teardrops on my face, let it wash away my sins (nevann)

Comme à chaque fin de garde, à peine arrivé à la maison, tu prends la laisse de ton chien pour aller le promener avant de t'effondrer dans ton lit. Cette nuit a été éprouvante, pas à cause du travail mais clairement parce que tu manques de sommeil. C'est la première fois qu'une nuit de garde te semble si longue et si difficile. Enfin, c'est déjà arrivé par le passé lorsque tu étais en intervention mais jamais lorsque tu restais au bureau à gérer la paperasse ou les interventions mineures. Ta rupture avec Nevaeh joue clairement sur ton quotidien et empiète même sur ton travail. Tu ne pensais pas que ce serait aussi compliqué parce que lors de ta rupture avec Pippa, tu ne te rappelles pas avoir été aussi mal. Aussi anéanti. Peut-être parce qu'avec la blonde, tu n'étais pas le seul responsable de votre rupture, c'était une décision commune et réfléchie. Bref, même si tu tombes de fatigue, ton chien a besoin de cette promenade de début d'après-midi, avant que tu ne comates dans ton lit pour quelques heures. Souvent, cette promenade se termine par un passage express à la plage parce que ton chien adore littéralement se baigner, surtout lors des périodes de fortes chaleurs comme c'est le cas actuellement à Bowen. Aujourd'hui ne déroge pas à la règle. Mais alors que ta chienne sort de l'eau, ton regard se porte vers une brune qui attirerait ton regard même entourée d'une foule de gens. « Nev ? » Demandes-tu en t'approchant, les sourcils froncés. Tu ne comprends pas ce qu'elle fait là alors qu'elle devrait être chez elle, en train de se reposer et de se ménager. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Oses-tu demander en essayant de garder un certain calme. Tu préfères avoir ses explications avant de t'énerver mais tu sens déjà la colère gagner ton être. Cela te rend malade de la savoir ici alors qu'elle devrait être couchée, chez elle, devant Friends ou une autre série de ce genre.

Elle avait fait le tour de Netflix. Plus de films de Noël, plus de séries à redécouvrir, plus de documentaires qui l'intéressaient. Elle avait passé au travers de tout ce qui attirait son attention, de tout ce qui lui faisait du bien habituellement. Et, surtout, elle en avait marre d'être allongée à ne pouvoir rien faire d'autre que dormir, flâner sur internet et attendre que quelqu'un lui envoie un sms ou lui lâche un coup de fil pour se désennuyer. Nevaeh, grande nomade, avait atteint son quota de sédentarité. Depuis des jours, elle fixait la vue de son appartement, rêvant d'une balade au soleil où les rayons de cette belle étoile réchaufferaient sa peau et ses cheveux. Elle voulait sentir le vent de la mer de poser sur son visage, humer le sel et sentir autre chose que ses chandelles à la lavande qui se voulaient calmantes mais qui commençaient à lui taper sur les nerfs.

Sur un coup de tête, la journaliste ferma la télévision et enfila une robe t-shirt ample, vêtement qui ne frottait pas sur sa plaie qui cicatrisait doucement. Après s'être relever les cheveux dans une queue de cheval haute, elle passa le pas de sa porte. Tant pis pour le repos, tant pis pour l'art de se ménager : elle avait surtout besoin, pour sa santé mentale, de faire le plein d'air frais. Ses pas la menèrent de son appartement à la plage, là où elle retira ses sandales pour poser ses pieds nus dans le sable. En début d'après-midi, l'endroit était plutôt occupé. Des familles et des jeunes couples s'y baladaient, profitant de la belle journée. D'autres, eux, profitaient de l'eau et de sa fraîcheur. Entre eux, des surfeurs occupaient les lieux. Nevaeh marchait lentement, au rythme que son corps lui permettait, profitant du décor pour rêvasser. Elle souriait pour la première fois depuis sa rupture avec Juliann, se sentait un peu plus légère alors qu'elle n'était pas enfermée entre quatre murs qui lui rappelaient sa relation déchue.

Alors qu'elle pensait faire une balade rapide et retrouver son domicile en moins d'une autre, une voix la força à s'arrêter. Voix connue qu'elle ne chercha as à identifier. Juliann. Juliann dont le regard était dur et ferme. « Salut », lâcha-t-elle en lui souriant faiblement. Le voir, c'était toujours aussi douloureux. Parce que son coeur n'avait de cesse de l'aimer. « J'en avais marre d'être allongée et d'être seule », confia-t-elle en soupirant. « Je suis sortie pour prendre l'air. Et peut-être passer chercher un smoothie au juice shop de la plage. » Pour elle, il n'y avait aucun mal. Mais à en voir le regard de Juliann, elle faisait une grave erreur. « Ne me regarde pas comme ça, je vais devenir folle à force d'être confinée dans mon appartement. Et je fais attention, promis. Je marche super lentement! » La chienne de Juliann qui, jusqu'à présent, jouait dans l'écume de l'océan, s'approcha de la journaliste. Nevaeh caressait la tête de l'animal avec douceur, ignorant le regard noir de son ex petit-ami.

