teardrops on my face, let it wash away my sins (nevann)

« Sinon quoi? », le défiait-elle presque du regard. Oui, c'était un moment de pause sur leurs tirades qui n'avaient de cesse de les détruire, actuellement. Cette plaisanterie s'apparentait plutôt à ce qu'ils avaient l'habitude de vivre ensemble avant que le mensonge ne vienne teinter leur relation. Et c'était, au fond, ce dont Nevaeh avait besoin : une pause. Une trêve. Un moment hors du temps, hors de la réalité. Parce qu'elle faisait la forte, la fière, celle qui n'avait pas besoin qu'on vienne l'aider, qu'on s'occupe d'elle, mais, au fond, même si jamais elle n'oserait l'avouer, elle n'y arrivait plus toute seule. Physiquement, elle n'arrivait plus à s'occuper d'elle sans aide. Mentalement, elle se sentait complètement isolée et coupée de la réalité. Et tout ça pour une foutue incision qui prenait place sur son bas ventre et qui lui arrachait des tortillements de douleur quand elle en faisait trop. Pour le moment, la douleur était contrôlée. Sans doute que les anti-douleurs faisaient le plus gros du travail. Alors, lorsqu'elle avait mentionné qu'elle avait besoin de Juliann pour accéder à l'étage, ça n'avait été qu'un stratagème. Pourtant, le pompier ne semblait pas convaincu que sa belle ne soit pas en réelle douleur. « Pas vraiment comme dans pas du tout », répétait Nevaeh pour le rassurer. « Je vais bien, Juliann. » C'était son mental qui n'allait pas. Mais, ça, elle ne l'avouerait pas. Il avait seulement parlé de sa douleur physique. Sans lui mentir, elle lui répondait. Pour le reste, il faudrait creuser s'il voulait tout savoir. Cependant, sans l'avoir dit avec des mots, Nevaeh souhaitait réellement profiter de ce moment comme une pause à leurs désespoirs. Et parler de sa solitude, ce n'était pas une réelle façon de s'accorder une pause.

Heureusement, les intentions de Juliann semblaient être les mêmes que ceux de la brune : passer du temps avec elle, sans complications, sans disputes, sans reproches. Et elle était prête à mettre pause sur leurs argumentions. « J'en ai envie aussi », avouait la journaliste avec une petite voix timide. Beaucoup. Énormément. Un maximum. Malgré la douleur et la rancune, il lui manquait. Et c'était bien ce qui rendait les choses compliquées entre eux. Lorsque Félix l'avait trompé, lorsqu'elle l'avait vu avec sa secrétaire, elle n'avait pas ressenti la même chose. Il y avait eu de la trahison, de la colère, de la rancune, mais sa décision était claire : elle ne voulait plus le revoir. La haine prenait le dessus. Mais Juliann.. Il était vital à sa vie. Comment donc était-elle supposée le rayer aussi facilement, oublier leur histoire aussi rapidement? Elle n'y arriverait pas, même avec toute la volonté du monde. Et c'était tant mieux pour Juliann, c'était tout à son avantage.

Elle s'était donc dirigée en cuisine pour tout préparer : bol d'eau et pizza réchauffée. De la pièce, elle réfutait gentiment les propositions de Juliann. S'il s'était proposé plus tôt dans la semaine, il aurait pu lui apporter toute cette aide, sans doute. Mais la mère de la brune était passée la veille avec la même idée. Le seul coup de main qu'elle ne lui avait pas rendu, c'était cette douce qu'ils avaient déjà aborder, Juliann et elle. Douche qu'il se proposa à nouveau pour lui offrir. Et qu'elle refusa, pour la seconde fois. Et alors?, disait-il. Elle soupirait, toute seule, dans la cuisine avant de revenir près de lui, les bras chargé. Et le visage de désapprobation de Juliann la fit sourire en coin. Il l'aida d'ailleurs à se décharger les mains, posant le bol d'eau dans un coin du salon. La chienne s'y dirigea, faisant sourire Nevaeh qui avait utiliser cette excuse aussi comme stratagème pour le faire monter. La chienne avait sans doute réellement soif, mais Nevaeh préférait se laisser croire qu'elles étaient toutes les deux complices. Se retournant vers Juliann qui prenait place près d'elle, la brune ferma les yeux alors qu'il prononçait une phrase qui lui faisait autant de bien que de mal. J'ai envie de passer ma vie avec toi. Elle tourna le regard, attrapa une part de pizza et y croqua pour faire passer l'émotion. « Charcutée », finit-elle par lui dire. Elle ne voulait pas qu'il la voit comme ça, comme tout ce qu'il avait dit et encore plus. Elle voulait qu'il garde des souvenirs d'elle de femme forte, solide sur ses pieds, indépendante, belle et séduisante, attirante, bandante. Mais avec la cicatrice qu'elle arborait comme un uniforme à présent, elle ne se sentait plus rien de tout ça. « Je veux que tu sois là pour moi... », le rassura-t-elle. « Mais, ça, ça me gêne... » Elle soupira, baissant les yeux. « Je dois cependant avouer que ça me ferait du bien de me laver vraiment... et pas que de me laver au linge de toilette... Ça me manque de sentir l'eau chaude sur ma peau... »

Tu arques un sourcil alors que ton regard s'illumine de malice à la question de Nevaeh. « Sinon je t'aurais poursuivi à travers tout l'appartement jusqu'à ce que je t'attrape. Je t'aurais portée jusqu'à ton lit pour te montrer que tu ne peux pas simuler avec moi. Je t'aurais d'abord fait jouir avec ma langue puis avec ma queue. » C'est cru, comme toujours, mais ça décrit parfaitement la situation. Et même si vous n'êtes plus ensemble et que Nevaeh est convalescente, tu sais que tes mots vont l'enflammer. Mais même si son désir grimpe en flèches, tout comme le tien, vous ne pouvez malheureusement pas laisser parler vos corps. La journaliste assure qu'elle va bien, qu'elle n'a pas mal mais une part d'inquiétude persiste dans ton esprit malgré tout. L'opération qu'elle a subie n'était pas petite ou sans risques et l'Australienne ne s'est pas ménagée aujourd'hui, avec cette balade. Alors tu veux rester prudent et qu'elle rentre chez elle au plus vite pour se reposer. Mais même une fois chez elle, Nevaeh n'en fait qu'à sa tête en se chargeant bien trop les bras. Tu la débarrasses rapidement de l'eau pour ta chienne avant de prendre place à ses côtés sur le canapé du salon. Là, tu t'empares d'une part de pizza en même temps que la journaliste. « Arrête d'employer ce mot, ce n'est pas comme ça que je te vois. » Cette plaie n'enlève rien à sa beauté, à ce corps que tu désires du plus profond de ton être. Pour toi, cela ne change rien du tout si ce n'est que tu dois te montrer plus prudent lorsque tu la touches. Mais ça, ce sera facile étant donné que tu n'as plus vraiment le droit de la toucher. « Tu es gênée que je vois ta plaie ou gênée que je te vois nue alors qu'on n'est plus ensemble ? » Oses-tu demander en fronçant légèrement les sourcils. La deuxième solution ferait bien plus mal que la première, à entendre, mais si c'est le cas, tu peux le comprendre. Il est vrai que les choses sont très différentes aujourd'hui. Néanmoins, tu te sens un peu soulagé lorsque la brune avoue que ça lui ferait du bien de prendre une douche. C'est qu'elle n'est pas totalement dégoûtée à l'idée que tu la voies nue et ça, c'est une bonne chose. « Alors laisse-moi faire... je serai doux, je te le promets. » Demandes-tu en l'implorant du regard. « Tu te sentiras mieux après ça. De la pizza et une bonne douche, tu seras une nouvelle femme après. » Plaisantes-tu.

