#678 Welcome to our new home (Léo)

Léo l’amoureux, il l’était, bien plus que ce qu’on pouvait penser. Il avait bien trop d’amour à offrir, bien trop de sentiments en lui qui bataillaient sans cesse. Depuis toujours il avait cette tendresse particulière, qu’il cachait pour ne pas passer pour un sentimental, pour un faible, son père lui avait dit bien trop souvent que ce ne serait pas digne d’un homme, un vrai. Il aimait toujours trop fort, en amitié comme les femmes, c’était peut-être un tort, mais ça faisait partie de lui, paradoxalement sa mère lui avait dit un jour, au creux de l’oreille, que c’était une chance, il aurait voulu que ses parents s’accordent sur le discours pour une fois… parce que lui il était perdu. En attendant les femmes il les aimait, que ce soit pour une nuit ou pour plus longtemps, il les trouvait belles, il les adorait… aussi vite qu’il les oubliait, bien trop souvent, c’était là son tort. La plupart du temps il assumait cette tendresse particulière, s’arrangeant avec sa conscience pour celles qu’il décevrait au passage. Et puis il y avait les autres fois, les autres femmes, celles qui prenaient plus de place, celles pour lesquelles les sentiments se faisaient plus présents, celles qui le rendaient heureux, pour lesquelles il oubliait tout, avant que la vie ne le rappelle à l’ordre. Alba avait indéniablement fait partie de ces autres femmes, celles qui avaient compté, celles qui lui avaient fait peur et celles avec qui il avait tout gâché. Il était parti à Bangkok chercher à oublier l’enfer qu’il avait vécu les mois précédents, à se mettre la tête à l’envers, à s’oublier lui-même. Et ils s’étaient trouvés, dans la chaleur moite des nuits thaïlandaises, ils s’étaient heurtés l’un à l’autre, enlacés, embrassés, embrasés. Jusqu’à ce que Léo oublie la douleur, jusqu’à ce qu’il culpabilise d’avoir oublié, de ne pas avoir fait ce deuil nécessaire pour avancer, à cause d’une femme, toujours la même histoire en somme. Cette femme il s’était lié à elle sans s’en rendre compte. Et des années plus tard, sur son terrain à lui, ils tentaient d’avancer, ensemble mais séparément, l’un avec l’autre et plus l’un contre l’autre. Pour leur fils. Ils étaient là, dans sa ville à lui, dans sa maison à elle, une situation étrange, dérangeante, à laquelle ils allaient devoir s’habituer. Pour autant ils n’étaient pas obligés de passer du temps ensemble, malgré tout ce soir Léo avait envie de s’attarder, même si Jonah était couché. Le petit garçon étant généralement leur garde-fou, celui qui empêchait qu’ils se sautent à la gorge, mais ce soir il n’avait aucune envie de l’attaquer, le vin qui coulait dans ses veines l’avait peut-être apaisé, ou peut-être était-ce autre chose, il n’en savait rien, il ne cherchait pas à analyser cette douce euphorie qui s’emparait de lui. Merveilleux, Jon l’était, incontestablement, Léo était bien de cet avis, même si ce n’était pas gagné au départ. Il se souvenait encore parfaitement de la façon dont il avait accueilli la nouvelle de la grossesse d’Alba et qu’elle comptait garder l’enfant. Il avait rejeté cette paternité, il ne voulait pas d’enfant, pas comme ça, peut-être même jamais et elle le lui avait imposé. Quand il y repensait il avait tellement honte de son comportement. Et si elle avait avorté… il ne voulait même pas y penser. Ils retournèrent dans la salle à manger et commencèrent à débarrasser avant que Léo ne brise le silence, sentant que la blonde était nerveuse. Ça ne me dérange pas. Il avisa la bouteille alors qu’Alba lui proposait un verre, il arqua un sourcil en affichant un rictus amusé. Tu me prends par les sentiments là. Il servit deux verres et lui tendit le sien. Je lave et tu essuies ? Je ne sais pas où tu ranges ta vaisselle. Et ainsi, sans vraiment le vouloir, il fit renaître en semblant de complicité. Il prit les couverts qu’il emmena dans la cuisine et fit couler l’eau dans l’évier. Je suis content que vous soyez là, c’est un nouveau départ pour tous les trois en quelque sorte. Faisait couler le produit vaisselle il regarda la mousse se former comme si c’était la chose la plus importante au monde, comme pour mieux ne pas croiser le regard de son ex.

