please save me if you can |ft Jamie

C’était une belle soirée à Bowen. Il y a quelques semaines de cela, Jamie avait tout quitté. Un soir, après une journée épouvantable, Jamie avait fait sa valise, préparé les cartons qui contenaient des bouts de ses souvenirs et de sa vie. Un appel à son propriétaire pour l’informer de son départ imminent et une réservation de billet d’avion, elle quittait Perth. C’était il y a deux semaines. La blonde avait foi en l’avenir, elle recommençait. Tout irait bien. C’était avant ce soir-là. Il faisait clair, l’air était chaud mais pas étouffant. Elle s’était d’abord promenée sur la plage, profitant du coucher de soleil déposant délicatement des couleurs orangers sur le bleu de l’océan. Puis, elle s’était dirigée dans le centre pour profiter d’une petite bière, de l’ambiance festive d’un bar de Bowen. Mais elle n’était pas restée trop tard, alors elle était partie, prenant le chemin pour rentrer dans son nouvel appartement. Jamie n’a pas de voiture et ce soir-là, elle n’avait pas pris son vélo, non elle voulait marcher pour découvrir encore plus cette ville qui devenait son nouveau quotidien. Peut-être aurait-elle dû réfléchir, peut-être aurait-elle dû venir en vélo. Elle oubliait parfois la dangerosité de la rue. Dans son ancienne ville, il n’était si dangereux de se promener seule la nuit. Il n’était pas dangereux d’être une femme, en robe, la nuit tombée, sifflotant dans les rues. Elle avait oublié et ce soir, on le lui rappelait de la pire des manières. Jamie marchait dans une rue moyennement fréquentée. La plupart des passants étaient des étudiants en pleine frénésie, profitant des effluves d’alcool. Ils ne faisaient pas attention à elle, Jamie ne faisait pas attention à eux. Pourtant, un sentiment d’insécurité remplissait Jamie, un sentiment d’être suivie, épiée. Elle se retourne plusieurs fois, mais ne voit rien d’étrange. Alors elle reprend sa direction. Sauf qu’au bout de la rue, un homme au sourire malveillant, regardait Jamie d’une façon qu’elle n’avait pas envie de savoir ce qu’il pouvait bien penser d’elle. Une rue à sa gauche, la blonde voyait un échappatoire pour éviter cet homme, alors elle tourna les talons. Une main grande et rappeuse attrapa son poignet doux et mince. « Alors ma jolie, il est dangereux pour une femme de se promener seule la nuit, dans cette tenue. » Ce nouvel homme la regarde, d’un air gourmand qui dégoûte Jamie. En quoi sa tenue la rendait vulnérable, en quoi sa tenue avait un rapport avec le fait de se promener seule ? « Lâchez moi. » Elle tire violement son bras de l’emprise de l’homme, mais une autre personne l’attrapait par les épaules plus férocement. Un autre homme. Combien sont-ils ? « J’aime quand elles sont sauvages. » Il lui caresse son visage. Le cœur de Jamie commence à battre beaucoup trop rapidement, sa respiration commence à se couper. Elle sent une main se glisser sous sa robe, cette main qui n’a aucun droit d’être là. Elle bouge, se débat, pousse comme elle peut les deux hommes. Les gens passent mais ne s’arrêtent pas. Il la pousse contre le mur. Elle essaye de retenir ses larmes mais des traces d’eau salées coulent malgré tout sur ses joues. Avec toute férocité, elle essaye d’échapper de cette hargne, son regard se durci à travers les larmes. Puis tout s’arrête. Toutes les intrusions sur son corps s’enlèvent. Cette voix dure et masculine vient de laisser quelques secondes de répits à la jeune femme. Cet inconnu s’approche d’elle, et Jamie, elle a peur. Encore un nouveau. Mais son regard est différent. Il y a de la bienveillance, une sorte d’inquiétude. « Aidez-moi. » Sa voix était cassée, apeurée. « Faites-moi partir d’ici je vous en supplie. » Comme une bouée de sauvetage, elle accrocha sa main à son bras fortement, de peur que sa seule aide disparaisse.

