if we can find a little hope, we can make it on our own (pippa)

Je boudai légèrement quand Pippa me rappela la rapidité de nos premiers ébats. « Au moins y’a le bien fait. » Je ne ronchonnai pas plus longtemps, nous avions déjà établi quelques minutes plus tôt que cela avait été rapide mais efficace, que nous avions tous les deux pris notre pied. Et puis, soyons honnête, cette bouteille de téquila bien entamée ne m’avait pas aidée à garder les idées toutes claires. Le film porno devint tout d’un coup pas mal plus intéressant quand ils en eurent fini avec les mauvais jeux d’acteur et les préliminaires en bien trop gros plans. « La levrette au réveil, je note. » Dis-je tout naturellement alors que je n’avais pourtant pas à prendre des notes. Pippa et moi, c’était un égarement pour la nuit, c’était un réconfort dont nous avions tous les deux besoin. Mais demain matin, nous redeviendrons des meilleurs amis, des amis d’enfance, qui se connaissaient beaucoup trop, non ? Notre attirance était indéniable, mais ce soir n’était qu’une parenthèse dans nos vies sentimentales chaotiques. Le regard de la blonde délaissa totalement l’écran d’ordinateur pour se poser sur moi, son corps se mouvant également sous les draps. Je pris mon ordinateur d’une main et le posai maladroitement sur la table de chevet à côté de moi, incliné par-dessus un livre et d’autres trucs qui traînaient. L’entre-jambes de Pippa frôla mon sexe gonflé en raison des images à l’écran. Je ris à sa remarque. « Ouais bah heureusement que t’as pas continué à tout critiquer … » La narguais-je. Je relevai la tête vers mon ordinateur alors que les cris se faisaient envahissants. Pippa le ferma d’un coup déterminé et revint vers moi avec un regard fiévreux. Je m’emparai moi aussi de ses lèvres, gémissant contre elle alors que sa main se saisissait de mon membre. J’enfouis ma tête un peu plus dans l’oreiller, profiter des caresses enivrantes. Je relevai ensuite mon visage afin que mes lèvres viennent cette fois s’emparer des seins de mon amie d’enfance. Je prenais plus mon temps, cette fois, laissant mes mains parcourir sa peau comme si j’avais tout à découvrir de son corps.

Concho, même dans un moment intime comme celui que nous vivions, parvenait à me faire rire. C’était ce que j’aimais chez lui, cette facilité qu’il avait à faire en sorte que je me sente bien, près de lui. Si nous avions franchi un cap tout nouveau ce soir, cela n’était pas étrange pour autant. Des amis auraient pu ressentir une certaine gêne, passé l’euphorie et l’excitation du moment, mais ce n’était pas le cas pour nous. Loin de là. Je ressentis comme si notre complicité c’était renforcé et cela me plaisait. Je ris franchement à sa remarque.
— Tu veux que je te laisse à ton porno ? le taquinai-je.
Je n’étais pas prête de mettre cette pseudo menace à exécution cela dit, bien plus déterminé à arriver à mes fins, dirigées pour l’heure vers le plaisir de Concho. Alors que nos lèvres se rencontrèrent à nouveau, je glissai ma main sur son sexe pour lui prodiguer des caresses. L’effet fut immédiat et un sourire satisfait se dessina sur mes lèvres, quand je le vis s’étendre un instant vers l’arrière pour profiter de la sensation. Je m’appliquai, souhaitant rendre ce moment le plus agréable possible. Les pointes de mes seins, tandis que Concho vint les embrasser, se dressèrent sous la chaleur de sa salive. Un soupir m’échappa. Je me laissai aller à la tendresse du moment, appréciant les mains de mon amant sur moi. Je stoppai doucement mes caresses, puis m’écartai un cours instant de Concho pour fouiller dans sa table de chevet, trouvant rapidement ce que je cherchai. Revenant vers lui, je défis l’emballage du préservatif et déroulai le morceau de latex sur le sexe dressé de mon ami d’enfance. J’encrai alors mon regard dans le sien et guidai son membre en moi.

