Whatever you think, you're still important (April)

Il était mal Esras depuis hier soir. Il appréhendait cette rencontre, parce qu’il le savait. Soit April acceptait ses arguments, soit elle le frapperait avant de le détester jusqu’à la fin de sa vie. Il paniquait un peu, parce qu’April il l’aimait encore. Il l’avait toujours dans la peau, et il savait qu’il ne l’aurait plus. Il avait accepté ça, mais il ne voulait pas accepter la haine. L’irlandais avait choisi un lieu de rendez-vous public mais calme. Un lieu qu’il appréciait, ainsi qu’Henry. Evidemment qu’il avait amené son fidèle compagnon, il allait avoir besoin d’un soutien moral. Henry avait un sens et une connexion avec Esras et si jamais April comptait le frapper il pourrait montrer les dents. Il n’y croyait pas trop, il n’y avait pas plus gentil que ce gros chien. Il n’avait jamais fumé l’irlandais, mais aujourd’hui il se serait bien grillé une petite clope. Comment était-ce possible après toutes ces années il soit toujours autant attachée à elle ? Il n’y avait personne aujourd’hui. La canicule était peut-être la raison de cette absence de monde. Ça l’arrangeait presque Esras. Il était assis par terre à regarder la rivière et Henry s’amuser dans l’eau fraiche. Ils passaient beaucoup de temps tous les deux à cet endroit pour profiter un peu du frais quasi-inexistent ces derniers jours. Il entendait des pas dans le fond et le brun reprenait sa respiration. Elle était là, il le sentait. Henry lui continuait sa baignade. Esras lui se levait. Elle était belle mais son visage était fermé. Il s’approchait d’elle. « Salut. » Il avait envie de la prendre dans ses bras, mais il se retint. Il lui proposait de s’asseoir à ses côtés. « Je ne sais pas par quoi commencer. » Disait-il en soupirant.

T’étais toujours en colère contre Esras. Vous aviez pourtant partagé un moment de sympathie l’autre soir, en boite de nuit. Mais ça avait coupé court, vu la tournure que la soirée avait prise. Tu ne savais pas vraiment ce qu’il se passait, mais il avait promis de t’expliquer. Alors il t’avait envoyé un message, quelques jours après, pour savoir si tu étais toujours en colère contre oui. Et en effet, tu l’étais. Alors tu lui as fais comprendre, que tu étais toujours sur les nerfs, mais que tu voulais savoir ce qu’il se passait dans sa tête. Il t’avait proposé un rendez-vous, en fin d’après-midi. Tu lui avais dis qu’il valait mieux choisir un lieu public, pour t’éviter de l’étrangler ou de le gifler. Alors tu étais rentré chez toi assez tôt, pour te préparer. Tu avais retouché ton maquillage et tu t’étais changé. Après avoir enfilé une robe et des chaussures ouvertes, tu pris ton vélo pour te diriger vers la rivière. Un peu avant d’arriver, tu posais ton vélo pour l’attacher et tu pris ton sac qui étais dans le panier. T’enlevais aussi tes écouteurs pour les mettre dans ton sac et tu te dirigeais vers la rivière. Malheureusement, il n’y avait personne. Alors tu pourrai aisément faire ce que tu voulais si tu étais en colère. Tu t’approchais du jeune homme qui regardait son chien barboter dans l’eau. « Salut » dis-tu en sortant tes lunettes de soleil pour les déposer sur ta tête. Tu posais ton sac tu t’assis près de lui. « C’est pas moi qui vais te dire par quoi commencer » lâchas-tu avec un petit rire sarcastique. Tu plaçais tes bras autour de tes jambes et tu regardais à ton tour Henry barbotter dans l’eau, si heureux. Tu posais un instant un regard sur lui. « Qu’est-ce que j’t’ai fais ? » demandas-tu en soufflant. Tu te disais que c’était ta faute, s’il t’avait quitté et si ça c’était passé ainsi.