« Oh ! » C’était foudroyant. C’était parti de ses orteils jusqu’à dans son bas ventre. Un chatouillement qui lui donnait envie de se tortiller de désir persistait alors qu’elle avait chaud. Et tout ça, c’était pour cause des mots de Juliann. Crus, expéditifs, mais ô combien excitants. Même s’ils n’étaient plus ensemble à ce jour, le pompier avait gardé son pouvoir de charme sur elle. Nevaeh en était d’ailleurs prisonnière pour, sans doute, le reste de ses jours. Il aurait cette emprise et cet effet sur son corps des années encore. La brune haussa doucement les épaules, après avoir passer sa langue sur ses lèvres. « Nous ne saurons jamais », lâchait la journaliste avec une pointe de malice, laissant tout de même planer qu’elle était en mesure de simuler, alors que c’était totalement faux, et que les mots de Juliann ne l’avaient pas mis dans un état d’excitation qui lui commandait d’arracher ses vêtements et de se ficher de cette plaie qui commençait à lui pourrir la vie.

Dans la cuisine, elle out contrôler ce désir grandissant au loin du regard de Juliann. C’est qu’il ne l’avait pas suivi jusqu’au frigo, laissant donc une minute à la brune pour souffler son excitation et réapparaître dans le séjour, les mains bien chargées. A cet instant, Nevaeh eu droit au regard réprobateur du pompier qui débarrasse ses mains, posant le bol d’eau pour sa chienne dans un coin de la pièce. Son regard était vieux comme le monde. Juliann ne savait-il toujours pas que Nevaeh était têtue, et sans doute même autant que lui? Lui demander d’en faire moins, c’était impossible. Et l’histoire de la douche, elle, fut encore d’actualité. Avec émotion, elle lui confia qu’elle n’avait pas envie qu’il la voit comme ça. « Pourtant, c’est comme ça que je me sens... » On l’avait ouvert, là où elle se sentait femme, là où la langue de Juliann avait l’habitude de passer avant de dériver vers l’antre de son intimité. On l’avait ouvert et dépouillé de ce qui était important chez les femmes, un organe pour la fertilité, un organe pour enfanter. Elle ne se sentait plus elle, plus femme, plus normale. Mais ça, Juliann ne pourrait jamais le comprendre. Et elle ne lui demandait pas de le faire non plus. Elle se contentait de hocher la tête et de lui confier qu’elle avait envie d’accepter son aide, mais que cette aide-là la gênait. « Un leu des deux », commençait-elle. « Ça ne me plait pas que tu vois cette plaie, qu’elle vienne brouiller la façon dont tu me regardais avant... Avec désir et sans me ménager. A présent, même sans le vouloir, il y aura une once de tristesse et de compassion dans ton regard. » elle n’ajouta pas la suite de sa pensée, mais dans ses gestes, s’ils venaient à faire de nouveau l’amour, il y aurait aussi un changement. Plus de baiser sur cette partie de son corps, beaucoup moins de fougue qu’a avant. Et ça, ça lui déplaisait. « Il y a aussi cette partie de moi qui est mal parce que nous ne sommes plus ensemble et que... Et que je t’aime toujours... Et que ça ne tue que tu ne puisses plus me toucher », avoua-t-elle avec beaucoup d’humilité. Juliann se montra cependant bien convainquant. Et après avoir croqué une seconde fois dans sa pinte de pizza, Nevaeh hocha la tête. « Ok. C’est d’accord. »

Son oh résume parfaitement ce qui est en train de se passer entre vous, à cet instant précis. Ce courant électrique qui traverse tout votre corps. Celui-ci est le signe que le désir que vous éprouvez l'un pour l'autre n'a pas disparu, après votre rupture. Tu es persuadé que tu la désireras toujours, peu importe le temps qui passe et si la distance s'installe entre vous. « Eh non... » Réponds-tu avec le même air malicieux que la brune. Tu préfères rester sur une note légère même si, dans le fond, tu sens une pointe au niveau de ton coeur, à l'idée de ne plus jamais pouvoir la toucher, de ne plus jamais pouvoir lui faire l'amour. Mais tu laisses celle-ci se tasser dans un coin pour garder la magie et la légèreté du moment. Ces moments-là sont devenus trop précieux, trop peu fréquents. Une fois dans le salon, tu laisses bêtement Nevaeh se charger d'aller chercher l'eau et la pizza. Alors, quand elle revient les mains chargées, tu t'en veux de ne pas l'avoir aidée et tu lui en veux de s'être chargée autant. Mais ton corps désapprobateur s'efface rapidement quand elle te fait part de son sentiment, suite à son opération. Elle ne se sent plus désirable et ça te tue parce que tu n'as jamais désiré quelqu'un autant qu'elle. Si seulement elle pouvait lire dans ton esprit, ce serait beaucoup plus simple. « Je pense que c'est un sentiment légitime après ce que tu as vécu mais mets-toi dans la tête que ce n'est pas parce que tu te perçois comme ça que c'est mon cas. » Bien au contraire. Tu la vois toujours comme cette femme désirable, merveilleuse, sexy, bandante. Cette plaie n'effacera ni tes sentiments ni ton désir. La voir vulnérable et affaiblie ça fait partie de votre histoire. Même si vous n'êtes plus ensemble aujourd'hui, toi, tu es prêt à la voir dans tous les états possibles et inimaginables. C'est aussi ça, une vie de couple. Bien que vous n'en soyez plus. « Tu verras peut-être de la peine dans mon regard mais c'est simplement parce que je n'aime pas que tu sois malheureuse. » Tu as envie de prendre toute sa peine, toute sa douleur et de les faire tiennes pour qu'elle en soit débarrassée. Tu baisses légèrement les yeux, l'espace de quelques secondes, quand elle t'avoue que ça la tue que tu ne puisses plus la toucher. Toi aussi, ça te tue, si elle savait. « Je te l'ai dit Nev, c'est toi qui fais les règles. Si tu veux que je te touche, je le ferai. Si tu ne veux pas, je ne le ferai pas. » Expliques-tu avant de terminer ta part de pizza presqu'en même temps que Nevaeh. « Si c'est trop pour toi tu me le dis et on arrête tout de suite, ok ? » Tu veux qu'elle sache que tu ne l'obliges à rien. Alors, sans réfléchir, tu te lèves et lui tends la main pour qu'elle te suive jusqu'à la salle-de-bains.

