never ever getting back together (esras)

C’était il y a des années et pourtant, il pouvait la complimenter toujours aussi facilement. Si seulement il avait eu le courage de lui expliquer les raisons de cette séparation. Mais en y réfléchissant, elle aurait fait quoi April ? La blonde aurait sûrement fait tout pour prouver le contraire à l’irlandais et la finalité aurait été la même. Il ne pouvait pas à l’époque lui accorder du temps pour l’aimer alors qu’il était tout simplement détruit. Il riait, avant de levers un sourcils de manière séduisante. Sans quitter son regard il reprenait une gorgée de sa boisson. A force, il allait finir la soirée ivre, mais il préférait profiter de cette parenthèse agréable avec son ex. Est-ce qu’il la draguait ? Surement un peu. Il l’avait aimé cette femme, elle avait été la seule à Bowen à avoir transpercé sa carapace, c’était pour cette raison qu’il s’était enfoui. Cinq ans maintenant qu’elle était bien en place, mais April commençait déjà à l’attendrir avec ses fossettes adorables et ce sourire dangereux. « Ça te dérange si je te drague ? » Demandait-il avec une voix suave, mais au final, il attendait sa réponse, son consentement. Il ne voulait pas lui faire de la peine. Il n’avait jamais voulu, sauf qu’à force de se faire insulter dans toutes les langues et même le gaëlique, il était devenu froid et méchant. Il pouffait légèrement de rire quand elle lui disait qu’il se défendait bien. Au début, il encaissait mais à force il répondait. C’était peut-être pour ça qu’à la fin il n’était plus invité aux soirées, et ni elle. Les gens en avaient marre de les entendre se gueuler dessus. « Je n’ai jamais pensé que tu étais une hystérique en manque de sexe. » Disait-il en riant, se moquant de sa propre remarque. Oh lui aussi il en avait eu des sales remarques. Mais au final, il était temps de passer à autre chose. April l’offrait avec ces deux shooters, alors qu’il la félicitait encore pour cette nouvelle décoration de la boîte. Il s’excusait, et cette fois-ci pas pour les remarques idiotes mais pour la peine qu’il lui avait infligé en la quittant. Il s’excusait aussi pour lui-même et la peine qu’il s’était lui-même infligé en s’éloignant de cette tornade blonde. Il lui racontera un jour, peut-être demain, ou dans un mois les raisons. Mais pas ce soir, il ne voulait pas lui dire ivre. Il fallait qu’ils soient sobres. Il hochait la tête. « Comme au bon vieux temps. » Son regard était toujours aussi hypnotisant et quand il sentit sa main sur son avant-bras, Esras frissonnait. Il ne l’avait pas touché depuis si longtemps. Il la suivait, presque envoûté. Et il souriait. La musique ne s’y prêtait pas, mais l’irlandais posa sa main dans le bas du dos de la blonde pour l’approcher d’elle. « J’attends de voir ça. » Disait-il alors qu’il commençait à bouger. Ce soir, il se rapprochait d’elle mais ne craquerait pas parce qu’il lui devait des explications avant tout autre chose.

Pendant longtemps, l’irlandais t’avait manqué. C’est pour ça que tu avais été si méchante avec lui, pour lui faire comprendre qu’il t’avait fait du mal. Mais bon, les enfantillages étaient terminés. Il fallait être plus adultes et mettre cartes sur table. Ce soir, c’est ce que tu avais décidé de faire. C’était peut-être un coup du destin, vos retrouvailles ? Il fallait profiter de cet instant. Tu n’avais pas encore enterré la hache de guerre, mais tu avais décidé de faire un pas vers lui. Tu le voyais, qu’il essayait de te draguer, et ça te faisait rougir autant que sourire. « Non, ça me dérange pas. Continue pour voir » dis-tu en soutenant son regard, en buvant quelques gorgées de ton cocktail presque terminé. C’était un petit jeu de séduction qui te faisait du bien. Après tout, vous aviez passé tellement de temps à vous déchirer, qu’il fallait faire les choses bien, maintenant. Ton verre terminé, tu le posais sur le comptoir du bar. L’alcool t’avait donné un regain d’énergie, et tu étais prête à affronter la nuit. Toi qui avait juste eu envie de boire un petit verre avant de rentrer chez toi, maintenant, ça semblait se transformer en grosse soirée. Sa réplique te faisait rire, parce que tu l’avais souvent entendu. « Et moi j’ai jamais vraiment pensé que tu étais… attends comment on dit ? » dis-tu en réfléchissant quelques secondes. « Un connard d’irlandais » dis-tu en français. Oui, parce que tu avais fais l’effort d’apprendre plusieurs insultes dans des langues différentes. Surtout dans celles que tu parlais déjà. Et le français en faisait parti. Mais on entendait toujours ton petit accent australien par dessus ces langues. Vous buviez ensemble vos deux shooters, comme pour dire que cette soirée était en dehors du temps, que vous seriez amical l’un envers l’autre. Demain est un autre jour. Il lui avait dit qu’il voulait s’excuser, en bonne et due forme. Mais pas ce soir, parce qu’il semblait légèrement alcoolisé, et tu l’étais aussi. Comme au bon vieux temps. Ça faisait plaisir à entendre. D’un coup, tu te décidais à finalement aller danser avec l’irlandais. Alors tu attrapais son bras, et tu l’entrainais sur la piste de danse. Tu voulais lui faire comprendre qu’il avait raté quelque chose, en te laissant filer aussi vite. Sa main dans le bas de ton dos te faisait frémir, mais ça faisait du bien. Vous étiez tous les deux collés-serrés entrain de vous ambiancer au son du DJ qui performait ce soir. T’avais clairement l’esprit embué par l’alcool, alors tu voulais faire un pas vers lui mais tu te doutais que tu te ferai recalé. « Tu regrettes tant que ça ? » demandas-tu d’une voix suave, à son oreille, posant une main dans sa nuque.

