It's nice to see an other face of you (Concho)

Noël. Périodes estivales en Australie mais qui apportait son lot de fraîcheur avec de la fausse neige et des Père Noël en maillot de bain. Parfois, elle regrettait Alba le Danemark. Petite elle adorait cette période car elle rejoignait sa famille pour une période joyeuse et complice avec Karl. Mais c’était il y a bien longtemps, la dernière fois que Jamie avait vu la neige pour noël. Pourtant les fêtes étaient arrivées tôt cette année dans la demeure Jensen. Jonah avait supplié sa mère pour décorer le sapin début novembre. Après des tonnes de crises, de larmes et de bouderie, Alba avait réussi à tenir jusqu’au 1er décembre. Depuis le petit garçon était d’une impatience adorable, voulant faire sa lettre, se goinfrant de confiseries et émerveillé par ce petit chocolat du calendrier de l’avent. C’était le week-end et Alba avait entendu parlé de ce train si magique à la gare de Bowen. Train qui allait faire voyagé petits et grands. Après quelques recommandations très sérieuses, Jonah et sa maman partait pour la journée visiter ce train. Cette fois-ci la photographe n’allait pas lâcher son fils une seconde, Halloween restait un traumatisme où pendant cinq minutes elle avait perdu son fils. Si elle écoutait son fils, il voulait tout faire au même moment. Alors ils avaient pris le temps, de choisir l’ordre des activité et s’ils n’avaient pas le temps ils reviendraient. Dans le fond, Alba se doutait bien qu’elle allait revenir à cet endroit. « On commence par le Père Noël, j’ai plein de choses à lui demander. » Alba souriait et ils prenaient la direction du wagon correspondant après que la photographe ait jeté un œil au plan. Jonah lui tirait la main entrant dans le wagon. Alba avait eu peur que ce soit noir de monde, il y avait du monde mais moins que ce dont elle pensait initialement. Le Père Noël était au bout du wagon et Jonah tenant toujours la main de sa mère se faufilait dans le foule obligeant Alba à pousser quelques adultes. Elle s’excusait à chaque fois gênée mais amusée par l’excitation de son petit garçon. Il ne voyait que le Monsieur rouge au fond, ne prêtant aucunement attention aux gens qui l’entouraient. Elle eut  à peine le temps de le prévenir qu’il fonçait droit dans les jambes d’un adulte. Elle vérifia d’abord que son fils aille bien, il n’avait rien puisqu’il était déjà près à partir. « Jonah stop. Tu  t’excuses. » Au même moment, elle leva la tête et ses yeux croisèrent ceux de Concho. « Oh !... Salut. » Souriait-elle timidement. Puis elle vit qu’il était accompagné. « Je constate qu’on est dans la même galère. » Elle riait légèrement, sentant la curiosité de son fils.

C’était dans mon entente avec Ally que Maxwell passait les vacances de Noël avec en Australie, et qu’il repartait vers les États-Unis pour le Nouvel An. Et ce week-end, j’avais également la garde de Lara, Zelda étant de toute façon bien occupée avec le boulot alors ça lui rendait service en même temps que ce soit mon tour. Mon tour, auprès de mes deux enfants de deux mères différentes. Je ne m’habituais pas encore tout à fait au chaos sentimental de ma vie et à cette famille plus qu’éclatée, mais je les aimais tellement, mes enfants, que je mettais toute mon attention là-dessus. Mes rêves de famille idéale et mon cœur meurtri attendaient dans un coin de ma tête, question de ressurgir au courant de mes nuits les plus dures. Aujourd’hui c’était la première journée d’arrêt du train de Noël à Bowen. Ce serait la toute première fois que je pourrais y aller avec mes enfants. Lara avait maintenant un an, ce qui lui permettait au moins de s’émerveiller un peu face aux décors même si elle ne pourrait pas prendre part aux activités. Elle était contre moi, dans son porte-bébé, mais j’avais bien pris soin de l’orienter vers les autres pour qu’elle puisse voir tout ce que je voyais. Maxwell, du haut de ses cinq ans, courait dans tous les sens avec une excitation sans borne. On allait tous bien dormir ce soir après une journée à le suivre dans chaque wagon. Le premier qu’il décida d’explorer était le wagon du Père-Noël, il voulait absolument lui transmettre sa liste de cadeaux, même si Ally m’avait déjà fait part de toutes ses demandes et que tout était déjà bien emballé sous le sapin. Le petit avait beaucoup d’espoir et d’attentes envers le Pôle Nord et il voulait s’assurer que le Père-Noël n’oublierait pas de passer chez nous même si je n’avais pas de cheminée. Nous étions donc en file, Maxwell contenant tant bien que mal son impatience, quand un garçon fonça directement dans mes jambes. Je posai instinctivement mes mains sur le porte-bébé même si Lara était hors d’atteinte. « Ooh-laaa ! » M’exclamais-je avec humour face à l’excitation de ce garçon, qui faisait presque paraître Maxwell calme à côté. Je tournai la tête vers sa mère qui le sommait de s’excuser. Mon regard croisa celui d’Alba, et je rougis direct. « Oh … hey, salut. » Lançais-je. Je ris en regardant son fils et le mien. « Ouais, l’excitation est un peu à son comble, aujourd’hui. Je n’ose même pas imaginer le matin de Noël ! » Répondis-je dans un rire. « Je ne savais pas que tu avais un enfant. » On ne savait pas grand-chose l’un de l’autre en fait, grand idiot.