Nevaeh avait envie de lui. Tout son corps avait envie de lui. Il n'avait eu qu'à prononcer que quelques mots, à laisser miroiter les images de leurs corps unis pour que le désir reprenne comme un feu de forêt qui se déchaînait et brûlait tout sur son passage. Nevaeh était incendie, brûlante et fiévreuse. Et, malheureusement, elle ne pouvait se résoudre à se satisfaire. Parce qu'elle était brisée. Parce qu'ils n'étaient plus ensemble. Parce qu'elle tentait de lui montrer qu'elle n'avait pas besoin de Juliann. Et pourtant, c'était tout faux. Besoin de lui, elle en avait besoin comme on a besoin de respirer. Elle aurait aimé pouvoir lui dire avec des mots toute la peine qu'elle avait, lui expliquer exactement comment elle se sentait paradoxalement contradictoire avec cette envie de ne plus jamais le laisser repartir de son appartement. Une vie à deux, c'était ce qu'ils avaient voulu construire. Et elle s'était laissé prendre par l'appât de cette merveilleuse idée. Les boîtes au milieu de son séjour pouvait en témoigner d'elles-mêmes. Emménager chez lui, ça n'était pas un jeu. Elle l'avait réellement envisager. Mais, à présent, la journaliste ne vivait qu'avec le sombre et douloureux souvenir de sa visite chez Pippa qui s'était transformée en enfer.

Pour se calmer, la brune avait eu besoin de la solitude de la cuisine. Ses joues avaient sans doute pris une couleur trop rosée pour laisser croire qu'elle avait tout simplement chaud pour cause de la météo. C'était plutôt la réaction de son corps devant les avances de Juliann. Et elle avait bien peur que même dix ans plus tard, son corps ait toujours les mêmes réactions. Elle l'avait dans la peau, dans le sang, c'est bien pour cela que la séparation lui faisait aussi mal. Elle avait été contre son gré. Et ce n'était pas un manque d'amour, c'était plutôt le résultat d'un manque de confiance venant d'un mensonge trop longtemps entretenu.

Lorsque Nevaeh fit apparition dans le séjour, son visage avait repris des couleurs acceptables. Elle avait posé la plaque de bois qui accueillait la pizza sur la table basse du salon, prenant place près de Juliann. Trop près. Son coeur s'était remis à battre à tout rompre. C'était sans doute aussi un peu parce qu'il tentait aussi bien que mal de faire comprendre à la brune qu'à ses yeux, elle n'était pas moins magnifique que des semaines en arrière. Nevaeh lui sourit faiblement. « C'est gentil.. », réussit-elle à articuler. Ça ne changeait pas comment elle se sentait, mais il était adorable de tenter de la rassurer. La question de son corps et de sa beauté ne se posait que parce qu'elle refusait qu'il la voit nue, la cicatrice sur son corps qui serait le point central du regard de Juliann alors qu'il la redécouvrirait pour la première fois depuis leur rupture. Et sans le regard de l'homme, il y aurait aussi effectivement de la peine. « Je ne veux pas que tu sois triste pour moi », soufflait-elle en cherchant les mains du brun. Doucement, elle vint caresser ses jointures avec tendresse. Il lui manquait. Il lui manquait terriblement. Et elle avait envie de l'embrasser. « Je ne sais pas ce que je veux. Et je n'ai pas envie de jouer avec toi... », admit-elle avec déception dans sa voix. Elle avait envie de lui, de sa chaleur, de ses baisers, mais elle ne savait pas encore si elle pouvait lui promettre de le retrouver comme avant. Parce que son coeur brûlait encore de douleur.

Pour l'instant, elle n'y pensa pas plus. Juliann se montrait rassurant, lui demandant d'essayer, tout simplement, et d'arrêter si elle ne s'en sentait plus capable. Elle hocha la tête, se laissant guider par la douce main de l'homme jusqu'à la salle de bain où il referma la porte derrière eux. Nevaeh attrapa le noeud dans ses cheveux pour les remonter dans un chignon imparfait à la cime de sa tête, se retournant dos à Juliann. « Je préfère rester de dos... », lui murmurait-elle. Du moins, pour l'instant. De dos, on ne verrait que sa chute de reins, la naissance de ses fesses, ses cuisses qu'il connaissait déjà par coeur. Rien de différent à leur habitude, rien de nouveau, pas de trace de cet opération qu'elle redoutait tant. Nevaeh attrapa le bas de sa robe, la relevant et la laissant tomber au sol. « Peux-tu dégrafer mon soutif? », demandait-elle, la voix tremblante, un mélange d'envie de lui et de tristesse.

Difficile de ne rien laisser paraître quand l'objet de tous tes désirs est devant toi. Difficile de faire comme si ça ne t'atteignit pas, de ne pas pouvoir la toucher comme avant, de ne pas pouvoir te comporter comme avant, alors que tu en crèves d'envie. Mais tu décides de mettre tes sentiments de côtés parce que Nevaeh a besoin de toi aujourd'hui et que c'est ta faute si vous en êtes là. Tu es le seul fautif dans cette histoire, c'est toi qui l'a trahie, toi qui a menti. Tu ne le faisais pas forcément consciemment et volontairement mais ça n'enlève rien à ton mensonge. Alors aujourd'hui tu mets tout en oeuvre pour prendre sur toi et pour rendre ce moment aussi beau, aussi léger, que possible. Tu sens que vous en avez tous les deux énormément besoin. Malgré tout, tu vois bien que tes tentatives pour lui redonner confiance en elle sont vaines. Tu vois bien qu'elle entend tes mots mais ne les acceptent pas. C'est sans doute trop tôt, il va lui falloir un petit temps pour se remettre de cette opération et de cette perte. Il faut que la journaliste accepte que son corps a changé. « Tu le serais aussi si les rôles étaient inversés, si c'est moi qui sortais d'une opération et qui étais confronté à un changement. » Dis-tu en haussant les épaules. C'est ce que vous faites tous les deux, vous vous faites du souci l'un pour l'autre parce que ça compte. Parce que vous êtes, l'un pour l'autre, le centre de votre univers. Ton regard se pose pendant quelques instants sur vos mains qui se joignent, un geste à la fois tendre et douloureux. Tu voudrais plus, tellement plus. Mais c'est tout ce que tu peux avoir, en ce moment, visiblement. « Je sais que tu ne veux pas jouer avec moi et je sais que tu ne le feras pas. Je veux simplement être là pour toi, à tous les niveaux. » Si Nevaeh a besoin de tendresse, d'être désirée, embrassée ou encore caressée, tu es prêt à lui apporter tout cela. Même si pour ça, tu dois y laisser quelques plumes. Après avoir gagné l'approbation de la journaliste, tu l'emmènes avec toi jusqu'à la salle-de-bains, refermant la porte derrière vous. « D'accord. » Réponds-tu simplement quand l'Australienne t'explique vouloir rester de dos. Quand elle retire sa robe, tes yeux se perdent sur sa chute de rein et sur sa peau que tu aimerais pouvoir embrasser. Mais à la place, tu t'avances d'un pas pour venir retirer son soutien-gorge, comme elle le demande. Habilement, tu retires celui-ci avant de le laisser retomber au sol. De l'endroit où tu es, tu descelles les mamelons de ses seins, fièrement dressés. « J'ai envie d'embrasser ton cou... » Murmures-tu à son oreille après t'être inconsciemment rapproché d'elle.