Son faible sourire témoigne de l'effet que ça lui fait, de te voir ici, sur cette plage. Pour l'un comme pour l'autre, c'est toujours douloureux de se voir sans pouvoir agir comme avant. Sans pouvoir être un couple heureux. C'est la décision de Nevaeh, de mettre un terme à votre relation, et même si tu n'es pas en accord avec celle-ci, tu peux la comprendre. C'est sûrement pour cela que tu ne la supplies pas de te reprendre parce que, quelque part, tu sais que ce que tu as fait est impardonnable. « Pourquoi tu ne m'as pas demandé d'y aller pour toi ? » Demandes-tu un peu plus sèchement que tu le voudrais. Tu comprends qu'elle doit se sentir seule, que le temps doit être long mais c'est pour son bien. Si elle ne fait pas attention, elle risque de devoir rester plus longtemps que prévu chez elle, allongée. La journaliste t'a fait la leçon plus d'une fois sur ton plâtre mais la concernant, c'est bien plus grave qu'une fracture. « Te regarder comment ? Comme si j'étais énervé que tu ne respectes pas les instructions du médecin ? Que tu ne prennes pas soin de toi ? » Dis-tu en soupirant. Alors oui, tu risques de la regarder comme ça pendant un moment encore parce que pour l'instant, tu ne décolères pas. « Imagine si la douleur était devenue insupportable et que tu ne parvenais plus à retourner chez toi ? » Rétorques-tu à nouveau alors que la brune est occupée à caresser ton chien qui a toute son attention. Tu t'en fous complètement que vous ne soyez plus ensemble et que ce ne soit plus ton rôle de la materner. Tu vas continuer à le faire jusqu'à ce qu'elle te l'interdise ou qu'elle t'envoie bouler. « Je te ramène chez toi. » Affirmes-tu sans lui laisser une chance de négocier ou de refuser. Tu es catégorique et tu es prêt à la porter jusqu'à chez elle s'il le faut. Ton regard montre à quel point tu es sérieux, à quel point tu ne plaisantes pas et tu espères que cela suffira à la faire capituler. Même si tu sais que Nevaeh peut-être aussi bornée et têtue que toi quand elle veut.

Le voir, ça voulait dire de contrôler cette attraction qui voulait les faire s’approcher et succomber à s’aimer. C’était ça, qui était douloureux. De le voir de lui, d’agir presque comme des inconnus dans leurs gestes, alors qu’ils étaient plus que ça. C’était de l’aimer de loin, avec retenue, parce que chaque fois que l’envie de l’embrasser passait, il y avait cette image mentale qui venait s’incruster. Pippa, Juliann, leurs corps qui s’unissaient. Et la douleur cardiaque reprenait. Son coeur se serrait. Elle avait mal, Nevaeh. Tellement mal. Alors elle lui souriait faiblement, incapable de ne pas le faire, mais incapable de lui offrir plus que ça. Mais rapidement, le ton du pompier monta et fit froncer les sourcils de la brune. « Parce que, je te l’ai dit, j’avais besoin de sortir un peu », affirmait-elle avec sa tête de mule.

C’était un risque, mais il fallait bien qu’elle reprenne ses activités un jour. Sans doute que c’était trop tôt encore. Seulement, à force de rester allongée et seule, elle était en train de devenir folle. Et s’il se permettait de faire référence à son plâtre, elle l’enverrait bouler. Parce que la différence, c’est que lui il l’avait retirer alors que la fracture n’était pas encore soudée. Dans son cas, ce n’était que douloureux. Oui, dans la tête de la journaliste, c’était moins grave. Et, qui plus est, Juliann avait la liberté de sortir, de bouger. Et il avait eu la présence et les douceurs de Nevaeh presque tout au long de sa convalescence. Alors qu’elle, elle était seule. Elle en voulait à Pippa, elle en voulait à Juliann. Woody passait parfois, mais il ne s’éternisait pas, ce n’était pas dans son habitude. « Oui, comme ça », lâchait nevaeh dans le meme soupir que l’homme de sa vie. Il le mettait en colère. Elle Vait besoin d’air. Et il voulait la restreindre à l’intérieur. Son attention se posait sur l’animal, elle lui offrir des douceurs qui lui permettaient de baisser les yeux et de ne plus soutenir son regard. « Je me serais assise sur un banc et j’aurais attendu, ou j’aurais appelé un taxi ou je t’aurais envoyé un sms... Je ne suis pas loin de la maison, Juliann. Et c’est dur, pour moi. Vous avez tous votre vie, vous la vivez sans restrictions et moi je suis toute seule à la maison. J’ai plus rien à regarder sur Netflix... »

Il y avait de l’énervement dans sa voix, parce que la materner c’était une chose, mais ne pas comprendre son ressentiment ça en était une autre. Elle se sentait tellement seule, elle s’ennuyait, elle qui avait l’habitude de bouger a mille à l’heure. « Non, ça va, je me sens bien. Je peux marcher jusqu’à chez moi toute seule », s’opposait Nevaeh. C’était peine perdue, on le savait, mais elle tentait tout de même de s’affirmer.

