cause i'm broken when i'm lonesome and i don't feel right when you're gone away (nevann)

Tu ne te souviens pas avoir déjà imaginé ce que serait ton avenir aux côtés d'Alejandro. Ce n'est qu'avec le recul que tu te rends compte que ta précédente relation était vouée à l'échec. Vous n'auriez rien pu construire, tous les deux, avec des bases aussi peu solides. Être libre, c'est une chose, mais ne pas avoir de projets d'avenir, c'en est une autre. Avec Nevaeh, une fois que votre relation est devenue plus officielle, tu t'es tout de suite senti plus serein, plus sûr. Avec elle, tu sais que les projets peuvent fleurir et qu'ils seront toujours aussi nombreux. Parce que vous avez une vision de la vie assez similaire et que vous désirez les mêmes choses. Malheureusement, aujourd'hui, tout ça appartient au passé puisque la brune ne semble pas prête à te pardonner tes erreurs. « Ils auraient été parfaitement imparfaits. » Dis-tu en souriant alors que ce tableau se dessine dans ta tête. C'est un joli portrait qui fait envie, qui fait rêver, et dont tu rêveras probablement toujours. Voyant que la douleur est trop insupportable, tu fais appel à une infirmière pour qu'elle vienne soulager Nevaeh. « D'accord, je ne regarde pas. » Dis-tu, résigné, en la regardant elle, plantant ton regard dans le sien. Ce n'est pas cette plaie qui risque de te dégoûter de sa peau, de son corps. Bien au contraire. A présent, cela fait partie de son histoire, de sa vie et de ce qu'elle est. « Je te trouve magnifique même avec tes imperfections, si seulement on peut appeler ça une imperfection. » Murmures-tu rien que pour elle. A tes yeux, ce n'est ni un défaut ni un raté sur sa peau. Et de toute façon, avec ou sans cette cicatrice à venir, tu la trouveras toujours aussi belle parce qu'au-delà du physique, c'est l'intérieur de la journaliste qui te fait retomber amoureux à chaque fois. Malgré ton commentaire relevant presque d'un ordre, l'infirmière ne se laisse pas démonter face à ton insistance, et vous explique que la douleur est normale. Quelques minutes plus tard, après avoir tout vérifié, elle quitte la chambre, vous laissant à nouveau seuls. Lorsque l'Australienne tire sur ta main pour t'attirer à elle, tu t'assieds de la manière la plus délicate possible sur le lit mais même ça, ça arrache une grimace de douleur à la brune. « Désolé. » Dis-tu en fronçant les sourcils, ne supportant pas de la voir aussi mal. « C'est vrai, j'aurais insisté jusqu'à ce qu'elle en ait marre de moi et qu'elle accepte de me laisser attendre ici. » Plaisantes-tu, un sourire au coin des lèvres. Mais malheureusement, ce sourire s'efface bien vite quand Nevaeh exprime qu'elle n'arrivera sans doute pas à te pardonner. Tu le sais mais l'entendre ça fait un mal de chien. Tu te mords à nouveau la lèvre inférieure pour ne pas laisser apparaître ces larmes qui menacent de couler depuis que tu t'es retrouvée face à elle. C'est trop dur d'être là, de voir la tristesse et la déception dans son regard. Vraiment trop dur. « D'accord... » Souffles-tu à propos de sa convalescence. Tu l'attires avec douceur contre toi, déposant ta tête sur le haut de son crane. Ce n'est que lorsque tu es sûr que Nevaeh ne te voit plus, que tu laisses quelques larmes s'échapper. « Je suis tellement désolé. » Murmures-tu, la voix tremblante et secouée par l'émotion. C'est la première fois que tu peux lui dire de vive voix et ça te semble important même si tes excuses ne changeront rien et n'effaceront pas le passé.

Avec du recul, elle n’avait pas parlé d’avenir plus qu’il ne le fallait avec Félix non plus. Au fond, il l’avait demandé en mariage sans doute sous une impulsion, pas vraiment parce qu’ils avaient des projets communs. Et Nevaeh, elle était convaincue que c’était ça, l’amour. Le doute, la peur, pardonner les échecs. Elle avait accepté, se disant que, de toute façon, c’était ça, l’amour. Et maintenant qu’elle avait vécu une histoire avec Juliann où il lui avait appris qu’aimer, ce n’était pas ça. Ce n’était pas accorder le pardon pour des d’autres graves, que ce n’était pas normal de douter et qu’il pouvait lui apporter tellement mieux, la brune avait pu commencer à s’ouvrir à un avenir. La cohabitation en était la première étape. Elle avait recommencer à donner une chance à l’amour, jusqu’à ce qu’il fasse tout le contraire de ses dires. Jusqu’à ce qu’il l’a trahisse, commette une faute grave. Et, évidemment, là, il voulait son pardon et sa grande résilience, celle que Nevaeh avait donné aveuglément à Felix deux fois plutôt qu’une. Seulement, cette fois, elle n’en était point capable, parce qu’on lui avait fait miroiter l’idée folle que l’amour, ce n’était pas ça. « Mais tout ça, ça m’est impossible maintenant », soufflait-elle dans un regret. Elle ne parlait pas que de leur histoire détruite, mais aussi de cette nouvelle complication dans sa vie. Un ovaire en moins, la moitié des chances que concevoir fonctionne. Et concevoir, ce n’était pas une mince affaire. Si elle avait cru être enceinte en l’absence de ses règles, Nevaeh était consciente que ce genre de choses n’arrivaient pas toutes les semaines. Faire un enfant, c’était parfois un long projet. Projet qu’elle ne pourrait pas connoter tout à fait possible à présent. Qui faudrait d’une femme comme elle, de toute façon? Une femme à moitié fonctionnelle.