Cette présence était tout aussi douloureuse qu'apaisante. Et Nevaeh ne pouvait s'en prendre qu'à elle. Elle l'avait invité à la raccompagner, elle l'avait incité à monter à l'étage, elle avait lancé les moqueries sur ses orgasmes. La fautive de cette douloureuse, mais à la fois douce, présence, c'était elle. Certes, Juliann était l'investigateur de la cassure de leur union, certes il avait menti et trahi la brune, cependant les cartes étaient et avaient toujours été entre les mains de Nevaeh. Elle avait fait le choix de poursuivre une relation avec Juliann, sachant très bien qu'il avait cette tendance à aimer les possibilités, elle avait fait le choix de ne pas mettre fin à leur relation même si elle ne lui convenait finalement pas - elle qui aurait souhaité plus d'exclusivité, elle avait fait le choix de lui faire confiance. S'ajoutait à ça la présence de l'homme aujourd'hui chez elle qui venait tourner le couteau dans la plaie de sa douleur. Au final, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle.

Pourtant, les mots de l'homme étaient doux, bienveillants. Ils se voulaient rassurant. Évidemment, Juliann n'avait pas réussi à convaincre Nevaeh que son corps n'était pas horrible suite à son opération, mais il avait tout de même apaisé les tensions. Ce qu'elle ne voulait absolument pas, c'était de voir de la pitié dans le regard de son ex s'il avait à reposer ses yeux sur son nouveau corps. De la pitié et, surtout, de la tristesse. Mais Juliann marquait un point : si les rôles avaient été inversés, la tristesse se serait lu dans les yeux de la journaliste. C'était comme ça qu'ils étaient, tous les deux, ils s'aimaient malgré leur rupture, le bien être de l'autre était plus important que le leur. Et pour ça, ils s'étaient vraiment bien trouvé. « Oui, je serais sans doute triste moi aussi », fit-elle en hochant la tête, s'avouant vaincue. Mais elle reprit l'argumentation. « Mais tu n'as pas à être triste pour moi, ma vie n'est pas terminé, je ne suis pas mourante... » Sa faculté à avoir des enfants comme n'importe quelle autre femme, elle, était à demi éteinte, oui. Mais Nevaeh, elle pouvait encore vivre. Et, de toute façon, elle lui avait déjà dit : à quoi bon avoir des enfants s'il n'était plus dans sa vie?

« C'est plutôt notre rupture qui me rend triste... », murmurait-elle presque pour elle-même. Elle avait besoin de Juliann. Encore plus à présent. Et, même s'il lui avait proposé son aide, elle ne se sentait pas comme si elle le méritait. Ils étaient séparés à présent, elle ne savait pas si elle pourrait lui accorder son pardon un jour. Nevaeh ne voulait certainement pas jouer avec les sentiments de l'homme, encore moins avec son coeur, si elle ne savait pas où elle se situait dans sa propre tête. « Commençons par une douche, on verra pour le reste... », accorda la brune avec douceur, se laissant convaincre que la chaleur de l'eau lui ferait du bien.

La porte se referma dans la salle de bain. Nevaeh se retourna, tournant le dos à Juliann. Honteuse, elle préférait garder sa blessure encore secrète quelques minutes. Sa robe vint s'écraser au sol, laissant son corps nu seulement vêtu de ses sous-vêtements devant le regard du pompier. Elle réquisitionna l'aide de l'homme pour retirer son soutien-gorge alors qu'elle fit glisser sa culotte contre ses jambes. Sur sa peau, Nevaeh sentait la respiration de Juliann. Il était près d'elle, si près, tellement qu'elle aurait pu retourner sa tête pour l'embrasser. Mais elle ne le fit pas. Elle baissait simplement ses yeux vers le carrelage du sol, tentant de contrôler sa propre respiration qui s'accélérait jusqu'à disparaître lorsqu'il lui murmurait son envie. Elle en avait envie, elle aussi, son bas ventre venait de s'enflammer. Mais son coeur, lui, saignait encore. Pour contrôler les larmes qui montaient sans préavis à ses yeux, Nevaeh ferma les paupières et pinça les lèvres, secouant la tête, refusant silencieusement qu'il s'approche plus près. Sur ses joues, deux larmes venaient d'y rouler, s'écrasant contre sa poitrine nue. Rapidement, la brune balaya sa tristesse, épongeant ses larmes à l'aide de ses doigts, et s'avança vers la douche. Elle se racla la gorge, sa voix brisée trahissait son émotion. « Tu dois éviter que le jet se pose directement sur ma plaie... », précisait-elle en attrapant le pommeau et en le tendant à Juliann, prenant toujours soin de ne lui montrer que le dos de son corps.

Cette rupture est sans aucun doute la rupture la plus douloureuse que tu aies connue jusqu'ici. Sûrement parce qu'il y a encore énormément d'amour entre vous. Vos sentiments n'ont pas changé, que du contraire. La situation est compliquée mais l'amour et l'attachement sont toujours là. Aussi fort que lorsque vous étiez encore ensemble. Alors partager des moments comme celui-ci est à la fois bon et douloureux. Bon parce que vous avez ce besoin de passer du temps ensemble et douloureux parce que la distance qui s'est installée est insupportable. Sans doute que ce n'était pas une bonne idée de monter dans son appartement, son coeur étant encore trop meurtri par ton mensonge. « Bien sûr que non ta vie n'est pas terminée pour autant. Mais je sais que, même si tu fais bonne figure, ce changement te fait beaucoup de peine. » Expliques-tu en te passant une main dans les cheveux. « Mais ça ne veut pas dire que tout est perdu, au contraire. Tu peux encore avoir des enfants et je sais que tu feras une mère exceptionnelle. » Ajoutes-tu avec un sourire sincère. Tu n'as pas de doute quant à la faculté de Nevaeh d'élever des enfants et de les rendre heureux. Elle a énormément d'amour à donner et quand elle aime, elle aime corps et âme. Tu le sais parce que tu ne t'es jamais senti aussi aimé par quelqu'un que par la journaliste. Alors tu sais que ses enfants recevront autant d'amour que nécessaire et plus encore. « Je sais, cela me rend triste aussi. Tu me manques à chaque seconde. » Tu sais que ça ne changera rien à la situation de dire cela mais tu ne veux pas qu'elle pense que tu t'en sors mieux qu'elle. A chaque fois que tu rentres chez toi et que tu te retrouves seul, tu te sens anéanti. Plus seul que jamais. C'est pour cette raison que, maintenant que ton plâtre est retiré, tu vas te rabattre sur le travail et sur le sport. Cela te fera sûrement du bien de pouvoir penser à autre chose. Tu hoches la tête à sa proposition de commencer par une douche et de voir ensuite et la suis dans la salle-de-bains. Une fois là-bas, Nevaeh ne se retourne pas, bien décidée à cacher ce corps meurtri, changé par l'opération. Sauf que ce qu'elle ne veut pas comprendre c'est que voir sa plaie et plus tard sa cicatrice, ne changera rien à ton désir, à ton envie d'elle. Le simple fait de la voir nue, même de dos, ravive tous tes sens. Tu as envie de l'embrasser, envie de la toucher, envie de la caresser et tu ne te retiens pas pour lui dire alors que tu devrais. Quand elle secoue la tête pour te demander, silencieusement, de ne pas la toucher, tu sens ton coeur se briser en mille morceaux. C'est la première fois que tu es confronté à un réel refus de sa part et ça fait mal. Horriblement mal. Tu racles ta gorge et fermes les yeux quelques secondes pour contrôler ton émotion, toi aussi. Mais c'est difficile, vraiment difficile. « Je suis désolé, je n'aurais pas dû dire ça. » Dis-tu, la voix brisée, après avoir entendu toute l'émotion contenue dans la voix de Nevaeh. Tu lui fais du mal et ce n'est pas ce que tu veux, tu en as déjà assez fait comme ça, malheureusement. « Je vais faire attention. » Après avoir pris le pommeau de douche dans ta main, te contorsionnant dans tous les sens pour l'atteindre sans toucher la jeune femme, tu viens sentir l'eau avec ta main et une fois à température suffisante, tu viens faire glisser l'eau sur le dos de Nevaeh, dans un premier temps. « Ce n'est pas trop chaud ? » Demandes-tu doucement. Une fois l'arrière de son corps mouillé entièrement, tu demandes, hésitant : « Tu te retournes ou je fais seulement l'arrière pour l'instant ? » Même si elle ne veut pas que tu la voies comme ça il le faudra pour que tu l'aides à se laver entièrement.