Alba était un mélange entre la dureté et la fragilité. Elle a essayé de renforcer son cœur, toujours dans l’attente d’une prochaine rupture, d’un prochain abandon. Sauf qu’elle ne le voyait pas venir la blonde et avant elle s’attachait trop. Elle se savait jolie, elle se savait désirable, mais pas par ceux qu’elle espérait. Léo faisait partie de ces personnes-là, celles pour qui Alba avait donné son amour, son temps, sa passion mais qui ne lui avait jamais rendu. Enfin, ils en avaient eu à Bangkok mais après leur relation n’avait été qu’un enchaînement de déception, de crises de nerfs et de larmes. Jonah avait été le positif dans ce bazar. Ce petite garçon venu au monde sans le vouloir, ce petit ange qui animait la vie de ses parents depuis quatre ans. C’était pour lui qu’elle voyait Léo, c’était pour lui qu’elle était revenue dans cette ville, pour qu’il ait la chance de grandir aux côtés de ses deux parents. Mais elle le sait Alba, sans Jonah, elle et Léo n’auraient été qu’une belle histoire de voyage, un rêve éveillé et un fantasme passé. Elle avait essayé de l’oublier Léo, mais comment oublier le père de son fils ? Comment l’oublier alors qu’ils étaient liés par ce petit bonhomme qu’ils aimaient tant ? Alba essayait pourtant de l’oublier, dans les bras des autres. De l’amour elle voulait en donner mais égoïstement elle voulait en recevoir également. Jonah dormait, fatigué du déménagement, de cette nouvelle vie et de cette soirée conviviale avec ses deux parents. Léo et Alba redescendaient et la blonde était tendue. Angoissée de retrouver seule avec Léo, elle voulait que tout se passe bien. Ils allaient leur falloir du temps pour se réhabituer à la présence de l’autre. Ils allaient devoir réapprendre à vivre avec l’autre dans les parages et à apprécier les moments ensemble et à relativiser sur les moments où ils étaient avec d’autres. Léo avait déjà sa vie, une copine qu’il aimait. Alba elle avait tout à reconstruire. Il se proposait de l’aider à faire la vaisselle et quand Alba refusait poliment il insistait. C’était sa maison à elle dans laquelle Léo n’avait pas sa place. Aucun espace ne lui était dédié, il n’était que l’invité chez elle. Mais elle accepta son aide en lui proposant du vin. Elle lui souriait. « Merci. » Disait-elle en prenant le verre pour boire une gorgée avant de le reposer sur la table. « Très bien, je déteste laver la vaisselle. » Il le savait sûrement, après tout ils avaient vécu plusieurs mois ensemble. Ça avait l’air naturel entre eux, l’un lavant et l’autre essuyant et pourtant il y avait fallu du temps pour que les deux parents puissent passer ce moment simple sans tension. Elle lui apportait les choses sales. « Oui. Il est tellement heureux d’être là. Si j’avais su avant qu’il allait l’être autant, je ne serais pas partie. » Elle culpabilisait Alba d’avoir, quelques années plus tôt, choisit de partir de la ville en privant son fils de son père. Heureusement qu’il ne la regardait pas parce que ses yeux s’étaient un peu assombris par la tristesse. Léo commençait à laver les assiettes et Alba prenait le relais en les essuyant et les rangeant. Ils étaient bien organisés. Elle faillit faire tomber un verre pourtant, le lâchant trop précipitamment après avoir touché la main de Léo sans le vouloir. Ce geste accidentel avait perturbé la blonde qui n’avait plus de contact physique avec son ex depuis longtemps.