Il le savait Esras que cette conversation n’allait être facile pour personne. April allait enfin découvrir la vérité sur sa vie et sur les raisons de leur séparation. Et Esras allait parler de lui et de ses blessures. Il détestait ça l’irlandais. S’il était croyant, il aurait peut-être prié, mais il avait arrêté ses conneries dès qu’il était sorti du pensionnat. Il observait Henry et il aurait aimé être comme lui à l’instant, heureux et insouciant. Elle arrivait, il pouvait la sentir, non pas qu’il avait des dons étranges, mais parce qu’il le savait c’était tout. Il se levait pour se rasseoir vite. La jolie blonde ne lui souriait pas et tout son visage était fermé. Il donnerait tout l’irlandais pour revoir son sourire, comme vendredi où pour une fois elle avait abaissé les barrières. Il y avait trop de choses à dire, trop de choses à raconter et il était perdu Esras. Le ton sarcastique d’April ne l’aidait pas. Il la regardait le regard dur. « Arrête ! Ce n’est déjà pas facile. » Il savait que c’était principalement lui qui avait causé leur problème, mais elle n’avait pas à être tout le temps méchante avec lui. Il ne disait rien pendant un instant. Est-ce qu’il devait commencer par parler de sa vie en Irlande ? Ou de ses conneries ? De son exil ? trop de chose à évoquer et il voulait faire les choses dans le bon ordre pour qu’April un jour lui pardonne. C’était la blonde qui coupait le silence avec une question surprenante. Il ne comprit pas au départ Esras sa phrase. Mais très vite il fit le lien et la culpabilité l’envahissait. Elle croyait que c’était de sa faute. « Rien, rien. Tu n’as rien fais tu étais absolument parfaite. » Répondait-il en la regardant tandis qu’elle fuyait son regard. Il devait commencer, arracher la vérité comme on arrache un pansement. « A l’époque, je n’allais pas bien. Je venais de perdre tous mes repères et mes moyens et j’avais l’impression de t’utiliser. Tu m’as fait me sentir mieux pendant ces mois et je n’avais le droit d’aller bien. » Il était triste Esras d’annoncer cela, de lui faire comprendre qu’au final ils ne s’étaient pas rencontrés au bon moment.

Cette soirée au A&Y avait été très étrange. Passant de la sympathie à la colère, tu avais été submergée émotionnellement. Mais tu avais accepté d’écouter les excuses du jeune irlandais, par rapport à votre rupture il y a quelques temps. Dire que tu ne ressens plus rien pour lui serait mentir. Ce n’était plus comme avant, mais tu avais besoin de savoir ce qu’il s’était passé dans sa tête pour qu’un jour vous vous aimiez et que le lendemain tu lui jettes des insultes en chinois à la tronche. Alors tu étais arrivé à la rivière, le visage fermé. Tu t’étais assise près de lui, regardant en premier temps son chien, Henry, barboter dans la rivière. Ca venait même te faire décrocher un sourire. Puis tu fermais à nouveau tes expressions de visage pour le regarder. « C’est pas facile à entendre, non plus. Enfin, j’imagine… » dis-tu en haussant les épaules. Il te fallait des réponses, t’avais été amoureuse de cet homme, très fort. Et tu avais même laisser tes sentiments dicter ton mode de vie. Alors tu avais besoin de réponses, c’est pour ça que tu lui posais la question fatidique. Qu’est-ce que tu avais bien pu faire de mal pour que ça se finisse ainsi ? Tu fuyais son regard en attendant la réponse qui finissait par arriver. « Alors pourquoi, Esras ? Pourquoi ça s’est si mal fini que ça entre nous ? » demandas-tu étonnée. Si ce n’était pas de ta faute, pourquoi il avait finit la relation ? Est-ce qu’il ne t’aimait pas ? Qu’il avait fait ça pour passer le temps ? Tu ne savais pas. Il commençait à t’expliquer et tu tournais la tête vers lui. « Mais qu’est-ce que tu racontes ? Est-ce que tu avais au moins des sentiments pour moi ? » demandas-tu au jeune homme, la moue légèrement triste. Parce que tu avais détesté cet homme lorsqu’il t’avait quitté. « Et pourquoi tu dis que t’as pas le droit d’aller bien ? Bien sûr que t’as le droit d’être heureux ! » ajoutas-tu en regardant à nouveau Henry.