Jamie fait partie de ces jeunes femmes qui se battent jours et nuits pour le droit des femmes. Elle va en meeting, défend la plupart du temps des femmes, soutient les militantes qui collent des mots fracassants dans les rues. Elle fait partie de ces femmes qui ont un jour vécu quelque chose qu’elles n’auraient pas dû à vivre (qui dans la réalité ne se résume pas à certaine mais à toutes). Celles qui se disent un jour, « plus jamais ». Mais quand le jamais réapparaît, la peur paralyse, l’effroi tétanise et l’attente est longue. C’est le cas ce soir, elle aimerait juste s’enfuir Jamie, elle aimerait frapper ces hommes, elle aimerait réagir. Mais son corps, lui, ne répond pas. Sa voix se scandalise dans un souffle, ses poings se serrent doucement, trop doucement. Ses muscles ne veulent pas réagir. Son cerveau ne veut pas subir, ne pas être témoin mais a bien trop conscience de ce qu’il va lui arriver. Il reste alors l’espoir ? Mais l’espoir se dissipe quand les gens passent, sans même un regard, ou un petit regard de pitié ou de soulagement que ça ne leur arrive pas à eux. Mais ce soir, l’espoir est là, dans la tenue de cet homme, grand et froid. Son regard avait conforté Jamie. Elle ne voulait plus lâcher ce bras. Vient ensuite une remarque, surement la dernière remarque d’un des hommes. La colère transforme le visage de Jamie, elle voulait rétorqué. La peur lui empêchait. Un sentiment de sécurité l’envahissait quand ce bras protecteur se posa devant elle et les mots lâchés par son sauveur tranchaient l’air. Mais l’un s’approche et la peur reprend du terrain. Puis tout s’enchaîne. L’espoir devient noir, le jeune homme frappe un premier coup et l’un des agresseurs se retrouve par terre. Le deuxième vole alors que le premier agresseur revient. Jamie recule un peu. Il n’a pas le temps de trop s’approcher, il recule. Son sauveur presque angélique montre une autre face, comme son double maléfice. La rage se lit sur son visage et l’arme brandit tétanise une nouvelle fois Jamie. Cette soirée est bien trop éprouvante pour la jeune femme. Celle qui défend la justice et la loi. Qui explique toujours à ses clients que la violence ne résout rien. Il lui pose une question. Jamie a l’impression que sa réponse sera déterminante à la survie de son agresseur. « Oui. » C’est le seul mot qui sort de sa bouche. Puis elle se rend compte de la peur qui a changé de camp. Son agresseur a peur entre les mains du sauveur de Jamie. Il a peur pour sa vie comme Jamie avait peur pour la sienne quelques minutes auparavant. « Arrête. » Dit-elle d’une voix douce en tend légèrement la main vers celui qui tenait l’arme. « Arrête, s’il te plaît. » Les larmes coulent encore. Est-ce qu’à un moment elles ont arrêté de couler ? Elle ne voulait pas de cette violence. Celui qui l’avait aidé ne pouvait pas se résoudre à un tel acte, il ne pouvait pas risquer sa liberté pour ces hommes-là. Alors Jamie tremble, essayant de sortir le téléphone de son sac.

La respiration s’est arrêtée. Jamie attend, plongeant son regard dans le tatoué, l’implorant d’arrêter. Elle pousse un long soupire quand elle se rend compte que tout va s’arrêter maintenant. Le couteau se retire doucement de la gorge d’un des agresseurs et l’air revient dans les poumons de l’avocate. Le visage des deux hommes affalés par terre reprennent des couleurs. La mort ne viendra pas les chercher aujourd’hui. Mais elle sursaute. Le hurlement de son sauveur éteint le calme de la soirée. Ce cri de rage fait trembler les murs et peut-être un peu Jamie. Avait-elle au final remplacé des criminels par un autre ? Son corps est endolori, la fatigue commence à s’immiscer en elle. Ils s’en vont et le cœur de Jamie fait un bond. C’était fini. Ils étaient partis. Son téléphone est malheureusement bien caché dans son sac, elle tremble, soupire. Elle a besoin de son téléphone. Il faut qu’elle prévienne la police. Puis elle sursaute une nouvelle fois, cette fois-ci les paroles de son sauveur