Je ris quand Pippa proposa de me laisser à mon porno, puisque j’étais en train de critiquer sa tendance à tout commenter pendant les vidéos. On aurait pu croire que ça m’aurait empêché d’être excité mais non, la combinaison des cris provenant de l’ordinateur et des événements actuels que je vivais avec mon amie de toujours créait un climat assez propice à un round two. Je n’avais donc aucunement envie de retourner seul à mon porno, non. « Nan, le porno peut attendre. » Répondis-je avec un sourire. Pippa, elle, n’attendrait pas. Pippa, demain, retournerait à sa vie bien occupée et à son cœur tourmenté. Et moi, je retournerais dans la nostalgie d’un amour que j’avais laissé filer par orgueil. Elle avait le cœur accroché à Juliann et le mien pleurait Freja. Cette nuit-parenthèse était une étoile filante et je voulais garder les yeux ouverts, rivés dessus, le plus longtemps possible. Pippa s’écarta un moment de nos caresses pour fouiller dans ma table de chevet. Elle trouva sans trop de mal un préservatif – j’en avais tout un tas, dans des boîtes ouvertes et renversées qui étalaient tous les condoms au fond du tiroir. Je la regardai défaire l’emballage du bout de ses doigts, excité rien que par ce visuel qu’on sous-estimait souvent trop souvent dans l’acte. J’avais même tendance à complètement passer par-dessus cette étape. Et pourtant, alors que Pippa déroulait le latex sur mon sexe bandé, je réalisai que c’était carrément sexy, la protection (faut faire de l’éducation sexuelle ici si jamais un p’tit jeune passait par là pour zieuter le rp). La blonde, son intimité contre la mienne, guida mon membre qui se glissa aisément en elle, son excitation n’ayant rien à envier à la mienne. Je débutai des vas-et-viens plus patients qu’un peu plus tôt, me délectant de chaque seconde à voir le corps de Pippa s’élever et s’abaisser au-dessus de moi.

Le deuxième round était amorcé et l’atmosphère dans la chambre de mon ami d’enfance semblait s’être réchauffée. J’avais préférai taire mes critiques sur le film x que nous avions commencé à regarder et passer aux choses sérieuses, aux choses réelles. Sentir la peau de Conchobahr, la toucher, l’embrasser. Nos corps s’unirent à nouveau, et cette fois, nous primes notre temps. Une douce chaleur irradia le creux de mon ventre et sembla traverser ma gorge d’où ne tardèrent pas à sortir quelques soupirs. Rapidement, mes mouvements de bassin s’accélèrent, muent par un besoin frénétique de faire corps avec mon amant. Fièvreuse, je me penchai sur son visage et collai mon front au sien.
— Encore…, soufflai-je.
Je n’étais pas repu de lui, j’en voulais plus. Comme si je souhaitai repousser l’aurore ou arrêter le temps. Je savais pourtant que cela n’était pas possible, qu’il nous faudrait retrouver nos réalités respectives, dès le lendemain, mais je n’avais pas envie d’y penser. Pas maintenant.