Le regard de Juliann se plantait dans celui de l brune. Pour l’instant, elle ne pensait plus à la douleur qu’il pouvait lui avoir causée. Il était là, pendant ce moment difficile. Et c’est tout ce qu’elle voulait, au fond, pour l’instant. Il la trouvait magnifique. Elle ferma les yeux. Elle ne l’était pas. Elle était même hideuse. Mais elle me dit rien, mis à part un merci soufflé, tout petit. Et quand l’infirmière fut partie, la journaliste attira Juliann plus près d’elle encore, le forçant à s’asseoir sur le lit. Tant pis pour la douleur qu’il lui arracha quand le matelas bougea. « C’est rien. J’avais besoin que tu sois là, près de moi », fit-elle avec honnêteté. Oui, il l’avait brisé. Et oui, elle n’était pas certaine d’être vouloir de son aide durant sa convalescence. Cependant, de l’amour et le besoin de lui, elle en avait toujours. Ça n’était pas partie avec sa confiance. Elle était un fléau contradictoire, Nevaeh. Elle était complètement incompréhensive. Alors qu’elle parla de son coeur, Juliann s’avança plus près, apposant son menton contre la tête de la brune. Elle fondit dans son cou, humeur sans douter une dernière fois l’odeur de son parfum qui lui rappelait la maison. Et lui, il demandait pardon, d’une voix tremblante à lui déchirer encore plus le coeur. La sienne aussi devint plus fragile. « Ce n’est rien... », fit-elle pour minimiser sa douleur. « Je t’aimerai toujours, c’est ça le véritable problème. » Elle était incapable de se débarrasser de ses sentiments.

Non, l'amour ce n'est pas trahir l'autre, accumuler les erreurs et jouer avec sa confiance. L'amour c'est bien plus beau que ça, tu le sais parce que tu l'as connu plusieurs fois dans ta vie. Deux fois pour être exact. Il y a des années de ça avec Pippa et aujourd'hui avec Nevaeh. Avec cette dernière, tu vis l'amour, le grand, celui qui est fort et beau. Ou plutôt tu vivais. Néanmoins, même si votre histoire s'arrête ici, tes sentiments eux, continueront à faire leur bout de chemin seuls, de leur côté. Parce qu'il est clair que tu ne pourras jamais réellement te sortir la brune de la tête. Aujourd'hui, tu l'aimes de tout ton être. Et si d'ici quelques années, tu es toujours voué à vivre sans elle, une partie de toi l'aimera toujours. Tu le sais, tu le sens. Alors quand elle affirme qu'avoir des enfants, ce n'est plus possible pour elle, tu secoues doucement la tête, la regardant avec une extrême douceur. « Ce n'est pas impossible, tes chances sont diminuées mais pas disparues. C'est ce qu'il faut retenir de toute cette histoire. » Même si une partie d'elle s'est envolée, tout n'est pas perdu et il faut que Nevaeh se l'imprègne, pour éviter de miroiter sans cesse des idées noires. Parler d'enfants, en sachant que tu ne pourras pas lui en donner parce qu'elle ne veut plus être avec toi, est douloureux. Tu aurais tant voulu, qu'un jour, quand vous seriez prêts, vous fondiez votre propre famille. Après avoir passé des années rien que tous les deux, à voyager d'un bout à l'autre du monde, à rire, à apprendre à se connaitre et à faire l'amour. De belles années, qui auraient trouvé tout leur sens lorsque vos enfants auraient rejoint votre petit cocon. « Je serai toujours là pour toi. Tu sais que tu peux m'appeler n'importe quand, à toute heure de la nuit hein ? » Demandes-tu en sondant son regard. Tu veux que Nevaeh sache qu'elle peut compter sur toi même si vous n'êtes plus ensemble. En temps normal, tu sais qu'elle se serait très bien débrouillée sans toi, en femme indépendante qu'elle est, mais vous n'êtes pas en temps normal. Aujourd'hui, elle est blessée, convalescente même, et elle a besoin de soutien et d'aide même pour les petites choses du quotidien. Des choses qui semblent faciles et anodines mais qui ne le sont pas, après une opération comme la sienne. Une fois assis à ses côtés, tu l'enlaces et déposes délicatement ta tête sur le haut de la sienne. Tu perçois la même détresse dans la voix de Nevaeh que dans la tienne sans doute à cause de vos âmes esseulées et attristées. « Ce n'est pas rien. J'ai tout fait foirer et je devrai vivre avec cette erreur toute ma vie. » La reprends-tu parce que tu sais qu'elle cherche sans cesse à minimiser les choses même si celles-ci sont graves et loin d'être "rien". « Je t'aimerai toujours aussi. Mais si tu en ressens le besoin, je peux prendre mes distances, m'effacer, pour t'aider à... ne plus penser à moi. » M'oublier aurait été plus juste mais tu es incapable de dire ces mots-là. Tu ne veux pas qu'elle t'oublie ou qu'elle arrête de t'aimer, au contraire. Tu veux continuer à vivre cette sublime histoire d'amour, continuer à avoir des projets de vie communs, continuer à vous aimer incontestablement. Mais tout ça, ce n'est plus possible. « Je devrais peut-être y aller. » Ajoutes-tu. Cela devient trop compliqué, tu sens ton coeur se briser encore et encore et ça devient vraiment insupportable. Tu effaces ces quelques larmes sur tes joues, tentant de reprendre une certaine contenance avant d'affronter à nouveau son regard.

