalité, Bella, elle risquait de tout faire foirer. Maladroite, elle serait certainement du genre à s'échapper devant l'un ou l'autre des garçons qu'elle devait protéger.
Le malaise avait assez duré, Bella changea de sujet pour les épargner, tous les deux, de ce manège qui ne cesserait de les faire tourner. Ça me détend, le ménage. J'ai l'impression que je peux faire le point sur les évènements. Surtout quand c'est une soirée arrosée Elle ne put s'empêcher d'ajouter un dernier commentaire, une dernière pique pour s'assurer qu'il ne répliquerait pas, qu'il avait véritablement oublié. Elle lui sourit, un sourire fin et timide qui s'arrêta quand il lui proposa de parler de la prochaine fête en rentrant. Il ne lit pas les signes qu'elle lui envoie que son commentaire visait à les éloigner pour de bon, parce que le voir ainsi, savoir que cette soirée, elle seule l'avait gardé en totalité dans sa mémoire lui faisait mal au point de lui arracher le coeur. Jamais elle ne s'était cru ressentir ce genre de choses pour lui. Il avait fallu une nuit, une seule nuit, où l'alcool avait été dominant, où l'ivresse lui avait donné le courage de goûter à ses vraies envies, pour créer le raz de marré d'émotions qu'elle ressentait à présent. Mais, au contraire de ses croyances, Elmo restait. Il ne fuyait pas.Je suis venue en bus, oui, affirma-t-elle, gênée. Ma voiture est au garage, y'a un truc qui clochait avec les freins. Ou quelque chose du genre. Moi et les bagnoles, ça fait dix. Petit rire léger, ils avancèrent dans les couloirs. Elmo avait déjà des idées pour leur dernière fête, la dernière de l'année, celle universitaire du moins. Elle le regardait du coin de l'oeil alors qu'ils avançaient vers la sortie et qu'il lui faisait part de ses plans. Le feu de camp, c'était une excellente idée. Elle souriait déjà à l'idée de faire brûler ses notes de cours en cette soirée de délivrance. Lorsqu'il mentionna son groupe, celui dans lequel Milo était le guitariste, elle baissa les yeux vers le sol. C'est une bonne idée. Tu penses que le groupe accepterait ? Absorbée dans ses pensées, elle ne regardait pas vraiment où elle mettait les pieds, si bien que son corps oscilla et son épaule frôla celle d'Elmo. Un courant électrisant parcourra l'étudiante, au même moment elle releva les yeux vers l'Italien en quête d'une réaction qui ressemblait à la sienne. Son visage était rouge, complètement rouge, elle avait chaud, pour un bout d'épaule frôlé. Maintenir le mensonge, ça n'aurait rien de simple. Je... Euh.. Bella se racla la gorge. Je propose que tout le monde apporte sa propre chaise à poser autour du feu. On pourrait même pousser plus loin et, les plus courageux, pourraient dormir à la belle étoile, sur la plage. Incapable de le regarder, elle fixait devant elle.

Elle savait. Bien sûr qu’elle savait. Elle, elle se souvenait, c’était écrit dans le ciel, mais surtout dans ses joues rougies par la gêne, dans son regard qui se faisait fugitif, dans ses gestes tout d’un coup trop calculés. Et cette question que Bella posa à Elmo, elle prouvait que non seulement elle se souvenait de leur nuit de passion, mais surtout, qu’elle soupçonnait que le bel italien ne l’avait pas totalement effacée non plus. Du moins, c’était l’impression qu’Elmo avait alors qu’il se sentait sondé de par sa question suggestive. Il avala difficilement, un sourire niais au visage, avant de secouer la tête presque dans tous les sens. Il ne savait même plus si c’était une question qui se répondait par oui ou par non. « Bien sûr que j’te dirais. J’sais bien que rien ne t’échappe à toi non plus. » Raison de plus pour ne pas entretenir ce mensonge, Elmo. Bella finirait par apprendre la vérité et celle-ci ne serait que plus douloureuse à savoir. C’était irrespectueux de la faire passer au bas de sa liste, de la réduire à néant presque en évaporant les seuls souvenirs auxquels ils auraient pu s’accrocher maintenant que ce doux moment était passé et qu’il ne pourrait plus se reproduire. Pourtant, l’italien était incapable de faire marche-arrière, il était incapable de lever le voile, il avait juste envie de lever les voiles, même. Tout en voulant rester auprès d’elle. Un véritable esprit de