Parce que, je te l’ai dit, j’avais besoin de sortir un peu. Tu soupires avant de passer une main dans tes cheveux. Tu comprends son désir de vouloir prendre l'air parce qu'à sa place, tu serais devenu complètement fou de rester enfermé chez toi. Et pour une personne comme Nevaeh pour qui l'aventure est vitale, cela doit être encore plus compliqué. Néanmoins, là, elle doit penser à sa santé avant tout. Rien d'autres n'a d'importance aujourd'hui. « Y'a une différence entre prendre l'air en marchant un peu devant ton immeuble et se balader en ville. Tu dois te ménager. » Réponds-tu, les sourcils toujours froncés. Tu sens la colère monter même si tu tentes de la contenir de toutes tes forces parce que tu n'as pas envie d'exploser devant la journaliste. Elle a déjà assez à gérer. Mais la vérité c'est que cette colère est surtout liée à votre rupture. Tu te sers de ce manque de réflexion de la part de la brune pour laisser sortir toute cette frustration contenue depuis des jours. Si au début de votre rupture c'était la tristesse qui gagnait tout ton être, aujourd'hui, c'est la colère et l'injustice. Tu es fâché contre toi, contre Pippa et même contre Nevaeh. Parce que tu sais que cette dernière pardonnera à sa meilleure amie ce qu'elle n'est pas prête à te pardonner à toi. « Je sais que c'est dur mais ça ne fait même pas une semaine Nevaeh. Tu dois respecter les instructions du médecin, il ne te les a pas données pour faire joli. Y'a une raison à tout ça. » Réponds-tu en haussant un peu plus la voix. De toute façon, maintenant que tu es là, tu es bien décidé à la ramener chez elle. Et bien qu'elle refuse, tu t'en fiches. Tu n'es pas prêt à entendre un non. « Ce n'était pas une question. » Dis-tu, les yeux froncés. Voyant que la brune ne se met pas en chemin, tu ajoutes : « Je suis prêt à te porter s'il le faut, ne me tente pas. » Et elle te connait Nevaeh, alors elle sait que tu ne plaisantes pas à cet instant précis. Ton visage ne trompe pas et le ton de ta voix non plus.

De l'extérieur, ça pouvait avoir l'air complètement ridicule et même dangereux, ce que Nevaeh venait de faire. Prendre le risque de sortir, de marcher avec sa douleur instable au bas ventre, prendre le risque que la plaie l'élance ou se mette à saigner par l'effort. Et il avait raison de s'en faire. Parce qu'elle avait agi sans vraiment réfléchir. Et elle s'était éloignée un peu trop de la limite du tolérable. Mais marcher lui avait fait du bien, elle s'était laissé prendre par le sentiment de liberté et la plaisance de sentir le soleil sur ses cheveux. Ses pieds l'avaient mené jusqu'à la plage, sans vraiment qu'elle s'en rende compte. Avant l'opération, elle avait l'habitude de faire cette longue balade qui ne lui semblait tellement pas forçante, pré-opération. « Mais ça va, je n'ai pas mal! » Pour l'instant. Parce que ce n'était pas dit que dans quelques heures elle se sentirait aussi bien. Peut-être que les conséquences de sa balade pseudo innocente se ferait ressentir plus tard. Profitez maintenant, payez les conséquences plus tard, c'était souvent ça avec les douleurs. Et ça, c'était sans doute ce que pensait Juliann. En plus de l'irresponsabilité dont il semblait accuser Nevaeh de son regard dur et le sourire qui avait disparu sur ses lèvres. Il avait l'air en colère, beaucoup trop considérant la connerie que la journaliste venait de faire. D'accord, elle convenait qu'il pouvait être en colère, elle l'avait été lorsqu'il avait fait le con avec son plâtre, mais la proportion de frustration versus la raison n'était pas logique.

Nevaeh tentait de défendre sa décision du mieux qu'elle le pouvait. Elle était une adulte et responsable de ses actions et de ses choix. Si la douleur lui prenait, c'était elle qui serait la fautive et pas lui. Et, plus encore, elle avait tout d'abord pensé à la santé de son cerveau. Parce qu'à force de se tourner les pouces devant la télé, d'espionner les réseaux de Juliann et de compter les heures qui passaient dans son appartement, elle deviendrait folle. Et avant de l'être, elle avait craqué sur la porte de sortie et cette balade improvisée. « Mais je vais bien, aujourd'hui! Si j'avais eu mal, je ne serais pas sortie. Je ne suis pas complètement insouciante, quand même », décréta-t-elle en soupirant. Il la pensait si peu prudente? Juliann insista pour la ramener à la maison. À nouveau, elle secouait la tête. « Non, si tu me soulèves, tu me feras mal à ma cicatrice », l'avertit-elle, un sourire en coin. Mais sachant très bien qu'il la suivrait jusqu'à la maison, même si elle le refusait, elle hocha la tête. « On a qu'à marcher ensemble, de toute façon on habite dans la même direction... » Ça lui donnait donc l'impression qu'elle n'était pas restreinte à rentrer à la maison, mais qu'ils profiteraient d'une balade tous les deux, ou plutôt tous les trois. « Mais je tiens la laisse », dit-elle en tendant la main. « Et tu peux me donner la main de ma main libre... »