lui sont destinées. Pas les flics. Pourtant, c’est la solution. C’est la justice, c’est la voie la plus pacifique. Ce n’est pas une arme posée sur le cou des gens, ce ne sont pas les coups qui font la justice. « Je dois les appeler. » Elle essaye d’avoir une voix dure, franche mais au final, elle vacille. La peur est toujours présente. « Il faut les prévenir. Ils peuvent recommencer sur moi ou encore pire, sur une autre femme. » Elle lâche son sac et met son visage dans ses mains refoulant les derniers sanglots de cette soirée infernale. Il se rapproche doucement, les bras tendus, comme s’il lui montrait qu’il ne voulait pas lui faire du mal. Jamie le toise, essaye de comprendre. Qui est-il ? Qu’est-ce qu’il compte faire ? La blonde n’aura pas la force s’il s’agit d’un autre agresseur. Puis il lui pose la question. La question évidente, mais qui nécessite pas vraiment de réponse. Son visage, son corps, sa voix montraient clairement que non elle n’allait pas. Mais Jamie ne dit rien. Un sursaut très léger apparaît lorsqu’une main, bien plus douce que les dernières, vient se poser sur son épaule. Plongeant une nouvelle fois son regard dans celui du jeune homme, Jamie ne lâche que ce mot, les yeux encore humides. « Merci. » La voix de son sauveur est devenue beaucoup plus douce de ce qu’elle était quelques secondes avant. C’était comme-ci une nouvelle personne était devant elle. Il trouve les mots justes, ceux qui peuvent réconforter, ceux qui annoncent une sécurité. Elle ferme les yeux, essaye de respirer. Il y a très peu de risques qu’ils reviennent. Jamie la professionnelle revient doucement. Non, ils ne reviendront pas, trop risqué. Puis, au final, ils ne sont pas près d’oublier cette soirée eux-aussi. Elle récupère son sac et commence à partir de cette rue. Elle ne dit rien, marche silencieusement puis quand elle pense s’être assez éloignée de la rue, Jamie s’énerve, l’adrénaline retombe un peu mais toute sa conscience est revenue. « Mais merde quoi. On ne peut pas se promener tranquillement. Pour qui ils se prennent ? Je ne suis pas un putain bout de viande, on est pas là pour le plaisir de ces messieurs. » Elle avait besoin de tout relâcher, d’insulter. Elle n’est pas violente mais elle besoin de frapper quelque chose, alors elle donne un coup de pied dans le mur qui se trouve en face d’elle. Pas très glorieux comme moment. Un petit rictus de douleur dessine son visage.

Si Jamie réfléchissait quelques secondes à la situation, elle aurait fuis quelques secondes après que les agresseurs fut partis. Peut-être serait-elle allée directement au commissariat porter plainte. En l’espace de quelques minutes, trop de choses dont Jamie n’avaient pas l’habitude de vivre s’étaient produit. Tout d’abord, les agressions, les mains sur son corps, le dégoût pour ces hommes, la certitude que sa vie allait changer pour toujours. Puis ensuite, il y avait eu cet homme brun, tatoué, grand qui s’était interposé, la mettant à l’abris. Mais il avait sortis cette arme, un couteau. Alors oui, Jamie aurait dû partir et prévenir les policiers de tout ce qui s’était produit. Pourtant elle avait fait tomber son sac, reportant la plainte aux policiers pour plus tard. Son sauveur n’était pas partis et essayait de la calmer, de la consoler, mais qu’est-ce qu’on peut dire dans cette situation. Jamie était reconnaissante, mais encore sous état de choc, elle écoutait ses conseils, notamment celui de partir de cette rue. Elle marchait sans but, à côté de cet homme qu’elle ne connaissait pas. De temps en temps, elle jetait un œil vers lui, pour tout d’abord s’assurer qu’il ne ressortait pas son arme pour lui trancher la gorge, mais également par curiosité. C’était la seule personne qui était venu l’aider, la seule personne qui avait pris des coups pour empêcher les agresseurs de revenir vers elle. Elle était perdue, ne savait plus dans quel quartier elle se trouvait, ni le chemin qu’elle devait prendre pour rentrer chez elle.