contradiction, alimenté par le désir de redécouvrir Bella sous toutes ses coutures, et par la culpabilité d’avoir goûté au fruit interdit. Et d’en vouloir encore. Encore et encore. Le malaise le reprit de plus bel lorsque l’hispanophone mentionna que le ménage lui permettait de faire le point après une soirée bien arrosée. « Ah, je n’ai pas cette sagesse. » Dit-il tout simplement dans un rire. Il n’avait visiblement aucune sagesse, Elmo, à voir comment il gérait cette situation délicate. Heureusement, Bella changea de sujet, permettant à l’étudiant de respirer un peu, l’étau se desserrant tout d’un coup autour de lui. Ils commencèrent à marcher en direction de l’arrêt de bus. « C’est pas trop ma tasse de thé non plus, les bagnoles, j’dois avouer. Mais je suis venu en bus aussi alors je te suis. » Il ignorait s’il s’agissait d’une bonne chose ou d’une mauvaise chose. Plus cette proximité se faisait sentir, plus sa tête tournait dans tous les sens et semblait s’orienter vers les mauvaises directions à prendre. Il préféra alors se concentrer sur ce qu’ils savaient le mieux faire ensemble – enfin, en seconde place, maintenant -, c’est-à-dire organiser des fêtes. Sur la plage, avec un gigantesque feu de camp, ça ne pouvait qu’annoncer les vacances. « Je suis sûr que oui, n’importe quelle occasion qu’on peut trouver de jouer, c’est une opportunité pour nous de nous faire connaître, mais aussi de nous éclater. » Ils jouaient pour le plaisir, tous les cinq, mais il était certain qu’un petit coup de pouce au niveau de la popularité, ils ne refuseraient pas. Perdue dans ses pensées, Bella sembla perdre légèrement pieds et son épaule frôla celle d’Elmo, qui tourna la tête vers elle et posa sa main sur son bras, comme par réflexe. Retrouver la douceur de sa peau. Sentir à nouveau la chaleur émanant de son corps. Ce courant électrisant, l’italien le ressentit aussi, jusque dans tout son être. Il la regarda un moment, avant d’esquisser un sourire. « T’es certaine que t’es pas encore un peu saoule ? » Bella rattrapa le coup en relaçant les idées pour la fête à la plage. Le sourire d’Elmo s’estompa légèrement alors qu’il reprenait un visage plus sérieux, plus songeur, hochant doucement la tête aux paroles de la brune. « Dormir à la belle étoile, c’est une belle idée. J’suis de la partie, assurément. » De toute façon, il allait sans doute bien trop boire encore, et ce serait le choix le plus raisonnable, de rester à la plage plutôt que d’essayer de retourner chez lui. Ils arrivèrent finalement à l’arrêt d’autobus où une petite file d’étudiants était déjà formée. « Tu termines quand tes exams ? J’sais même pas quand ce trimestre se termine, pour dire vrai. » Il n’était jamais bien organisé, pour ça, Elmo. Tous ses efforts d’organisation étaient concentrés sur les événements à venir. Et sur l’organisation de ce mensonge grandissant.

Il n'était pas son premier égarement, sa première aventure, Elmo. Il n'était pas le premier à trouver le chemin de son intimité. Bella avait une réputation, une envie de se sentir vibrer, encore plus depuis sa séparation. Mais il avait été le seul à l'ébranler, Elmo, à venir la toucher. À lui donner un réel plaisir, à lui faire sentir des sensations qu'elle pensait perdues, des émotions qu'elle ne pensait pas sentir à nouveau un jour. Parce qu'elle était convaincue que son coeur appartenait à un autre, à celui pour qui elle n'avait que d’yeux. Et celui qui la repoussait, sans cesse, encore et encore. Elle ne l'avait pas écouté et elle avait écorché son coeur, essaie après essaie. C'était bien pour ça qu'elle n'avait jamais pu remarquer le batteur. Mais cette soirée, elle avait tout changé. Bella l'avait vu d'une autre façon. Dès son arrivé chez lui, sans une goute d'alcool dans son corps, elle avait senti cette attraction qui n'avait cessé de grandir jusqu'à ce que leurs corps ne fassent plus qu'un. Et elle pouvait se contenter d'avaler les mensonges qu'il lui racontait pour la protéger. C'est pourquoi elle tenta de le raisonner, de lui faire dire le fond de sa pensée. Mais il résista, mentant de nouveau pour se sortir de l'eau chaude. Et elle lâcha prise, changeant de sujet pour épargner son coeur qui avait déjà assez mal.