Il savait Esras que ça n’allait pas être facile pour lui de se livrer. Il ne l’avait jamais fait. Mais il n’en pouvait plus de voir April si triste et en proie de doute constant à cause de lui. Il aurait mieux fait de ne jamais rentrer dans sa vie. Elle n’aurait pas été blessée à cause de ce petit con d’irlandais qu’il était. Mais il en avait marre aussi Esras de se prendre toujours plein de reproches. Evidemment qu’il les méritait mais après tout ce temps elle aurait pu s’apaiser. Ce n’était pas le cas. Il ne réagissait pas à sa remarque. Sentant son cœur s’animer, il essayait de mettre de l’ordre dans ses idées. Il ne s’attendait pas à ce qu’April se remette elle en question par rapport à leur relation. Evidemment qu’elle n’y était pour rien. Elle était parfaite. Elle était trop parfaite pour lui. « Tu m’as détesté et je comprends je l’ai mérité. Mais j’aurai préféré que ça se finisse autrement. » Il était venu penaud et il pensait naïvement qu’elle allait comprendre. Ce n’avait été le cas et elle s’était froissée. A l’époque Esras était encore plus susceptible que maintenant. Il essayait de lui expliquer, mais c’était dur pour lui de mettre des mots sur la période la plus dur de sa vie. Il se levait aux questions d’April plutôt remonté. « Evidemment que j’avais des sentiments ! Je t’aimais ! » Il l’aimait encore mais il ne comptait pas lui dire. Il n’avait pas le droit de lui faire subir ça. « J’ai été con, toute ma vie j’ai été con. Je pourrais t’expliquer mais tu trouverais ça tellement bête. » Il riait ironiquement. « Quand on était ensemble je venais de toute perdre April. Et je crois que je n’étais pas prêt à être amoureux de toi. » Il avait pris peur Esras. Il savait qu’à un moment il la perdrait alors il avait préféré à l’époque prendre les devant.

Ça n’allait pas être facile à entendre ni facile à dire, ce que voulez dire Esras. Cette fin de relation avait été tellement dure, que tu ne savais plus sur quel pieds danser dorénavant. Est-ce que tu passera ta vie à le détester ? Non, parce qu’en soi, tu ne le détestes pas. Tu ne l’as jamais vraiment détester. A part ce soir là, où il t’a dit que c’était fini entre vous, tes sentiments étaient tellement chamboulés que tu n’avais pas distinguer l’amour de la haine. « Je t’ai pas vraiment détester… » dis-tu à demi-mot, en serrant tes genoux un peu plus, fuyant le regard de l’irlandais. Il l’avait peut-être mérité, mais tu n’avais pas eu besoin d’être aussi vile avec lui. « C’est juste que… j’ai essayé de comprendre. Mais j’ai pas réussi. On vivait une belle histoire et le livre s’est terminé trop vite à mon goût… » ajoutas-tu dans un souffle, pour te justifier. Cette personne que tu étais quand tu passais ton temps à l’insulter ou même à parler mal de lui, tu la détestais. Tu te détestais. Mais ce ne que les mots qu’Esras prononçait en suivant qui te touchaient. Il t’aimait. Il l’avait dit. Jamais auparavant tu ne l’avais entendu te dire « je t’aime ». Tes yeux montèrent vers lui, triste mais aussi heureux. Tu étais heureuse de l’entendre dire ces mots là. Tu ne dis rien, tu écoutais la suite de ses paroles. « Es’… » dis-tu en posant ta main sur son épaule. Tu le sentais bouleversé, et tu n’aimais pas le savoir comme ça. Profondément, au fond de toi, tu avais toujours des sentiments pour lui. « Je t’aimais aussi… j’aurai été là pour toi. Tu aurai du m’en parler. J’aurai fait tout mon possible pour toi » dis-tu en mimant un sourire.