« Pour l'instant. » Réponds-tu en même temps qu'elle sans le savoir. Ce n'est pas parce qu'elle supporte bien la douleur pour l'instant que ça veut dire que ce sera le cas durant tout le temps de sa balade. C'était complètement inconscient de s'éloigner autant de chez elle et tu es persuadé que dans le fond, elle le sait. Aller contre les indications du médecin c'est juste bête mais tu ne peux pas réellement la blâmer alors que tu as fait de même, il y a quelques semaines, avec ton plâtre. Néanmoins, à tes yeux, les risques étaient moins importants qu'aujourd'hui pour la journaliste. « Là pour le coup tu as été irréfléchie. Des balades tu pourras en faire des tas lorsque tu seras rétablie mais pour l'instant, tu dois juste te reposer. Rien d'autres. » Dis-tu un peu plus doucement qu'auparavant même si la colère est encore visible dans ton regard. Tu n'es plus là pour veiller sur elle à présent alors tu aimerais que Nevaeh le fasse d'elle-même. Tu te sentirais plus serein en sachant cela. « Je trouverai bien une solution pour ne pas te faire mal. » La défies-tu avec un sourire au coin des lèvres. Pour t'assurer qu'elle rentre chez elle, tu es prêt à user de tous les stratagèmes et même les plus loufoques s'il le faut. Tu ne manques pas d'imagination. Quand la brune propose de marcher ensemble, puisque vous habitez dans la même direction, tu soupires mais finis par hocher la tête. Sachant que ta chienne ne tire pas sur la laisse comme une acharnée et donc, ne fera pas mal à Nevaeh, tu lui tends l'object sans hésiter. Tu pourrais presque détacher ton chien mais tu préfères le faire dans des endroits plus calmes, plus isolés. Elle écoute au doigt et à l'oeil mais un rien peut l'effrayer. Et avec le monde qui rode ici, autour de la plage, tu n'as pas envie de prendre le risque qu'elle s'échappe. Etonné de sa proposition, tu arques un sourcil mais ne te fais pas prier pour prendre sa main dans la tienne. « Tu me rends dingue Nevaeh. » Avec elle, tu peux passer d'une émotion à l'autre en quelques secondes à peine. Entre vous c'est passionnel et fusionnel, comme si vous étiez constamment sur des montagnes russes. Après quelques minutes de marche à peine, plus que prévu puisque tu as adapté ton pas à celui de la journaliste, vous arrivez devant l'immeuble de la jeune femme. Tu te tournes vers elle, sentant un pincement au coeur à l'idée de la quitter. « Promets-moi de prendre soin de toi, de ne plus faire d'actes irréfléchis comme aujourd'hui. » Demandes-tu avec plus de douceur dans la voix, l'inquiétude se lisant sur tes traits.

« Pour l'instant... », répète Nevaeh en soupirant. Oui, pour l'instant Et oui, elle sait qu'elle poussait un peu sa chance en prenant son bien comme une raison pour justifier sa sortie. Juliann utilisait le terme irréfléchi pour décrire la brune et son visage se ferma instantanément. C'était comme un coup dans son coeur, qu'il la trouve irréfléchie alors qu'il l'avait toujours regardé avec des yeux brillants. À présent, il la regardait avec colère et comme si elle ne savait pas prendre soin d'elle. Et ça lui faisait mal. Elle voulait de son regard doux, de celui qui était amoureux, de celui qui la trouvait si merveilleuse et non pas sans jugeote. « Je m'ennuie, Juliann », fit-elle d'une toute petite voix, les yeux vers le sol. « C'est facile, de dire que je dois me reposer et rien d'autres, mais j'en ai marre d'être à la maison toute seule, peux-tu le comprendre au moins? » Elle soupira en relevant les yeux vers lui. « Quand tu étais en convalescence, tu n'étais pas complètement seul. J'étais là. Et tu pouvais sortir, marcher, bouger... Je suis certaine que tu n'aurais pas tenu une seule journée dans ma condition... » Parce qu'il se supportait pas d'être pris au piège, d'être mis en cage et de se sentir impuissant. Même lorsque la brune avait voulu s'occuper de lui, de lui faire du bien, de lui faire l'amour de d'autres façon, il s'était imposé. Quand elle mentionna sa cicatrice qui lui ferait mal s'il la soulevait, Juliann la mit presque au défi de trouver une solution de rechange. Mais plutôt que de lui donner ce mal, Nevaeh proposa de marcher avec lui. Au moins, elle pouvait finir sa balade. Et lui pouvait s'assurer qu'elle était bien.

Il avait accepté. Encore heureux. Et il avait donné à Nevaeh la laisse de sa chienne qu'elle prenait plaisir à balader. De son autre main, elle avait attrapé celle de Juliann. Ce contact avait été électrisant, encore, comme la fois où il l'avait prise à l'hôpital. « Dingue de moi? », demandait-elle avec un sourire en coin. Avant, elle aurait sans doute fait un blague à double sens, elle aurait fait des allusions à ses envies qui n'avaient pas disparus. Seulement, à présent, elle ne pouvait plus. Ils n'avaient plus cette relation.

Devant son immeuble, Juliann s'arrêta. Son visage était devenu plus froid, plus triste. Et sa voix, maintenant plus douce qu'au départ, montrait son inquiétude. La brune secoua la tête, son coeur se serra. C'était elle qui lui faisait autant de mal? « Je te le promets », dit-elle. Il lui en avait fait la promesse, c'était le tour de la brune de se montrer raisonnable. Et quand elle sentit que Juliann allait quitter, elle ouvrit la bouche. « Je pense qu'elle a soif, il faudrait peut-être que tu montes pour que je lui donne un peu d'eau », fit-elle en adressant l'animal. « Et j'ai un peu mal », mentit-elle, « j'aurai besoin de toi pour les escaliers... »