Entre Léo et Alba, la garde de Jonah se passait bien. Et elle voyait bien le petit garçon demander à son père de le ramener ici la semaine prochaine. Sauf qu’aujourd’hui il était intenable. Jonah était plutôt un enfant calme. Alba avait l’impression de se revoir à son âge, les yeux émerveillés et curieux. Il ne faisait attention à personne, fonçant dans les gens. Alba devait s’excuser pour Jonah et pour elle. Et le comportement de son fils commençait à l’énerver parce qu’il n’était pas comme ça habituellement. Elle le pensait calme, élevé et poli et là il montrait un côté pressé et peu attentionné. Evidement ce qui arrivait arriva et il fonça un peu trop brutalement contre quelqu’un. Devant elle se tenait Concho. Il rougissait et elle aussi. Ils ne s’étaient pas revus depuis cette soirée assez particulière. Tout avait mal commencé mais leur entrevue s’était terminée de la meilleure des manière. En le revoyant les souvenirs remontaient et un petit pincement de culpabilité naissait. Elle en avait pas encore parlé à Freja de son aventure avec son ex. Mais d’un côté, elle voulait être un peu égoïste parce qu’elle avait aimé ce moment avec Concho. Mais elle ne l’avait pas revu depuis ce fameux soir. Elle lui souriait touchée de le revoir avec sa petite famille. Elle ignorait qu’il avait des enfants. « Ne m’en parle pas, il est intenable depuis ce matin. » Se plaignait-t-elle avec un sourire. Ils n’avaient rien fait dans l’ordre. Ils s’étaient d’abord engueulé, mettant leur nerf à l’épreuve, puis ils s’étaient séduits. Et enfin ils avaient partagé ce moment intime. Ils ne se connaissaient pas, ignoraient tout de l’un et de l’autre. « Je te présente Jonah, qui va s’excuser maintenant. » L’excitation du petit s’était effondrée d’un seul coup se rendant compte qu’il était allez un peu loin. « Je suis désolée Monsieur de ne pas avoir fais attention. » Disait-il tout timide, les yeux collés au sol. « J’ignorais que tu en avais deux. » Elle salua le plus grand avant de se pencher vers la petite toute mignonne. Alba se permettait de lui faire un petit chatouillis dans le creux de son cou. « Coucou toi. » La petite rigolait. Puis elle releva son visage vers Concho, souriante. « Vous avez déjà visité un peu ? » Demanda-t-elle en poina avec la tête les festivités. Elle voyait Jonah s’approcher du fils de Concho, ils avaient sensiblement le même âge.

Heureusement que nos enfants étaient là, en fait. S’ils ne mettaient pas de la vie et de la conversation entre nous, je me serais sans doute comporté avec maladresse parce que sa présence me rendait complètement nerveux. La fin de soirée que nous avions passée ensemble, à boire du champagne sûrement très cher avant de nous laisser aller aux plaisirs de la peau, avait été une soirée bien spéciale. Parce que depuis Freja, j’avais eu beau avoir quelques aventures ici et là, ce n’était que l’aboutissement de soirées trop arrosées suivies de réveils lamentables. Je me sentais toujours sale et dégueulasse, complètement perdu dans mes sentiments. Avec Alba, ça avait évidemment été aidé par l’alcool, mais quand même, j’avais eu toute ma tête. Assez pour la désirer au-delà d’une réponse mécanique du corps. J’avais eu l’impression de revivre, de revivre d’une autre manière que dans les bras de Freja, et je m’étais dit que c’était le premier pas vers la guérison de mon cœur. Nous ne nous étions cependant pas revus pendant tout ce temps, Alba et moi. J’avais souvent eu envie, à la fermeture de Head Ahead, de passer par la galerie d’arts pour voir si elle y était. Mais je ne l’avais pas fait, pour des raisons qui me semblaient bien obscures maintenant que je me retrouvais face à elle. « Si on était dans un pays nordique je dirais que y’a une tempête de neige qui approche. » Dis-je à la blague. Je me souvenais que ma mère, irlandaise d’origine, utilisait souvent cette expression quand j’étais insupportable. Alba me présenta finalement son fils, Jonah, qui s’excusa de la manière la plus adorable possible. Comment ne pas craquer face à un gamin qui m’appelait Monsieur ? « T’en fais pas pour ça. Mais fais attention, le Père-Noël est pas loin, et j’parie qu’il t’a à l’œil … » Blaguais-je à Jonah. Même Maxwell sembla se redresser pour avoir l’air d’un enfant modèle, à m’entendre. Je relevai la tête vers Alba. « Ouais, Maxwell, sa mère vit aux États-Unis alors on en profite lui et moi pendant ses vacances. Et ici c’est Lara, elle aura bientôt un an. » Dis-je en posant une main sur le ventre de Lara, par-dessus le tissu du porte-bébé. Alba se pencha vers elle pour lui faire des chatouilles en la saluant. Je ris. Ça me faisait bizarre de voir la blonde dans ces circonstances, avec nos petites familles respectives. C’était une image totalement différente, mais pas moins désagréable. « Non, non c’est notre premier arrêt. Max veut aller faire quelques ateliers après, il trouve que notre sapin n’est pas assez garni alors il veut fabriquer quelques ornements de plus. » Dis-je. Ce qu’il se plaignait tout le temps, Max ! « Et vous deux ? » Demandais-je à Alba et Jonah, même si ce dernier ne nous écoutait même pas, trop occupé à faire les premiers contacts avec Maxwell.