Les bras des autres, Léo ne voulait pas savoir s’ils étaient plus tendres ou plus accueillants que les siens. Il ne voulait pas savoir comment Alba s’y abandonnait pour combler le manque des siens. Il préférait se voiler la face, ignorer, se dire qu’à présent qu’elle avait Jonah dans sa vie elle n’était plus qu’une maman et qu’elle s’oubliait en tant que femme. C’était plus simple, moins agaçant. Parce qu’agacé il pouvait l’être quand il pensait à ses ex dans les bras des autres, enragé même, parce qu’il était trop jaloux et qu’au fond il voudrait bien que même s’il n’était plus dans leur vie elles restent siennes malgré tout. Il était égocentrique sous bien des aspects, la faute à son passé de petite fils unique trop gâté dira-t-on, c’était moins dur de penser ça plutôt que de se dire que c’était juste un fichu sale trait de caractère. Et puis la façon dont elle le regardait ce soir n’aidait pas, parfois fuyant, parfois tendre et doux. Elle l’avait longtemps accablé de reproches, mais il semblait que ce soit passé, le temps, meilleur allié contre les tensions, meilleur pansement pour les âmes en peine. Et autant dire que Léo et Alba en étaient deux, chacun à sa façon. Le temps aidait donc, l’alcool aussi, ils avaient vidé une bouteille de vin, la seconde prenait le même chemin alors qu’Emerson resservait un verre à la blonde, il emmena le sien dans la cuisine, le déposant près de l’évier où il entreprit de commencer la vaisselle. Une tâche anodine mais qui lui permettait de prolonger un peu cette soirée dans cette maison qui n’était pas la sienne. Effectivement, il n’avait pas sa place ici, mais ce soir il s’y sentait bien, il savait que Jonah dormait du sommeil du juste dans sa chambre, il aimait aussi que cette chance leur soit donné, à tous les trois, de pouvoir se construire des souvenirs, une nouvelle vie, pas vraiment, ensemble, pas une vraie famille, mais à leur façon, aussi bancale soit-elle, peu importait au final, du moment que chacun soit heureux à sa manière. Il sourit à la réflexion d’Alba. Oui, je m’en rappelle. Il se souvenait sûrement bien plus que ce qu’elle croyait de ce quotidien qu’ils avaient partagé durant presque un an, une intimité improvisée sur le tas, d’une fougue et d’une tendresse folle. Il se souvenait de la vaisselle qui s’empilait dans l’évier parce qu’ils avaient bien d’autres choses à faire que ça et des moments où ils prenaient le temps de la faire, quand même, des batailles de mousse, des bulles de savon, de leurs vêtements qui finissaient inlassablement par joncher le sol de leur cuisine de fortune parce qu’ils n’étaient jamais rassasiés du corps de l’autre. Il en fallait peu pour qu’ils s’embrasent à l’époque, un regard brûlant, un sourire en coin, une main qui frôlait celle de l’autre sans le vouloir. Il était loin ce temps-là, alors que ce soir ils échangeaient des sourires polis et des banalités. Il fallait que tu partes, tu n’as pas à le regretter. Il le fallait parce qu’elle était malheureuse à ce moment-là, il lui avait encore fait du mal, en lui faisant miroiter une vie à trois alors que son cœur penchait déjà pour une autre. Et quelle autre, celle avec qui personne ne pouvait rivaliser, son éternelle muse. C’était encore un mauvais timing, comme si entre Alba et Léo il n’y avait eu que des occasions manquées. Et puis il était heureux à Brisbane, près de ta famille. Ici, maintenant, ce sera différent. On va tout faire pour que ça se passe bien. Depuis le temps Alba avait cessé d’attendre après son terrible amant, elle vivait pour elle, pour son fils, pas dans l’espoir de faire revivre la flamme. Leur tâche ménagère se passait sans encombre, jusqu’à ce que la jeune femme n’échappe un verre, geste banal, sauf que dans son geste elle avait frôlé inévitablement la main du photographe, est-ce que c’était parce qu’elle l’avait touché que le verre failli tomber à terre ou bien à cause de cette maladresse que leurs peaux s’étaient touchées, Léo n’aurait su le dire, seulement il remarqua son trouble et eu bien du mal à cacher le sien. Les souvenirs remontant en lui comme une vague, les habitudes d’une attraction passée, oubliée, refoulée. Et l’envie de plus, soudaine, inattendue. Il soupira, admirant sa nuque à la dérobée alors qu’elle se retournait pour ranger les assiettes dans un placard en hauteur. Je devrais rentrer. Oui, il valait mieux. Il rinça les derniers couverts et les mit à égoutter puis s’essuya les mains avant de terminer son verre dans une grande gorgée. Il chercha alors ses clés de voiture avant de se tourner vers Jensen. Merci pour le dîner, c’était très bon. Je prendrai Jonah le week-end prochain. Ils s’approchèrent l’un de l’autre et il se pencha sur elle pour lui faire la bise, un baiser anodin sur la joue qui se termina involontairement au coin de sa bouche et s’y attarda une seconde de trop. Il releva la tête, croisant son regard, s’y noyant sans chercher à se sauver de cette situation déjà critique.