Evidemment que tu peux comprendre son besoin de bouger, de prendre l'air et de voir du monde. Surtout qu'en plus de son opération, Nevaeh est confrontée à une peine de coeur immense. Tu le sais parce que tu es dans la même situation qu'elle. A l'exception que, toi, tu as ton métier pour te changer les idées. « Oui je comprends. » Dis-tu en soupirant. « Je l'aurais très mal vécu, c'est clair, mais moi je n'avais pas mal et je ne risquais pas grand chose... Toi, tu risques une infection ou que ta plaie se réouvre, c'est bien plus grave. » Une fracture à côté, ce n'est rien du tout. Surtout que ton bras était immobilisé alors ça ne t'empêchait pas de te déplacer ou de faire plein de choses. Cela les rendait simplement plus compliquées. Finalement, Nevaeh accepte que tu la ramènes chez elle même si elle ne le nomme pas de la sorte. Marcher ensemble jusque-là, ça revient au même pour toi. Glissant ta main dans la sienne, tu la laisses tenir la laisse de ton chien en sachant que tu ne prends pas trop de risques. « Oui, dingue de toi. » Dis-tu avec le même sourire en coin qu'elle. Les minutes passent bien trop vite et, déjà, vous êtes devant chez la journaliste. Tu ressens un énorme pincement au coeur à l'idée de la laisser mais elle t'a demandé de l'espace et du temps alors tu dois respecter sa demande, même si tu ne l'acceptes pas forcément et qu'elle est compliquée pour toi. Alors, avant de partir, avant de la laisser, tu lui fais promettre de prendre soin d'elle à présent. Tu ne veux plus la retrouver en plein milieu de la ville alors qu'elle doit se reposer et se ménager. Soulagé, tu hoches la tête quand elle t'en fait la promesse et t'apprêtes à partir, le coeur lourd. Mais voyant probablement le désarroi et la tristesse dans ton regard, l'Australienne te propose de monter pour donner à boire à ton chien. « Oui, ça lui fera du bien. » Confirmes-tu même si tu sais que c'est un prétexte pour te faire monter. Mais quand Nevaeh ajoute qu'elle a mal et besoin d'aide pour les escaliers, tu fronces les sourcils, ton visage marqué par l'inquiétude. « C'est parce que tu n'étais pas censée prendre les escaliers. » Dis-tu, les sourcils toujours froncés. Mais évidemment que tu vas l'aider à monter, si tu le pouvais, tu la soulèverais même jusqu'à son lit. Une fois à l'intérieur du bâtiment et à hauteur des escaliers, tu t'approches d'elle pour qu'elle puisse prendre appui sur toi. « Donne-moi la laisse et appuie-toi sur moi. » Expliques-tu en souriant faiblement.

Les deux situations n'étaient visiblement pas comparables. Il avait raison, Juliann. Nevaeh risquait une infection si la plaie s'ouvrait. Mais ça n'arriverait pas, parce qu'elle allait bien. La brune le sentait. Si elle n'avait pas été en état d'enfiler plus de deux pas, elle ne se serait pas rendue aussi loin. La vérité, c'est que Nevaeh, elle n'était pas si téméraire que ça. Elle était aussi une grande froussarde. Et elle détestait les urgences. Sans doute qu'à force de s'y rendre avec Woody, elle en avait créer une aversion. L'idée de devoir y aller pour une stupide infection à sa plaie la terrifiait. Elle n'était pas médecin, d'accord, elle ne savait pas combien de temps il fallait au corps pour récupérer d'une ouverture comme celle-ci. Cependant, il lui faudrait, un jour, reprendre le cours de ses activités. « Ne me parle pas comme si j'étais une enfant », demandait la journaliste en osant confronter le regard de son ex. Bien évidemment que Nevaeh comprenait les raisons des reproches de Juliann. Mais elle ne regrettait pas cette promenade. Et encore moins la main qu'elle lui demanda de glisser sa la sienne alors qu'ils marcheraient en direction de chez elle, ou, dans d'autres mots, qu'il la superviserait alors qu'elle rentrait à la maison. Pour elle, c'était une façon déguisée de pouvoir terminer sa balade sans passer une heure à se faire gronder par le pompier. Elle l'appréciait bien plus à ses côtés que contre elle. « Je ne t'exaspère pas? », demandait-elle tout de même, relançant le débat, alors qu'il disait être dingue d'elle. Nevaeh souriait, taquine, alors qu'ils regagnaient le chemin vers chez elle.

Et une fois arriver, elle aurait eu envie que le temps se fige. Ça avait été trop court. La douce sensation de la main de Juliann dans la sienne allait se rompre, il allait récupérer la laisse de sa chienne et disparaître. Peut-être s'enverraient-ils des sms plus tard en soirée pour se dire combien ils se manquaient, depuis leur rupture elle n'avait pas été en mesure de réellement couper le cordon. Et, pourtant, elle était en colère, triste et déçue, complètement en manque de confiance. Mais son amour était plus fort, il voulait transgresser toutes les trahisons et se trouver un chemin pour continuer à battre dans son coeur. Ça avait été trop court, Nevaeh ne pouvait le laisser filer ainsi. Rapidement, elle se trouva une excuse. De l'eau pour l'animal. Mais ça n'était pas suffisant. Il fallait plus. Et elle trouva la corde sensible. Mal. Avoir mal. Ce n'était pas vrai, mais sans ça il n'aurait sans doute pas accepté de monter. Elle le voyait, à son regard, qu'il se sentait étranger. Et, à vrai dire, c'était la faute de la brune. Elle n'avait de cesse de le repousser, de lui demander du temps et de l'espace. « On reprend l'argumentation? », demandait-elle taquine, s'agrippant à Juliann tel que demander pour gravir les escaliers.

Tout en haut, dans son appartement, la chienne, qui connaissait les lieux, se rua vers le tapis du séjour, arrachant un rire enjoué à la brune qui se tourna pour regarder Juliann et, coupable, fit mine d'avoir mal. « Euh, je veux dire, aïe? », fit-elle avant de sourire timidement à l'égare de l'homme. « Si je te disais que l'eau ET le mal, c'était un prétexte pour que tu montes avec moi... Tu m'en voudrais? », demandait-elle d'une petite voix angélique. « Tu n'es pas obligé de rester... Mais si tu en as envie, j'ai un reste de pizza et j'ai pas trop envie de manger seule... »