Les quelques jours qui avaient suivi leur rencontre, Alba avait hésité plusieurs fois à retourner sur les lieux du crime. Mais elle venait de revenir en ville et plusieurs événements s’étaient enchainés. Il y avait d’abord les anciennes connaissances à visiter, la galerie à décorer et le déménagement à finir. Alors elle n’avait pas pris le temps. Puis quand son emploi du temps s’était un peu libéré, elle avait rencontré Freja. Très vite, elle avait appris qu’il était l’ex de son amante alors Alba n’avait plus osé aller le voir. Pourtant, parfois elle regardait en face pour essayer de le voir quelques secondes en souriant aux souvenirs qui revenaient. Aujourd’hui, elle ne s’était pas préparée à le voir, d’autant plus que la veille la photographe avait parlé du danseur avec Freja. Sur le coup elle était mal à l’aise, rougissant de la voir ici avec ses deux enfants. Heureusement qu’ils étaient là. Ils avaient n don les enfants à rendre toutes situations compliqués beaucoup plus accessible. Jonah par exemple était toujours le juge de paix entre ses deux parents, les obligeant à être les plus aimables devant lui. C’était l’excitation de Jonah qui avait commandité cette rencontre infortune. Ils se comprenaient sur ce point, Noël avait tendance à énerver les enfants et pourtant ce n’était encore que début décembre. Elle riait à l’expression de Concho. « Ça risque d’être une grosse tempête cette année. » Le garçon de Concho était aussi excité que Jonah, mais peut-être un peu plus calme. Alba essayait d’être la plus juste avec Jonah et depuis leur arrivée à la gare, il n’avait pas été très obéissant. Mais il s’était calme, intimidé par ce grand monsieur. Le remarque de papa fit redresser Jonah et Maxwell, et Alba elle riait. Jonah la regardait et elle confirma les propos du papa avec sa tête, avant de se retourner vers Concho avec un grand sourire. « Merci. » Riait-elle. Il lui fit les présentations. Les deux garçons s’étaient déjà un peu rapprochés mais pour le moment il se toisait, curieux de rencontrer une nouvelle personne pendant qu’Alba s’amusait avec la petite. « Ils sont adorables. » Il y a quelques années, la blonde n’aurait jamais dit ce genre de phrase. Pas qu’elle n’aimait pas les enfants, mais elle n’en voulait pas, du moins pas de suite. Sauf que Jonah était arrivé. Il y avait un peu plus de sérieux dans cette nouvelle rencontre. Ils étaient loin du champagne et de la soirée. Ils se voyaient dans leur quotidien, une étape importante dans une relation qui n’avait été qu’éphémère. Alba pensa à Freja et elle devait être honnête également avec Concho. Sauf que les enfants étaient présents et ne savait pas vraiment comment amorcer le sujet. Alors elle prit une autre direction, voulant savoir ce qu’ils avaient déjà visité. « Il a une âme créative, comme son père, je suppose. » Jonah lui aussi voulait faire quelques décorations mais avant il voulait voir le Père Noël. « On vient d’arriver. On doit faire une photo avec le Père Noël et ensuite on avisera. » A ce moment, elle aurait pu lui souhaiter une bonne journée, mais elle vit Jonah discuter avec Maxwell. Sauf qu’elle pensa une nouvelle fois à Freja et elle ne voulait pas la trahir. « J’espère que vous vous amuserez bien. » La file d’attente pour la photo avec le Père Noël n’était qu’à quelques mètres d’eux.

J’haussai les sourcils en écarquillant les yeux, alors que j’hochais la tête aux propos d’Alba. Une grosse tempête, oui. « Heureusement que ma fille est trop jeune pour s’agiter à ce point. Deux tornades pour annoncer une tempête, c’est trop pour moi. » Je ris légèrement. Après tout, j’étais devenu père du jour au lendemain, sans prévenir. Je n’avais pas eu neuf mois pour me préparer – même si, m’avait-on dit, ces neuf mois-là ne suffisent quand même. Chaque parent apprend sur le tas, en quelque sorte, mais la différence était que j’étais devenu le père d’un gamin de quatre ans qui avait déjà son caractère, son histoire, que je ne connaissais pas. Et lui ne me connaissait pas non plus. Avec le peu de temps que nous avions ensemble à chaque année, nous apprenions tant bien que mal à nous connaître, mais je savais que ce ne serait jamais une relation des plus faciles. Avec Lara, j’avais la chance de la voir grandir jour après jour, parce qu’en Zelda j’avais trouvé une précieuse amie, mère de mon enfant, partenaire idéale. Je fis quelques avertissements à Jonah, en parlant au nom du Père-Noël. Alba me remercia d’un sourire et, d’une voix plus basse, je répondis : « Entre nous, c’est l’bonhomme rouge barbu qui a le plus d’autorité d’entre nous trois. » Riais-je. Je lui présentai ensuite Maxwell puis Lara qui regardait devant elle avec ses grands yeux curieux. Alba s’amusa un moment avec elle pendant que les deux garçons se fixaient, intrigués et gênés. « Merci. » Dis-je à son compliment sur mes enfants. La blonde me demanda ce que nous avions visité des wagons, ce qui se résumait à pas grand-chose pour le moment. « Ouais sauf que pour le moment, il ne veut rien savoir de la danse. » J’haussai les épaules. Je ne pouvais pas le forcer. Je savais que ça risquait d’être pire encore quand il commencerait l’école. Il rencontrerait tout plein d’autres amis avec des intérêts pas mal plus masculins que ça selon la norme sociétale, si on veut, et il comprendrait encore moins mon intérêt marqué pour ce sport qui n’en était pas un pour certains. Alba sembla par la suite hésitante et, finalement, après m’avoir fait part de son propre planning peu ébauché, elle me souhaita de m’amuser avec ma petite famille. J’hésitai, la regarder partir vers la file d’attente et, comme je m’y rendais de toute façon moi aussi avec Maxwell, je la rattrapai. « Si ça vous dit, on peut faire quelques activités ensemble … Max et Jonah pourront arrêter de juste se regarder et peut-être se dire deux-trois mots, comme ça. » Dis-je en m’adressant à mon fils avec un ton moqueur. Je relevai les yeux vers la mère, attendant sa réponse. J’ignorais tout le malaise provenant de Freja, moi. Tout ce que je voulais, c’était me rapprocher de cette femme qui m’avait fait regoûter à des battements de cœur.
 