Il la suivait, jusqu'à l'arrêt de bus, et une fois dans celui-ci, les deux étudiants auraient de longues minutes à passer ensemble. C'était sans doute une erreur, encore une fois, mais elle ne l'empêcha pas, incapable de lui refuser. Elle avait envie de se trouver près de lui, elle en avait besoin. Alors pourquoi pas, décréta-t-elle quand Elmo assura que son groupe serait heureux de jouer pour une bande d'étudiants saouls sur le bord d'un feu de camp. Vous aurez pleins de fans cette soirée-là, j'suis certaine que tu pourras trouver ta proie pour la soirée. Elle accompagna son commentaire d'un clin d'oeil. Les musiciens attiraient les filles comme des aimants, d'autant plus lorsqu'ils étaient canon. C'était d'ailleurs le cas d'Elmo. Beau, charmeur, séduisant, il savait comment parler aux femmes. Bella fut prise d'un frisson de jalousie à l'idée de le voir draguer une autre, qu'elle dissimula de son sourire angélique. Elle ne comprenait plus sa tête qui lui envoyait des signaux qu'elle ne pouvait pas interpréter clairement. Pourquoi cette image la rebutait tant ? Prise dans ses pensées, elle s'emmêla les pieds, frôlant le corps de l'Italien. Il la rattrapa. Lorsque sa main ferme se posa sur le bras de la brune, elle sentit son coeur sauter quelques battements. À nouveau, ses joues s'empourprèrent alors qu'elle plantait ses yeux dans les siens. Il sauva la situation d'une plaisanterie qui extirpa un sourire en coin à la Costaricaine. Sûrement encore un peu, oui... Répondit-elle en entrant dans son jeu, créant entre elle et lui une nouvelle distance. Rapidement, elle changea de sujet, évitant ainsi de s'attarder trop longtemps à la gêne qui l'avait envahi. Moi aussi ! S'empressa-t-elle d'ajouter à la confirmation d'Elmo. Je n'ai pas de sac de couchage, mais je trouverai bien quelque chose pour dormir, lâcha-t-elle dans un rire alors qu'ils arrivaient à l'arrêt de bus où d'autres étudiants attendaient déjà. Certains d'entre eux étaient inconnus, d'autres avaient assisté à la dernière fête. Deux filles les regardaient en chuchotant. Elles savaient. Elles parlaient. Elles se posaient des questions. Bella aurait aimé intervenir, leur dire qu'elle aussi, elle voulait des réponses, mais elle reporta son attention sur Elmo, tentant de maintenir cette distance amicale entre eux pour taire les ragots, ignorant les regards posés en leur direction. T'es pas possible, Elmo. Comment vas-tu pouvoir réviser si tu ne sais même pas quand sont tes finaux ? Elle lui sourit. Vendredi prochain, affirma-t-elle en répondant à sa question initiale. Ce qui signifie que la fête pourra avoir lieu vendredi soir... Qu'est-ce que tu en dis ? Le bus arriva au même moment, la file d'étudiants avança vers les portes et alors que leur tour fut arrivé, alors qu'ils s'apprêtaient à embarquer, quelqu'un s'adressa à eux. « Alors, les tourtereaux, vous n'en aviez pas assez de vous manger du regard samedi ? Dites-moi, vous êtes ensemble maintenant ? »

Elmo partageait cette réputation-là avec Bella. Si ça passait toujours un peu mieux auprès des hommes, double-standard ridicule, il n’en restait pas moins qu’on le qualifiait souvent de coureur de jupons, que ce soit sur les réseaux sociaux ou carrément dans son visage, pour se moquer de lui, pour souligner ce refus de s’engager. S’il prétextait ne pas avoir le temps pour ça, Elmo, on le retrouvait pourtant à toutes les fêtes organisées en ville. La vérité était qu’il voulait vivre, tout simplement. Après les pratiques de foot, après les répétitions de Monkey Squad, après les cours et les révisions, après le boulot au café, Elmo ne s’était tout simplement jamais imaginé ajouter à cela une obligation de plus. Son horaire était tellement chargé, il préférait y ajouter ponctuellement des relations qui rentraient dans sa vie pour mieux en repartir. S’attacher, c’était trop engageant. Jusqu’à maintenant, sa manière de fonctionner lui convenait plutôt bien, et les autres étaient avertis. Il exposait tellement sa vie au grand jour, on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas être transparent sur ses intentions. Pourtant, depuis cette nuit-là avec Bella, Elmo ne pouvait se l’enlever de la tête. Il ne pouvait pas dire, à ce stade-ci, si c’était parce qu’elle était l’ex de Milo et que le sentiment de culpabilité prenait toute la place dans sa tête, ou s’il avait bel et bien ressenti quelque chose de bien plus grand qu’eux, ce soir-là. Ce qu’il savait c’était que là, présentement et face à elle, il perdait tous ses moyens. S’il semblait garder le contrôle, de l’extérieur, en-dedans de lui, c’était le chaos total. « Ma proie ? » Demanda Elmo avec surprise, arquant un sourcil en regardant Bella. « J’savais pas que t’avais une aussi belle image de moi. Dis comme ça on dirait que j’suis un animal en plus d’un agresseur sexuel. » Il eut un léger rire mal à l’aise. On ne se gênait jamais pour lui faire de tels commentaires, peut-être pas avec de tels mots, mais ce n’était pas la première fois. Venant d’elle, ça le dérangeait un peu plus. Après le léger déséquilibre de Bella et ce contact électrisant, Elmo reprit le chemin vers l’arrêt d’autobus, accueillant volontiers le changement de sujet et la distraction face à son corps réveillé. « J’n’en ai pas non plus, de toute façon j’vais sans doute pass out à côté du feu alors j’serai au moins gardé au chaud. » Il rit à son