Il avait souffert de la fin de cette histoire, mais il savait qu’il en avait besoin. Esras avait besoin d’être seul, il devait d’abord s’aimer à apprécier sa nouvelle vie. April lui avait rendu les choses faciles, elle lui avait donné une raison de se lever chaque matin. Mais il avait besoin de souffrir, de vivre son deuil de l’Irlande. Les mots de la blonde lui fit du bien. Elle ne l’avait pas détester. Elle ne s’en rendait pas compte mais c’était presque libératoire. Il avait détester lui faire du mal. A cet instant il avait de la toucher. Esras était dans le fond une personne aimante. Il était capable de donner de l’amour à une personne. Il avait déjà aimé et April faisait partie de ces personnes. Il détestait de devoir tout lui dire ce soir. « Je suis désolé … mais dans tous les cas j’aurai fini par te décevoir. » Il en faisait que ça Esras, décevoir les personnes. Il l’avait aimé. Ces sentiments étaient assez forts pour la laisser partir, alors qu’il avait eu tant besoin de sa tendresse. Il se tendait quand April posait sa main sur son épaule. Il avait tellement envie de la prendre dans ses bras et de s’excuser encore et encore de la peine qui lui avait fait subir. Il baissait le regard, n’osant pas la regarder. Oui elle aurait pu, mais ce n’était pas son combat. Il soupirait. « Je sais April … » Il relevait la tête croisant son regard. Il se sentait près à lui parler de son passé, mais il n’osait pas. « Est-ce qu’on peut tout oublier ? » Il osait poser sa main sur sa joue. « S’il te plaît. » Il lui souriait timidement. C’était si bon de pouvoir être de nouveau proche d’elle.

Tu te rendais compte au fur et à mesure qu’Esras parlait que vous aviez tous les deux autant souffert de cette séparation. Toi qui pensait que c’était seulement toi qui avait été triste de voir votre couple s’effondrer. Tu ne savais pas vraiment ce qui l’avait poussé à mettre fin à votre couple à l’époque, il restait quand même très vague ce sujet. « Arrête de te dévaloriser Es’ ! J’étais amoureuse de toi, je t’aimais pour la personne que tu es » dis-tu avec un sourire réconfortant. Tu parlais au passé même si tes sentiments étaient toujours présents pour l’Irlandais. En même temps, c’est bien le seul homme que tu as aimé réellement, mais tu ne lui as jamais dis. Toi l’amoureuse de l’amour, on pourrait croire que ce n’est pas trop premier rodéo. En posant ta main sur son épaule, tu sentais une décharge électrique assez agréable. Le contact avec l’irlandais avait été tellement rare que lui depuis des années, ça te faisait du bien de le sentir près de toi. « Alors si tu sais, pourquoi tu ne m’as rien dis ? » demandas-tu au jeune homme en fronçant les sourcils. S’il savait que tu l’aurai aidé, pourquoi s’était-il tut ? La question n’aurait surement jamais de réponse mais tu avais quand même besoin de savoir ce qu’il s’était passé s’il était aussi amoureux de toi. Votre relation aurait surement pu traverser cette épreuve assez dure et compliquée. Il posait une main sur ta joue, ce qui te faisait légèrement rougir. « Je… oui on peut » dis-tu avec un sourire un peu timide. Ce moment là, tu avais envie de l’embrasser, de finir ta soirée avec lui, de faire plein de choses dont vous aviez été privé pendant un certain temps. La chaleur de vos deux corps, l’amour que vous vous portez.