Elle savait aimer Alba. Parfois ses parents lui expliquaient que l’amour dont elle avait manqué les neuf premiers mois de sa vie l’avait emmené à être débordante d’amour. Jonah faisait partis de ses premières victimes. Souvent les bras de sa mère, Alba avait toujours peur que son fils un jour ressente ce manque, alors elle lui en donnait, peut-être même trop parfois. Lycéenne, elle en avait aimé des garçons et des filles. Le voyage avait été l’apogée où la photographe donnait de la tendresse et de la folie à toutes ces rencontres hasardeuses. Livio avait été une petite victime d’un mois. Léo en revanche avait été autant victime que coupable. Ils s’étaient aimés et même si Alba ignorait tous des sentiments d’Emerson à son égard, il lui apportait tendresse, joie, rire et idylle. Une histoire qui s’était terminée beaucoup trop vite. Ils n’avaient jamais réussi à prendre le train ensemble, Alba toujours un peu à la traîne, deuxième ou troisième wagon du train Emerson. Pourtant, il ne lui avait pas enlevé cet amour. Oui elle l’aimait toujours mais il n’en voulait pas ou plus. Il en avait d’autres, ce qu’Alba comprenait. Alors elle essayait de l’oublier dans les bras des autres. Certains la marquant plus que d’autres. Ils recommençaient une toute nouvelle aventure à trois, quelque chose d’inédit qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion d’essayer. Après une vaine tentative de famille qui avait échoué, elle s’était enfuie la photographe voulant retrouver le cocon familiale qui pourrait la guider dans ses premières années de mère. Cette fois-ci ils découvriraient une vie de famille séparée mais communicante. Puis ils n’étaient pas de parfait inconnu, ils se connaissaient les ex-amants, habitant ensemble plusieurs mois. Elle lui souriait à Léo qui se souvenait des mauvaises têtes d’Alba lorsqu’elle devait faire la vaisselle. « Tu te rappelles de cette fois quand tu m’avais arrosé dans le faire exprès et que je t’ai éclaboussé avec l’eau dans l’évier. » Disait-elle en riant. Ils parlaient peu habituellement des souvenirs communs. Ils parlaient peu de Bangkok comme si en ignorant la ville ils ignoraient leur lien. Pourtant tous les souvenirs étaient encore bien frais dans la mémoire d’Alba. Riant aux éclats, il l’avait attrapé avant de la portée jusqu’à l’évier et la tremper. Et comme à l’accoutumée ils avaient fini de la meilleure des façon. Ce souvenir Alba avait l’impression qu’il remontait à tant d’année. Après ces quelques souvenirs heureux échangés, Léo expliquait à Alba qu’il était heureux qu’elle et Jonah soient de retour. Un retour oui parce que Jonah était né à Bowen et il avait passé la première années de sa vie ici, avant qu’Alba parte à Brisbane emmenant son fils avec elle. Une décision qui l’avait rendu plus heureuse mais qu’elle ne cessait de regretter depuis. Et Léo il comprenait cette décision. « Merci de comprendre. » Elle était sincère. Jensen le savait elle n’aurait jamais Léo comme elle l’avait voulu, mais il était possible de s’entendre, de retrouver une petite complicité au moins pour Jonah. Oui il avait été heureux Jonah mais il le serait encore plus entouré de ses deux parents. La tasse s’échappait des mains d’Alba qu’elle réussissait tout de même à ne pas faire tomber. Mais ce toucher avait brûler la main de la blonde. Alba se relevait, voulant à tout prix qu’il le remarque Léo ce trouble dans ses yeux. Elle reposait la tasse rapidement pour récupérer les assiettes et se retourner pour les ranger. Profiter de ce moment court pour reprendre ses esprits et souffler un peu. Elle sentait le souffle éloigné de Léo contre elle avant qu’il ne lâche ses quelques mots. Croisant une nouvelle fois son regard, elle hochait simplement la tête. C’était logique, il n’avait plus rien à faire ici, Jonah dormait et la soirée de concluait. Il n’y avait plus de petit rituel du soir entre eux, plus de longues conversations sur la photographie, tout ça était terminé depuis longtemps. Posant le torchon, Léo finissait ce qu’il avait à faire pendant qu’elle finissait de ranger la table. Le bruit de clé la réveilla, annonçant le départ imminent de Léo. « Avec plaisir, on pourra se faire ça plus souvent maintenant. » Souriait-elle timidement. Ils s’approchèrent, et les lèvres de Léo se posaient sur sa joue, bien trop proche de la bouche de la blonde. Un baiser semi-chaste qu’elle n’avait pas reçu de la part de Léo depuis une éternité. Elle ne bougeait plus Alba, sous le choc de ce geste. Il pouvait lire de l’incompréhension et de la surprise dans son regard. « Tu devrais t’en aller. » Sa voix était douce et calme. Ce n’était qu’un accident.