Ne me parle pas comme si j'étais une enfant. Ton regard croise le sien et immédiatement, il s'adoucit. Tu vois bien à quel point Nevaeh vit mal la situation, le fait d'être seule et isolée. Si vous étiez encore ensemble, les choses auraient été différentes, c'est certain. Tu n'aurais pas accepté ces gardes à répétition et tu aurais pris soin d'elle en lui redonnant confiance et en la consolant, quant à la perte de son ovaire. Car même si elle fait la forte, tu sais que la journaliste vit assez mal ce changement. « Désolé. » Dis-tu finalement en soupirant légèrement. Ta colère se dissipe quelque peu lorsque vous prenez le chemin retour, vers chez Nevaeh, main dans la main. Être en contact avec sa peau te fait toujours le même effet, c'est grisant et comme une énorme bouffée d'oxygène. Cela fait du bien, vraiment du bien, de pouvoir à nouveau la toucher. « Mmmh laisse-moi réfléchir. » Réponds-tu à sa question, en faisant mine de réellement y réfléchir. Alors que pourtant, la réponse s'est tout de suite dessinée dans ta tête. « Non, tu ne m'exaspères pas. Pas du tout. » Dis-tu enfin avec bienveillance et douceur. Evidemment, vous n'êtes pas toujours d'accord sur tout mais le contraire serait étonnant. Et puis, ce ne serait pas gai si vous ne pouviez jamais débattre, jamais confronter vos opinions. Bien que, la plupart du temps, elles se rejoignent tout de même. Arrivé chez elle, tu te sens réellement mal à l'idée de la laisser, sans savoir quand tu auras l'occasion de la revoir. Nevaeh doit le sentir, ou le voir à ton expression de visage, car elle te propose de monter pour donner à boire à ton chien. Et pour être sûre que tu acceptes, elle ajoute qu'elle a un peu mal lorsqu'elle monte les escaliers toute seule. Evidemment, elle sait qu'il ne t'en faudra pas plus pour que tu acceptes de monter. Même si, qu'on se le dise, tu aurais accepté peu importe l'excuse employée. La journaliste te manque et tout temps passé avec elle est bon à prendre. « Non, je m'arrête. » Réponds-tu en souriant quand elle te demande si vous reprenez l'argumentation à propos de son manque de réflexion en entamant cette balade. Une fois à l'intérieur de ton appartement, ta chienne ne prend pas longtemps avant de reconnaitre les lieux et de foncer vers le tapis du salon, ce qui arrache un rire franc à Nevaeh. « Tu es mauvaise comédienne. » Rétorques-tu en riant avant de lever les yeux au ciel lorsqu'elle t'avoue que tout cela était un prétexte pour te faire monter. « Non, je ne t'en voudrais pas parce que je sais depuis le départ que c'est un prétexte et ça ne m'a pas empêché de monter avec toi quand même. » Tu souris du coin des lèvres, avant de reporter ton attention sur ton chien qui, visiblement, se plait bien ici. « Tu me demandes vraiment si j'en ai envie ? » Demandes-tu en arquant un sourcil. La réponse est pourtant évidente à tes yeux. « Est-ce que tu veux que je fasse quelque chose pour t'aider ? Faire tourner une machine à laver, faire la vaisselle ou mettre pendre du linge ? » Toutes ces choses qui doivent être impossibles pour Nevaeh à présent, à cause de sa plaie et de la douleur causée par celle-ci. Tu n'oses pas vraiment aborder le sujet de la douche parce que la dernière fois, elle a refusé ta proposition. Mais celle-ci reste dans un coin de ta tête malgré tout.

Désolé. La voix de Juliann était plus tendre, plus douce. Un sourire vint se coller sur le visage de Nevaeh, hochant la tête à ses paroles d'excuses. Ils arrivaient finalement à retrouver un peu de la douceur d'avant. Ce n'était pas facile pour la brune, sa vie changeait du tout au tout sans qu'elle puisse réellement avoir un mot à dire ni même contrôler ce qui lui tombait sur la tête. Cette histoire entre Juliann et Pippa était venue tout chambouler. Non pas que la vie de couple de Nevaeh et du pompier, mais aussi leurs projets d'avenir. Dans son appartement reposaient toujours les vestiges de ce déménagement qui n'avait jamais eu lieu, finalement. Elle devait non seulement apprendre à vivre avec cet échec, mais aussi avec celui d'être une femme défectueuse, un organe en moins.

Heureusement, la conversation fut vite relayée. Et les reproches aussi. Main dans la main, ils se dirigeaient vers l'appartement de la brune. Elle profitait des dernières minutes de soleil sur son visage et lui s'assurait qu'elle arrivait toujours à marcher. Puis, plaisir coupable, elle tenait la laisse de la chienne de Juliann, petit geste du quotidien qu'elle ne pouvait s'accorder à présent. Avoir un animal, ça avait toujours été un rêve pour Nevaeh. Mais son métier ne lui permettait pas ce plaisir, trop souvent à l'extérieur pour s'occuper d'un être vivant qui avait réellement besoin d'un maître présent. Avant, elle profitait de la chienne du pompier pour combler cette envie qu'elle ne pourrait pas assouvir. À présent, tout était vide. Elle tendait donc la laisse, regardait l'animal avec sourire, alors que la conversation se dirigea vers un sujet qui, normalement, aurait dérivé vers leurs propres désirs. Dingue d'elle, c'est ce que Juliann disait. Mais, la question qui brûlait les lèvres de la brune, c'était plutôt de savoir si elle l'exaspérait. Il fit mine de réfléchir, elle le regarda inquiète et souffla quand il osa finalement répondre à la négative. « Même quand je ne t'écoute pas? », se risquait-elle en faisant une moue désolée.