Il aurait voulu lui dire les choses, tout lui avouer quitte à ce qu’elle le déteste. Mais comment dire à la femme qu’on a aimé qu’on a été viré de son pays parce qu’on avait aveuglement suivi une femme dans une connerie. Comment lui dire que les personnes qu’il avait aimé avait fini soit par disparaitre soit par le détester. « Mais tu ne me connaissais pas April. » Il n’avait pas vraiment menti. Il était juste bien avec elle mais dès qu’elle partait il redevenait cet idiot de noble. « Je finis toujours pas décevoir les personnes. » Il en était convaincu, à force d’entendre depuis tout petit, qu’il n’était qu’un bon à rien, une honte au McCoy. Il était face à elle. Encore une fois elle était là pour lui apporter de la tendresse. Il avait envie de se perdre dans ses bras. Il ne savait pas comment lui expliquer. « J’en sais rien … je ne méritais pas ton amour. » Répondait-il honnêtement. Il ne méritait pas l’amour de cette douce personne au regard d’ange. Il l’aurait détruite. Esras avait muri, il avait appris à s’aimer et tout ce qu’il voulait c’était qu’April revienne dans sa vie. Il ne demandait à ce qu’elle soit de nouveau avec lui, mais juste qu’elle revienne avec sa gentillesse et sa patience. Il osait la toucher, ça faisait si longtemps. Le doigt d’Esras caressait lentement la joue de la blonde. Il approchait sa tête de la sienne collant son front au sien. « T’es sûr ? » Demandait-il. Il n’avait pas le droit de revenir comme ça. Il se détachait d’elle résistant à ces lèvres. Il descendait sa main jusqu’à attraper la sienne pour l’inviter à se rasseoir. « Tu as le droit de me poser toutes les questions, j’y répondrais. » Même s’il n’avait pas envie de se livrer.

Tu t’étais retrouvée encore plus perdue que précédemment. Les sentiments que tu avais encore pour Esras te faisait te sentir coupable. Pourquoi ? Parce que tu te sentais coupable de ne pas avoir vu qu’il n’allait pas si bien que ça au final. Et que tu aurai peut-être pu arranger les choses, et même l’aider. Mais tu ne connaissais pas le fond du problème. « Alors apprends-moi. Apprends-moi qui tu es vraiment » dis-tu en levant les yeux vers lui, plongeant ton regard dans le sien. Tu le connaissais, certes, mais pas autant que tu ne le pensais. « Arrête de dire ça, bordel. J’ai été déçue, oui. Mais parce que je savais pas que quelque chose se passait, et que tu n’allais pas bien » ajoutas-tu en levant les yeux au ciel, cette fois ci. Assis l’un en face de l’autre, vous pouviez vous regarder droit dans les yeux, et c’est ce qu’il se passait. Tu te perdais dans les beaux yeux de l’irlandais qui t’ont toujours fait chavirer. Il faut avouer que même pendant ces longues années passé à l’insulter de tous les noms, tu as toujours su qu’il était un homme présent dans ton coeur d’une façon particulière. « Mais tu racontes n’importe quoi, encore une fois. Et moi, j’le méritai ton amour peut-être ? » dis-tu en levant une seconde fois les yeux au ciel. T’avais été tellement abjecte avec lui après eue non, tu ne méritais pas l’amour de l’irlandais. Vous vous leviez tous les deux, et instinctivement, vous vous preniez dans les bras. Ca faisait si longtemps que c’était pas arrivé. Tu sentais un léger frisson en toi lorsque cette étreinte s’éternisait. Il posait une main sur ta joue, et tu ressentais comme une recharge électrique dans tout ton corps. Dangereusement, il approchait son visage du tien, te coupant la respiration et faisant battre ton coeur à la chamade. « Certaine » dis-tu dans un souffle. Lorsqu’il se détachait de ta tête, tu pris une grande inspiration, parce que t’avait manqué d’air pendant quelques instants. Tous les deux assis par terre, l’un à côté de l’autre il te proposa de lui poser toutes les questions que tu voulais. « Il n’y a qu’une chose que je veux savoir, Esras. Je veux savoir ce qui était si douloureux pour toi, pour que tu me quittes du jour au lendemain » demandas-tu en baissant les yeux vers l’herbe qui longeait la rivière.