C'était douloureux. Tout cet avenir entre eux qui ne verraient pas le jour pour cause de le séparation, mais tout cet espoir, également, qui prenait fin au même moment que l'on prenait conscience que leur histoire était terminée. Célibataire et maintenant dans l'impossibilité de concevoir comme toutes les autres femmes, tel en était son sort. Et elle n'avait rien fait pour mériter un tel sort. Elle avait toujours été droite, s'était montrée bienveillante avec tous ses proches, avait tout donné ce qui était possible de donner de sa personne et voilà ce que la brune récoltait : une nouvelle tragédie à ajouter à son tableau. Oui, à force, on devenait plus fort, plus résilient, mais Nevaeh n'en pouvait plus de l'être. Et, au delà de tout ça, elle trouvait la situation réellement injuste alors que bien d'autres personnes dans ce monde faisaient vivre des atrocités à des personnes sans jamais avoir de conséquence de leurs actes. Elle, elle était la douceur incarnée et voilà que la vie choisissait de lui planter une épine. Évidemment qu'elle pourrait toujours avoir des enfants et Juliann tentait de rassurer la journaliste dans ce sens. Et il n'avait pas tort. Il lui restait une ovaire. Oui, ce serait plus compliqué, mais ce n'était pas impossible. Et il ne le disait pas, mais il y avait toujours l'adoption vers laquelle se tourner. Mais il fallait tout de même qu'elle accepte le deuil que ça ne serait pas aussi simple. Nevaeh hocha docilement la tête. « Je sais, oui... », murmura-t-elle à l'égard de son ex. Elle ne le ferait surement pas, du moins pas d'elle-même. Parce que c'était encore douloureux, mais aussi parce que ce n'était pas dans nature de demander de l'aide. Même si elle en avait grandement besoin.

Assis dans le lit, Juliann était venu rompre leur distance en posant sa tête sur celle de la brune. On sentait dans sa voix l'émotion qui parlait. Et il vint la chambouler. Elle le savait triste, mais l'entendre entre ses sanglots étouffés lui brisait encore plus le coeur. Cependant, s'ils en étaient là, ce n'était pas la faute de Nevaeh. Elle n'avait demandé que la vérité, c'était lui qui lui avait menti. Et elle n'était pas si cruelle d'avoir terminé cette relation. Nevaeh était restée douce malgré la colère, la tristesse et la déception. Bien des filles auraient crisées. « C'était une erreur, mais il y avait un contexte », tenta-t-elle d'apaiser, mais sa voix étaient tremblante. « Ne te jette pas toutes les pierres. » C'était lui qui venait de la briser et elle le rassurait, du grand Nevaeh. Et alors que la tête du pompier était encore à la cime de la sienne, loin des regards, elle lui avoua qu'elle l'aimerait toujours. Lui aussi, d'ailleurs. « Oui... », soufflait-elle. « Je pense qu'il vaut mieux qu'on s'éloigne... », fit-elle à contre-coeur, les larmes sur ses joues. Quand Juliann la regarda, il avait effacé les traces de sa tristesse sur son visage. Pourtant, on pouvait bien voir qu'il avait pleuré. Nevaeh, elle, n'avait pas la force de les cacher. Il mentionna l'envie de partir, la brune hocha la tête à nouveau. « Oui... », fit-elle, les larmes coulantes encore avant de poser un dernier baiser sur sa joue et de le voir s'éloigner d'elle. Quand elle fut seule dans la chambre, les larmes coulaient toujours. Elle n'arrivait pas à les arrêter. Et elle sentait qu'en sortant de cette chambre d'hôpital, Juliann avait emporté son coeur avec lui.

fin