C’était tellement tentant de la charmer April. Pour la première fois depuis longtemps, elle lui offrait cette trêve, ce petit instant magique dans lequel Esras y allait la tête la première. La blonde avait toute les raisons de le détester parce que sans explication il avait mis fin à l’une des plus belles histoires qu’il avait vécu. Lui aussi s’était renfermé, quand tout s’était terminé, pour essayer de s’en remettre. Mais la revoir rougir à ses mots rendait le brun fier et son égo le remerciait. Il ne comptait pas lui faire du mal à April, mais de savoir qu’il lui faisait toujours de l’effet, montrait qu’au final elle ne le détestait pas tant que ça. Il riait dans un soupire. « April … ne me tente pas. » Disait-il en lui faisait un clin d’œil. Mais il y avait une part de vérité dans cette phrase, il serait trop tenté. Si elle acceptait ses avances, et ses compliments, il ne sait pas Esras jusqu’où il irait. C’était le moment de s’excuser. Il n’avait jamais pensé un mot de ses insultes, mais il avait aimé la voir sortir de ses gondes. Puis surtout il ne pouvait rester là à se faire insulter sans répondre. Il s’était rapproché d’elle, près de bar, pendant qu’il finissait son verre. Est-ce que l’alcool lui jouait un tour ? Est-ce qu’April était réellement gentille ou juste rêvait-il de ce moment ? Avec son plus bel accent français, elle la redit cette insulte. « Tu sais, je n’ai jamais pris ça pour une insulte, parce que je ne reconnais que le mot irlandais. » Disait-il en pouffant de rire. Comme au bon vieux temps, trinquèrent-ils. Il ne s’agissait pas de déguster le shooters. April et Esras le buvaient dans une seule gorgée, alors qu’il indiquait qu’ils parleraient un jour. Qu’un jour prochain, il lui expliquerait. Surprise de la part d’April, elle entraînait le brun vers la piste de danse. Son regard lubrique s’illuminait quand elle parlait de talent. Il voulait la redécouvrir April. En s’approchant d’elle il ressentit ce petit battement au cœur et cette douce sensation. Mais elle cassait le moment, parlant de regret. Esras soupirait, mais la gardait dans ses bras. « Non. » Répondait-il honnêtement, il savait comme elle allait réagir. Il ne lui laissait pas le temps. Il déposait ses deux mains sur les joues de la blonde. « C’était le mieux à faire. Tu ne comprends pas maintenant, mais j’espère que tu comprendras plus tard. » Il ne lâchait pas son regard. Il lui avait promis de lui dire la vérité, il voulait juste pour ce soir continuer cette danse avec son ex.