La culpabilité rongeait Esras à petit feu. Il y avait tellement de chose à dire à April. Déjà, il aurait dû lui parler de Pablo. Il aurait dû lui dire qu’il était incapable de garder ses amours près de lui, soit ils mourraient soit ils étaient déçus. Puis il devait lui dire pour Maé. Il devait lui dire qu’il avait couché avec elle, bien avant qu’ils ne soient ensemble. Mais il la connaissait déjà à ce moment. Elle voulait savoir, elle voulait le connaître. « Je suis irlandais. » Disait-il en riant légèrement. Elle le savait, en même temps son accent suffisait pour le savoir. « Mon père est Lord et gère une des plus grosse entreprise irlandaise. Et j’ai fait des conneries, tellement que je ne peux pas remettre un pied là-bas. » Disait-il. Ça semblait irréaliste et surtout immature cet exil, mais Esras en lui racontant avec des yeux douloureux. Une partie de lui avait été arrachée et chaque jour l’Irlande lui manquait. Il riait. April était tellement gentille, tellement adorable que ça lui faisait mal. « Mais tu vas arrêter ? Je t’ai menti … je n’étais pas bien depuis qu’on se connaissait, t’as pas à culpabiliser parce que tu ne l’as pas vu. » Il n’accepterait pas qu’elle se mette en question alors que c’était lui qui était incapable de communiquer. « Evidemment que tu le méritais. T’es la personne la plus merveilleuse que je connaisse. » Et il ne mentait pas Esras. Il l’aimait April et elle était trop douce et trop parfaite pour lui. La serrer dans ses bras lui faisait un bien fou. Il voulait juste recommencer, sur de bonnes bases. Il ne voulait pas mensonge, il voulait qu’elle sache tout quitte à ce qu’elle le déteste pour de bon. Il caressait sa joue, respirant son doux parfum. Il n’avait qu’une envie, embrasser ces douces lèvres. Mais il devait se retenir, ce n’était pas honnête. C’était à elle de choisir. Alors il l’invitait à s’asseoir, lui prenant la main. « J’avais peur que tu me quittes … et tu l’aurais fait. Alors je l’ai fait avant. » Répondait-il en regardant l’eau pendant que son pouce caressait la main de la blonde. « J’ai couché avec Maé. » Disait-il d’un seul coup, sans aucune préparation, sans l’avertir. « C’était avant qu’on ne soit ensemble. » Il ne mentait, c’était avant mais il la connaissait déjà.

T’aurai aimé tout savoir dès le début. Savoir pourquoi votre relation s’était terminée aussi brutalement. Mais l’irlandais en avait décidé autrement. Toi, tu ne comprenais pas pourquoi et c’est pour ça que tu avais été violente avec lui. Maintenant qu’il s’était expliqué, qu’il avait présenter ses excuses, tu ne pouvais que le pardonner. « Te fous pas de ma gueule sinon j’ressors mon dictionnaire d’insultes internationales » dis-tu en le menaçant avec un doigt accusateur vers lui. Mais tu trouvais ça drôle et t’aurai répondu exactement la même chose toi aussi en disant que tu étais australienne. Il t’expliqua alors qu’il avait des conneries. « Des conneries ? J’imagine que j’en saurai pas plus là dessus » demandas-tu en arquant un sourcil. Ca devait être extrêmement grave s’il ne pouvait plus retourner en Irlande auprès de sa famille. Et toi, tu lui faisais ressasser des souvenirs dont il n’avait peut-être pas envie de parler. Mais t’étais curieuse et surtout c’était pour savoir pourquoi vous vous étiez séparé si brusquement tous les deux. Tu aurai du voir qu’il n’allait pas bien, qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas bien dans sa vie. Mais non, tu étais resté dans ta bulle d’amour avec Esras, à ne penser à rien qu’à ton bonheur. « Mais si, j’aurai du le voir, Esras ! Quand on est avec quelqu’un c’est pour le meilleur et pour le pire » dis-tu au jeune homme. « Même si on est pas marié, hein » avouas-tu en plus avec un rire gêné. L’avoir dans tes bras ça te faisait du bien, t’avais besoin de ça pour aller mieux. Une fois assis l’un en face de l’autre, tu ne t’attendais pas aux révélations qui suivaient. « N’importe quoi » dis-tu en balançant ta tête de gauche à droite, dans un souffle. Mais il était persuadé d’avoir raison et que tu avais tort. Sa main sur ta joue, il t’avouai avoir couché avec ta meilleure amie. Tu bougeais ton visage pour que sa main disparaisse de ta joue et tu te reculais. « Attends, quoi ? » demandas-tu en fronçant les sourcils. « T’as couché avec ma meilleure amie et t’as jamais trouvé ça bien de me le dire ? » demandas-tu au jeune homme toujours les sourcils froncés. Ok, il faisait ce qu’il veut, vous n’étiez pas ensemble à cette époque là. Mais c’est Maé, merde quoi. « Ou elle d’ailleurs » dis-tu dans un souffle, comme à toi-même.