C’était étrange de le revoir dans ces circonstances. Elle ne l’avait pas imaginé papa, et de deux ans, dont Maxwell qui avait le même âge que Jonah. Mais en y réfléchissant, ils n’avaient pas tant parler de leur vie personnelle. Sauf qu’elle s’en souvenait de cette soirée. Elle se rappelait du comportement désagréable qu’elle avait eu vis-à-vis de lui, de sa façon à lui de lui répondre. Elle se souvenait de cette proposition de l’aider occasionnellement pour son organisme et de cette bouteille de champagne. Elle n’avait rien oublié, et surtout pas lorsqu’il avait posé ses lèvres sur les siennes et qu’il avait parcouru avec ses mains le corps de la blonde. Ses souvenirs en forme d’image lui était revenu devant ses yeux et Alba essayait de les chasser de son esprit. Il était en face d’elle avec ses enfants, dans un train rempli de nombreux autres enfants pour fêter Noël et prendre une photo avec le bonhomme rouge. Père Noël dont Conchabàhr faisait référence quand il essayait de calmer Jonah. « Peut-être que je devrais me laisser pousser la barbe alors. » Disait-elle en riant, blasée par son humour. Elle savait Jonah excité à l’approche des fêtes de noël, mais cette année il l’était particulièrement. Peut-être que dans le fond il avait compris que le noël de l’année dernière avec ses deux parents ne seraient plus une exception. Et elle l’espérait Alba, qu’elle et Léo arriveraient à s’entendre facilement pour pouvoir offrir au lien qui les unissait un noël digne de ce nom. Elle découvrait les enfants de danseur, s’amusant quelques instants avec la petite qui se trouvait sur le ventre de son père. Avant Jonah, elle ne voulait pas d’enfant, mais en voyant Lara, elle aurait presque eu envie de pouponner une nouvelle fois. Mais très vite elle oubliait cette idée qui était mauvaise. Elle fronça un peu les sourcils quand Concho lui expliquait succinctement les difficultés qu’il avait avec son fils pour lui faire aimer la danse. Elle connaissait ce problème, avec Jonah peu intéressé par l’art. Mais il lui suffisait d’une phrase magique pour que d’un seul coup il en faisait sa priorité pour quelques heures. Elle s’approchait du petit garçon avec douceur se mettant à sa place. « Salut je m’appelle Alba. » Elle lui souriait avec un sourire maternel, le genre de sourire qu’elle offrait à Jonah. « Tu sais ton papa c’est le meilleur danseur que je connaisse, tu devrais lui demander quelques conseils parfois, je suis sûr que tu seras meilleur que lui dans quelques années. » C’était de la manipulation, une gentille manipulation, mais elle trouvait cela dommage que Concho ne puisse pas partager ça avec son fils. Peut-être qu’elle avait franchi une limite qu’elle n’aurait pas dû mais elle s’en rendait compte trop tard. Se relevant et souriant timidement à son ex amant. Ils parlaient quelques minutes, avant qu’Alba décide de les quitter pour rejoindre la queue. Elle avait hésité mais elle se souvenait de la promesse à Freja. Mais Concho l’arrêtait, lui proposant de faire quelques activités ensemble. Et Jonah même timide, avait l’air heureux de s’être trouvé une nouvel ami. « Je … oui bien sûr. » Elle regardait autour d’elle, bientôt à leur tour pour la photo. « Je peux te la garder, si tu veux faire une photo seul avec Maxwell. » Disait-elle en regardant la petite avec ses yeux merveilleux.

Il était vrai que nous n’avions pas beaucoup échangé sur nos vies personnelles, à notre première rencontre. La discussion avait plutôt été axée sur nos vies professionnelles, puisque c’était la base de notre rencontre. Tous les deux ancrés dans nos jobs, prêts à la défendre coûte que coûte en plus. Évidemment que le reste avait été excuses et justifications. Pour le reste, nous n’avions pas vraiment eu le temps d’entrer dans les détails de nos vies, parce que nous avions été occupés par autre chose. Le champagne nous était rapidement monté à la tête, disons-le comme ça. C’était toujours bien mieux que la colère du début. Dans tous les cas, j’étais heureux de revoir Alba dans ces circonstances. Ça me montrait une nouvelle facette d’elle, une facette que j’appréciais déjà beaucoup. De la savoir mère célibataire, tout comme j’étais père célibataire, ça me rassurait, en quelque sorte. C’était débile, ce n’était qu’une histoire d’un soir et nous n’avions pas prévu nous revoir pour quelque chose de plus, et pourtant la pensée me traversa l’esprit. Je revins bien vite à la situation présente, en parlant de l’autorité qu’avait le Père-Noël sur nos enfants, contrairement à nous. Je ris à la réplique d’Alba. « Tu ris, mais ça t’irait vraiment très bien. » Blaguais-je à mon tour. Quoique blaguer, pas tant que ça. Alba était tellement canon que je pense que toute forme de pilosité n’aurait pu effacer sa beauté. Après que la blonde eut rencontré mes deux enfants, je lui confiai que Maxwell n’avait absolument aucun intérêt pour la danse. Il me parlait plus souvent qu’autrement d’autres passe-temps qu’il pratiquait avec Ally et Henri, à New York. Des hobbys dont je ne connaissais rien du tout. Ça creusait toujours un peu plus le fossé, dans mon cœur. Sans plus tarder, Alba s’adressa à Maxwell pour vanter mes talents de danse, et qu’il devrait en profiter pour me demander quelques conseils pour devenir meilleur que moi dans quelques années. Je souris à Alba quand je recroisai son regard, mon regard lui renvoyant toute ma gratitude. « Ouais, là ça ne fait aucune différence pour toi, mais dans quelques années, tu voudras faire tourner la tête de quelques filles, et avec la danse, ça fonctionne à chaque fois … » Renchéris-je en regardant Maxwell, qui grimaça en regardant Jonah. Ils étaient évidemment bien trop jeunes pour penser aux filles et à l’amour. Peut-être qu’ils n’aimeraient pas les filles, non plus. Il fallait que j’essaie de modifier mon discours pour être inclusif, je le savais, Ally me le répétait souvent. Sur ce, la blonde alla rejoindre la file d’attente pour le Père-Noël. Après une courte hésitation, je fis signe à Maxwell de me suivre et on les rattrapa, pour les inviter à passer une partie de la journée avec nous. C’était une occasion en or, et si Maxwell pouvait créer quelques attaches à Bowen, je serais tellement content. À la proposition d’Alba de prendre Lara le temps d’une photo avec mon fils, je souris largement. « Je suis certain qu’Ally serait hyper contente d’avoir une photo de Max et moi avec le Père-Noël. Ça te dérange pas, t’es sûre ? Je la reprendrai vite faite après pour avoir une photo avec elle aussi. » Parce que c’était peut-être une famille particulière, mais c’était ma famille. Je voulais une photo avec mes deux enfants aussi. Je défis le porte-bébé et fis le transfert à Alba, allant me positionner avec Maxwell pour une photo.