Une fois sûre de l’écart entre le lieu de tout à l’heure et maintenant, la jeune femme se lâcha et s’énerva. La colère déformait son visage déjà rouge et humide à cause des larmes. Mais quelle merde d’être née femme dans ce monde. Il essayait, le tatoué de trouver les mots, de lui parler. C’était parfois maladroit. « Non. » Elle fixait intensément son regard. « Non, ce n’est pas parce qu’ils étaient défoncés. Ils pensent avoir un droit sur notre corps parce qu’à la place d’un vagin ils ont un pénis. » Elle ne voulait pas Jamie partir dans un débat, elle ne voulait pas ce soir trouver les bons mots, elle ne voulait pas être la Jamie militante ce soir. Non, la seule chose qu’elle voulait était de sa laver et ensuite d’aller se rouler dans sa couette et oublier cette soirée de malheur. Le mur en face d’elle recevait une nouvelle fois un coup, cette fois-ci, de main. Ce soir elle n’était pas calme, elle en voulait au monde entier. Mais son sauveur la stoppa, en grognant légèrement. Mais qu’est-ce qu’elle en avait à faire de ses poignets, elle avait déjà mal de toute façon. « J’m’en fous. » Murmura-t-elle en grognant. La situation se retournait. Quelques minutes plus tôt, c’était elle qui le suppliait d’arrêter et maintenant c’était lui qui lui demandait d’arrêter en se positionnant entre le mur et elle. Il était grand, bien plus grand qu’elle. Elle souleva un sourcil, son cœur commençait à battre quand il lui proposait une solution. Jamie avait peur. Peut-être allait-il lui proposer de soigner le mal par le mal, après tout, on ne sait jamais avec les hommes. Mais non, ce que lui proposa Sacha était tout le contraire. Il abandonnait son corps pour que Jamie puisse le frapper. Puis, sans le contrôler Jamie commença à rire. Tout d’abord un rire timide qui augmentait. « Je ne vais pas te frapper ! » Elle était incapable de lever la main sur quelqu’un, ce n’était pas avec lui qu’elle allait commencer. Et alors qu’elle se remettait doucement de sa crise de rire, Jamie regardait l’homme tatoué. Plongeant une nouvelle fois ses yeux dans les siens. « Merci. Vraiment pour tout à l’heure. Tu m’as vraiment sauvé la vie. » Elle fit un pas dans sa direction. « Je m’appelle Jamie. » Elle lui tend son bras, comme une sorte de présentation officielle. Cette soirée n’était pas de tout repos et l’avocate changeait de comportement et d’émotion toutes les deux secondes.

Un afflux de sentiments différents dominait Jamie. Ce devait être l’état de choc, elle avait pleuré, avait été calme, puis plus tard elle allait rire. Qui sait ce que l’avocate fera après. En attendant, elle s’énerve contre tous les hommes, parce que oui, son agression ne reflète pas seulement un problème d’homme défoncé, non c’est un problème d’homme. Mais il n’est pas question de débat, alors elle préfère déverser sa rage contre le mur. La bataille n’est pas très faire play, ce ne sont pas ses petits poignets et ses frêles chevilles qui vont pouvoir surdominer le mur. Ce n’est pas Hulk. Mais elle continue avant d’être arrêtée. Un peu frustrée elle marmonne, il était bien ce mur pour décharger sa hargne. « J’ai déjà assez mal comme ça. » Ce n’est pas physiquement qu’elle a mal Jamie. Non de l’intérieur elle se sent brisée. Ce qui s’était produit était assez grave, toute agression est grave. Il lui faudrait du temps pour s’en remettre, et une vie pour ne pas frissonner quand elle croisera un homme qui ressemblera à ses agresseurs. Mais le temps l’aidera, puis elle ne peut pas s’arrêter. Il faut qu’elle se relève parce que sinon ils auront réussi à la briser. Ce sera un long chemin. L’homme en face d’elle, sûrement involontairement, commence doucement à lui faire penser à autre chose. Il l’a fait rire. Qui offre son corps pour qu’on le laisse le frapper ? Certes, ce n’est pas ses petits poings qui vont déformer son visage mais quand même ça fait mal. Mais sa réponse déconcerte un peu Jamie. « Ce n’est pas une raison. » Elle rigole, elle pourrait passer pour une névrosée. Il ferme les yeux et attend. Jamie le regarde avec surprise et questionnement. Il attend vraiment un coup ? Il sort une cigarette comme pour apaiser ce qu’il va subir après. Les indications des endroits où frapper déconcertent Jamie. Elle s’approche doucement, pose sa main sur son bras. « Je ne vais pas te frapper. Il n’y aucune raison à ça. » Elle le relâche hausse les épaules et ajoute. « De toute façon je ne suis pas violente, je serais incapable de te frapper. » Bon, ok elle a frappé un mur, mais ce n’est qu’un mur et c’est plus elle qui a eu mal que son infortune punching-ball. Cet homme est vraiment étrange et Jamie n’arrive pas à le cerner. Pour le moment, elle se moque un peu de savoir qui il est vraiment. Elle lui doit tellement. Alors elle le remercie cette fois-ci, des vrais remerciement sincères. Une nouvelle fois sa réponse la déconcerte. « Bon alors heureuse que t’ai eu envie de casser la gueule à quelqu’un. » Elle aurait pu s’énerver et lui dire que s’il n’avait pas eu cette envie, l’aurait-il laissée avec ces hommes ? Pourtant, Jamie a du mal à y croire. Il a eu des mouvements protecteurs. Le fait de s’interposer entre elle et le mur, ou entre elle est les agresseurs. S’il n’avait eu que l’envie de frapper, il ne les aurait pas dit de dégager avant. Il n’aurait pas discuté, il aurait simplement frappé. En tout cas, c’est que Jamie pense. Peut-être a-t-elle vu trop de fois des personnes qui réagissaient à des pulsions violentes pour conclure à cette hypothèse. Jamie lui tend la main en se présentant. Son sauveur s’appelle Sacha, voilà un prénom qu’elle ne risque pas d’oublier. Elle répond à son sourire. Cette rencontre est totalement irréelle. A sa proposition, Jamie le regarde étonnée mais avec gratitude. « Non, je ne veux pas te déranger. » Bien sûr qu’elle n’a pas envie de rentrer seule, elle est encore complètement flippée. Mais, elle ne peut pas encore une fois lui demander de l’aide. « Mais est-ce que tu peux me dire où on est ? Je ne connais pas bien la ville et je suis un peu perdue. » La prochaine fois, même si elle évite au maximum les trajets en voiture, elle appellera un taxi.