Alors que Juliann se mit à parler de la possibilité d'avoir des enfants et quelle genre de mère Nevaeh ferait, la brune baissa les yeux. Son coeur se serra. Elle se senti se briser davantage, s'émietter en tout petits morceaux. Des enfants, être mère, elle n'en avait envie que si c'était avec lui. Mais actuellement, c'était impossible de penser à un futur possible entre eux si la brune ne connaissait pas encore l'issue de leur relation déchue. Elle soupira, soufflant entre son émotion : « Je ne veux pas penser à avoir des enfants. » C'était d'une honnêteté poignante. Si Juliann n'était pas l'homme de sa vie, alors elle préférait renoncer à cette part d'elle, celle de fonder une famille. Puis, au fond, Nevaeh avait toujours été un peu solitaire, nomade, elle finirait par s'y faire à la solitude. Il lui fallait seulement du temps. Même si elle avait beaucoup d'amour à donner, même si elle adorait prendre soin des autres, ce goût-là s'était évaporer avec la cassure de leur relation. Elle ne releva que ses yeux alors qu'elle avoua que ce qui la rendait triste, au fond, ce n'était pas les changements sur son corps, c'était qu'il n'était plus là, à ses côtés. Enfin, il l'était. Mais tout était différent à présent. Si proche, mais si loin à la fois. Les aveux de Juliann avaient l'effet d'une douce douleur : c'était bon et si mal à la fois. Bon de savoir qu'elle était toujours là, dans sa tête, mais tellement mal de ne pouvoir succomber à ses envies. « Si tu savais combien tu me manques, toi aussi... », murmurait la brune. « Mais je ne suis pas prête à te pardonner, pas encore », soufflait-elle avec douceur. Pas encore, ça donnait espoir qu'elle pourrait y parvenir, un jour, si Juliann savait attendre. Le saurait-il?

En attendant, elle avait accepté qu'il l'aide à se laver. Ça n'avait pas été facile pour la brune de se laisser convaincre, la discussion planait depuis quelques jours déjà. Et alors qu'elle avait accepté, elle leur mettait encore des barrières, comme si elle cherchait à se protéger. Dos à lui, elle lui demanda de respecter cette demande, de ne regarder que la partie de son corps qui n'avait pas changé. Pour le moment, elle ne se sentait pas en mesure de lui offrir plus. Juliann vint l'aider à retirer son soutif de dentelle, la chaleur de son corps se ressentait sur celui nu de la brune. Elle en avait envie, de l'embrasser, son coeur disait oui, mais sa tête disait non. Et elle refusa. Lâchement, elle refusa. Les larmes coulaient contre les joues de Nevaeh, sans qu'elle puisse arriver à les contrôler, dans un silence qui relevait pourtant de l'exploit. Ce genre de sanglot, c'était le genre de sanglot qui faisait du bruit, normalement, qui venait de loin, de creux. Et ce ne fut que sa voix brisée, quand elle s'était avancé dans la douche, qui témoigna de son émotions. Elle n'avait pas voulu repousser Juliann, ni briser ce qui leur restait d'eux, mais elle ne savait plus où elle se trouvait. La brune était dans un néant total, en opposition entre sa tête et son coeur. « C'est rien », souffla-t-elle avec douceur. Juliann attrapa le pommeau de douche, sans la toucher, et commença à faire couler l'eau contre la peau de Nevaeh. « C'est parfait », précisa-t-elle quant à la température. Lui aussi, il était parfait. Il se conformait aux désirs de la brune.

Après avoir humecter le dos de son corps, Juliann lui demanda si elle désirait, à présent, se retourner. Nevaeh prit quelques instants pour réfléchir. La peur lui prenait au ventre. Lentement, elle lui fit face, yeux baissés pour éviter de lire la tristesse dans ceux de Juliann. Elle regardait sa plaie qui l'avait transformé, qui la rendait si moche, avec douleur. « Tu peux mettre du savon, mais il ne faut pas qu'il y en ait directement sur la plaie, il est parfumé.. », fit-elle en récitant les recommandations du médecin. « Pour cette partie, il faudra le savon à l'emballage blanc, sur le bord de l'évier », précisa-t-elle sans relever le regard vers Juliann. Enfin, jusqu'à ce que l'envie ne soit trop forte, jusqu'à ce qu'elle ne put se retenir de ne plus écouter son coeur. Et quand ses yeux se plantèrent dans ceux de l'homme, elle ne sut pas si elle lisait de la tristesse. Tout ce qu'elle vit, c'était son envie de lui. Et ses yeux qui se fermèrent aussi rapidement qu'ils s'étaient posé sur le pompier pour venir l'embrasser.