Elle avait rencontré le Conchobàhr grognon et peu agréable. Puis elle avait découvert durant la suite de la soirée, un homme gentil et drôle puis enfin un merveilleux amant. Mais dans ce train c’était une tout autre facette qu’elle voyait de lui, et ça ne lui déplaisait pas à Alba. Père de deux enfants, elle avait l’impression de plus le comprendre. C’était une surprise de le revoir aujourd’hui, alors que quelques jours plus tôt, elle avait promis à Freja de ne pas essayer de le revoir. C’était juste un concours de circonstance qui les avait fait se revoir. Tout un tas de souvenirs revenaient à elle. Cette fameuse soirée au Head Ahead ne remontait à pas si loin et en se concentrant quelques secondes, elle pouvait se souvenir du goût de la bouche du brun et de ses mains dansant sur son corps. Elle aurait voulu prendre le temps de s’en souvenir Alba, mais ce n’était pas le moment. Son fils, habituellement sage, n’en faisait qu’à sa tête. Il n’avait suffi que d’une phrase de Concho pour calmer Jonah et faire rire Alba. « Ne te moque pas. » Disait-elle en riant. Peut-être qu’elle devrait se déguiser cette année en père noël, ou en mère noël pour changer. Mais sans aucun doute, Jonah la reconnaîtrait trop facilement. Ils étaient fusionnels la maman et son garçon. Jamais ils n’avaient été séparés plus d’un mois. C’était même rare que Léo, à l’époque où Alba habitait à Brisbane, qu’il le prenne aussi longtemps. Souvent Jonah voulait rentrer pour voir sa mère. Ce n’était peut-être pas bien qu’ils soient aussi proches, mais leur relation était très belle. Ça fit un petit pincement dans le cœur d’Alba quand elle se rendait compte que le brun n’avait pas cette chance avec son aîné. Alors elle lui parlait, presque secrètement, même si toutes personnes attentives pouvaient entendre la conversation. Et le sourire de Concho suffit à convaincre Alba qu’elle avait fait le bon choix. « Tout à fait, ça marche très bien. » Disait-elle avec un large sourire en voyant la tête dégoûtée des deux garçons. Puis discrètement elle fit un petit clin d’œil à Conchobàhr. Certes, le champagne avait aidé mais elle se souvenait des petits cours de danse particuliers qu’il lui avait offert. Prenant Jonah par la main, elle s’éloignait de la petite famille avant qu’ils la rejoignent. Pendant trente secondes elle pensait à sa promesse faite à Freja, puis elle l’oubliait. De toute façon ce n’était pas comme-ci quelque chose allait se passer avec leur enfants. « Bien sûr que non vu que je te le propose. » Elle regardait les deux hommes se faire prendre en photo. En même temps elle jouait un peu avec Lara, lui chatouillant le nez et en lui faisait des grimaces. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas porté un bébé, maintenant que Jonah était grand. Ils revenaient vers eux. « Vous étiez parfaits, même si le photographe devrait remonter un peu son trépied. » Disait-elle en souriant, rendant la petite Lara dans les bras de son père. Il repartait pour une photo, puis vint le tour d’Alba et Jonah. Elle essayait de fixer l’objectif mais ses yeux faisaient des aller-retours entre l’appareil et Concho. « Vous voulez peut-être une photo tous ensemble ? » Demanda le photographe à la blonde et au brun.

« Je me moque même pas ! » Me défendis-je malgré mon manque de crédibilité alors que je m’esclaffais. En même temps, comme je l’avais pensé quelques secondes plus tôt, je plaisantais à moitié. Alba était de ces femmes à la beauté singulière, qui pourrait faire tourner n’importe quelle tête. Son regard était perçant, son sourire dévastateur, tout d’elle semblait s’harmoniser à la perfection. Une barbe allait aisément s’allier à ses magnifiques traits. C’était une drôle d’image à avoir en tête, quand même, à propos d’une amante d’une nuit, mais la journée actuelle me prouvait qu’on pouvait discuter sans arrière-pensée. La présence de nos enfants aidait sans doute à nous garder sur le droit chemin, éviter tout écart de conduite, mais quand même. Dans cette ambiance, j’avais surtout envie de découvrir cette nouvelle facette d’Alba. Même si … il fallait l’avouer, les bribes de souvenirs qui me revenaient me donnaient certainement envie que ce ne soit pas une fois unique. La jeune femme, avec son cœur de maman sans doute attristé de savoir que mon fils ne voulait rien savoir de ma passion qui était également mon métier, tenta de convaincre Maxwell d’essayer quelques pas avec moi, en usant d’une subtile manipulation à laquelle j’ajoutai mon grain de sel. J’étais touché que la blonde veuille m’aider, comme ça, en usant de stratagèmes d’influence qui semblaient porter fruits, puisque Maxwell avait quand même démontré une certaine ouverture derrière ses grimaces partagées avec Jonah. Il avait haussé les épaules et lâché un peut-être auquel je n’avais jamais eu droit. Je ris légèrement en recevant le clin d’œil d’Alba. À voix basse, j’avouai : « Ça semble être un petit pas, mais c’est plutôt un grand pas pour nous. » Je lui souris, avant que le temps de se séparer ne sonne. Mais à peine Alba éloignée avec Jonah, je regrettai de ne pas avoir proposé d’étirer le moment. Nous étions tous les deux là, parents célibataires avec nos enfants, prêts à faire des activités de Noël tout l’après-midi, pourquoi ne pas joindre nos forces ? En plus, nos garçons semblaient quand même sur une belle lancée. Ce serait dommage de couper court à ça. Je la rejoignis donc rapidement, proposant le plan de match en ne voulant pas paraître pot-de-colle même si c’était un peu ce qui se passait. Alba accepta, et me proposa même de prendre Lara un moment pendant que j’étais photographié avec Max. Le transfert de ma petite fait, j’allai m’installer à côté du Père-Noël pendant que Max était assis dessus. Il se plaignait qu’il n’avait plus l’âge mais à quatre ans, come on, je savais qu’il en avait envie. Je revins vers Alba pour reprendre Lara. « Quoi il m’a coupé la tête ? » Demandais-je en riant. Ce n’était pas grave si c’était mal cadré, j’étais grand et j’aurais peut-être dû songer à m’agenouiller. Je n’étais pas trop habitué à tout ça. Je fis une seconde photo avec mes deux enfants cette fois, en prenant soin de pouvoir faire rentrer tout le monde – donc moi – dans la photo, puis ce fut au tour d’Alba et Jonah. Je souriais à grandes dents en les regardant, attendant à côté de la petite scène décorée. Nos regards se croisaient souvent, alimentant mon sourire, jusqu’à ce que le photographe nous prenne tous les deux de court. « Oh, euh, je … on n’est pas, ben, euh … » Balbutiais-je, avant de me dire d’la merde et de répondre : « Vous savez quoi … Pourquoi pas ? Non ? » Demandais-je à Alba, jaugeant son degré d’aise avec cette idée. Ça ferait un beau souvenir, un peu random, mais beau.