tour, avant de s’arrêter dans sa marche afin de se mettre au bout de la file d’attente d’universitaires. Il détourna le regard quand il vit deux filles chuchoter en les regardant. S’il aimait habituellement ce genre d’attention, là, il la savait malsaine, et trop dangereuse. « Vendredi prochain ? Well, j’imagine que ça veut dire que j’sais ce que je fais de mon week-end, maintenant. » Il esquissa un sourire je-m’en-foutiste mais au fond, il était dans la merde, Elmo. « Vendredi soir, c’est parfait. J’noierai ma peine face à tous les examens que je coulerai probablement. » Il rit légèrement, même s’il jouait son futur à coup de plaisanteries. Le bus de ville arriva finalement, et Elmo laissa Bella monter la première avant d’être intercepté par une des filles de tout à l’heure qui leur demanda s’ils étaient finalement ensemble, après samedi dernier. Elmo fronça les sourcils. « Seriously ? Depuis quand ils acceptent les demandes d’admission des enfants de dix ans, à l’université ? » Il secoua la tête de gauche à droite en levant les yeux au ciel. « Get a life. » Lança celui qui s’en créait une de folie sur les réseaux sociaux, capturant les meilleurs moments possibles pour faire croire à ses artifices. Elmo suivit Bella dans le couloir du bus et s’assit à côté d’elle. « Les gens sont vraiment prêts à inventer n’importe quoi. » Dit-il dans un soupir, même s’il savait fort bien, au fond de lui, que ces rumeurs n’avaient rien d’imaginées.

Elle l'avait vexée. Avec ses mots qui ne se voulaient pas cruels, elle avait atteint ses sentiments. Elle le voyait bien, Bella, avec la réaction de son interlocuteur. Elmo avait aussi les sourcils, puis il avait ri timidement, la main dans les cheveux comme quand il n'était pas à l'aise. S'il avait pu être ailleurs, il se serait téléporté. Bella était bien placé pour savoir ce que les mots avaient comme conséquences. Souvent, on idolâtrait les garçons qui avaient plusieurs partenaires. Mais quand il s'agissait d'une fille, on se permettait toujours ce genre de commentaires. Elle n'avait pas voulu mal faire, Bella, peut-être que ses mots avaient dépassé sa pensée. Elle lui accorda un mince sourire, posant sa main sur le bras de l'Italien. Ne le prends pas comme ça, Elmo. Puis, elle pressa sa main contre son bras, en guise d'excuse. C'est pas ce que je voulais dire. Vraiment, ça se voulait plus comme un compliment maladroit. Là, c'était elle qui était mal à l'aise. Elle passa sa main dans ses cheveux, le délivrant de son emprise sur son bras. J'ai jamais pensé que tu étais un prédateur sexuel. C'est juste que les musiciens, ça attire les filles. C'est connue. Et elle en était la preuve vivante, Bella, à s'amouracher de deux musiciens plutôt qu'un, du même groupe, il fallait le préciser. Puis, si elle avait pensé une seule seconde qu'Elmo était ce genre de garçon, elle n'aurait pas succombé à son charme. Et elle ne serait pas là, à lui parler à cet instant, bien au contraire. Elle le fuirait comme la peste. Et pourtant, ce n'était pas le cas. Elle tentait, par tous les moyens, de rester près de lui. Pourquoi ? Elle ne saurait dire. Mais elle avait envie d'être à ses côtés, encore un peu. Ils changèrent de sujet et l'air était moins lourd. La fête, ce qu'ils savaient faire, c'était de ça qu'ils parlaient. J'te laisserai pas dormir sur le sable, franchement! J'vais emporter deux couvertures! Elle avait tout de même ri à sa blague, sachant que derrière les plaisanteries se cachait quelque chose de véridique, au fond, ils allaient boire sans fond. Un peu pour fêter la fin de l'année scolaire, un peu pour camoufler les murmures qui traitaient d'eux. Murmures qui commençaient déjà, alors que deux étudiantes potinaient à leur sujet. Elmo ne s'occupa pas d'elles alors que Bella, elle, leur jeta un regard noir. Elmo.... Soupira-t-elle en secouant la tête. Tu veux que je t'aide à étudier ? L'autobus arriva au même moment, en bon gentleman, il laissa la brune passer devant lui. Alors qu'ils se dirigeaient vers l'entrée du bus, Bella se tourna vers l'étudiant. J'te laisserai pas échoué, 'Mo. Et c'est cette phrase, probablement, qui motiva les commentaires. Pare qu'ils semblaient proches, tous les deux, à cet instant. La première fille parla, Elmo s'enflamma. « Prenez-vous une chambre, putain » lança la seconde. Bella fronça les sourcils, gênée. « Mais non, pas besoin, ils ont la chambre d'Elmo pour ça... » Répliqua la première. Elmo devenait rouge de rage, il aurait pu leur cracher au visage, même si elles avaient raison. Bella l'agrippa par le bras et posa un doux regard sur lui. Viens, laisse-les faire. On s'en fou, le rassura-t-elle en leur frayant un chemin dans l'autobus pour aller s'asseoir à l'arrière. Ils prirent place l'un à côté de l'autre, sur les bancs en duo, puis la brune posa son regard vers la fenêtre, fixant l'extérieur, absorbé dans ses pensées. Le mensonge avait assez duré, elle ne pouvait plus réellement le supporter. Ça lui crevait le coeur de le voir jouer les amnésiques. Elles n'ont pas tord... murmura-t-elle en osa tourner la tête en sa direction, les joues encore plus rouges que précédemment. Je veux dire, on s'est quand même lancé des regards... cette soirée-là... Commença-t-elle. Il fallait aborder le sujet avec des gants blancs et aller droit au but n'était pas une bonne tactique devant l'homme qui tentait d'oublier la soirée.