Cette soirée avait été mouvementé et remplie de violence. C’était tout une autre image de Bowen que Jamie découvrit. Une ambiance malsaine et insécurisée, où se promener seule en tant que femme n’était pas conseillé. Une ambiance violente où des hommes se battait, couteau en main. La peur avait animé Jamie mais au lieu de lui faire pousser des ailes, elle était restée collée au sol avec seule ses larmes comme armes. Mais ce soir-là, il y a eu Sacha, comme un ange parmi les ténèbres. Un ange déchu, habitué à cette violence, attendant fatalement le coup de Jamie. Mais la blonde, elle ne pouvait pas se résoudre à ça. Une violente envie de frapper l’animait, mais pas sur  lui. Non, Jamie était incapable de lever la main sur quelqu’un. Alors à la place elle posa sa main sur le bras du tatoué. Il avait l’air perdu. « C’est simple, je ne veux pas te frapper. » C’était la seule explication. Au contraire, elle aurait préféré le serrer dans ses bras pour le remercier plutôt que de lui donner un coup. Et lui, il observait sa main, comme-ci elle n’avait pas sa place sur ce bras. Loin de toute cette violence, Jamie lui montrait toutes les facettes de son visage. Tantôt des larmes, tantôt de la haine, tantôt de la douceur. Mais aucune violence. Elle lui souriait mais ne disait rien. Il fixait toujours sa main. La fumée sortant de sa bouche et enveloppait les deux personnes dans une brume odorante. Elle n’avait jamais aimé l’odeur de la cigarette, préférant largement l’odeur naturel et fort du cannabis. Mais ce soir-là, elle ne dirait rien. Elle laissera ce sauveur et sa fumée en paix. Puis il serra sa main. Une tatoué, grande et robuste avec une petite blanche, et fragile. Une mélange peu ordinaire mais qui promettait une confiance. Une sorte de pacte tacite, parce que Jamie le savait. Elle était redevable, et s’il le voulait et le fallait, elle serait prête à l’aider s’il se retrouvait dans  des situations compliquées. Puis la main de la blonde retombait près de sa hanche quand Sacha la lâcha. Il lui proposait de la ramener et la blonde lui souriait. « Merci. » Elle devrait compter le nombre de fois où ce mot allait sortir de sa bouche. Et même s’il elle le disais une centaine de fois, ça ne serait pas suffisant. Jamie voulait rentrer chez elle, se rouler dans ses draps et s’endormir les joues humides pour oublier cette soirée. Mais elle ignorait où elle se trouvait à présent. Les derniers événements l’avaient lui avait fait perdre sa destination. « Un cabaret ? » Demanda-t-elle curieuse. Il lui indiquait un peu le quartier où ils étaient. Ils n’étaient pas loin du commissariat et Jamie connaissais bien cet endroit. « Oh le commissariat, parfait je sais où on est. » Elle faisait souvent le chemin entre son bureau ou de chez elle et cet endroit. Pendant ces explications, il jetait le mégot par terre. Un geste que Jamie avait toujours eu en horreur. Mais encore une fois, elle ne disait rien. Peut-être avait-elle encore peur de lui ? Après tout, il avait une arme blanche sur lui. Le départ pour retourner chez elle allait devoir attendre. Jamie rigolait. « Vas-y je me retourne. » Et pendant que Sacha vidait sa vessie contre le mur, Jamie récupéra le mégot par terre pour aller le jeter dans la poubelle la plus proche. Puis quand il revint vers elle, Jamie le regardait avec amusement. « Ça va mieux ? » Une nouvelle facette d’elle, celle de la femme détachée et amusée alors que tout son corps tremblait encore de peur.