Elle haussait les sourcils. La blonde avait un peu de mal à croire en la sincérité de Conchobáhr concernant sa beauté avec une barbe. Elle le savait un peu moqueur le danseur, ayant eu l’occasion de tester ses petites piques. Mais elle retrouvait cette récente complicité qu’ils avaient eu à cette fameuse soirée. Sauf que la situation changeait. Il n’était pas le voisin taquin et charmant et Alba n’était pas la voisine hystérique et douce. Ils découvraient une autre facette de l’autre, plus personnelle que l’autre et tout autant intime. Elle ne cachait pas son fils au reste du monde, mais il était son petit monde merveilleux, celui dans lequel la blonde aimait se réfugier. Il avait cette facilité à la faire sourire en un instant. La photographe avait toujours été clair, c’était elle avec Jonah et rien d’autre. C’était peut-être pour ça qu’elle n’avait jamais trouvé une personne avec qui faire un bout de chemin, une personne qui arriverait à lui faire oublier un peu Léo. C’était le cœur de maman qui se brisait en Alba quand Concho lui expliquait que Maxwell n’était pas intéressé par ses passions. Certes Jonah n’avait pas encore la fibre artistique comme ses parents, peut-être qu’il ne l’aurait jamais, mais parfois il touchait à l’appareil d’Alba ou à regarder les retouches. La photographe prit la décision de parler au garçon, comme s’il s’agissait de son fils. Relevant les yeux vers Concho, elle fut un peu rassurée, ayant peur d’avoir franchis une limite. Lui et Jonah ne le savaient pas encore, mais ça plaisait aux femmes et aussi aux hommes qu’on sache danser. Alba, elle avait apprécié ces quelques danses échangés avec Conchobáhr. Elle se souvenait de leur hanches qui se mouvaient, des mains sûrs de Concho dans le bas du dos de la blonde. Elle se souvenait de ses moments sensuels qui les avaient amenés à s’embrasser à se découvrir encore plus. Avec une sorte de lassitude, Maxwell haussait les épaules, mais les mots des deux parents avaient permis une petite brèche dans le cerveau des deux garçons. Puis ils se détournaient des deux adultes, et Concho se confiait un peu. Souriante, elle posait sa main sur l’avant-bras du brun, avant de récupérer son fils pour rejoindre la file. Mais quelques secondes plus tard, l’autre petite famille les rejoignait. Au final, ils allaient continuer un bout de la visite ensemble. Elle souriait à Lara qu’elle tenait dans ses bras le temps que Concho et son fils puissent prendre une photo. Le danseur allait sûrement avoir une tête un peu coupée vu la position du trépied. Elle riait légèrement le faisant remarqué au jeune homme. « Je te retoucherais ça si tu veux. » Disait-elle. Puis elle l’observait une nouvelle fois et riait quand elle remarqua qu’il se baissait un peu. Puis vint son tour. Le sourire d’Alba était étincelant, posant son regard à la fois sur la photo et sur Concho. Et le photographe le remarqua. Elle ne s’y attendait pas à cette proposition, la mettant un peu mal à l’aise. Conchobáhr non plus ne savait pas trop quoi répondre, puis Jonah regardait sa maman, les yeux curieux. Après tout pourquoi pas. « Oui pourquoi pas. » Ce n’était qu’une photo après tout, un souvenir qui lui donnera le sourire dans quelques années. Et alors que les trois autres les rejoignaient, Alba s’avançait vers le photographe. « Vous permettez ? » Demanda-t-elle, relevant le trépied pour éviter à Concho de se baisser inutilement. La photo terminée, le photographe leur expliqua qu’ils pourraient récupérer la photo dans plusieurs minutes. Alors elle se retournait vers Concho. « Vous voulez faire quoi maintenant ? » Mais ce n’était pas l’adulte mais les enfants qui exprimaient leur volonté.