La main de la costaricaine se posa sur le bras de l’italien, visiblement vexé par les propos de Bella. Certes, il reconnaissait jouer de ses charmes dès que l’occasion se présentait, il assumait cette réputation qu’il avait, mais jamais ce ne serait au détriment du consentement des femmes qui passaient dans sa vie. Le mot proie avait donc sonné faux aux oreilles d’Elmo, tout de même rassuré par les propos de Bella qui tenta de se rattraper. « C’est peut-être moi la proie, donc, si j’les attire autant. » Il esquissa un sourire, tentant de mettre un peu d’humour dans cette situation qui n’était qu’un malentendu maladroit. Il n’en voulait pas à Bella, il savait que ce n’était pas intentionnel et de toute façon, s’il l’avait mal pris l’espace de cinq secondes, ça n’allait pas plus loin que ça. D’autant plus qu’elle ne le percevait pas d’une telle manière. Les deux universitaires changèrent finalement de sujet, parlant de ce qu’ils faisaient le mieux : organiser des fêtes. Déjà, tout le déroulement de cette soirée sur la plage se dessinait devant leurs yeux, et ça s’annonçait plutôt épique. Une prestation de son band, pourquoi pas un peu de musique lancée par Alix dont les talents de DJ n’étaient plus à prouver, un énorme feu pour y brûler toutes leurs notes qui ne serviraient plus, de l’alcool et de la bouffe à profusion et, pour terminer en beauté, une nuit à la belle étoile. Elmo sourit quand Bella affirma qu’elle lui apporterait une couverture pour lui éviter d’avoir à dormir à même le sable. Il ne pouvait certainement pas, alors, s’empêcher de s’imaginer dormir auprès d’elle. Son cœur s’emporta à nouveau et son bas-ventre du même coup, comme rappelé par les échos de cette nuit intense en désir. « Le nombre de fois où j’me suis endormi sur des planchers, j’imagine que le sable ça doit quand même avoir un petit quelque chose de confortable. Un peu comme des matelas à mousse mémoire, le sable épouserait mes formes. » Quelles formes ? Il était grand et mince comme un pique. Il rit, avant d’avoir un peu la surprise mêlée à la panique interne en apprenant que ses finaux se dérouleraient toute la semaine qui approchait. Il n’avait pas ouvert son agenda de l’année et n’écoutait qu’à moitié en classe ; telle était la punition. Toujours prête à aider les autres, Bella lui proposa de l’aider à étudier. Il secoua la tête. « Tes cours de droit doivent te demander bien assez de travail déjà. C’est gentil, mais j’crois que tu devrais prendre tout le temps que t’as de libre pour tes propres révisions. J’me débrouillerai. J’me débrouille toujours. » Il sourit, même s’il savait que ses résultats étaient plutôt médiocres et que s’il ne maintenait pas une certaine moyenne, il pourrait très bien être renvoyé de son programme. Ce serait le retour assuré en Italie, si ses parents l’apprenaient. C’est alors qu’au moment d’entrer dans l’autobus, deux filles complètement déplacées les aborda, ce qui eut le don de faire réagir Elmo qui n’avait pas la langue dans sa poche quand venait le temps de confronter les trop curieux. Avant que ça n’aille trop loin, Bella l’agrippa par le bras et le traîna jusqu’à l’arrière du bus. Il soupira, gardant le silence un moment, jusqu’à ce que la costaricaine parle. Lorsqu’elle avoua qu’elles n’avaient pas tort, ces filles, Elmo tourna un regard hésitant vers elle, avant de complètement fuir à nouveau, tête baissée vers ses jambes trop grandes pour l’espace entre les bancs. « Yeah, but … Enfin, y’avait rien à interpréter de ça, j’vois pas pourquoi tout le monde s’emballe. Ça voulait rien dire. » Lui dire ça, à Bella, ça avait pris toute la volonté d’Elmo, cette volonté de vouloir se sauver la peau, de vouloir sauver sa relation avec Milo, avec son band. De ne pas passer pour celui qui ne pense qu’avec sa queue, alors qu’en vérité, son cœur y avait été pour pas mal.