En percevant l'émotion dans la voix de Nevaeh, tu prends conscience que tu n'aurais pas dû lui parler d'une future grossesse ou d'enfants. Il est clair qu'il est bien trop tôt pour parler de tout ça, après tout, elle vient tout juste de perdre un ovaire. Qui plus est, vous n'êtes plus ensemble et peut-être que, comme toi, elle envisageait ce genre de projets à tes côtés. « Désolé. » Souffles-tu, l'air désolé. Tu ne voulais pas lui faire du mal avec tout ça, tu désirais simplement la rassurer quant à ses possibilités de tomber enceinte un jour. Evidemment que tu espères que ce sera avec toi, qu'elle concrétisera ce projet, mais tu sais que ce n'est pas aussi simple. Son pardon ne se gagne pas aussi vite, aussi facilement. Si tu veux pouvoir la récupérer un jour, il va falloir que tu lui redonnes confiance et que tu lui prouves que c'est avec elle que tu désires faire ta vie. « Je sais, c'est trop tôt et je n'ai pas l'impression de mériter ton pardon de toute façon. » Egoïstement, tu voudrais que Nevaeh te pardonne mais dans le fond tu sais pertinemment qu'elle mérite mieux que toi. Qu'elle mérite quelqu'un qui saura prendre soin d'elle sans jamais lui mentir, sans jamais la trahir. Tu pensais pouvoir être cet homme mais tu as échoué, malheureusement. Est-ce que ça veut dire pour autant que tout est terminé et que c'est impossible à rattraper ? Tu n'en sais rien. Laissant tes doutes et tes questions de côtés, tu suis la jeune femme jusqu'à la salle-de-bains pour l'aider à prendre cette douche qui lui fera sans aucun doute le plus grand bien. Mais Nevaeh se montre timide, surtout vis-à-vis de sa cicatrice même si tu sens bien qu'elle est mal à l'aise à l'idée que tu la vois nue, maintenant que vous n'êtes plus ensemble. Pourtant, il y a quelques jours encore, tu lui faisais l'amour comme si ta vie en dépendait. Une fois l'eau à bonne température, tu lui mouilles le dos jusqu'à ce que toute sa peau soit recouverte d'eau et qu'il faille passer à l'avant de son corps. Tu doutes que la journaliste se retourne jusqu'à ce qu'elle pivote et se retrouve face à toi, le regard fuyant. Ca te fait mal au coeur de la voir comme ça, aussi vulnérable et distante mais tu peux imaginer ce qu'elle doit ressentir. Tu ne peux pas le comprendre mais l'imaginer, oui. « D'accord. » Dis-tu en la regardant même si ses yeux sont dirigés vers le sol et non sur toi. Ce n'est qu'après quelques secondes qu'elle relève la tête pour planter son regard dans le tien. Dans tes yeux, Nevaeh peut sans doute lire le manque d'elle, de son amour, mais aussi la tristesse que vous soyez séparés et surtout l'envie de bien faire. L'envie d'arranger les choses. Tout cela à la fois. L'Australienne te prend au dépourvu quand elle t'embrasse mais tes lèvres ne mettent pas longtemps à réagir, goûtant à nouveau aux siennes avec envie. Elles t'ont énormément manqué ces lèvres. Passant une main dans ses cheveux, tu fais un peu plus pression sur ses lèvres ne parvenant pas à contrôler tout ce manque accumulé. A tel point qu'après quelques secondes, tu dois t'arrêter, à bout de souffle. Ton front se colle contre le sien, tes yeux toujours fermés, comme si tu savourais le moment. Peut-être est-ce la dernière fois qu'elle te laisse l'embrasser après tout. « ça m'avait manqué ça... » Murmures-tu, un sourire au coin des lèvres avant de te pencher pour attraper le savon blanc sur le bord de l'évier et de le faire mousser dans ta main. Autant commencer par le plus difficile tout de suite. « Guide-moi. » Dis-tu pour que Nevaeh prenne ta main et nettoie sa plaie avec douceur. Elle saura exactement ce qui lui fait mal ou non comme ça et peut-être que ça la rendra moins mal à l'aise que tu la touches.

« C'est rien », fit Nevaeh en secouant la tête. Ce n'était rien, c'est ce qu'elle essayait de faire croire à Juliann. Alors qu'au fond d'elle, son coeur était complètement brisé Par leur rupture, par ses rêves d'avenir avec lui qui s'étaient envolés, mais, aussi, par ceux de fonder une famille qui devenaient plutôt difficile à présent. Évidemment, Juliann ne cherchait pas à blesser la journaliste volontairement, il n'avait voulu que la rassurer. Et ça faisait partie de sa bienveillance que la brune adorait. Seulement, c'était trop tôt pour parler de ça, avec lui. Parce que, pas plus tard que quelques jours avant, alors qu'ils étaient entourés d'alligators, ils avaient laissé plané l'envie de peut-être, un jour, être une famille, une vraie, et pas que deux amoureux qui s'aimaient éperdument. Dans quelques semaines, la douleur ne serait pas aussi grande en parlant de cet avenir perdu. Peut-être... Concernant le pardon que Nevaeh pouvait lui accorder, à vrai dire, à présent, elle n'en savait trop rien. C'était trop tôt, trop facile, pour effacer le mensonge et la trahison de Juliann. Il lui mentait, il la trahissait, et elle acceptait aussi facilement de le reprendre? Ça ne pouvait fonctionner sur du long terme, elle finirait tôt ou tard par remettre cette histoire avec Pippa sur le tapis ou, pire encore, deviendrait tellement craintive de savoir Juliann entouré d'autres filles. Si elle lui pardonnait, c'est qu'elle serait en mesure d'oublier cette histoire et de ne pas la lui reprocher à la première occasion. Et ça, actuellement, Nevaeh ne le pouvait pas. « Ça je ne le sais pas, Juliann. Je veux seulement un peu plus de temps », demandait-elle, incapable de lui assurer qu'il ne méritait pas son pardon. Au fond d'elle, elle voulait le lui donner. Mais pas maintenant.

Ils prirent la direction vers la salle de bain, la porte se ferma derrière eux. Nevaeh se retrouva nu, dans la douche, toujours dos à Juliann et l'eau vint réchauffer sa peau. Ça lui faisait un bien fou de sentir la chaleur de l'eau contre sa peau nue, mais aussi de savoir que le pompier tenait à faire tout en son pouvoir pour aider la brune à aller mieux. Quand il lui demanda si elle comptait se retourner, Nevaeh hésita un instant avant de finalement le faire, bien qu'elle était incapable de regarder Juliann dans les yeux. Sa cicatrice la rendait complètement honteuse, même si le pompier avait eu les bons mots pour tenter de la convaincre que sa beauté n'était pas disparue avec l'apparition de sa plaie. Quand elle remonta les yeux vers lui, c'était brûlant de désir. Et il ne lui fallut pas longtemps pour venir l'embrasser avec fougue. Visiblement, Juliann ne s'était pas attendu à une telle réaction, puisque sa réponse fut d'abord hésitante avant de s'intensifier. Même un gémissement de plaisir s'était échapper des lèvres de la brune, alors que la main de Juliann se plongeait dans les cheveux de Nevaeh jusqu'à terminer le baiser qui les laisser, tous les deux, haletant. Front contre front, yeux fermés, ils prenaient un moment pour profiter de cet instant avant que la réalité ne revienne. « Ça m'a manqué, moi aussi... », murmurait-elle en embrassant le coin des lèvres de Juliann.