Elle avait un peu mit de côté ce qui venait de se passer plus tôt. Mais elle savait que lorsqu’elle allait se retrouver seule, la première chose que Jamie ira faire serait de prendre sa douche et de surement pleurer. Elle se croyait forte, mais dans le fond elle savait que ce qui venait de se passer allait la hanter encore pendant longtemps. Hésitante à aller porter plainte, elle ne le fit pas pour éviter des problèmes à son sauver. Si elle expliquait qu’il l’avait défendu en menaçant les deux hommes avec une arme blanche et qu’il leur avait sûrement péter le nez, il serait vite sous les verrous. Et même ses talents d’avocate ne lui suffiront pas pour le faire sortir rapidement. Pourtant elle culpabilisait un peu Jamie, en tant que femme, de laisser trois hommes violents et agresseurs sévir dans la rue. Ce n’était pas ce qu’elle faisait habituellement. Enfin, elle n’avait jamais été agressé à ce point habituellement, et heureusement. Pour l’instant elle se concentrait sur cet homme étrange. Il lui avait presque supplié de le frapper, chose que la blonde avait naturellement refusé. Sa main contre son mur avait suffi à lui faire mal. Puis il ne méritait pas un coup de sa part, il l’avait sauvé d’une situation dangereuse, il n’y avait aucune raison qu’elle le blesse en retour. Jamie aurait pu s’inquiéter de se retrouver à ses côtés, elle savait qu’il avait une arme dans sa poche et il avait le coup facile également. Sauf que tous les pores de son corps étaient terrifiés à l’idée qu’elle recroise ces mecs. Avec Sacha elle se sentait en sécurité. Il lui expliquait sa profession, de manière un peu confuse au départ. « Oh d’accord ! C’est original. » Elle ne réfléchissait pas vraiment à ses mots, mais oui ça l’était original. Jamais elle n’avait rencontré un lanceur de couteau. Enfin jamais Jamie n’avait rencontré ce genre d’artiste, les cracheurs de feu, des lanceurs de couteaux, des danseuses de cabaret ou autres. Ce monde lui était totalement inconnu, elle ignorait même qu’il y avait un cabaret à Bowen. Elle ne put ajouter rien d’autre, il avait besoin de soulager sa vessie. Lui laissant de l’intimité elle se retournait profitant de ce moment pour ramasser son mégot. En l’attendant elle essayait de se souvenir du trajet le plus court de chez elle au commissariat, parce qu’elle n’avait plus du tout envie de traîner dans les rues. Elle voulait simplement se poser dans son lit douillet. Il revenait vers elle, et il souriait à sa remarque. Il n’avait pas le rictus facile alors Jamie devait s’estimer heureuse. Enfin pour le moment, elle ne souriait pas trop non plus, l’événement du soir l’avait quelques peu perturbés. Elle allait lui dire qu’il n’avait pas à s’excuser, mais il parlait trop vite, lâchant des mots sexistes et durs sur les femmes. Elle le sondait, levant un sourcil lui montrant bien qu’elle n’appréciait pas ce genre de remarque. Comparé les femmes à de la bière n’était déjà pas très flatteur et encore moins quand il parlait de traitrise. « Je n’ai pas besoin de ce genre de remarque… » Disait-elle un peu timidement. Il ne le voyait pas, mais l’avocate était mal, et elle n’avait pas besoin d’entendre ce genre de discours alors que quelques minutes avant trois hommes avaient essayé de la violer. Ils continuèrent d’avancer, dans le silence, Jamie n’avait plus vraiment envie de parler après sa dernière remarque, passant son temps à regarder un peu autour d’elle. Sa tête se releva à la question du brun. « J’étais allée boire un verre et j’étais en train de rentrer. » Et ça l’énervait d’avoir cette peur alors qu’elle n’avait rien fait de mal, juste elle marchait dans la rue et des hommes s’étaient cru supérieur à elle, estimant qu’ils avaient un droit sur elle.