Elle se rappelait donc à l'instant où sa main toucha Le Bras de l'étudiant la douceur de l'unisson de leur peau. Il n'avait pas été imposant, Elmo, il ne s'était pas montré déplacé avec elle. Il l'avait dragué, parfois par des mots, parfois par des regards, parfois en frôlant peu subtilement son corps contre celui de la brune, feintant le manque d'espace pour circuler, parfois en effleurant sa main en se servant une nouvelle bière. Parfois subtil, parfois moins, il l'avait charmé, mais jamais dans le malaise. Si Bella avait fini par tomber pour lui, par le suivre dans sa chambre, les doigts entrelacés dans les siens, si elle s'était laissé embrasser, si elle l'avait plaqué contre le mur pour trouver plus passionnément ses lèvres, si elle l'avait décoiffé au passage, si elle avait mordillé sa peau sous l'effet de l'excitation, c'était purement par choix. Parce qu'elle en avait eu envie. Non, elle ne le voyait pas comme un animal en quête d'un repas pour contrer sa famine. Et si elle avait à recommencer, elle le ferait sans hésiter dans l'espoir d'un jour retrouver les sensations qu'il lui avait laissé goûter. Mais ça, elle y avait mis une croix définitive. Pour elle, pour lui, pour Milo. Elle ne voulait pas voir leur amitié s'effriter pour une histoire d'un soir, un délicieux égarement. Ouais, mais les planchers sont normalement sans insectes,gloussa-t-elle en sous-entendant les microorganismes qui se proliféraient dans les particules de sables. Mais ça va, j'ai compris. Tu préfères dormir avec des fourmis plutôt que dans ma couverture. But, you do you 'Mo, chacun ses préférences. Elle renchérissait de ses plaisanteries, faussement vexée, les mains sur les hanches, qui avaient le don de détendre l'atmosphère. Et ça leur faisait du bien, à tous les deux, de souffler un peu après les tensions. Mais son esprit à elle aussi avait divagué sur cette nuit-là, à la belle étoile. Elle s'était imaginé loger dans les bras de l'Italien, au bord du feu, s'endormir l'un contre l'autre, leur souffle en synchronisme. Et ça lui faisait du bien. Elle souriait bêtement, à l'image de leur union, mais son expression faciale changea rapidement alors qu'ils divergèrent sur un sujet pas mal plus sérieux. Tu sais ça fait combien de temps que je révise ? Lança-t-elle en riant. Le désavantage de vivre encore chez ses parents était d'avoir un regard constant sur son implication scolaire. Bella n'avait pas à payer de loyer ou faire d'épiceries, elle était libre de dépenser son argent comme elle le voulait, mais ses géniteurs avaient tout de même un droit de véto sur son sérieux quant aux études. Tu me fais signe si t'as besoin que je te fasse des flash cards. Ou seulement si tu veux qu'on aille réviser ensemble pour se motiver. Elle lui sourit. Intense, elle l'avait toujours été. Meneuse aussi d'ailleurs. Et dans son groupe d'amie, elle était la capitaine. Celle qui initiait toutes les folies et les idées saugrenues. Avec les garçons, elle n'était pas très différente. Son caractère n'était jamais bien loin. Et Elmo était sur le point de le savoir, alors qu'il enfonça le mensonge encore plus loin alors qu'ils revenaient à leur sujet de discussion favori : les évènements de la dernière soirée. Assis au fond du bus, leurs jambes se collaient dans l'espace restreint des duos de bancs. C'est là que la Costaricaine se risqua à sortir, petit à petit, la vérité, sa vérité, celle selon ses perceptions. Et selon elle, les deux filles, aussi impolies et effrontées qu'elles fussent, n'avaient pas tout faux. Des regards, il y en avait eu. Il y avait d'ailleurs eu bien plus que ça. Des baisers, aussi, et des caresses. Elle regardait toujours le paysage extérieur qui ne défilait pas assez rapidement à son goût, ses mains maintenant moites qui se frottaient contre son jean. Ça ne voulait rien dire, répéta-t-elle en hochant la tête. Exactement comme le reste de la soirée. Ça ne voulait rien dire de toute façon, pointa-t-elle, le regard fixé vers l'extérieur et les pensées instinctivement attirées à cette soirée où elle avait fait pianoter ses doigts contre le dos nu d'Elmo tentant de reprendre son souffle, juste avant d'y poser ses lèvres effleurant un doux baiser. Puis, elle s'était levée pour remettre ses vêtements sous le regard espiègle de son amant d'un soir, ne lui laissant à présent plus le plaisir d'observer ses formes hispanophones. Et ils s'étaient quittés, sans fracas, sans éclats. Bella avait entre ouvert la porte de la chambre afin de s'assurer un départ discret laissant à l'Italien toute l'indépendance de ses quartiers. Ils s'étaient comportés comme si ça n'avait pas d'importance, comment pouvait-elle à présent lui en vouloir de le dire à haute voix ? Faudrait peut-être arrêter de se voiler la face. Ça voulait surement rien dire, mais entre nous, y'a quand même eu plus que des regards. Fais pas comme si tu ne savais pas, comme si t'avais oublié. Joue pas à ça, pas avec moi Elmo.