Je n’en revenais pas que j’avais un colocataire et ses potes à quelques mètres à peine de nous. L’appartement avait beau être chic et rénové, ce n’était pas non plus le summum de l’insonorisation. Je me serais normalement gardé une petite gêne mais ce soir, la combinaison de téquila et de Pippa m’embrouillait l’esprit et je ne raisonnais pas convenablement. J’avais seulement envie de profiter du corps de la belle blonde pour qui je ne pensais n’avoir été qu’un ami tout ce temps. Il y avait indéniablement une forte attirance entre elle et moi, de mon côté je ne l’avais jamais ignorée, mais je ne pensais pas qu’elle puisse avoir envie de moi, deux fois plutôt qu’une. Mes mouvements en elle s’étaient d’abord faits patients, mais lorsque Pippa me demanda à demi-mot de la faire jouir à nouveau, de la rendre aussi dingue qu’elle me rendait fou, mon bassin accéléra ses vas-et-viens. « Oh … Pippa … » Lâchais-je avant de serrer la mâchoire, tentant de ne pas exploser tout de suite en mille artifices. Je voulais qu’elle joigne son bonheur au mien, alors je joignis mes doigts à son sexe pour la stimuler de l’extérieur comme de l’intérieur, mes mouvements de bassin ne prenant pas congé. Bientôt, je sentis ma respiration se hachurer et les fourmis électriques débuter leur montée de mes orteils à mon entre-jambes. L’orgasme fut fort même s’il s’agissait du second de la soirée, chaque giclée dans le fond du préservatif témoignant de la jouissance que je retirais de cette nuit inattendue. Et que j'aurais voulue éternelle.  

Cela paraissait complètement irréel. Pourtant, ces sensations dans mon corps, cette chaleur dans mes reins, ce courant électrique dans mes muscles et le plaisir intense qui grimpait dangereusement était on ne peut plus réel. Chaque coup de reins semblait m’amener toujours plus près du point de rupture, et pourtant, j’en demandais encore. L’effet, sur Conchobahr, fut immédiat. Ses mouvements de bassin s’intensifièrent délicieusement et, très vite, je me mis à bénir cette main qui s’était glissée entre nous et qui titillait savamment la  zone la plus érogène de tout mon corps.
— Oui…comme ça…
Je n’étais plus capable de retenir le moindre gémissement, et si nous n’étions pas seuls dans l’appartement, je me fichais d’alerter les collocs de Concho. Ils étaient le cadet de mes soucis, en tout franchise. Seul comptait le moment, et l’orgasme foudroyant qui secoua mon amant. Le mien ne tarda pas à suivre. Je sentis mon sexe se contracter divinement autour de la verge de Conchobahr et me délectai de l’instant. Alors que la plénitude gagnait peu à peu mes membres, je me détendis, et pressai mes lèvres contre celles de Concho. Je demeurai silencieuse, me contentant d’embrasser sa bouche, sa mâchoire, puis son cou au creux duquel je me nichai. Je profitai de la sérénité du moment, redoutant de devoir le briser. Il le faudrait pourtant…et le retour à la réalité serait dur, je le savais. J’inspirai longuement, embrassai l’épaule nu de mon ami d’enfance puis caressai sa peau de la pulpe de mes lèvres, prolongeant l’idylle aussi longtemps qu’il était possible.  

On clôture ici ?

Je sentis le sexe de Pippa se contracter autour du mien, s’alliant à sa respiration hachurée et à ses gémissements qui ne laissaient plus place à l’imagination des autres âmes de cet appartement. Je m’en fichais. Pippa était trop belle et moi j’étais trop bien pour que la honte ou la gêne ne vienne se mêler du moment. Je pressai mes lèvres contre celles de la blonde avant de détacher nos visages pour accueillir mon amie d’enfance contre mon torse, sa tête enfouie entre mon cou et l’oreiller. Les lèvres de Pippa caressaient ma beau et de mon côté, c’était du bout des doigts que je maintenais le contact entre elle et moi, faisant doucement danser ma main le long de son bras. Je me demandais ce qui allait se passer, maintenant. Allait-elle se rhabiller et partir, là, maintenant, me laissant seul dans mon lit ? Allait-elle s’endormir et moi demeurer éveillé de bonheur jusqu’au petit matin ? Je ne savais pas, je ne savais plus. J’aurais voulu que le temps s’arrête, j’aurais voulu voir les nuages devant la lune cesser de se déplacer, j’aurais voulu que les voix d’Allen et de ses amis s’évanouissent pour laisser place au silence le plus total, j’aurais aimé que les chiffres digitaux sur l’écran de mon téléphone ne continuent pas à égrener les minutes. Les précieuses minutes.

FIN