Aussitôt séparés, aussitôt réunis. Je n’avais pas pu laisser filer Alba et Jonah trop longtemps, trouvant assez attrayante l’idée de passer le reste de la journée avec eux. Non seulement cela permettrait aux deux garçons de se dégêner, mais les deux adultes que nous étions pourrions également profiter de ces quelques heures pour continuer à briser les quelques morceaux de glace restant entre nous. Ça ne me déplaisait pas de penser qu’à la fin de cette journée, Alba et moi serions un peu plus proches encore. Certes, nous avions couché ensemble et à une certaine époque de ma vie, c’était ça l’apogée de l’intimité, de la proximité. À mon âge cependant, il était généralement plus fréquent qu’une relation se base d’abord sur la sexualité pour ensuite évoluer vers quelque chose de tissé serré. Bref, après avoir pris la photo, Alba m’apprit que ma tête risquait d’être un peu coupée. « T’es capable de faire d’la magie à ce point ? Genre de me coller une tête sans que ça paraisse ? On dirait que j’ai juste en tête les montages débiles sur Internet qui sont photoshoppés en cinq secondes … Enfin, j’sais que t’as plus de talent que ça évidemment, mais faudra que je le voie pour le croire. » Je ris. D’ici-là, j’aurais l’image d’un collage raté en tête. Jusqu’à preuve du contraire. Je retournai devant la caméra pour une photo avec mes deux enfants cette fois, échangeant un regard amusé avec Alba alors que je m’efforçais rentrer dans la photo sans avoir l’air de Gollum non plus. Ce fut finalement au tour de la blonde et de son fils, et je la regardai sans arrêter de sourire. Pensant que nous étions sans doute une famille bien éclatée, mais une famille quand même, il nous proposa de prendre un photo tous les cinq. Après un bon dix secondes de malaise, je décidai de proposer qu’on le fasse. Alba acquiesça. Lara toujours contre moi, je poussai juste un peu Maxwell pour qu’il se mette en marche vers la petite scène. La blonde alla voir le photographe pour remonter un peu le trépied. Je lui souris quand elle revint vers nous. « Merci … » On se positionna, l’air d’être une belle grande famille et pourtant ça ne pouvait pas être plus loin de la réalité. Le photographe nous indiqua que les photos seraient prêtes dans quelques minutes. En attendant, Jonah et Maxwell s’excitaient à la question d’Alba, essayant de se mettre sur la même longueur d’ondes en criant des idées d’activités sans s’écouter. Je ris à les voir. « J’crois que j’ai entendu autant Jonah que Max parler de l’heure du conte ! » Je consultai ma montre, puis le dépliant d’activités familiales. « Ça tombe bien, y’en a un dans dix minutes. » Les deux recommencèrent à s’agiter en acquiesçant mais en prévoyant déjà ce qu’ils feraient après le conte. La prochaine activité serait sans doute la confection de décorations mais ça, c’était s’ils ne changeaient pas d’idée pendant le conte. Cette petite accalmie pendant laquelle ils seraient pendus aux lèvres du conteur nous permettrait au moins, à Alba et moi, de discuter un peu loin de leurs oreilles.

Alba se souvenait des premiers mots qu’ils avaient échangé il y a quelques mois. Ils n’avaient pas reparlé depuis sauf aujourd’hui, mais il savait qu’elle était photographe. Elle le regardait amusée et faussement outrée. « Je suis déçue que tu ne me penses pas capable de le faire. » Disait-elle en riant, surtout que ce n’était pas une retouche difficile. Il n’allait pas être beaucoup coupé juste le haut de son crâne. En soit ce n’était pas grave mais la perfectionniste Alba n’aimait pas voir des photos mal cadrées. Puis c’était un moment magique avec ses enfants, donc si elle pouvait sublimer la photo pour Concho elle le ferait sans problème. « Quand tu verras le résultat, tu t’excuseras. » Elle riait toujours, ne prenant pas mal les suspicions du danseur. Vu ce qu’il y avait sur internet de nos jours, ce n’était pas facile de croire qu’il y avait encore des professionnels qui faisaient du bon travail. Le sourire d’Alba était éblouissant quand elle prenait la photo avec Jonah, sentant le sourire et le regard de son amant sur elle. Mais ni lui ni elle ne s’était attendue à cette photo surprise. De l’extérieur peut-être qu’il ressemblait à une drôle de famille, mais la réalité était tout autre. Un échange de regard pour savoir ce qu’ils feraient. Cela ferait un beau souvenir de cette journée, mais pas question de laisser Concho coupé de moitié. Alba ne se gênait pour monter le trépied. « C’est bête qu’on ne te voit pas en entier. » Disait-elle avec un petit clin d’œil, avant de se positionner pour prendre la photo. Le temps d’attendre la photo, Alba demandait aux deux garçons ce qu’ils voulaient faire. Elle souriait la photographe ravie de cette petite amitié naissante. Le conte serait donc la prochaine étape. Une activité qui prendrait un peu de temps et qui allait permettre aux deux parents de discuter un peu plus longuement. Vu l’enthousiasme des deux garçons, ils se dirigeaient tous vers le prochain wagon. Avant de partir, la photographe partait récupérer les photos. « Si tu veux je modifie les tiennes et je te les donne dès que j’aurai fini. » Cela ne lui prendrait pas trop de temps. Tout le monde suivait Concho qui avait le planning et le plan. Les deux enfants couraient vers les coussins pour s’installer confortablement, prêt à écouter l’histoire. Un regard d’avertissement vers Jonah pour lui faire comprendre de bien se comporter. Selon le planning le conte durait une vingtaine de minute, le temps pour Alba et Concho accompagné de Lara d’aller prendre un verre. « Tu es tentée par un vin chaud ? » Demandait-elle en souriant.