Il adressa la cicatrice, retour à la réalité, alors que le savon moussait contre ses paumes. Le guider, elle pouvait le faire. Les joues de Nevaeh devenaient rougies, elle devait elle aussi adresser sa blessure alors que, pendant deux instants, elle l'avait oublié. Il l'avait fait l'oublier. Nevaeh attrapa donc la main de Juliann et, avec douceur, elle la posa contre sa plaie. La pression de l'homme était douce, délicate, la mousse se transférait sur sa peau alors que la main de Juliann, guidée par la journaliste, continuait sa course. La sensation était électrisante, presque autant que leur baiser. Et, par impulsion, elle guida les doigts de Juliann plus bas, encore plus bas, jusqu'à son intimité. « Mmm.. », soupirait-elle alors qu'elle guidait les doigts de l'homme à chercher son clitoris.

Ce n'est jamais rien avec Nevaeh surtout que tu sais pertinemment que son coeur est meurtri par tout ce qu'elle est en train de vivre. Son opération aurait dû être sa seule préoccupation mais il a fallu que tu déconnes et que tu rajoutes à cela votre rupture. Aujourd'hui, vous êtes tous les deux malheureux et vous avez perdu tous vos espoirs, tous vos projets, de vie à deux. Du temps, c'est tout ce qu'elle te demande et tu te sens prêt à lui en donner. Si c'est la seule solution pour que tu la récupères un jour alors tu es prêt à l'attendre. Ce que tu ne sais pas encore c'est que cette attente risque d'être bien plus compliquée que prévu. « Alors prends tout le temps dont tu as besoin. » Dis-tu avec douceur, espérant qu'elle lira toute ta sincérité dans ton regard. Tout ce que tu veux, au final, c'est la rendre heureuse et prendre soin d'elle. C'est pour cette raison que tu insistes pour l'aider à prendre sa douche parce que tu sais que ça lui fera du bien de sentir la sensation de l'eau sur sa peau. Tu as déjà été convalescent plus d'une fois et tu sais à quel point l'eau peut être revigorante. Si au début Nevaeh se montre plus réticente, petit à petit, tu sens son corps se détendre. Et finalement, quand vos regards se croisent, elle fonce sur tes lèvres. Hésitant au début, tu finis par répondre à son baiser avec la même intensité qu'elle, bien trop en manque et en demande. Tu ne parviens pas à te retenir, ta main fouillant dans ses cheveux, rapprochant légèrement ton corps du sien. Ta main libre tient toujours le pommeau de douche, mouillant ton pantalon au passage sans même que tu t'en rendes compte. Ce n'est que lorsque tu prends le savon sur l'évier que tu le remarques mais ça n'a aucune importance. Là, tu es bien trop concentré à vouloir nettoyer sa plaie sans lui faire mal. Après avoir fait mousser le savon entre tes mains, tu proposes à Nevaeh de te guider, pour être sûr de ne pas lui faire mal. Délicatement, elle pose sa main sur la tienne pour la guider jusqu'à sa plaie que tu nettoies avec une extrême douceur. Mais après quelques secondes, elle fait glisser tes doigts vers son entrejambe, jusqu'à atteindre son clitoris. Tes yeux remplis de désir ne se détachent pas des siens quand tes doigts commencent à la caresser. Lentement d'abord, tu décris de petits cercles contre son intimité, avec une pression mesurée mais assez forte pour stimuler son désir. Puis, tu accélères doucement la cadence, rendant tes caresses de plus en plus intenses. Ta main encore prisonnière du pommeau de douche s'en débarrasse avant de venir caresser ses seins, faisant durcir ses mamelons. « Putain... » Souffles-tu en sentant ton érection devenir de plus en plus pressante dans ton pantalon. « Tu es trop belle. » Ajoutes-tu en te mordant la lèvre, ton regard toujours prisonnier du sien.

Ce n’était rien, c’était ce qu’elle racontait. Parce que c’était plus simple de taire ses émotions que de les laisser voir par les autres. Encore plus quand il était question de Juliann. Parce que Juliann, il connaissait Nevaeh mieux qu’elle même se connaissait. Il savait comment elle fonctionnait, connaissait ses points faibles et des limites. Et il s’en était bien joué. S’il n’avait pas parlé de Pippa, c’est qu’il savait le mal que ça ferait à la brune de l’apprendre. C’est qu’il savait qu’elle voudrait le quitter. C’est qu’il savait qu’elle se serait senti trahi. Ça n’avait rien à voir avec le contexte, le contexte Nevaeh s’en fichait. Le geste restait le même, peu importe la raison. Il avait eu tort. Et elle n’était pas certaine si elle pourrait un jour lui pardonner. Mais pour y arriver, il lui fallait du temps. « Merci... », soufflait-elle alors que Juliann lui accordait tout le temps nécessaire, avec une sincérité déroutante dans le ton de sa voix. Il était parfait, même coupable, il était parfait. Et il lui manquait. Terriblement. Elle aurait voulu commander à son coeur de pardonner, maintenant, de tout effacer. Si seulement c’était faisable.

L’eau de la douche n’avait pas tout effacé, mais elle avait ouvert un peu de douceur entre eux alors que Juliann guidait le jet d’eau contre la peau nue de la journaliste. De dos, puis de face, il faisait exactement ce qu’il avait dit vouloir faire : l’aider. Rien de plus, rien de moins. Elle sentait son regard se poser sur elle, évidemment, mais il répondait parfaitement à ses demandes, elle ne lui avait pas commander de la toucher. Ce fut elle qui brisa la distance, embrassant l’homme avec fougue et passion. Le baiser s’enflamma naturellement, comme s’ils n’avaient pas perdu leurs repères. Juliann agrippait les cheveux de la brune, Nevaeh faisait danser leurs langues et leurs corps s’étaient rapprochés. Il y avait de l’eau partout, au sol et sur les vêtements du pompier, mais ce n’était tellement pas important, parce que la suite l’était davantage. Savon sur sa peau, il avait demandé à guider ses gestes pour ne pas blesser la convalescente. Avec douceur et attention, Juliann exécutait les mouvements que Nevaeh lui commandait... jusqu’à descendre entre ses jambes, à venir caresser son clitoris volant à la brune des gémissements de plaisir. Ça avait été plus fort qu’elle et sans doute que tout son corps tremblait de peur, à cet instant, mais aussi de plaisir retrouvé. Et quand il accéléra son rythme, les gémissements devinrent de délectables plaintes. « Oh... Oui... », gémissait la journaliste, la tête renversée vers l’arrière, les jambes molles. La main libre de Juliann, après s’être débarrassé du pommeau qui fonctionnait encore, vint de poser sur la poitrine de la brune, elle se sentit perdre la tête, cherchant à contrôler sa jouissance parce qu’elle voulait faire durer ce moment encore et encore. C’était peut-être leur seule et unique chance de se retrouver, elle voulait profiter de chaque seconde de son plaisir. Il lui disait qu’elle était belle, et elle fondait à nouveau sur ses lèvres, caressant au travers de son pantalon son intimité. Et quand elle s’arrêta pour respirer, Nevaeh murmura : « C’est mal... mais j’en ai rien à faire. » Tant pis pour ses morceaux de coeur qu’elle devra sans doute recoller demain et du manque qu’elle ressentira quand il franchira la porte de son appartement. Elle avait besoin de lui, là, c’était tout ce qui comptait. « Je vais te sucer », lui affirmait-elle avec fermeté. « Aide-moi à m’accroupir », demandait-elle à Juliann, la cicatrice ne lui permettant pas encore d’être tout à fait libre de tous ses gestes.