Une fois à l'intérieur, tactique de l'eau et du mal qui avait fonctionné, Nevaeh n'arrivait plus à se cacher derrière son rôle de comédienne improvisée. Elle ne dupait d'ailleurs pas Juliann qui ne croyait pas une seule seconde à la fausse douleur de la brune. « Pourtant tu n'as jamais remarqué que je simulais les orgasmes », fit-elle en le regardant, taquine, alors qu'il déplorait ses talents d'actrices. C'était faux, complètement faux, elle n'avait jamais simulé. Pas avec Juliann. « C'était si évident? », demandait-elle alors que l'homme n'avait jamais cru à ses prétextes? Nevaeh affichait une mine déçue que son talent de comédienne soit si mauvais. Et elle espérait qu'il ne soit pas que monter pour la quitter aussi rapidement. Elle voulait le garder près d'elle encore un instant, un court instant. « Je ne sais pas, peut-être que tu as quelque chose d'important à faire.. Un rendez-vous ou.. Ou tu dois te rendre au travail. Enfin... Moi j'ai envie que tu restes, un peu.. », lâchait la journaliste pour se justifier, se dirigeant vers la cuisine pour remplir en bol d'eau pour la chienne. « Non... Ma mère est passé hier, elle a lancé une machine, fait la vaisselle, plié les vêtements.. Elle a même changé mes draps. La seule chose que je ne lui ai pas demandé, c'est de me laver. Ça me donne l'impression de redevenir une enfant.. Et ça me plait pas trop », criait-elle de la cuisine, elle qui avait besoin de se sentir indépendante de ses actions. On entendait la porte de réfrigérateur se refermer, elle ne se ménageait toujours pas, toujours debout.

Tout comme Nevaeh, l'idée d'avoir un chien à la maison t'a toujours séduit. Depuis tout petit, tu as le contact facile avec les animaux et pas seulement les animaux domestiques. C'est pour cette raison qu'une fois que tu seras trop vieux pour être pompier, tu espères pouvoir ouvrir un refuge. Aujourd'hui, tu te satisfais amplement de la présence de ton chien même si l'idée d'avoir un deuxième animal te trotte en tête depuis un moment déjà. « Quand tu ne m'écoutes pas tu m'agaces mais je n'en suis pas au niveau d'exaspération. » Rétorques-tu avec un sourire au coin des lèvres. Elle t'a mis en colère aujourd'hui, c'est évident, mais tu redescends assez vite surtout quand elle t'offre sa main jusqu'à chez elle. Son contact a quelque chose d'apaisant sur ton corps et ce, depuis votre rencontre. Elle a ce pouvoir que d'autres n'ont jamais eu jusqu'ici. Néanmoins, à contrario, vous partagez une relation très fusionnelle qui peut te faire monter dans les tours en quelques minutes à peine. Vous vivez sur des montagnes russes constamment. Malheureusement, en ce moment, vous êtes au plus bas, même si cette promenade à ses côtés représente une douce accalmie. Une fois chez Nevaeh, la jeune femme use de stratagèmes pour te faire rester. Mais qu'on se le dise, elle n'a pas besoin d'en faire autant, simplement te le demander aurait suffi étant donné que tu en crèves d'envie. Elle te manque atrocement alors chaque minute passée à ses côtés est une vraie bouffée d'air frais. Quand elle te fait remarquer que tu n'as jamais vu qu'elle simulait ses orgasmes, tu écarquilles les yeux, choqué, avant de repérer ses traits taquins. « Retire ce que tu as dit... » Ordonnes-tu tout en gardant un air malicieux sur le visage malgré tout. Tu sais que c'est faux parce que son corps ne trompe pas. Son corps ne peut pas fainter aussi facilement, c'est impossible. « Pour te rassurer je peux dire que j'y ai un petit peu cru... » Dis-tu pour tenter d'enlever cette moue déçue de son visage. Quand Nevaeh te propose de rester, tu lui fais comprendre que tu n'attendais que ça, qu'elle te le demande, et donc que, forcément, tu ne pouvais pas refuser. Même si c'est difficile de se retenir de la toucher, de l'embrasser, tu es prêt à faire tous les efforts possibles pour rester un peu à ses côtés, le temps de quelques heures. « Je reviens du travail là. J'voulais juste faire une courte promenade pour mon chien et aller me coucher. Mais je préfère nettement passer du temps avec toi. » Tu te reposeras plus tard, peu importe. « Encore cette histoire de douche ? Nev, laisse-moi t'aider... Ton corps n'a plus de secrets pour moi, je le connais par coeur et je m'en fiche que tu aies une cicatrice. » Dis-tu, les sourcils froncés. Tu ne vas pas vraiment lui laisser le choix. Tu sais que ça lui fera du bien, de sentir le jet d'eau chaud sur sa peau. Alors tu veux qu'elle en profite même si pour ça tu dois rester dans la douche tout habillé à côté d'elle.

C'est comme si la colère de Juliann s'était dissipée aussi rapidement qu'elle était arrivée. Comme si la main de Nevaeh avait été un pansement à ses irritations. Entre eux, ça avait toujours été ça.. Enfin, avant leur séparation. L'un comme l'autre, ils avaient eu ce pouvoir calmant, apaisant, qui contrôlait toutes les tempêtes. Seulement, la tempête que Juliann avait lancé en lui mentant, en lui cachant qu'il avait couché avec Pippa alors qu'il lui avait promis le contraire, elle n'arrivait pas à être tempérer. Pas aussi facilement, du moins. Elle s'apaisait, par moment, comme là, alors que la main de la brune était dans celle de son ex, mais un mot suffisait pour la refaire s'énerver. Ce moment d'accalmie, Nevaeh voulait en profiter. La balade n'avait pas été assez longue. Elle en voulait un peu plus. Peut-être qu'elle était exigeante, au fond, ou même demandante, mais la présence du pompier lui manquait. Elle prétexta un besoin d'hydratation de l'animal et un mal à sa cicatrice pour le faire monter à l'étage. Mais, évidemment, Juliann n'y cru pas une seule seconde, la qualifiant même de mauvaise actrice. Ce à quoi, Nevaeh s'empressa de répondre à la blague, comme ils en avaient l'habitude. « Jamais », fit-elle en secouant la tête, la langue tirée, un fou rire retenu alors qu'il lui demandait de retirer ce qu'elle avait dit : c'est-à-dire, avoir feinté l'orgasme avec lui. Puis, il avouait l'avoir un peu cru, sans doute que c'était la partie douleur qu'il avait cru, se disant qu'il avait eu raison de la gronder. « Je n'ai pas vraiment mal », fit-elle pour le rassurer avant de lui proposer de la pizza.