Évidemment, je me souvenais qu’Alba était photographe, mais cet art-là était tellement loin du mien que je ne savais pas que tous les photographes maîtrisaient également l’art de la retouche au point de pouvoir faire des montages. Embellir les couleurs, atténuer des poussées d’acné, réaligner, je savais fort bien que la blonde pouvait sans doute faire tout cela. Mais m’ajouter une tête, avec toutes les blagues qui se publiaient sur les réseaux sociaux, j’allais effectivement avoir besoin de preuves. « Je sais pas, moi ! J’connais pas assez ça, j’peux juste me fier aux gens qui trollent sur Internet et … tu sais aussi bien que moi ce que ça donne. » Me défendis-je en riant. Loin de moi l’envie de l’offusquer dans ses talents, j’étais certain qu’elle me prouverait tout le contraire de ce que je venais de dire. Je ne demandais que ça. Alba avait donc raison, quand je verrais le résultat, je m’excuserais. « Je ferai plus que m’excuser, j’vais t’acheter un bouquet de tes fleurs préférées pour me faire pardonner. » Encore faudrait-il que je sache quelles étaient ces fleurs. Alba et moi venions à peine de nous rencontrer, au fond. J’avais tout à apprendre d’elle. Le plan de match pour la suite était donc parfait. Après avoir pris les photos, il fut convenu que nous irions écouter un conte de Noël, dont le prochain débutait dans quelques minutes. Alba alla donc récupérer nos photographies, dont celles de cette fausse famille créée le temps de quelques clichés. Ensuite, direction le wagon des contes pour enfants. « Oui, j’aimerais beaucoup, c’est gentil de ta part. Merci. » Avais-je répondu à Alba à propos des modifications. Une fois dans le wagon pour le conte, Max et Jonah coururent vers les coussins à l’avant, pour pouvoir tout voir et tout entendre. Je souris en les regardant. « Ne dérangez pas autour de vous les gars. » Les avertis-je. Maxwell avait un petit côté hyperactif et je ne voulais pas qu’il nuise à l’heure de conte. Au moins, ils auraient certainement un petit participant s’ils avaient besoin de volontaires. Alba se tourna vers moi et me proposa un vin chaud. « Avec plaisir. » C’était bien surveillé, dans ce wagon, nul besoin qu’on soit là à fixer les garçons. On pourrait rester à l’extérieur, à côté de la porte pour guetter la fin du conte. Je me rendis avec la blonde jusqu’au stand à vin chaud, et je lui offris le verre. « C’est pas du champagne mais … » Je ris. Je retournai vers le train mais restai à l’extérieur. « On s’assoit ? » Proposais-je en désignant un banc qui longeait justement le wagon des contes. Je pris place et, après avoir trempé mes lèvres dans le vin chaud, je lâchai : « Ça m’a fait plaisir de te voir aujourd’hui. C’est sous un tout autre jour en plus et … J’sais pas, j’trouve que … Que le courant passe bien. Entre Max et Jonah aussi, et ça me fait plaisir à voir. » Je lui souris, un peu gêné, parce que je l’appréciais pas mal, Alba. Et elle me faisait du bien.

Elle ne faisait pas non plus des merveilles Alba, mais faire entrer Concho dans le cadre était de son niveau. Surtout qu’elle avait une photo où il était bien. Ça ne lui prendrait que quelques heures et elle le ferait avec plaisir. Elle savait à quel point une photo pouvait marquer un moment. Et ce moment était important, où chacun profitait d’un moment en famille. Ce n’était pas prévu qu’ils se retrouvent, Jonah avait foncé dans Conchobáhr. Ils auraient pu se séparer, c’était plus raisonnable, mais le papa en avant décidé autrement. Ça lui faisait du bien à la photographe de revoir son amant d’une nuit, mais la petite pointe de culpabilité restait présente. Elle préviendrait Freja après cette entrevue, la rassurer et lui expliquer que rien ne s’était passé. Pour le moment, elle mettait la brune dans un coin de sa tête pour profiter du moment. Il ne la croyait pas capable de faire des merveilles pour la photo. Faussement outrée, elle prenait un air boudeur et vexée, alors que dans le fond ça la faisait rire. « Oh oui, y’a vraiment des horreurs. » Elle répondait en douceur avec un rire. Mais elle lui promettait à Conchobáhr qu’elle ne lui rallongerait pas sa tête, qu’il resterait aussi beau sur la photo que dans la réalité. Elle releva un sourcil à sa réponse. « Si pour retoucher une photo j’ai des fleurs, je me demande ce que j’aurai pour quelque chose de plus important. » Elle lui souriait en lui faisant un clin d’œil, avant de porter son attention sur les deux petits monstres. Ils argumentèrent quelques secondes avant de se mettre d’accord sur le conte. Avant de quitter la wagon, la blonde allait récupérer les photos et souriait à Concho. Ils s’étaient bien trouvé Max et Jonah, aussi malicieux l’un que l’autre. Une fois dans le wagon du conte, ils couraient presque pour s’asseoir à la meilleure place. Il était très excité aujourd’hui Jonah. Un regard d’avertissement de la part d’Alba et des un conseil de la part de Concho, ils laissaient les deux garçons seuls. Il y avait du monde pour les surveiller, ils allaient les attendre dehors. Le wagon bar n’était pas si loin, Alba en profitait donc pour proposer au danseur un verre de vin chaud. C’était une journée agréable en Australie, il faisait bon, mais les températures n’étaient pas excessives non plus. Elle riait à son petit clin d’œil concernant leur rencontre. Elle le remerciait pour le verre. « C’est parfait, t’inquiète. » Répondait-elle en lui souriant. Elle s’en moquait en fait un peu la blonde de l’alcool, l’important était la compagnie. Elle ne faisait pas partie de ces personnes qui jugeaient en fonction de la connaissance des gens en matière d’alcool. Ils retournaient vers la wagon où se tenait le conte. Hochant la tête à la proposition du danser, Alba posait ses fesses sur le banc en lui laissant une place. Il commençait à parler, et Alba se sentait mal à l’aise. Ce qui lui disait lui faisait plaisir. Elle ressentait la même chose, sauf qu’elle ne pouvait pas faire ça à Freja. Elle buvait une gorgée évitant le regard de Concho. Après tout, elle n’était pas en couple avec la brune et il n’y avait rien de mal d’apprécier la présence du danseur. Alors elle lui souriait. « Je suis d’accord. C’est vraiment chouette de te voir comme ça. » Disait-elle en montrant de la tête la petite Lara. Elle l’aimait bien le Concho avec ses enfants, c’était rassurant. « Jon n’a pas trop d’ami ici, il est un peu comme moi, il a du mal à faire confiance. Alors je suis contente qu’il se soit si vite entendu avec Max. » Avouait la blonde.