Tu es loin d'être parfait, d'ailleurs Nevaeh en a eu la preuve récemment. Tu as des failles, des peurs, des craintes, qui te poussent à agir impulsivement et à faire des choses aux conséquences désastreuses. La journaliste se rapproche bien plus de la perfection que toi parce que, contrairement à toi, elle ne t'aurait jamais fait de mal. En tout cas jamais volontairement. Alors tu as encore beaucoup de choses à te faire pardonner avant de pouvoir espérer la retrouver. Mais tu es prêt à attendre le temps qu'il faudra parce que tu sais que la vie à ses côtés vaut tous les efforts du monde. Tu lui offres un simple sourire quand elle te remercie du temps que tu lui offres, avant de la suivre jusqu'à la salle-de-bains. Là-bas, tu essaies de lui témoigner tout ton respect et ta bienveillance en la laissant décider du chemin à prendre. C'est elle la guide à présent. Tu lui as dit, tu es prêt à la laisser décider de tout, à t'utiliser si besoin, pourvu que ça te permette de passer un peu de temps à ses côtés. La toucher te manque atrocement, l'embrasser aussi. Alors tu te sens comme libéré - du moins en partie - en sentant ses lèvres venir enflammer les tiennes. Ce baiser que vous échangé est torride et témoigne de tout ce manque que vous ressentez. Il ne faut que quelques secondes pour que ton corps s'embrase tout entier. Et ton coeur avec. Finalement, lorsque Nevaeh guide ta main contre sa plaie pour la nettoyer, celle-ci dérive vers son entrejambe et plus précisément vers son clitoris. Là, tu n'as plus besoin qu'elle te guide, connaissant son corps par coeur. Tes doigts savent exactement ce qu'ils doivent faire pour venir titiller son intimité et lui procurer le plus de plaisir possible. Quand ses lèvres s'accrochent à nouveau aux tiennes et que sa main caresse ton intimité à travers ton pantalon, tu soupires contre sa bouche, désireux d'en avoir plus. Toujours plus. Tu veux qu'elle prenne ton sexe en main ou peut-être même en bouche pour sentir la chaleur de sa peau contre la tienne. « Je veux juste te faire du bien. » Soulignes-tu quand Nevaeh affirme que c'est mal mais qu'elle n'en a rien à faire. Il est vrai que vous ne devriez probablement pas recraquer si vite mais toi aussi, tu t'en fous complètement. Tu as trop besoin d'elle, de son corps, de sa peau. « T'es sûre ? » Demandes-tu en sondant son regard quand elle te propose une fellation. Et une fois son approbation obtenue, tu attrapes ses mains pour l'aider à s'accroupir. Tu captures une dernière fois ses lèvres, presque trop brièvement, avant de te relever, face à elle. Avec l'aide de la brune, tu descends ton pantalon ainsi que ton boxer, laissant s'échapper ton membre fièrement dressé. Et quand Nevaeh le prend dans sa bouche, tu rejettes la tête en arrière, ne contrôlant plus rien du tout.

Parfait, il l’était. Même dans son imperfection. Et s’il avait blessé Nevaeh, au fond, ça n’avait pas été volontairement. Il n’aurait jamais voulu de mal à la brune. Du moins, c’était ce dont elle était convaincue. Mais même avec le plus d’attention au monde, il arrivait qu’on blessait avec maladresse. Peut-être que s’il lui avait parlé de Pippa à son retour d’Afrique, les choses auraient été différentes. Sans doute qu’elle aurait eu mal, elle lui aurait demandé de parler et qu’elle aurait pleuré, toute seule, à l’abris des regards. Peut-être qu’elle aurait mis des jours à lui reparler. Peut-être qu’elle aurait été en colère. Mais sans doute qu’elle aurait préféré l’apprendre par lui, et plus tôt. Et non pas avoir droit à un vulgaire mensonge et à trois mois de paradis alors qu’ils vivaient sur du temps emprunté. Ça n’était pas juste. Mais ça c’était passé ainsi, et personne ne pouvait changer le cours des choses. Il fallait maintenant seulement avancer, avec ou sans lui, mais il fallait avancer.

Avancer, c’était difficile. Encore plus quand Juliann la regardait avec ce désir qui encouragea Nevaeh à l’embrasser pour la première fois. Et le reste, ça avait été commandé par ce désir brûlant qu’elle ne pouvait plus contrôler. Mal, ce l’était. Mais qu’est-ce qu’elle s’en fichait pour l’heure. Elle voulait une pause de cette douleur brûlante dans son coeur et un peu plus de lui. Elle voulait sentir que rien n’avait changé entre eux, que malgré les mots durs et les engueulades, malgré la tristesse et la déception, il y avait encore ce lien fort entre eux. Recraquer, c’était aussi dire qu’il fallait accepter d’avoir mal une fois la frénésie et l’adrénaline passée. Mais c’était un risque que la brune était prête à prendre. « Tu m’en fais.. » Elle gémissait face aux caresses qu’il lui donnaient, susurrant par moment le nom de son amant entre ses plaintes. Mais elle ne voulait pas jouir, pas comme ça, pas toute suite. Elle voulait que leur pause de bonheur dure encore un moment, encore plus longtemps. Et elle aussi, elle voulait lui faire du bien. Mais il lui faudra de l’aide. Ce que Nevaeh fit, demandant à Juliann de l’aider à s’accroupir.

« Evidemment ». Elle voulait prendre son sexe en bouche. Elle voulait le sentir durcir contre ses lèvres et sa langue, par le plaisir qu’elle lui procurerait, elle et elle seule. Elle voulait l’entendre gémir, soupirer, peut-être même murmurer son nom. Elle voulait sentir l’excitation arriver et son membre se contracter. Elle voulait goûter à son explosion et lui montrer qu’il n’y avait pas meilleur qu’avec elle. Que ce qu’il avait fait avec Pippa, c’était sans doute agréable. Mais qu’avec Nevaeh, il y avait quelque chose en plus qu’il ne pourrait jamais retrouvé ailleurs. Juliann s’abaissa pour aider la jeune femme à se mettre à la hauteur de son sexe, ne manquant pas d’embrasser ses lèvres une dernière fois avant de se redresser et de laisser son membre s’évader. Bandé devant elle, son sexe était offert. Et elle l’accueillit entre ses lèvres, entendant le soupir de Juliann. Doucement, sa bouche vint de resserrer contre la verge du pompier alors qu’elle augmentait petit à petit le rythme de sa caresse. Une de ses main avait capturée ses testicules. L’autre, elle caressait et prenait appui sur les fesses de Juliann. Malaxant ses testicules, elle remonta ensuite sur le sexe de l’homme pour joindre à ses caresses avec sa bouche et sa main. « Je veux que tu jouisses entre les lèvres »