Se draguer, c’était facile pour vous deux. Ayant été aussi longtemps ensemble, vous connaissiez les points faibles de l’autre. Il te connaissait par coeur, et tu le connaissais par coeur. Esras avait été très important pour toi, tu avais connu l’amour et ça ne t’était que rarement arrivé dans ta vie. Mais tu pensais qu’il n’avait pas les mêmes sentiments que toi à l’époque. If only you knew. « Pas besoin de te tenter, tu le fais sans t’en rendre compte » ajoutas-tu en lui rendant son clin d’oeil. Il s’y connaissait en drague, l’irlandais. C’est comme ça qu’il t’avait séduite, la première fois que tu étais tombée dans ses bras. Puis vous vous étiez excusé, des insultes balancées à tout va sur l’un et sur l’autre. T’avais pas lésiné sur les insultes, d’ailleurs. Souvent en français ou en espagnol, tu l’avais même traité d’idiot en mandarin. « Tant mieux, c’était pas très sympa de ma part » ajoutas-tu en grimaçant légèrement. T’avais eu envie de l’insulter dans toutes les langues possibles pour être sure qu’il ne comprenne rien. Et puis t’avais même fais l’effort d’apprendre le gaélique pour lui montrer que tu n’étais pas si bête que ça. Même s’il savait déjà que tu ne l’étais pas. Tu entrainais le jeune homme sur la piste de danse, un peu éméchée. Et tu commençais à te déhancher devant lui. Secrètement, tu espérais pouvoir t’excuser au lit. C’était une bonne idée, pour la fille saoule que tu es actuellement. Alors avec une voix très sensuelle, tu lui avais demandé s’il avait regretté tant que ça, votre séparation. Il soupirait, et te dit que non. Surprise, tu sortais de son étreinte mais il ne t’en laissais pas le temps. Ses mains sur ton visage, il t’expliquait qu’à un moment donné tu comprendrai. Tes yeux virent à l’énervement, alors plongée dans son regard tu répondais. « En effet, j’te comprends pas Esras. Comment tu peux me dire que t’es désolé et que tu regrettes rien ? » demandas-tu en sortant ses mains de son visage. Tu fis un pas en arrière, la danse c’était fini pour la soirée. « Quand t’auras les couilles de me dire ce qu’il n’allait pas chez moi, appelles-moi » dis-tu avant de quitter la piste de danse. La soirée se terminait ainsi, un peu comme s’il te brisait le coeur une deuxième fois. Mais il avait une explication, tu devais entendre cette explication. Plus que ça, tu devais la comprendre.

Ça lui faisait du bien à Esras de pouvoir sourire de nouveau à April. Il aimait toujours la faire sourire et rougir. Elle le détestait, mais Esras avait toujours beaucoup d’affection pour la blonde. Ce n’était juste pas le moment pour lui d’avoir quelque chose de sérieux. Ce soir, elle avait l’air tellement heureuse qu’elle acceptait les petites remarques de l’irlandais. Il avait l’impression d’être retourné quelques années en arrière. Il riait légèrement, se grattant la nuque. « Désolé. » Il ne pouvait répondre que ça. Il ne s’en rendait pas compte qu’il continuait à être avec April comme lorsqu’ils étaient ensemble. Plusieurs fois il avait regardé ses réseaux sociaux et à chaque fois qu’il la voyait avec un autre homme, ça le faisait grincer des dents. Sauf qu’il n’avait pas le droit de dire quoi que ce soit. Il s’excusait pour les insultes et elle fit de même. Dans ses souvenirs, il se souvenait que parfois elle l’insultait en gaëlique et à chaque fois Esras prenait cette insulte comme un compliment. Il était resté assez important pour elle pour qu’elle fasse des recherches juste pour l’emmerder. « En parlant de ça, faudra que je te donne quelques cours de prononciation pour le gaëlique. » Lui disait-il en lui faisant un petit clin d’œil. L’alcool aidant sûrement, elle lui acceptait cette danse avec retard. Il ne tiendrait pas longtemps le brun si April continuait à se mouvoir ainsi devant lui. Proche de lui, il pouvait sentir son doux parfum qui le hantait encore parfois. Il pouvait s’il osait redécouvrir ses formes avec ses mains. Mais l’irlandais se contentait seulement de poser ses mains dans le bas de son dos. Il aurait voulu profiter de ce moment encore, toute la nuit. Mais April coupait le moment, demandant finalement les explications maintenant. Il ne mentait pas Esras, alors non il ne regrettait pas. Il la sentait se tendre et très vite il l’empêchait de partir, plongeant son regard dans le sien. Mais elle ne comprenait pas, elle ne voulait pas comprendre qu’il voulait juste rester encore un peu avec elle. « Je suis désolée de t’avoir blessé. » C’était la vérité, mais il referait la même chose. Elle arrivait à se détacher, reprenant les insultes. Il n’eut pas le temps de lui répondre qu’elle était déjà partit. Il aurait pu la retenir, mais pas ce soir. Il soupirait. Au final la soirée se terminait, il ne prit même pas la peine de reprendre un verre.

Fin