Léo sourit, amusé par ce souvenir qui s’était perdu durant quelques années. Tu ne m’as pas éclaboussé, tu m’as carrément trempé, j’en avais jusque DANS mon jean ! Ils en avaient ri, ils riaient souvent tous les deux, à en avoir des crampes. Ensemble ils avaient tout oublié, Léo avait tout oublié des tourments qui l’avaient fait prendre cet allé simple pour Bangkok sur un coup de tête. Elle lui avait fait passer une année folle, étourdissante et le retour à la réalité n’en avait été que plus brutal, plus difficile. Le retour pour Bowen, pris sur un coup de tête également, était passé à coup de somnifères qui l’avaient abruti pour les longues heures de vol. Et les jours d’après il avait trainé sa carcasse dans les rues de sa ville qui lui semblaient étrangères et des dizaines de fois il avait songé à retourner là-bas, à retrouver Alba pour lui dire qu’il avait fait une connerie. Mais la vraie connerie s’aurait été de refuser d’admettre qu’il était totalement paumé depuis des mois, pris dans un tourbillon d’émotions qu’il ne maîtrisait pas, alors il avait tenu bon, il était resté, il avait repris sa vie et retrouvé une stabilité. Et depuis … depuis il était toujours l’éternel Léo, celui qui se laissait embarquer par ses sentiments pour le meilleur et le pire. Finalement il ne changerait jamais. Tout comme il resterait toujours cet homme avec qui il pouvait être agréable de passer une soirée à discuter, parce qu’au fond il n’était pas méchant et qu’il voulait que tout se passe au mieux pour tout le monde. C’est un grand sacrifice pour toi de revenir ici et de te couper de tes proches alors c’est le moins que je puisse faire. Il ne nous restera plus qu’à trouver un équilibre. Mais l’équilibre serait difficile à trouver si la maladresse de la blonde venait foutre le bordel entre eux, il lui en fallait peu, à Léo, pour s’emballer. Et même s’il s’était assagi avec les années, elle n’était pas n’importe qui. Coup dans l’estomac, frisson dans le dos, la machine qui se remettait en marche alors qu’il se prenait à admirer ses formes à la dérobée. Et à se détester de le faire, parce qu’il était heureux, bordel, parfaitement heureux en ce moment, comme ça ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Il était dans une relation simple, limpide, avec une Blanche qu’il aimait. Alors pourquoi ce besoin de tout compliquer ? Il trouva alors la sortie la plus simple, il devait quitter cette maison. Il la remercia poliment et chercha à partir, sans demander son reste, se risquant tout de même à l’embrasser sur la joue, pour un au revoir chaste mais témoignant de leur tendresse retrouvée. Baiser qui dérapa sans que rien ne soit prévu, comme si ce foutu destin voulait se jouer d’eux jusqu’au bout. Leurs regards se croisèrent et Léo lu la surprise dans ce lui d’Alba, autant qu’elle pouvait la lire dans le sien. Il ferma alors les yeux, esquissa un sourire furtif. J’y vais. Bonne nuit. Et il quitta la pièce, attendant d’avoir claqué la porte de la maison pour prendre une grande bouffée d’air et la relâcher dans un soupire mi-soulagé, mi-frustré, puis rentra chez lui.

Fin