Peut-être avait-il quelque chose de prévu? Ils n'étaient plus ensemble, il n'avait pas l'obligation de rester à ses côtés pendant sa convalescence. De plus, il avait repris le boulot, ce qui voulait dire qu'il devait soit s'y rendre, soit reprendre son sommeil. D'autant plus qu'il avait confié à la brune avoir accepté plus de garde pour se changer les idées. Ses horaires n'étaient pas stables, Nevaeh n'arrivaient pas à les apprendre par coeur et Juliann devait être crevé. Il en avait l'air, d'ailleurs, ses petits yeux le trahissaient. « Raté... », souffla Nevaeh quand le pompier lui mentionna qu'il avait prévu faire qu'une courte balade avec son chien et retourner au lit par la suite. « Tu n'es pas obligé de rester longtemps.. », fit-elle en haussant les épaules, lasse, avant de se diriger en cuisine où elle entreprit de remplir un bol d'eau pour la chienne et de faire chauffer la pizza. De là-bas, elle haussait la voix pour permettre à Juliann de bien l'entendre. « C'est justement ça, le problème, tu le connais par coeur... » La barrière de la distance lui plaisait bien, à présent, il ne pouvait pas voir la gêne sur son visage et la frustration de ne pas arriver toute seule à se doucher. Presque trente ans et infirme... Elle revint au salon les mains pleines, bol d'eau et grande plaque de bois où elle avait reposé les parts de pizza restantes. Elle marchait à sa vitesse de tortue, la cicatrice l'obligeait, jusqu'à rejoindre le canapé. « J'ai pas envie que tu me vois comme ça.. », reprit-elle. Sa voix se brisait. Elle était horrible. Charcutée. Elle ne voulait pas que la première fois qu'il la verrait de nouveau nue, ce soit comme ça, dans ces circonstances, nue dans une douche, incapable de se laver toute seule..

Un moment hors du temps, c'est ce que Nevaeh semble prête à t'offrir en cet instant. Pour l'instant tu sais qu'elle n'est pas encore prête pour reprendre votre histoire où vous l'avez laissée et, dans le fond, tu ne sais pas si elle s'en sentira prête un jour. C'est pour cette raison que tu es bien décidé à profiter de ce moment, de tous ces échanges de regards et ces taquineries. « Tu as de la chance d'être convalescente... » Sinon tu l'aurais probablement poursuivie dans tout son appartement pour la chatouiller, d'abord, puis pour la plaquer contre son lit et lui montrer qu'avec toi, elle ne peut pas simuler. Tu sais que c'est faux mais ton égo d'homme en prend un petit coup malgré tout. « Pas vraiment ça veut dire un peu quand même ? » Demandes-tu, à demi-rassuré. Tu ne seras jamais totalement rassuré ou du moins, pas tant que la journaliste ne sera pas rétablie. Pour l'instant, tu veux juste qu'elle se ménage et qu'elle prenne le repos nécessaire pour se remettre d'aplomb au plus vite. Finalement, tu acceptes de prendre un morceau de pizza avec la jeune femme même si, au départ, ton programme n'était pas celui-là. Revenant du travail, tu comptais t'effondrer dans ton lit après une courte balade pour ton chien. Mais le programme que t'offre Nevaeh est bien plus intéressant et tu ne te sens pas du tout obligé de rester comme elle semble le croire. « Je sais mais j'ai envie de passer du temps avec toi. » Beaucoup. Enormément. Un maximum. Tout ce qu'elle pourra t'offrir. Et si ça peut te permettre de l'aider au passage, c'est encore mieux. C'est pour cela que tu lui proposes de ranger son appartement, de faire sa lessive ou toute autre tâche qui lui semble impossible aujourd'hui. Malheureusement pour toi, sa mère est déjà passée par-là et a exécuté toutes les tâches possibles à une exception près. Une exception réfutée par Nevaeh et qu'elle refuse encore avec toi. « Et alors ? » Demandes-tu quand l'Australienne affirme que connaitre son corps par coeur est un problème. Quand elle revient au salon, tu l'aides à se décharger de tout ce qu'elle a dans ses mains avec un regard désapprobateur. Elle ne devrait pas porter autant et elle devrait te laisser faire, surtout. Après t'être emparé du bol d'eau, tu le déposes au sol, dans un coin pour que ton chien puisse venir se servir. « "Comme ça" comment ? Vulnérable ? Blessée ? Changée ? J'ai envie de passer ma vie avec toi Nev, si tu acceptes que je fasse partie de la tienne, j'te verrai forcément comme ça un jour ou l'autre. Laisse-moi être là pour toi... » Dis-tu en fronçant légèrement les sourcils avant de te poser à nouveau sur le canapé à ses côtés.