Il avait tout fait de travers avec April. Il avait envie de la consoler et lui dire qu’elle n’avait été que parfaite, mais qu’il avait besoin de temps. Il n’était encore qu’un jeune adulte quand il l’avait rencontré. A vingt ans il se retrouvait presque orphelin puisque son père et sa mère ne voulaient plus avoir de nouvelles de lui. Alors il lui racontait au moins les grandes lignes. « Et tu sais dire autre chose que des insultes ? » Demandait-il en haussant les sourcils. Il redevint sérieux, ce n’était pas le mot de charmer son ex. Il devait se faire pardonner. Il aurait pu lui parler de Pablo et de l’université. Après tout l’université n’était qu’une erreur de parcours. Oui il avait détruit une grande partie du bâtiment mais ce n’était pas non plus la fin du monde. Ce qui était scandaleux c’est ce que sa seule punition était l’exil en Australie. Certains trouveraient ça sympa, mais pour Esras on lui avait arraché une partie de lui en l’empêchant de retourner en Irlande. « Non … » Répondait-il honnêtement. « Pas aujourd’hui. » Il laissait la porte ouverte, après tout, April avait sa confiance. Elle était tellement parfaite avec sa douceur et sa compréhension qu’il s’en voulait Esras de lui avoir fait tant de mal. Elle parlait du meilleur et du pile et il se stoppait un instant la regardant d’un air surpris. Ses joues prirent une teinte rosée. « Même si on n’est pas marié. » Disait-il en riant. Mais elle avait tort, elle n’avait eu que le meilleur jusqu’à ce qu’il lui fasse vivre le pire. Mais quand il avait rencontré April il était dans le pire et il ne voulait pas lui faire subir son cynisme et sa dépression. Et il avait peur qu’elle le quitte, il n’aurait pas supporté une nouvelle séparation. Alors c’était lui qui avait pris la décision. Pour une fois dans sa vie, il avait décidé de laisser sa belle blonde. Il fallait que lui travaille sur lui-même et tout seul. April ne pouvait peut-être pas le comprendre mais pour une fois il faisait quelque chose par lui-même. Puisqu’il lui disait tout, il lui révéla la vérité sur Maé. Ce n’était qu’une histoire d’un soir, rien de sérieux. Mais lui comme elle n’avait pas jugé bon de le dire à April. Chacun de leur côté avait peur de blesser la jolie blonde. Et ça la blessait puisqu’elle reculait de lui et sa main s’éloignait de celle du brun. Il se renfrognait un peu Esras. « Tu ne m’as pas parlé de tout tes plans culs non plus. » Il était idiot et il le savait. « Ce n’était sérieux. Je ne savais même pas son prénom avant que tu me la présentes. » Il la connaissait la blonde et il savait qu’elle allait être en colère, mais au moins il lui avait dit. Maé n’avait qu’à faire attention à elle pour les prochains jours.