Il n’avait pas vraiment songé à tous les insectes ou à toutes les bactéries qui grouillaient à travers les grains de sable, Elmo. Ce n’était pas vraiment son genre de se poser autant de questions, il était plutôt du genre impulsif, irréfléchi ou même inconscient. Blague à part, il l’aurait sans doute réellement fait, s’assoupir aux côtés du feu, dans le sable, le vent frais caressant sa peau vulnérable, respirant toute la fumée du feu à moitié éteint poussée vers lui. Il aurait eu des courbatures et des maux de tête le lendemain matin. Et il aurait trouvé le moyen d’en rire. « Pas faux. Mais les planchers peuvent aussi être bien collants à cause des dégâts d’alcool, et autres substances que je ne veux même pas imaginer m’être endormi dedans. » Il rit. Ça n’avait rien de glorieux, ses histoires de blackout ou d’états presque comateux. Si ses parents avaient su le mode de vie qu’il adopterait une fois libéré de leur surveillance, sans doute auraient-ils songé plus longtemps à accepter de l’envoyer étudier à l’autre bout du monde. Clairement, Elmo n’était pas encore assez responsable pour vivre seul. « Je veux juste pas que t’aies à traîner deux couvertures. J’en ai, moi aussi, t’sais, j’dors pas flambant nu sans me couvrir de quoi que ce soit. » Dit-il à la blague. Mais ça, Bella, elle le savait. Parce que ses draps, ils avaient glissé le long de son dos pour venir épouser ses fesses alors qu’Elmo avait doucement révélé sa poitrine pour mieux y déposer ses mains, puis ses lèvres. Il chassa ces images, et tenta de refroidir la température de son corps bouillant d’un désir inassouvi en parlant de ces examens finaux qui approchaient. S’il y avait bien un sujet qui avait l’effet d’une douche froide sur l’italien, c’était les cours. « J’parie que t’avais commencé à réviser avant même que le trimestre ne débute. » Il se moquait gentiment d’elle. C’était toujours bien mieux que lui, qui avait tendance à ne lire ses notes de cours qu’après l’examen, pour y vérifier ses réponses. « J’dis pas non à ce qu’on aille réviser ensemble dans un café. Comme ça, tu ne perds pas ton temps à essayer d’me rentrer des trucs dans la tête mais au moins, tu peux me surveiller pour que je procrastine pas trop. Parce que toutes les raisons sont bonnes pour le faire, quand j’m’y mets. » Il esquissa un sourire. C’était probablement une très mauvaise idée de commencer à voir Bella à l’extérieur des murs de l’université, parce que des rencontres du genre ne ferait qu’augmenter leur proximité, et Elmo n’était pas certain de pouvoir chasser ses envies d’intimité. C’était aussi une mauvaise idée parce qu’ils ne feraient qu’alimenter ces rumeurs qui commençaient déjà à courir sur eux, et pour preuve, on leur en parlait directement. Heureusement, Bella les tira à l’écart, voyant bien qu’Elmo sortirait des insultes qui n’arrangeraient rien. Elmo aurait sans doute préféré se mettre les pieds dans les plats de cette manière-là, toutefois. Parce que ces filles avaient ouvert une porte que Bella avait décidé d’ouvrir, complètement, tout grand. Et il n’était pas prêt à ça. « Je joue à rien du tout, Bella. » Avait lancé le jeune homme, avant de sentir que la conversation commençait à le rattraper, à le dépasser, à le submerger. Il n’aimait pas être mis au pied du mur, Elmo. Il n’aimait pas avoir à se justifier, à s’ouvrir, à tout cracher. Il n’aimait pas être pris au dépourvu et inventer sur-le-champ des explications. Alors, en lâche qu’il était, il bredouilla : « Fuck, j’ai oublié un manuel super important à l’asso étudiante. Je dois vraiment retourner le chercher sinon je suis dans la merde. Désolé Bella, on se reparle plus tard pour la fête de vendredi prochain ! » Et sur ce, il tira sur la corde pour demander l’arrêt, se leva, et se dirigea vers la porte de sortie à l’entrée du bus. Dès que les portes ouvrirent, il se rua à l’extérieur, jetant un dernier regard à l’endroit où Bella était assise. « Fucking idiot. » Se souffla-t-il à lui-même en secouant doucement la tête, marchant vers l’université alors qu’il avait fabriqué de toutes pièces cette excuse.  