Vous n’aviez pas été tendre l’un envers l’autre lorsque vous vous étiez séparé. Et tu avais beaucoup craché ta haine sur l’irlandais, et lui te l’avait bien rendu. A tel point que vos amis en communs faisaient attention à ne pas vous inviter en même temps à des soirées, pour pas que ça parte en vrille. Tu tirais la langue à sa remarque. « Ca peut te paraitre bizarre, mais oui j’sais dire autre chose » dis-tu en boudant. Tu attendais patiemment qu’il t’explique ce qu’il s’était passé mais il n’avait pas envie d’en parler, tu le sentais. Il te le confirmait. Ta nature curieuse était touchée, mais elle ne serait pas rassasiée aujourd’hui. Pas aujourd’hui, ça confirmait qu’un jour, tu aurais peut-être plus d’information. « Ok, je comprends » dis-tu bêtement. Mais tu essayais de lui faire comprendre que tu étais là pour lui, surtout quand vous étiez ensemble. Qu’il n’avait pas à se renfermer, que tu pouvais l’aider encore aujourd’hui s’il avait besoin de toi. La référence au mariage le faisait sourire, mais surtout rougir, un peu comme toi. Ton rire se joignait au sien, alors que tu ne savais plus où te mettre. Vous aviez vécu une bonne partie du meilleur, après tout, pendant vote relation. Et puis vous aviez tous les deux vécu le pire, avec les insultes et les injures jetés aux visages de l’un et de l’autre. Mais ce qui te choquait encore plus c’est lorsqu’il t’avoua avoir couché avec ta meilleure amie, Maé. Tu reculais un instant alors qu’il avait posé la main sur ta joue. « Parce que j’ai pas couché avec ton meilleur pote » dis-tu en haussant un sourcil, à sa réponse un peu mal placée. Tu étais touchée en plein coeur. Même si c’était avant que vous voyez ensemble, Maé et Esras se connaissaient déjà intimement et tu aurais aimé le savoir avant. « Oui mais tu l’as rencontré quand on sortait ensemble. Et la moindre des choses aurait été de me prévenir » dis-tu en soufflant. T’étais soulée, encore quelque chose qui se mettait entre vous. Mais là dessus, tu avais le coeur légèrement fissuré une fois de plus. Autant tu en voulais à l’irlandais, autant ta meilleure amie allait passer un sale quart d’heure elle aussi.

Il avait eut mal Esras à entendre les insultes d’April. Il savait qu’il en méritait quelques unes pour l’avoir largué abruptement, mais quand même. Il avait été honnête, il ne l’avait pas trompé, il ne s’était pas foutu de sa gueule. Il avait juste décidé de mettre fin à leur relation parfaite parce qu’il avait peur de cet amour qu’il ne méritait pas. Il ne savait pas comment lui expliquer à la blonde mais il trouverait les mots. C’était du passé à présent, en tout cas il l’espérait, puisqu’il riait avec elle de ses années de haine. « Ah comme quoi ? » Demandait-il curieux. Il aimerait l’entendre parler dans d’autres langues. « Je vais t’avoue que le jour où tu m’as insulté en gaëlique, tu m’as rendu fou. » Et pas fou dans le mauvais sens. Elle l’avait rendu fou et à cet instant il n’avait eu qu’une envie, s’excuser et tout recommencer. Sauf qu’il avait un égo mal placé qui l’avait empêché de faire ça. Il savait qu’elle voulait en savoir plus April, mais pas aujourd’hui. Lui il voulait juste son pardon. Aujourd’hui, ils allaient parler mais pas de tout. Peut-être qu’il lui raconterait la perte de Pablo, son enfance pourrie dans le manoir McCoy, la pression et aussi son caractère pourri. Aujourd’hui il voulait lui parler d’autres choses. Il savait qu’un jour il allait devoir parler de son aventure d’une nuit avec la meilleure amie de la blonde. Esras ne culpabilisait pas puisque c’était avant April. La seule chose qu’ils avaient mal c’était qu’ils ne lui en avaient pas parlé. Et elle ne le prenait pas bien, encore moins quand Esras lui disait que lui non plus ne connaissait pas toutes les anciennes relations de la blonde. « Je n’ai pas de meilleur de pote ! » Répondait-il sur un mauvais ton. Pablo l’avait été mais il n’existait plus. Puis c’était quoi cette réflexion. « Vraiment ? » Il avait dû mal à comprendre. « Au départ je ne te l’ai pas dis parce que je me doutais que ça ne te plairait pas et je voulais te plaire ! » Oui il voulait lui plaire parce que cette petite blonde lui avait fait un sacré effet. « Et puis ensuite c’était trop tard, tu m’en aurais voulu. » Disait-il en boudant légèrement. « Puis au cas où tu l’aurais oublié, Maé non plus ne te l’a pas dit. Pourtant je pensais qu’elle t’en aurait parlé vu qu’elle me déteste ! » Il s’était reculé d’elle un peu énervé de la tournure de cette rencontre. Il soupirait en s’approchant de l’eau. Henry jouait toujours mais il s’approchait un peu de son maître comme s’il avait senti son énervement.