Quand ils ne pensaient pas avec leur corps, quand ils se détachaient des sentiments, la légèreté qui enveloppait leur relation était délectante. Ils faisaient un bon duo, Elmo et Bella, tant pour l'organisation d'évènements qu'en amitié. Ça avait toujours été doux entre eux, drôle, sans dispute, sans querelles. Et il avait fallu qu'ils viennent foutre leurs hormones dans le portrait, qu'ils viennent tout gâcher avec des histoires de couchette qui allaient certainement mal se terminer. Il n'y avait rien de bon dans leurs aventures entre leurs propres sentiments écorchés et ceux de leur ami en commun. Comment Milo allait-il réagir lorsqu'il l'apprendrait ? C'était bien ça qui faisait peur. Parce qu'en réalité, Elmo, il ne cachait pas vraiment ses conquêtes. Il les laissait parfois même faire apparition dans ses stories, jusqu'à ce qu'il passe à la prochaine. Bella, ce n'était pas une conquête ordinaire. Elle n'avait, en réalité, pas le droit d'être définie de la sorte. Et cette erreur de parcours, menée par bien plus que la simple volonté de l'alcool, encouragée par des sentiments qu'ils n'avaient jamais voulu se donner le droit de vivre, elle allait leur coûter cher. Mais quand ils plaisantaient, Bella oubliait les tensions, les malaises, et elle se sentait bien auprès de lui. T'es dégoutant Elmo, tu le sais ça ? Elle riait de bon coeur, Bella, le sourire accroché à son visage, la main sur son abdomen qui se crispait sous les fragments de rires. Mais dans ses plaisanteries, il allait loin, Elmo, il allait jusqu'à parler de son corps, nu, et ces simples mots eurent l'effet d'une bombe chez la brune qui s'arrêta sèchement de rire, presque en s'étouffant. Elle ferma les yeux un instant, imaginant les coupures de son torse, l'entaille de son aine et elle s'arrêta là, son pouls s'accélérant bien trop. Elle ouvrit les yeux, sans doute rouge tomate par le sang qui lui était monté à la tête, en l'écoutant se moquer d'elle. C'était la bonne réplique, au bon moment, parce qu'elle aurait pu déraper, Bella, et commencer à revoir dans sa tête ses mains qui se baladaient sur le corps d'Elmo. C'était inadéquat, c'était interdit. Il fallait bannir ses images de sa pensée. T'as tout compris ! Lui confirma-t-elle en souriant fièrement. C'est quand tu veux pour la study date, enchaîna-t-elle. Mais faudra que tu acceptes que je te coupe l'accès à ton téléphone. Tu pourras pas updater ton statut pour dire que tu es au café du coin en train de réviser avec moi. Mais moi, si, elle le regardait, sourire triomphant sur les lèvres, puis je pourrai écrire toutes les conneries qui me passeront par la tête, en plus ! Bella lui tira la langue, signe qu'elle le faisait marcher. Les deux filles les regardaient encore. L'une d'elles chuchotait à l'oreille de son amie, très peu subtilement, des possibles ragots qu'ils allaient pouvoir raconter à toute la faculté. Bella tentait de les ignorer, alors qu'Elmo, lui, était visiblement attiré vers elles. Leur discussion houleuse, cependant, le ramena vers la brune. Je joue à rien, qu'il avait dit. Mensonge, ils le savaient tous les deux. Mais il était mis au pied du mur, impossible de s'en échapper. L'autobus avançait, il ne pouvait fuir, du moins, c'était ce que l'étudiante croyait. Mais à sa plus grande surprise, il trouva le moyen de se défiler. Un livre, quelque chose comme ça, c'est ce qu'il lui avait donné comme excuse un peu maladroite pour se sortir de l'eau chaude. Elle n'avait pas eu le temps de placer un mot qu'Elmo avait déjà tiré sur la corde, signalant son besoin de descendre au chauffeur. Elle fronçait les sourcils, le regardant se lever avec une urgence pressante et s'avancer dans l'allée centrale, dépassant les deux commères qui le regardaient faire. Il sortit du bus, Bella, vexée, ne le regarda faire. Elle plongea son regard dans la fenêtre et tenta d'oublier les dizaines de questions qui se bousculaient dans sa tête. Lui faisait-elle honte, avait-elle été si mauvaise, n'était-il pas en mesure d'assumer ses actions ? Bella ne le saurait pas, du moins, pas maintenant, et elle fit le reste du trajet avec une amertume dans son coeur.

FIN DU RP